Mangas & Animes

Star☆Twinkle Precure – Space Oddity

L’an dernier j’étais très fier de vous annoncer que j’avais enfin terminé une série Pretty Cure, c’était Hugtto Precure, c’était super bien, ma critique avait été très positive. Devinez quoi ? J’ai pas perdu le rythme et me voilà un an plus tard à avoir vu les 49 épisodes de Star Twinkle Precure, la série Precure de 2019, et à pouvoir vous offrir un article où je vous donnerais mes sentiments vis à vis de la série. Mais avant ça… un rappel de ce qu’est Pretty Cure pour ceux qui ont cliqués sur le lien au hasard sur leur timeline Twitter (et je vous remercie de votre curiosité.)

La franchise Precure, si vous ne connaissez pas, est désormais depuis quinze ans un standard de l’animation japonaise. Diffusée depuis 2004 dans un créneau idéal (le dimanche matin, 8h30, après le Kamen Raider), c’est une franchise qui a su se développer de part sa diversité: chaque année sa nouvelle série, avec ses nouvelles héroïnes, son nouvel univers, son style visuel, bref, on repart à zéro sachant qu’à chaque fois ça tourne autour du concept de « Precure », les Precure étant des magical girls collégiennes qui défendent leur ville contre des monstres. Souvent à l’aide de pouvoirs magiques impliquant des rayons, soit parfois à l’aide de leurs pieds et de leurs mains car les arts martiaux ne sont jamais très loin. Bref, vous pouvez commencer Precure par n’importe quelle saison, c’est étudié pour ! Et si jamais vous êtes extrêmement curieux, ça tombe bien, j’ai fait un épisode de Kaorin « rétrospectif » de la franchise y’a quelques jours !

Ici l’héroïne de Hugtto Precure bien déterminée à exploser des monstres à coup de taquet

Donc nous voilà en 2019 pour Star Twinkle Precure qui décide de partir dans un terrain pour l’instant encore inexploré par la franchise: celui de L’ESPACE. Avec une intrigue assez simple puisqu’on y suit Hikaru, une fille aux cheveux roses qui vit dans un ptite ville tranquille et passe son temps à gribouiller sur son carnet des constellations et autres trucs qui nécessitent de lever la tête la nuit pour être observés. Et un beau jour sa ville tranquille va être bouleversée quand elle va assister à l’atterrissage d’une étrange fusée alien occupée par Lala, une alien aux cheveux verts qui est chargée de retrouver douze étranges stylos qui contiennent les pouvoirs des douze princesses du Zodiaque. Lala va être rapidement attaquée sous les yeux de Hikaru et, magie, Hikaru va alors se découvrir être une Precure, chargée de défendre la veuve et l’orphelin contre les menaces d’une alliance extraterrestre qui veut récupérer ces stylos pour… euh… faire le mal.

Sachant que voilà, très rapidement Hikaru – qui prend donc le nom de Cure Star après transformation – ne va plus être seule dans sa quête des stylos zodiacaux puisque Lala elle-même (Cure Milky) ainsi que deux de ses camarades de classe, la brillante et énergique Elena (Cure Soleil) ainsi que la douce et influente Madoka (Cure Selene) vont la rejoindre pour l’aider à défendre l’univers tout entier et trouver les douze stylos avant qu’ils tombent entre de mauvaises mains.

Simple, non ?

De gauche à droite: Elena, Hikaru, Lala, les mascottes Prunce et Fuwa, Madoka

Star Twinkle Precure c’est donc une promesse, celle de mélanger l’univers des magical girls à la japonaise avec une certaine forme de vision volontairement « clichée » de la science-fiction américaine d’il y’a un demi-siècle, le tout enrobé par une très large quantité de couleurs. Cela donne d’emblée à la série un vrai cachet visuel, qui sait se montrer varié quand il s’agira d’explorer différentes petites planètes de la galaxie à la recherche des stylos, où les designers du studio Toei ont l’air de s’être éclatés. Une planète cristal ? Ok. Une planète goutte d’eau ou vit un mec composé à 100% de flammes ? Sans problèmes. Une planète-casino car qui n’aime pas les planètes-casino ? C’est dedans. Le concept est donc un petit peu un « meilleur des deux mondes », entre une représentation très jolie de notre planète Terre (l’histoire se déroule dans une ville très campagnarde, et très verdoyante) et l’exploration de ces planètes qui va amener à chaque fois ses propres petites idées.

Et cela va donc accompagner la structure de la série, vous l’aurez compris ! On va passer notre temps à alterner entre des épisodes « terrestres » (qui existeront surtout pour développer les personnages) et des épisodes « spatiaux » (qui seront surtout là pour faire avancer l’intrigue et la quête des stylos zodiacaux), le tout en respectant le schéma habituel de Precure avec souvent une première moitié d’épisode dédiée à introduire une histoire autour d’un personnage, histoire qui dans la seconde moitié va déboucher sur un combat contre ce fameux monstre-de-la-semaine. Ici, vu qu’encore une fois les méchants « s’alimentent » des esprits tourmentés et en proie au doute, c’est des épisodes qui s’écrivent tout seul, vous vous en doutez. Faut bien, y’en a 49 !

Avant de continuer, un point sur le staff de cette série ! A la réalisation, on retrouve donc Hiroaki Miyamoto, quelqu’un présent à la Toei depuis presque une vingtaine d’années, qui avait déjà été assistant-réal sur certains épisodes de la première série Precure, en 2004. Mais son principal fait d’arme est d’avoir été le réalisateur de la série One Piece entre l’épisode 352 et 679, donc de décembre 2008 à janvier 2014, ce qui lui a non seulement fait diriger quelques épisodes mythiques (salut Ace) mais qui l’amènera plus tard à réaliser le très sympatoche One Piece Gold avant de retourner travailler sur Precure ! Avant de réaliser Star Twinkle, il s’est ainsi échauffé, entre autres en réalisant l’épisode 18 de Hugtto qui était, souvenez-vous, ce très joli épisode ou Lulu et Emiru devenaient amies et concluaient l’épisode en se chantant une bien belle balade. Un des plus beaux épisodes dans une série qui ne manquait pas de moments de grâce ! Bref, pas un petit nom du studio, vous l’aurez compris.

A la musique, on peut également mentionner la troisième participation de Yuki Hayashi à la franchise Precure. Après Kirakira et Hugtto, le vaillant compositeur qu’on connaît également pour son travail sur Haikyuu ou My Hero Academia va pouvoir profiter de Star Twinkle pour dépoussiérer son vieux synthé des années 60, et offrir une OST qui mélange autant d’influences lointaines que de mélodies intenses et énergiques typiques de son travail habituel sur d’autres gros blockbusters. Et, comme d’habitude avec lui, c’est vraiment très bon.

(J’en profite rapidement pour signaler que son taf sur Kirakira Precure à la Mode est vraiment excellent.)

En écrivain principal, on retrouve Isao Murayama, qui avait déjà collaboré avec Miyamoto quelques années plus tôt lorsque celui-ci avait dirigé l’épisode cross-over Toriko X One Piece X Dragon Ball Super. Ce qui est pas anormal vu que Murayama était alors l’écrivain principal de l’adaptation de Toriko, autre adaptation par la Toei d’un shonen « phare » du Jump. Mais, surtout, ce n’était pas la première fois qu’il supervisait l’écriture globale d’une série Precure car c’était lui qui s’était chargé de l’écriture de Mahoutsukai Precure, la série Precure de 2016. Il n’a plus quitté la franchise depuis lors, écrivant quelques épisodes pour Kirakira ou pour Hugtto.

Enfin, mentionnons deux autres habitués: d’abord Tomokazu Shiratori à la photographie, qu’on a déjà vu sur un tel rôle dans d’autres épisodes de Precure tels que Hugtto ou Mahoutsukai. Plus surprenant, il a aussi travaillé à ce poste sur le film One Piece, le Baron Omatsuri et l’île secrète, le fameux film dirigé par Mamoru Hosoda qui se distingue justement pas mal d’un point de vue photo avec pas mal de plans inhabituellement sombres, voire malaisants, pour du One Piece. Enfin, au character design on retrouve Akira Takahashi, qui est principalement connu comme directeur de l’animation mais qui gère régulièrement sur Precure en tant que character design – il avait déjà tenu ce poste sur Dokidoki Precure ou Suite Precure. C’est à lui que vous devez également le chara-design retravaillé des héroïnes dans la troisième saison de Sailor Moon Crystal.

Tout cela étant présenté, alors du coup qu’est-ce que ça vaut Star Twinkle Precure ? Bah c’est sympa.

Voilà.

Fin de l’article.

Quand tu fais une blague éculée

En vrai passer après Hugtto était pas forcément une tâche facile – c’était la série des quinze ans, elle était dirigée par monsieur Junichi Satô, elle était plutôt ambitieuse sur pas mal d’aspects et ça avait été le plus gros succès Precure depuis le monument Heartcatch en 2010 déjà. Star Twinkle Precure a clairement pas les mêmes ambitions ! La série est globalement beaucoup plus légère, l’aspect « épisodique » y est pas mal accentué et ça veut brasser moins de thématiques que son prédécesseur, préférant se concentrer sur une ambiance SF décalée qui ambitionne de nous faire voyager de planètes en planètes. C’est l’univers (sans jeu de mot) qui est la priorité de Star Twinkle, pas forcément l’intrigue ou ses personnages.

Et en vrai, Star Twinkle Precure est excellent quand, justement, il se conforme à sa note d’intention. Prenez mon épisode peut-être favori de la série, l’épisode 15.

Seul épisode storyboardé par Yuta Tanaka, élève de Rie Matsumoto qu’il avait assisté à la réalisation de l’excellent film Heartcatch Precure, l’épisode 15 cumule en vingt minutes toutes les meilleures choses de la série. Dans cet épisode, nos quatre héroïnes rejoignent une sorte de planète-casino à la recherche d’un stylo zodiacal. Après quelques enquêtes sommaires, elles se rendent compte que ce stylo est vendu aux enchères, et elles vont donc se retrouver à devoir s’infiltrer à cette vente. Le personnage de Madoka – fille d’un important responsable au sein du gouvernement japonais – va donc pouvoir briller et va trouver une idée de génie: miser les donuts de l’équipe comme monnaie d’échange à ses enchères, en faisant croire qu’il s’agit d’un met raffiné et rare, qui a lui seul vaut plusieurs millions de crédits galactiques. Spoiler: le bluff fonctionne, mais y’a un mafieux qui voulait à tout prix ce stylo.

Sachant que, en parallèle de tout ça, on est aussi introduit à MAO, idol galactique, et à Blue Cat, une fille-chat gentleman cambrioleur, qui compte voler TOUT le contenu de cette vente aux enchères. Là aussi, spoiler: MAO et Blue Cat sont peut-être le même personnage.

Tout ça va donc s’entremêler et offrir vingt minutes qui vont nous proposer un univers relativement unique, du développement de personnage (Madoka), l’introduction d’un nouveau personnage fort et récurrent (Blue Cat), ajoute pas mal d’humour, beaucoup de dynamisme, des personnages expressifs et bien utilisés, le tout dans des décors joliment travaillés. C’est non seulement un épisode très fun, mais qui en plus parvient à nous faire voyager et à réussir tout ce qu’il veut faire pour ses personnages. C’est la forme optimale de Star Twinkle.

Blue Cat / Yumi

Je dis optimal car force est d’avouer que Star Twinkle Precure est une série qui ne touche que très rarement à cet état de grâce ! Si il fallait commencer les reproches, je dirais que ce qui est le plus terrible avec cette série est son… irrégularité. Pour faire simple, on a un premier tiers, de l’épisode 1 à environ 20, qui oscille entre le sympa et le très bien, avec une bonne introduction des personnages, une bonne alternance entre les épisodes spatiaux et les épisodes terrestres, un développement intéressant, et une évolution rythmée de l’intrigue. Bref le démarrage de Star Twinkle est bon. Mais arrive un moment où la série commence à patauger, à faire traîner son intrigue, à un peu stopper le développement de ses personnages, et à plus vraiment dire grand chose pendant… quasiment une quinzaine d’épisodes, rien que ça ! Il y’a un ventre mou de ouf dans Star Twinkle Precure. Et je vous avoue que pendant presque une dizaine de semaines, c’était dur pour moi d’être enthousiaste sur l’épisode qui allait arriver parce que je savais que, ok, ça allait pas être un moment désagréable, mais qu’en contrepartie ça décollerait jamais vraiment. Parfois même un peu ennuyeux.

Et c’est dommage parce que quand on arrive dans la ligne droite finale, dans la dizaine d’épisodes finaux, non seulement Star Twinkle Precure se réveille enfin mais en plus il enchaîne gros épisode sur gros épisode. Il conclut l’arc narratif de tous ses personnages, le fait avec brio, et nous envoie dans un combat final assez ambitieux, où la qualité technique est au rendez-vous pour mettre en avant un affrontement désespéré contre un boss final particulièrement sombre, particulièrement méchant.

On dit toujours que tout bon récit doit soigner son intro ainsi que sa conclusion, bah Star Twinkle Precure semble avoir pris ça un petit peu trop au mot !

Cure Cosmo, au rapport !

Et en fait, ce souci de milieu de série qui sait soudainement plus trop où il veut aller, c’est un souci qui s’illustre pas mal via le personnage de Blue Cat, alias Yuni. Car, léger spoiler, comme d’habitude dans Precure les héroïnes « de base » seront rejoint en cours de route par une autre Cure et notre voleuse-idol va devenir membre du crew, sous le nom de Cure Cosmo, après une série de chouettes épisodes dédié à la développer. Et quand elle a rejoint l’équipe je vous avoue que j’étais hype parce que sur le papier le personnage est rempli de promesses:

  • C’est une Lupin galactique !!! Elle peut tout voler !!!
  • C’est aussi une idol superstar !!! Elle chante trop bien !!!
  • Elle a une backstory ultra tragique puisque les méchants ont pétrifiés tous les habitants de sa planète et volés tous les trésors !!! Elle veut dépetrifier tout ça et tout récupérer !!
  • Elle a du bagout !!
  • Elle peut se déguiser en n’importe qui et n’importe quoi grâce à un parfum magique, car elle est en plus maîtresse du camouflage !!!

Bref, Yuni elle est cool.

Sauf que dès qu’elle devient Precure… elle cesse étrangement de l’être.

Ses pouvoirs de déguisement ? Ils sont plus tellement utilisés. Ses talents de voleuse ? L’héroïne refuse qu’elle les utilise parce que « voler c’est mal » donc qu’est-ce que fait Yuni ? Bah elle la prend au mot parce que la morale triomphe, tant pis pour la récuperation des artefacts eux-mêmes volés à la base. Voler un voleur, c’est même plus acceptable. Sa backstory tragique ? Elle est toujours là, sauf qu’on a l’impression que ça traînasse, ça devrait être une affaire urgente mais tu passes une dizaine d’épisodes à voir Yuni faire juste autre chose. Damn, meuf, t’as une planète ENTIÈRE à sauver ! Ton peuple, ta famille, tes amis ! D’autant que au départ, elle a du mal à s’intégrer à l’équipe, on nous fout genre deux ou trois épisodes pour qu’enfin elle accepte de vraiment travailler avec les quatre autres héroïnes, tout ça pour qu’au final on aie jamais vraiment l’impression qu’elle soit vraiment intégrée au sein de ce groupe. Les quatre Precure « de base » utilisent les stylos zodiacaux pour booster leur attaque, Cure Cosmo a elle « sa propre attaque » et « son propre objet », le Rainbow Splash, ce qui continue à la mette en dehors du groupe.

Jamais j’ai cru, pendant trente épisodes, que Cure Cosmo appartenait au groupe d’héroïne. J’ai l’impression que c’était les quatre héroïnes FEATURING Cure Cosmo. Ça aurait pas été un souci si on avait pas eu une version nerfée de Cure Cosmo, incapable de pouvoir refaire la moitié des trucs cools qu’elle faisait quand elle était Mao ou Blue Cat. Le personnage me semble sous-utilisé, voire même carrément mal utilisé. C’est comme dans les JRPG tu combats un boss super dur, que celui-ci rejoint ton équipe après, et qu’il est niveau 15 et parvient pas à refaire sur les ennemis ne serait-ce qu’un quart des dégats qu’il t’infligeait sur ton équipe.

Bon, après, Cure Cosmo est parfois rigolote à se conduire comme un chat, oui. Mais j’en attendais un peu plus !

C’est dommage parce que je pense pouvoir dire que les quatre héroïnes principales sont une vraie force de la série. A commencer évidemment par Lala, alias Cure Milky ! C’est LA star de la série, héroïne peu assurée en charge d’une tâche trop grande pour elle toute seule, qui se retrouve confrontée à l’inconnu en se posant sur la planète Terre, qui doit apprendre comment nous on fonctionne, assimiler les différences, et le faire en stressant au minimum… ce qui est pas toujours facile ! Maladroite, sujette à la panique, son développement et son évolution est une vraie réussite, aidés par un design vraiment frais et une vraie belle expressivité. Déjà parce qu’elle tire souvent des tronches hilarantes, faisant d’elle la plus grande planche à emoji de l’univers, mais aussi parce qu’on retrouve à sa voix la jeune Konomi Kohara. Inconnue avant 2019, cette doubleuse aura eu une année incroyable en cumulant le rôle de Chika Fujiwara dans Kaguya-sama, celui de Lala dans Star Twinkle Precure et celui de Yuuko dans Machikado Mazoku, trois rôles qui demandent un vrai talent, une vraie variété et surtout un sens comique aiguisé. Et ce qu’elle apporte à Lala n’est pas négligeable !

Plus largement, y’a plusieurs arcs narratifs autour de Lala et tous m’ont semblé être justes. Que ce soit sa manière de gérer le choc des cultures, ses difficultés à s’intégrer, ses doutes sur comment gérer la pression dûe aux attentes qui pèsent sur elle, vivre dans l’ombre de son frère, bref le personnage est assez riche, et suffisamment attachant pour qu’on aie envie de la voir réussir toutes ces « épreuves » qui lui tombent dessus. Et elle est bien épaulée par l’héroïne principale, notre force rose héroïque habituelle, Hikaru.

Y’a plusieurs nuances de rose au sein de l’univers Precure et Hikaru semble clairement dans la famille « gentilles excentriques passionnées » ! Très très très très à fond sur l’espace, notre héroïne a donc la curiosité et l’ouverture d’esprit comme qualités principales, et comme souvent l’implique son archétype, elle n’est pas forcément toujours très maligne, semble passer à côté de trucs « essentiels » mais fera en permanence de son mieux, et semble être particulièrement douée pour comprendre la « bonne chose à faire » dans chaque situation. Elle a aussi cette tendance assez savoureuse à balancer des références nerd à la littérature SF des années 50 qui est assez rigolote. Bref, pour résumer, c’est une héroïne qui marche bien, qui ne brille pas forcément, certes, et c’est un comble pour une Cure Star, mais qui contribue pas mal à la dynamique d’ensemble, ce qui est déjà pas mal.

Et puis il y’a Elena et Madoka.

Deux senpai, deux stars du lycée, les deux « mamans » du groupe. La première est gentille et rayonnante, la seconde calme et réconfortante, et les deux ont des familles diamétralement opposés – Elena est l’aînée de cinq enfants dans une famille de classe moyenne, tandis que Madoka est fille unique d’une famille riche et influente de la région. Là aussi, on a deux personnages qui enrichissent la dynamique de groupe même si, hélas, leur développement va être moins poussé que pour les trois autres Cure. C’est pas dramatique, en soit, mais on va dire que c’est dans l’élan de mon reproche sur le « ventre mou » de la franchise parce que c’est dans ce ventre mou que ni Elena ni Madoka ne seront spécialement développées (à l’exception d’un épisode « tandem »), toutes leurs évolutions se déroulant soit dans la première partie, soit dans la dernière partie. Au milieu ? Elles sont… là.

Maintenant, leur design de Cure défonce, et ça on peut pas leur retirer. Reste que ces deux personnages, Elena en particulier, sont primordiaux pour attaquer le sujet principal de la série, qui va être l’acceptation de la différence.

Car TOUT Star Twinkle Precure tourne autour du concept des « différences. » Ce qui nous fait sortir du lot, ce qui nous distingue d’autrui, ce qui nous distingue même de la majorité de la société. C’est un thème relativement attendu dans une série qui va nous parler d’exploration de plusieurs mondes aux fonctionnements tout aussi différents les uns des autres et c’est un thème explicite dès les trois premiers épisodes, où la communication entre Lala et Hikaru sera très compliquée à cause des différences, justement. La morale de l’épisode 3 sera, justement, que Lala et Hikaru doivent comprendre comment fonctionne l’autre et l’accepter pour avancer.

Puis arrive Elena, qui elle vient d’une famille de culture mixte – mère japonaise, père mexicain. Du coup la famille a sa propre organisation, sa propre culture, mélangeant Japon et Mexique sans se poser trop de questions, sans privilégier une culture plus qu’une autre, préférant créer « la leur », qui mixe « le meilleur » des deux. Elena est un personnage d’ailleurs intéressant au sein de la franchise, s’agissant de la première Cure qui soit justement issue de l’immigration – et optionnellement la première a ne pas être blanche de peau, si on veut même être précis.

Et puis plus tard, on découvre que certains méchants le sont devenus parce que justement issus de sociétés qui rejetaient leurs différences. Un perso était moqué et rejeté à cause de ses différences physiques, un autre a vu sa propre culture être gommé de force par une autre… A cause de sociétés intolérantes et désireuses de rejeter les différences, ces personnages initialement bons se sont retrouvés dans un tel désespoir qu’ils ont été forcés de se mettre au service d’une figure maléfique, certes, mais une figure qui les acceptait pour ce qu’ils étaient. Même si cette acceptation était de façade.

Un des plus beaux épisodes de la franchise arrive assez tardivement, et c’est quand Lala – qui s’est suffisamment intégrée sur Terre au point de rejoindre le collège de l’héroïne – se retrouve la cible de rumeurs au sein de l’école, rumeurs qui l’accusent d’être une extraterrestre qui est la source des attaques de monstres. Ses différences explicites qui étaient jusque là traitées avec amusement par les autres élèves en font soudainement d’elle une paria, car ces différences sont désormais source de peur chez ses camarades. Il n’y a plus que Hikaru pour soutenir une Lala rejetée par des élèves effrayés, mais heureusement Lala aura l’occasion d’ouvrir son coeur, de mettre fin à cette rumeur, prouver son innocence, et, en faisant preuve de transparence ainsi qu’en assumant ses différences, se faire définitivement accepter des autres élèves, qui vont alors la traiter comme faisant parti des leurs, quitte à la défendre quand des mecs du gouvernement vont débarquer pour la traquer.

Oui, la différence amène à la peur chez certains esprits, peur qui amène au rejet. Mais ce n’est pas en supprimant ces différences que cette peur va disparaître et qu’on va t’accepter car c’est cette peur le problème, pas tes différences. C’est cette peur qui doit être combattue.

Y’a un message anti-racisme anti-xénophobie qui m’a toujours un peu saoulé, c’est le « On est tous pareils, au fond, tous des humains, peu importe notre origine notre couleur de peau :). » Parce que c’est un message qui se veut « bienveillant » mais qui au fond nie les différences individuelles. On est PAS tous pareils ! On est TOUS différents les uns des autres. On a TOUS une éducation différente, des expériences différentes, des origines différentes, des visions différentes, des manières de penser différentes. Pour chaque truc arrivé sur Terre, t’auras bientôt huit milliards de point de vue différents, qui vont naviguer d’un extrême à un autre. Faut arrêter de vouloir se masquer cette réalité, faut accepter que y’a pas de « normalité », que si on est censé être tous égaux en droits et en devoirs ou devant la loi, on ne saura jamais tous égaux d’un point de vue physique et mental. Nier les différences fondamentales entre chaque être humain, c’est un problème. Prendre conscience de ces différences et les moquer, les reprocher, s’en servir pour rejeter quelqu’un ? C’est encore pire.

Alors voilà, Star Twinkle Precure c’est un message que vous connaissez, que vous avez déjà entendu, mais que encore trop de gens refusent d’assimiler: que les différences entre êtres vivants sont indéniables, mais que au lieu de les rejeter ou d’en être effrayé, le comportement le plus responsable et le plus bénéfique est souvent d’étudier ces différences, de les comprendre et, qui sait, peut-être aussi de les assimiler, de nous permette grâce à eux de devenir de meilleurs êtres humains. La curiosité l’emporte toujours sur la peur. C’est un message sain. Certains le critiqueront de « naïf », moi c’est un idéal auquel je crois, un idéal auquel il m’a fallu un peu de temps pour y croire et je le préfère mille fois au dangereusement niais « mé on é tousse dé hom :)). »

Voilà, donc, en gros, ce que j’avais à dire sur Star Twinkle Precure. Y’a des trucs que je vais pas forcément développer trop dans le détail, comme par exemple le grandiose combat final, qui s’offre des plans et des séquences excellentes, adaptés à un combat aux enjeux extrêmement lourds. D’ailleurs j’ai assez peu évoqué la série sur le plan technique parce que, je vais être honnête, niveau animation c’est rarement très ambitieux ! Y’a quelques combats qui ont des bonnes idées (dans le premier épisode, l’épisode 20 ou le combat final) mais, dans l’ensemble, les combats de Star Twinkle Precure m’ont jamais énormément passionnés et ont beaucoup moins de pêche ou d’intensité que dans Hugtto. C’est un peu regrettable !

Ah, et j’allais pas conclure l’article sans évoquer LES SEQUENCES DE TRANSFORMATION, WALALALA.

Première fois que les séquences de transformation sont chantées dans Precure, ça donne déjà quelque chose d’unique alors, quand en plus, d’un point de vue technique et mise en scène on a quelque chose d’aussi travaillé et détaillé, c’est un émerveillement. Chaque héroïne a le droit a une transformation si réussie que c’est presque un crève-coeur de voir les cinq transformations être « mélangées » en une seule dans un medley vidéo pendant 90% des épisodes. Pour chaque transformation, on a d’ailleurs le droit à des vétérans de la Toei, ce qui aide pas mal – pour Lala, par exemple, c’est Nishiki Itaoka qui s’occupe de la séquence, qui bosse sur la franchise depuis la seconde série, MaxHeart.

Et, dans l’élan des transformation, une mention spéciale aux génériques, tous très débilement entêtants, surtout le premier !

Donc voilà pour Star Twinkle Precure !Ma seconde série Precure vu en entier, et difficile pour moi d’être autant enthousiaste dessus que pour Hugtto tant les défauts sont bien plus explicites. Cela reste un bon visionnage, que je ne regrette absolument pas, d’autant que, vraiment, la série touche à l’excellence sur quelques épisodes. Faut juste accepter l’idée que pour ces quelques épisodes, faut aussi en croiser une vingtaine de très légers, de genre d’épisodes sympathiques mais qui ne décollent jamais vraiment. Si vous acceptez ça, alors ok, pas de souci, c’est un bon moment, qui peut se prévaloir d’avoir une très belle conclusion. A vous de voir !

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