À la découverte du second anime Rémi Sans Famille
Ah je suis content de moi, là – nouvelle vidéo, qui m’aura demandé pas mal de temps mais qui a été un vrai plaisir à préparer et réaliser. Le sujet y est donc la seconde série anime adaptée du roman Sans Famille – le Ie Naki Ko Rémi de 1996. Un sujet mine de rien plutôt large car si la série est extrêmement méconnue en France, elle porte une place importante dans l’histoire de l’animation japonaise, ayant été la dernière représentante de la première version des prestigieux World Masterpiece Theater.
La vidéo est donc l’opportunité d’évoquer plusieurs sujets: mon amour et ma nostalgie pour l’animé Rémi Sans Famille de 1977, qui a une place particulière pour moi. L’histoire des World Masterpiece Theater. L’histoire des adaptations de Sans Famille. Et puis évidemment vous présenter et faire la critique de la série de 1996. Et puis, en sous-texte, tout un travail d’analyse sur le travail d’adaptation, et la comparaison des différences entre chaque version. Tout ça avec entrain, courage et abnégation – car c’est ce que Rémi aurait voulu ! Il y’a même un petit bonus rigolo à la fin, héhé.
Comme d’habitude, cet article vous présente la vidéo et vous l’héberge – mais vous retrouverez également la retranscription de l’article juste après, avec illustrations ! C’est une vidéo dont je suis extrêmement contente même si à l’avenir, si je compte parler d’animés aussi obscurs et ayant survécus en qualité pas ouf, faudra que je trouve un moyen de les afficher correctement en 1080p, j’ai l’impression que ça étire parfois un peu trop. Et vu le temps que la vidéo passe à afficher des trucs en 4:3, faudra aussi que je pense à envisager un fond coloré et personnalisé… Bon on verra !
En vous souhaitant un bon visionnage, une bonne journée et un bon week-end prolongé ♪.
La retranscription commence maintenant –
La liste des animés qui ont marqués la France dans les années 80/90 elle est large – des noms comme Albator, Dragon Ball Z, Candy ou bien les Chevaliers du Zodiaque sont encore aujourd’hui capables de faire palpiter le coeur nostalgique des quarantenaires. Mais une autre série de cette période a considérablement marquée les esprits, une série mettant en scène un jeune garçon qui dans les grandes villes et les petits villages voit défiler devant lui des jolis paysages, il est sans famille et… c’est quoi son prénom déjà ?
Ah ouip, Rémi sans Famille ! Racontant les aventures de Rémi, jeune orphelin recueilli par un saltimbanque nommé Vitalis essayant de retrouver sa mère dans la France de la fin du 19e siècle, la série a marqué les esprits tout autour du monde, aussi bien pour la beauté de ses décors que pour le ton extrêmement tragique de l’intrigue, qui va voir le jeune Rémi affronter bien des soucis. Mais saviez-vous que ce n’est pas le seul animé mettant en scène Rémi ? Car il existe une seconde série nommée Ie Naki Ko Remi, sorti en 1996 et qui présente très vite une particularité de taille: Rémi y est désormais… une fille !
Comment est née cette seconde série ? Pourquoi ces changements ? Qu’est-ce que la série raconte ? Que vaut-elle ? Je vous propose donc de répondre à ces questions en explorant ensemble cette mystérieuse seconde série Rémi Sans Famille… mais avant ça… parlons bouquin !
L’HISTOIRE DE SANS FAMILLE – DANS TOUS LES SENS DU TERME
Bon à la base, Sans Famille est donc un livre qu’on doit à Hector Malot, publié en 1880, racontant la destinée de Rémi, jeune garçon vivant dans le village de Chavanon en compagnie de sa mère et de sa vache. En bon paysan il vit de manière simple mais dans la joie – joie qui va vite être brisée quand va revenir dans sa vie le père de la famille, blessé sur des chantiers à Paris, devenu sans emploi et apprenant rapidement une terrible vérité à Rémi: il est adopté, et désormais trop coûteux à gérer pour une famille qui n’a plus le moindre revenu. Il va donc être vendu à Vitalis, artiste itinérant qui voit pas mal de potentiel en Rémi et en fait rapidement le membre de sa troupe, statut qu’il partage avec les animaux savants – les chiens Capi, Dolce et Zerbino ainsi que la star, le singe Jolicoeur.
Ensuite va se succéder une tonne de péripéties: à Toulouse Vitalis va finir injustement en taule, Rémi va alors être recuilli par la famille Milligan, des aristocrates anglais qui vont le recueillir avec joie. En prison, Vitalis chope la tuberculose mais une fois sorti va récupérer Rémi et relancer la troupe mais de nombreux malheurs vont survenir, entre autres une attaque de loups qui va décimer les animaux, suivi d’une maladie fatale pour Jolicoeur… peu de temps avant que Vitalis lui-même succombe à la sienne, laissant Rémi seul. Du coup Rémi va longuement continuer ses aventures et faire de nombreuses rencontres – que ce soit avec Mattia le vagabond ou la jeune Lise, une muette dont il va tomber amoureux. Sans oublier les ignobles Driscoll qui vont essayer de le kidnapper… tout cela avant une conclusion joyeuse puisque les Milligan vont se réveler être ses vrais parents et finalement le retrouver. Rémi termine donc le récit à pouvoir rejoindre une famille aristocrate, le mettant bien à l’abri et récompensant de tous les malheurs survenus jusqu’ici.
En somme vous avez une histoire assez riche, qui va voir Rémi explorer toute la France, aller de péripéties en péripéties, et qui peu importe les obstacles et les malheurs mis sur sa route va essayer de continuer d’avancer, avec courage et abnégation.
Très rapidement un succès le roman va être adapté à de nombreuses reprises à l’écran, dès 1913, premier film d’une longue série puisqu’au final c’est une dizaine d’adaptations qui essaieront de raconter l’histoire du jeune saltimbanque – dont par exemple une version soviétique en 1984 et là vous vous dites ptet que wah c’est bizarre que les communistes adaptent un roman ou la fin c’est un enfant qui devient enfin heureux parce qu’il quitte le prolétariat pour devenir membre de l’aristocratie. C’est pas très soviet dit comme ça ! Rassurez-vous ils y ont pensés, à la fin, Rémi retrouve les Milligan et reste avec eux… avant d’être lâché par son pote Mattia, qui lui méprise la décadence de ce monde fortuné et part avec Kapi pour pratiquer sa vraie vocation: l’art de rue. Rémi n’est certes plus sans famille… mais il est désormais sans ami…
Mais dans tous les cas dur de parler de Sans Famille sans parler de Rémi sans Famille, l’anime de 1977, multi-diffusé à la télévision française mais aussi un des projets les plus ambitieux de l’animation japonaise de cette époque. Adaptation très complète de 51 épisodes confié au studio Madhouse,et je vais le dire très nettement: c’est la meilleure adaptation de Sans Famille, qui a plus d’un aspect sublime l’oeuvre d’origine.
Produite pour fêter les 25 ans de la chaîne Nippon TV, l’animé a bénéficié d’un budget faramineux qui se ressent vraiment à l’écran, avec des décors excellents et même une petite particularité: elle était diffusée en 3D ! Ce qui explique le sentiment de plans parallèles qu’on peut voir de ci de là: le premier plan était censé être visible en 3D avec des lunettes spéciales, la série restant conçue pour être quand même tout à fait visible en 2D classique !
Mais en plus du budget on a les talents et là wow le staff c’est est un peu l’équipe all-stars de l’époque, menée par Osamu Dezaki, qui est très clairement le meilleur réal des années 70 – un type qui a dirigé des mythes comme Ashita no Joe, Ace wo Nerae, l’ïle aux Trésors ou bien la Rose de Versailles, des séries qui partagent toutes ce point commun qu’est celui d’avoir une direction artistique à chaque fois assez incroyable, bien portée par la signature du réalisateur – les fameux Harmony Cels, ces dessins somptueux qui ont sublimés plus d’une fin d’épisode ou de série.
Sachant qu’en plus des qualités visuelles, l’anime développe considérablement l’intrigue, ajoutant pas mal de choses qui viennent enrichir le récit initial. C’est parfois via des petits détails – par exemple on peut voir le père de Rémi semblant montrer du remord par rapport à son acte, humanisant ce personnage un chouia plus que dans bien d’autres adaptations. Autre exemple: quand la police vient harceler Vitalis à Toulouse, celui-ci finit par démonter le flic à coup de poing, ce qui est là aussi inédit !
On va pas se mentir, la scène est assez jubilatoire à voir parce que téma la taille des connards mais en contrepartie ça va rendre sa peine de prison plus sérieuse, plus crédible. Sans oublier les épisodes au contenu 100% inédit qui viennent contribuer aux propos de l’œuvre, comme celui ou Rémi devient ami avec une jeune fille nommée Grace… avant de découvrir que celle-ci étant aristocrate, sa famille refuse qu’il la revoie à nouveau, témoignant des drames liés à la séparation absurde entre classes sociales.
Et puis certaines scènes deviennent même encore plus fortes: dans le roman, Jolicoeur meurt de sa maladie au fond d’un lit, de manière assez froide – dans tous les sens du terme. L’anime va lui offrir une dernière heure de gloire assez impressionnante puisque tel Molière, il va braver la maladie, offrir un dernier spectacle et mourir héroïquement devant son public, en faisant ce qu’il aimait faire…
Après oui je vous dit tout ça mais je suis ptet un peu biaisé parce que Rémi sans Famille… bah c’est mon premier anime ! Je l’ai vu en 1997 quand il était diffusé sur France 3, et ça a été réellement la première série que je suivais jour par jour, avec une vraie attente de l’épisode du lendemain. L’épisode où Rémi finit bloqué dans une mine, ça a été la première fois que j’ai expérimenté l’art du cliffhanger, et je voulais tellement savoir la suite que j’en ai rêvé la nuit suivante ! Vous pourriez vous dire qu’une série aussi tragique pourrait être repoussant mais moi justement j’adorais le fait de voir un gosse de mon âge vivre des aventures aussi intenses tout autour de la France – pour moi les moments tristes permanents, évidemment ça me touchait émotionnellement mais ça me déprimait pas pour autant parce qu’à chaque fois je voyais Rémi rebondir, continuer à faire de son mieux. Je trouvais ça chouette !
Et puis pour avoir revu pas mal d’épisodes pour préparer cette vidéo, je confirme que ça reste aujourd’hui un super anime – ne serait-ce que pour ce qu’il propose visuellement. Par exemple y’a tout un délire autour des rêves et des cauchemars, qui sont très présents au sein du récit, et à chaque fois présentés d’une manière qui visuellement a pas mal d’impact. Sans compter les petits moments où tu sens que ça flexe chez les animateurs – genre l’épisode 16, y’a une séquence pas forcément très utile dans l’intrigue ou c’est juste 2mn d’animation d’écluse. Ils l’ont faits juste parce qu’ils pouvaient le faire, et ça en l’état eh c’est un peu stylé !
Donc ouais, logique que la série ait pas mal marqué les esprits – elle est très bien faite ! Mais c’est pas elle, le sujet d’aujourd’hui – je vous propose donc d’enfin évoquer le SECOND anime Sans Famille !
IE NAKI KO REMI
Ie Naki Ko Remi démarre donc sa diffusion le 1er septembre 1996, et fait partie de la prestigieuse série des World Masterpiece Theater et… ah putain… j’ai oublié de vous parler des World Masterpiece Theater.
LES WORLD MASTERPIECE THEATER
Les World Masterpiece Theater est donc une série d’animés diffusés entre 1969 et 1997, qui se succédaient à rythme annuel sur l’un des plus prestigieux créneaux horaires de la chaîne Fuji TV, c’est à dire le dimanche soir à partir de 19h30. L’objectif était d’y proposer une large variété d’adaptations animées de classiques de la littérature occidentale, ce qui a donné lieu à de nombreuses oeuvres, dont certaines sont bien connues chez nous: des séries comme Heidi, Tom Sawyer, les Quatre Filles du Docteur March ou bien Princesse Sarah viennent de ce créneau, qui était géré par le studio Nippon Animation.
C’est mine de rien un regroupement d’animés importants pour l’animation japonaise, déjà parce que beaucoup de ces séries ont été d’énormes succès – le Chien des Flandres, par exemple, est perçu au Japon comme un énorme classique, encore cité en référence aujourd’hui. Mais aussi parce que c’est des séries qui ont fait éclore des artistes importants – Heidi ou Anne aux pignons verts, par exemple, sont particulièrement mémorables parce qu’on y retrouve toute une partie du staff qui ira après fonder Ghibli – que ce soit Isao Takahata à la réalisation ou bien un animateur nommé Hayao Miyazaki, je sais pas si vous le connaissez.
Mais dans tout ça, Ie Naki Ko Remi a une place particulière puisque c’est donc la dernière série des World Masterpiece Theater – enfin de la première version puisqu’il va y’avoir un revival dix ans plus tard avec trois séries supplémentaires, dont d’ailleurs une adaptation pas inintéressante des Misérables. MAIS il n’empêche que dans l’esprit collectif japonais, la série est toute de même vue comme la “fossoyeuse” des World Masterpiece Theater et est souvent cité comme l’une des moins aimées par le public japonais. Il faut dire qu’elle partait pas gagnante: juste avant elle avait été diffusée une adaptation de Lassie chien fidèle qui a été un bide monstrueux, annulé au bout d’à peine 26 épisodes, donc il fallait rapidement proposer une série de remplacement… et c’est là que vient Sans Famille.
Mais avant ça, il faut noter que Hector Malot a déjà été adapté dans le cadre des World Masterpiece Theater, avec la série Perrine Monogatari, sortie en 1978, qui adapte le dernier roman de l’auteur – en l’occurrence En Famille.
Centré là aussi sur une jeune fille qui, rejetée de son village natal, doit survivre en voyageant à travers la France. On est sur des thématiques et des sujets assez proches de Rémi et, si le dessin animé n’est étrangement jamais arrivé chez nous, il faut avouer que les histoires de Perrine ont eu un énorme succès au Japon, où la série est encore citée aujourd’hui comme une des favorites du public au sein de toutes les séries de la franchise.
Vu donc le succès de Perrine au Japon, l’idée d’essayer de sauver le créneau en réadaptant du Malot peut paraître logique, surtout avec un roman aussi populaire que Sans Famille. Mais évidemment le risque c’est de s’opposer au monument qu’était la série de 1977, qui presque 20 ans après était encore dans toutes les mémoires – donc décision est faite d’apporter quelques changements….
IE NAKI KO REMI
La série reprend donc une base qu’on connaît maintenant bien: la jeune Rémi vit joyeusement dans le village de Chavanon avec sa mère et sa soeur, sa vie est belle, tout va bien… jusqu’au retour de son père – qui est carrément devenu l’UNDERTAKER !
Le début est globalement proche de ce qu’on connaît: sa famille a plus de thunes, son père essaie de la revendre en losedé, Vitalis la récupère, cette fois-ci en truandant le marchand d’esclaves, et c’est ainsi qu’elle devient membre de la troupe Vitalis et qu’elle va donc parcourir la France. Et encore une fois en bonne compagnie, puisqu’on retrouve évidemment Capi, Zerbino et Dolce, en plus du vaillant Jolicoeur.
Par rapport à la version de 1977 on va donc avoir deux grands changements: déjà, le plus évident, est le changement de genre pour Rémi et le second… bah c’est le nombre d’épisodes ! La série devant remplacer au pied levé une série qui était déjà programmée, elle ne va pas avoir énormément de place – seulement 26 épisodes sont prévus, et autant vous dire que raconter en ce laps de temps une intrigue que la série précédente avait mis 51 épisodes à dérouler, ça peut paraître risqué.
C’est pour ça donc que Ie Naki Ko Rémi va… pas tant adapter le roman que ça, préférant surtout réutiliser des éléments de ci et commencer à raconter, à partir d’un certain point, sa propre histoire. Et ce qu’il adapte n’est d’ailleurs pas toujours fidèle. Par exemple, le passage à Toulouse va être raconté différemment – comme dans le roman et le dessin animé de 1977, c’est ici que les flics vont cibler Vitalis et l’enfermer injustement, mais là ou initialement ils harcelaient Vitalis pour le faire craquer, là il devient le suspect de toute une histoire d’incendies volontaires – une accusation un peu conne vu qu’il passe son temps à aider à les éteindre, et même parfois brave les flammes pour essayer de sauver les gens bloqués chez eux. Ptet que les scénaristes avaient des préjugés chelous sur les toulousains, mmm….
D’ailleurs, globalement, la série met quand même un peu de temps avant de devenir le Rémi sans Famille qu’on connaît à base d’enfants qui souffrent – le début est même assez sympa, à base d’une petite histoire par épisode, où Rémi va souvent aider et soulager le quotidien d’autres enfants – par exemple une petite aveugle fan de poterie. Et c’est à partir du dixième épisode que tout commence à escalader: en deux épisodes Rémi empêche un enfant de faire une tentative explicite de suicide. Vitalis commence à tousser bizarre. Il veut ensuite se barrer et, contrairement au roman, laisser Rémi chez les Milligan SAUF QUE dans un move assez mal expliqué par la série elle veut à tout prix rester avec Vitalis donc elle le poursuit et elle le rattrape abandonnant la vie idyllique qui lui était promise…
… et du coup pour ce choix elle est récompensée de ouf dès l’épisode suivant puisque l’hiver arrive, Vitalis continue VRAIMENT de tousser un peu trop, Jolicoeur tombe malade, il faut rejoindre d’urgence une autre ville pour le soigner, ça implique de traverser une forêt… DE NUIT… SOUS UNE TEMPETE DE NEIGE… AVEC DES LOUPS DEDANS… Dolce et Zerbino se font littéralement BOUFFER, Rémi est obligée d’enterrer leurs cadavres frigorifiés, Vitalis tousse VRAIMENT BEAUCOUP et Jolicoeur ? Bah il est toujours malade…
Et ça c’était juste l’épisode 12 ! Donc là vous vous dites, ok, ils vont speedrun tout le malheur de Rémi au maximum et à partir de là on connaît l’histoire, on sait comment ça va se passer: Jolicoeur va crever, Vitalis aussi, ça va être la solitude et la détresse, donc ouais, début de l’épisode suivant, Jolicoeur est géré par un médecin et….
… survit à la maladie.
Quoi ?
Oui oui il survit à la maladie qui l’a buté dans le roman, dans le dessin animé, dans une dizaine de films. Il y survit, voilà, à la moitié de la série Jolicoeur le singe est toujours parmi nous.
Oh, cool ! Du coup pour Vitalis ça veut dire que-
… Non Vitalis, il a toussé trop fort il est mort.
Oh….
Bon à partir de là Rémi retourne sur Paris et va donc chercher refuge chez Garofoli.
Alors Garofoli c’est un passage assez court, que ce soit dans le livre ou dans l’animé: en gros à chaque fois Rémi arrive chez lui en compagnie de Vitalis, Vitalis le laisse là le temps de régler ⅔ trucs de son côté, entre temps on découvre que Garofoli est un psychopathe qui recueille les orphelins italiens réfugiés à Paris pour les forcer à mendier et voler, récupérer leur argent du jour et les battre si ils n’ont pas obtenus la somme minimale requise. A chaque fois Rémi s’en sort que parce que Vitalis revient par surprise, tombe sur le mec en train de battre des gosses et Vitalis pète un câble et reprend Rémi, laissant les pauvres orphelins derrière eux. Enfin presque tous – le passage étant l’occasion de nous introduire au personnage de Mattia, qui va plus tard devenir le BFF de Rémi dans la suite de ses aventures.
Et donc Ie Naki Ko c’est pareil – le mec est toujours une ordure, la seule différence étant qu’il s’appelle maintenant Gaspard et recueille des orphelins bien français. Donc tout cela étant dit vous vous posez sans doute une question – du coup vu que Vitalis est déjà mort dans cette version du récit, qui vient reprendre Rémi ? Comment se sort-elle de cet enfer ?
Bah elle s’en sort pas !
A partir de là, tous les épisodes suivants vont se dérouler à Paris et vont se concentrer sur la vie de Rémi au sein de la bande d’orphelins maltraités par Gaspard. Comme les autres, elle va devoir apprendre à gagner de l’argent, subir les brimades si elle ramène pas la thune et voir ses amis manquer de mourir de maladie parce que évidemment le gus veut pas payer pour les soigner quand ils sont malades. Elle va malgré tout pas mal s’attacher aux autres orphelins et même trouver une nouvelle amie, nommée subtilement Cosette, qui elle aussi vit la vie de saltimbanque avec sa famille. En somme, oubliez complètement le roman et la série précédente – tout ce qui arrive dans la seconde partie est inédit, et fait disparaître tout le reste.
La famille Acquin ? C’est mort.
Les délires en Angleterre avec la famille Driscoll ? Plus du tout.
Le personnage de Lise ? Y’a pas.
Au pire y’a quelques références – par exemple un épisode va voir Rémi se perdre dans une mine afin de retrouver une jeune orpheline, avant d’elle-même y finir coincée, faisant là aussi écho à l’arc minier du récit original. De son côté Mattia va quand même conserver son destin de violoniste, mais l’arc narratif va pas mal changer autour du personnage vu que le changement de genre de Rémi fait que sa relation avec elle va pas s’arrêter à la simple amitié, quelques indices de ci de là laissant envisager une romance entre les deux.
Après, la fin reste peu ou prou la même – Rémi parvient à retrouver les Milligan pour apprendre que c’est sa vraie famille et la rejoindre. La fin est même encore plus joyeuse que dans le récit d’origine, puisque cette fois-ci ce n’est pas que Mattia qui est adopté par les Milligan, mais bien toute la bande d’orphelins qui étaient maltraités par Gaspard, qui lui même finit en taule non pas pour avoir battu les enfants mais pour avoir tenté de faire du chantage aux Milligan et avoir kidnappé leur fille, rappelant du coup qu’en France la justice ne travaille que quand tu t’attaques à la bourgeoisie. Oh et puis sans rapport, je sais pas si vous avez remarqué mais – JOLICOEUR SURVIT A LA SERIE, BRAVO MON GARS !!!
BON DU COUP C’EST BIEN OU PAS ?
A titre personnel j’ai bien aimé regarder Ie Naki Ko Remi car si on est bien conscient qu’on est sur une série qui s’inspire du roman original plus qu’il ne l’adapte, les changements renouvellement bien le récit, certains étant même assez judicieux – par exemple j’aime bien la nouvelle version de Vitalis, globalement plus sympathique et mieux adapté à un public moderne. Je veux dire je veux pas balancer mais bon le Vitalis de la série originale il aimait bien foutre des fessées à Rémi, et ça bon… pas ouf…
Après la série en l’état est pas dénuée de défauts – elle en a même deux qui sont assez handicapants.
1/ LA SECONDE MOITIE
Toute la partie chez Gaspard prend quasiment la moitié de la série et je vais être honnête: c’est vraiment pas très passionnant. Là ou jusqu’ici, Ie Naki Ko Remi était une série de voyage, où chaque épisode amenait de nouveaux lieux et de nouveaux enjeux, l’arrivée à Paris fait stagner le tout et malgré tout le nouveau casting on tourne assez rapidement en rond. Ce qui est d’autant plus dommage que…
2/ C’EST VRAIMENT MOINS BEAU QUE REMI SANS FAMILLE
C’est terrible à dire mais Ie Naki Ko Rémi souffre visuellement de la comparaison avec Rémi sans Famille. Et autant je peux leur pardonner de ne pas parvenir à aussi bien raconter l’intrigue vu que la série de 77 a l’avantage très clair d’avoir deux fois plus d’épisodes, autant le vrai problème c’est que visuellement… bah y’a pas photo. Rémi sans Famille a beau être sorti 20 ans avant, il est beaucoup plus beau que Ie Naki Ko Rémi qui a certes de jolis décors et de jolies couleurs, mais manque cruellement de profondeur, la faute à une direction artistique assez simpliste et loin d’être aussi ambitieuse que son prédécesseur.
Après l’esthétique Ghibliesque de la série la rend ptet un poil plus accessible mais ça reste dommage que ces 20 ans d’écart soient en faveur de la série la plus âgée…
Sachant que dans tout ça j’ai pas parlé de Rémi en tant que protagoniste. Et aaah je suis mitigé !
Déjà le positif: c’est un personnage que je trouve très sympa à suivre – elle est beaucoup plus positive que le Rémi de 77, et j’oserais dire qu’elle est même plus attachante. Elle garde vraiment le sourire et la bonne humeur en permanence et mine de rien, cette énergie est assez communicative… MAIS… elle peut aussi paraître dissonante. Particulièrement dans la seconde moitié où y’a un terrible souci d’écriture vu que Rémi en tant que personnage n’a plus de développement ! Une fois Vitalis parti de l’intrigue, elle n’apprends plus grand chose, et devient une figure un peu simpliste qui essaie de garder le sourire et la positivité à tout moment, ce qui ne marche pas toujours. Y’a un épisode par exemple elle convainc Mattia d’arrêter de voler pour gagner de l’argent, avec un argument massue: voler c’est mal !
Et tant pis si le contexte c’est que Mattia risque de mourir sous les coups si il ramène pas assez d’argent à Gaspard – d’ailleurs il se fait ultra tabasser juste derrière, mais c’est ok si il a failli crever il a l’ascendant moral !
C’est ce genre de moment à l’écriture trop simpliste, à la morale trop détachée de la réalité, qui fait tâche et expose hélas le léger manque de profondeur du personnage de Rémi. Là où dans la série précédent, la réalité il se la prenait souvent en pleine face…
Quant à son changement de genre, au final ça ne modifie pas grand chose, à part peut-être pour l’histoire d’amour que ça crée entre elle et Mattia – au point d’ailleurs où à un moment Rémi devient une demoiselle en détresse que Mattia va devoir libérer, ce qui est on va se l’avouer pas le plus progressiste des tournants scénaristiques ! Perso j’aurais vraiment aimé voir ce changement de genre être plus souvent exploité, peut-être pour raconter des choses spécifiques à ce que ça aurait été d’être une jeune orpheline féminine à cette période. Mais j’imagine qu’ils ont pas voulus trop marcher sur le terrain de Perrine Monogatari, qui avait déjà pour concept celui d’être Sans Famille… mais avec une héroïne. Ils avaient du coup clairement le cul entre deux chaises, ça donne une opportunité manquée, c’est dommage !
Donc est-ce que je recommande le visionnage de Ie Naki Ko ?
Bah si vous aimez bien Rémi sans Famille, je vous conseille l’expérience, elle est pas inintéressante, Rémi reste assez attachante et la première moitié est vraiment bien mais il faut y aller avec la connaissance que ce n’est pas “aussi réussi” que la série de 77. Sachant que si vous n’avez jamais vu Rémi sans Famille… bon bah matez plutôt Rémi Sans Famille. Dans tous les cas, quelque soit votre profil la série est hyper inaccessible et faut batailler pour la regarder – à ma connaissance y’a aucune version française, même en fansub, et la seule façon que j’ai trouvé pour regarder la série c’est un torrent avec des fansubs anglais partagés par 2 seeders qui se battent en duel. Au pire si vous lisez l’italien bah y’a les DVD de Remy La Bambina Senza Famiglia, ça peut faire le taf.
Cela étant dit, je pense sincèrement que c’est une série qui serait pas inintéressant de voir arriver chez nous de manière officielle: elle adapte une œuvre de notre patrimoine et elle aurait tout à fait sa place chez nous. Hélas, elle a eu le malheur de sortir à la fin des années 90, une période où les chaînes françaises ne se battaient plus trop pour récupérer des animés. Du coup, contrairement à beaucoup d’autres séries du World Masterpiece Theater, ça ne nous est pas parvenu au moment où ça aurait dû l’être. Je pense que c’est une série qui malgré ses défauts ne mérite pas de sombrer dans l’oubli, et aurait une vraie place dans un catalogue d’animes destinés entre autres à un jeune public. A titre perso je l’aurais vu quand j’étais gamin, aucun doute que j’aurais kiffé – et ça aurait été une chouette série d’aventure avec une héroïne qui aurait su me marquer.
Mais bon, c’est la vie et voilà tout ce que j’ai à dire sur le second anime Rémi Sans Famille ! C’est là dessus qu’on va pouvoir commencer à conclure cette vidéo mais avant ça mes amis, j’ai quelque chose à vous dire…
En effet, je vous dois vous avouer que je vous ai menti plusieurs fois pendant la vidéo.
Ie Naki Ko Remi n’est pas le second animé adapté de Sans Famille.
C’est le troisième.
L’ANIME REMI SANS FAMILLE DE 1970
Sorti en 1970 au Japon, Chibikko Remi to Meiken Kapi est un film qu’on doit au studio Toei Animation qui s’est demandé sincèrement COMMENT améliorer Sans Famille et qui est parvenu à une réponse toute simple:
Bah, en faisant parler les animaux.
Le film est sorti en VF sous le nom Sans Famille via une version DVD qui squatte aujourd’hui pas mal les bacs de DVD d’occasion à 1€… et bon globalement c’est pas super – on est dans cette période où la Toei essayait de refaire du Disney, ça a donné quelques films sans âme et sans interêt. Les animaux parlants ok pourquoi pas mais ça donne des successions de séquences humoristiques un peu bête et qui s’articulent mal avec le reste du récit.
Après y’a quand même quelques trucs intéressants – par exemple on trouve déjà dans ce film la séquence où Jolicoeur brave la maladie pour mourir sur scène, montrant que ce film a pu inspirer de quelques façons la série de 77. Et puis à l’inverse, parfois, le film est si caricatural qu’il en devient drôle: le fait que le méchant avocat des Driscoll ait une tronche de méga vilain est déjà assez ridicule mais ajoutez à ça son VAUTOUR DE COMPAGNIE le place directement dans le top 5 des méchants d’anime les plus débilement clichés.
En vrai, la série a été écrite par un scénariste, Masaharu Segawa, qui est spécialisé dans les comédies – d’où le ton mi tragique mi comique qui tourne en permanence autour du film. Je trouve vraiment que ça marche pas bien, surtout avec des persos aussi moches et inexpressifs mais reste que ça donne au film un ton un peu unique…
.. même si du coup vraiment chelou l’idée de mettre un bruit de fanfare quand Jolicoeur meurt.
Cela étant dit, ayé, pas de surprise, là on a bien fini de faire le tour de l’histoire de Rémi en anime ! J’espère que vous avez apprécié cette vidéo cet article historique, que ça vous a rappellé de bons souvenirs ou que ça vous a donné envie de découvrir en 2024 la série. En tout cas de mon côté ça a été très chouette de m’y replonger, avant de préparer la vidéo j’avais oublié à quel point la série de 77 était super belle, vraiment trop chouette de redécouvrir la série !
Sur ce, merci de votre lecture, prenez soin de vous~