En route, mauvaise troupe !
Le pitch: l’Académie Seisho forme de nombreuses adolescentes à l’art et à la pratique du théâtre Takarazuka, qui leur impose une connaissance parfaite du chant, de la danse et de la comédie. On va y suivre la deuxième année d’études de la 99e promotion, qui vont passer leur année à se préparer pour la représentation de fin d’année d’une pièce nommée Starlight. Mais l’équilibre de la classe, déjà précaire, avec huit élèves qui ambitionnent de tenir le rôle principal au sein de cette pièce et se semblent se battre littéralement pour ça dans les sous-sols de leur établissement, va devenir encore plus compliqué le jour où apparaît Hikari, revenue de longues études en Angleterre…
- Studio: Kinema Citrus
- Réalisation: Tomohiro Furukawa
- Date de début de diffusion: 13 Juillet 2018
- Nombre d’épisodes: 12
- Disponible en France: Nulle part
Intégralement composé d’actrices, la revue Takarazuka fonctionne de manière très similaire à l’industrie des idols, où l’humain derrière l’artiste n’est pas invité à exister, où les membres de la revue sont invités à s’entre-déchirer pour les rôles principaux, et où la « vieillesse » vous amènera forcément sur le banc. Un monde impitoyable où en plus de vous demander de maîtriser à la perfection trois arts radicalement différents, tout est fait pour vous détruire humainement. Bref, comme beaucoup de milieux artistiques, tout le laid se cache sous un masque fait de sourires forcés et d’énergie feinte mais Revue Starlight débarque justement pour mettre les pieds dans la fourmilière. Et le faire avec style.
La production de la série fut notoirement difficile: on en était à peine au deuxième épisode de diffusé que déjà de nombreux membres du studio Kinema Citrus lançaient des supplications sur Twitter pour espérer recruter des animateurs au plus vite. Si vous ne le saviez pas, sachez que cela ne se voit pourtant pas une seule fois durant l’ensemble de la série, qui offre à de très nombreuses reprises des combats scéniques ahurissants, aussi ambitieux en terme que mise en scène qu’efficaces en terme d’intensité, de dynamisme. On regrettera presque que le meilleur des combats, le plus poseur, qui oppose l’héroïne ingénue Karen à la star implacable du groupe, Maya, arrive si tôt dans la série car derrière aucun autre échange de lames n’arrive à sa cheville, malgré de nombreuses idées originales, comme ce combat volontairement placé sous le signe de la noble comédie.
Mais au delà des prouesses d’animation et de storyboard, le visuel de Revue Starlight n’oublie pas qu’il nous parle de théâtre et, comme tout bon metteur en scène, utilise à la perfection ses décors. Que ce soit pour nous offrir des plans forts, accompagner les dialogues où, à l’inverse, se faire oublier quand le moment est venu de mettre le projecteur sur les actrices, les héroïnes. On notera d’ailleurs qu’aucun plan de la série n’existe sans au moins l’apparition d’un petit halo de lumière, rappelant que les projecteurs ne sont jamais bien loin et toujours dans l’esprit de nos héroïnes.
En parlant d’héroïnes: Revue Starlight se veut également un élément d’un gigantesque projet transmédia, qui inclut jeu vidéo mobile, manga, série animée et véritable pièce interprétée par les doubleuses-chanteuses des personnages. Et ici, pas de redite, chaque élément vient apporter quelque chose à l’univers. Et l’on ne va pas vous mentir: cela se ressent dans l’animé, qui a douze épisodes pour essayer de développer neuf personnages et n’y arrive pas toujours, en laissant même trois ou quatre sur le carreau. Ainsi, au revoir Futaba, Junna, Mahiru et Kaoruko, développées au minimum, vite oubliées par le récit. Un sacrifice nécessaire, sans doute, pour permettre que certains personnages comme Daiba Nana ou Maya Tendou puissent bouffer l’écran à leur place, chose normale pour des top stars.
Il y’a, en somme, beaucoup de choses à célébrer dans Revue Starlight. Non seulement la série se veut militer pour un théâtre Takarazuka plus sain dans son fonctionnement, qui remette l’humain au coeur de son processus créatif, mais le fait avec un travail visuel épatant, qui sait faire briller ce message avec une vraie fougue. Et là on l’on aurait pu craindre que Revue Starlight ne nous parle « que » de Takarazuka, on peut facilement généraliser son très positif message à la pratique de tous les arts car, après tout, si dans l’industrie mondiale du divertissement, si il n’y avait que dans le Takarazuka que ça allait mal pour les artistes, on le saurait.
Shoujo Kageki Revue Starlight
(4 / 5)
Excellent
Classe et élégant, Revue Starlight est une totale réussite visuelle, débordant d’un enthousiasme fécond, communicatif mais non naïf pour l’histoire du théâtre Takarazuka.
1 thought on “Shoujo Kageki Revue Starlight”