Sonic All-Stars Racing Transformed – Sega Bros Racing
Retournons un an en arrière. Peu avant la sortie de Sonic Generations, je réalisais donc un article sympa sur Sonic & Sega All-Star Racing, ma conclusion étant que si on y trouvait du potentiel et que le jeu était fun, il était handicapé par un fanservice pas super généreux, des items péraves et un level-design super feignant qui faisait que le jeu ne restait pas en mémoire et n’offrait pas autant de fun que souhaité. Bref, incapable de faire rivalité avec la saga Mario Kart, qui offrira un an plus tard un Mario Kart 7 solide et indispensable pour les possesseurs de 3DS.
Par contre ça va peut être vous surprendre mais dès que j’ai appris qu’une suite était dans les tuyaux, je me suis permis d’être un peu enthousiaste. Comme j’ai dit en conclusion de mon article, le premier jeu offrait malgré tout de bonnes bases, mais le jeu manquait de finition et peut-être de budget, ce qui n’est pas forcément inattendu avec une production Sega. Alors du coup voir ces bases être reprises et avec de bonnes chances d’être travaillées et améliorées, ça m’intéressait. Surtout quand le jeu te vend cash du fanservice en dévoilant, par exemple, Vyse de Skies of Arcadia comme personnage jouable. Là oui, je me suis spermé les sous-vêtements, si je peux me permettre le néologisme. Tant pis si à coté le jeu se renomme “Sonic All-Stars Racing” en foutant dehors le nom Sega comme si il effrayait tout le monde – de l’autre coté, la licence Sonic étant ultra populaire auprès des enfants et des familles, il est normal que ce soit mis en avant pour permettre à Sega de capitaliser. Et tant pis si, à première vue, le jeu pompe l’idée des véhicules transformables à Mario Kart. Mais là aussi il suffit de jouer au jeu pour se rendre compte que Sega pique certes l’idée, mais arrive à se l’approprier et à l’améliorer.
Pour faire simple, dans une fin d’année remplie de jeux de courses “arcade” – que ce soit Need For Speed Most Wanted, le décevant Forza Horizon ou bien les très étranges Little Big Planet Karting (car Sony s’imagine que la licence LBP intéresse des gens) et F1 All Stars (et là juste wtf) – et bien Sonic Transformed semble être le meilleur des jeux du lot. Malgré quelques défauts qu’on va voir ensemble, le jeu réussit à remplir son cahier des charges avec brio et à offrir, pour la première fois depuis Crash Team Racing, une alternative intéressante à la saga Mario Kart. Celle-ci n’est pas détronée, mais par moment, on sent qu’il y’a manière à au moins l’égaler, ce qui n’est pas mal.
Le plus gros point noir du premier Sonic Racing était, donc, ses circuits franchement pas terribles. Il y’avait surtout ce souci des environnements redondants, qui faisaient que tout manquait sérieusement de personnalité, en plus de tracés pas toujours très inspirés. La bonne nouvelle, c’est que Transformed n’a pas fait la même erreur et, même mieux, a fait des circuits sa plus grande qualité.
Déjà en offrant des environnements beaucoup plus variés: plus rien n’est redondant et les vingt circuits ont tous leurs propres univers et leurs propres jeux. Si l’on excepte les quatre circuits du premier volet qui sont réutilisés et mis à part dans une coupe rétro, les seize nouveaux circuits proposent en tout douze jeux Sega différents – l’univers Sonic étant représenté à quatre reprises et le circuit final ne faisant référence à aucun jeu particulier, accumulant simplement les références. Et parmi ces jeux certains sont plaisants à retrouver, voire même très surprenants: je n’imaginais pas, en achetant le jeu, que je retrouverais un circuit Burning Rangers ! Après les univers oscillent entre du gros plaisir de fanboy (Skies of Arcadia, le circuit Sky Sanctuary), des introductions attendues mais plaisantes (Nights, Golden Axe), les séries déjà présentes dans le premier volet (Billy Hatcher, Samba de Amigo, Super Monkey Ball, House of the Dead ou Jet Set Radio) et les bonnes surprises de jeu qu’il aurait pu être facile de ne pas mentionner et que, non, wow, Sumo y a pensé (Panzer Dragoon, Afterburner.)
Dommage que ce fanservice, par contre, ne transite pas aussi bien du coté des personnages jouables: le tiers des personnages jouables du premier volet se sont fait sortir, par exemple. Si certains ne sont pas une perte (qui regrettera l’absence de Big), d’autres vont être manqués comme Ryo Hazuki de Shenmue ou… les Bonanza Bros. Sumo Digital semble être très motivé à proposer pas mal de DLC au titre donc il n’est pas exclu de les retrouver sous cette forme, mais j’étais un peu deg quand j’ai constaté que j’allais pas pouvoir réutiliser le même perso que celui que je spammais dans le premier volet, c’est à dire Oopa Oopa. Après les quelques rajouts effectués au roster sont pour certains très bien trouvés: évidemment que je kiffe jouer Vyse, Gum ou bien le personnage “AGES” qui fusionne en un perso la voiture de Daytona USA, l’avion d’Afterburner et le bateau manette Dreamcast. Mais a coté, difficile d’être enthousiaste en voyant certains doublons bouffer une place qui aurait pu être allouée à un autre personnage. Et, oui, les deux guests stars font un peu bizarre. Mais étrangement je trouve que Danica Patrick, superstar du NASCAR aux US, les gens qui ne sont ni américains ni passionnés de sport auto ne peuvent vraiment comprendre, s’imbrique étrangement mieux à l’univers Sega qu’un Ralph qui… sort du lot.
Parce y’a un truc assez cool avec l’univers Sega c’est qu’au final tout s’y imbrique bien et que tous les personnages semblent former un univers artistique homogène. Regardez Playstation All-Stars Battle Royale et son roster sans charisme ou rien ne semble concorder artistiquement, mélangeant des univers très fictionnels et grandiloquants comme Fat Princess, MediEvil voire God of War avec des trucs plus réalistes ou sombres comme Uncharted, Bioshock ou Killzone… Ca donne du coup une impression étrange, comme si certains n’étaient juste pas à leur place, comme si deux mondes différents s’affrontaient et comme si Solid Snake se trouvait dans Smash Bros.
Ici arrive à cohabiter sans paraître trop artificiel des univers pourtant très variés comme Golden Axe, Sonic, Skies of Arcadia ou Space Channel 5. Même House of the Dead colle bien car un peu réadapté pour l’occasion, dans un univers beaucoup plus familial. Danica Patrick est du coup beaucoup plus cartoon, et des efforts ont été faits pour l’incorporer sans que ça choque trop. Dommage que du coup y’ait… Ralph.
Bref je parle de l’univers et du fanservice et y’a de quoi être heureux. Après on sera tous d’accord: il y’a encore BEAUCOUP de trucs Sega qui passent à l’as. Je continue toujours d’espérer secrètement une référence à Ecco le dauphin qui ne viendra jamais mais on notera aussi un assez grand oubli de la période Master System – même si Axel Kidd est dans le jeu, mais nécessitant d’être débloqué d’une manière tellement surprenante que je vous conseille de ne pas vous la spoiler et de juste attendre -, des deux sagas de RPG phare de la firme – Phantasy Star et Shining – et plus généralement des productions Sega sur consoles HD. Ash de Hell Yeah aurait eu totalement sa place, de même que Bayonetta, par exemple. Même si techniquement ce ne sont pas des développements par Sega, ce sont des jeux qui ont incorporés dans leur construction la forte personnalité de leur éditeur, et on aurait tous acceptés sans broncher. Maintenant, le mieux du mieux ça serait un véhicule Mike Thorthon, qui alterne entre suave, agressif et professionnel selon le terrain, mais je suis trop un fanboï.
On a vu l’univers, maintenant parlons très rapidement des tracés en eux-même: ils sont, pour la plupart, excellents. Pas seulement pour leur diversité, donc, mais aussi parce que Sumo a commencé à comprendre ce qui faisait qu’un circuit était cool. Le seul vrai défaut dans leur level-design c’est leur habitude à abuser des embranchements, ce qui ne me paraît pas une très bonne idée dans ce type de jeu de course à items. Sur un ou deux circuits ça va, mais sur la majorité ça fait un peu gimmick…
Mais pour le reste on a de tout: des virages variés, des tremplins à figure en veux-tu en voilà, des raccourcis parfois bâtards et, évidemment, ce changement régulier entre trois différentes formes de gameplay. C’est là que Sonic donne une petite leçon à Mario pour la première fois depuis quinze ans, en offrant à chaque “transformation” son propre gameplay. Le véhicule ne se contrôle pas du tout comme l’avion ou le bateau, et chacun à sa petite particularité. Après, tout le monde kiffera les phases en avion et tout le monde détestera le bateau et son gameplay… vague. Justifié. Mais vague et parfois rageant tellement on a l’impression de se traîner. Quant aux phases en kart, qui reste tout de même la majorité du jeu, et bah c’est impec.
Tiens, anecdote: dans mon article sur Forza Horizon je me plaignais justement qu’on avait pas giga l’impression que des ex employés de Bizarre Creation bossaient dessus. Bizarre Creation étant, je le rappelle, le studio derrière les premiers Formula One et les Project Gotham Racing, donc les mecs qui ont le mieux compris comment faire un jeu de course technique ET fun. Et bah dans Sonic Transformed, ça se voit beaucoup plus que des ex employés de Bizarre bossent aussi dessus ! Le gameplay est très très fun… mais demande aussi pas mal de doigté. Tous les véhicules sont ainsi customisables avec des “mods” qui leurs permettent de changer leurs particularités, et le jeu ne déconne pas quand il dit que ça se ressent sur la maniabilité de l’engin !
Soyons très francs: la majeure partie du jeu se jouera sur vos capacités techniques à enchaîner les turbos à coup de dérapage, de figures bien placées et de virages pris à la corde. Car les items du jeu sont, comme dans le premier, assez négligeables.
Il y’a néanmoins du mieux sur ce point par rapport au premier volet, les items étant plus personnels et plus originaux. J’adore par exemple l’item “bolide” qui offre un boost pendant quelques secondes et que le joueur doit désactiver au dernier moment avant qu’il explose au risque de s’en manger une. Mais dommage qu’en général ces items soient assez inefficaces, soit parce qu’ils sont durs à caser (le feu d’artifiice à une hitbox assez faible), soit parce que l’IA s’en bat les couilles (la tornade qui mélange tes commandes pendant quelques secondes, ce dont l’IA se fout carrément) ou soit tout simplement parce que ça ralentit que dalle ta mère la pute (presque tout le reste.) En outre on ne possède pas de réel équivalent à l’étoile d’invincibilité, la mode “all-star” offrant juste un léger boost et l’invincibilité sans offrir le coté fonce dans le tas de son modèle et ce plaisir sadique à défoncer des mecs pendant qu’on remonte comme un ouf. Ce qui est un peu triste ! Et l’absence de carapace bleue (remplacée par un “Essaim” trop facile à esquiver) fait qu’il peut arriver que le premier se retrouve intouchable dès le second tour, pendant que dix secondes derrière le peleton se défonce à coup d’armes. Un léger souci d’équilibrage, donc.
D’autant plus que l’IA n’est pas super sympa. Dèjà en difficulté “Moyenne” vous la retrouverez souvient bien collé à vos miches même en faisant du boulot pas dégueulasse, alors je ne vous raconte pas ce qu’il se passe quand vous montez d’une voire deux difficultés. En Expert c’est même carrément la roulette: l’IA triche comme pas permis, elle va plus vite que vous, a des meilleurs boosts que vous, prend moins de dégats que vous, vise mieux que vous, prend les raccourcis de manière métronomique, en clair ’est un véritable enfer. Dommage, du coup, que débloquer tous les personnages nécessite, à long terme, de se taper et gagner quelques courses de difficulté Expert. Pour frustrer, il n’y a rien de mieux, c’est bête ! Cela offrira malgré tout une certaine forme de challenge bête et méchant, même si je tiens vraiment à souligner que les bonnes performances en Expert restent trop liées à une certaine forme de chance, au détriment des réelles compétences techniques.
On regrettera aussi que les musiques n’aient pas été plus inspirées. On a souvent des remixs assez quelconques de thèmes certes marquants, mais pas forcément toujours mis à leur avantage. Et nom de dieu le thème musical du circuit Samba de Amigo peut être horrpilant au bout de cinq ou six minutes de jeu – ce qui correspond par exemple à une épreuve en mode Expert que vous êtes en train de vous taper en boucle jusqu’a ce que ça passe.
Enfin dernier défaut, et celui-là est quand même gênant: des bugs de collision parfois terrifiants et qui peuvent te ruiner toute une course injustement. Et, aspect sadique de ceux-ci, ils n’apparaissent souvent qu’en Difficile ou en Expert, ou la vitesse des bolides est légèrement augmentée. Du coup des passages que tu prenais les doigts dans le nez en Moyen peuvent devenir des pièges en Expert sans que rien ne te prévienne et sans que les développeurs ne semblent l’avoir prévus. On pense là SURTOUT à un passage dans le circuit Golden Axe ou on a une chance sur deux de se bouffer un plafond qui ne pose pourtant aucun souci dans les difficultés inférieures à Expert. Zarb.
Enfin voilà, c’est chouette: Sonic All-Stars Racing Transformed est un bon jeu de kart, indéniablement. Sumo semble avoir fait des efforts, avoir écouté les remarques fait au premier et ça a payé puisqu’ils offrent ici, enfin, une vraie putain de bonne alternative à Mario Kart. Je n’en ai d’ailleurs pas forcément parlé mais le jeu est extrêmement beau et fluide, et ça franchement c’est aussi chouette. Certes, le jeu manque encore un peu de finition ici et là, et c’est cet aspect qui fait qu’il n’est pas encore un juste égal à la saga Mario Kart, exemple parfait d’équilibrage, mais il n’en reste pas moins fun et apte à proposer des bonnes soirées multi, ainsi qu’une expérience solo pas forcément désagréable.
C’est donc une bonne nouvelle. Surtout que le jeu est à maximum 40€ neuf. Donc oui allez y.