Sekai Seifuku – Fission Mailed
Eh, et si je vous parlais d’un animé ou un personnage ukrainien passe les derniers épisodes à se battre contre une puissance qui veut annexer le pays neutre ou elle habite ?
Et ou une bande de bras cassés essayent de conquérir le monde ?
Bon, bah voilà un article sur Sekai Seifuku.
Dès la publication des premiers anicharts pour la saison d’hiver, c’était Sekai Seifuku qui m’avait le plus attiré l’œil, grâce à un design attrayant et coloré. Des personnages habillés n’importe comment, dans un anime original qui n’adapte rien, crée à partir des cerveaux de gens de chez A1 Pictures ? Ok, intéressant, jetons y un œil.
Sekai Seifuku raconte l’histoire d’un garçon nommé Asuta qui vit à West Udogawa, un pays neutre situé au cœur d’une préfecture de Tokyo qui occupe alors la quasi-totalité de l’archipel. Alors que le couvre-feu fait rage et qu’il se retrouve seul au milieu des rues désertées, il fait la rencontre de Kate, une enfant accompagnée d’un tricycle et d’une gigantesque peluche rose qui décide de l’embrigader dans son « armée » afin de conquérir le monde. Ce qu’il croit alors être le jeu d’un enfant est en fait, bien réel. Il se retrouve donc au sein de la société secrète Zvezda avec une ribambelle d’autres personnages hauts en couleurs afin de conquérir le monde grâce à plein de super pouvoirs.
Bon j’aime bien commencer direct par les points faibles d’une série donc je ne vais pas changer à mes habitudes : Sekai Seifuku n’est pas un anime très clair. Et c’est de loin son plus gros souci. Pas clair sur ses intentions pour commencer – est-ce un anime comique, un anime sérieux, un anime artistique, un anime d’action, un anime postmoderne ? Pendant douze épisodes les auteurs font un peu ce qu’ils veulent et changent d’ambiance et de thématique un peu quand ils veulent. Quand c’est bien fait c’est très bien – regardez Baccano ! par exemple qui parvient magistralement à être simultanément drôle, intense, émouvant, choquant et badass. Mais ici non. Ca passe de l’un à l’autre sans vraiment réussir les transitions.
Pas clair non plus dans son univers et son scénario. C’est un anime qui cache beaucoup de choses ! Trop de fois on doit faire les additions des éléments de notre coté pour comprendre certains points importants que l’anime ne nous explicite pas directement. Je ne sais pas si on doit saluer A1 Pictures de ne pas sous-estimer l’intelligence de son auditoire ou si au contraire on pourrait gentiment leur demander de savoir narrer et raconter. Y’a des choses primordiales comme, par exemple, la relation entre Kaorin et le gros moustachu, qui sont pas ultra explicitée et qui, du coup, donnent l’impression que certaines scènes tombent comme un cheveu sur la soupe.
Enfin la comédie est un point « central » de l’anime et le bordel, well, c’est que la comédie dans Sekai Seifuku n’est pas très très bien faite : beaucoup de blagues tombent un peu à l’eau et en général on ne rigole pas beaucoup à cause d’un humour un peu faiblard ou très bas de plafond. Ca empêche pas d’en avoir de temps en temps qui fonctionnent mais il y’a plus souvent de miss que de hit.
Derrière, Sekai Seifuku parvient quand même à proposer des personnages agréables, qui interagissent entre eux de manière dynamique et dont peu d’entre eux se révèlent particulièrement inutiles ou oubliés à la fin.
Mon petit coup de cœur personnel est, sans surprise, le personnage de Natasha la savant fou exhibitionniste toujours très fatiguée et doublée par une Kana Hanazawa qui sait prendre l’accent d’Hiroshima (un accent osé pour un personnage d’origine ukrainienne, ha.) Mais en général y’en a peu qui me laissent indifférent, même le héros se révélant agréable et attachant. Loin d’être couillon et inutile, avec un background intéressant. En fait le seul personnage qui m’agace c’est Kate. Et c’est con, c’est l’héroïne. Enfin c’est surtout parce que je hais les gosses dans les animes alors quand en plus c’est des gosses tsunderes, bah allez vous faire foutre.
Techniquement c’est aussi très plaisant : l’anime est dans l’ensemble très coloré, le chara-design se lâche pas mal, y’a pas de scènes de folie niveau animation mais y’a également rien de particulièrement honteux, c’est solide et y’a plein d’idées de design assez sympa. C’est un univers assez travaillé graphiquement dans l’ensemble et il est agréable à regarder. Certains raleront (à raison) sur cette loli à poil qui sert d’héroïne mais bon, vu qu’elle est pas vraiment une loli, tout va bien, peut-être. Non j’essaye d’expliquer pas de justifier, moi aussi ça me rend pas spécialement jouasse.
Et j’aime beaucoup les deux génériques, tiens, d’ailleurs.
Mais voilà, en soit de son univers qui semble travaillé, l’anime Sekai Seifuku n’en effleure qu’une miniscule partie. Quand on sait que derrière l’anime sortiront quatre séries de mangas (!) qui développeront chacun l’univers , et bah on soupire un peu. Il n’y a rien de bien désagréable avec le transmédia et la volonté de prolonger l’expérience d’un univers (que ce soit un anime ou un jeu) avec de nombreux formats à part. Mais ici dans le cas de Sekai Seifuku c’est beaucoup plus compliqué puisque, clairement, ces spin-off mangas seront sans doute les clés de la compréhension de pas mal de passages de l’anime. Et c’est là que c’est tristounet tout plein. Il est toujours impératif pour un ouvrage de se suffire à lui-même et l’anime échoue sur ce plan. Les derniers épisodes de la série sont confus… en plus d’être plutôt ennuyeux et mal rythmés ! Et c’est dommage. J’aimais bien les huit premiers épisodes mais les quatre derniers m’ont un peu lourdés, en conséquence d’un choix douteux de support mal utilisé.
Bête.
Bref dans l’ensemble, c’était sympa mais… ça aurait pu être mieux. Ca manquait d’ambition, ce qui est con pour une série animée non-adaptive.