Et bonne anémie bien sûr
Le pitch: Yukihira Sôma travaille en tant qu’apprenti dans le restaurant de son père. Mais un jour le restaurant ferme et Sôma est envoyé à l’académie Tootsuki, une académie qui est vouée à former l’élite mondiale des arts culinaires. Malgré ses goûts excentriques, Sôma saura t-il briller dans le monde figé et guindé de la gastronomie ?
- Nom original: Shokugeki no Sôma
- Scénario, dessin: Yûto Tsukuda (Ecriture), Shun Saeki (Dessin)
- Début de publication: 26 Novembre 2012
- Magazine de prépublication: Weekly Shonen Jump
- Nombre de tomes à l’heure actuelle: 35 (Japon) ; 29 (France)
- Toujours en cours ? Non
- Disponible en France ? Delcourt-Tonkam$
Après presque sept ans de prépublication, voici l’heure de la fin pour Shokugeki no Sôma, un manga qui m’a rapidement happé, rapidement séduit et qui a longtemps été un de mes mangas favoris du magazine. Car la proposition de Sôma était finalement simple: prendre les codes du shonen de baston, les appliquer à un milieu culinaire qui permet de fournir des plats et des situations variées, avec des personnages simples mais funs, facile à suivre. Non, vraiment, Shokugeki no Sôma a souvent été la source d’un panard régulier, une série qui m’a souvent autant amusé qu’affamé, et qui m’a permis de voir que tosh était un bien meilleur dessinateur de shonen que de hentai, ce qui était pas forcément très évident.
Mais là, à l’heure actuelle, c’est finalement difficile pour moi de voir Shokugeki no Sôma sous un beau jour car il est coupable d’un crime. Un crime certes commun dans le monde des shonens hebdomadaire, mais un crime tout de même: celui d’avoir duré trop longtemps. On peut ainsi diviser Shokugeki no Sôma en environ trois parties bien distinctes: la première partie c’est celle où Sôma tente de survivre au sein de l’académie Tootsuki, où il va devoir faire affaire à des affrontements réguliers contre d’autres élèves mais aussi à des situations extrêmement variées de mise en situation: tenir un stand de bouffe, faire un stage dans un restaurant gastronomique… Cette première partie est de loin la plus enthousiasmante du manga, le rythme est bien fichu, les combats de nourriture ont vraiment un bon suspens, les plats montrés sont aussi crédibles qu’appétissants, en somme on s’amuse bien.
La seconde partie, c’est un grand arc narratif qui, prenant dix tomes à lui seul, va voir Sôma et ses amis essayer de sauver l’école et leur amie Erina d’un nouveau directeur qui foule du pied les « vraies » valeurs de la cuisine pour préférer celle du profit et de la conformité. Sôma gagne alors en ambition, propose des enjeux plus élevés, un arc narratif beaucoup plus tenu… et un très long tunnel de combats culinaires qui en lassera plus d’un. Déjà les premières maladresses d’écriture – comme par exemple ce Shokugeki aux enjeux ahurissants mais ignorés complétement dès la fin du match – mais après 25 tomes on se dit « eh, ça arrive, puis c’est l’arc final après tout, ils commencent à être à bout de souffle. »
Sauf que voilà, troisième partie: ce n’était pas l’arc final. Voici un arc final encore plus final, où Erina est encore plus une victime, où des méchants sortis de nulle part explosent tous les personnages qu’on a vu grandir pendant 31 tomes, les combats de nourriture deviennent des combats de qui c’est qui a les pouvoirs culinaires les plus abusés (« ELLE FAIT DE LA GASTRONOMIE AVEC UNE TRONCONNEUSE, C’EST POUR CA QUE TOUT EST SI BON ».) Bref, on perd toute connexion avec le réel, les enjeux sont guère passionnants, les combats de nourriture vont beaucoup trop vite et on ne sait même plus si c’est une bonne chose ou pas vu que de toute façon il n’y a plus que des combats de nourriture dans la série. Du développement de personnages ? Y’en a plus. Des moments qui demandent à nos personnages des compétences culinaires sans que ce soit des combats ? Faut stopper l’envie d’être original ! Des passages plus rigolos ? L’humour est mort, Dave.
Personne ne voulait ce dernier arc sauf peut-être la Shueisha, qui voyait que Sôma continuait à bien se vendre. Pourquoi leur reprocher de récupérer la thune là où elle est ? D’où un arc complétement improvisé, qui ne passionne ni les lecteurs ni les auteurs, qui suit un arc qui aurait lui-même très bien servi de conclusion à l’ensemble de la série. Mais du coup, quel manque de respect. Avec son chapitre final qui n’amène même pas la moindre conclusion, l’injure est haute. On dit souvent qu’une bonne conclusion est nécessaire pour apprécier une œuvre, mais pour avoir une bonne conclusion, il faudrait déjà une fin, une vraie !
Food Wars!
(2,5 / 5)
Sympa
Comptez trois étoiles et demi pour les quinze premiers tomes, trois étoiles pour les quinze suivant et une demi-étoile pour les cinq derniers. Oui ça en dit long sur la chute ahurissante de qualité de Food Wars dans son dernier relais, et rappelle que quand on fait un shonen pendant sept ans, bien le terminer est la moindre des choses. Merci la Shueisha, t’as tout gâché !