Pop N’Nuisible
Le pitch: … C’est compliqué mais une lycéenne est possédée par un esprit nommé Boogiepop qui veut détruire les « ennemis de l’humanité. » Pour schématiser très simplement.
- Studio: Madhouse
- Réalisation: Shingo Natsume
- Date de début de diffusion: 4 Janvier 2019
- Nombre d’épisodes: 18
- Adaptation ? Oui (Light novel de Kouhei Kadono et Kouji Ogata)
- Disponible en France ? Oui (Wakanim)
Choix intéressant du label Dengeki Bunko qui pour son 25e anniversaire décide de ressortir Boogiepop du placard et de lui offrir une nouvelle adaptation animée, près de vingt ans après la première adaptation que, hélàs, je n’ai pas vu donc ne vous attendez pas à des efforts de comparaisons: prenons ce Boogiepop and others seul. Une série qui se cale dans un créneau très délaissé (l’horreur psychologique), où la demande commence à être forte. Rajoutez le fait de voir le très talentueux Shingo Natsume (One-Punch Man, ACCA) a la réalisation et vous pourrez donc comprendre à quel point les attentes autour de cette série pouvaient être fortes.
Ce qu’on ne pourra certainement pas reprocher à Boogiepop c’est sa capacité à mettre une ambiance qui lui est propre. Dès le premier épisode, on est poussé devant une histoire qui est racontée de manière volontairement décousue, dans un ordre non seulement non chronologique mais qui peut même sembler complétement aléatoire. Malgré cela, tout cet arc nattarif réussit le miracle à nous rendre confus sans jamais totalement nous perdre: malgré ce déroulement d’apparence anarchique, on termine chaque épisode avec un vrai sentiment de compréhension, sans s’être senti si exclu que ça. Cette narration décousue elle n’est donc pas que stylistique, elle contribue énormément à nous mettre dans le même sentiment de perte et de confusion que la majorité des personnages. Pas une mauvaise idée, d’autant qu’elle est bien exécutée.
Mais disons le tout de suite, le souci de Boogiepop c’est son découpage en arcs. Ce n’est pas ce découpage lui-même qui pose problème mais plus l’irrégularité complète de ces arcs en terme de qualité. Si le premier arc est une introduction solide, on part ensuite sur un second arc, Vs Imaginator, qui n’est pas toujours extrêmement plaisant à suivre, la faute à un rythme lent et des personnages pas toujours très intéressants. C’est un arc qui ne décolle qu’à la toute fin, à notre grand regret.
Mais ensuite on embraye sur le troisième arc, Boogiepop At Dawn, qui a eu la particularité d’avoir été diffusé d’un seul coup la même soirée, et on sent très vite que c’est l’arc sur lequel les ambitions de l’équipe de réalisation ont été le plus élevées. Chara-design radicalement différent, rythme plus péchu, dialogues mieux mis en scène, action, drame, tragédie, horreur: on trouve dans cet arc tout ce que Boogiepop sait faire de mieux. Quel dommage, donc, de suivre et de conclure avec un quatrième arc – Overdrive – qui se conclut en tire-bouchon, malgré quelques idées séduisantes (des personnages secondaires qui vivent des rêves très intenses), mais qui n’aboutissent pas sur quoi que ce soit de très concret.
Par contre, qu’est-ce que le Boogiepop éponyme est charismatique. La série le sait, et en joue pas mal: c’est un personnage qui apparaît finalement très peu durant la série, donc chaque apparition est d’autant plus belle que non seulement on l’attendait avec impatience mais qu’en plus elle est souvent synonyme de bottages de cul sur fond de musique classique doucement sifflotée. Tout le personnage a une vraie aura, de son costume emblématique jusqu’à sa douce voix traînante, qui permet à la définitivement talentueuse Aoi Yuuki de partir dans des gammes qu’on lui ignorait jusque là. Du coup, les autres personnages principaux paraissent tout de suite plus ternes, d’autant que leur chara-design ne sont guère flamboyants: on appréciera par exemple le personnage de Nagi mais c’est bien la seule qui arrive à ne pas se noyer dans l’ombre du Boogiepop.
Je suis donc au final étrangement mitigé sur Boogiepop: beaucoup d’épisodes ont été un énorme plaisir, d’autres m’ont poussés dans un ennui complet. La série ne manque pas de qualités techniques, se défend excellemment bien d’un point de vue musical – la bande originale ainsi que les génériques défoncent vraiment -, mais reste l’adaptation d’une œuvre datée de vingt ans qui n’a pas forcément toujours bien vieillie, et dont le propos n’a pas forcément été si modernisé que ça. Le soin apporté est certain, l’ambiance reste réussie, mais au final on termine la série avec un profond sentiment d’inachevé et beaucoup trop de questions en suspend.
Boogiepop and Others
(2,5 / 5)
Sympa
Boogiepop est un cas compliqué: l’adaptation fait preuve d’un vrai soin et sait rendre hommage à ce vénérable light novel de la fin des années 90. Mais en même temps, la série souffre de sa volonté de proposer une ambiance différente à chaque arc, certains étant nettement moins réussis que d’autres. L’arc Boogiepop At Dawn reste profondément recommandé.
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