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Au fait, j’ai découvert que King Kong était un bon jeu

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Sorti en 2005 en même temps que le film de Peter Jackson sur quasiment toutes les consoles de salon possibles de l’époque (PS2, Xbox, Gamecube, Xbox 360, PC), le jeu King Kong a une histoire assez intéressante derrière lui: Peter Jackson assez impliqué dans l’affaire, Michel Ancel à la direction artistique et surtout un délai très réduit pour faire le jeu, estimé entre 18 et 12 mois. Je dois avouer que les premières images, présentées à l’E3 2005, m’avaient assez séduites et ce qui m’avait surtout chauffé à blanc c’était certains parti pris du jeu dont principalement l’idée d’avoir zéro interface à l’écran. Eh, à l’époque, c’était assez novateur. Même encore aujourd’hui ça l’est un peu, note.

Du coup après six ans à attendre, je l’ai enfin chopé sur 360 dans l’idée d’y jeter un oeil, enfin. J’ignorais si le jeu avait bien vieilli mais ce que j’ignorais au final c’est si King Kong était un jeu intéressant ou pas. Tout ce que j’avais retenu des critiques de l’époque c’était des reproches sur sa durée de vie, qui ne devait guère dépasser les six heures. La bonne nouvelle c’est que je l’ai fini en dix heures. La mauvaise nouvelle c’est qu’il a un peu vieilli graphiquement. Mais la très bonne nouvelle c’est que ça reste encore aujourd’hui un jeu particulièrement intéressant à jouer, et je vais tâcher d’expliquer pourquoi.

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Un jeu où on brûle des ronces.

Déjà ne vous attendez pas à des miracles techniques: le jeu à l’époque était déjà loin d’utiliser avec brio les capacités de la 360 et les rares cinématiques du jeu sont un peu pitoyables. La fin du jeu est surtout assez marquante parce que quiconque y parviendra verra une courte cinématique où un Jack Black en pixel regardera King Kong et restera figé tout le long de la scène avec une bouche grande ouverte (genre le smile :O) avant de dire, sans aucune mouvement des lèvres, la dernière phrase du jeu… Un peu ridicule et un peu triste quand on sait que ça sera notre dernier contact avec le jeu. Les textures sont pas spécialement à tomber par terre, tous les ennemis n’existent qu’en un seul modèle et tout donnera très vite l’impression de se ressembler. On croisera les mêmes temples un peu partout, les mêmes ennemis, les mêmes broussailles, les mêmes marais, les mêmes leviers…

Le jeu parvient à masquer ça en nous faisant souvent alterner les gameplays. On a ainsi grosso modo deux aventures au sein du jeu: celle où on contrôle Adrian Brody Jack, le héros du film qui devra blaster du dinosaure et de l’insecte géant au cours de niveaux en vue FPS, et celle ou on contrôle, du coup, King Kong, qui devra défoncer du dinosaure à mains nues au cours de niveaux genre beath’em’up. Le premier gameplay vous placera ainsi dans la peau d’un pauvre humain qui aura toute la nature contre lui alors que le second vous permettra de tout démolir sur votre passage. Pour vous faire une petite idée, disons que trois-quarts du jeu vous met dans la peau de Jack et le quart qui reste dans la peau de Kong.

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Les niveaux avec Kong, je vais être très franc: il n’y a pas grand chose à en dire ! Ils sont super linéaires, pas très intéressants à cause entre autres d’un gameplay ultra limité au trio poing/esquive/saisie qui fait qu’on finit par tout faire en mashant A comme un gros bourrin, ce qui est loin d’être passionnant je vous l’accorde. Quand on ne combat pas, souvent on a juste à maintenir le bouton X et à avancer dans des diverses directions pour s’en sortir. Je l’avoue, le sentiment de puissance est là, et c’est plaisant de dégommer en deux/trois coups des ennemis qu’en tant qu’humain on craint et évite autant que possible.

Car c’est définitivement les sections avec Jack qui sont fantastiques. Déjà elles sont incroyablement immersives ! Il y’a un travail absolument magistral sur l’ambiance et sur l’aspect survival qui est ici vraiment excellemment bien retranscrit. A Skull Island, tout veut vous tuer et, pas de bol pour vous, le jeu est très radin sur les armes et les munitions ! Les balles sont parfois aussi rares que des bonnes idées dans un gouvernement UMP et on se retrouve très régulièrement à devoir se battre avec des os ramassés par terre, et là on commence vraiment à stresser. Et si y’a bien un sentiment qui m’est revenu souvent quand je jouais à King Kong c’est bien celui-là: le STRESS. Parce que quand soudainement tu te rends compte que ton fusil est à sec, que tu es dans une grotte remplie de scolopendres géants capables de te buter en deux coups, qui peuvent surgir de n’importe où et dont les cris raisonnent dans toutes les cavernes, là tu commences à réfléchir à chaque fois que tu fais un pas.

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Quand vous marchez dans l’eau, vous ne pouvez pas utiliser votre arme. C’est souvent à ce moment là que le jeu vous case un giga-crocodile ou un insecte géant histoire de vous forcer à repartir sur la rive comme un lâche. Ca bute.

C’est dans ce domaine là que King Kong se révèle juste génial. Rarement un jeu m’a autant foutu le STRESS. Et autant le dire: dans King Kong, paniquer = mourir quasi immédiatement. Combien de fois je me retrouve le crâne ensanglanté, avec juste une pauvre lance dans les mains, à courir partout en espérant pas me faire croquer le tibia par un vélociraptor. C’est déjà bien le stress dit comme ça mais imaginez qu’en pleine action la lance PETE entre vos mains. Et là c’est juste la fin du monde. Et alors on court mais ça sert à rien c’est des putains de VÉLOCIRAPTOR. Et je parle pas des quelques confrontations que vous aurez contre des gigantesques tyrannosaures increvables qui vous forceront à courir partout, à vous planquer derrière le moindre pilier – qui ne résistera guère longtemps aux attaques des mandibules de la bête – et à jeter des pauvres lances à la tête du monstre pour espérer le figer quelques secondes. Et il vous arrivera parfois, si vous faites l’erreur de lui tourner le dos et de courir tout droit, de mourir purement et simplement sans avertissement, en entendant des bruits de mastication comme seul indice. Et je peux vous assurer que c’est une bonne expérience de jeu que j’ai pas vraiment retrouvé ailleurs !

Parce que nom de dieu je dois avouer que ça fait du bien, dans un FPS, d’affronter non pas des humains mais juste une faune particulièrement agressive ! C’est tout de suite plus flippant et stressant, et ça change vraiment de d’habitude. Et l’absence totale d’interface rajoute énormément à l’expérience, particulièrement parce que c’est constellé de bonnes idées. Pour savoir son nombre de munitions restantes, par exemple, il faudra appuyer sur B et le héros énumérera alors environ combien de balles il lui reste. Mais toujours de manière très vague… Par exemple il vous dira pas « il me reste vingt balles » mais plutôt « il me reste quatre chargeurs » – ce coté un peu vague peut paraître frustrant mais il est immersif, plus « réaliste », très piégeux, et vous met un peu en confiance dans les moments difficile ! Le must reste quand vous avez plus de cinq chargeurs auquel cas il vous dira « j’ai tout ce qu’il faut en chargeurs ! » Et là on se sent Rambo ! Et cinq minutes plus tard, on combat des chauve-souris carnivores géants à coup d’os pointus. Histoire vraie.

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Le génial chapitre des Brontosaures !

La bande son est aussi admirable. C’est un peu feignant, certes, puisque ça réutilise à quasiment 100% des thèmes du film (en tout cas j’en ai l’impression, ça se trouve je me trompe complétement, j’ai pas revu le film depuis quatre/cinq ans) mais il y’a là aussi des idées ingénieuses et un accompagnement sonore toujours très efficace, illustrant et rythmant chaque situation. Et il y’a là aussi une idée géniale: celle de foutre un chœur très solennel quand vous êtes en mode « je suis blessé sa mère, je pleure du sang et la caméra est recouverte de rouge. » Histoire de vous mettre encore plus à l’aise, hein. D’autant que généralement toute l’atmosphère sonore est bonne: vos coéquipiers gueulent tout le temps, l’île est remplie de cris d’animaux bizarres non identifiés, bref c’est la joie et le bonheur.

King Kong est donc une aventure courte et intense – comptez une dizaine d’heures grand maximum. Comme d’habitude c’est loin d’être parfait, techniquement c’est un peu viellot (mais au final loin d’être ridicule sur PS2, Xbox et Gamecube), on a une certaine répétitivité dans l’action (parce que bon franchement, au bout d’un moment vous en aurez marre des leviers et des buissons de ronces qui composent à eux deux 100% des énigmes et obstacles du jeu) et il est évident qu’avec quelques mois de travail en plus on aurait eu un jeu objectivement beaucoup plus consistant mais en l’état, ne boudons pas notre plaisir: King Kong reste un excellent travail d’adaptation et la preuve qu’avec un bon budget et une équipe motivée, faire un jeu issue d’une licence officielle n’est pas forcément vouée à un échec. L’équipe de Michel Ancel avait conscience des obstacles et a réussi en attendant à bricoler un jeu super acceptable et qu’on retiendra surtout pour son excellente immersion, et sa très bonne ambiance. Vu le prix misérable du jeu en occasion de nos jours, je pense que pour 10€ l’aventure vaut le détour et ça peut être une excellente occasion de jouer à un FPS différent, dont j’aimerais très franchement que d’autres studios s’inspirent. Bref, une très bonne surprise.

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