Mangas & Animes

Oshi no Ko – Policy of Truth

Amies et amis de la franche rigolade, bienvenue dans un nouvel article Néant Vert en ce début février passablement médiocre. Cela va faire bientôt neuf mois que je vous casse les couilles chaque semaine sur mon compte Twitter à vous évoquer Oshi no Ko donc je me disais que, bon, il serait peut-être temps de lui dédier son propre article et vous dire pourquoi c’est non seulement ma nouveauté favorite de 2020 mais aussi peut-être l’un des mangas qui me passionnent le plus dans la centaine (!) de séries que j’ai en cours.

Bon bah caméra, lights, action.

Couverture du tome 1

Le manga a donc démarré en avril dernier au sein des pages du Young Jump, le mastodonte « young adult » (ce chaînon manquant entre « shônen » et « seinen », si vous êtes dans ce genre de délires) de la Shueisha, magazine dans lequel on retrouve au sein de son illustre histoire des récits comme Kaguya-sama, Tokyo Ghoul, Kingdom, Real, Golden Kamuy, Elfen Lied ou bien Gantz. Je vous en avais déjà un peu parlé je crois quand j’avais parlé de No Control, aka Kimi wa Midara na Boku no Jô en novembre 2016.

Cela étant dit, ce qui va nous intéresser ici est que Oshi no Ko fut d’abord vendu via le nom de ses deux auteurs puisqu’on y retrouve à l’écriture Aka Akasaka et à l’illustration Mengo Yokoyari. Et c’est là que évidemment mon attention s’est retrouvée immédiatement captée parce que ce sont deux auteurs jeunes, et qui surtout ont déjà un historique qui me parle auprès du coeur et juste parler de ces deux là vous permettra de bien comprendre en quoi Oshi no Ko est fascinant avant même d’ouvrir le moindre tome.

Ainsi, Aka Akasaka c’est – tout simplement – l’auteur et dessinateur de Kaguya-sama: Love is War. Oui, la série est toujours en cours de publication au sein du Young Jump donc oui ça veut dire qu’il a actuellement deux séries au sein du magazine. Sur Oshi no Ko il ne gère « que » l’écriture mais ça n’atténue pas la performance – même si en interview il explique réussir à ne dédier « que » trois jours par semaine à la réalisation de Kaguya et de Oshi no Ko. Et c’est une personnalité très intéressante car il semblerait que ce jeune homme passe beaucoup de temps sur Internet: c’est un gros utilisateur de Twitter, un consommateur avide (et exigeant) de youtubeurs virtuels, un grand fan de Higurashi qui ne se cache pas de passer énormément de temps à jouer à Apex Legends (quitte à y jouer tout en travaillant sur ses brouillons.) Oh et anecdote que j’ai étrangement découvert qu’aujourd’hui: c’est lui qui en 2012 a designé IA, la Vocaloid utilisant la voix de la chanteuse Lia.

IA par Aka Akasaka

Pour moi, quelque part, Aka Akasaka est un pur produit d’Internet. Comme Negi Haruba et The Quintessential Quintuplets, tu sens que les sources de Kaguya-sama elles se trouvent avant tout dans les forums de discussion et les réseaux sociaux où tout le monde discute des codes et tropes du genre romcom. Et comme Quintessential Quintuplets, Kaguya-sama arrive à un moment où les gens commencent à être en demande d’un manga de romance… qui se moque un peu des codes du manga de romance… tout en les respectant quand même…

Kaguya-sama c’est donc un manga très ancré fin des années 2010, une période où il est devenu plus important de discuter des engrenages que de la machine. Le manga marque donc des points, se fait remarquer grâce à son pitch assez simple – deux idiots ultra intelligents qui veulent forcer grâce à des habiles jeux mentaux l’un à confesser son amour pour l’autre – mais qui derrière cache une forêt de développements, de surprises pour ne pas être qu’une simple comédie qui se contenterait de faire des blagues et de citer des codes du genre romance pour s’en moquer. Non car au bout du compte, même si Kaguya et Miyuki passent leur temps à mettre en place des plans bien trop compliqués pour rien, on s’investit dans leurs relations, et la foule de chouettes personnages secondaires vient derrière enrichir le récit considérablement. Récit qui connaît des évolutions, des rebondissements et souvent une fine utilisation du foreshadowing, où des éléments balancés au pif dans un chapitre pourront ressortir cent chapitres plus tard afin de récompenser l’attention du lecteur.

Et comme en plus Aka Akasaka semble ultra-connecté, c’est aussi un récit qui n’a pas peur d’évoquer des sujets « d’actualité. » Récemment, un des persos s’est vu devenir vtubeur et commencer à enquiller beaucoup trop de thunes grâce à ses superchat. Quand Aka parle d’Internet tu sens que c’est un type qui connaît trop bien son sujet, et sait très bien ce que son public – composé énormément d’internautes – attend de lui.

Et puis à côté de lui, y’a Mengo Yokoyari. Qui est quelqu’un que j’adore.

Fanart de Hatsune Miku par Mengo Yokoyari

Ce n’est pas la première fois que je dédie un article à l’une de ses œuvres sur Néant Vert puisque justement je parlais plus tôt de No Control, ouvrage qu’elle avait illustrée en collaboration avec Lynn Okamoto. Mais surtout je parle d’elle au moins une fois tous les six mois car on lui doit un de mes mangas favoris de la décennie – Scum’s Wish, aka Kuzu no Honkai. L’histoire de deux lycéens qui, puisqu’ils ne peuvent être en couple avec ceux qu’ils aiment, se mettent en couple tous les deux pour tromper leurs désirs. Œuvre très brut de décoffrage, qui exprime de manière assez explicite les troubles et les doutes de l’adolescence mais aussi œuvre développée sur la longueur par Mengo Yokoyari, qui a écrit et dessinée la série durant cinq ans, de 2012 à 2018.

Mengo Yokoyari, en règle général, semble être une personnalité passionnante: née en 1988 – la même année que Aka Akasaka -, elle quitte le lycée pour devenir mangaka et va rapidement trouver sa place… dans le monde du hentai. Elle sortira en 2011 une compilation de différentes histoires écrites au sein du Comic Kairakuten avant de derrière commencer à écrire et illustrer différentes histoires – souvent friponnes et érotiques – pour différents magazines: Retort Pounch (l’histoire d’un lycée où les cours d’éducation sexuelles sont très avancés), No Control (deux lycéens qui se retrouvent à ne plus pouvoir contrôler leurs désirs pendant une heure par jour) ou bien Haruwaka (deux jumelles qui tournent autour d’un lycéen secrètement romancier d’histoires de cul.) Elle cumule tout ça tout en réalisant Scum’s Wish en parallèle et en fil rouge, histoire sur les doutes et les erreurs qui semble parfois tirer beaucoup de ses expériences personnelles.

Oh, et puisque Vocaloid est inévitable dans cet article, sous le pseudonyme de Yori elle a illustrée plusieurs vidéos Vocaloid « officielles. » Dont l’excellent 1,2 Fanclub.

Mengo Yokoyari c’est aussi beaucoup de one-shots, et certains sont particulièrement sombres. Dans le one-shit One Flower elle raconte la rencontre entre deux lycéennes – une apprentie mangaka sans confiance en elle et une star du lycée, qui va être de manière surprenante sa seule source d’encouragement. Ce one-shot d’a peine trente pages va suivre donc l’évolution de ces deux personnages sur quelques années… jusqu’à ce que l’une se rende à l’enterrement de l’autre, qui s’est manifestement suicidée. Assez poignant, encore plus quand, en postface, Mengo confirme que tout cela est autobiographique et sa manière de rendre hommage à la seule personne qui l’a soutenu lors de son adolescence, ainsi que peut-être un de ses premiers amours.

Mengo Yokoyari c’est une personnalité très discrète, dont on ne connaît ni la voix ni le physique, mais qui n’a pas peur d’injecter beaucoup de ses expériences personnelles dans ce qu’elle écrit et ce qu’elle dessine. Il y’a souvent une forme de mélancolie qui se dégage de ses productions, mais en même temps sa patte visuelle est unique, avec un travail important sur les visages, qui sont au centre de ses productions. On sent également son amour pour les personnages gyaru, et plus largement pour tous ceux qui sortent du lot en terme d’apparence, qui aiment modifier leurs corps, se maquiller. Et quand elle doit faire des illustrations couleurs, mamma mia, y’a rien qui semble l’arrêter.

Illustration officielle pour Scum’s Wish

Donc tout ça pour dire que quand on m’annoncé en mars 2020 que les deux vont faire équipe pour un projet, je suis bien jouasse parce que, quelque part, la collaboration fait totalement sens. C’est deux artistes jeunes trentenaires, qui ont grandis sur Internet, qui ont tous les deux détournés les codes du manga de romance pour en offrir leur propre proposition, qui ont tous les deux été plus que convaincants. Bah ouais, c’est les deux artistes parfaits pour aller ensemble. Le fait que Kaguya-sama et Scum’s Wish soient deux de mes mangas favoris aide d’autant plus à être enthousiasmé à l’idée.

En outre, je pensais vu l’annonce que Oshi no Ko serait un projet « court », genre deux artistes qui cohabitent ensemble le temps d’un petit tome one-shot. Inutile donc de vous dire que quand au bout de cinq ou six chapitres j’ai commencé à comprendre que le titre ambitionnait de devenir une vraie série longue, j’ai été d’autant plus extatique.

Donc là, voilà, à l’heure où je vous écris, on a donc passé la barre des trente chapitres, le manga s’est déjà classé cinquième des meilleures ventes pour une nouveauté manga en 2020 et son avenir s’annonce donc rose. D’autant plus rose que… c’est franchement super bien.

Le pitch de base est simple: une idol superstar de 16 ans, Ai, débarque un jour dans une clinique pour… préparer son futur accouchement. Le docteur chargé de l’accouchement est un ultra-fan mais sait rester professionnel et s’occupe d’aider Ai a gérer tous les préparatifs pour que tout se passe parfaitement pendant que son manager fait tout pour garder tout cela le plus secret possible parce qu’il est « évident » que le fait que Ai est enceinte à 16 ans d’un père inconnu qui s’est barré, le monde n’a pas à le savoir.

Le soir prévu de l’accouchement, gros rebondissement: Ai donne naissance à deux jumeaux, qu’elle nomme Aquamarine et Ruby, ce qui est une nouvelle heureuse mais à tempérer par le fait que le docteur chargé de l’accouchement… se fait tuer par un agresseur inconnu. Pas de panique pour lui, néanmoins, puisqu’il se retrouve réincarné dans le corps du petit Aquamarine. Devenu un bébé avec les souvenirs de son corps adulte, il va essayer de comprendre pourquoi il a été tué et faire de son mieux pour aider Ai qui est bien heureuse d’avoir des bébés aussi intelligents (car vous vous en doutez, la jeune Ruby aussi héberge l’âme d’une personne réincarnée) !

Évidemment, tout va s’accélérer au fil du premier tome: les deux bébés vont grandir, et au début du second tome, une ellipse importante aura lieu pour nous faire suivre les débuts de Ruby et Aquamarine au sein du monde du show-business. Ruby le faisant parce qu’elle veut devenir une star sur les traces de sa maman et Aquamarine le faisant pour essayer de retrouver les traces du meurtrier, qu’il suspecte de faire partie du monde lumineux et glamour des stars…

Comment tout ça va se passer ?

Bizarrement, vous vous en doutez.

Le premier tome de Oshi no Ko est ce qu’on appellera une aventure. Il part dans un peu tous les sens, avec heureusement la maîtrise qu’on peut attendre de Aka et Yokoyari. Tu sens que les deux ont confiance en eux en tant qu’artistes et donc n’ont pas peur de proposer un truc ultra barré, qui va mélanger en permanence les genres, qui va parfois traiter de sujets ultra lourds (le pitch de base c’est une idol enceinte à 16 ans), rajouter pas mal de mystères, une grosse dose de fantastique mais aussi beaucoup d’humour. Et en même temps chaque chapitre du premier tome démarre avec les interviews des « personnages clés » du manga dans ce qui semble être un lointain avenir, et toutes ces interviews semblent indiquer qu’un événement terrible s’annonce.

Donc on rigole un peu (surtout quand on voit par exemple un bébé se lancer dans des débats homériques sur Twitter pour défendre son idol favorite), mais on sait que derrière ces rires vont se cacher quelques moments moins heureux et, effectivement, arrive à la fin du tome un premier très gros rebondissement que je ne vais pas dévoiler mais qui va servir à clôturer cet excellent prologue et enfin lancer la série telle qu’elle est censée être.

A partir du second tome on va donc plutôt partir dans une exploration en profondeur du monde moderne qu’est celui du show business. Comment on crée des stars en 2020 ? Et bah manifestement, Oshi no Ko a beaucoup à dire sur le sujet et va l’évoquer en se concentrant sur des trucs très actuels. Ici on va être loin du glamour du cinéma et du théâtre, on est pas dans la beauté de ce que dépeint une série comme Act-Age, non on va plutôt s’intéresser à ces élements considérés comme « secondaires » dans le monde du divertissement mais qui ramènent un public effarant malgré tout. Nos héros ils vont donc évoluer dans les adaptations un peu pourries de mangas en drama live action, ils vont devoir découvrir comment Youtube fonctionne, ils vont devoir étudier leurs réseaux sociaux comme Twitter Instagram ou Tiktok et ils vont participer à des télé-réalités à la Terrace House, mais en plus fauché. Des boulots qui sont censés leur faire grimper les marches.

Et c’est là que Oshi no Ko fonctionne encore plus du tonnerre.

C’est là que t’es content d’avoir deux auteurs comme Aka et Yokoyari qui connaissent très bien les rouages de la machine « Internet » pour se faire sa notoriété. C’est des gens qui ont construits la leur entre autres grâce à ça ! Et connaissant la passion de Aka pour Youtube et les réseaux sociaux, il est évident que ça l’éclate aussi pas mal de parler de tout ça donc il le fait avec justesse. Plus largement, c’est aussi assez rafraîchissant d’enfin voir une histoire de show-business qui prend Internet en compte et ça aide à mieux l’ancrer au sein de notre temps.

Encore plus quand on arrive à l’arc… Terrace House.

Pour l’instant le joyau de la série, cet arc part carrément dans le commentaire de l’actualité. En effet, mi mai dernier, la saison 2019-2020 de Terrace House était au milieu d’un drame avec le suicide d’une de ses participantes, la catcheuse Hana Kimura, suicide manifestement lié à la campagne de cyber-harcélement dont elle était victime après avoir été dépeinte comme « la méchante » dans de nombreuses scènes de cette télé-réalité qui se plait, comme beaucoup d’autres, à modifier la réalité pour imposer sa propre narration des événements.

Ce suicide, il aura été traumatisant sous pas mal d’aspects et dès le mois de novembre, Oshi no Ko va se saisir du sujet pour l’insérer au sein de sa propre intrigue. Aquamarine se retrouve ainsi à participer à une émission de télé-réalité très similaire, où six lycéens cohabitent ensemble. Parmi les six participants se trouve une jeune fille nommée Akane, à la base une actrice de formation, qui fait un peu figure de poisson hors dans l’eau dans ce genre d’émission parce que si elle peut très bien jouer des personnages fictifs, elle a du mal à imposer sa propre présence. Elle se retrouvera à un moment dans une dispute avec une autre membre du casting, baucoup plus populaire. La dispute est filmée et, évidemment, narrée dans le produit fini de manière à la poser comme la méchante dans la confrontation, ce qui va entraîner derrière une réaction extrêmement violente sur les réseaux sociaux. Akane aura beau s’excuser, cela finalement ne fera que rajouter de l’essence sur les flammes, et notre actrice va peiner à trouver un moyen de s’en sortir… jusqu’à ce que la seule issue qui lui paraisse possible soit la pire.

L’arc en lui-même est très fort, et montre la pertinence d’une série comme Oshi no Ko au sein du paysage actuel. C’est une série qui a des choses à dire sur pas mal de sujets liés à la célébrité, au show-business, aux réseaux sociaux et à la manière dont le public perçoit les choses. C’est une série très pragmatique, qui explicite l’idée que le monde du divertissement est un monde qui fonctionne particulièrement sur le mensonge mais que cela est accepté par tout le monde, créateurs comme consommateurs, avec les dérives que cela peut impliquer quand on commence à oublier que des véritables être humains sont derrière les masques publics qu’on peut voir.

Le tout est pourtant dépeint sans cynisme, sans animosité. Oshi no Ko ne dit pas que le show-business pue parce qu’il ment, non, ça dit juste qu’il ment. Ainsi, tous les personnages qu’on va y croiser et qui y bossent sont, pour la plupart d’entre eux… des vraies bonnes personnes. A part le mystérieux agresseur dont Aquamarine cherche l’identité, il n’y a pas de vrais « méchants » dans cette série, seulement des mecs et des meufs qui cherchent leur place dans une machine un peu sans pitié, qui dépasse tout le monde et que personne ne semble arriver à réellement contrôler.

Bref, hait le jeu, pas les joueurs.

Et c’est là que Oshi no Ko montre une autre de ses grandes forces: son casting de personnages. On commence par le trio de héros, c’est à dire Aquamarine qui est un protagoniste très déterminé à atteindre ses objectifs et qui est du coup plutôt intelligent et observateur, le personnage le plus sérieux du récit qui sait souvent s’effacer pour laisser briller les personnages secondaires, ce qui fait étrangement écho à sa personnalité au sein du monde du show-business où il est souvent utilisé comme un excellent faire-valoir.

Sa soeur, Ruby, va elle du coup être son exact opposé: pas très fut-fut mais pleine d’énergie et d’esprit d’initiative, elle sera souvent là pour poser les bonnes questions où permettre à l’intrigue d’avancer grâce à une bonne impulsion. Elle est souvent à la source des meilleures blagues et est fort utile pour détendre l’atmosphère après deux-trois sujets compliqués.

Quant à maman Ai, c’est un personnage très fort, au passé trouble et peu à peu dévoilé sous nos yeux interdits. Elle possède un développement vraiment très intéressant, avec des idées très intéressantes – c’est un personnage qui justement vit dans le mensonge constant, en plus d’une certaine forme de désinvolture. Mais malgré tout elle déploie énormément de charisme et sait souvent trouver des mots extrêmement juste.

Dans les personnages secondaires, la « star » du récit pour l’instant est clairement Kana. Actrice prodige et star-enfant qui cherche à donner un second souffle à sa carrière (alors qu’elle a seize ans), elle va souvent servir de mentor à nos deux héros en leur expliquant très facilement comment survivre dans son milieu et les mésaventures à éviter – comme par exemple pourquoi si t’es une apprentie star tu devrais éviter de dire du mal de la boisson que tu viens de goûter sur Twitter. Mais en dehors de cela, elle a aussi un caractère bien trempé et est clairement le personnage le plus expressif du récit, à qui il va souvent arriver des péripéties… rigolotes.

D’autres personnages marquent aussi pas mal les esprits: la manager de nos héros, qui est aussi professionnelle que bienvaillante ; Memchu l’experte des réseaux sociaux aux discours souvent extrêmement matures ; Le réalisateur qui est stupéfait par le progressisme de l’ère actuel ; Akane l’ultra-actrice, et caetera.

Encore une fois, Aka utilise ici la même recette que pour Kaguya-sama, c’est à dire injecter des personnages très simples à pitcher, qui ont un trait de caractère parfaitement défini, mais ce trait va ensuite être exploité, tordu, inversé, bref manipulé au maximum pour permettre de tirer le maximum de chaque personnage. On s’y attache avec plaisir, et tous jouent un rôle parfaitement défini… ce qui est bienvenu quand on parle de show-business.

Donc oui, même si il travaille sur Oshi no Ko en parallèle de son hit Kaguya-sama, vous aurez compris que Aka Akasaka est loin de bâcler l’écriture de Oshi no Ko. Il y injecte même toute la noirceur qu’il ne peut mettre dans son oeuvre principale. C’est parfaitement complémentaire à Kaguya, tout en partageant les mêmes qualités. Et puis, ouais, quand tu mets Mengo Yokoyari au dessin, bah c’est inévitablement une réussite. Le projet semble ultra la motiver et elle y donne autant que si elle l’avait écrit elle-même. Les personnages sont ultra-expressifs, y’a encore des découpages parfaitement magistraux, les pages couleurs sont à tomber par terre, bref c’est parfaitement dessiné.

Mais ce qui continue à me tuer avec Mengo Yokoyari, c’est sa capacité à mettre en scène les dialogues, et particulièrement les phrases « choc. » Scum’s Wish était parfait à l’époque parce que y’avait certaines phrases qu’il t’assénait comme un coup de massue au sein de cases parfaitement étudiées. Bon bah ici c’est pareil, y’a certains dialogues qui bénéficient vraiment du talent de Mengo Yokoyari pour les mettre en scène.

Donc voilà, c’est Oshi no Ko, mon coup de coeur 2020.

30 chapitres et déjà tant de choses que j’aimerais dire dessus, c’est abusé. Et encore y’a plein de trucs dont j’ai pas forcément parlé pour quand même vous laisser la joie de découvrir pas mal de trucs sympas. Pour l’instant, hélàs, la série ne dispose pas de distribution légale (ça serait cool que Mangaplus commence à intégrer les sorties du Young Jump, d’ailleurs) mais malgré ça c’est une recommandation sincère et passionnée que je vous fais là. Vous allez voir: c’est une série très bizarre au démarrage, qui part dans un peu tous les sens, mais qui a une personnalité bien à elle et qui n’a pas peur d’imposer sa propre personnalité au fil des pages. C’est vraiment un manga assez unique, et que je suis heureux de voir plutôt bien réussir son démarrage au sein des charts japonais. Car après tout, c’est une oeuvre qui mérite l’attention !

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