Kirito dit, Kirito fait
Le pitch: Alors que Kirito, notre auguste héros, se fait planter par un gars dans une rue, son esprit est envoyé au sein d’une simulation informatique nommée l’Underworld. Dans ce monde d’héroic-fantasy à but expérimental, il va faire la rencontre de Eugeo, vaillant bucheron qui rêve un jour de quitter son métier pour partir à la recherche de Alice, une de ses amies d’enfances kidnappées quelques années plus tôt par un chevalier…
- Studio: A-1 Pictures
- Réalisation: Manabu Ono
- Date de début de diffusion: 7 Octobre 2018
- Nombre d’épisodes: 24
- Adaptation ? Oui (Light novel par Reki Kawahara & abec)
- Disponible en France ? Wakanim
Je l’ai jamais vraiment caché mais je préfère avouer tout de suite que, oui, j’ai un certain affect pour l’univers de Sword Art Online. Alors oui, c’est une série souvent maladroite, qui accumule autant les purs moments de gêne que les petits éclairs de génie de ci de là. Une franchise populaire, facile à critiquer ou à aimer, dont la vraie force est de savoir constamment se renouveler à chaque arc, expérimentant pas mal de choses différentes, pour le meilleur (Mother’s Rosario) comme pour le pire (Phantom Bullet.)
Mais Alicization détonne d’emblée au sein de la franchise car là nous ne sommes plus dans la simple expérimentation ou le simple changement de cadre. Avec deux saisons de 24 épisodes qui lui sont entièrement dédiés, Alicization se veut être un arc ambitieux, qui va pousser notre héros, Kirito, dans ses derniers retranchements et introduire un tout nouvel univers, qui fait table rase de tout le reste, comme pour donner un nouveau départ à toute la franchise. Comme si tout le reste jusqu’ici n’était qu’une sorte d’échauffement.
Et à nouveau départ, nouvelle équipe: Tomohiko Itô quitte le bateau pour laisser sa place à Manabu Ono, et d’emblée les différences se remarquent. Moins de fanservice rajouté par rapport à l’oeuvre d’origine, une nouvelle manière de mettre en scène les combats, un chara-design plus épuré: les changements sont bienvenus dans un arc qui se voulait déjà être, dès l’époque du webnovel, une montée de Sword Art Online dans le souvent sinistre. Car la force de Alicization est bel et bien son univers, l’Underworld, une simulation informatique peuplées d’IA qui ignorent complètement l’existence d’un monde extérieur au leur, et pour qui les lignes de code parfois prononcé par des personnages sont de la magie pure et dure. Sans aller jusqu’à dire que Alicization révolutionne complétement la manière de dépeindre des univers numériques, l’idée est suffisamment fraîche et bien exploitée pour régulièrement nous surprendre.
Mais Sword Art Online c’est aussi des bastons et dans Alicization régalez-vous: Kawahara semble avoir lu Bleach peu avant d’écrire cet arc et est à fond pour vous proposer un pur shonen de bagarre avec libération des épées, coups spéciaux et autres pouvoir de la volonté ! Cela donne des combats intenses, qui bénéficient d’une mise en scène soignée et lisible, et qui savent donner de l’importance au cool. On pourrait presque craindre un « trop plein » de combats – la seconde moitié de cette première saison contient une petite dizaine d’affrontements, rien que ça – mais les pouvoirs des combattants sont suffisamment variés pour que faire fuir toute forme de lassitude.
On mettra aussi en avant les deux nouveaux personnages principaux introduits dans cet arc, qui parviennent la difficile tâche de faire de l’ombre au très encombrant Kirito: que ce soit Alice, la paysanne badass au destin tragique, ou Eugeo, fier sidekick plutôt malin, ces deux personnages amènent de nouvelles dynamiques au sein de l’univers, permettent au personnage de Kirito de connaître quelques évolutions bienvenues, et ont tous deux une destinée assez surprenante. Et Alicization ne se contente pas de rajouter Alice & Eugeo, mais on y trouve aussi – fait rare – un bon antagoniste, en la présence de Quinella. Un personnage atteint d’un complexe de Dieu assez démesuré, qui a su manipuler tout son monde grâce à son intelligence et possède un charisme naturel assez élevé, bien aidé par un design assez fou et la douce voix de Maaya Sakamoto.
Néanmoins, tout n’est évidemment pas rose dans cet espace virtuel où tout apparaît tellement réel: l’écriture reste globalement assez datée – le webnovel original date d’il y’a douze ans -, et beaucoup de maladresses de l’époque sont toujours tel quel dans le récit. Que ce soit l’abus de scènes mettant en scène des violences sexuelles ou la conclusion un peu abrupte à l’arc narratif de certains personnages qui avaient un potentiel extrêmement élevé, tout n’est pas incroyablement maîtrisé et quelques modifications pour mieux adapter Alicization à son époque auraient été bienvenues. D’autant que malgré 24 épisodes, l’adaptation défile à vitesse grand V – surtout sur la fin -, donc quelques modifications pour permettre au rythme de se calmer un chouia aurait là non plus pas été du luxe.
Autre point toujours un peu décevant: mis à part un excellent main theme, Yuki Kajiura reste assez discrète au niveau de la bande originale, qui ne transcende jamais vraiment le spectateur. C’est d’autant plus dommage que à côté les génériques défoncent. Adamas ? Un des meilleurs génériques récent, tout simplement.
Sword Art Online: Alicization
(3,5 / 5)
Très bien
Le changement d’équipe a fait du bien à Sword Art Online qui sait trouver dans Alicization un véritable nouveau souffle, à la mesure des ambitions nouvelles que la franchise amène avec ce très gros arc. Cela offre un divertissement bien ficelé, avec un univers pour une fois bien exploité, ce qui amène quelques franches bonnes idées. A voir maintenant dans six mois vers quelle direction la seconde partie se dirigera mais, en attendant, cette première partie a su proposer le meilleur de SAO.
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