Mangas & Animes

DoKomi 2022 – Sparks of Joy

Cela fait désormais quinze ans que je fais le tour des salons tout autour de la France, que ce soit en tant que visiteur, en tant qu’associatif, en tant que conférencier, en tant qu’organisateur ou même parfois en tant que représentant d’un média. Et c’est un monde qui me passionne et qui m’attire toujours autant qu’en premier jour, des week-ends entiers qui restent des bulles d’air bien nécessaire dans des quotidiens parfois moroses. Une sorte de manière aussi de garder contact avec une certaine réalité, à constater « physiquement » l’existence de la communauté de fans, à lui donner un visage, une forme, une reconnaissance. Une manière de contrecarrer la déshumanisation que je pourrais ressentir si de cette communauté je ne connaissais que des pseudonymes, des avatars, des représentations sur écran.

En 2019 j’avais donc déjà eu un peu la chance – par pur hasard – de me rendre au Kyoto International Anime & Manga Fair, et j’avais déjà pu voir ce à quoi ressemblait un « salon » dédié à la popculture japonaise dans un autre pays (et le fait que ça soit au Japon même était encore plus intéressant.) Regarder les différences, constater les points communs. C’était déjà une expérience amusante même si limitée à quelques heures et contrecarrée par une absence totale de préparation (vu qu j’y suis allé parce que c’était littéralement sur le chemin entre ma gare et le pavillon d’argent.) Mais c’était assez grisant et ça m’a donné un peu envie de continuer sur cet élan et d’envisager la visite d’autres salons ailleurs qu’en France. Évidemment la pandémie est arrivée à ce moment là mais reste que trois ans plus tard, me voilà du coup à Dusseldorf, en Allemagne, pour visiter l’édition 2022 de la DoKomi, la principale convention allemande avec ses 55 000 visiteurs et ses 60 000m² dédiés à offrir aux fans allemands un week-end sous le signe de la popculture japonaise.

Et du coup, bah voilà mon rapport d’observation ! Quels sont les points communs avec les salons français ? Les différences notables ? Quelles forces possèdent la DoKomi ? Est-ce qu’un visiteur français « lambda » peut y trouver son compte ? Je vais essayer de répondre à toutes ces questions et vous décrire un peu l’ensemble du salon. On est donc sur un bilan de convention qui sera également bien plus descriptif qu’habituellement !

On va commencer très rapidement en décrivant l’histoire même du salon, histoire que vous ayez une ptite idée du contexte: DoKomi (pour « Doitsu Komikku Maketto », ce qui signifie globalement « Comic Market Allemand », en réference au Comiket japonais bien célèbre) naît donc en 2009 et est initialement un projet lancé par six jeunes étudiants passionnés de Japon et qui finissent par organiser un festival au sein de leur école de Dusseldörf. Ils pensaient n’avoir que 300 visiteurs pour la première édition sauf que derrière plus de 1200 vont se ramener. Enhardi par ce succès, la DoKomi va se développer les années suivantes, d’abord en utilisant au mieux les locaux scolaires mis à sa disposition, puis déménager dès 2012 direction le Centre des Congrès de Dusseldörf – le CCD. A l’heure actuelle, c’est toujours à cet endroit que le salon a lieu, même si il est désormais partagé entre le CCD et les halls du parc des expositions (« Messe ») qui sont collés au bâtiment.

Si on peut d’ailleurs déjà noter une différence intéressante, c’est au niveau du staff qui dirige le salon. Tout d’abord la majorité ne sont des professionnels de l’événementiel que depuis très peu de temps: un des principaux fondateurs chargés de l’organisation, Andreas Degen, n’a commencé à gérer le salon à temps plein que depuis 2016. Ensuite, la majorité des staffs sont des jeunes trentenaires, ce qui on va le voir se ressent aussi sur la programmation du salon. Il est intéressant d’ailleurs de constater que y’a une petite culture de la transparence: non seulement la liste complète des staffs est disponible sur le site du Dokomi, mais on a accès très rapidement à leurs mails professionnels. Si jamais on veut rentrer en contact avec eux, ce n’est pas très compliqué !

Pourquoi Dusseldörf d’ailleurs ? Et bah là aussi c’est pas forcément très éloigné de l’histoire et de la culture de cette ville, la septième plus peuplée d’Allemagne, et capitale de la Rhénanie, un des états fédéraux les plus peuplés du pays. On est là au cœur de la fameuse mégalopole européenne en forme de banane qu’on nous a bien présenté au collège, où se trouvent presque collés des villes aussi importantes que Dortmund, Essen, Bonn, Aix-la-Chapelle et bien évidemment l’énorme Cologne. On est là au centre de cette zone, ce qui autorise déjà un public local assuré de venir nombreux. Mais c’est aussi sans négliger le fait que la culture japonaise a toujours eue une place importante au sein de l’histoire de Dusseldörf: durant les années 50, profitant de la reconstruction de leurs deux pays, une dizaine de businessman japonais s’installent à Dusseldörf. Le commerce y étant bon, la ville devient de fait l’endroit privilégié d’installation de nombreuses sociétés japonaises souhaitant s’installer en Allemagne. A partir de là, la croissance ne fait que s’accélérer et dans les années 80 c’est près de 8000 japonais qui vivent à Dusseldörf, faisant de la ville la troisième ville européenne avec la plus grosse diaspora japonaise – derrière Londres et Paris.

Quelque part, tous les éléments étaient donc présents pour que Dusseldörf devienne, une fois par an, une des principales capitales européennes de la culture japonaise !

La majorité du quartier japonais s’étend autour de la rue Immermann, et il est difficile de louper le panneau bilingue qui témoigne de ce fait !

Retour maintenant à cette édition 2022 de DoKomi. Comme dit plus tôt, l’événement se déroule toujours au centre des congrès de Dusseldorf, qui est situé dans le nord-ouest de la ville. Depuis le centre-ville, il suffit d’un quart d’heure de métro/tramway pour se rendre à l’arrêt le plus proche du CCD. Je dis bien « l’arrêt le plus proche » car attention, petit twist rigolo: entre l’arrêt et l’entrée du CCD, y’a quinze bonne minutes de marche ! Deux trajets sont disponibles: l’un impliquant du trottoir en ligne droite, l’autre impliquant une balade dans le Nordpark qui est situé juste à côté de la Messe. Très beau parc par ailleurs, ce qui rend la marche moins pénible (surtout au chemin du retour, quand vous êtes déjà fracassés par dix heures de convention.)

En parlant du parc, petite note amusante: déjà, il possède un jardin japonais en son sein – qui est le fruit d’une collaboration entre la ville et sa diaspora japonaise – ce qui me satisfait complétement, de l’autre même si le salon n’est ouvert que pendant deux jours – le samedi et le dimanche -, il y’a presque une pré-journée le vendredi puisque pour m’être baladé dans ce parc à ce moment-là, j’y ai déjà croisé énormément de cosplayers et de groupes de jeunes otakus qui profitaient de leur après-midi pour se retrouver, faire du photoshooting et déjà être dans l’esprit du salon avant même que celui-ci soit déjà ouvert.

(Moi j’étais juste venu à la base pour visiter l’aquarium mais c’était une bonne surprise d’y croiser déjà pas mal de cosplayers assez cools !)

Le petit étang du jardin japonais, avec ses cosplayers dans le fond

En vrai une de mes surprises en me rendant et en quittant le centre des congrès pendant ces deux jours ça aura été le fait que les transports… n’étaient pas très compliqués à prendre. Pourtant faut vous imaginer que les lignes qui desservent le CCD sont des hybrides entre tramway et métro qui n’ont pas forcément une contenance de ouf. Moi je m’imaginais déjà mourir dans les transports chaque matin et chaque soir mais au final on était à chaque fois pile dans le bon équilibre: les trams étaient pleins mais pas bondés, et globalement on avait de l’air pour respirer, parfois même une bonne chance d’être assis.

Du coup je suis très étonné que ça ait été très calme dans les transports alors que pourtant la convention a quand même attirée cette année 70 000 visiteurs. Je me suis demandé comment tous ces gens venaient, par quels moyens. A priori, beaucoup sont logés dans des hotels autour, et il y’a le fait que beaucoup de gens prenaient aussi la ligne dans l’autre sens – contrairement à un RER B de Japan Expo, par exemple, qui est lui situé proche d’un terminus donc la quasi majorité des gens a l’aller et au retour viennent de la même direction, ce qui est pas forcément le cas ici: c’était très partagé entre ceux qui allaient direction le centre ville et ceux qui partaient au nord de la ville rejoindre d’autres gares, etc. Y’a aussi le fait que les tramways/métros étaient très réguliers (toutes les 2mn environ) qui peuvent aider mais dans tous les cas c’est un mystère que j’aimerais exaucer !

(Par contre à priori c’était plus compliqué pour les gens venant en voiture, les parkings étant à priori assez bondés.)

Beaucoup de monde les samedis et dimanches matins aux entrées et pour être honnête, j’ai trouvé que c’était un peu le bordel ! J’ai mis beaucoup de temps à trouver l’entrée réservée à la presse, et j’ai un peu béni le fait que je sois venu en tant que média parce que la queue semblait interminable à l’entrée de la Messe, et surtout très confuse: je n’ai pas vraiment bien compris où elle commençait et quelle queue concernait qui. Y’a un endroit par exemple où deux queues se rejoignaient pour n’en former plus qu’une, ce qui m’apparaissait… un peu suspect. Y’avait quelques gars en gilet jaune – des staffs de la Messe / du CCD, pas des staffs Dokomi – qui essayaient de gérer les queues et qui hurlaient des instructions en allemand aux gens via mégaphones mais ils n’étaient pas très nombreux et, à mon avis, pas toujours très bien placés.

Dans tous les cas au bout d’un moment j’ai réussi à trouver mon entrée et j’étais content mais m’a fallu presque un quart d’heure juste pour la situer et pour m’y rendre, la vie n’est pas facile !

En règle générale, si y’a bien UNE grosse critique que je vais faire à DoKomi c’est qu’il est très dur de s’y repérer, entre autres car le fléchage est insuffisant et pas toujours très visible. C’est pas ouf dans les grands halls mais c’est surtout très très pénible dans le CCD Sud qui est, on va le voir, un vrai petit labyrinthe.

Le plan de l’évenement. Le CCD est la partie en bas à gauche.
Le plan du CCD Sud. Oui il n’est pas tourné de la même manière que le plan de l’événement, ce qui m’a rendu ouf pendant la première heure.

Je met déjà un peu l’emphase dès à présent sur la différence entre les halls et le CCD Süd parce qu’un truc finalement très sympa avec DoKomi c’est qu’on a le sentiment d’avoir deux conventions très différentes en une: les halls vont avoir tout ce qu’on attends d’un très gros événement avec ses centaines de stands professionnels ou amateurs, ses espaces gaming aussi florissants que bruyants ou bien la grande scène permettant à des milliers de personnes d’assister à des shows ambitieux. Le CCD Süd, lui, est un endroit déjà beaucoup plus petit, tout en moquette et en plafond bas, aux sièges confortables, à l’ambiance plus silencieuse, où l’on va trouver les petites activités et parfois les quelques petites présences associatives: c’est là qu’on trouve les salles de projections bien cloisonnées pour y faire du Karaoké ou mater des AMV, on y trouve les restaurants, les tables pour y faire du JDR ou des cartes…

Mais même les grandes salles qui se trouvent dans cet endroit ne sont pas le genre de salle que je croise habituellement dans ce type d’événement. Par exemple on y trouve un grand espace nommé la salle Matinée qui est clairement une grande salle de bal et qui est utilisée pour entre autres des cours de danse, et des concours de chant… voire même de poésie !

L’autre grande salle du CCD Sud c’est la Live Stage, qui va être l’endroit dans lequel je vais foncer dès l’ouverture et mon premier contact avec le salon ! La Live Stage c’est un amphithéâtre plutôt moderne, aux sièges confortables et qui pendant deux jours va dérouler un programme qui sera retransmis également sur le compte Twitch officiel de la Dokomi. Ca va donc donner un programme très serré, souvent étudié à la minute près, pour un contenu rythmé et étudié aussi bien pour le plaisir des gens sur place que pour celui des gens qui regardent en live. Le succès a l’air d’avoir été là: entre 2000 et 5000 personnes étaient connectés au Twitch en simultané pour une salle dont le programme était souvent soit des discussions entre intervenants sur différents sujets très vagues (« le manga », « l’anime », « le cosplay »), soit du jeu vidéo (du League of Legends, par exemple), soit des petits concerts avec entre autres le concept de deux vtubeuses de Hololive: Takanashi Kiara et iRys !

Eh oui c’est elle, c’est Kiara ! Elle est pareille en vrai !

Kiara et iRys ouvraient chacune des journées: Kiara le samedi, iRys le dimanche, toutes les deux à 11h. Si vous vous demandez « à quoi ça ressemble un concert de vtuber », bon dites vous que c’est comme si on matait un stream tous ensemble dans une grande salle. Évidemment, les deux artistes avaient un retour de la salle et pouvaient donc interagir avec nous (ce que Kiara ne va pas hésiter à faire) mais oui à part ça il n’y a pas de présence « physique », on reste sur un salon qui n’a certainement pas les moyens de se payer le nec plus ultra de l’hologramme. Malgré tout ça reste une expérience assez amusante, les deux artistes sortant évidemment leurs Greatests Hits et quelques reprises bienvenues (Renai Circulation et Viva Happy pour Kiara, Zankou Sankya et One Last Kiss pour iRys) qui invitaient évidemment le public à participer. Et il fallait compter sur les otakus pour mettre l’ambiance !

Ne faites pas comme moi et n’essayez d’ailleurs pas de chanter comme si on était aux karaokés Epita. Je veux dire je me suis senti un peu seul comme un con à clapper des mains sur des moments bien précis de Renai Circulation ou bien à gueuler l’instru de la chanson à quelques moments. C’est donc ça le choc des cultures…

L’expérience était donc très chouette et pouvait se prolonger pour les chanceux via un « Meet & Greet » organisés plus tard en journée. Par contre à quoi ça ressemble un Meet & Greet avec une vtubeuse, ça c’est une question auquel je n’ai hélàs pas de réponse… J’imagine qu’on est face à un écran et qu’on discute avec elle quelques dizaine de secondes en tête à tête, comme une conversation Zoom un peu sacrée. J’aurais bien aimé essayer mais j’avais pas mal d’autres choix à faire et de choses à voir tout le long des deux jours… donc tant pis.

(Puis vous me connaissez: je suis plus un Nijisanji guy, donc même si j’aime bien Kiara et iRys, ce n’était pas ma priorité ;_; !)

Plus largement, Kiara et iRys étaient peut-être les invités les plus « internationaux » de cette édition 2022 qui, post-pandémie oblige, n’a pas pu réussir à mettre la main sur beaucoup d’invités japonais. Ce qui est un peu dommage car la DoKomi peut se targuer d’avoir peut-être une des meilleures sélections d’artistes japonais musicaux: quand je regarde l’historique et que j’y vois des noms comme nano, fhana, Ito Kanako, HachioujiP ou bien évidemment motherfuckin’ Megumi Nakajima bah force est de constater que c’est une sélection musicale qui me parle beaucoup plus que celle d’une Japan Expo. Plus d’artistes contemporains, plus d’artistes spécialisés dans les anisongs: oui non c’est plus ma came.

A l’inverse, le salon a relativement peu d’historique en terme d’invités liés au monde du manga et de l’animation. De manière intéressante pas mal des mangakas passés au Dokomi sont souvent liés au monde du hentai et de la pronographie – je vois par exemple Digital Lover (spécialisée dans les doujins fripons mais aussi chara-designeuse de Amagi Brilliant Park) ou Toshio Maeda (Urotsukidouji), entre autres. Donc quelque part on est sur une sélection qui privilégie peut-être plus la musique et la fête que l’aspect culturel du Japon ce qui, pour moi, est très représentatif de l’esprit du salon.

Certains endroits du CCD Süd sont particulièrement calmes et silencieux. Un vrai oasis après avoir marché 3h dans les halls.

Avant d’évoquer le reste du contenu proposé dans le CCD Süd et aborder les halls, je me rends compte que je vous ai pas donné une info tout aussi intéressante: les prix d’entrée ! Comptez entre 45 et 55€ pour le tarif 2 jours, avec des prix à la journée qui peuvent nous paraître assez fou: entre 32 et 37€ pour la journée du samedi, et entre 30 et 35€ pour la dimanche. Sachant que ce sont les prix « minimum » et qu’un système de crowdfunding est adjoint aux prix des tickets. En effet, si vous souhaitez payer 50€ votre ticket d’entrée pour aider le budget du salon, et bien c’est possible. Des bonus sont même disponibles une fois certains tarifs dépassés, et vous êtes remercié dans le petit livret-programme offert à chaque visiteur.

Malgré tout, oui, ça reste des prix… qui en France aurait du mal à passer. Pour rappel, Japan Expo cette année c’est entre 25 et 28€ pour la plus grosse journée, celle du samedi. Et 77€ maximum pour le ticket 4 jours. Donc oui déjà que ces prix en France sont souvent critiqués, ceux de la Dokomi nous paraitraient bien trop élevés – surtout si en plus derrière on t’invite à donner plus. Mais encore une fois, autre pays donc autre culture, les prix de la DoKomi étant dans « la norme » des événements de ce genre et de cette envergure.

Sachant qu’en plus de ces tickets d’entrée, des sommes supplémentaires sont à prévoir pour certains évenements particuliers le samedi soir. En effet la convention le samedi se clôture certes à 20h mais elle ne s’éteint pas pour autant, organisant d’un côté la J-Rave, un giga concert de 4h où DJ se déchaînent pour balancer des sons électroboumboum bien inspirés japonais, et de l’autre côté le Cosplayball, une soirée cosplayée « avec tenue correcte exigée » qui se déroule dans la grande salle de bal et est donc… bah oui… un bal costumé parfaitement distingué. Comptez 15€ pour la JRave, 25€ pour le Cosplayball – sachant que le Cosplayball ne fournit pas nourriture et boisson, qu’il faut acheter sur place (mais là je pars du principe que si vous allez faire un bal costumé distingué entre cosplayers, vous avez les moyens d’acheter un bretzel.)

Tout cela étant dit, retournons donc sur le contenu journalier du salon, et au reste de ce que propose l’espace CCD Süd !

La petite salle karaoké

Alors comment ça marche le karaoké en Allemagne ? Je me suis posé dans la salle une trentaine de minutes et ce que j’ai pu constater:

  • C’est du karaoké au micro avant tout, je n’ai pas vu beaucoup le public chanter de chansons quand ce n’était pas son tour – honneur était fait surtout à la personne qui avait le mic.
  • Quasi-exclusivement que des versions longues ! La version courte ne semble être utilisée que si y’a pas « le choix. » Même des grands classiques comme Shinyou wo Sasageyo sont interprétés dans leur version complète. Nous en France qui nous sommes habitués à faire majoritairement des versions courtes de kara, on est sur une autre planète.
  • Il n’y a pas vraiment… de règles de base sur les times et la manière d’afficher les paroles. Quelques karaokés (qui semblent avoir été récupérés de la base de Karaoke Mugen) sont dans le bon vieux Arial orange et blanc traditionnel placé en haut mais la grand majorité ont des sous-titres placés en bas et souvent dans des polices anormalement petiotes. Vu que le texte doit être lu juste par une personne (celle qui chante), je vois qu’il n’y a pas vraiment d’exigence sur le placement et la taille des polices.
  • Enfin très clairement pas de gatekeeping sur les chansons demandées: ça a aussi demandé pas mal de trucs occidentaux – genre du The Greatest Showman ou même du Evanescence. Est-ce que j’ai vu une ado de 16 ans chanter My Immortal ? Oui. Est-ce que je me suis senti mal quand je me suis rendu compte que la chanson était plus vieille qu’elle ? Tin damn le temps passe trop vite.

En tout cas la salle était relativement déserte le samedi mais bien plus remplie le dimanche. Mais ça vous allez le constater c’est une constante du week-end.

Photo prise peu après l’ouverture de la salle dédiée aux AMV

Dans les autres élements à mentionner au sein du CCD Süd, on y trouve entre autres:

  • Un « Bring & Buy » qui est l’équivalent d’un truc qu’on faisait dans les salons français des années 2000 mais qui a aujourd’hui complétement disparu, c’est à dire un authentique Dépot-Vente. Les gens peuvent y ramener des trucs liés à la popculture japonais qu’ils veulent vendre, ils le déposent, fixent un prix, l’objet est déposé sur le stand, les gens visitent et ils reviennent le dimanche soir pour voir si ça s’est vendu. Si ce n’est pas le cas, tant pis: ils récupèrent l’objet. La queue le samedi matin pour le dépot était assez ouf !
  • Une salle entière dédiée à la projection d’AMV. C’est exactement comme le titre l’indique: y’a une playlist, et les AMV se succèdent tout le long de la journée. Une programmation est présente et globalement chaque heure va avoir son propre thème – « Comédie », « Action », « Romance », etc. Là aussi c’est assez amusant de comparer la différence avec la France qui a beau avoir une des commu AMV les plus productives d’Europe bah reste qu’en salon les AMV sont aujourd’hui complétement ignorés des programmations de salon (on est déjà bien content d’avoir le créneau d’1h30 pour le concours annuel de Japan Expo, et encore c’est sur une des plus petites scènes.)
  • Un petit « Matsuri » qui comme son nom l’indique regroupe pas mal de petits jeux de kermesse et de festival: du chamboultout, etc. Ca me rappelle là aussi les petits jeux rigolos qu’on faisait dans la cour d’Epitanime.
  • Quelques stands dédiés à des organismes ou à des associations locales. C’est là où on va trouver les rares stands un peu culturels. Par exemple un stand de webradio, ou un stand touristique.
  • La salle « Hana no machi« , dédiée à des représentations inspirées par les geishas traditionnelle – danse, chanson et théâtre, avec des inspirations très « ancien Japon. »
  • Enfin, les espaces « TCG » (jeux de cartes) et « Pen & Paper » (jeux de plateaux) dont vous comprendrez très vite le contenu.

Rajoutez à cela un restaurant et voilà pour le CCD Süd, un endroit très compact mais bien plus calme que le reste du salon. Un oasis dans lequel je suis allé me ressourcer le plus régulièrement possible car malgré toutes mes années d’expérience, je reste quelqu’un qui a besoin d’un peu de calme après quelques heures dans un salon ! Faut bien se reposer pour tenir le coup !

Et donc oui du coup pour se tenir au courant des différents évenements dans le CCD Süd, quoi de mieux finalement qu’un… livret programme ?

Je vais pas vous mentir, ça m’a fait plaisir quand je l’ai pris à l’entrée. Comme les catalogues qu’on doit acheter pour entrer dans un salon fanzine, le salon distribue donc son programme sous forme d’un livret de 150 pages qui va contenir toutes les informations sur le contenu du salon, les plannings, les présentations des invités, les plans, et caetera. On a aussi sans doute un quart de page dédié à de la publicité pour les partenaires du salon mais j’imagine que c’est un truc qui devient nécessaire pour financer ce genre de bouquin distribué gratuitement à l’entrée.

Perso c’est un truc que j’ai adoré et qui m’a replongé dans une profonde nostalgie parce que ce genre de bouquin… on en avait en France aux entrées de convention ! Genre ma première Japan Expo, celle de 2006, j’avais eu un bouquin de ce genre à l’entrée. Idem pour ma première Epitanime en 2009 qui distribuait des petits fanzines d’une trentaine de pages comportant toutes les infos. Non seulement ça donne un bel objet un peu physique qui te servira de « souvenir » du salon, mais en plus c’est franchement pratique ! T’as toutes les infos nécessaires de manière physique dans le même bouquin, tout est bien rangé, tu retrouves facilement les infos, et comme c’est le genre de truc que tu feuillette quand t’es par exemple dans la queue avant d’entrer dans le salon ou bien assis devant la scène en attendant que l’activité démarre, bah ça te donne en plus des bonnes idées ou des bonnes suggestions pour quoi faire après.

Alors après évidemment, il a été très pratique pour moi ce bouquin mais il restait intégralement en allemand. Et comme j’ai fait LV2 Italien, bon bah je comprends pas forcément grand chose à ce qui écrit et qui diffère trop de l’anglais. Malgré tout les plans, les plannings et la pléthore d’illustration m’a quand même permis de trouver ce guide très pratique. Ca pour le coup c’est vraiment un truc que j’aimerais revoir revenir en France, c’est ce genre d’outil qui, si il est bien fait, améliore le salon d’a peu près tout le monde. Quitte à ce qu’il soit financé totalement par de nombreuses pages publicitaires et oh d’ailleurs en parlant de publicité, vous connaissez GENSHIN IMPACT ?

Le jeu était présent partout sur le salon ! Déjà chez les fans: une très grande majorité des stands amateurs proposaient des goodies liés au jeu et le nombre de cosplays était tout simplement ahurissant (j’ai l’impression que le perso le plus cosplayé était Hu Tao mais ça restait très égal entre tous les personnages.) (C’est ptet juste que j’aime bien les persos goth donc je les repère beaucoup plus vite.) Mais même d’un point de vue plus général, Mihoyoverse faisait clairement partie d’un des principaux sponsors du salon et ça se voyait: les bannières à la gloire de Genshin étaient partout, chaque espace avait un endroit où le logo Genshin était « visible », les réseaux sociaux du Dokomi parlent souvent du titre, le jeu disposait de plusieurs stands repartis partout dans le salon, et il y’avait même des kakemono et un stand dédiés à Honkai Impact, histoire que tout le monde soit content.

D’ailleurs amusant mais dans le hall 3 – dédié aux amateurs – les deux seuls stands présents qui étaient « professionnels » c’était le stand du groupe de Vtuber VShoujo et… le stand spécial fanart de Genshin Impact. Comme une manière pour Mihoyoverse de célébrer aussi l’importance de la franchise au sein du monde des créateurs amateurs aujourd’hui. Un peu une sorte d’anti-Nintendo quelque part, qui est là posé dans l’espace amateur comme pour y apporter sa bénédiction. Evidemment nous ne sommes pas naïfs, c’est évidemment pas aussi idéaliste que ça mais au moins Mihoyo semble avoir bien compris que les fanartistes sont une communauté qu’elle se doit de chouchouter parce qu’elle contribue elle aussi au succès et à l’impact réel qu’a le jeu sur les esprits depuis quelques années.

Rendez-vous du coup à Japan Expo pour voir si le jeu va être aussi omniprésent ! Spoiler: il le sera sans doute. Je me demande juste à quel point Mihoyo va investir dans JE…

Le grand hall 3, dédié intégralement aux amateurs

DoKomi est une convention qui met bien en avant ses créatifs amateurs, ça on est d’accord. Tout un hall leur est dédié, et le tout est arrangé de manière très confortable avec des grandes allées pour que les gens puissent circuler mais également des grands espaces derrière les stands pour que les artistes puissent circuler facilement derrière leurs tables. Et en terme de choix et de propositions pour le visiteur, on a de quoi faire: plus de 700 stands sont présentés, pour sans doute près d’un millier d’artistes qui ont fait le déplacement. Beaucoup viennent (naturellement) d’Allemagne mais c’est un peu une partie du gratin européen qui se déplace: pas mal de français, des espagnols, des néerlandais, des belges, des polonais, des britanniques, mais aussi des espagnols et des italiens. Quelques américains ont même fait le déplacement, tout comme on y retrouvait deux ou trois artistes japonais, très discrets. Je n’ai pas le nombre de stands que comporterait une Japan Expo mais ça ne m’étonnerait pas si on avait là, tout simplement, le plus gros rassemblement fanzine européen !

Un rassemblement d’autant plus important que là aussi, contrairement à une Japan Expo, l’espace fanzine est ici « au centre » du salon. C’est l’un des plus gros espaces, il est placé de manière idéale, liant le CCD Süd au hall contenant les jeux vidéo et la grande scène, c’est un passage obligé et un passage suffisamment bien fait pour qu’on ait envie de s’y balader. Le nombre d’artistes présents peut même donner le tournis et je vous avoue que même si j’ai dédié 3 ou 4 bonnes heures juste à balayer les allées, je ne suis pas vraiment certain d’avoir pu tout voir !

La zone est divisée en gros entre trois grosses parties: les « petits stands » pour les artistes amateurs, des stands plus grands pour les artistes semi-professionnels/professionnels, et une zone dédiée aux artistes spécialisés dans la création de vêtements, de cosplays ou d’accessoires de mode. Un découpage plutôt similaire à celui de Japan Expo mais peut-être fait ici avec plus de cohérence (Japan Expo ayant la mauvaise habitude de mettre les « jeunes créateurs » (les semi-pro/pro) et « l’espace mode » dans un hall différent des « amateurs ») qui fait que l’on navigue de l’un à l’autre sans la moindre difficulté.

Après en terme de contenu proposé, bon bah écoutez, c’était très varié même si c’est un contenu similaire à ce qu’on connaît en France dans ces zones – beaucoup de boys love, du contenu qui ne s’arrête pas forcément à la culture japonaise, énormément de Genshin (évidemment), beaucoup de prints à acheter, de porte-clé mettant en scène des personnages populaires, des badges à foison, des t-shirts, parfois des petites peluches… C’est une zone qui vaut le coup d’être fouillée et même moi qui suit fan de séries bien trop nichées pour être rentables en salon j’ai pu trouver des petits goodies Umineko et Uma Musume. J’ai même acheté un print Elira Pandora ! C’est fou, non ?

Énormément de monde dans les allées de l’espace fanzine le dimanche

Malgré tout, les échos que j’ai pu avoir venant des artistes sont un peu ternes: malgré un gros public, les ventes ne sont pas forcément au niveau des éditions précédentes, particulièrement le samedi qui fut assez compliqué pour un peu tout le monde. Le dimanche a bien mieux marché mais c’est aussi parce que le hall fut bondé de 11h à 16h vu qu’il a passé la journée à y’avoir des orages de ouf sur Dusseldörf. Donc les gens voulant naturellement éviter la saucée ont passés la journée à scruter les fanzines. C’est plutôt logique, vous me direz !

Malgré ça, l’événement s’affirme réellement comme un grand rendez-vous pour le monde du fanzine et à mon sens c’est voué à toujours plus se développer et à continuer d’attirer une pelletée d’artistes européens. Si vous êtes artiste et que ça vous tente, prévoyez quand même au moins 200€ pour le prix de la table !

Les stands semi-professionnels et leur très chouette disposition en angle. C’était souvent des stands gorgés de contenu !

Et du coup, après le hall dédié aux amateurs, que se passe t-il du côté du hall dédié aux professionnels ? Car oui comme chez nous on retrouve toute une zone qui va mélanger à la fois des stands dédiés aux éditeurs mangas & anime et aux vendeurs de goodies divers et variés. Là aussi un hall très bien mis en place, avec des couloirs larges et un plafond haut: c’est un lieu plutôt agréable à parcourir et même quand c’est bondé, on y circule relativement bien.

Un des couloirs principaux du hall 1

Bon tout d’abord, qu’est-ce que valent les stands de merchandising et de goodies ? Est-ce qu’ils sont mieux qu’en France ? Est-ce qu’ils ont un choix plus varié ? Est-ce qu’ils pratiquent de meilleurs prix ? Est-ce qu’ils proposent autre chose que des figurines prizes qu’on a vu 300 fois, des vêtements qui durent 2 heures avant de craquer et des dakimakuras qui sentent la mort aux rats ? Est-ce qu’ils proposent des goodies d’autres séries que le trio One Piece My Hero Academia L’Attaque des Titans ?

Bon pour faire simple: non. C’est la même chose qu’en France.

Oui y’a aussi les t-shirts ahegao, ça a un rayonnement international

Quelques stands sortent un peu du lot – un stand par exemple vendait des vieilles nendos et des très vieilles figurines parfois nichées (du Manabi Straight ?) mais à des prix plutôt élevés et avec des boîtes un peu délavées qui ont certainement passées trop d’années dans des caves allemandes. Un stand proposait d’acheter une large sélection (et pour le coup très large) de figurines sans leurs boîtes ni rien. Le choix était grand, les prix étaient intéressants mais derrière attention le deal c’est que c’est à toi de s’assurer que tu pourras transporter la figurine dans des bonnes conditions (moi j’ai abandonné l’idée en pensant au fait que la figurine allait voyager dans un coffre de car, par exemple.) Mais globalement, rien de très original, rien de très surprenant et rien que nous français nous n’aurions vu à Paris Manga ou à la Japan Expo. C’est aussi parce que c’est beaucoup de vendeurs européens qui font tous ces salons donc, eh, c’est logique de les retrouver là (genre les Chibi Akihabara, Animeimport et autres.)

(Donc oui si vous vous posez la question: est-ce que Dokomi dit « non » à la contrefaçon ? Bah ils s’en foutent un peu, y’a pas mal de trucs contrefaits qui trainaient.)

(Ah et y’avait aussi des stands de katana de collection.)

(Manquait juste l’Univers du Bonbon en fait….)

Un stand avait la bonne idée de trier les goodies de manière assez claire, ce qui offrait la possibilité de fouiller sans déplaisir
Les ptits katanas de collection……
Un stand de soutien à l’Ukraine était présent dans la zone: on pouvait y acheter des petits goodies pour aider les civils ukrainiens. Et oui je vous avoue que ce modèle taille réelle de Zelensky il m’a un peu pris par surprise quand je l’ai vu débouler au milieu de la foule

Ce qui va peut-être plus nous intéresser dans cette zone ça va être les stands des éditeurs professionnels ! Enfin je dis « nous » mais peut-être que y’a que moi qui était assez excité à l’idée de pouvoir voir directement c’est quoi le marché allemand en terme d’éditeurs. Et bah déjà première surprise: il y’a autant d’éditeurs de mangas que d’éditeurs d’anime ! L’Allemagne semble avoir beaucoup moins d’éditeurs de mangas par rapport à nous, le marché se divisant entre six ou sept acteurs – Carlsen, Altraverse, MangaCult ou bien encore… Kazé. Qui propose généralement en Allemagne un catalogue ultra différent de ce que peut proposer le Kazé français, ce qui peut paraître surprenant.

A l’inverse du côté éditeur d’animés, là aussi beaucoup d’éditeurs locaux sont présents: Animoon, Nipponart, Anime Planet, KSM, FilmConfect ou bien encore… oui bah oui Kazé à nouveau, quoi. Qui là aussi ne propose pas forcément en Allemagne les mêmes animés qu’en France mais bon vous commencez à comprendre où je veux en venir.

D’ailleurs comme pour annoncer l’avenir, Kazé partageait son stand avec le logo de Crunchyroll

Honnêtement je suis resté dans cette zone peut-être maximum une grosse heure en cumulé donc je ne pense pas que ça soit vraiment si suffisant que ça pour pouvoir vous faire une analyse très claire et comparative des marchés français et allemands, et y voir quelles tendances précises dominent le marché actuel. Les succès mis en avant y sont à peu près les mêmes que chez nous: MangaCult, par exemple, mettait évidemment en avant Demon Slayer ou bien Mein Schulgeist Hanako – oui c’est le nom allemand de Toilet Bound Hanako-kun, sans surprise. En règle générale, les allemands ont pas mal de noms traduits dans leur langue, ce qui ajoute un petit charme particulier quand tu dois parler de Das Land der Juwelen ou de Mein Star, par exemple.

Y’a après, quand même, une sorte d’équilibre: j’ai l’impression que la France a encore une exclu sur certains gros titres (en terme de succès récents par exemple j’ai été surpris de constater l’absence de mangas comme Kaiju n°8 ou My Dress-Up Darling), mais qu’à l’inverse y’a quelques titres sur lesquels l’Allemagne a déjà pris de l’avance (par exemple ils ont un tome d’avance sur Blue Period et surtout plus de six tomes d’avance sur Kaguya-sama !) Plus globalement y’a beaucoup de « petites » séries qu’ils n’ont pas, ces genres de séries qui chez nous finissent chez Akata ou Komikku – assez peu de mangas « sociaux » ou aux « thèmes lourds. » Les shojos sont aussi bien moins représentés qu’en France et étaient assez peu présents dans les étals. Peut-être un peu moins de « seinen », aussi ? Et une absence totale des vieux auteurs comme Tezuka… Le pré-2000 est vraiment peu présent !

Après attention: je base juste tout ça sur ce que j’ai pu observer des stands du salon et dans tous les cas vous me direz c’est normal qu’on ait plus de trucs qu’eux: on est le 2e marché™ oui ou merde 😎😎😎 ?

(Mais oui en gros à part quelques cas très précis (genre, évidemment, Scum’s Wish, ptdr), y’a pas de mangas que j’ai vu sur les étals où j’étais en mode « ah putain merde eux ils l’ont et pas nous.)

(Ah et je le précise pas mais leurs mangas c’est comme aux Etats-Unis: y’a pas de jaquette. Et ça c’est dra-ma-ti-que.)

(Oui Step Up Love Story continue à sortir en Allemagne et ils en sont au tome 76)

Les mangas étant évoqués, parlons très vite fait des animés en format physique et là par contre c’est un monde très différent de chez nous ! En gros, pour faire simple:

  • Ils ont plus d’éditeurs – pas de beaucoup mais ils en ont plus
  • Ces éditeurs sortent plus de trucs par rapport aux nôtres
  • Ils ont plus de licences – donc ça sort des trucs variés
  • Ils sortent vraiment tout et n’importe quoi
  • Chaque éditeur semble clairement avoir sa ligne éditoriale

Prenez par exemple Animoon, un des stands situés dans le coin. Eux clairement ils se sont dit « on va prendre tous les animés pour otakus glaireux et on va les sortir.« 

Je veux dire:

Damn juste la troisième photo elle m’explose parce que nous en France on a zéro moyen légal de voir KonoSuba et les allemands ils en sont au point où ils peuvent acheter tout en physique et si ils veulent ils ont plusieurs éditions pour les deux premières saisons, juste au cas où.

Mais ouais la ligne édito elle est claire: KonoSuba, School Days, Date a Live, Toradora, Zero no Tsukaima, Is This A Zombie, Redo of Healer, Strike Witches, SNAFU… On est clairement là sur les trucs vraiment nichés pour otakus qui passent plus de temps sur r/anime qu’auprès de vraies relations remplies de sens. Mais ça en France c’est globalement des séries qu’aucun éditeur ne tenterait car aucun de nos éditeurs ne visent ce public là !

Chez d’autres éditeurs c’est tout aussi différents: KSM par exemple tente plus les animés un peu destinés aux personnes « un peu plus connaisseuses » avec du A Place Further Than The Universe, du L’Ere des Cristaux ou bien du Bloom Into You, entre quelques DVD de Hunter X Hunter ou de Boruto. Ah et des films de monstres aussi, tant qu’à faire.

Par contre attention y’a une autre différence de marque par rapport au marché français: le prix ! Les coffrets sont très beaux, sont très jolis… mais il n’y a pas ou peu de coffrets regroupant l’intégralité d’une série ! La majorité du temps, vous payez 30€ pour 4 ou 5 épisodes, donc comptez 90€ pour choper l’intégralité d’une série de 12 épisodes, voire même encore plus si vous suivez une série de 26 ! Les objets derrière sont très beaux, très jolis, très similaires à ce qui est proposé au Japon (et pour cause: c’est souvent une rédaptation de « l’objet japonais ») et quelque part c’est donc logique qu’on y retrouve un prix très similaire à ce que les japonais vont payer.

Après les bonnes occasions ne manquent pas: j’ai pu récupérer l’intégrale de Scum’s Wish avec un ptit tote bag pour une trentaine d’euros. Ce qui est plus qu’acceptable mais c’était un « prix salon » ! Mais il faut déjà que la série date un peu pour que ce genre de coffret apparaisse – les nouveautés, elles, vont être payées au prix fort.

Donc bref, un choix bien plus large, avec énormément de nouveautés et de séries récentes: c’est très chouette, c’est presque excitant de trouver un pays où le format physique semble rester « en forme » (enfin ça se trouve toutes ces boîtes sont au bord de la faillite mais eh) et n’aie pas peur de proposer une large variété de produits mais les prix sont aussi un rappel comme un autre que les DVD/BR d’animé sont initialement considérés comme un luxe par le pays qui les produit…

BON. ON A FINI AVEC LES PROS, DIRECTION LE JEU VIDEO !?

Le stand Nintendo

Je ne vais pas avoir énormément de choses à dire sur la zone jeu vidéo car même si elle occupe une large partie du hall 4, il y’avait en réalité assez peu de stands – suivant un théorème simple à base de « y’a peu de stands mais ils sont tous assez grands. » Et on y trouvait grosso modo tous les essentiels: un gros stand dédiés aux jeux rétro (où on pouvait jouer à F-Zero GX sur grand écran, ce qui est un plaisir de tous les instants), un gros stand officiel Nintendo avec plein de jeux Switch en démonstration, le stand Genshin qui a ramené le monde entier, une zone dédiée à la danse, un stand avec du Just Dance, une scène pour les finales de jeux de baston, une scène pour Smash (juste pour Smash), un gigantesque espace avec une centaine de Switch pour jouer à Smash (juste à Smash), un espace speedrun où des speedrunners se succèdent devant le public tout le week-end sur des jeux très divers et très variés, un espace Twitch un peu chelou dédié aux « gamers de Cologne » qui était retransmis en direct…

Bref, un espace gaming tout a fait simple. Le fait qu’il y’ait finalement un nombre assez réduit de stands pour un si grand espace est certes un peu déroutant et demande de beaucoup voyager pour aller d’un endroit à un autre mais cela permet aussi d’éviter un peu le défaut habituel des zones « gaming », c’est à dire l’avalanche de bruits qu’occasionne le fait d’avoir des centaines d’écrans et de consoles qui tournent ensemble dans une zone assez réduite. Un point encore plus critique quand dans le même espace se trouve un espace danse (qui va avoir besoin de mettre sa zik fort), un espace Just Dance (qui tient à ce que tu profites vraiment de Umbrella), un espace Twitch qui veut qu’on l’entende aussi bien en vrai que sur Internet, un espace speedrun et deux scènes jeux de baston (où tu dois entendre les commentateurs.)

La scène des tournois, où des jeux de baston se sont succédés tout le week-end !
Le stand du Germench, les experts du speedrun à l’allemande !
Une partie de l’immense espace Smash avec tout ce qu’il faut d’écrans et de consoles pour enchaîner les parties

Vous vous demandez peut-être du coup, « ok mais du coup y’a quoi dans le hall 4 à part des stands si y’a plein d’espace dispo ? »

La réponse est la même dans tous les espaces du Dokomi ou y’a de l’espace dispo: on y met des bagnoles.

Beaucoup de bagnoles.

Y’en a partout !

J’imagine que le deal c’est que les gens derrière le DoKomi ils voient de l’espace dispo et ils se disent « eh, les gens qui font des itasha, ça vous dirait de venir garer vos voitures dans les espaces vides ? » Et du coup les gars ils se ramènent avec genre 30 ou 40 caisses, les garent partout dans le parc des expos et voilà, tout le monde est content. Je ne savais pas la culture des itasha aussi développée en Allemagne mais en tout cas la Dokomi aime bien la mettre très en avant. Bon ne vous attendez pas à du super bon goût à chaque voiture mais y’a quand même quelques réalisations qui ont du charme.

Puis quelque part toutes ces décos et ces décalcos ça me rappelle mon garage de Forza Horizon…

Bon, on part direction la scène principale du coup ?

L’immense Black Stage, ses écrans géants, ses méga enceintes, ses milliers de chaises: nous voilà bien devant le coeur du salon, là où se déroule les évenements les plus importants. Les concerts, les concours, les défilés et… aussi les spectacles un peu humoristiques !

J’ai ainsi vu trois événements sur la Black Stage durant le week-end. Ca a commencé le samedi à 14h avec un spectacle animé par Julia Koep et Saleia, deux artistes allemandes spécialisées entre autres dans les reprises de chansons. L’occasion donc pour elles de faire un petit spectacle mi joué mi chanté, où cosplayées en personnages de Genshin elles chantent de multiples chansons Disney, avec des transitions sans doute très bien mais que je n’ai évidemment pas compris car le spectacle était, vous vous en doutez, intégralement en allemand.

Juste après on enchaîne sur un des gros moments de l’après-midi: la qualif allemande pour la finale de l’European Cosplay Gathering ! Comme toujours, le plus gros concours de cosplay européen, et ici le but du jeu est de gagner sa place pour la finale qui aura lieu dans à peine un mois et demi – c’est à dire à Japan Expo. D’ailleurs moment amusant quand au début du concours la présentatrice annonce avec ferveur et passion que le gagnant du concours remporte une place pour la finale qui aura lieu à … Anime Expo. Elle a mis genre 2s à comprendre qu’elle vient de faire un très beau lapsus des familles mais oui attention il ne faut pas confondre, y’en a un à Los Angeles et l’autre à Villepinte, arrêt Parc des Expositions du RER B !

J’étais loin de la scène, mon téléphone est pas ouf pour des photos dans ce contexte donc j’ai pris très peu de photo du concours donc voilà Venti et Diluc qui chillent pendant que les présentateurs faisaient leurs speaks

Comment était le concours sinon ? Bon comme souvent avec l’European Cosplay Gathering et l’expérience que j’avais eu en regardant une des finales en 2018: c’est encore une fois assez ouf niveau costumes présentés. Très épaté aussi par la qualité et le détail des accessoires que les cosplayers ramènent désormais sur scène. Un des groupes faisait du Death Stranding et a ramené pour l’occasion un faux mur (!) avec des bras manipulables cachés derrière (!!) qui pouvaient détruire le haut du mur (!!!.) Le groupe Genshin qui démarrait avait aussi son propre petit bar. Pour le coup je devrais pas être surpris: je sais que c’est désormais coutume dans les concours cosplay de faire un méga taf aussi sur les accessoires et les décors, et même quand j’en organisais avec Thalie aux Utopiales de Nantes j’ai pu voir à quel point ça pouvait parfois pousser loin l’inventivité et la créativité mais ça reste toujours impressionnant.

Autre point que j’ai évidemment apprécié: tous les sketchs étaient en anglais ! C’est sans doute pour ça que c’est le European Cosplay Gathering, j’imagine. Enfin du coup j’avais enfin un spectacle que je pouvais comprendre… J’étais content…. Moi petit français parti en Allemagne sans le moindre petit dico de vocabulaire….

Après ma vraie critique ça sera surtout sur le fait que… les cosplayers qui participent à ce genre de concours sont désormais très prudent dans les séries qu’ils choississent de couvrir. Enfin je sais pas si c’est « prudent » mais je vais surtout dire très redondant: sur les 4 groupes, 2 faisaient du Genshin. Et parmi les 14 représentations qu’on a pu voir sur scène, on a réussi à avoir 4 Disney (du Hercule, du Mulan, du Frozen et du Cendrillon), 2 fois du Alice Return to Madness (le jeu est culte en Allemagne ?) et – petit grief très personnel – globalement très peu de choses issues d’oeuvres japonaises: seulement 3 ! Black Butler, Resident Evil 8 et Death Stranding sont donc les seuls représentants du Japon dans ce concours, et oui du coup ça fait qu’un seul manga présent là dedans. Mais ça bon c’est une tendance assez globale dans les concours cosplay: le Japon ne fait plus rêver les cosplayeurs des concours on dirait.

(En tout cas je viens de regarder les gagnants et de manière ironique, les gagnants groupe sont les seuls à pas avoir ramené de méga décors et de méga accessoires pour à la place faire un sketch rigolo et inventif avec leurs personnages de Genshin. Comme quoi, tout est possible.)

(Fun fact: je cherchais des photos du concours sur Twitter et je suis tombé sur les cosplayers qui ont participés au concours qui sont tous ultra véner parce que manifestement l’organisation de l’ECG spécifiquement était à la ramasse de ouf.)

J’ai pas trouvé de bonnes photos du show des gagnants groupes du coup je vous met la vidéo du sketch directement, let’s go

D’ailleurs un autre concours de cosplay avait lieu le lendemain et était lui le concours officiel du salon. Il m’a semblé aussi attirer beaucoup plus de public (contrairement à l’ECG, la salle était 100% pleine et dieu sait qu’il y’a de la place), par contre n’ayant pas pu y assister je n’ai aucune idée des représentations qui ont été faites ! Heureusement quelqu’un a filmé tout le truc depuis son téléphone pour le mettre sur Youtube donc effectivement je ne peux que constater qu’il y’a déjà plus de trucs un peu weeb (je veux dire, effectivement, y’a Saber, c’est authentiquement weeb) !

(Vous noterez d’ailleurs qu’il arrive souvent que les cosplayers se mettent sur scène pendant que les présentateurs sont en train de faire la transition, ce qui me paraît bizarre parce que je suis habitué à ce qu’en France ils apparaissent sur scène uniquement quand les présentateurs sont partis.)

Mais c’est tout ce que je peux dire d’intelligent sur cette partie de la programmation~

Par contre j’étais présent dans la salle juste derrière pour un concert à 15h45, celui du Chocobo Band. Un groupe de rock progressif italien spécialisé dans (surprise surprise) les reprises de chansons de Final Fantasy. Surtout période Playstation: ils ont démarrés directement avec Liberi Fatali donc j’ai très vite compris quel type de chanson FF j’allais écouter.

En vrai concert super bien quand même, j’ai kiffé comme un sale. Faut s’imaginer un combo qui paraît improbable genre Nightwish rencontre Final Fantasy, sauf que quand le groupe interprète les chansons bah c’est une fusion qu’ils arrivent à rendre ultra naturelle. Certaines reprises se font également avec l’ajout de paroles avec un complet réarrangement et sur des chansons comme le thème de Terra, le thème Rose of May ou surtout You’re not Alone c’est d’une efficacité redoutable. Du coup je suis très triste: ce sont les seules chansons du concert qui sont pas dans des albums que le groupe a sorti jusqu’ici donc je peux pas les réecouter et juste surveiller de près la sortie de leur prochain album… Bon en attendant je peux me passer en boucle leur réarrangement de Somnus / Apocalypsis Noctis et c’est déjà pas mal.

Ma seule grosse critique concerne même pas le groupe en lui-même mais plus les réglages sons: particulièrement sur les premières chansons les voix étaient parfois proprement inaudibles et tout simplement noyées sous les instruments. L’équilibrage était donc pas top et y’a des fois les chanteurs voulaient essayer d’encourager la foule ou de nous ordonner de faire des trucs mais on entendait juste pas. Puis en vrai ça dégoute: la vocaliste elle essaye de défoncer Liberi Fatali mais t’entends pas sa voix de manière parfaite. C’est triste !

Malgré tout c’était un chouette moment, une belle découverte et j’avoue que c’est un ptit kiff de hurler « SEPHIROTH » en rythme sur la chanson. Je leur espère le meilleur pour la suite – c’était manifestement leur première date en dehors d’Italie si j’en crois l’historique de leur site, donc j’espère les revoir ailleurs en Europe ! Peut-être en France, qui sait ?

Bon point: avant le concours un avertissement clair et précis expliquait qu’on allait péter des records de décibels et que des protections étaient disponible gratuitement au fond de la salle (Mauvais point: l’avertissement était UNIQUEMENT en allemand, absolument pas de version anglaise, donc fallait faire un pur travail de déduction pour comprendre de quoi on t’avertissait.)

Avec tout cela, je crois qu’on a fait définitivement le tour de tous les halls !

Quel espace reste t-il à couvrir ?

Peut-être… l’espace interdit aux mineurs ? Oh peut-être que ça vous intéresse. Je comprends !

Du coup oui, quelque part dans la zone qui relie le hall 3 au hall 4 se trouve l’espace « 18+ » qui est, comme son nom l’indique, interdit aux mineurs. Il faut également noter que les photos étaient interdites dans cet espace, donc par conséquent je ne pourrais pas vous l’illustrer. Ca fait des photos mal cadrées de moins à insérer dans l’article, quelque part ça va vous soulager.

Bon du coup, cela étant dit, y’avait quoi dans cette zone ? Eh ben plusieurs choses. Déjà un gros espace jeu vidéo: la « Pink Room » dans lequel on pouvait jouer à des… visual novel érotiques, traduits en anglais. Si votre rêve c’est d’aller en convention et de lire tout Nekopara, vous pouviez le faire au sein de cet espace ! Si vous êtes férus de plus grands classiques comme Bible Black ou Dramatical Murder, pas de souci, c’était aussi présent là ! Y’avait également des bornes pour Doki Doki Literature Club ou bien Yandere Simultator, entre mille autres choses.

A côté se trouvait la « Black Room » qui concernait toujours des jeux vidéo et cettes fois-ci… bah des jeux violents. Et du coup si vous vouliez jouer à Doom ou à Left 4 Dead sur ce salon c’était dans cet espace. Ca peut nous surprendre nous français que pour jouer à ces jeux faillent aller dans une zone où l’on contrôle ton âge et ton identité à l’entrée (et c’était un contrôle attentif) mais faut rappeller que la réglementation allemande est particulièrement sévère et sans pitié sur les jeux étiquetés 18+ ! Je crois même y avoir vu une borne GTA V, par exemple. Donc oui, il n’y avait pas que du sexe dans cette zone: y’avait aussi des jeux de massacres de zombie.

(Fait rigolo d’ailleurs puisque dans la zone « tous publics » il y’avait une zone dédiée à Resident Evil qui présentait l’univers de Racoon City et proposait différentes animations avec entre autres des photoshoots avec des zombies dans un décor plutôt rigolo mais si le stand était permis dans cette zone c’est uniquement parce que les jeux Resident Evil… n’y était pas jouable – ils sont interdits aux mineurs en Allemagne !)

Comme je ne peux pas mettre de photos de l’espace R18 vu que j’en ai pas, voilà une photo du stand des fans de Kiara et d’iRys, avec des mascottes toutes mignonnes

Au délà de l’aspect jeu vidéo, la zone R18 permettait aussi tout simplement aux artistes spécialisés de pouvoir faire un stand complétement libre. C’est donc là qu’on retrouvait une vingtaine d’artistes amateurs et professionnels spécialisés dans… les trucs de cul, bah oui. Du yaoi bien sale, du hentai bien crémeux, mais aussi des stands de cosplayeuses spécialisées dans les photos et les vidéos de charme, avec possibilité de les rencontrer, d’acheter leurs photobooks et autres. Comme des stands classiques, quoi !

Une petite scène était aussi organisée au sein de l’espace. D’une capacité modeste niveau public (une vingtaine de places), elle permettait néanmoins l’organisation de petites conférences et rencontres sur des sujets très variés. Quand je suis passé dans l’espace, c’était justement une conférence dans laquelle deux ero-cosplayeuses racontaient leurs expériences et donnaient leurs conseils, le tout en répondant à des questions du public qui étaient très posées et très professionnelles (sans le moindre sarcasme, y’avait un vrai respect.)

On pouvait également trouver un stand spécialisé dans l’apprentissage du shibari (c’est un classique) et pour ceux qui cherchaient le goodie le plus bizarre du festival, un stand était également là pour vendre des boîtes à kleenex… personnalisables. Leur produit phare ? La boîte à kleenex ahegao, bien évidemment ! Oui le bon goût n’est pas toujours présent dans cet espace – heureusement c’est contre balancé par un stand venu vendre des jouets sexuels dont pour le coup les designs étaient aussi charmants qu’attirants. Cela m’a permis de me rendre compte à quel point ce marché a évolué vite ces dernières années – comme quoi c’est important ce genre d’espace pour rester informé de l’actualité !

Donc voilà un peu pour ce petit tour rapide de l’espace 18+ qui est mine de rien plutôt intéressant à parcourir. Il permet aux artistes qui font des choses de charme de vraiment pouvoir mettre en avant leurs produits sans trop s’auto-censurer, c’est une bonne zone d’expression, elle a des règles plutôt claires, la sécurité y est un poil plus présente qu’ailleurs, donc ça en fait un espace adulte, très sain et bien plus mature qu’on pourrait se l’imaginer. Et ce n’est pas si dur à mettre en place: deux entrées, deux staffs qui contrôlent, des cloisons toutes simples pour bien isoler la zone… Et hop, que la magie opère !

Beaucoup de stands et d’espace de bouffe dans le salon – mais aussi BEAUCOUP de queue, peu importe l’heure ou le resto

Et voilà, du coup on a bien fini de faire le tour du salon ! On va donc pouvoir partir pour les notes finales ! Souvent je fais ça sous forme de liste et… oui c’est vrai que c’est un format qui marche globalement bien. Mais avant ça, jusqu’ici on a fait pas mal de comparaison avec les salons français et c’est vrai que j’ai remarqué des trucs genre « ah ils font comme ça en Allemagne, ça serait trop cool que nous aussi on fasse comme ça » – genre les livrets programme par exemple, ou les salles un peu exotiques genre le dépot vente ou la salle de bal, ce genre de délire. Alors du coup… qu’est-ce qu’on fait en France et que ce Dokomi n’a pas ? Et bah mine de rien, quelques trucs.

Déjà pour commencer j’avoue que j’avais un petit espoir en m’y rendant: voir si y’avait des « Thalie » allemands. Par là je veux dire: d’autres assos qui outre-Rhin feraient, comme Thalie, des jeux, des quiz, des activités ou des conférences, ce genre de chose.

Et bien surprise: y’en a juste pas ! Nulle part sur le programme, nulle part dans les salles, nulle part dans les stands: pas de quiz, pas de jeux, pas d’activités. Pas d’équivalent allemand à Thalie, Cospop/BulleJapon, Animaniak j’en passe et des meilleures. Ca m’a un peu surpris parce que ça reste le genre de zone souvent « indispensable » à un salon français, mais ici il n’y en a juste pas.

Tout comme, au final, il n’y a pas vraiment de conférences. Le live-stage proposait des petits shows « podcasts » où des intervenants discutaient entre eux de différents sujets mais ici pas de scène consacrée à des gens qui vont venir vous parler d’un sujet, discuter de thèmes, présenter leurs travaux en tant qu’auteurs: ça n’existe pas dans le format tel qu’on le connaît. Il y’a un format alternatif – les workshops – dont je vais reparler un peu plus tard dans l’article mais pas réellement d’équivalents exacts à ce qui est souvent présent en France.

Les sports traditionnels japonais sont aussi plutôt absents du salon. Habituellement en France la plupart des conventions arrivent toujours à caser des trucs liés au judo, au kendo ou au karaté, en Allemagne c’est tout simplement absent. Faut dire aussi que ces arts martiaux sont beaucoup moins pratiqués là bas et que c’est juste qu’en France on était déjà otaku des arts martiaux dès le 20e siècle donc eh, ça fait partie de nos spécificités culturelles. Et puis bon, les allemands, on l’a vu, leur truc, c’est les bagnoles avec des waifus dessus !

Ca fait beaucoup de maid pour nettoyer la conv, là, non ?

Mais plus globalement beaucoup d’arts japonais sont peu représentés au Dokomi, l’aspect culturel et historique ne semblant pas vraiment une priorité du festival. Y’a bien la salle Hana no machi qui est dédiée à la culture « geisha » mais c’est bien un des seuls représentants « culture traditionnelle » du festival là où une Japan Expo et d’autres conventions vont débarquer avec des espaces dédiés à la calligraphie, au karuta, au théâtre traditionnel, au mahjong, au shogi, parfois même au rakugo…

Mais quelque part, est-ce ce que le public de la Dokomi recherche ? Parce que mine de rien, on s’en est rendu compte en parlant entre français dimanche soir mais c’est un public qui est jeune et qui est très peu familial. Là où une Japan Expo blinde pas mal son contenu « culture tradi » pour toucher le public adulte (= souvent les parents qui amènent leurs gosses à la conv), Dokomi a pas besoin de toucher ce public là parce qu’il est clairement pas leur cible ! La majorité des évenements semblent avoir tout se diriger pour un public qui a entre 18 et 30 ans, qui veut passer un week-end fun avec ses potes dans un univers qu’il aime, et on va donc avoir une programmation qui reste globalement très dirigée pour justement toucher ces publics là. Et c’est encore plus logique quand on part du principe que les organisateurs sont, je le rappelle, eux même guère plus que trentenaires donc oui ils font un évenement très concentré sur les 18-30 parce que pas mal d’entre eux font partie de cette tranche.

Au délà donc des différences culturelles qui peut y’avoir entre France et Allemagne, DoKomi c’est aussi un bon exemple d’un gros salon dirigé et organisé par des gens d’une trentaine d’années ! Là où faut pas se mentir, en France les gros salons c’est du business de cinquantenaire maintenant…

Maintenant que tout cela est dit, quelques notes finales:

  • Je n’ai hélàs pas visité le Maid Café ou le Host Club qui sont, paraît-il, des traditions immuables de Dokomi ! Ce sera une autre fois !
  • Autre espace que je n’ai hélàs pas pu voir car c’était sur inscription et vu que tout était en allemand je n’aurais pas pris un pur plaisir: les workshop ! 4 salles étaient remplies en permanece d’activités d’environ 1h qui étaient très variées – des concours d’écriture, des ateliers sur comment porter un yukata, apprendre à faire des maquettes, les bases du makeup pour cosplayer, etc. Globalement faut imaginer des petites salles de classe de 30 / 50 personnes qui écoutent différents intervenantes. C’est l’équivalent du coup local aux conférences que nous on connaît, c’est un système plutôt intéressant, qui existe parfois en France.
  • En parlant d’allemand: oui je croyais naïvement que l’anglais serait plus présent à DoKomi. Vu que le site avait une version anglaise très complète, je me suis vite fait des illusions ! Non, vraiment sur place tout est annoncé en allemand, toutes les indications fléchées sont en allemand, beaucoup d’interlocuteurs ne s’attendent pas (surtout si t’es un blond comme moi) à ce que tu leur parles en anglais… Mais ça pour le coup autant je peux pas décemment reprocher que la quasi totalité du contenu soit en allemand parce que eh, on reste en Allemagne, autant je comprends pas que des trucs de base comme le fléchage ou les annonces « importantes » ne soient pas aussi faites en anglais en plus d’être en allemand. Après je crois que c’est ptet un reproche qu’on peut aussi faire à Japan Expo ? Faudra que je fasse attention à ça durant l’édition 2022…
  • Je me suis pris un peu la tête le dimanche soir avec un agent de sécurité qui semblait refuser de comprendre que je parlais pas allemand et qui voulait à tout prix me faire sortir :’D. Première fois de ma vie que je m’embrouille avec un vigile et faut que ça soit en Allemagne, ah bah bravo.
Les nesoberi Nezuko… Les Nezuberi… ?
  • Beaucoup beaucoup beaucoup de visiteurs cosplayés ! Un tiers peut-être ? Voire même ptet, allez, la moitié ? Je saurais pas vraiment donner un chiffre exact mais oui, ça se cosplaye énormément. C’est beaucoup de costumes pré-faits et achetés sur Internet mais est-ce réellement un souci tant que les gens s’amusent ? Evidemment que non.
  • En vrai je serais bien incapable de vous dire quelles séries sont populaires en Allemagne en observant les cosplayers parce que franchement vu a quel point Demon Slayer et Genshin Impact représentent à eux seuls une part important des cosplays, toutes les autres séries sont un peu passées dans l’ombre. Y’a bien évidemment One Piece qui reste très cosplayé, beaucoup de maillots issus de Haikyuu également, le classique duo Rem/Ram de ReZero qui reste un classique mais dans l’ensemble… y’avait un peu de tout. Même des séries récentes: j’ai vu deux cosplays de ce bon vieux Kongming, de Paripi Koumei ! Chiki chiki ban ban !
  • Dans ce mois de Pride, les drapeaux LGBTQ étaient présents en nombre dans le salon, souvent servant de capes, souvent servant de sacoches, souvent brandis fièrement et toujours tenus par des jeunes ✊ ! J’ai trouvé que c’était beaucoup plus présent qu’en France, pour le coup !
  • Est-ce que y’a un équivalent au « menu manga » ? Je sais pas trop: les ramens dans le resto du parc des expos étaient à 10 balles sans boissons ni accompagnements, plus loin le currywurst revenait à peu près au même prix etc… Les prix dans les restaurants allemands sont souvent un peu moins chers que ce que j’ai pu observer en France donc j’imagine que la currywurst a 10 balles ça puait le scandale pour les allemands mais chez nous ça aurait été un deal très acceptable en salon ?
  • Et, oui, il y’a toujours des free huggers. J’en ai pas croisé beaucoup mais il y’en a en Allemagne et il y’en a dans ce monde pandémique. Voilà une information importante, vous en conviendrez !
Le démontage du dimanche soir dans le hall artiste, comme d’habitude tout se fait très vite !

Donc voilà, dans l’ensemble, tout ce que j’ai à dire sur ce gros week-end en Allemagne. C’était un plaisir d’explorer et découvrir ce salon, uniquement gaché par mes problèmes habituels de santé – j’ai mal dormi tout le long du week-end et j’ai mes pieds plats qui m’ont bien forcés à souvent m’asseoir – et le fait que j’ai pris un peu trop à la légère le fait que j’allais partir dans un pays qui parle une autre langue que la mienne. Trop convaincu que j’étais que l’anglais allait être soudainement omniprésent, lol !

Mais si je dois tirer un bilan de ce salon, il est globalement positif: Dokomi est un « gros salon » qui globalement fait pas mal de choses de la bonne façon. Il laisse de l’espace pour que les gens puissent se balader sans trop se marcher dessus dans le haut, gère bien les aspects liés au bruit en éloignant convenablement les scènes source de boucan, utilise plutôt bien l’espace qu’il a à sa disposition, offre un livret-programme qui permet au contenu d’être bien mis en avant et gère bien la différence d’ambiance et de rythme qu’il peut y avoir entre les choses organisées dans le centre des congrès et celles organisées dans les grands halls de parc d’exposition. Encore une fois y’a un sentiment agréable d’avoir deux conventions en une avec la manière dont ils ont gérés ces deux éléments et j’aimerais voir un salon français arriver à trouver un équilibre similaire – celui entre gros halls dégoulinant de monde et labyrinthe de moquette qui cacherait de nombreux contenus dans chaque salle. Un peu comme si en un escalator et une porte franchie on transvasait entre Japan Expo et une vieille Epitanime. Ce genre de petit plaisir.

Après, derrière, tout n’est pas non plus parfait: le fléchage aux fraises faisait que c’est une conv dans laquelle il n’est pas aisé de se repérer, trop d’élements « importants » sont uniquement en allemand, y’a clairement une organisation compliquée autour de l’entrée (je vois sur Twitter du 4 ou 5 heures d’attente pour entrer), et la technique de la scène principale est certainement améliorable (entre l’équilibrage des micros parfois aux fraises pour les concerts, et la captation vidéo beaucoup trop sombre pour les écrans de retransmission destinés aux gens en fond de la salle) (écrans qui étaient parfois planqués derrière des piliers, ce qui est pas ouf.)

Par exemple l’écran à droite je sais pas si je l’aurais mis genre… là…

Donc bref, vous l’avez compris: DoKomi est un gros salon qui est plaisant à parcourir, qui possède un bon contenu, et qui permet globalement de passer un bon week-end. Y’a rien de trop rédibitoire, rien de frustrant, rien de loupé: tu sens que c’est un salon qui en est à sa 12e édition et qui commence à dérouler son expérience pour éviter de faire des erreurs bêtes. Ca rend du coup encore plus voyant les quelques ratés de l’organisation mais ce ne sont pas des ratés fondamentalement si graves.

Si vous êtes un pur français et que du coup vous vous demandez si ça vaut le coup de franchir les frontières afin d’y aller, bon alors pour être honnête: pas forcément. Pas forcément dans le sens où vous ne vivrez pas une expérience fondamentalement si différente que celle que vous auriez pu vivre dans d’autres conventions françaises du même style. Les deux vrais trucs qui peuvent nous intéresser et nous faire venir en tant que français c’est d’un côté l’espace fanzine qui est clairement le plus riche d’Europe donc si vous êtes un féru de créations amatrices ça va être un pur week-end de découvertes et d’observations, et de l’autre ça peut être les invités du salon surtout si à partir de l’année prochaines, des supers artistes spécialisées dans l’anisong recommencent à venir. Mais en terme de contenu pur et dur, si on veut être pragmatique, il n’y a rien au Dokomi que vous ne retrouverez finalement pas à Japan Expo un mois plus tard (Japan Expo qui vous coûtera en plus moins cher en ticket d’entrée, du coup.)

Mais dans tous les cas, voilà, ça reste chouette et c’est une expérience que je suis content d’avoir vécu ! Et à titre personnel, c’est bien cela qui compte le plus, non ? Si vous souhaitez avoir plus d’infos ou que vous avez des questions spécifiques qui vous brûlent les ailes des lèvres, n’hésitez pas à me poser vos questions, je vais essayer de scruter le champ de commentaires et j’espère pouvoir répondre !

On va donc pouvoir conclure cet article tranquilou, qui est effectivement bien long – et dire qu’à la base j’avais aussi prévu de raconter ma journée du vendredi passée à visiter Dusseldorf, mais j’imagine que ça sera le sujet d’un autre article. Sur ce je vous dis un bon vieux… (ouvre son dico allemand) aufwider… auffwid… Auf Wiedersehe ? Ca doit être ça… Auf Ouidershay !

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5 commentaires

  • JK

    Très intéressant, habitant à Strasbourg je regrette de ne jamais avoir testé cette conv
    Par contre j’ai peut-être mal regardé mais le vieux de la vieille que je suis n’a pas eu sa photo du loot à la fin de l’article ^^

  • Arleider

    En comparant avec la référence de la conférence suisse de manga qui est Polymanga, je préfère Dokomi sur le fait de se concentrer dans la culture japonais, les nombres d’éditeurs de mangas/animes et surtout c’est super grand.

    Par contre, on a pas réussi à ralentir le free hug qui devient de plus en plus génant 🙂

  • Doa

    Un très long article, intéressant de bout en bout. Merci pour ce reportage !
    Je te rejoins sur l’évolution des cosplays présentés à l’ECG : pour avoir suivi ceux de la Japan plusieurs années, je trouve qu’il y a de en moins de diversité dans les œuvres représentées et effectivement très peu de manga/anime, ce qui est ironique…
    Pour le prix, c’est sûr que si les billets Japan passent à 30-35 euros y en a qui vont faire la gueule ^^
    Hâte de voir arriver l’article JE

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