Mangas & Animes

Amagi Brilliant Park – Magic Hour Everywhere

Look at the sky it’s Magic Hour ♪

Honnêtement quand on prend du recul et qu’on se dit que le meilleur animé Kyoto Animation depuis Hyouka au début 2012 c’était Free! c’est là qu’on ressent un petit malaise interne qui fait pas du bien par où il passe. Pas que Free était médiocre: c’est un anime éminemment sympathique. Mais de là à dire que c’était ouf, bon y’a un fossé.

C’est assez étrange d’autant que le studio avait jusque là habitué à une certaine régularité. Mais certains feront remarquer que cette soudaine baisse de qualité, elle coincide, ça alors, avec le début pour Kyoto Animation des adaptations de leur propres lights novels et de la mise en place de projets originaux. Au final ces deux années qui devaient servir à montrer le talent créatif du studio, il a servi à montrer que sa place était peut-être en fait de sublimer des ouvrages.

Car dites ce que vous voulez de, par exemple, K-On ou Lucky Star, mais il faut tout de même admettre que ce sont des mangas qui étaient à la base assez mineurs, assez médiocres, et que derrière Kyoto Animation a clairement transformé tout ça en un truc plus regardable, plus fun, plus ambitieux. La différence entre la saison un de K-On – ou le studio se limite 80% du temps à de l’adaptation assez paresseuse des gags du yonkoma – et la saison deux – ou le studio n’adapte plus que 15% du manga pour créer son propre univers – elle est comme le jour et la nuit.  La première saison est sympathique sans plus, la seconde saison elle est excellente. Et immémorielle.

Bref, TLDR – Kyoto Animation est comme ces auteurs qui font des fanfics magnifiques mais qui une fois qu’ils sont obligés de faire un vrai roman, semble incapable de se distinguer de la masse.

Et Amagi Brilliant Park l’a encore démontré.

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Scénario très fun: Kanie Seiya est un jeune lycéen très narcissique et ancien enfant acteur de renom. Il fait rapidement la rencontre d’Isuzu Sento, une de ses camarades de classe, qui le menace avec un fusil et l’oblige à avoir un rendez-vous galant avec elle dans un parc d’attraction de la ville, l’Amagi Brilliant Park. Le parc est relativement médiocre: mal entretenu, attractions peu motivantes, mascottes démotivées, spectacles nullissimes… Bref, y’a du boulot.

Sento montre alors sa vraie nature: elle est en réalité une des responsables de ce parc et demande à Kanie de l’aider à sauver le parc de la fermeture en ramenant prêt de 250 000 visiteurs. Pourquoi est-ce aussi important ? Car tous les staffs du parc sont des personnages issus d’un monde magique qui ne doivent leur existence que grâce à la joie des visiteurs. Si le parc ferme, ils perdent leur source et sont condamnés à disparaître ! A Kanie, donc, de sauver toute cette bande de bras cassés et de rendre à l’Amagi Brilliant Park sa gloire passée.

Kanie Seiya (traduction littérale: Kanye West), un héros comme les autres
Kanie Seiya (traduction littérale: Kanye West), un héros comme les autres

Un scénario donc plutôt fun qui a tout de suite valu à l’anime le surnom de Theme Park World The Animation. Derrière ça on retrouve un light novel de Shoji Gatoh, qui a aussi écrit un truc qui s’appellait Full Metal Panic. Oui c’est pour ça qu’on retrouve la mascotte dans les deux. Enfin c’est pas gratuit, paraît qu’il a racheté les droits du personnage. Et c’est du coup la première vraie adaptation de Kyoto Animation depuis Hyouka. Enfin c’est pas non plus un choix innocent vu que Shoji Gatoh et le studio KyoAni sont plutôt proches. Déjà parce que les deux ont collaborés ensemble pour l’adaptation de Full Metal Panic, ensuite parce que de temps à autres, Gatoh a participé à l’écriture de certains épisodes comme, par exemple, l’épisode « Le Jour du Sagittaire » dans La Mélancolie de Suzumiya Haruhi. Ou bien Lucky Star. Ou Hyouka. Bref, ils sont en très bons termes.

Mais du light novel original la série en prend finalement que le scénario et les personnages initiaux pour très vite en faire sa propre tambouille. Des personnages sont profondément changés dans l’adaptation animée (Latifa, par exemple, est aveugle dans le Light Novel), le scénario est modifié (la date limite et le nombre de visiteurs à atteindre n’est pas le même) et nombre d’éléments ne se déroulent pas dans le même ordre chronologique. De base, la série est censée n’adapter que le premier volume mais fini par reprendre une tripotée d’éléments issus des autres tomes sortis jusqu’a présent.

Et, honnêtement, ça fonctionne très bien comme ça. C’est à nouveau la magie KyoAni habituelle: ils ont plein d’éléments mis sous la main et ils font un truc super avec. C’est des pros du Lego, quoi. Faut pas leur demander de faire les briques mais si tu les fournis ils te font une sculpture de qualité avec.

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En somme on a dès le début de la série un mélange qui fonctionne bien: d’abord on a cet enjeu palpable des 500 000 visiteurs qui force les personnages à avoir un objectif clair et précis à très court terme. Donc on est pas là pour rigoler. SAUF QUE SI EN FAIT. Tous les personnages sont extrêmement haut en couleur et participent à un casting qui, dans l’ensemble, fait quand même pas mal marrer parce que tous ont des interactions particulières les uns avec les autres. On rigole évidemment du décalage de voir des petites mascottes roses toutes mignonnes cultiver la beuh et avoir un unheathly adult sexdrive mais ce n’est pas la seule chose rigolote de l’animé, loin de là, et l’humour surprend en se montrant parfois un peu adulte. Kyoto Animation, le studio qui te passe une saison de Chuunibyou avant que le couple principal se touche la main, offre ici une série qui va pas mal parler à la démographie jeune adulte masculin parce que oh wow humour parfois gras et fanservice amical.

Bon évidemment, ne me faites pas dire ce que je ne dis pas – la série ne vise pas que ce public là, et le fanservice est plaisant et, surtout, naturel. C’est à dire que là ou une mauvaise série va te faire des panty shots gratuits et des chutes débiles qui finissent avec le nez du héros dans la chatte d’une fille random, là rien ne semble forcé. Même dans l’épisode 1 ou l’on a pourtant la scène CLASSIQUE du « je suis le héros, j’entre dans la salle de bain, y’a une fille à poil » fonctionne parce que l’anime assume ce qu’il fait, s’en moque un peu et se donne les moyens pour que la scène travaille bien.

Illustration par A plus B
Illustration par A plus B

Pas étonnant d’ailleurs de voir une pluie d’Amagi au Comiket de cette année vu que c’est aussi une série ou toutes les filles sont belles et tous les mecs sont beaux. Quand ils sont humains, évidemment, parce que le nombre d’animaux et de mascottes à l’air débile y’en a aussi un bon paquet. Entre le trio Moffle/Macaron/Tiramie (une belle bande de déglingués), les mecs en forme de clé à molette ou de planète, les requins… Y’a un certain exotisme et les personnages ont tous un design et un caractère très varié, ce qui rajoute au plaisir et au divertissement global.

Car au final sans être une série particulièrement intelligente ou riche en émotions – les seuls passages un peu « dramatique » de la série sont loin d’être les meilleurs, même si l’épisode 12 a une scène visuellement sublime -, Amagi Brilliant Park est vraisemblablement ce qui se fait de mieux en terme de putain de divertissement. C’est une série ou on se fait pas chier. Il se passe toujours un truc à l’écran et putain qu’est-ce que c’est beau, à nouveau. Enfin c’est du Kyoto Animation quoi. Si c’était pas beau, qu’est-ce qu’on ferait je veux dire. Y’a pas autant d’inventivité de mise en scène que Hyouka ou la Mélancolie mais ça sait rester efficace et jamais ça paraît trop mou.

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Du coup, sans trop de surprises, la série a fait exploser les ventes du light novel. Techniquement la série a un début, un milieu et une fin (en plus d’un épisode épilogue fantastique ou les mecs se sont amusés à animer de manière détaillée l’accouchement d’une jument) donc je ne sais même pas si une saison deux est possible parce qu’évidemment comme j’ai pas lu les lights novels difficile pour moi de vous dire si l’enjeu des 500 000 visiteurs, il a été dépassé dans le bouquin. Bon ok après on a d’autres enjeux potentiels (le fameux méchant sorcier, qu’on ne voit que deux scènes et demi) et c’est pas à exclure mais j’ai même pas envie de parier dessus. Prenons juste Amagi Brilliant Park pour ce que c’est: treize épisode de fun absolu, vraiment extrêmement drôle, très très bien réalisé et qui n’oublie pas d’avoir une intrigue qui implique un minimum son spectacteur. Une excellente comédie, en somme, et ça fait plaisir de revoir Kyoto Animation remettre de l’ordre dans son ghetto.

Tant qu'a faire, le classement c'est: Feu > Terre > Eau > Air
Tant qu’a faire, le classement c’est: Feu > Terre > Eau > Air

Et voilà pour le dernier article de 2014 et le traditionnel article de réveillon du 31 ♪. En espérant à tous et à toutes une très bonne année 2015.

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