Alphabet Estival – C – Chris Jericho – Incoming Ham
Et on continue l’alphabet estival. Un article tous les trois/quatre jours, tout le long de l’été, et reprenant chacun une lettre de l’alphabet pour évoquer des oeuvres dont je n’ai jamais vraiment parlé ici. Le B, c’était Beatles Rock Band, le C évoquera du Catch et surtout un personnage touche à tout qui m’a inculqué la PASSION, c’est à dire Chris Jericho.
Chris Jericho. Quand j’ai commencé à me mettre au catch, cet homme faisait son grand retour à la WWE après un hiatus de deux ans, et j’ai appris à le découvrir un peu en même temps que le reste du roster de la WWE. Pour être franc, il était à l’époque un face (si vous ne comprenez pas ce terme, je vous invite à lire cet article) assez terne, qui avait tout misé sur la popularité de son retour auprès d’un public… qui ne gardait pas de grandes mémoires de lui. Il a donc rebondi en changeant complétement de visage et en faisant un heel turn le voyant devenir une véritable enflure. C’est à partir de ce moment là que j’ai commencé à VRAIMENT suivre le catch.
En un billet je vais essayer de revenir très vite sur la carrière de Chris Jericho, et un peu sur ses a cotés, et c’est là où l’homme se distingue. Catcheur multiple champion du monde considéré par beaucoup comme une des références du business et ayant offert à la discipline certains de ses moments les plus emblématiques, chanteur d’un groupe de métal faisant des tournées internationales mais aussi animateur télé pour émissions estivales et écrivains de best-sellers… Chris Jericho est juste un touche à tout et un début d’icône de la pop-culture. Encore un peu méconnu par les non initiés mais ça ne saurait tarder.
Chris Jericho entame le catch dans le début des années 90. De son véritable nom Christophe Keith Irvine, il nait dans l’état de New York avant de très tot rejoindre le Canada, et d’obtenir de fil en aiguille une double nationalité canado-américaine. A l’âge de 19 ans il rejoint une école de catcheurs et où il rencontre dès le premier jour un monsieur nommé Lance Storm (qui depuis deviendra une des grandes figures de la WCW avant de se reconvertir comme « professeur de catch » à grand succès au Canada) avec qui il apprendra beaucoup. A cette époque il choisit son nom de scène Chris Jericho en s’inspirant non pas de la bible où quoi que ce soit mais juste du nom de son album préféré de l’époques – Walls of Jericho d’Helloween. En 1992 il rejoint le Mexique et passe quelques mois dans ce pays où le catch est reconnu pour son aspect quasi-religieux et pour la qualité de ses prestations, souvent aériennes. Après avoir passé une année dans le pays où le catch est une religion, il passera l’année suivante dans le pays où le catch est quasiment un sport, c’est à dire le Japon. A ce moment là il deviendra, sous le nom de Corazon de Leon le 77e NWA World Middleweight champion. Son premier véritable titre, qu’il tiendra un an avant de le perdre face à Ultimo Dragon au Japon.
Il entre ensuite dans la vénérable ECW américaine, puis dans la WCW, la plus grosse fédération américaine de l’époque. Là bas il est d’amblée mis au sein du championnat poids légers de la fédération qui était, à l’époque, une ribambelle de matchs de folie avec les plus grands catcheurs poids légers du pays voire du monde (Rey Mysterio y fera ses débuts américains, par exemple), et il y remportera un autre titre, en plus de s’offrir quelques rivalités dont la plus célèbre restera celle avec Dean Malenko, un autre grand technicien. A l’époque Jericho était déjà considéré comme un excellent catcheur qui possédait en plus une certaine aisance au micro, ce qui offrit une des plus jolies scènes comiques de l’histoire de la WCW avec cette promo où Chris Jericho se moque allégrement de Dean Malenko. Celui-ci avait en effet l’habitude de se nommer « l’homme aux 1000 techniques » en raison de son talent et de sa connaissance aïgue des sports de combats, ce qui lui permettait de sortir une palette d’un millier de coups maîtrisés. Cela n’arrête pas Chris Jericho qui se proclame alors « l’homme aux 1004 techniques » et offrira au public de la WCW… une lecture complète de ces 1004 techniques !
Ok, il y’a au moins 30 fois l’ARMBAR dans sa liste, mais eh, il maîtrise l’ARMBAR trente fois mieux que les autres ! Lorsqu’il perdra le titre poids légers, il pétera un cable et se verra victime « d’une conspiration », conspiration qui voulait le voir perdre son titre et conspiration dans lequel il est convaincu que Bill Clinton lui-même joue un rôle !
Le reste de sa carrière à la WCW ne sera pas forcément intéressant: le brave Jericho est extrêmement populaire auprès du public mais à l’époque, la WCW peinait à mettre des têtes fraiches au niveau de son titre mondial et Jericho, voyant qu’il pouvait toujours rêver pour atteindre le haut de la fédération, signe fin juin 1999 un contrat avec la WWE, alors rivale n°1 de la WCW. Il commence à travailler à la WWE mi-août 1999 et d’amblée, sa première apparition sera pour interrompre… LE ROCK LUI-MEME. Et le public ? Il est A FOND.
Après cette promo (où il gagne son premier pseudonyme: « Y2J », moquant le fameux « Y2K » où bug de l’an 2000 qu’on craignait fort à l’époque), de belles choses arrivent à Jericho: il remporte le titre Intercontinental en battant Chyna (la seule femme à avoir porté le titre, et qui est aujourd’hui une pornstar, eh, le catch tout ça), puis le titre Européen début 2000. Pendant deux ans, il remportera à cinq reprises le prestigieux titre Intercontinental – à l’époque un titre considéré comme récompensant les auteurs des plus belles prestations techniques sur le ring -, le tout auprès de grandes figures comme Chris Benoit où William Regal, considérés comme des maîtres du catch technique. Et c’est fin 2001 que Chris Jericho devint une des plus grandes figures du catch.
A l’époque la WCW avait mis la clé sous la porte, coupée par la Warner qui considérait que l’audience n’était plus là et que le catch était passé de mode, et qui avait donc fermé brusquement le truc. La plupart des catcheurs de la WCW se retrouvent alors à la WWE, et les titres aussi. Il y’a donc à cette époque dans la WWE deux titres mondiaux qui circulent: celui de la WWE et celui de la WCW. A cette époque là, ce n’était pas « normal » d’avoir deux titres mondiaux dans la même fédération (là où maintenant à la WWE il y’en a bel et bien deux), du coup il était envisagé de les fusionner pour ne donner qu’un seul et même titre, nommé l’Undisputed World Championship. Mais fusionner deux titres était quelque chose de SUPER CLASSE et donc n’allait pas être filé à n’importe qui.
Et en l’occurrence, l’homme qui fusionna les deux titres… fut Chris Jericho ! La même soirée ! D’abord défendant le titre WCW contre The Rock puis aussitôt après en remportant le titre WWE contre Stone Cold Steve Austin. Si vous ignorez qui sont The Rock et Steve Austin, vous n’êtes pas américain puisque ce sont, en gros, les deux plus grosses stars de l’histoire du catch américain derrière Hulk Hogan ! Vous lisez bien: Chris Jericho, dans la même nuit, dans la même heure, remporte deux titres mondiaux face aux deux plus grosses stars de la WWE.
A l’époque Chris Jericho était résolument un face, et devint peu à peu un heel. D’abord en s’attaquant à The Rock, ensuite en se montrant de plus en plus lâche et de plus en plus prêt à tout pour conserver son précieux titre unifié ! Qu’il perdra 2002 contre Triple H lors du main-event de Wrestlemania: niveau perte de titre, il y’a pire !
A partir de là la carrière de Jericho à la WWE est moins grandiose: il récupère un nouveau titre intercontinental, se morfond un peu au sein des championnats par équipe (avec Christian par exemple) mais se révèle assez éloigné de la course au titre mondial, dont il est mis à l’écart (il aura bien un match pour le WWE Championship contre John Cena en 2005 mais celui-ci sera un Triple Threat avec Christian) et fin 2005, il quitte la fédération. De cette période, je ne retiendrais qu’une chose: le Money In The Bank, concept dont il fut l’inventeur et qui voit six catcheurs se battre sur des échelles pour récupérer une malette. Cette malette permettant au gagnant un match pour un titre mondial quand il veut, où il veut.
Entre temps ! Il écrit un livre (Lion’s Tale) qui se classe dans les best-sellers plutôt vite ! Il sort un troisième et un quatrième album avec son groupe de métal, Fozzy ! Il présente une émission de télé crochet musical nommé Redemption Song ! Il fait quelques apparitions dans le show Attack of the Show, qui parle de jeu vidéo et de pop culture ! Il joue dans un téléfilm de science-fiction plutôt nanaresque produit pour la chaîne SyFy ! Il se met au stand up comedy ! Et il revient fin 2007 à la WWE !
Cheveux coupés et sourire brilliant, auréolé de sa gloire d’écrivain et d’ex animateur télé, il se pose comme face et confronte le WWE Champion d’alors, Randy Orton, et se retrouve avec un match pour le titre mondial ! Qu’il perd -entre autres à cause de l’intervention de méchantes personnes- mais au moins il retrouve les sommets ! Ce n’est que temporaire hélàs, puisque deux mois plus tard, le revoilà remis au niveau du titre intercontinental – qu’il gagne pour la huitième fois – et il faudra attendre l’été 2008 pour voir les choses se chambouler puisque SURPRISE. Chris Jericho devient heel ! Et pas n’importe lequel ! Une des plus belles enflures de l’histoire du catch !
Fini les vêtements brilliants et funs, Chris Jericho ne se déplace plus sans un vrai costume cravate ! Fini les promos pleine d’enthousiasme où il gueule plus qu’il ne parle et bonjour le promos dites très doucement, le ton posé, le regard fixant droit le public qui se voit tout reprocher. Il utilise un vocabulaire beaucoup plus élevé, fait péter son égo et parle BEAUCOUP. Avec ce renouveau, Chris Jericho retrouve le succès – il remporte à deux reprises le titre mondial fin 2010, et devient un quasi habitué des matchs pour le titre mondial. – Pour Wrestlemania 2009, il se retrouve à feuder avec Mickey Rourke (a l’époque à l’affiche de The Wrestler) mais ce qui devait être un match entre les deux hommes devient au final un match avec trois légendes du catch qui veulent lui faire bouffer ses dents. Match qu’il gagnera, non mais oh. Il remportera juste ensuite son neuvième et dernier titre intercontinental, face à Rey Mysterio, dans une rivalité surpuissante, aussi bien sur le ring (les deux hommes étant amis et catchant ensemble depuis 1995, inutile de dire que c’est pas de la merde) que dans les promos. Dans la foulée, il monte une équipe avec Edge (là j’orgasme), équipe certes efficace (ils remportent aussitôt le titre tag team) mais qui ne durera qu’une semaine, Edge se blessant ensuite de manière très grave. Jericho doit aller trouver un nouveau coéquipier, celui-ci sera alors le Big Show et ses 2m18. Mais le plus important c’est qu’en tant que champion tag team il peut se balader dans TOUTES les émissions de la WWE. Et c’est là que ça devient très intéressant puisque du coup on voit Jericho DANS TOUTES LES EMISSIONS. PENDANT SIX MOIS.
Il perd finalement le titre à la Noël 2009, mais en février 2010 il remporte son cinquième titre mondial qu’il conservera victorieusement lors de Wrestlemania, dans un très bon match face à Edge ! Il perd le titre deux jours après – un utilisateur de Money in the Bank qui passait par là – et commence alors ses six derniers mois à la WWE. D’abord à feuder contre Edge, puis ensuite une sorte de période un peu étrange où il perd contre tout le monde ! Lors de l’été 2010 il aide les gentils de la WWE à battre les méchants de la Nexus, et fin septembre 2010 il menace la WWE « de partir si jamais il n’obtenait pas le titre mondial. » Il perd le match pour le titre, mais il reste… pour mieux se faire exploser la tête deux semaines plus tard par Randy Orton. Il part sur une civière… et depuis on attend son retour.
Enfin… Fin 2010 il sort son deuxième livre (Undisputed), revenant sur sa pause hors de la WWE de 2005 à 2007, et il fut aussi présentateur d’un jeu quotidien en prime-time pour la chaîne américaine ABC, ce qui est un peu le pinnacle de la gloire ! Il est actuellement en tournée mondiale avec le groupe Fozzy (il sera à Paris le samedi de la Japan Expo), et fut participant au Dancing with the stars local !
Chris Jericho est toujours à l’heure actuelle un des meilleurs catcheurs du monde, qui possède en plus de nombreux talents à coté, et rien que pour ça l’homme est un de mes contemporains célèbres envers qui j’ai le plus de respect. L’homme a en plus la chance d’être au final assez peu atteint par les maux du catch (jamais une grosse blessure en vingt ans de carrière – et je crois même qu’il n’a jamais infligé la moindre blessure à qui que ce soit, c’est dire le talent) et d’avoir une grande indépendance qui lui permet de s’éclater et de nous éclater. Si c’est surtout pour l’aspect catch que j’aime le personnage et que j’avoue ne pas forcément être fana du groupe Fozzy, je tenais à lui rendre un petit hommage ici.
Rendez-vous dimanche pour la lettre D qui retournera vers des routes plus classiques…
Un commentaire
Arashi
Voilà un résumé qu’il est bien :p
C’est grâce à tes articles sur le bonhomme, et à la passion qui y transparaissait, que je me suis intéressé àlui. Et je dois dire que je ne le regrette pas.