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World War Z & Walking Dead – Crapsack World

W… plus que 4 articles à lire et cet alphabet estival est terminé ! Le V parlait de Vol 714 pour Sydney, le W parlera de zombies avec deux oeuvres très… contemporaines. L’un est un comics, l’autre un roman: Walking Dead et World War Z !

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Tiens, la nuit dernière je faisais un rêve super craignos: je rêvais que je jouais à l’adaptation Game Boy de Resident Evil 1, sauf que le héros du jeu c’était moi et que si je mourais dans le jeu, je mourais vraiment. Du coup je me voyais de haut dans un jeu Game Boy et je devais éviter plein de zombies pas forcément simple à éviter car ils faisaient parfois dix pixels de large pour des couloirs qui en faisaient quinze. Je flippais et tout ça. Vous voyez où je veux en venir: même quand je fais pas attention, ils sont là, ces foutus zombies. Et j’ai toujours eu deux sentiments très contradictoires vis à vis de ces sales bêtes: ils me foutent un peu la gerbe au fond mais je reste toujours étrangement attiré par toutes oeuvres en possédant, même si on sait exactement ce qu’on va y trouver: de la violence, des humains devenus animaux, des humains devenus les pires ennemis d’eux-même, des héros qui peuvent disparaître n’importe quand. Bref, un monde souvent dépeint à coup de cruauté et de tristesse, où plus personne n’a d’espoirs et où les gens tentent de survivre pour… survivre, deviant se méfier des zombies mais surtout d’eux-même… Bref, des univers où je suis pas giga à ma place mentalement mais… j’imagine que c’est normal et que j’assume pas.

En Février 2009, j’avais déjà tapé un billet centré sur les oeuvres à zombies, et je m’étais centré sur deux oeuvres très geek-otaku et très fun dans leur vision de la chose: Dead Rising et Highschool of the Dead. Le premier à eu une suite auquel je n’ai pas encore touché et le second est devenu étrangement populaire de par chez nous, mais ce qui est le plus important est surtout que, ouais, c’était deux oeuvres qui avaient une vision très japonaise de la chose. Dans les oeuvres japonaises qui parlent de zombies, souvent on est rarement très politique, on en profite rarement pour prendre la chose « sérieusement » j’ai envie de dire. Et surtout on est bien souvent dans l’hommage aux films américains sur le sujet – ce qui était totalement le cas de HOTD et Dead Rising, l’un faisait apparaître le réalisateur de Shaun of the Dead en caméo tandis que le second avait une mention à Romero sur sa boîte. Alors que chez les américains, de plus en plus, le zombie est signe d’une oeuvre qui peut être extrêmement sérieuse, qui a des choses à dire. Et ce depuis Romero il y’a fort fort longtemps !

Signe un peu de ça, les deux oeuvres dont je vais parler ici sont sorties presque simultanément. World War Z est le second livre de Max Brooks, déjà auteur du Guide de Survie en Territoire Zombie qui sortira deux jours avant le début de… Walking Dead qui lui est un comics de Robert Kirkman et Tony Moore, qui sera plus tard adapté en série télé dont je ne dirais rien parce que, eh, je l’ai toujours pas vu. Et pour être franc je vais éviter, le zombie, je le trouve tellement plus flippant et puissant quand les images sont figéesdans ma tête. Uuuh.

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Je vais commencer par Walking Dead, c’est le plus récent que j’ai lu: il y’a quinze jours en fait ! A la base j’avais juste prévu de centrer l’article sur World War Z et puis… le hasard fait bien les choses ! Bref, c’était pendant mon stage en médiathèque, où je fus confronté à la dure tâche pendant un après-midi de m’occuper des retours de prêt: vous savez le poste où les gens viennent, rendent ce qu’ils ont à rendre et toi tu bippes avant de mettre tout ça dans un chariot. C’est un poste, je vais l’avouer, plutôt pépère et qui fonctionne par vagues, les gens ayant l’habitude de tous arriver en même temps, faisant que sur une heure on a dix minutes très intenses où tout nous tombe sur la tronche d’un coup et il faut ninjater, suivi ensuite de cinquante minutes à rien faire où à recevoir des mémés qui rendent qu’un où deux livres. Donc du coup, un de ses après-midi, un mec revient rendre les douze premiers tomes de Walking Dead. Je les bippe et là, bam, je me dis « ok je les met de côté et je les lis MAINTENANT. » En trois heures, j’avais lu les tomes 4 à 12 – j’avais déjà lu les 3 premiers plus tôt dans la semaine – et oh putain, c’était EXCELLENT.


Et hop le seal of quality cash comme ça.

Walking Dead raconte donc l’histoire de Rick, un père de famille policier tranquille qui voit donc son quotidien être bouleversé par une attaque de zombies sur sa ville. Avec sa femme (enceinte) et son fils, ils décident donc de se barrer au plus vite et de faire le max d’efforts pour… survivre quoi. On suit donc les aventures de cette petite famille dans un monde où tout le monde veut te tuer et où tout le monde meurt. Ouais c’est ça qui choque le plus dans Walking Dead: les auteurs ont PAS PEUR de tuer des personnages. Et évidemment, quand on dit « tuer », c’est dans le genre définitif ! Et malgré le fait qu’on sache que chaque personnage a des chances de se faire zombifier la tronche, malgré le fait qu’on devienne habitué, rien à faire, tous les deux tomes, on nous plante un couteau dans notre petit coeur et on voit des personnages qu’on suivait depuis deux, cinq, voire dix tomes juste mourir. Souvent de manière plate, rarement héroïque. Uuuuh. Et personne n’y échappe. Vous pensez que les enfants du récit ont un contrat d’immortalité, comme tous les enfants de toutes les séries et tous les films catastrophes ? Ohlala détrompez vous, ils ont autant de chances que les autres de MOURIR. Pire: autant de chances que les autres de devenir totalement FOUS.
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Car très vite, Walking Dead laisse tomber le sujet des zombies pour s’attaquer à l’humain, au psyché. Là aussi peu de surprises: la plupart des gens finissent mal. Quand ce n’est pas la folie, c’est le cannibalisme qui devient « normal » pour certains, d’autres deviennent paranoïaques, certains tuent tellement de zombies et d’humains qu’ils ne savent plus ce qu’est la valeur de la vie, certains perdent soudainement espoir et se suicident au moment où on s’y attend le moins… Bref, Walking Dead peut parfois te montrer un type faire des choses ultra censées, ultra réfléchies puis à la page suivante voir celui-ci péter un cable et manquer de tuer quelqu’un. Le sexe a également une place assez intéressante dans le récit, où il sert d’exutoire, où on sent qu’il sert parfois de « dernier réconfort » dans un monde où tu peux mourir un peu n’importe quand et où tu as sans doute vu les 3/4 de ta famille et de tes proches disparaître – si tu as de la chance.

Bref Walking Dead est généralement très cru et ne cache rien, se permettant même d’aller parfois encore plus loin dans l’infamie (écoute mec, garder ton enfant zombifié en cage c’est un peu glauque de base mais lui retirer ses dents pour pouvoir lui rouler des pelles sans risque ? Oh tu vas un peu loin !) tout en restant terriblement crédible.

Alors il y’a un défaut que je peux recenser à tout ça, et il est mineur : on voit très vite un schéma qui se repète assez souvent dans le déroulement de l’aventure qui est grosso merdo « Rick et sa famille sont en fuite » => « ils rencontrent des gens bien » => « ils survivent à des zombies ensemble » => « ils trouvent une planque super sûre où y’a quelques problèmes mais vite réglés » => « des humains psycho viennent tout foutre en l’air » => « plein de gens meurent » => « Rick et sa famille et ses amis survivants sont en famille » => « ils rencontrent des gens bien » … bref vous voyez. En soit ce n’est pas génant, parce que l’aventure reste giga bien racontée, giga bien rythmée, et les interludes sont toujours excellentes… ciel tout est excellent de toute façon. J’ai pas parlé des dialogues mais là aussi, globalement c’est franchement tout bon et j’ai rien à redire sur la trad fr qui m’a paru de très bonne facture, faisant de bons efforts pour donner à chaque personnage son style de dialogue. Enfin les PERSONNAGES de la série sont de toute manière tous très bons. Que ce soit les boulets, les mecs classes, les utiles, les enfants, les méchants… tous sont bien écrits et ont tous une utilisé dans le récit, un but à leur existence scénaristique. Certes, certains ne sont là que pour mourir mais les morts de cette série sont rarement pour rien. Le héros est d’ailleurs incroyablement bien fichu, toujours à mi chemin entre le héros increvable et le anti-héros, on peine vraiment pour lui et chaque coup qui lui est porté dans son moral m’a toujours fait quelques effets. Ciel, à un moment le comics tease sa mort et j’étais là, à deux doigts de stopper le truc si ça s’avérait vrai !

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Mais y’a tellement de personnages géniaux en général…

Bref Walking Dead est une grosse tuerie au style graphique impeccable – car oui je n’ai pas parlé du style graphique, qui est juste super lisible, super efficace – qui vaut vraiment le détour. Hésitez pas à aller le lire en bibliothèque si il y est, où à l’acheter en comics, la lecture est vraiment instructive et on en sort un peu groggy, un peu abasourdi. Hâte de voir la suite par ailleurs, car c’est loin d’être fini…

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… contrairement à World War Z qui lui a une fin. Et oh, c’est une happy end ! Je spoile rien, rassurez vous, le scénario étant celui d’un secrétaire de l’ONU chargé d’écrire un rapport sur la guerre des humains contre les zombies, qui vient de se terminer, avec victoire totale des humains, qui ont quand même bien morflés mais eh, ils sont VI CT OR IEUX. L’histoire est donc racontée à travers des témoignages de survivants de cette guerre qui racontent leurs rôles dans ce conflit, leurs expériences, leurs anecdotes. Des apparitions du virus en Chine jusqu’a la bataille finale en passant par le rôle des châteaux forts du moyen-âge où bien la réaction de la Russie face au bordel… c’est très complet. Peut-être même un peu trop.

Walking Dead nous parlait du truc du point de vue d’un survivant, qui ignore d’où le conflit part, qui ignore les causes, qui ignore ce qui se passe ailleurs dans le monde… World War Z lui c’est le contraire. World War Z, c’est simple, c’est un point de vue quasiment géopolitique des zombies. Tous les pays sont évoqués à un moment où à un autre, et tous ont une part de responsabilité… C’est très riche, très varié du coup, et chaque chapitre part dans une destination différente, pour offrir une autre vision du « conflit »…

… mais reste SUPER américain dans son point de vue. C’est de loin le plus gros défaut du récit ! En plus de la fin où c’est les Etats Unis et Israël qui ont le beau rôle – mais ça à la limite on est habitué- j’ai eu méchamment l’impression à plusieurs reprises que Max Brooks posait, qu’il en faisait trois fois trop niveau stéréotypes nationaux. Le héros va à Cuba ? Les mecs – qui fument des cigares – sont restés des méchants cubains anti-américains qui continuent à appeler les étrangers « Gringo. » Les deux personnages japonais ? Un otaku hikkikomori qui se bat au katana et un survivant d’Hiroshima qui devient un samouraï aveugle et zen – BLAM COMME CA. Le truc va en France ? Le mec passe son temps à parler de la première guerre mondiale, parle des catacombes en boucle et finit son intervention par « ILS NE PASSERONT PAS. » En Ecosse ils font de la cornemuse et en Ukraine ils sont restés en URSS et les militaires se comportent comme à Stalingrad – je crois même qu’il y’a une référence à Tchernobyl.
Trop souvent World War Z tient de l’encyclopédie de la façon dont les américains voient les pays étrangers. Ca serait supportable mais NON, en plus, les trois-quarts du temps les mecs qui témoignent sont obligés de nous balancer du « vous, les américains, vous pensez que nous… » alors que putain, le héros est UN MEC DE L’ONU. Certes il est américain mais UGH. Je veux dire la phrase c’est comme si Brooks voulait nous dire qu’il pratiquait pas les clichés alors qu’il continue violemment à les exploiter. C’est terriblement pas assumé. Ca pourrait être mignon si c’était maladroit mais à ce niveau là c’est presque de l’incompétence. Ca, et l’habitude terrible de finir chaque chapitre sur une petite phrase qui devient vite blasant.

Mais bref c’est TERRIBLE parce qu’au final le bouquin est bien écrit (au moins la traduction française) et putain, le livre raconte DE BONS TRUCS. On a une vision assez réaliste de comment pourrait se transmettre le virus, le message est mi-cynique mi-optimiste sur l’humanité (qui fait des trucs idiots en masse mais qui individuellement est un génie – le stuff habituel), l’aspect « géopolitique » du truc m’a paru juste passionnant, ça fourmille de plein d’idées. Je n’ai pas lu le guide de survie zombie donc je serais incapable de dire si on y trouve déjà tout ça – et à mon avis on y trouve déjà ça – mais on fait un peu le tour des possibilités du truc, des possibilités de s’en sortir etc. La lecture est tout de même extrêmement passionnante et l’aspect un peu « zapping » des témoignages fait qu’on passe du coq à l’âne mais jamais sans être… trop surpris. On peut passer d’un chapitre parlant d’une télé réalité avec des stars people dans un abri anti zombie à un militaire se plaignant du manque de moyen, et caetera. Ca fonctionne très bien.

World War Z reste une bonne lecture, encore plus si vous kiffez les zombies et l’apocalypse. Dommage, vraiment dommage que Max Brooks ait aussi mal joué la carte de la mondialisation. Certains diront que ça rajoute un peu de « couleur » au récit, moi je continue à trouver dommage que les seuls mecs « normaux » du récit et qui parlent sans se comparer aux américains où sans invoquer un cliché de l’histoire de leur pays soient les anglo-saxons. Bon ok les américains peuvent pas se comparer à eux-même mais vous voyez où je veux en venir. Enfin, reste que le livre sera bientôt adapté en film: faut voir ce que ça donnera, c’est une adaptation très casse gueule à priori mais pourquoi pas !

Bref, je vous laisse là dessus. Mardi, on ira voir du côté du X. Le H était safe for work alors pas de raison que le X ne le soit pas non plus !

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