Mon aveugle, c’est la meilleure des aveugles <3.
Y’a deux jours, j’ai fini Katawa Shoujo.
Katawa Shoujo c’est ce dating sim assez populaire dans la sphère otaku internationale tout ça machin. Parti à la base d’une page d’un doujin quelconque ou l’auteur japonais trouvait rigolo de proposer cinq personnages possibles d’un dating sim qui se déroulerait dans une école pour handicapés. 4chan a kiffé, comme d’habitude quand c’est un peu borderline et une poignée d’Anonymous se sont carrément dits « faisons de ce délire une réalité. » Fin 2009 ils sortent Katawa Shoujo Act 1, une sorte de « démo » qui nous permettait d’acquérir les bases et, surtout, de d’ors et déjà pouvoir savoir avec quelle fille on comptait scorer. Ça a eu un excellent succès. J’en avais profité à l’époque pour taper un article essayant de vous conseiller du mieux que vous pouvez pour choisir la meilleure fille car le choix est large !
Cinq routes possible donc: Shizune la sourde-muette fasciste, Rin l’artiste sans bras, Emi la reine de l’athlétisme et de l’énergie à revendre mais dépourvue de la moindre jambe, Hanako la défigurée traumatisée et Lilly l’aveugle distinguée. Déjà dans mon ancien article vous pouviez très vite savoir quel était mon perso préféré. Damn, si vous allez sur Thalie en ce moment, vous voyez direct quel est mon perso préféré.
Le jeu final est donc sorti le mois dernier, entièrement gratuit, ce qui est quand même très sympa de leur part. On peut donc le télécharger ici, ça pèse à peine plus d’une centaine de Mo. On retrouve donc désormais les cinq routes complètes et quelques scènes érotiques (qu’on peut désactiver et sur lequel je reviendrais), pour une durée de lecture d’environ cinq/six heures par route, ce qui fait potentiellement au soft une « durée de vie » d’une trentaine, quarantaine d’heures, selon votre niveau de langue et votre vitesse de lecture. Moi je dis cinq heures mais après je lis super vite…
L’association Kawasoft prépare une traduction en français, si ça vous intéresse. D’ailleurs l’Act 1 est déjà disponible intégralement dans notre langue depuis un an et demi. Si vous n’avez pas les compétences pour lire de l’anglais en mode « automatique » ou avec aisance, attendez soigneusement la traduction complète parce qu’évidemment sinon le plaisir ne sera sans doute pas là.
Donc quand j’ai dit tout à l’heure que j’ai fini Katawa Shoujo, je vais être précis: j’ai fini la route de Lilly, l’aveugle distinguée. Et pour être encore plus précis: oui, je considère donc que j’ai terminé le jeu pour la simple et bonne raison que je me fiche carrément des autres routes. Les personnages ne me font pas autant « envie » et pour être franc, je sais que je vais copieusement me faire chier à lire les autres routes parce que je serais juste pas impliqué. Quoique il y’a bien la route de Rin qui m’intéresse mais c’est loin d’être le cas des trois autres. Donc ce que vous allez par la suite sera des impressions générales sur le jeu et SURTOUT mes impressions sur la route de Lilly. Mes regrets, mes bonheurs, mes joies, mes désirs, mes envies, tout ça.
Et quelques spoilers ici ou là, mais je prendrais la peine de les cacher ou de les signaler de loin donc voguez en paix.
Alors un autre rappel: les cinq routes du jeu ont été écrites chacune par cinq auteurs différents. Personnellement, je trouve que c’est une bonne idée dans le sens ou ça confère d’emblée une réelle personnalité à la chose – le peu que j’ai lu de la route d’Emi montre un auteur qui se lâche un poil plus niveau gros mots, par exemple. Et du coup ça permet de se dire que chaque auteur s’est bien mis à 100% dans le personnage qu’il était censé écrire, ce qui est vraisemblablement une bonne chose, même si du coup on se retrouve avec quelques incohérences ici ou là d’un point de vue temporel. Mais qu’importe. Ici, l’auteur de la route de Lilly a définitivement choisi un style d’écriture très romantique et très fleur bleue, ce qui fonctionne à mort. Déjà. Parce qu’après tout le personnage de Lilly en lui-même est déjà très fleur bleue, très « parfait », pas loin de la Mary Sue, donc autant y mettre le paquet.
Déjà de base, Lilly se place dans un archétype de personnage que j’adore: grande, blonde, yeux bleus, caractère gentil, souriante, background bourgeois, distinguée, polie, beau-parler, ouverte, presque maternelle mais en restant une adolescente ou une jeune adulte. On est proche d’une Tsumugi de K-On! ou d’une Alicia de Aria. Dans l’Act 1, Lilly montrait quelques particularités spécifiques, la plus intéressante étant de loin sa rivalité avec Shizune qui la voyait parfois, le temps d’une scène ou deux, manier la langue de pute avec une puissance thermonucléaire qui m’a tout de suite rendu admiratif.
Du coup j’ai lu sa route quasiment d’un coup, ça a duré environ cinq heures comme j’ai dit. Et oui c’est d’amblée le gros défaut du truc: c’est cruellement court. J’aurais crevé pour en avoir plus. C’est un bon signe dans un sens, parce que j’ai pas vraiment eu le temps de me faire chier et d’en avoir marre, mais quelle frustration quand la fin est arrivée !
Oui frustrant parce que d’une façon ou d’une autre, pendant l’intégralité de sa route le personnage de Lilly m’a plus que jamais accroché, m’a agréablement surpris à de nombreuses reprises, et surtout m’a paru – et attention je vais utiliser une expression de gros otaku dégueulasse – la femme 2D parfaite. En tout celle donc chaque action, chaque phrase semblait être étudiée dans le but de me plaire.
Mais aussi frustrant parce qu’il y’a ce sentiment que, dans le cas de Lilly, il reste encore aujourd’hui beaucoup à dire. On ne la voit au final que peu interagir avec sa famille, elle possède certains doutes mais ils ne sont que peu développés, sa relation avec Shizune est un peu jetée dehors… Il y’a un sentiment de rapidité sur certains points, et des choses sur laquelle j’attendais plus sont réglés et questionnés sur une dizaine de lignes grand maximum. Et il aurait pu être prometteur de la voir véritablement péter un cable sous la pression.
Bref, je sens qu’on peut encore dire des choses avec Lilly. Après je dis peut-être ça parce que je suis encore meurtri mais oui, j’ai trouvé la fin méchamment abrupte.
Après, le peu qu’on a est justement bien. Le développement de la relation entre les deux gaillards se fait d’une manière extrêmement naturelle et même la déclaration est bien amenée, se passant dans un contexte intéressant. Elle n’arrive ni trop vite ni trop tard, on a un aperçu d’une vie en couple saine et joyeuse, on a les premiers troubles et on a la preuve d’un amour éternel. Non vraiment sur ce point il n’y a juste rien à reprocher: si la relation est un peu idyllique par moment, elle reste quand même relativement crédible et réaliste à plus d’un moment, et je me suis laissé emporter par la vague très facilement.
Strip complet par SandraMJ.
Et, oui, j’ai eu relativement peur pour le sexe. C’est à dire que je voyais mal le jeu prendre ce chemin et que ça pouvait facilement exploser entre les mains des auteurs. Et bah, en tout cas pour Lily, c’est juste une utilisation parfaite. Déjà de base j’ai été agréablement surpris par le fait que les scènes H étaient clairement plus ecchi / érotique que hentai / pornographique ! Les CG restent « prudes » dans le sens ou on voit pas plus que du téton (et dieu sait que c’est offensif) et l’écriture évite à tout prix l’explicite, offrant plein de métaphores ou de non-dits mignons mais qui permettent à tous et toutes de réellement profiter du jeu. On peut encore faire le choix de les couper mais pour être très franc… ce n’est pas nécessaire. En tout cas c’est que je peux dire pour la route de Lilly, pour les autres routes je ne sais pas – je n’ai vu que les CG et aucune ne vont vraiment loin.
SPOILER
Le seul vrai défaut en fait c’est la manière dont la première scène physique est amenée, du genre ils se roulent leur première pelle et d’un coup, hop, ils se déshabillent et le font, ça me paraît un peu… soudain. Après ça reste assez logique vu le contexte (c’est du « Glad to be Alive Sex » d’une certaine façon) mais un peu inattendu :’D. Et le dénouement de la troisième scène de sexe (qui possède une phase de préliminaires vraiment belle, par ailleurs) est super flippant o_O. Mais réellement logique. La route oublie rarement le fait que notre héros est, bah, euh, handicapé aussi, quoi.
FIN SPOILER.
Meilleure scène érotique ever :’D.
Puis une autre bonne surprise avec Lilly: elle assume sa sexualité (« juste les désirs d’une adolescente en bonne santé. ») et n’en fait pas trois tonnes dessus. Eh, regardez moi comme vous voulez mais c’est presque rafraîchissant dans le sens ou dans ce genre de jeu, souvent les filles en font TROIS TONNES, quand elles ne sont pas platement gênées d’avoir couché avec vous. C’est chiant et très japonais ! Ce personnage a des désirs et les assume, et à nouveau je m’attendais pas des masses à ça. C’est elle qui prend l’initiative sur ce point et si y’avait un personnage que je voyais s’occuper de ça c’était bien… pas elle du tout. Quoique, j’aurais du le voir venir si je réfléchissais un peu plus… Et pareil sur son amour à boire du vin et autres trucs alcoolisés. Bourgeoisie !
Après, voilà, la fin de l’arc… est spéciale. Moi j’ai au final aimé même si sur le moment j’ai pas aimé, enfin lisez le spoiler et vous comprendrez. Sauf si vous voulez pas vous spoiler.
SPOILER
Le dilemne de Lilly, qui la voit devoir choisir entre sa famille (surtout sa soeur) et son petit ami sort un peu de nulle part. Enfin sur le coup je me suis vraiment senti mal, et j’ai bien cru que j’étais embranché sur la bad end de la route. Mais non. Tu as l’impression d’avoir fait mal les choses alors qu’au final non. Le fait que la good end ne soit au final que la bad end avec une scène supplémentaire rend l’effet encore plus bizarre. Sur le coup je me suis vraiment senti en stress. Après, un peu de réflexion sur la construction de la route tend à me faire penser que tout ça est clairement volontaire: on se met trèèès facilement à la place d’Hisao, pour le coup. Le truc nous tombe dessus de nulle part (comme pour Hisao), on se sent coupable pour rien (comme pour Hisao) et on abandonne limite le truc (comme pour Hisao.) Heureusement un dernier réveil fait que tout se termine bien, et contrairement à d’autres personnes beaucoup plus terre à terre, le coup de la crise cardiaque finale, j’ai été à fond dedans. On pourrait penser à un rebondissement pour le rebondissement à première vue mais je trouve que ça amène très bien la scène finale qui est juste très belle. Surtout pour l’utilisation parfaite de la boîte à musique. C’est facile, certes, mais ça fout la larme à l’oeil. Parce que moi aussi j’avais un peu perdu espoir, parce que je pensais que tout avait foiré, que j’avais mal lu les choix, que j’étais un mauvais Hisao mais au final Lilly était là au près de moi, et elle avait choisie <333. C’était beau.
FIN SPOILER
Akira est plutôt cool mais, hélàs, déjà casée.
Quant à l’handicap je le trouve vraiment bien traité. Il n’est pas complètement oublié mais n’est pas non plus omniprésent, finissant un peu de nous inculquer le message central de l’oeuvre, qui doit être quelque chose du genre « cette personne est différente, mais pas au point de ne plus être égale à toi » ou un truc comme ça. Pour résumer. Jamais le personnage n’est pris en pitié et jamais on nous bassine avec sa cécité. A coté de ça on a quelques infos intéressantes ici ou là sur la manière de vivre des aveugles (la cuisine, la machine à écrire en braille, par exemple) mais jamais on ne nous prend continuellement la tête avec. Le texte nous dit pas toutes les dix secondes « eh regarde tu as vu elle est aveugle » et c’est bien là le principal !
Après pour revenir une dernière fois à la route de Lilly, je regrette trois choses: que la route mette totalement de coté Emi et Rin (limitées à une scène limite caméo) mais il semblerait que ça soit le cas de toutes les autres routes des autres duos, que Kenji soit globalement ultra relou (le complot féministe m’a juste barbé tellement j’ai pas trouvé ça drôle) et surtout que le qipao soit autant sous-exploité. Merde quoi, Lilly en QIPAO. QUOI. LILLY. EN. QIPAO. QUOI.
QUOI !
Plus généralement le fait que ça soit un visual novel à la japonaise écrit par des occidentaux férus de visual novel japonais lui a pas mal bénéficié: on sent une volonté permanente de rendre hommage au style, parfois en reprenant ses codes et en les détournant un tout petit peu, parfois en supprimant les aspects les plus imperméables ou les plus insupportables de la culture japonaise (pas de femmes « soumises » ici, ni de sexe forcé) parfois en jouant un peu avec le style, les fênetres. C’est un jeu de passionnés et ça se voit, mais il réussit à mon sens l’exploit de ne pas s’adresser aux passionnés. Katawa Shoujo peut être un premier contact avec le dating sim. Que dis-je, il ne peut être qu’un excellent premier contact avec ce genre.
Pour résumer: la route Lilly de Katawa Shoujo c’était bien. Mais pas sur que vous allez autant kiffer cette route que moi, mais il y’a de fortes chances que sur votre perso préféré ça vous fasse le même effet. C’est le plus important à retenir, je crois.
10 commentaires
Concombre Masqué
Okay, maintenant c’est le moment où j’explique posément pourquoi tu ne devrais pas te limiter à cette route. Bien sûr, je l’ai déjà expliqué, celle là a quelque chose d’un peu spécial dans son traitement, ce qui devrait rendre les autres un peu décevantes mais du coup, ça se lit plus rapidement. Il ne faut pas se forcer à rusher comme je l’ai fait – juste pour le plaisir de caser ça le 14 Février – mais picorer un acte de temps en temps peut être judicieux. En fait, l’avantage, c’est d’avoir une vision d’ensemble. Des profondeurs cachées, des liens que tu ne soupçonne pas vraiment, /chaque/ personnage est rendu plus ou moins agréable à connaître puisque, justement, tu en apprends plus sur lui. Ca ne concerne pas nécessairement les 5 filles du casting principal, d’ailleurs… hé bon, si on a le sentiment de bouleverser son canon – c’est qu’on accorde trop d’importance au truc, bien sûr. Franchement, un p’tit coup de temps en temps (hin hin hin) ça peut valoir le coup.
Ho oui Akira, fais moi des gouzis gouzis avec ta bouche en Epsilon
Amo
Et là vient le moment ou je t’avoue avoir passé hier près d’une heure et demie sur la page TVTropes de Katawa Shoujo et sur toutes ses pages annexes.
(du coup je me suis tout spoilé comme un barbare.)
Concombre Masqué
Alors comme disait Dider Super…
X4713R
« LILLY. EN. QIPAO. QUOI. » > j’ai souris en voyant ce tweet. Sacré Amo va.
Faust
Lilly est aussi ma préférée, les aveugles font de très bonnes copines, elles ne peuvent pas te pourrir si tu mates des culs dans la rue…
Et que la traduction du jeu par Kawasoft est en route, c’est LA bonne nouvelle de la semaine !
CoOpA
Totalement d’accord, j’ai fais la route Lilly et personnellement j’ai pas pu faire les autres routes car comme tu l’as si bien dis, c’est la « femme 2D parfaite ». (même si Takane Manaka de Love Plus garde une très grande place dans mon coeur xD)
Aryth
Se limiter à une route est peut-être préférable ( ou en tout cas défendable ) vu le manque total de cohérence entre les différentes routes ( qui sont toutes écrites par une personne différente ).
Amo
Tous ces gens de bons goûts <3.
Aryth > Comme j’ai dit dans l’article le manque de « cohérence » je suis pas forcément très regardant dessus et j’aime l’idée que chaque route ait son propre auteur avec sa propre manière d’écrire.
Après je pense que je vais quand même me les faire un jour, les autres routes, au final, haha. * change d’avis *
Sirius
C’est peut-être justement parce que je n’ai pas fait la route de Lilly que j’ai pas pu encaisser la lecture de Katawa Shoujo ^^’
SandraMJ
Pardon moi, mais ça Hisao et Lilly dessin est mine. S’il vous plaît, ajoute un link à mon gallery. Merci! 😀