On n’épice que deux fois
Le pitch: La ville de Sorasaki, cité balnéaire japonaise typique, baigne dans le calme et la paix depuis des décennies. La raison à cela ? Une organisation secrète, Tsukikage, protège la ville, dans l’ombre, des exactions de criminels en tout genre. Si Tsukikage n’est composé que de lycéennes, elles vont rapidement être rejointes par une nouvelle membre, la très dynamique Momo. Une aide qui ne sera pas de trop pour contrecarrer les plans de la maléfique organisation Moryo…
- Studio: Lay-duce
- Réalisation: Akira Satou
- Date de début de diffusion: 7 octobre 2018
- Nombre d’épisodes: 12
- Disponible en France: Chez personne ? Personne.
Release the Spyce est un projet incongru sous pas mal d’aspects: un animé original qui se veut être une lettre d’amour aux films d’action et d’espionnage, des James Bond au Mission Impossible, tout en y ajoutant une touche moe grâce au chara-design signé Natori (YuruYuri) et en invoquant Takahiro à l’écriture, auteur de Akame ga Kill et de Yuuki Yuuna, un homme habitué à donner dans le grave, le gore, le cruel et parfois les trois à la fois. Un projet d’autant plus intriguant qu’il débarque un an après Princess Principal, autre projet d’espionnage au féminin: si cela signifie un boom des animes d’espionnes, écoutez, ça ne serait pas une mauvaise chose.
Mais là où Princess Principal tentait une grande ambition en terme d’univers – avec la construction d’un Londres uchronique divisé en deux, dans lequel nos espionnes doivent trouver leur place -, Release the Spyce va d’amblée se la jouer beaucoup plus cool, en se centrant avant tout sur un Japon contemporain classique, avec ses lycéennes en uniforme, ses festivals d’été et ses nombreuses rues commerçantes. Quand les héroïnes passent à l’action, c’est dans un costume empruntant aux ninjas qu’elles partent en route, bref, le terrain ici il est connu, et Release the Spyce possède une ambition bien moindre, se donnant pour simple objectif celui de bien faire.
Car soyons clairs, en terme de fiction d’espionnage, Release the Spyce est dans un chemin balisé, duquel il ne sort que peu. Sorti de l’originalité du concept (« des lycéennes qui protègent la ville et se droguent consomment des épices pour se battre »), on y retrouve le B-A-BA du genre: des grosses bases secrètes à explorer, des hommes de main haut en couleur et même un compteur final stoppé dans les toutes dernières secondes. Chaque titre d’épisode fait référence à un film d’espionnage connu et les principales originalités viendront du casting, où les héroïnes devront combattre des lolis spécialistes en arts martiaux ou une fille viking un peu délurée. Il y’a aussi une histoire de « traître » au sein de l’équipe, qui nous est teasé en permanence dès l’épisode 1, et amène à une conclusion satisfaisante, même si là aussi typique des codes du genre.
En réalité, ce qui intéresse le plus les auteurs de Release the Spyce, cela va être le développement des six membres de Tsukikage, là aussi une ribambelle d’archétypes assez classiques entre Momo la novice genki, Hatsume l’inventrice pleine de ressources, Fuu la tsundere, Mei la désaxée, Goe la grande timide et Hanzo la mentor parfaite. Chaque personnage aura son épisode de gloire, leurs caractères vont être modifiés par les événements de la série. Du terrain connu, en somme, mais ça n’empêche pas le studio Lay-duce de bien faire son taf, avec quelques jolies scènes à l’occasion – on pense ainsi à la séquence de rage dans l’épisode de Goe, qui va défoncer une brochette de gardes en noir sur une musique pas dégueulasse.
Car la vraie grande qualité de la série, elle va surtout se trouver dans la bande originale, composée par Ryouhei Sataka, qui trouve là son premier taf dans le monde de l’animation et nous vend déjà pas mal de promesses, avec des mélanges réussis de dubstep, de basses démentes et de guitares à foison. Les deux génériques ne sont pas en reste, avec un opening immédiatement addictif, qui brille là aussi par la qualité de sa basse.
On y trouve également quelques bonnes bastons, animées entre autres par Shohei Nishijima, animateur qui va pas mal s’éclater en nous proposant des personnages bondissants, constamment en mouvement. Enfin, dernier point: si Takahiro à l’écriture nous laissait craindre le pire niveau sang et violence, il est au final plutôt sage ! Néanmoins, Release the Spyce est loin d’être bon-enfant: derrière son cool et ses couleurs, l’univers de la série peut se montrer parfois très sombre le temps de quelques secondes de ci de là, aussi bien pour nous montrer frontalement des victimes de prostitution que pour faire gicler le sang lors de certains combats, proche de la fin. La série reste, dans l’ensemble, assez légère, mais ces scènes un peu dissonantes tendent à nous rappeler la triste réalité, ce qui peut être déstabilisant, parfois un peu de mauvais goût.
Release the Spyce
(2,5 / 5)
Correct
Très classique dans son intrigue – au point de ne proposer aucune réelle surprise mis à part l’identité de son « traître » – et trop sage dans son utilisation des archétypes, Release the Spyce reste un divertissement plus que satisfaisant grâce à ses chouettes combats, son casting agréable, ses bonnes références et sa bande originale gaga. En somme, la série aurait vraiment gagné à prendre confiance en elle et avoir un poil plus de piquant dans sa recette.
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