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Batman: Arkham Asylum – Une nuit de folie

Souvent considéré comme un des jeux les plus marquants de 2009 et détenteur, dans le Guiness, du record « adaptation vidéoludique de superhéros la plus acclamée par la critique », détronant Marvel Vs Capcom 2, Batman Arkham Asylum a déclencé a sa sortie un tel élan d’enthousiasme que l’envie d’y jouer avait grandie en moi comme l’attribut sexuel d’un adolescent devant son premier porno. Et quand le jeu se révéla en solde de l’autre coté de la Manche, l’offrant a 22€ au lieu des 70€ habituels de par chez nous, je ne pus que m’incliner et le choper. Et inutile de le dire: ce jeu est très bon et mérite tout l’enthousiasme qu’il dégage. Ainsi que ce soit pour les fans hardcore du comics, ceux qui n’y connaissent pas grand chose à l’univers du chevalier noir ou juste ceux qui ont kiffés la série animée sur FR3 quand ils étaient plus jeunes, n’importe qui y retrouvera son compte tellement le jeu excelle dans nombre de domaines, sans être jamais vraiment original, mais en permanence efficace.

L’histoire, vous la connaissez sans doute déjà mais récapitulons la: Batman arrive enfin a mettre la main sur le Joker et le renvoie bien gentiment à Arkham. Mais le GODDAMN BATMAN est méfiant: le Joker a été battu plus facilement que d’habitude et il n’aime pas ça. Après une intro de toute beauté où on escorte le Joker jusqu’aux cellules, le véritable plan du Joker vous saute à la tronche: surprise ! Il s’était fait enfermer exprès ! Et commence alors une très longue nuit pour Batman, dans tout l’asile d’Arkham, nuit qu’il passera a sauver des gens, a sauver Gotham City, a démonter du vilain et même démonter du super vilain.

Le scénario ne paie pas de mine mais se révèle très vite assez efficace et assez permissif niveau gameplay: ainsi c’est un Batman « nu » qu’on possède au début, pas préparé pour des grands combats, et qui va devoir choper son matos au fur et a mesure de l’aventure et optimiser ses capacités là aussi un peu en « live ». Ainsi, au final, voici une bonne excuse pour imposer un gameplay a la Metroïd/Castlevania: avoir un espace semi-ouvert, ne pas avoir accès a tout tout de suite, voir plein de zone qu’on sait très bien qu’on pourra pas y accéder avant un bon moment et l’item qui va bien, etc. Et y’a rien à dire, j’accroche beaucoup à ce genre de système, surtout quand on a un jeu qui nous encourage énormément a explorer les zones, a ne pas faire le jeu en ligne droite comme un bourrin. Et c’est sympa.

Très vite, je peux le dire, le scénario de Batman Arkham Asylum me paraît vite anecdotique: plutôt simple, sans vraiment de retournements de situations, contentant de faire se balader Batman en permanence d’un point A a un point B et une fois arrivé a un point B de souvent répéter le schéma intrusion / infiltration / baston / boss / repartir vers un point C et ainsi de suite. Au moins ils ont bien enrobés le truc pour éviter de vraiment lasser a mort, ce qu’on pouvait craindre. Ainsi toutes les « raisons » pour aller d’un point A a un point B sont à chaque fois différentes, et a chaque fois présenté d’une manière différente, on doit ainsi parfois suivre les indices laissé par telle personne, parfois y aller a pied comment on veut parce qu’on sait que faut y’aller… et surtout comme on est dans un espace semi-ouvert, on peut prendre le chemin qu’on veut pour y’aller, faire les choses à son rythme.

Et à ce niveau-là, on remercie énormément l’homme mystère d’exister.

Quelle dégaine !

Sans lui le jeu aurait été tel que décrit plus haut: point A => point B => point C, etc etc, sans aucun encouragement a explorer le reste du jeu. Si dans Metroid, l’exploration de zones est encouragé par la possibilité de pouvoir upgrader ses bombes de puissances, sa vie, sa réserve de missile etc… là les énigmes de l’homme mystère offrent tellement de bonus différents qu’il est dur de vouloir passer a coté: nouveaux niveaux de défis, biographies de 42 personnages issus de l’univers Batman, entretiens entre les personnages et le personnel d’Arkham, figurines, et caetera. On y gagne pas plus niveau gameplay mais on y gagne beaucoup si on est un sale matérialiste. Bon on est aussi récompensé par des succès mais ça a la limite, c’est cadeau. Ah oui, puis suis-je bête: en élucidant ces mystères on gagne beaucoup d’expérience, donc de quoi upgrader les fonctions de Batman encore plus vite qu’en se battant.

Ces énigmes, donc, sont assez géniales pour nous forcer a explorer l’environnement, mais aussi assez géniales dans leur déroulement puisqu’il faut souvent « photographier » des objets pour les faire coller à l’énigme posée par E.Nigma et forcent une belle observation du décor, entre autres pour trouver dans ce dit décor un objet ayant appartenu a un méchant de chez Batman, dans le but bien souvent non camouflé de choper une biographie sur lui. Mais il faut aussi récupérer des trophées verts qui se cachent un peu partout dans les décors et nécessitent souvent de prendre des chemins détournés pour y accéder ou d’avoir un objet qu’on aura que bien plus tard, ou bien encore prendre en photo des points d’interrogations cachés dans le décor, ce qui se révèle souvent assez ardu mais jouissif quand on trouve les deux parties qui doivent coller ensemble. Au final non seulement cela permet de sortir un peu de l’aventure pour juste se balader dans les niveaux en cherchant tout ça, mais en plus cela permet d’obtenir une quantité ahurissante d’informations sur l’univers Batman et une quantité assez pratique d’expérience pour upgrader Batman. Ce qui n’est pas rien ! C’est vite devenu un de mes plus grands kiffs du jeu. Mais il n’y a pas que ça !

La Mode Détection est si pratique que j'ai pas beaucoup vu les vraies couleurs du jeu

Le système de combat est lui aussi un très gros plus. Super simple a assimiler (taper avec X, contrer avec Y, etourdir avec B, sauter avec A), il se base surtout sur le rythme et l’observation. Ainsi a chaque fois qu’un ennemi devient sévèrement menaçant, on peut le contrer très facilement avec Y, puis reprendre le combo, combo qui plus il est haut, plus il vous rend dévastateur, avec la possibilité de sortir quelques coups spéciaux pas piqué des hannetons. Il prend surtout toute sa démesure dans les modes défis ou il vous deviendra très vite possible et très vite facile de ruiner le portrait à 15 hommes de mains sans prendre la moindre égratignure. Si avec ça vous vous sentez pas être le PUTAIN DE BATMAN, je vois pas ce qu’il faut de plus.

Mais il existe deux formes de combat dans ce Batman AA: si le premier est donc le combat de rue, il y’a également l’infiltration. Puisque parfois les ennemis sont beaucoup, armés, et savent super bien viser. Alors a vous de tout faire pour les choper dans le dos. Et là encore grosse jouissance. Ainsi bien souvent, tout cela se passe dans des niveaux très vastes et entièrement designé pour l’infiltration, ce qui vous offre énormément de possibilité. Et un Batman en infiltration, ça donne énormément de trucs, et ce sont là aussi des moments assez parfaits, qui ne laissent peu le droit à l’erreur, mais qui sont très rarement frustrants et qui offrent des centaines de moyens différents pour déglinguer les 6 ou 7 ennemis. Là encore un gros plus du jeu. Surtout grâce à la mode détection qui rend ça un poil moins chaud – déjà en distinguant mieux les ennemis par rapport au décor.

BATMAN §

Mais c’est surtout au niveau de l’ambiance que le jeu déchire vraiment. Non seulement il est très addictif et vous emporte très facilement dans « son » monde, vous faisant commencer des parties à 16h et les cloturer à 1h du matin, mais en plus il semble vraiment respecter a mort les ambiances vues dans des films comme le Batman de Burton ou le Dark Knight, quand il ne s’inspire pas purement et simplement de l’extraordinaire série animée des 90s. Je ne parle pas des comics, mon expérience en la matière est plutôt limitée a Watchmen et a la Civil War mais bon. Ainsi on sent déjà qu’on est dans un asile, c’est indéniable, et l’ambiance en permanence sombre avec le Joker qui nous parle très souvent au micro apporte tout de même beaucoup – déjà parce qu’il dit des trucs de fou. La musique est elle aussi remarquable, non pas par sa qualité, mais par son utilisation. Je pense aux scènes d’infiltration avec une musique qui s’excite de plus en plus au fur et a mesure que les ennemis s’écroulent, nous rendant très vite aussi excité qu’elle et prêt à donner le coup final au dernier survivant.

L’ambiance est elle même d’ailleurs plutôt glauque par moment: les cadavres de gardes jonchent régulièrement les lieux qu’on explorer, certains ennemis (les fous) sont juste méga dérangeants et évidemment j’évite de trop parler de certaines scènes du jeu, entre autres celles ou participent l’Epouvantail, qui sont justes des grands moments et des souvenirs qu’on garde après très longtemps en mémoire. Enfin, on note que -fait rare- les ennemis discutent entre eux avant que vous arriviez et que parfois ces discussions sont… charmantes. Et fait ultime: la plupart FLIPPENT A MORT EN VOUS VOYANT. Il suffit souvent de mater leur rythme cardiaque passer de 80bpm à 130bpm juste en vous VOYANT pour se convaincre que vous êtes le PUTAIN DE BATMAN.

Enfin un petit mot sur la durée de vie: l’aventure principale se boucle entre 20 et 30h. Mais si vous vous foutez complétement de l’homme mystère et que vous faites le jeu en bourrin, y’en a que pour 10 ou 15h… ce qui est déjà bien. Après, a vous de voir si la mode défi ou pas vous tente (auquel cas, vous rajouter facile une bonne vingtaine d’heure), mais la replay value est plutôt mince. Ce n’est pas dramatique pour autant, je pense que le jeu sera parfait a se ressortir une fois par an pour se le faire un bon coup.

LE PUTAIN DE BATMAN

Le jeu possède tout de même quelques défauts: des ennemis « clonés » (doit y’avoir 3 skins différentes pour les ennemis de base, ce qui est pas gégé), des boss loin d’être extraordinaire et pas aussi « grandioses » qu’ils devraient l’être (je pense surtout au boss final qui est presque une sale blague) et un level-design assez feignant par moment (faut encore passer par un conduit d’aération ?), quelques séquences de plates-formes pas forcément géniales et une mode défi pas forcément très passionnante mais ces défauts sont loins d’être éliminatoires et on s’y fait assez vite. Alors oui au final le jeu n’a pas vraiment d’originalité et se contente de piocher les bonnes idées un peu partout pour le mettre à sa sauce mais ça marche a fond, du début à la fin, et du coup cela fait de Batman Arkham Asylum un excellent jeu et une preuve supplémentaire qu’on peut faire un excellent jeu avec une licence, pour peu qu’on laisse du temps aux mecs derrière, surtout si ils sont bons.

Maintenant me faut patienter pour la suite. J’ai hâte les gens, j’ai hâte !

Et bonne année à tous !

Batman05.jpg

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7 commentaires

  • Vins

    C’est vrai que le système de combat est bien sympa car bien que ça ait l’air facile à première vue, on se prend vite au jeu d’enchaîner un groupe d’ennemis par un combo qui n’en finit pas. Les combats prennent souvent des airs de chorégraphies et le sentiment de « puissance » ressenti est effectivement assez jouissif 🙂

  • Youé

    fait ultime: la plupart FLIPPENT A MORT EN VOUS VOYANT. Il suffit souvent de mater leur rythme cardiaque passer de 80bpm à 130bpm juste en vous VOYANT pour se convaincre que vous êtes le PUTAIN DE BATMAN.

    Voilà, cette phrase résume à elle seule tout le jeu. On incarne pas le Batman, on EST le Batman. Les mecs flippent en nous voyant, le Joker se fout de leur gueule, et plus on élimine les gens discrètement, plus les « survivants » se pissent dessus.
    Le meilleur jeu Batman jamais réalisé.

    Mon plus grand plaisir de ce jeu c’est indéniablement les phases d’infiltration. Qui, pour une fois, sont réussies. Attendre un pécore, planqué sur une gargouille, descendre, le chopper dans sa cape, remonter et le suspendre sur la gargouille pendant que je change d’endroit et que les autres gardes comprennent que dalle et que le Joker se moque de leur incompétence… Je need moar.

    Et en plus son costume pète bien. Pas comme dans Mortal Kombat VS DC.

  • Funfrok

    Beau petit test, sans doute le meilleur jeu que j’ai fini avec Bioshock en cette année 2009.
    C’est marrant ces deux jeux on pas mal de trucs en commun en fait, les radios et enregistrements et tout…
    et pour les petits défauts dont tu parles à la fin je ne fais qu’approuver et on les retrouve aussi dans Bioshock: ennemis avec trop peu de skin différents, un boss de fin décevant, pas de gameplay surjouissif (quoique…) mais une ambiance prenante, le coup de « j’attends la suite avec impatience » aussi 🙂

    Bonne année au fait

    PS: Poison Ivy <3

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