Mangarama assassin et sentimental
Ptet que je vis un printemps super animé mais ça va pas m’empêcher de lire des mangas et de les lister sur Néant Vert tout en donnant mon forcément très pertinent avis.
Donc c’est un mangarama donc concept simple: j’évoque des lectures récentes et marquantes. Pas de spoiler. Juste l’envie de partager. Comme j’ai les yeux qui piquent (j’ai bien mangé 1) je vais pas allonger inutilement cette intro et partons directement dans du gros shonen mainstream fraîchement terminé.
Note: une partie de ces mangas, je dois leur lecture au dossier manga romantique que Sebastien Ruchet nous a offert dans le n°29 de LOLJAPON. Si vous voulez plein de titres intéressants, c’est par ici, peu après le début de la troisième heure d’émission.
Assassination Classroom
Y’a des oeuvres comme ça, tu les commences, tu trouves ça top puis arrive un point où tu te dis « ouais non c’est pas si top en fait », tu les laisses tomber puis tu reviens vers elles une fois que des ponts ont bien coulés sous l’eau et, magie, tu surkiffes à mort et tu te fais tout d’un coup. J’ai eu très clairement ce syndrome pour Assassination Classroom. Y’a deux ans j’avais adoré les deux premiers tomes, détesté le troisième mais comme tout le monde m’a assuré que ça devenait super génial y’a un moment, allez, je me suis lancé dans le tout le mois dernier, dans l’optique de vivre la fin en « direct. »
Et, effectivement, Assassination Classroom accumule les excellentes idées et forme une oeuvre complète qui ne manque certainement pas de qualités.
En soit, Assassination Classroom est une série qui d’amblée est pas mal risquée puisqu’elle joue avec énormément de choses qui, à la moindre mauvaise maîtrise, peuvent se retourner contre elles. Ce scénario difficile à expliquer hors contexte (des élèves qui doivent assassiner leur professeur), une alternance constante entre une intrigue très sérieuse et des blagues très potaches, un design à part des canons du Shonen Jump, un casting composé de près d’une trentaine de personnages dès le second tome, des enjeux qui tournent autour d’un impératif chronologique, etc etc.
Je ne saurais pas expliquer ce qui, à l’époque, m’avait deçu dans ce fameux troisième tome. Le personnage de Madame Pouffe, peut-être ? Je ne comprenais pas bien son interêt et le rythme s’effondrait subitement. Étrangement, dès le tome suivant, le rythme remet à s’accélerer et ne s’arrête jamais. J’aurais fait l’effort de lire le tome 4, j’aurais sans doute jamais fait de hiatus. Car non content de proposer un univers original et un casting très large, Assassination Classroom est surtout une série qui se lit très facilement. Le vrai talent de ce manga c’est celui de nous immerger aisément et de trouver la narration parfaite, en permanence.
Donc non seulement ça se lit bien mais en plus c’est, concrètement, bien tout court. Panique au début: ces vingt élèves de la classe 3-E, comment on va les différencier, comment on peut avoir le temps de tous les développer ? Et bah le manga y arrive et à la fin on les aime tous pour des tas de raisons. Evidemment les élèves « principaux » (Karma, Nagisa, Kaede…) vont connaître plus de développement que les autres mais tous ont leur heure de gloire et tous dépassent leurs archétypes avec talent. Rio est trop cool, par exemple.
Et quelle surprise de voir le manga parfois devenir hyper sombre et toujours parvenir à être super crédible et super impliquant ! Quand Assassination Classroom veut nous mettre mal à l’aise, il y arrive et certains thèmes sont assez violents: l’arc de Nagisa avec sa mère est assez inattendu dans un truc qui vient quand même du magazine le plus inoffensif de tous les temps, c’est à dire le Shonen Jump !
Même la fin est super cool, l’auteur semblant avoir réussi à imposer de terminer quand même son manga au moment où il voulait alors qu’il est, faut-il le rappeler, le second manga le plus populaire et le mieux vendu du magazine derrière One Piece. Du coup on a une fin complète, satisfaisante, émouvante et qui ne contredit pas tous les tomes qui précèdent. C’est chouette un manga qui a une bonne fin, ça arrive pas tant que ça !
Bref, Assassination Classroom a été une excellente lecture de bout en bout, je la conseille très fort à tout le monde car, en bonus, c’est un shonen qui se fait parler au public le plus large possible, ce qui est quand même un sacré bonus.
Shinshunki Bitter Change
Du bodyswap ! J’adore le bodyswap ! J’aime quand des adolescents échangent leurs corps et découvrent l’amour !
… mais là ils sont toujours bloqués dans le corps de l’autre cinq ans après sans savoir comment changer !
… AH !
Adaptation de ce qui est à la base un webcomic (ce qui explique le style où y’a une case par ligne), Bitter Change va donc trouver le juste milieu entre un Yamada-kun & The 7 Witches et un Dans l’intimité de Marie en offrant une histoire souvent légère et dessinée de manière très mignonne mais qui va voir les personnages traverser parfois des passages de doutes, de questionnements. Cinq ans qu’ils vivent dans le corps de l’autre, qu’ils s’y sont certes habitués mais que derrière de plus en plus de frustrations et de doutes les assaillent: retrouverons t-ils un jour leur corps d’origine ? Pourront-ils un jour retrouver une vie quotidienne avec leurs proches ? Doivent-ils s’interdire d’aimer avec ce corps qui n’est pas le leur ?
C’est grâce à cet équilibre constant entre légèreté et sérieux que ce manga fonctionne et qu’il sait nous impliquer. Il aime aussi pas mal nous faire baisser notre garde pour sortir des bons uppercuts dans la face quand on regarde ailleurs. C’est pas gnangnan, y’a pas le moindre fanservice, ça prend son sujet à cœur et ça explore toutes les possibilités: Shinshunki Bitter Change est une réussite, dont j’attends désormais la conclusion avec impatience.
Horimiya
Elle est une beauté populaire et adorée, il est un élève discret et invisible mais, SURPRISE, à la maison c’est une grande soeur qui n’a pas une seconde pour elle et lui a le corps recouvert de tatouages et de piercings. Ils vont découvrir la véritable identité de l’autre et très vite s’y attacher, tout en essayant de protéger leur persona à l’école !
Le scénario, il n’est pas forcément très original dit comme ça puisqu’on retrouve finalement celui de Karekano avec le même point commun: les deux vont se mettre en couple finalement assez rapidement et le manga va tourner autour de ces deux tourtereaux qui apprennent à vivre en couple et de leurs amis qui ont également une vie sentimentale animée. Là ou ça diffère de Karekano c’est que le ton va rester assez léger et si nos personnages ont parfois des troubles et des doutes, ça ne sera jamais aussi virulent que pouvait l’être, par exemple, la vie du pauvre Arima. On en sort donc souvent le moral gonflé à bloc, d’autant que le manga est pas mal drôle.
Lui est plutôt timide et gentil, a peur de lui faire du mal en permanence ; elle est plutôt possessive, indépendante et a des kinks cachés. Dans leurs amis on retrouve une excentrique un peu tête en l’air (qui cache toujours ses mains dans ses moches, ce qui est ubër-moe) , un conseil des élèves rempli de personnes aux caractères très variées, etc etc. On retrouve des situations assez classiques: les compétitions sportives lycéennes, les vacances d’été, les examens à bûcher, etc etc.
C’est terrible parce que sur le papier Horimiya n’a finalement rien de très original. Alors pourquoi ça se lit si bien et pourquoi on s’attache si bien à ces personnages ? Je ne saurais pas vraiment l’expliquer, si ce n’est que, vraiment, chaque chapitre fait du bien au moral. Je ne sais pas si Hiromiya vient d’inventer l’iyashikei romantique mais, eh.
Helck
Le roi des démons est mort, tué par les humains, et les démons cherchent fort logiquement un remplaçant et organisent, à ce but, un grand tournoi. Parmi les milliers de compétiteurs, un en particulier se distingue du lot: extrêmement balèze, il explose tous ses compétiteurs en un seul coup et séduit énormément le public grâce à son charisme et son amabilité. Il a tout pour réussir et tout pour devenir un roi aimé et efficace.
Le problème: il n’est pas un démon, il est humain.
Il veut lui aussi détruire l’humanité, certes, mais inutile de dire que dans l’élite des démons – particulièrement Red Vamirio, une des démones les plus puissantes et organisatrice de ce tournoi – c’est la grande panique et qu’il faut tout faire pour empêcher un humain quasi-invincible d’accéder au rang de roi des démons !
On va donc au début suivre ce tournoi un peu fou et toutes les tentatives un peu vaines d’empêcher Helck – le nom de cet humain – de le gagner: transformer ça en jeu de hasard, changer les règles, les supports, etc. Mais rien n’y fera.
La série en est à son sixième tome et là vous vous dites « ok le pitch est très très séduisant, c’est un peu One-Punch Man chez les démons, mais comment ça peut tenir sur la longueur » et bah parce que dès le second tome on va complètement changer de genre pour passer de la comédie à un vrai manga d’aventure et d’action. Soudainement les démons vont devoir commencer à se battre contre d’autres humains ultra stéroïdés et s’organiser pour faire face à cette menace jamais vu avant, tandis que Vamirio et Helck se retrouvent téléportés à l’autre bout du monde !
En plus de pas mal parodier certains codes, Helck va donc soudainement commencer à raconter deux histoires: la contre-attaque des démons contre ces humains décidément étrangement puissants tandis qu’en parallèle on va suivre Vamirio et Helck, deux grobills déchaînés, essayer de retrouver leur chemin vers l’empire des démons. Au programme: de la baston, de la politique, de l’exploration, des découvertes, des bastons de cuisine…
Si Helck fonctionne si bien c’est sans nul doute grâce à son univers qui arrive à rendre l’heroic fantasy assez fraîche. Comme One-Punch Man les combats qui impliquent le personnage d’Helck ne bénéficient d’aucun suspens du coup l’auteur préfère se focaliser sur la relation entre lui et la piquante Vamirio ainsi que sur les mondes étranges que les deux personnages explorent. Et ça marche bien !
C’est vraiment pas mal fait, souvent juste, et je serais pas étonné si ça sortait chez nous avant la fin de l’année. En vrai la surprise ça serait qu’aucun éditeur français n’ait ce titre sur ce radar !
Genshiken Nidaime
Ca fait depuis 2010 qu’on suit avec beaucoup d’attention cette suite de Genshiken qui aura su faire du passé table rase pour vraiment se focaliser sur une nouvelle génération de héros… au sens propre et non marketing du terme.
Ici fini les questionnements sur la place de la culture otaku dans le Japon moderne parce que l’auteur part du principe que les otakus ont gagnés et qu’ils sont désormais plus forcément tant en retrait de la société que ça. Du coup le ton est très différent et si la « première saison » voulait surtout nous plonger et nous faire découvrir le monde funky et coloré des otakus, cette « seconde saison » va nous plonger dans une certaine jeunesse japonaise … qui est aussi un peu otaku. La majorité des personnages de la première saison jouent un rôle de caméo et, au final, seul Madarame et Sue gardent la même importance qu’avant. Ca raconte donc moins la culture visuelle moderne que dépeindre la jeunesse japonaise. Avec beaucoup de romance, aussi.
Et j’aime beaucoup ce que je lis là.
Centrer cette seconde saison autour du personnage de Hato – un transgenre qui se travestit pour pouvoir assumer sa part « fujoshi » mais se pose énormément de questions sur cette habitude – était là aussi un gros risque car c’est un thème où il est facile d’être maladroit ou lourdingue. Et au final, il faut avouer que Kio Shimoku a bien réussi son coup, malgré des idées toujours plus culottées. Créer une romance entre ce personnage et le personnage le plus symbolique de la première saison ? Wow, couillu. La rendre crédible ? Pas mal.
A coté, on retrouve la bonne humeur habituelle qui fait Genshiken donc tout reste accueillant. Evidemment, les fans de la première heure feront la gueule parce qu’ils se retrouveront plus du tout en ces personnages – qui sont d’une autre génération que la leur – mais si on arrive à faire le pont, ça passe crème et ça se lit toujours super bien. Je pense que j’en reparlerais une fois que ça sera terminé. Vu les derniers chapitres, une fin dans la prochaine année ne serait pas forcément étonnante: on commence à conclure toutes les intrigues. Et on est prêt pour une troisième génération, si besoin est !
Kimetsu no Yaiba
Être une série du Shonen Jump c’est aussi le risque de se faire couper la chique super rapidement.
Mais mine de rien, parmi toutes les séries qui ont débutées dans le Jump depuis un an, y’en a que quatre qui ont connus un destin de série partie trop tôt: Lady Justice, Buddy Strike, Devilyman et Best Blue. A côté, y’a Straighten Up qui remporte des prix , Black Clover qui s’installe de mieux en mieux, Samon the Summoner qui devient une comédie aimée et adorée, Mononofu qui intéresse les japs au shogi et Yuragi-san qui arrive à taper de supers bons scores de popularité malgré le pire handicap possible: c’est une oeuvre ecchi.
Et puis entre deux il y’a Kimetsu no Yaiba. Dix numéros que c’est dans le Jump, dix chapitres ont été publiés, le classement est incroyablement bof, ça va sans doute sauter et, vous savez quoi, c’est un peu triste parce que c’est pas mal. Histoire qui se déroule dans un Japon ancestral, avec un héros plein de joie et de bonheur… jusqu’a ce qu’un jour il renthre chez lui et découvre que toute sa famille est morte dévorée par des démons et que sa soeur, seule survivante, est devenue une démone elle-même.
Pourri la vie.
Du coup il va chercher un moyen de soigner sa soeur et, évidemment, de devenir suffisamment fort à l’épée pour pouvoir se venger.
Style visuel très particulier, ton très sombre (à l’échelle du Shonen Jump de 2015) , univers travaillé: en dix chapitres, Kimetsu no Yaiba a montré pas mal de qualités. C’est normal qu’il soit pas populaire, vu qu’il prend un peu le lecteur cible du Jump à rebrousse poil, mais il y’a un certain potentiel et une vraie personnalité qui se dégage de cette oeuvre. C’est pas non plus incroyable comme un Double Arts – petit enfant parti trop tôt RIP -, soyons clairs, et la narration a quelques ratés de ci de là, mais la série a le mérite de vouloir aller vite, de pas trop perdre de temps sur les passages obligés et, surtout, de proposer une histoire unique.
Jetez y un oeil à l’occasion, c’est toujours sympa de suivre des mangas du Jump de zéro, sans savoir si ça va être bien ou pas. Merci Viz Media US de proposer le programme Jump Start, d’ailleurs 2 !
Tomo-chan wa Onna no Ko!
Webcomic japonais qui publie un strip par jour, avec un scénario assez simple: elle est une fille super garçon manquée, elle surkiffe son ami d’enfance – et compagnon de judo -, mais elle sait pas comment lui faire comprendre ses sentiments, d’autant que lui a bien du mal à la voir comme une femme.
J’ai pas forcément masse de choses à en dire mais c’est drôle et ça tient sur quatre personnages vraiment super sympas. C’est d’ailleurs un de ces mangas ou j’ai du mal à désigner une best girl parce que dans Tomo-chan, elles sont toutes des best girl.
Le format fait que ça se lit vite et bien, c’est parfois drôle, parfois mignon, les personnages ont des bonnes têtes et suivre ça au quotidien est assez fun.
My Hero Academia
On va conclure sur une sortie française parce que sinon si on parle que de trucs qui sont pas sortis en France, quel est l’interêt ???
En vrai, My Hero Academia j’en ai déjà parlé y’a un an et j’étais dingue dessus. Quand j’ai appris que Ki-Oon avait décroché le truc, j’étais super content parce que c’est un éditeur que j’apprécie pas mal et qui m’a prouvé, avec A Silent Voice, qu’il sait toucher un maximum de public et que toutes oeuvres chez eux vont toucher un nombre optimal de gens. Car oui j’aime voir les oeuvres que j’adore méga bien se vendre. Vous me direz »c’est normal que ça cartonne » mais, eh, soyons honnêtes, ça aurait été chez Delcourt-Tonkam, ça aurait pas eu le même succès. Avoir un hit, c’est cool, savoir le vendre, c’est mieux, voyez c’qu’j’veux dir’ 3.
BREF.
L’édition française est méga cool. Et surtout, ce qui tue avec la version papier, c’est que je me rends compte à quel point c’est un manga qui va super vite et qui pourtant se lit lentement. Les cases sont bourrées de choses à lire et voir, et le scénario ne perd pas trop de temps sur les « passages obligés. » L’entraînement de Midoriya c’est un chapitre, basta. Et c’est ça qui est vraiment la grosse qualité de cette série, qui peut se targuer de nous proposer une viande juteuse, qui cale parfaitement sans posséder la moindre once de gras.
L’anime est cool mais trop lent à mon goût donc, vraiment, si vous êtes en mode « je veux suivre la hype », préférez cette super édition française à l’animé.
Voilàp.
Et c’est tout pour cet article, c’est déjà pas mal~.
De mon côté, je vais voir du catch vendredi (cool) et je suis à fond en train de préparer… encore un nouveau déménagement immobilier (moins cool.) Les bails non renouvelés, c’est dur. Mais eh, ça ferait que le cinquième printemps depuis 2011 que je vais passer à scruter les sites immobiliers, eheheheh…
Bref, ça + les salons + les podcasts + les articles, RIP moi-même, mais je suis consentant alors ça va.
Bonne semaine~
- Comme toujours dans ma cantine, je suspecte qu’ils foutent des somnifères dans leurs sauces juste histoire de pourrir l’aprem de tout le bâtiment ↩
- Qui propose dans le Jump numérique US les trois premiers chapitres de chaque nouvelle série. Etrangement, le seul manga récent a pas avoir eu le droit à ce programme, c’est Yuragi-san, sans doute parce que c’est de l’ecchi à donf, teehee. ↩
- J’adore pas mal d’ouvrages de chez Delcourt-Tonkam, mais faut avouer qu’ils savent juste pas les vendre et que le syndrome « on pose ça dans les librairies et on espère que ça va se vendre tout seul » est un peu trop fort chez eux. Quand la com est pas juste méga prompte au bad buzz * kofkof l’affaire du logo Jojo y’a trois ans kofkof * ↩
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