Un zeste d’excès
Le pitch: Natsuo est un lycéen secrètement amoureux de sa prof, Hina. Un jour, il fait la rencontre de Rui, une autre lycéenne qui lui fait la requête, à sa grande surprise, d’avoir du sexe avec elle. La nuit consommée, Natsuo apprend le remariage de son père. Et quelle surprise: Hina et Rui sont les deux filles de la personne que son père à choisi d’épouser ! Comment Natsuo va t-il gérer le fait de devoir vivre au quotidien avec la fille qu’il aime secrètement et avec celle avec qui il a couché ?
- Nom original: Domestic na Kanojo
- Scénario, dessin: Kei Sasuga
- Début de publication: 23 Avril 2014
- Magazine de prépublication: Weekly Shonen Magazine (Kodansha)
- Nombre de tomes à l’heure actuelle: 22 (Japon) ; 12 (France)
- Toujours en cours ? Oui
- Disponible en France ? Delcourt-Tonkam
Ce qu’il y’a de fascinant avec les nombreuses romcom du Weekly Shonen Magazine c’est cette capacité à durer des vingtaines de tomes sur des intrigues à priori simple et tous les efforts que font les auteurs pour allonger leurs œuvres. Domestic na Kanojo est un bon exemple en la matière puisqu’on démarre avec un triangle amoureux qui se fait plaisir sur les tags (Hina qui cumule « stepsister » et « teacher », ça en ferait cliquer plus d’un sur les sites dédiés) et vingt tomes plus tard on est en train de voir notre héros devenu étudiant apprendre à gérer sa première relation à distance, mal le vivre, mettre en hiatus sa carrière d’écrivain pendant que l’une de ses soeurs se remet à peine de sa rencontre avec un stalker et que l’autre est à New York pour faire de la cuisine. Ah, et il a brisé le coeur de cinq ou six filles entre temps.
Comme ça sur le papier, ça paraît ridicule et ça donne même à la série une image de feuilleton à l’eau de rose, à la Plus Belle la Vie, les aliens et les démons en moins, mais dire que l’on a pris du déplaisir à lire toute cette escalade serait mentir. Car Domestic na Kanojo reste avant tout une oeuvre tellement facile à lire. Chaque chapitre est l’assurance de nombreux événements, de nombreux rebondissements, tous assez rocambolesques. Mais rarement incohérents ! L’art du cliffhanger est respecté, et l’on se surprend souvent à s’enquiller les tomes, les chapitres, sans trop sourciller.
En vrai, la grosse surprise derrière Domestic na Kanojo c’est que derrière ses intrigues romantiques parfois situées sur un autre plan astral avec ses retournements souvent tirés par les cheveux, c’est une oeuvre qui, à l’occasion, sait se montrer juste. Quand il s’agit de dépeindre une vie de jeune couple, le manga se révèle extrêmement efficace, que ce soit pour montrer le désir qu’il peut y’avoir au début d’une relation, mais aussi les mésententes maladroites, l’apprentissage compliqué de la communication de couple.. et les jolis petits moments du quotidien.
Ces petites joies simples et ces adorables querelles de jeune couple, elles sont d’autant mieux transmises par le fait que visuellement, le style est vraiment réussi. Pas forcément flamboyant à première vue, le coup de crayon de Sasuga Kei permet très rapidement aux personnages de complétement s’exprimer, parfois via des gueules ou des styles très exagérés, que ce soit quand le héros fond littéralement de honte ou bien quand Rui cherche à montrer son agacement de manière très subtile. Ce style visuel ou tout le monde est joli et expressif est donc le bienvenue. Et je vous parle pas trop en détail des quelques scènes de sexe qu’on trouve durant le récit, où ce style très expressif aide particulièrement bien à développer l’érotisme des situations. On se fait plaisir !
Après, soyons clairs: Domestic na Kanojo c’est une œuvre qui se disperse énormément et ça peut en énerver plus d’un. Si vous acceptez l’idée que l’histoire liée au triangle amoureux des héros va durer très longtemps et que le manga est surtout découpé en de nombreux « mini-arcs » qui développe un large casting, vous saurez bien le vivre. Car attention: le manga introduit énormément de personnages secondaires divers et variés, chaque personnage secondaire a son mini arc et ils ne sont pas tous de qualité semblable ! Parfois ça peut être très cliché mais savoir les retourner pour raconter quelque chose de joli, parfois ça ne raconte rien et c’est juste prétexte à de l’humour ou de l’érotisme fort classique, parfois ça peut même avoir une conclusion nulle de nulle (genre la lesbienne qui réprime son amour pour sa pote afin de rester pote ??.)
Mais tout ça résume finalement bien Domestic na Kanojo: c’est une oeuvre qui part dans toutes les directions pour tirer à la mitrailleuse sur tout ce qui passe. Ca essaie d’aborder des sujets « tabous » du shonen: ça parle de sexualité, de drogue, d’homosexualité, de dépression. Et parfois sur ces sujets ça touche juste, parfois ça fait des tirs amis. C’est souvent maladroit, parfois un peu débile, de temps en temps juste et touchant. Une étrange mixture, donc.
Love X Dilemma (Domestic na Kanojo)
Critique après la lecture de 223 chapitres:
(2,5 / 5)
Sympa
Un joyeux bordel romantique avec autant de points faibles que de points forts, autant de réussites que d’échecs, autant de petits bonheurs que de légères frustrations: Domestic na Kanojo n’est jamais désagréable, souvent plaisant à lire mais pas assez régulier pour être enthousiasmant de fond en comble.