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Alphabet Estival – G – Grim Fandango – Almost Dead Guy

La boîte vend du rêve DIRECT

Remettons encore une fois les choses dans le contexte parce que là c’est de la putain de nostalgie en barre comme jamais: on est début 2000 et la famille s’achète son premier ordinateur. Windows 98, disque dur de 3,4Go, des performances a couper le souffle pour l’époque: on pouvait faire tourner Half-life ! Vous imaginez la folie ! Un pote à moi dit « ouais j’ai plein de jeu pc qui me sert à rien, tu peux venir chez moi et je t’en prêterais un où deux », ok j’y vais, et ok je repars avec Monopoly et… Grim Fandango. Grim Fandango, voyez vous, est un de ces jeux d’aventure LucasArts point & click que le monde entier révère et adore – Day of the Tentacle, les Monkey Island, Full Throttle, par exemple. Grim Fandango était mon premier contact avec cet univers, et quasiment le seul puisque mis à part le premier Monkey Island (que je n’ai, à ma grande surprise, absolument pas aimé), c’est un univers auquel je n’ai eu que peu l’occasion de toucher.

Grim Fandango raconte donc l’histoire de Manny Calavera, qui est mort y’a déjà bien longtemps et qui vit une vie profitable dans l’au-délà puisqu’il est devenu vendeur de voyages vers le véritable au-délà. Les gens sont ainsi jugés par leurs prestations dans le monde des vivants et se voient donc offrir grâce à leur karma un voyage plus où moins confortable vers le repos éternel, voire même le voyage ultime: le Neuf Express, un train hyper rapide qui rejoint l’au délà en quatre minutes au lieu des habituelles quatre années nécessaire au voyage… Sauf que depuis un petit moment déjà, le pauvre Manny peine à vendre de bonnes choses. Tous ses clients semblent avoir eus une vie peu méritantes et impossible pour lui de trouver de bons clients… Et pas de bol pour lui, il doit VENDRE un max si il veut pouvoir goûter un jour au repos éternel. Commence alors une aventure où il découvre que tout n’est pas forcément très sain chez les morts. Corruption, magouille, révolution et limousines retapées l’attendent au cours d’un très long voyage de quatre années vers la vérité. Et l’au-delà.

Regardez cet héroïsme !
Cela permet donc d’avoir un jeu absolument magique.

Quand vous connaissez un peu les jeux LucasArts vous pensez immédiatement « énigmes tordues et humour ravageur. » C’est grosso merdo ça tout le long du jeu. Quand on a 11 ans, qu’on a un pc sans internet, pas de soluce, et une deadline pour rendre le jeu – donc le finir – c’est un gros gros gros gros stress. La première fois que j’ai eu le jeu je n’ai pas dépassé la moitié de la première partie du jeu parce que j’étais incapable de résoudre une des énigmes à bases d’électricité et de brouette, énigme que je passerais sans difficulté 3 ans plus tard. Mais eh, ça vous forge un homme. C’était à peu près la première fois que j’étais confronté à un jeu d’aventure et il faut dire que Grim Fandango offre de quoi triturer l’esprit. Avec le recul, si il y’avait quelques trucs tordus, c’est globalement moins chaud qu’un Monkey Island niveau énigmes, la seule complexité venant du déplacement en 3D qui est parfois un peu capricieux – sans être bien génant.

Le bureau de Manny

Là où Grim Fandango se révèle être une véritable tuerie c’est au niveau de l’écriture. L’univers, déjà, c’est juste une bonne grosse tuerie. Que ça soit El Alamoual où tous les environnements traversés tout au long du jeu, le « pays des morts » est super bien fichu, avec des environnements diversifiés et qui ont tous une putain de personnalité où des putain d’idées derrière. Le scénario est ensuite super passionnant, avec une quantité bien dosée de retournements de situations, des scènes cinématiques parfois hilarantes parfois prenantes parfois émouvantes, des tas de petites idées disséminées ici et là, des gags de répétition, des énigmes qui demandent au joueur de mémoriser certains détails assez longtemps.

Et puis ces personnages holala. Rien que le héros, Manny Calavera, est une espèce de charisme sur pattes. Déjà de base il est petit et doit porter des échasses pour pouvoir enfiler son costume de faucheuse, donc ça c’est un bon point, ensuite il est super prompt à la petite phrase blasée/assassine super hilarante sans être relou, ensuite il a une voix française super cool – la VF du jeu étant pas mal en général -, il se dépatouille super bien et il fait des trucs de fou tout le long du jeu.

Mais globalement, le reste du casting est aussi de très bonne qualité, entre un patron super caricatural et à mourir de rire, un Che Guevara squelettique, une femme vertueuse qui mérite le Neuf Express mais ne l’obtient pas, un sidekick un peu boulet mais super sympa quand même, une femme mystérieuse… Vraiment, c’est un univers très riche, qui évolue au fur et à mesure de l’aventure, qui est elle-même découpée en quatre parties, chacunes séparées par une ellipse temporelle. Il faut rajouter à cela une superbe bande originale de Peter McConell et on obtient un jeu à l’ambiance quasi suprême.

Le charme d'une jambe dont on en voit les os

Le jeu a forcément parfois un peu vieilli. Graphiquement il est plus que dépassé mais fait partie de ces jeux qui, heureusement, gardent un petit coté intemporel sur ce point là, grâce à une direction artistique léchée et travaillée. La maniabilité est son seul véritable défaut, comme je l’ai dit, mais se dresse plutôt vite et arrive plutôt bien à immerger le joueur. Le jeu est en outre plutôt long pour un jeu d’aventure et vaut le coup d’être fait sans soluce, les solutions étant humainement trouvables pour peu qu’on se casse la tête un tout petit peu. Pas vraiment d’énigmes qui se résolvent à coup de « je teste tout avec n’importe quoi. »

Le jeu a été à l’époque un gros four commercial, mais il possède un héritage plutôt impressionnant, ainsi qu’un succès critique certain. Il sera entre autres responsable du départ de Tim Schaffer de LucasArts pour aller fonder Double Fine, où il produira Psychonauts et Brutal Legend. Grosso merdo si vous cherchez un jeu d’aventure pour cet été, vous pouvez essayer de ce coté là. Attention néanmoins: le jeu est quasi introuvable dans le commerce (car il ne fut jamais réedité depuis 1998), n’est pas disponible légalement en dématérialisé et n’est pas devenu abandonware. Le trouver peut être un vrai challenge ! Il y’a bien une bonne vieille démo qui traîne mais c’est risqué…

C’est un jeu auquel je n’ai pas joué depuis maintenant près de sept ans, et que je n’arrive pas à retrouver, et que je ne me résous décemment pas à pirater. Malgré tout et même si plus ça va, plus mes souvenirs commencent à devenir flou sur le sujet, je le considère comme un de mes jeux préférés, voire un des meilleurs jeux auquel j’ai pu jouer. J’avoue fantasmer sur une réédition HD du titre sur XBLA, comme les Monkey Island, mais vu le peu de succès du jeu, LucasArts ne risque pas de trouver ça monétairement intéressant… et c’est triste !

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Mercredi, on s’attaque à la lettre H… et ça ne sera pas NSFW !

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7 commentaires

  • PinkSoviet

    Acheté 5€ dans un virgin megastore il y a trois ou quatre ans.

    Par contre, il faut le patcher avec les OS récents pour éviter deux petits bugs qui bloquent la progression.

  • Yoka

    Le train qui t’amène dans l’au delà s’appelle le « 9 Express » ? Référence de qualité qui donne encore plus envie de jouer au jeu. J’aurais malheureusement probablement jamais le temps mais l’idée est là.

  • Mackie

    pas forcément la peine de le patcher, je pense qu’on doit pouvoir le faire tourner avec un émulateur. j’ai joué par exemple aux vieux lucas arts comme sam & max à partir du ou cd source en utilisant scummvm, on le trouve chez abandonware-france.fr en téléchargement libre.

    grim fandango, sinon, c’est vraiment le genre de jeux que j’aimais… snif.

  • Funfrok

    Je retourne sur ton blog après plusieurs mois et qu’est ce que je vois: UN ARTICLE SUR GRIM FANDANGO! OH MON DIEU IL CONNAIT CE JEU! JE LE SAVAIS C’ETAIT OBLIGE TROP FORT LE GARS RESPECT, CHAPEAU, LA CLASSE!
    Bref, ça fait bien plaisir à voir. Sans doute un de mes jeux préférés et aussi le premier auquel j’ai pu jouer du genre point & click. Les monkey island et autres DOTT m’ont énormément plu mais l’univers de celui-ci est particulièrement magique. Et les musiques… alala je les connais par coeur tellement je les ai écoutée en boucle.
    La VF est vraiment géniale en effet, c’est un peu comme un Toy Story, impossible à regarder en VO dû à la nostalgie et tout le bordel.
    J’ai la chance de toujours avoir cette édition super chouette avec les deux cd du jeu et la fresque maya en déco..

    Pour finir, merci de m’avoir remémoré cette belle époque de mon enfance, à l’époque où on sortait encore des vrais jeux..

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