Back in the USA
Un burger Vocaloid par chan-co
Avant d’être un (sale) otaku, j’étais déjà assez féru de quelques séries télés américaines qui avaient la chance d’être diffusées en France à des horaires qui m’étaient adaptés. Je pense ici surtout à des séries comme 24 Heures Chrono ou Nip/Tuck qui faisaient pas mal mon beurre durant mon adolescence et avant d’être initié au plaisir (douteux) des séries d’animation japonaises diverses et variées.
Après cinq ans à manger japonais, retourner dans le monde des séries télévisées américaines m’a demandé pas mal de petits efforts. Je n’étais plus vraiment habitué à ce format de 50mn par épisode, et ça me paraissait être un mur infranchissable. Est-ce que j’ai vraiment du temps à consacrer à un épisode là ou du coté Japon je pourrais utiliser ces cinquantes minutes pour en regarder deux ? Et, surtout, où sont les jeunes filles moe faisant des choses moe ? Ou bien, pourquoi serais-je obligé de chercher moi-même les sous-titres et pourquoi ne sont-ils pas directement inclus dans le fichier ?
Et puis aussi et surtout un léger manque d’interêt.
Néanmoins ces derniers temps j’ai un peu repris, depuis mon marathon Game of Thrones pour tout dire, le goût du format. Surtout parce que je peux pas ne pas m’incliner face à certaines séries extrêmement bien écrites et qui me vampirisent donc, depuis quelques mois, certaines de mes nuits.
Commençons par The Wire. Nommé également « Sur écoute » chez nous. J’ai terminé la seconde saison il y’a deux semaines et oh la la la voilà une série qui ne démérite pas sa réputation fabuleuse et arc en ciel. C’est pas la série préférée de Barack Obama pour rien, et je pense que si Hollande venait dire que c’était sa série préférée à lui aussi, sa côte de popularité serait diablement mieux placée. The Wire, c’est donc issu de chez HBO et il m’a fallu attendre 2012 pour comprendre ce que « HBO » voulait dire quand on s’intéressait de prêt à la culture séries américaines. HBO c’est une chaîne cablée qui, donc, essaie depuis la fin des années 90 et la production de séries comme les Sopranos ou Oz, d’améliorer de manière concrèe et factuelle le « support » série télévisée, en y offrant une ambition d’écriture et de moyens qui, paraît-il je ne suis pas un expert, n’était pas commun à une époque où les chaînes se satisfaisaient allégremment de formats courts, de feuilletons débiles et où Buffy était la chef de file qualitative (à raison, vraisemblablement.)
Bref, The Wire prend place dans la ville la moins sexy des Etats-Unis: Baltimore. Même Détroit est plus attractif. Si je vous dis le scénario et que vous ne connaissez pas cette série, vous allez croire que je vous parle d’une série policière comme les autres et vous allez arrêter d’être intéressé. Et c’est sans doute le plus gros « défaut » de cette série: ce n’est pas une série « à priori » attractive. Des séries policières on en a bouffé à mort depuis notre naissance, on en bouffe encore par camions entiers maintenant donc quel peut être l’interêt ? Et bien, si je vous disais que The Wire est une série policière ultra réaliste ? Et attention hein, on parle là d’une vraie série, avec une saison de dix épisodes et un vrai fil rouge, pas une série policière classique avec chaque épisode son crime et son coupable, que le gentil policier arrête inévitablement grâce au pouvoir de la justice et de l’AMÉRIQUE. Pire, dans The Wire, on est pas sûr que le gentil policier arrête le méchant criminel. On est confronté à une dissection froide et réaliste du système judiciaire américain, du marché de la drogue dans Baltimore et de l’impact que cela fait ressentir sur toute la ville.
Dans The Wire tout est quasiment politique. On a donc une équipe de bras cassés qui se retrouvent, dans la première saison, à devoir essayer de faire tomber un des principaux réseaux de drogue de la ville. Sauf qu’en plus des ennemis « naturels » qui sont les gangs chargés de vendre de la drogue, ils ont comme ennemis… leurs propres supérieurs hiérarchiques. Ceux-ci sont avides de résultats à court termes et de coups médiatiques qui leur permettront d’accélérer leurs promotions ou de se faire sucer la bite de manière allégorique par les différents membres du bureau politique de la ville de Baltimore, et flanqueront en l’air la quasi totalité de leurs avancées pour un peu de paillettes. The Wire est un monde où les victimes de meurtre sont une statistique et où l’élucidation d’une affaire criminelle n’est pas un devoir de justice mais bien une lutte pour faire gonfler une statistique d’élucidation et pas paraître trop piteux.
Et le héros lit des comics en se marrant. Salaud de McNulty.
Mais ce qui est séduisant avec The Wire c’est surtout sa qualité d’écriture indéniable. Comme j’ai dit je viens de terminer la seconde saison. Celle-ci, sans spoiler, se dérouler dans un univers complètement différent de la saison 1, en passant du milieu des tours à celle du port de Baltimore et les différents « containers perdus. » On arrive dans cette saison en se demandant quelle lien elle a avec la précédente. Et c’est spécialement magique de voir, pendant dix épisodes, doucement s’installer des liens, petit à petit. Et à la fin de la saison on est là, l’air hagard, à voir quelque chose d’extrêmement clair, parfaitement lié à l’intrigue globale de la série et avec des personnages extrêmement utiles et charismatiques. Le casting de The Wire est une pure réussite, composée de personnages tous adorables mais aussi parfois détestables. Des vrais êtres humains, mais avec la petite touche de théatralité qui les met « au dessus du lot. »
Bref, en deux saisons sur cinq, The Wire m’a convaincu de son extrême qualité. Rajoutez en plus de cela un message indubitablement politique, mais pas connoté idéologiquement, et vous avez en plus le droit de rester après la fin de l’épisode pour réfléchir à ce que vous venez de voir. Ce qui fait du bien.
Seconde série HBO de ce billet: Six Feet Under ou « Six Pieds Sous Terre » lors de certaines diffusions françaises. On est là aussi dans à peu près la même fenêtre de diffusion que The Wire, avec un début en 2001. Evidemment, je n’aurais jamais vu cette série sans Concombre Masqué qui a sans doute profité de ma condition post-traumatique de la fin d’année 2012 pour réussir à enfin m’inoculer un virus dont il est atteint depuis prêt d’une dizaine d’années et qu’il cherche à étendre au monde entier.
A raison.
J’ai terminé la troisième saison il y’a deux mois et a commencé la quatrième au début du mois. The Wire m’a « empêché » de tout me dévorer d’un coup et vu la claque qu’est la fin de la troisième, je préfère prendre un peu de temps avant de continuer la série. Mais nom de dieu, Six Feet Under est là encore une définitive tuerie.
Six Feet Under prend place à Los Angeles, au sein de la famille Fisher qui est une famille qui gère depuis le début des temps une maison de pompes funèbres. Quand quelqu’un meurt, des gens viennent chez eux acheter un cercueil, faire embaumer le cadavre et assister à une jolie petite cérémonie avant d’aller l’enterrer dans un cimetière pas trop loin. La famille Fisher est donc une famille de personnes qui, depuis leur plus tendre enfance, sont habitués à voir des cadavres dans leur cave et qui sont confrontés au spectre de la mort chaque heure de chaque jour. Alors quand le père Fisher meurt dans un accident de voiture lors du premier épisode, laissant derrière lui une femme et trois enfants agés entre 30 et 18 ans, y’a beaucoup de choses qui changent. Surtout quand Nate Fisher, alors bien planqué à Seattle, se retrouve plus où moins obligé de prendre avec son frère David la direction de cette agence de pompes funèbres.
Déjà rapidement parlons du format de la série: cinquante minutes à chaque fois, et chaque épisode commence avec la mort de quelqu’un. Ce quelqu’un va ensuite se retrouver embriqué de manière toujours subtile aux enjeux de l’épisode, quand il n’est évidemment pas un personnage « important » parce que oui, dans Six Feet Under, tout le monde peut mourir et les gens meurent rarement de vieillesse. Donc oui chaque début d’épisode nous fait vivre les dernières minutes d’une personne quelconque et on sent que les auteurs se font plaisir avec cette petite parenthèse en jouant en permanence avec nous. La personne qui va mourir n’est ainsi pas toujours très claire du premier abord, et les morts sont parfois relativement incongrues, mais toujours diaboliquement réalistes. L’exemple le plus marquant pour moi reste cet épisode ou on voit pendant trois minutes une personne préparer son petit déjeuner, puis allumer sa gazinière pour se faire à manger, prend un appel téléphonique d’un démarcheur quelconque, se fait absorber par celui-ci, oublie l’existence du gaz, se prépare à faire craquer une allumette… quand soudainement de l’autre coté du téléphone des coups de feu se font entendre et un type débarque chez les démarcheurs pour buter tout le monde. Et ces segments se terminent inexorablement par l’affichage du nom et du prénom de la victime, suivi de son année de naissance et de décès. Oooook.
Oooooooooooooooooooook.
Résumer la série à ces intros serait toutefois assez réducteur car pour tout le reste Six Feet Under offre des intrigues simples mais extrêmement riches, qui fonctionnent de manière impeccable grâce à des excellents personnages. La famille Ficher est un peu tarée mais ultra adorable. Que ce soit Nate le fils à qui tout souriait au début de la série, homme à femmes mais incapable de se caser et au final très enragé envers le « néant » qu’est son existence ; David la figure sérieuse et parfois même un peu casse-couilles mais qui cache derrière ce masque une homosexualité mal assumée ; Claire la lycéenne révoltée qui commence à devenir une adulte mais qui sait pas comment le devenir ; Ruth la mère de famille UN PEU HYSTERIQUE mais non dénuée de mauvaises intentions… Tout ce petit monde évolue en permanence et ne se limite jamais à un trait de caractère.
A coté de ça, la série aborde des thèmes assez profonds, et parfois assez inattendus. Mais on notera que tout tourne bien souvent autour du thème de l’amour et des relations entre les personnes. J’ai déjà eu en trois saisons pas mal d’exemples de relations amoureuses toutes aussi différentes les unes des autres, avec à chaque fois des choses à en tirer. On notera également la manière très naturelle dont la série dépeint l’homosexualité, de manière juste et non racoleuse, ce qui est extrêmement appréciable – c’est, d’ailleurs, tout de même ahurissant de voir qu’une série qui a dix ans nous en apprend plus sur l’homosexualité que notre société de 2012 qui n’a finalement pas beaucoup évoluée en dix ans.
On rit pas mal (y’a un peu d’humour noir), on pleure de temps en temps, mais quoi qu’il arrive on est toujours passionné par ce qu’il se passe et par ces personnages naturels et bien écrits. Et on en apprend un peu sur nous-même par la même occasion. Si The Wire est d’une qualité objective démesurée, je lui préfère quand même Six Feet Under que je trouve bien plus personnel. Je pense que j’en dirais plus quand je terminerais la série et que je BLOGUERAIS DESSUS.
Et enfin pour finir l’article sur une note plus joyeuse, je suis quasiment à la fin de la saison 5 d’How I Met Your Mother et c’est le grand plaisir, toujours. On est là plus du tout dans du HBO, on est dans une des sitcoms les plus populaires de l’histoire de la série TV américaine et j’avoue que j’étais déjà un gros fan de la série jusqu’a ce que je la laisse tomber y’a genre trois ou quatre ans, au début de la saison 5, par flemme d’attendre un épisode chaque semaine. Maintenant que j’ai trois saisons et demi à rattraper, je me fais donc plaisir. Comme d’habitude, HIMYM réussit trois choses: être drôle, être juste et être divertissant en permanence. Les vingt minutes de chaque épisode passent à une vitesse vertigineuse, les cinq personnages principaux sont toujours extrêmement cools et, nom de dieu, qu’est-ce que j’aime le fait que le narrateur de la série ne soit pas fiable et raconte parfois n’importe quoi. Et même si ça reste une comédie, ça dit des choses tout à fait amusantes et juste sur les relations amoureuses, ce qui n’est pas toujours mauvais à prendre. Je reste admiratif du fait que la série arrive à rester malgré tout variée et à dire des choses différentes d’une saison sur l’autre, ce qui n’était pas spécialement gagné.
Puis je suis content, c’est la première série que je mate intégralement sans sous-titres, et en comprenant tout ce qui se passe. J’ai l’impression d’avoir réussi à retirer les roulettes de mon vélo.
Pendant ce temps: Sur Minorin, on décerne des prix.
4 commentaires
Alka
Maintenant du coup j’ai furieusement envie de regarder Six Feet Under.
Tant de séries à regarder OTL
ALSO BARNEY SURPRISE A LA FIN DU POST! J’aime ça.
TheFlex
Tout est parfait dans The Wire, les saison s’enchaînent parfaitement, abordant un aspect à chaque fois différent de la ville de Baltimore, c’est maîtrisé de bout en bout, l’interprétation est incroyable (OMAR!!!). Le début est dur d’accès, mais une fois qu’on est dedans, on est sort plus; j’ai dû claqué les cinq saison est un mois, c’est dire.
Six feet under, j’ai pas regardé d’épisode depuis que ça n’est plus diffusé, mais j’en entend que des éloges, faudrait que je m’y remette un jour.
How I met, la série perd de son mordant au fur et à mesure, mais reste toujours très drôle, mais bon y aurais pas Barney…
A voir aussi, l’excellent série de AMC, Breaking Bad, qui déchire se race de saison en saison. Mais alors d’une force!
Patalopauline
« Chloé la lycéenne révoltée qui commence à devenir une adulte mais qui sait pas comment le devenir «
Petite coquille, c’est Claire non ?
Sion cette série est merveilleuse, et c’est vrai que je l’avais aussi découverte à cause du Concombre il y a quelques années (quand je traînais encore chez les verts).
Un jour je referais un marathon de la série et je PLEURERAIS. ENCORE. BEAUCOUP.
Nihi
Oui Patalopauline, c’est Claire la rouquine.
SFU est la meilleure série au monde, comme tu dis, c’est une série très personnelle, qui va te parler, te rappeler des passages de ta vie, te faire « évoluer », te faire voir la mort/la vie différemment, etc.
Dans mes souvenirs la Saison 4 est un peu en en deçà des premières, mais elle reste captivante.
La mort est comme un personnage de la série, on en vient à l’accepter, à l’accueillir.
Et The Wire est la seconde meilleure série au monde!
Je vais éviter de rentrer dans les détails vu que tu en es au début, mais je rejoins ton analyse. Et là ou la mort est un personnage de SFU, Baltimore en est un de The Wire, ça doit être une constante chez HBO (faut que je regarde Les Sopranos d’ailleurs). Pareil que pour SFU, la saison 4 m’a paru un peu en deçà, et le jeu d’acteur me dérangeait par moments. Mais quelle baffe, des tonnes de personnages, tous impliqués dans des histoires liées ou non, il se passe tout le temps quelque chose, les « méchants » deviennent attachants, cette série a quand même le meilleur anti-héros au monde, Omar.
Ces deux séries sont des perles, il faut rentrer dedans, le rythme est en général assez lent (surtout vu les séries qu’on se bouffe en temps normal), mais ça fait partie du voyage, ça rend les personnages plus humains, vraiment humains en fait, on se dit que ça pourrait se passer près de chez nous, dans une moindre mesure pour The Wire mais quand même.
Dans un autre registre, je pense que tu devrais aimer Breaking Bad, un peu plus récent, un petit peu moins bon que les deux sus-cités (peu de réflexion post visionnage entre autres), mais très agréable à suivre et bien écrite.