Indivisible

Diviser pour rogner

Le pitch: Alors que le village de la jeune Ajna vient d’être brulé par une armée maléfique dirigée par le vil Ravannanar, celle-ci se découvre d’étranges pouvoirs qui lui permettent d’invoquer différents compagnons. Ses pouvoirs, dont elle va chercher tant bien que mal l’origine, lui permettront entre autres de peut-être essayer de sauver le monde contre les différentes forces du mal…

  • Studio: Lab Zero
  • Sortie: Octobre 2019
  • Support de sortie: Partout

Annoncé en 2015, le projet Indivisible aura eu une gestation plutôt compliquée, démarrant par une campagne de financement participatif sur Indiegogo qui aura eu du mal à convaincre et décoller, mais aura su atteindre son objectif au tout dernier moment. Nous voilà donc, enfin, quatre ans après cette campagne a pouvoir assister à la sortie officielle du jeu et on va être très clair: si Indivisible est un jeu ambitieux, il a beaucoup de mal à assumer ses promesses.

Ainsi, il est difficile de classer Indivisible dans un genre bien précis tant il mélange de styles différents – on y trouve un RPG au système de combat basé sur le rythme et les combos, empruntant beaucoup à l’expérience du développeur sur son jeu précédent, Skullgirls. Mais en dehors des combats le jeu se veut être surtout un jeu de plates-formes et d’exploration à la Metroid, où les cartes traversées se révèlent au fur et à mesure des pouvoirs que débloque l’héroïne. Sachant que plus le jeu avance, plus le jeu va être exigeant en matière de plate-forme, vous demandant d’enchaîner les techniques pour grimper en haut d’une montagne où vous attends le boss final. Indivisible c’est le carrefour de tonnes de trucs qui se côtoient finalement peu d’habitude, et c’est un mélange qui pourrait être séduisant… si chaque branche de gameplay était de qualité acceptable.

Ainsi je vais vous mentir: j’ai pris énormément de déplaisir sur les nombreuses phases de plates-formes. Des phases qui sont mine de rien plutôt exigeantes, exigeant une vraie précision et reposant sur la maîtrise d’une quantité ahurissante de techniques avec près d’une quinzaine qui vont se disposer bon gré mal gré sur les touches de votre manette. Alors quand dans la fin du jeu on nous demande pendant presque une heure d’enchaîner de manière inlassable les tableaux de plate-forme, la lassitude ressentie et les erreurs souvent dues à la confusion des touches viennent faire en sorte que le plaisir n’est plus vraiment là.

En règle générale, le jeu souffre vraiment de cette envie de trop en faire. Peuvent ainsi rejoindre dans notre équipe une vingtaine de personnages, tous avec des styles de combat variés. Que ce soit le personnage centré autour du soin, celui qui va vous demander de maîtriser comment jongler en l’air les groupes d’ennemis ou bien ce personnage qui possède deux gameplay différents selon sa forme, il pourrait y’avoir un vrai plaisir à essayer de maîtriser le plus de personnages possibles… sauf que le jeu ne dure qu’une vingtaine d’heures environ, donc vous n’avez pas vraiment le temps de maîtriser tout le monde.

Cet afflux de nombreux personnages jouables – qui ont tous des chara-designs vraiment sympas – il est d’autant plus frustrant que finalement peu d’entre eux sont vraiment développés. Le jeu passe ainsi son temps à accumuler les personnages qui viennent rejoindre votre équipe, mais n’en passe que très peu à vraiment les développer. Alors ils sont là, ils sont jolis, ils existent… mais ils ne pèsent souvent que peu dans l’intrigue, centrée sur la jeune héroïne, Ajna !

En soit l’intrigue du jeu est relativement simple et si elle ne brille jamais vraiment, elle n’est pas pour autant désagréable à suivre, même quand on comprends bien qu’on contrôle une héroïne qui prend clairement de mauvaises décisions (qu’elle va payer plus tard, très logiquement.) On se plaindra juste du peu d’environnements existants, qui bénéficient tous de cartes gargantuesques (et composées de beaucoup trop de couloirs peu intéressants à parcourir) qui nous lassent là également plutôt rapidement.

Plus largement, l’univers manque de vie, de naturel: les PNJ semblent être soit des personnages rejetés soit des personnages dessinés par les plus gros donneurs de l’Indiegogo et disent tous des choses qui n’ont aucun sens dans le contexte où ils sont placés. Les zones ne sont pas agréables à parcourir ou reparcourir mais pourtant le jeu va souvent vous imposer de refaire des phases de plate-forme que vous avez déjà fait, la faute à une absence totale de raccourci ou même de simples points de téléportation pour retourner à des endroits déjà explorer. On perd énormément de temps dans Indivisible à faire ce qu’on a déjà refait.

Autre souci qui m’a pas mal ennuyé: la flemmardise autour des monstres qui peuplent les cartes du jeu. Vous retrouverez très souvent les mêmes monstres recoloriés et leur niveau s’adaptera toujours au votre, ce qui signifie que peu importe que vous gagniez en puissance, vous prendrez toujours le même temps pour défoncer le même monstre. Vous faites dix fois plus mal ? Ils ont dix fois plus de PV. Certes, plus on avance plus on est familier avec le très exigeant système de combat – qui ne manque pas d’attrait – et donc plus on est efficace pour démontrer des monstres mais, encore une fois, beaucoup de temps perdu à refaire des choses.

Alors, après, Indivisible a quelques atouts: sa direction artistique est toute jolie, avec des personnages qui marquent l’oeil et des inspirations bouddhiques bienvenues dans la création des personnages. L’OST par Hiroki Kikuta ne manque également pas de brillance, avec quelques thèmes bien vus. Bref, Indivisible est un jeu où tu sens la passion de ses créateurs, et tu sens leur générosité. Tu sens qu’ils se sont fait plaisir à créer ce jeu et sont fiers de ce qu’ils ont proposés. C’est donc d’autant plus triste de constater que sur les vingt heures que j’ai passé sur ce jeu, j’en ai passé une quinzaine à pester soit sur les phases de plates-formes qui ne sont pas suffisamment bien calibrées pour être plaisantes, soit sur certains boss qui demandent des méthodes un peu absconses pour être passés, soit sur l’exploration interminable des cartes qui sont beaucoup trop vastes et beaucoup trop vides pour être plaisantes à visiter.

Indivisible

1.5 out of 5 stars (1,5 / 5)
Meh

Indivisible veut faire trop de choses et, tristement, est moyen, voire même parfois déplaisant, dans tout ce qu’il fait. Ça laisse un sentiment négatif en bouche, le sentiment de jouer au prototype d’un jeu beaucoup plus réussi si il avait pu être plus travaillé.

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