BlaBla Politique.

For Great Justice.

Comme vous le savez maintenant, je suis en première année de Droit depuis maintenant un mois. Ce n’est pas suffisant pour se dire une seule seconde juriste, ni tirer des plans sur la comète (peut-être que dans un mois je lâcherais en pleurant et me dirais que finalement, ça a pas l’air si mal l’UFR d’Histoire.) mais je suis assez inquiet par la situation actuelle de la Justice. Comme tous les budgets, ça s’effondre, on le sait, le problème étant que le budget de la Justice était déjà insuffisant à l’époque où ma prof de théâtre faisait du Droit (c’est à dire dans les années 70), et que, comme on le sait, les magistrats sont en colère et ont défilés jeudi dernier. Et on a pas parlé des masses. Comme si c’était des manifestants normaux. Comme si c’était devenu banal de voir les gens dans la rue. Sauf que les magistrats, ne sont pas censés faire grève. Pas une seule seconde. Et ils ne sont pas censés exposer leurs opinions politiques. Jamais. Et en plus leur grève c’était même pas « on veut plus de pognon », « on veut plus de moyens » ou un truc comme ça. Non. C’était juste « On en a marre ».

Depuis Outreau, l’opinion publique voit les magistrats comme des connards déconnectés de la vie réelle, comme des laxistes qui relachent trop de délinquants, ou au contraire des enculés qui foutent en taule trop d’innocents. Tous les partis, toutes les idéologies tapent sur les magistrats. Même notre président tape sur les magistrats. Même notre ministre de la Justice (une des pires ministres que la France n’a jamais connu, qui dépense la moitié de son budget pour une année en un mois, et pas forcément pour des priorités) le fait. La réforme de la carte judiciaire est une hérésie privant nombre de gens d’une véritable justice à proximité et qui forcera nombre d’entre eux à gacher essence et argent pour se déplacer dans les grandes capitales départementales. On supprime des postes pourtant nécessaires. On force un culte de la statistique. Et caetera et caetera.

Cette petite intro toute pourrie n’a qu’un seul but: Vous inviter à lire la cinquantaine de réactions de magistrats et personnels judiciaires divers et variés sur maître-eolas. Lisez en un, ou deux, au hasard, déjà. Il devient rude après de penser du mal de la magistrature en général. Enfin, il restera sans doute des magistrats mauvais et incompétents et tout et tout, mais si on pouvait stopper la généralisation. Un peu comme tout quoi. Et peut-être que si on avait un gouvernement plus concerné par la Justice… Ca fait quelques temps déjà que tout le monde s’en moque… Depuis Guigou j’ai l’impression. Et encore, à l’époque de Guigou, pas sûr que… Enfin.

On a entre autres ce témoignage assez écoeurant d’un surveillant pénitenciaire, à l’heure des beaux spots qui vous font passer les surveillants pour l’équipe de Bruce Willis dans Armageddon…
Je contrôle à nouveau le cahier de consignes de mon aile. Qui l’a rédigé au service précédent ? A t il bien noté tout ce qui était important ? N’a t il pas oublié les demandes de changement de cellule ? Les changements de comportements remarqués ? Les locaux fouillés ? De mes propres Collègues aussi, il faut que je me méfie : une information omise, et un détenu peut faire une TS, une overdose, se faire racketter ou frapper, voir y rester durant mon service, alors que l’alerte aurait pu être donnée bien avant. un bip retenti faiblement à mon ceinturon : c’est ma radio dont la batterie vient de rendre l’âme : Du matériel aussi, il faut se méfier. D’ailleurs, la moitié des ampoules de la coursives sont mortes depuis longtemps, il faudrait les changer, mais plus d’argent pour cela. L’hiver approche, il fera de plus en plus sombre et si il y a une agression, les Collègues ne le verront pas forcement dans la pénombre du couloir. Seul mon sifflet d’alarme est fiable : je l’ai acheté. Celui en plastique fourni avec l’uniforme n’a pas bonne réputation, et je ne veux pas que ma vie en dépende.

Des gens ici connaissent t-il un très bon auteur de théâtre nommé Michel Azama ? Aucun rapport (quoique ça m’a rappellé sa pièce Le Sas) mais ça m’intéresserait de savoir. Si non, essayez de trouver une pièce nommée Croisades. Ca c’est de la pièce qu’elle est bien.
Et n’oubliez pas de changer l’heure de vos consoles aussi. o/

EDIT: Cool, j’avais pas vu que Corti a parlé de la même chose y’a deux jours. Yeaaah. Tous avec les magistrats (j’ai longtemps dt « les magistraux », allez savoir pourquoi.) o/

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4 commentaires

  • Morm

    Ce qui motive le politique c’est, en premier lieu, d’être (ré-)élu. Pour se faire il faut mobiliser autour de valeurs ou d’idées. Et comme il est difficile de rassembler autour d’un discours analytique, complexe et nuancé la plupart s’appuient sur le registre émotionnel ; en matière de justice, le grand classique est le positionnement en grand défenseur des victimes opprimées.

    Il est assez facile de démontrer le danger de ce genre de discours qui consiste à faire de la justice un service public de la vengeance, et de pointer les contradictions du discours tout-carcéral ( ne serait-ce qu’en termes de réinsertion des délinquants, ce qui relève d’avantage de l’intérêt général que de l’angélisme béat ), surtout si le budget ne suit pas. Mais le temps médiatique, en particulier télévisuel, ne permet pas de développer un propos un peu moins manichéen.

    Beaucoup sont pessimistes, parce que les a priori entretenus par les politiciens ( et les téléfilms type Julie Lescaut ) trouvent un large écho dans la population ( à moins que la causalité ne soit inverse : l’oeuf, la poule, tout ça… ). Il faut dire aussi que les magistrats sont un petit corps ( 8000 ) qui, part nature, ne sait pas s’unir et communiquer. Il faudra pourtant bien faire comprendre qu’au final, de l’état actuel de la justice en France, ce n’est pas les juges mais les justiciables qui sont les premières victimes.

  • Momo

    Si ça peut te rassurer (ou te calmer les nerfs ou dire "niark niark elle aussi") je suis en pharmacie, un concours de ouf et 6 ans d’études très durs pour une profession qui se fait bouffer lentement mais sûrement (opinion publique, c’est de notre faute le trou de la sécu, Leclerc, capitalisation des officines…), en gros c’est un peu la même histoire.
    T’as la même chose un peu partout (de moins en moins de profs, flics qui pètent un câble à cause de l’obligation de résultats), bref ça part gaiement en couille dans tout le pays et tout est nivellé vers le bas, vive les réformes et la mondialisation sauvage.

  • cap.peter

    Momo<"T’as la même chose un peu partout (de moins en moins de profs, flics qui pètent un câble à cause de l’obligation de résultats), bref ça part gaiement en couille dans tout le pays et tout est nivellé vers le bas, vive les réformes et la mondialisation sauvage."

    C’est tristement vrai : tout les domaines sont touchés. Cependant, il existe des différences quand à la gravité de l’impact et sa date, plus ancienne pour l’industrie, et beaucoup plus récente pour des prestations du service publique (école, santé, justice, etc.). Il faut faire avec, car le concept exacerbé d’individualisme qui domine chaque génération un peu plus notre société pousse vers ce genre de mesure.

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