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Final Fantasy Type-0 – Children of the Grave

Retournons en 2006. Alors que Final Fantasy XII se fait toujours attendre en Occident, Square Enix annonce en grandes pompes le Fabula Nova Crystallis censé contenir trois jeux extrêmement attendus: Final Fantasy XIIIFinal Fantasy Versus XIII et Final Fantasy Agito XIII. Si les deux premiers ont faits et refaits parler d’eux au fil des années – le XIII en développant son univers et son histoire le temps de trois jeux et le Versus XIII en devenant purement et simplement Final Fantasy XV -,  le troisième élément de cette liste est sans doute le moins connu du lot et celui qui aura le moins attiré l’attention des joueurs. Pourtant lui aussi a une histoire compliquée: peu montré les années qui ont suivies son annonce, il devait être un jeu mobile à la base avant de devenir un jeu PSP qui, quelques mois à peine avant sa sortie, connaîtra un solide renommage en règles, passant de Final Fantasy Agito XIII au Final Fantasy Type-0 qu’on connaît. Le jeu sort donc en 2011 sur la Playstation Portable de Sony qui est alors en fin de vie et se fait remarquer pour un fait assez unique dans l’histoire récente des FF: il ne sort tout simplement pas en Occident. Ah. Ca choque.

Fast forward en 2014, et Square Enix annonce triomphalement que le jeu sortira bel et bien en Occident via une toute nouvelle version HD prévue pour Xbox One et Playstation 4. Bonnes nouvelles ! Le jeu sort donc début mars 2015 et n’est principalement acheté que pour une raison, commercialement maligne: le jeu est fourni avec une démo de Final Fantasy XV. La bonne vieux méthode Zone of the Enders, comme on l’appelle, fait finalement plus de mal que de bien à Type-0, qui passe du coup relativement inaperçu en tant que jeu, encore plus quand la dite démo est extrêmement critiquée. Bref, peu de gens jouent au jeu qu’ils ont vraiment achetés et son statut funeste de jeu-PSP-boosté-pour-la-HD ne le rend guère attractif.

Il est entre temps sorti sur PC mi 2015 et en ce début 2017, Micromania solde le jeu si dur que vous pourrez le trouver à 5€ neuf sans aucuns problèmes. Ok. Dur.

C’est dommage que le jeu ait été si vite oublié car je viens de le terminer et je peux vous le confirmer: Final Fantasy Type-0 est un jeu généreux, aux thématiques très intéressantes et sur lequel il y’a beaucoup à dire. Ca tombe bien, j’aime en dire beaucoup. Allons-y~.

Rem & Machina, au milieu d’une bataille

Final Fantasy Type-0 se déroule donc à Orience, un monde où quatre nations sont en guerres permanente: l’empire de Milites, le royaume de Concordia, l’alliance Lorican et le dominion de Rubrum. Comme pour ne rien arranger, chaque nation possède un cristal qui leur confère des grands pouvoirs et leur offre des points forts dont ne disposent pas forcément leurs voisins. Sans compter évidemment ces bons vieux l’Cie qui sont, peu ou prou comme dans Final Fantasy XIII, des humains choisis par les cristaux pour servir de représentants divins ce qui leur donne des pouvoirs uniques et la possibilité d’obtenir une espérance de vie bien plus longue que leurs semblables, avec simplement une seule requête: que ces humains s’acquittent d’une « tâche » qui, une fois effectuée, les transformeront en cristal et les libéreront de la vie.

Evidemment, ce monde contient d’autres détails intrigants, comme le fait que quand une personne meurt, tous souvenirs d’elle sont effacées des mémoires de chaque individu. Pratique dans un monde sans cesse en guerre où aucun soldat ne peut se souvenir des meurtres qu’il a du effectuer ou des amis qu’il a perdu. Ni le deuil ni la perte n’existe et seuls les l’Cie ont l’air de se remémorer plus de choses sur les disparus que la moyenne, mais eux c’est les réminiscences de leur vie entière qui s’efface plus vite que la norme. 

Bref tout cet univers est bien beau mais quand un beau jour l’empire de Milites, dirigé par le maréchal Cid Aulstyne, décide d’envahir Rubrum et d’utiliser une nouvelle technologie réduisant au silence le cristal du dominion, c’est là que la merde devient réelle. Dépourvu de tous ses mages, dont l’armée est extrêmement dépendante, le dominion se prend une raclée dantesque et manque de disparaître purement et simplement des cartes quand surviennent alors douze individus, des adolescents élèves de la grande académie centrée autour du cristal du dominion, qui arborent fièrement une cape vermillion et font partie de la mystérieuse « classe zéro. » Plus puissants que la moyenne, ces élèves ont une autre particularité bien plus ennuyeuse pour l’empire de Milites: malgré le brouillage du cristal, ces douze gamins peuvent continuer à utiliser de la magie et infliger, à eux seuls, des dommages considérables sur l’armée envoyée. Le dominion de Rubrum est donc temporairement sauvé et l’heure de la contre-attaque arrive…

Le jeu débute en plein pendant la bataille de sauvetage de Rubrum et dans tout ça, le joueur va contrôler toute la classe zéro. Les douze personnages initiaux plus deux nouveaux, intégrés peu après la bataille, Rem et Machina, deux amis d’enfance qui comptent bien se battre pour la destruction d’un empire maléfique qui ne cachent pas ses velleités envers les royaumes voisins et n’est pas à l’abri de mauvais coups ou d’usages de technologies inhumaines pour asseoir sa domination sur le continent.

Final Fantasy Type-0 va donc vous mettre, grosso merdo, dans la peau de soldats. Les meilleurs soldats du continent, certes, mais des soldats qui vont suivre des ordres pendant la quasi-intégralité du jeu. Les douze élèves initiaux de la classe zéro n’ont pas de volonté propre dans cet univers où la guerre est un état de fait permanent, où les humains vivent assez peu longtemps et où l’adolescence est jugé comme un âge idéal pour aller se faire tuer sur la ligne de front et être oublié de tous. Quand le joueur n’est pas envoyé en mission, il peut passer son temps libre au sein d’Akademia, une école ou sont formés tous ces mages peu agés bientôt envoyés au casse-pipe sans que personne ne semble s’émouvoir tant pour eux c’est une situation ordinaire et ancestrale. 

Mais, du coup, ne vous attendez pas à une grande aventure épique où les personnages iront sauver le monde ensemble contre vents et marées car la majorité du temps, vous irez faire ce qu’on vous demandera de faire. Et les différents protagonistes qui disposent d’une autorité vous diront bien souvent de vous contenter de remplir ce rôle d’objet et de pion au service d’un chancelier certes affable mais qui a bien attention de profiter de cette grande contre-attaque contre l’empire de Milites pour aussi unifier toutes les nations du continent sous le drapeau de Rubrum, de gré ou de force. 

La guerre est donc un thème important de ce Type-0 et ici on ne cherche pas à vous offrir une vision romanesque des conflits car l’intro du jeu vous fera suivre le destin d’un soldat « normal », à qui on confie une mission importante et qui va, tout simplement, voir tout son entourage mourir, y compris son Chocobo, avant de trépasser lui aussi après une longue agonie dans une scène particulièrement cruelle. Bref: ça commence DANS LA MEILLEURE AMBIANCE POSSIBLE.

C’est uniquement après ça qu’on est introduit à nos héros et plus on avance dans cette bataille, plus c’est compliqué de faire preuve de pitié envers les membres de l’empire Milites tant on observe des choses tragiques. Au bout d’à peine 5mn on croise un Bahamut agonisant, le corps lacéré de lances. Ce n’est pas ce à quoi on s’attendait en lançant un jeu nommé Final Fantasy, à vrai dire. 

Certes, la franchise a jamais eu peur de parler de la guerre et de ses aspects les plus sombres. Déjà à l’époque, Final Fantasy VIII vous mettait dans la peau de lycéens envoyés guerroyer pour des interêts politiques toujours flous ; Dans Final Fantasy IX on pouvait assister impuissant à la décimation entière d’une cité dans lequel on gambadait joyeusement à peine vingt minutes plus tôt et, évidemment, ne me parlez pas de la destinée terrible de Leo dans Final Fantasy VI, qui peut dire s’en être remis.

Mais là où habituellement dans les Final Fantasy nos héros s’ulcèrent d’une telle situation et comptent bien agir indépendamment pour faire en sorte que cesse tout ça, là on est invité à être un élément intégrant de ces conflits et d’être au complet service d’une des forces en présence, avec une obéissance qui sera sans failles du début à la fin. Et là on va voir la guerre de près: chaque libération de cité implique la découverte d’endroits ravagés, dénués de vie ; chaque bataille va vous voir des soldats alliés mourir de façons toujours plus cruelle et il se pourrait que ces personnages avec un nom auquel vous commenciez à vous attacher soient les prochains à y passer. Et nos héros vont réagir à tout ça avec un certain détachement, la réussite des objectifs qui leur sont alloués leur comptant bien plus et, de toute manière, même si ils voulaient s’émouvoir, le simple fait qu’ils oublient aussitôt les morts leur rend incapable de ça.

Comme déjà esquissé plus haut, le jeu se découpe en deux phases distinctes: les missions sur le terrain et le temps libre entre deux missions. Les missions sur le terrain c’est comme le nom l’indique: vous êtes envoyés dans une zone, vous avez un objectif, vous vous appliquez à le réussir, vous tuez plein de trucs sur le chemin, vous faites exploser les cadavres pour récupérer de « l’anima » qui régénère vos PP et améliorent vos sorts et à la fin vous êtes notés selon votre efficacité en mission. Le grand classique, donc. 

De l’autre côté, le temps libre entre deux missions se gère de manière assez particulière mais qui en rappelera beaucoup à ceux qui ont touchés à Persona 3 ou Persona 4. En somme, vous vous retrouvez dans Akademia avec un compteur de temps qui s’affiche sur votre écran et vous devez faire le meilleur usage possible du temps qui vous est alloué – qui va de à peine douze heures à soixante-douze heures sur la fin du jeu -, sachant que le temps ne se déroule que si vous faites certaines actions comme parler à des PNJ qui vous donneront un objet ou faire avancer vos relations avec certains personnages. Et si vous vous sentez d’attaque vous pouvez aussi sortir de l’académie pour aller explorer la carte du monde, taper du monstre, répondre à des requêtes de PNJ, faire des quêtes annexes ou faire des missions spéciales, extrêmement difficiles, qui vous permettront de libérer des cités et d’avoir accès à du contenu en plus. Attention quand même: sortir de l’académie vous bouffe six heures à chaque fois, donc chaque sortie compte !

Il y’a donc moults choses à faire sachant que comme dans tout bon JRPG, les quêtes annexes sont nombreuses et, comme dans tout bon JRPG, ne sont pas toujours forcément claires ou aisées. Petites pensées pour les events autour du personnage de Kazusa et Emina qui vous demanderont sans doute des soluces pour comprendre le minimum de ce qui est demandé.

Et, oui, la world map est une world map à l’ancienne, le plus proche que vous pourrez trouver des cartes de l’ère PlayStation

Ce contenu généreux, il est mis en exergue par le très grand nombre de personnages jouables. Avec 14 personnages jouables, dont 12 nommés selon des cartes à jouer, ce Final Fantasy Type-0 va vous demander pas mal d’investissements si vous souhaitez comprendre les qualités et les défauts de tous les éléments humains mis à votre disposition, que vous allez devoir apprendre à manier puisque là on est dans du Action-RPG bien comme il faut, où vous contrôlez directement votre héros assisté de deux autres personnages gérés par l’IA et il est important dès maintenant de mentionner que chaque personnage a SON arme, SON gameplay et SA maniabilité. 

Queen, par exemple, se bat à la rapière et attaque extrêmement vite tout en disposant de statistiques idéales pour être mage, faisant d’elle un personnage simple à prendre en main, très puissante en début en partie, que chaque joueur pourra jouer facilement. Idem pour King, qui attaque de manière très simple avec des doubles flingues qui nécessitent simplement au joueur qu’il fasse attention au précieux temps de recharge qui va le laisser à la merci de n’importe quelle attaque. Mais après ça on trouve des personnages plus compliqués à jouer comme Deuce la flûtiste extrêmement fragile qui peut soit buffer ses comparses avec ses douces mélodies soit tirer avec son instrument des projectiles très très lents mais qui savent atteindre leurs cibles ou bien Jack un manieur de katana qui fait très très mal mais qui a une manière ultra particulière de se déplacer sur le terrain, qui demande beaucoup de temps pour être compris.

L’encyclopédie du jeu est touffue, avec énormément de textes sur l’Histoire, les personnages, les ennemis… Une occasion de mentionner la qualité globale de la traduction française !

On pourrait alors se dire qu’autant de personnages à maîtriser, c’est pas forcément la peine, et que si on se contente de savoir jouer que trois ou quatre personnages et de n’utiliser que ceux-là pendant l’ensemble du jeu on s’en sortira. Oui, on peut penser comme ça. Sauf que, comme au bon vieux temps, les personnages qui ne combattent pas ne gagnent pas d’expérience et que, vous le sentez venir, viendra des moments dans des missions où il faudra diviser son équipe en deux voire trois. Sans compter, bien sur, que si vos personnages principaux meurent – et ils vont mourir vu que le jeu n’a purement et simplement que très peu de pitié -, si vous vous retrouvez à devoir utiliser vos persos nuls que vous savez pas jouer, vous allez en chier. 

Donc oui vous allez devoir passer pas mal de temps à bien faire alterner les membres de votre équipe pour être sûr que tout le monde chope la précieuse EXP et qu’un élève se retrouve pas à la fin du jeu comme un gros boulet pour le reste de l’équipe. C’est parfois assez fastidieux, d’autant que j’ai toujours eu l’impression que les niveaux montaient assez lentement, mais la bonne nouvelle c’est que derrière vous êtes récompensés par la possibilité d’améliorer vos personnages. Et quand on dit améliorer, c’est en profondeur totale. 

Le menu, votre futur grand ami

Au fur et à mesure des niveaux gagnés, le personnage gagne des points de compétences qui peuvent être utilisés pour débloquer des nouvelles techniques et améliorer considérablement la maniabilité du personnage. Et il y’a beaucoup de choses à débloquer, au point où chaque personnage peut être vraiment personnalisé à l’envie. Le personnage de Rem est le meilleur exemple possible: elle dispose de base d’un nombre assez dingue de PM, ce qui semble l’indiquer au rôle de mage. Un rôle que sa compétence Conversion qui échange ses points d’actions pour regénérer ses PM semble confirmer. Elle peut donc faire des méchants dégats de magie, se planquer 10s pour refaire le plein en PM et repartir à l’attaque. Rôle de mage qu’elle va ultra kiffer quand elle débloquera autour du niveau 20 la possibilité de s’équiper de deux sorts pour un maximum de plaisir. Mais plus tard dans le jeu on peut aussi la builder pour en faire une experte des attaques rapprochées en dépensant tous les points dans sa rapidité et dans son attaque Boomerang qui lui permet d’envoyer ses dagues faire masse de dégats. Ou alors on peut en faire une Invocatrice: dans ce jeu où lancer une invocation nécessite de sacrifier un personnage, sa capacité Grace Divine qui lui permet de ressusciter automatiquement tous les camarades qui tombent – y compris elle même – lui permet d’invoquer à volonté des invocations. Et si tout ça ne suffit pas, on peut aussi la booster plus tard pour en faire une utilisatrice acharnée de Punition Divine qui demande un énorme temps d’invocation mais inflige des dégats de fou.

Et parfois simplement débloquer de nouvelles capacités modifie en profondeur un personnage qu’on croyait déjà maîtriser. Par exemple, j’aimais pas trop jouer Cinque. Cinque c’est la meuf gentille naïve et simplette mais qui a pour spécialité LES GROS COUPS DE MASSE DANS LA GUEULE. Un perso qui fait mal mais qui met toujours 3000 plombes à asséner un coup, ce qui la rend très risquée à jouer, surtout dans un jeu où l’ennemi attaque en permanence. Bref, j’étais pas à l’aise, jusqu’au moment où j’ai débloqué Cyclone d’acier – qui lui permet de se la jouer Crash Bandicoot et de ravager le terrain. Un bonheur encore plus fort quand à côté j’équipe Application, qui augmente les dégats fait par le prochain coup. Comme tout un Cyclone d’acier compte comme « un seul coup » ça fait d’elle une nettoyeuse de terrains, qui inflige du millier de dégats à un rythme fordien. Et ça donne un truc qui rend pas mal en gif: 

C’est mon premier gif, soyez tolérants

Y’a donc dans Final Fantasy Type-0 un plaisir réel à gérer sa fine équipe et combattre avec. Chaque personnage nous surprend à un moment ou à un autre et on est jamais lassés. Même quand un personnage commence à entrer dans une routine, soit on va passer à un autre, soit il va débloquer du nouveau contenu qui va le chambouler un peu. C’est toujours chouette, même si hélàs encore une fois faut accepter cette grosse contrepartie qui est qu’il faut parfois se forcer à faire en sorte de jouer avec tout le monde, même ceux dont le gameplay nous séduisent tout simplement pas (salut Trey, je déteste te jouer, toi et tes flèches qui touchent jamais.)

Et, plus largement, le système de combat repose surtout sur deux choses primordiales. La première c’est les marques fatales, qui apparaissent sur les ennemis à des moments bien précis et si un contact est fait avec eux pendant que cette marque s’affiche, c’est le one-shot et l’ennemi est éliminé. Pas toujours simple à sortir, cette technique devient primordiale sur les boss les plus puissants car parfois le seul moyen de leur faire vraiment mal. Et la seconde choses très importante vis à vis du système de combat de Type-0 c’est l’importance, et je met l’emphase dessus, des putains de roulade. Si vous aimez les roulades dans Dark Souls, vous aimerez les roulades dans Final Fantasy Type-0 car elles vous sauveront sans cesse le cul. En gros, pendant que vous roulez vous êtes invincible. Au début du jeu vous pouvez pas en abuser mais croyez bien que les premières améliorations que vous allez débloquer pour vos persos et dans lesquelles vous seriez bien heureux d’y investir le maximum de points c’est la possibilité d’avoir des roulades infinies qui vous permettent d’esquiver de manière infinie. 

Commencera alors un permanent jeu du chat et de la souris entre vous et les adversaires qui, autant vous le dire, frappent parfois très fort. Se prendre un coup dans Type-0 c’est rarement une bonne chose !

Ceci étant dit, j’accumule les termes laudatifs depuis tout à l’heure donc c’est vrai qu’il faut que j’éclaircisse avant que vous vous fassiez une mauvaise idée du jeu. Vous l’avez sans doute compris un peu jusque là mais Final Fantasy Type-0 est aussi un jeu aride , trop souvent abscon et en général pas forcément attrayant. C’est à la base un jeu PSP, comme dit plus tôt, et même si le portage HD a été un minimum bossé, les graphismes sont plus 360 en milieu de vie que PS4 après deux ans d’existence. Les cinématiques sont généralement molles, avec des discussions entre personnages qui sont extrêmement mal mis en scène et où les faux raccords sont monnaie courante. Certaines cinématiques sont dans la pure qualité Square Enix, avec 3D qui défonce tout ça tout ça, mais c’est réservé à l’intro et à la toute fin du jeu. 

Mais, évidemment, ce qui peut être très frustrant c’est que c’est un jeu qui s’attend de vous que vous le fassiez plusieurs fois. Pendant l’ensemble de votre première partie, on vous proposera beaucoup trop souvent des quêtes qui exigent de vous un niveau que vous n’avez tout simplement pas. Quand au chapitre 5 on vous propose des missions de niveau 40 alors que vous n’avez sans doute pas atteint le niveau 25 à ce point, c’est du teasing de compétition. Et même si vous vous amusez à l’accepter, vous allez vous faire rétamer car, comme je l’ai dit, les ennemis tapent fort et il suffit souvent qu’un ennemi soit à peine cinq niveaux au dessus du vôtre pour que chaque coup encaissé soit un one-shot de votre perso.

Le jeu est prévu pour que quand vous le finissiez vous soyez autour des niveaux 35 à 40. Concrètement. Sauf que un bon tiers de la carte possède des monstres bien au dessus de cette limite et aucune mission spéciale qui ne vous sera proposée entre temps sera d’un niveau proche du vôtre. Du coup si vous voulez découvrir tout l’univers du jeu, bah il va falloir attendre votre seconde partie où là, oui, vous aurez les niveaux demandés. Et vous pourrez enfin profiter de l’autre moitié du contenu que votre première partie vous empêchait d’atteindre. En attendant, il est fort probable que de nombreuses fois durant votre première partie, vous vous êtes faits avoir par ça, et vous avez essayé de finir des missions impossibles à finir, ce qui est pas une expérience vraiment agréable.

(Et oui, le modèle 3D des personnages frôle pas mal l’Uncanny Valley)

Et puis, y’a un truc qui choque au début: les élèves de la classe zéro mettent du temps avant de devenir… intéressants. Il faut déjà apprendre à les reconnaître, ce qui met du temps et à titre personnel, j’ai mis des plombes à distinguer Trey, King, Jack et Nine qui sont tous les quatre des blondinets, dont trois d’entre eux jouent un peu le rôle des fauteurs de troubles, du coup j’ai eu beaucoup de mal à m’attacher à eux. Et je pense que le fait qu’ils ne nous soient jamais vraiment présentés au début du jeu y joue pas mal. Alors que le jeu va prendre un peu de temps à nous introduire à Rem & Machina, les deux « nouveaux », les douze membres originaux faut les apprendre un peu à la dure. Alors certes ils ont tous des caractères très simples (Deuce est la maman du groupe, Sice la rebelle, Jack le grand gamin, Trey l’intello un peu narcissique, Eight le serein etc etc) et l’assimilation est pas forcément compliquée mais il faut clairement faire des efforts pour les kiffer ces gars là, parce que c’est pas le jeu qui va nous les faire briller lors des dialogues ou des cinématiques.

Alors quand on ajoute à ces personnages qu’on apprend à peine à connaitre sans encore savoir leurs qualités une intrigue politique qui namedroppe beaucoup de choses, on passe la première partie du jeu à soit s’accrocher pour suivre et dans ce cas là on joue avoir un wiki ouvert ou on va lire la tonne de textes dispo dans la bibliothèque du jeu soit on lâche vite l’affaire et on fait les missions en mode automatiquement sans trop se soucier de ce qu’on fait vraiment. 

Mais ça, c’est au début du jeu.

Car au fur et à mesure qu’on s’attache aux personnages – à force de les jouer et de les gérer -, on commence à accrocher à eux. Il faut dire aussi que Square Enix s’est pas fait chier et a embauché pour l’occasion les doubleurs d’animés les plus populaires du moment: Hiroshi Kamiya, Ami Koshimizu, Aki Toyosaki, Miyuki Sawashiro, Minori Chihara ou, la vraie raison pour laquelle j’avais acheté le jeu à la base, Kana Hanazawa. C’est pour ça que je recommande vraiment de faire le jeu avec des voix japs (réglable dans les options avant de commencer sa partie) parce que c’est un peu le all-stars des seiyuus et si vous êtes un minimum otaku, ça va vous faire plaisir. 

Mais au délà des voix, l’intrigue aussi nous force à nous intéresser à eux. Un twist au premier tiers du jeu va déjà créer quelques scènes où ils vont agir en solo, loin de tous commandements, et c’est là qu’ils vont commencer à briller. Après ça, on commence à prendre plaisir à dialoguer avec eux durant nos temps libres à Akademeia même si, soyons honnêtes, ces dialogues ne restent pas flamboyants. Mais ils paraissent plus vivants maintenant qu’on sait à qui on a affaire.

Et puis il y’a la dernière partie du jeu. Le dernier quart. Si il n’est pas exempt de défaut dans son écriture (la transition scénaristique entre le chapitre 7 et le chapitre 8 est ultra brutale), les enjeux sont concrets, la merde devient vraiment réelle, les retournements cruels et le donjon final est une série de défis qui forceront nos personnages de la classe zéro à aller au délà d’eux-mêmes. Et je passe sur la vraie fin du jeu, la cinématique finale qui, là encore, n’est pas forcément très originale, mais m’a fait pleurer beaucoup trop pour que je puisse, à chaud, en dire le moindre mal. C’est une très belle fin, qui va jouer avec nos émotions, offre des excellents plans (ce plan final juste après le générique, j’ai le coeur qui se serre rien que d’y repenser) et nous offre la possibilité de dire « au revoir » à nos héros de manière forte et mémorable, comme si le jeu voulait se faire pardonner de n’avoir jamais pu leur offrir une introduction correcte.

En gros, j’imagine que Type-0 est sur ce point l’anti FF15 ? Je veux dire, Type-0 démarre mollement mais finit en fanfare, alors que FFXV débutait en fanfare et finissait en eau de boudin. Je ne sais honnêtement pas ce qui est le mieux.

Cette fin et ces émotions qu’elles m’ont fait ressentir, je tiens à dire que je l’ai pas forcément ressenti sur énormément de jeux. Du coup rien que cela me forcera à garder en tête beaucoup de bons souvenirs de ce Final Fantasy Type-0. 

Maintenant est-ce que c’est un jeu que je vous conseille ? Et bah ma réponse, logiquement, ça serait un grand OUI. Néanmoins il y’a un mais. Je considère que Type-0 est un jeu très généreux, qui a énormément de contenu, qui vous offre beaucoup de liberté, qui cache beaucoup de choses et qui vous récompensera toujours pour sortir parfois des sentiers battus ou faire preuve de créativité en combat. Mais c’est aussi un jeu aux personnages pas toujours très beaux, qui vous tease en permanence la possibilité de faire des choses que vous ne pouvez pas faire avant d’avoir fini le jeu, dont le tutoriel de combat est un amas de textes froids, où les protagonistes sont mal introduits et où, plus généralement, on vous mâchera jamais le travail. 

Puis y’a plein de trucs qui sont relous niveaux ergonomie comme l’impossibilité de changer son équipe en dehors des points de sauvegarde est un poil frustrant (c’est parfois plus simple de « sacrifier » un perso pour changer d’équipier que de faire un A/R au point de sauvegarde le plus proche), les phases en pseudo RTS sont d’un terrible ininterêt et, ah oui, c’est aussi un jeu où les chocobos peuvent parfois se casser au milieu de vos promenades parce que fuck you vous laissant au milieu d’une plaine peuplées de monstres niveaux 99 qui sont placés là juste pour vous faire chier et buter vos trois personnages. Oh, et la caméra en combat elle sait parfois pas quoi faire. Moi ça va, j’ai pas facilement la nausée mais je peux piger que pour certains le fait de pas toujours très bien suivre l’action ça va faire mal.

Sans compter que y’a des fois où l’IA qui vous accompagne fait de la pure merde (Rem qui passera la moitié des combats à faire Conversion alors que ses PM sont déjà pleins, pourquoi pas faire MARIN KARIN tant que t’y es ???.) Enfin, j’avoue que y’a des chaînes d’événements qui te demandent énormément de choses mais qui te récompensent avec des pauvres potions de merde. Toute la quête autour d’Emina, par exemple, va vous forcer à acheter à prix d’or plein de cadeaux et votre récompense quand vous allez avoir fini cette storyline ? UNE MEGA-POTION. Ok, certes, le vrai attrait de tout ça c’était l’évolution de cette histoire et la possibilité de mater Emina en bikini parce que bon on a nos besoins parfois mais, quand même, pour un truc qui demande autant de temps et de suivi, on aurait aimé une pièce d’équipement un peu balèze, au minimum.

Mais bon j’ai pas fait la quête pour rien, alors voilà un screenshot

 

Bref, Final Fantasy Type-0 est exigeant et cumule plein de petits défauts avec lequel vous allez devoir vivre tout le long de votre partie. Mais derrière ça on a un jeu complet, riche, qui possède un univers profond et une intrigue qui sait se tenir de bout en bout malgré une mise en scène quasi anachronique. En tout cas j’y ai pris un pied monstrueux tout le long de mes vacances d’hiver et je suis chaud pour un second run car c’est un monde dans lequel je me suis complètement immergé, que j’ai appris à connaître, à aimer, à admirer et dans lequel je veux toujours en savoir plus. En bonus, il a su m’émouvoir quand je m’y attendais le moins. Bref, voilà, tel un Alpha Protocol, un de ces jeux que j’aime, qui sont un peu comme ces fruits moches vus de l’extérieur mais qui te proposent un goût unique, que tu trouves pas ailleurs.

PS: On en parle du thème de la world map qui est une version militaire et un peu mélancolique du thème des Chocobos

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