« Je déteste cette ville. »
Le pitch: Après avoir sauvé New York de ses propres animaux magiques, Norbert Dragonneau se retrouve coincé à Londres, interdit de quitter le pays. Ce qui est dommage car le terrible sorcier Grindelwald a réussi à s’évader et à s’installer à Paris dans le but de gagner en puissance, de conquérir le monde et de tuer tous les Moldus. Bien aidé par le charismatique Albus Dumbledore, Dragonneau va donc se retrouver dans la Ville des Lumières pour essayer de retrouver Croyance, un garçon qui pourrait devenir dangereux si manipulé….
- Un film de: David Yates
- Scénarisé par: JK Rowling
- Sorti le: 8 Novembre 2018
- D’une durée de: 2h12
Le meme veut que JK Rowling fasse tout depuis dix ans pour détruire son propre univers et, malgré les pièces de théâtre cheloues qui auraient du mettre une puce à mon oreille, je commence à comprendre d’où vient ce soupçon. Si en 2016, les Animaux Fantastiques était un film honnête, il restait une expérience popcorn, vite consommée et vite oubliée, qui n’avait que comme véritable attrait l’exotisme de jeter un oeil au monde des sorciers dans les Etats-Unis des années 30. Un monde assez crade, peu attractif: on était loin des escaliers qui en font qu’à leur tête ou des bonbons qui font grossir votre tête.
Mais force est de constater que cette série de films semble vraiment à tout prix rendre le Monde de la Magie le moins attractif possible: tout y est gris, tout le monde est un facho et maintenant on y découvre que le Albus Dumbledore des années 30 préférait les tailleurs des gentlemans clichés de l’époque aux robes de sorciers colorées qui feront sa gloire. Et plus on creuse, plus on a l’impression que la Magie bah ça embarasse Rowling et Yates plus qu’autre chose. Les créatures ? Jamais jolies, jamais merveilleuses, que des versions Tchernobyl d’animaux qui existent déjà. Les sorts ? On prononce de moins en moins leurs noms, et en 1930 tout le monde surabuse du Avada Kadavra, aussi simple à sortir qu’un Bonjour. Vous aviez aimé l’histoire d’amour entre une sorcière et un Moldu dans le premier film ? Dans le second, elle drogue son mari et vire néonazie parce qu’elle peut pas se marier avec lui. Quant à Dragonneau, il se fait balader de scènes en scènes au gré du scénario mais ne semble jamais exprimer une motivation à faire ce qu’il fait. Quant aux animaux fantastiques qui donnent le nom à la franchise, oubliez-les, ils apparaissent cinq minutes par heure pour remplir le cahier des charges mais ne jouent aucune espèce d’importance dans l’intrigue.
Car Les Crimes de Grindelwald c’est un film qui ne s’intéresse qu’à deux personnages, deux personnages qui bouffent l’écran et font en sorte qu’aucun autre ne puisse briller à leur place: Albus Dumbledore et Gellert Grindelwald. Tout tourne entre leurs doigts, tout tourne autour de leur relation et tout tourne autour d’un combat « bien contre mal » qu’ils représenteraient. Alors, certes, on essaie de développer d’autres personnages secondaires comme la fille Lestrange ou Croyance, mais encore une fois tout tourne non pas autour de ce qu’ils sont eux mais autour de ce qu’ils sont par rapport à Dumbledore et Grindelwald. Les deux hommes sont omniprésents mais paradoxalement pas tant présents que ça à l’écran. Et, surtout, ils ne font au final pas grand chose: en 2h20 de film, on en arrive à une situation… pas si intéressante que ça. Au final tout ce que Grindelwald a fait c’est tuer trois civils, donner un discours et récupérer Croyance, ce qui aurait pu être fait en dix minutes.
Les Crimes de Grindelwald ne raconte donc rien de très passionnant mais, le pire, c’est qu’il le raconte mal, avec une mise en scène catastrophique. Le film démarre ainsi sur une scène d’évasion aérienne proprement illisible, jonchée de gros plans en mouvement qui rendent impossible de comprendre clairement le déroulé d’autant que, pour nous faire plaisir, on y ajoute plein d’éclairs et de bruits de tonnerre. Le reste du film est heureusement plus lisible mais c’est entre autres parce que des scènes de combat et d’action… il n’y en a que peu. A la place, c’est des dialogues platement mis en scènes, sans aucun plan réellement travaillé, où tout est sombre, laid. Le film se déroule à Paris mais les spécificités de la ville ne sont jamais exploitées, jamais mises en valeur: retirez les cinq plans sur la Tour Eiffel et le film aurait pu se passer de la même façon à Edinbourg, Bruxelles, Madrid, Manhattan, Kaboul…
Les Crimes de Grindelwald représente au final bien les tares de ces franchises de cinéma qui veulent s’écrire comme des séries. Tout dans ce film est là pour faire transition à. On pose en permanence des éléments qui n’ont aucun intérêt concret dans le film mais qui en auront peut-être dans les trois suivants. Il n’y a que peu d’action, aucun moment fort, tout n’est que réserve « pour plus tard. » Ce n’est pas un film, juste un checkpoint dans un jeu d’arcade. Un long et pénible checkpoint de 2h20.
Les Crimes de Grindelwald
(0,5 / 5)
Mauvais
Aussi ennuyeux qu’un cours d’Histoire de la Magie, ce second volet des Animaux Fantastiques n’a pas grand chose pour lui. Filmé à la truelle, inintéressant sur tous les points, il tente de raconter en deux heures une histoire qui n’intéresse même pas son propre protagoniste, grand dadais qui se fait balader pendant 2h20.