Mangas & Animes

Gatchaman CROWDS – On va pas se Gatchamailler

Bon donc nous y voilà, j’essayais d’éviter l’exercice depuis trois mois mais il va bien falloir que je vous la fasse, cette critique complète et élogieuse de Gatchaman Crowds. Notez qu’on peut aussi écrire ça Gatchaman CROWDS mais allez savoir si j’ai bien envie de rajouter encore plus de caps lock à mes articles qui n’en ont ABSOLUMENT pas besoin .

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…. Go ?

 

Gatchaman Crowds – sorti cet été, produit par le studio Tatsunoko, qui voulait s’en servir pour promouvoir indirectement un film « live » Gatchaman, qui s’est pris un bide public et critique monumental tandis que Crowds, qui devait être juste du meublage, a su se faire remarquer au point d’avoir déjà une seconde saison d’officialisée.  C’est pas mal !

Ah, c’est quoi Gatchaman ? Est-ce que « La Bataille des Planètes » ça vous dit quelque chose ? Ouais pour moi qui a 24 ans et qui a pas maté d’animes avant l’arrivée de la Kaz sur Canal+ en 2004, je pourrais pas vous dire quoi que ce soit, d’autant que j’ai toujours confondu la Bataille des Planètes avec les Maîtres de l’Univers. Alors que non, y’a pas Skeletor et un héros ambigu dans la Bataille des Planètes. Bref, Gatchaman c’est ce que certains français connaissent sous le nom de la Bataille des Planètes, et ça date de 1972. D’où la bonne occasion pour certains décideurs japonais de fêter les 40 ans d’une saga qui avait, pourtant, un peu disparu des radars depuis les années 90.

« Attends Amo » me dites vous alors « Gatchaman je n’y connais rien et si ta série, là, elle impose de se mater au préalable 105 épisodes d’une série des années 70, je sais pas si je pars motivé. » Mais c’est alors que je vous apprends la nouvelle : Gatchaman CROWDS n’a AUCUN lien avec la série originale. Deux ou trois clins d’œil ici ou là, des petits bonus pour apaiser les fans de la première heure, mais rien d’autre. Tout le reste est purement et simplement original, et donc ne nécessite aucune valise culturelle au préalable. Ok, ça fait pleurer les fans de la série qui ne reconnaissent du coup absolument rien, mais eh, vu la qualité globale de CROWDS, on va juste se contenter de lécher leurs larmes en souriant.

 

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Maintenant le vrai gros problème que j’ai avec Crowds c’est qu’il est… impitchable. Ok. C’est l’histoire des Gatchaman qui protègent le monde contre une invasion d’aliens nommé les MESS qui absorbent des gens et des objets. Les Gatchaman c’est des gens qui peuvent figer le temps et se transformer, sur demande, en super héros protecteurs de la justice. Tout change lorsqu’une jeune fille super excentrique du nom d’Hajime rejoint les Gatchaman.

Donc voilà le scénario.

Du premier épisode.

Parce que très vite, la série change de direction, met l’invasion alien en mode pause grâce à un twist extrêmement mignon et on commence à attaquer assez frontalement d’autres sujets. Résumer Gatchaman CROWDS devient alors vite très compliqué parce qu’il y’a pas mal de petites storylines qui s’installent, entre les Gatchaman qui vont commencer à chercher leurs raisons de vivre et d’utiliser leurs pouvoirs de manière optimale, un réseau social nommé Galax qui se propage sur les smartphones terrestres connectant tous les habitants des grandes villes ensemble, un alien fabuleux particulièrement sadique, un crossdresseur qui dirige Galax mais qui sait pas ce qu’il doit en faire et évidemment les intentions mystérieuses du chef des Gatchaman, qui aime bien découper des papiers.

Et le chef de l'Internet qui se crossdresse et qui est méga cool quand il le fait
Et le chef de l’Internet qui se crossdresse et qui est méga cool quand il le fait

La qualité de tout ça, c’est que Gatchaman Crowds est une série RICHE. Chaque épisode développe ainsi assez de contenu et d’événements pour  à chaque fois nous surprendre une fois l’arrivée du générique de fin. C’est un animé qui donne l’impression d’aller vite, qui nous aide à ne pas voir le temps passer. Il y’a une multitude de choses dans chaque épisode : des détails, des dialogues, des combats, du foreshadowing explicite ou implicite, des idées soulevées, des idées de réalisation, des couleurs, des rires, des larmes, des trucs cools… C’est un anime très calorique ! Et qui, surtout, sait ou il va.

Car oui c’est un anime qui, à la première impression, donne l’impression d’être un délire japonais typique, très aléatoire, très foufou. Mais ce qui est assez épatant à la fin de la série c’est qu’on se rend compte que Crowds a finalement bénéficié d’une folie beaucoup plus controlée qu’on aurait pu le suspecter à la base.

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Le personnage d’Hajime reste la meilleure illustration de ce phénomène puisqu’elle apparaît au début comme une jeune fille extrêmement excentrique, voire même un peu coconne hein soyons explicites, mais dont on se rend compte  au fur et à mesure qu’elle est beaucoup plus sage et réfléchie que ce qu’on aurait pu supposer. Elle met au point des plans intelligents et possède des nombreuses intentions camouflées derrière ses folies à priori inoffensives.  Le personnage s’amuse ainsi à dynamiter pas mal son archétype et offre enfin un personnage héroïque entièrement dépourvu de cynisme, qui a des bons sentiments, qui aime tout le monde, qui s’y tient, et qui réussit tout ce qu’elle entreprend sans que cette naïveté apparente ne pose un seul moment réellement problème. Les plus cyniques déploreront ce fait, le trouveront irréaliste as fuck mais c’est leur souci : moi j’accueille avec réellement beaucoup d’enthousiasme un tel personnage, et j’espère en voir plus de ce calibre dans les prochaines années, comme si elle pouvait lancer une mode qui ferait doigt d’honneur à la misanthropie et au cynisme ambiant.

(Et entre ce paragraphe et le suivant, un mois s’écoule pour cause de « brouillon commencé mais pas terminé mais il serait quand même temps, hein, zut, gros branleur. »)

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Utsutsu et un chat. Internet peut pas ne pas trouver ça ultra mignon.

Bon maintenant faut que je retrouve sur quoi je voulais faire la transition y’a un mois de cela… J’imagine que je voulais parler du reste du casting. Tout le monde y est tellement adorable… bien développé… je risque de dire la même chose pour tout le monde ! Que ce soit Rui le Zuckenberg crossplayer, OD l’archétype gay as fuck bien plus badass que supposé, Pai Pai la mascotte/leader qui cherche à tout prix à imposer son autorité sans jamais vraiment y arriver, les deux mâles Joe et Sugane qui voient leurs certitudes être chamboulées… Même le méchant est assez incroyable parce que c’est un extraterrestre qui détruit des planètes entières en les trollant. Pourquoi pas !

 

Beaucoup de thématiques abordées aussi : Internet, la confiance en soi, la philanthropie, la place du super héros dans la société du 21e siècle… Sans parler des nombreux archétypes déconstruits de ci de là, à commencer par le rôle des envahisseurs du début de la saison dont leur invasion prend fin… de manière très amusante. On pourra reprocher à l’anime de ne pas toujours prendre des positions très claire sur ses thèmatiques, à commencer par sa vision des internautes qui est très « bah parfois ils sont très très gentils, parfois ils sont très très cons », well, mais encore ? Ca n’empêche pas de traiter le sujet avec justesse et en évitant soigneusement le manichéisme, mais l’anime ne se mouille pas forcément. Là commence la question de savoir si l’anime devait se mouiller ou si on aurait bien aimé que l’anime se mouille.

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Le vrai défaut de l’anime c’est son avant-dernier épisode. Alors, certes, il nous propose pendant dix minutes un des plus intelligents récap de l’animation japonaise, mais ça reste un RECAP. Ce n’aurait pas été dramatique si, justement, on termine Gatchaman Crowds en ayant l’impression qu’il manque un demi épisode. Tous les enjeux (et il y’en a beaucoup) sont conclus dans le dernier épisode et ça le rend certes très trépidant mais on aurait aimé que ce dernier épisode fasse moins bourratif, et que certaines scènes prennent un peu plus leur temps. On termine la série avec quelques nouvelles questions, du coup. Bon une seconde saison a été annoncée depuis, celle-ci devrait répondre à nos quelques questions mais, eh, zarb.

Pour le reste ? La technique est très très cool. On sent que le budget est serré mais il est très bien utilisé, avec peu de scènes vraiment en déça. L’aspect visuel défonce – c’est ultra coloré, les armures en 3D jurent peu, c’est vraiment très beau à voir. La musique ? C’est Iwakasaki Taku, le compositeur de Read or Die, Gurren Lagann ou bien Jojo’s Bizarre Adventure. Et ça défonce. Les génériques ? Le générique d’ouverture défonce sa race.

C’est pour ça que cette récap qui vient bouffer du temps à la fin et occasionne une fin un peu rushée est vraiment dommageable : parce que sinon c’était le carton plein.

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Gatchaman Crowds est incontestablement une réussite totale, qui parvient à tromper les apparences en se donnant l’air d’une série timbrée à la japonaise mais révèle très vite son plein potentiel pour devenir une série intelligente, divertissante, bien rythmée et extrêmement attachante. Si au final l’aspect « Gatchaman » y est ultra négligeable, on se réconfortera en pensant qu’on a, en échange, le droit à une série d’excellente qualité qui aurait très bien pu être un stand alone.

Top !

Ah, et oui, la série est visionnable gratuitement sur Crunchyroll.fr. Et ceci n’est absolument pas du conflit d’interêt évè.

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2 commentaires

  • Judex6

    Je reconnais l’excellente qualité de l’animé… Mais là où je ne te rejoins pas, c’est le choix de l’auteur d’en faire une série Gatchaman… C’est comme s’il avait besoin d’un nom connu et reconnu pour faire fonctionner sa série en attirant les téléspectateurs alors que finalement au vu du nom du réalisateur, du scénariste, de l’équipe technique, de la qualité du show et de ce qu’il propose comme message, même sans ça, il aurait attiré les foules et on en aurait parlé partout dès le lendemain. Parce que les références à Gatchaman font très forcé pour signifier qu’en fait, on fete l’anniversaire de la série d’origine.

    D’ailleurs expliquons au lecteur que « La Bataille des Planètes » n’est PAS le vrai Gatchaman mais un remontage monté sous acide et stupéfiants par les Américains qui en ont fait une sorte de sous Star Wars en rajoutant des scènes de leur crû (qui jurent avec le dessin japonais tellement leur rajout est affreusement dégueulasse) pour expliquer toute l’histoire vu les coupes (parfois plus d’un demi-épisode de l’original est charcuté et jeté aux ordures et l’épisode devient totalement incompréhensible pour le téléspectateur lambda).

    Malgré le côté on-shot des épisodes de l’original (il y a quand même des fils rouges qui font que les épisodes ne sont pas tous totalement indépendants même si l’intrigue globale de l’épisode se termine), la série Gatchaman raconte l’histoire de 5 jeunes orphelins (l’un d’eux croit l’être alors que son père est encore vivant et se dissimule sous les traits d’un soldat d’aviation d’une escouade spéciale) spécialement entrâinés et modifiés et dôté de technologies dernier cri (pour l’époque de la série) spécialement réunis afin de combattre une nébuleuse terroriste mystérieuse mais disposant d’une force de frappe avancée technologiquement supérieure nommée Galactor. Dans la série de 1972, tous les membres de Galactor sont des Terriens bien de chez nous (alors que dans la Bataille des Planètes, ils sont traités comme des extra-terrestres) menés par un mutant hermaphrodite maître du déguisement nommé Berg Katse qui, lui, obéit aux ordres d’un super ordinateur vivant, (le seul membre extra-terrestre, véritable leader et véritable créateur de l’organisation) Sosai X, lequel a un agenda caché que ses soldats humains y compris Katse ignorent.

    La série a visuellement mal vieillie et peut paraître désuette de nos jours. Elle est violente, parle de terrorisme international, espionnage, corruption, lutte contre la pollution, préservation des ressources, recherche d’une autre source d’énergie que les énergies fossiles, dangers de la science et on y voit également beaucoup de drames humains. Elle n’est pas bien vue de nos jours surtout à cause des uniformes et casques des héros rappelant des oiseaux (et les ennemis ça vaut pas mieux avec le mec en uniforme de chauve-souris et les mecs qui portent des casques les faisant ressembler a des tigres aux dents de sabre).

    l’auteur de l’article parle de 105 épisodes mais en mettant bout à bout les trois premières séries on a 200 épisodes.

    La série ne tient évidemment pas la comparaison avec une série d’aujourd’hui bardée de techniques de pointes et le faux aspect one shot de ses épisodes la rend d’emblée inntéressante pour beaucoup alors qu’on préfère nettement les sagas aux épisodes ouvertement à suivre. Néanmoins totalement mépriser la série d’origine serait une erreur vu les nombreux clins d’oeil : elle vaut le détour sur pas mal d’épisodes (et sur le fait qu’il arrive vers la fin de la série que les méchants arrivent à gagner la partie sur certains enjeux).

    Pour ma part, malgré le côté vieillot et plus que daté, j’ai réussi a aimer l’original ce qui ne m’a pas empêcher d’aimer Crowds également.

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