[10 ans] Bilan Animé Décennal ~ Partie 2: 2012/2017
Le 29 juin prochain, Néant Vert fêtera ses dix ans. Un cap qui mérite des pluies de célébration ! Ces célébrations prendront forme, tout le long du mois, par l’écriture de nombreux articles et bilans qui reviendront sur cette période s’étendant de juin 2007 à aujourd’hui.
On continue donc tranquillement le premier bilan décennal, qui se concentrera sur l’animation japonaise. Le concept est relativement similaire aux bilans annuels habituels sauf qu’ici au lieu de prendre mois par mois, je prendrais saison par saison, via un habile découpage hiver/printemps/automne/été. Chaque saison sera ainsi liée à un animé que j’ai vu durant cette période, ce n’est pas choisi en fonction de la date de sortie originale des animés !
Si il y’a un article sur Néant Vert dédié à l’animé cité, il est linké dans le titre du paragraphe.
Ce bilan sera suivi plus tard dans le mois d’un bilan similaire pour le jeu vidéo, puis pour les mangas !
La partie 1 est disponible ici.
2012
Été
Eh à l’époque mon opinion d’Hosoda se cantonnait à La Traversée du Temps (« c’est sympa ») et Summer Wars (« c’est sympa ») donc l’estime que j’avais pour l’auteur se limitait, vous l’aurez deviné, à un « il est sympa. » Je suis allé voir les Enfants Loups dans des conditions fumées, un dimanche aprem dans un ciné indé de Nantes après une journée de travail qui avait commencée à 7h et qui était elle-même précédée d’une nuit riche et somptueuse de deux heures elle-même précédée d’une journée affreuse où j’étais coincé à mon taf au lieu d’assister à un mariage auquel j’aurais voulu assisté. J’étais donc, devinez quoi, bien pété. Si pété qu’aujourd’hui encore je serais incapable de vous dire si je l’avais vu en VOSTFR ou en VF. Y’avait plein de gosses dans la salle donc j’imagine que c’était de la VF ? Tout ce que je me souviens vraiment c’est que les gosses ont été méga sages et que j’avais du me mettre au premier rang car, à ma grande surprise, la salle était blindée.
Maintenant que vous avez tout le contexte, vous comprenez donc aisément comment un mec comme moi, qui est en règle générale extrêmement faible émotionnellement quand y’a des histoires de familles et des morts cruelles mais qui ici était en plus affaibli par son état physique, s’est retrouvé mis à terre devant le film, finissant par pleurer toutes les larmes de mon corps à trois ou quatre reprises pendant le film. La construction de la romance entre Hana et Monsieur Loup ? Trop joli, je pleure. La fin soudaine de cette romaine ? Je pleure. La scène de la neige ? JE PLEURE. Les enfants qui choisissent leur destinée ? JE PLEURE². Mis à terre et tabassé, vous dis-je.
Mais sinon, si vous doutez de mon objectivité, bah au délà de la claque, c’est un excellent film. On est d’accord.
C’est juste qu’il m’a dé-mo-li.
Automne
Ca va devenir une marotte de ces bilans décénnaux mais attendez-vous à ce que chaque oeuvre de l’automne 2012 je lâche en guise d’intro un « j’en avais besoin à ce moment là » ou « ah l’automne 2012, pas une période facile. » C’était un peu le fond. Et dans cette période là j’ai donc fait ce qu’il faut faire quand on est pas bien: mater et jouer à plein de trucs. J’aurais pu ainsi vous parler de 5cm par seconde qui a là aussi été une grosse claque de cette période mais, écoutez, un peu de couleur et de joie à la place avec Joshiraku.
Joshiraku c’est donc cinq meufs qui font du rakugo et on les suit quand… elles ne font pas de rakugo. Quand elles se retrouvent dans les coulisses de leur théâtre à discuter entre elles de tout puis de rien. Ca aurait pu être chiant dit comme ça mais vu que l’auteur du manga original c’est Koji Kumeta, aka monsieur Sayonara Zetsubou Sensei, bah forcément les discussions des filles vont déraper grave: ça va parler faits divers, pensée de masse, parodies d’autres animés, etc etc.
Et attention, controversial opinion mais plus le temps passe et plus je trouve Joshiraku supérieur à Zetsubou Sensei. Car Joshiraku est fondamentalement beaucoup moins ancré dans son temps et son époque et, surtout, son cast plus réduit apporte pas mal de bénéfices en matière d’humour. On rigole donc souvent beaucoup plus, on a pas besoin d’une culture japonaise aussi pointue et le style visuel met beaucoup plus en avant les blagues au lieu d’essayer, comme ça pouvait parfois être le cas dans SZS, de voler la vedette au contenu.
En étant plus sage, Joshiraku est finalement plus fun. Maintenant ça reste un animé de niche, soyons clairs, mais vu que je suis en plein dedans, ça me va !
2013
Hiver
Sakurasou no Pet na Kanojo
Déménagement à Paris oblige, il faut fêter ça avec un animé…. que j’ai majoritairement maté à Nantes juste avant de déménager. Oups pardon mauvaise piste. Sakurasou c’est vraisemblablement une des romcom les plus remarquables de la première moitié des années 2010 tout simplement parce que la série a compris peut-être LA règle essentielle du genre: les personnages doivent être non seulement sympas mais en plus bien utilisés. Et Sakurasou gère vraiment bien son casting qui repose principalement sur des génies excentriques – avec quelques straight man pour équilibrer – qui vont tous jouer des rôles importants tout le long de la série. Non seulement ils sont attachants ces personnages mais on les revoit toujours quand il faut et ils savent apparaître quand il le faut. Que ce soit Misaki, Mashiro, Nanami ou Jin, on aime tous ces persos un peu tarés, et on aime passer du temps avec eux. Parfois c’est pas plus compliqué.
Mais, surtout, holala, cette série c’est un peu la rencontre avec la réalisatrice Atsuko Ishizuka, qu’on remarque toujours particulièrement grâce à sa patte au niveau des couleurs. Et visuellement Sakurasou est vraiment agréable. Design cool, décors cools, personnages cools, romance à la cool, bref, j’ai pas un seul mauvais souvenir ou un seul défaut particulier à relever, c’était un bon moment.
Printemps
Tout le monde a une opinion sur Sword Art Online, et elle est souvent particulièrement forte. De mon côté, j’avais commencé la série pour de mauvaises raisons (« tout le monde me dit que ça devient nul, je veux voir pourquoi ») et j’ai fini par vraiment l’apprécier même si, pour le coup, j’avais été frustré par la trop grande rapidité dans la conclusion de l’arc Aincrad, ce qui empêchait à mon sens de développer convenablement un univers pourtant plein de promesses et de sujets intéressants à évoquer. Bon, tant pis, c’est arrivé, le succès de SAO a surpris tout le monde et y’a plein de spinoff pour retourner vivre ces jours meilleurs à Aincrad où tu pouvais mourir à cause d’un sanglier lvl 2 qui te fait un crit.
Le truc avec SAO, c’est quand c’est nul c’est vraiment nul (la seconde moitié de Phantom Bullet, les phases IRL dans Fairy Dance ou Alicization Beginning) mais que derrière ce qui est bon l’est quand même vraiment beaucoup. Y’a des vrais bons combats, la romance entre Asuna et Kirito est mille fois trop idéalisée mais elle est charmante, l’humour est vraiment bien présent, bref y’a quand même des vraies qualités. Quand après 4 arcs de Kirito-est-pété, l’auteur change le rythme et nous fait un arc centré autour d’Asuna, ça marche bien, c’est une vraie bonne idée…
Je comprends que voir SAO être devenu LE blockbuster animé de la décennie fait grincer des dents car ça reste un truc un peu couillon, qui n’a évidemment pas l’intelligence de tonnes d’autres animés. Mais eh, c’est une porte d’entrée au monde de l’animation japonaise qui n’est pas si dégueulasse que ça, qui peut se targuer d’être facile d’accès, qui possède un pitch clair et immédiatement attirant… Le bon animé avec le bon staff au bon moment, que dire de plus.
Été
Hajime ssu~ ! Je vais pas nier que la majorité des raisons qui font que j’ai maté religieusement la série et sa suite sont sans doute liées au personnage de Hajime, une excellente héroïne qui va passer toute la première saison à détruire les codes du genre du super-héros et qui passera toute la seconde saison en senpai incomprise avant de sauver le cul à tout le monde dans les trois derniers épisodes. Mais au délà de ce simple personnage – vraiment inspirant -, c’est toute la direction artistique de Gatchaman Crowds qui est à saluer, avec son explosion de couleurs, ses beaux personnages et sa bande originale assurée par un Taku Iwasaki en roue libre. Un vrai trip arty pas dégueulasse, qui met en avant une intrigue intéressante qui pendant 25 épisodes va s’amuser à parler aussi bien du rôle des héros, des bienfaits – et méfaits – de la société connectée, des faiblesses du système démocratique, des incompréhensions entre être humains… Ça brasse pas mal de choses, ça arrive à le faire sans être abscon, c’est vraiment plein de bonnes choses et ça reste encore pour moi un de mes animes favori de cette décennie.
(Dommage que là à l’heure où j’écris ces lignes je suis en train de digérer un déjeuner particulièrement saucé, mon esprit arrive pas à être au taquet mais j’espère avoir quand même bien communiqué mon amour de Crowds.)
Automne
Kill la Kill
Je dois confesser être toujours surpris chaque fois que je me rend compte que Kill la Kill a réussi à sortir du cercle otaku francophone pour devenir un truc « cool » maté par les « gens cools. » Pourtant, avec un peu de recul, il est pas dur de comprendre que la série avait tout pour réussir ce tour de force: univers attirant, délires japonais maîtrisés et assumés comme tels, action débridée, intrigue simple, humour mine de rien plutôt occidental… c’est là que la passion que peut avoir Hiroyuki Imaishi pour les oeuvres occidentales transpire et à défaut de faire une oeuvre qui aura satisfait à fond les japonais, il aura fait kiffer pas mal d’américains et d’européens qui étaient prêts – sans le savoir – à un tel délire.
Personnellement, j’ai jamais passé de mauvais moments dans Kill la Kill, au point où je serais incapable de vous citer des vrais défauts ou des vraies réserves que je pourrais avoir. La série m’a jamais gavée, même quand Mako débarque pour la 300e fois afin de faire la morale sur fond de Hallelujah. Les personnages sont funs, l’univers est fun, les bastons sont funs, la bande originale est fun… Et si on gratte un peu, on peut même interpréter Kill la Kill comme une oeuvre qui s’insurge contre le rôle traditionnel qu’on veut donner aux femmes, avec une héroïne qui à la fin de la série doit affronter un adversaire qui est ni plus ni moins qu’une robe de mariage géante. Bref, voilà un divertissement de qualité qui aura réussi, grâce à ses délires, à ♪ ne pas perdre son chemin ♪.
2014
Hiver
Hyouka
En 2011, on avait essayé de me faire mater Nichijô mais je trouvais ça lent et mou du cul. Un an et demi plus tard, je reprenais la série et, paf, illumination, tout me paraissait soudainement fun et débridé. En 2012, j’avais essayé de mater Hyouka mais j’avais trouvé ça lent et mou du cul. Un an et demi plus tard… devinez quoi ? Eh oui, c’était excellent ! Comme quoi, il ne faut jamais s’arrêter aux premières impressions et laisser le temps au temps, puisque Hyouka est devenu, à ma grande surprise, un de mes Kyoto Animation favori. Cet amour pour la série il est possible à la fois grâce à un visuel époustouflant – qui ne sera égalé et battu que par Sound!Euphonium trois ans plus tard – mais aussi et surtout grâce à la dynamique entre les quatre membres du club de littérature. Que ce soit Oreki le héros bougon et dépressif sans le savoir qui va trouver morceau par morceau les moyens de s’en sortir, Satoshi le best bro qui derrière son masque de clown cache 2-3 trucs qu’on ne peut que soupçonner, Ibuki l’acariâtre au grand coeur et surtout Eru, la fille gentille de bonne famille qui avec son innocence et son excentricité va apporter un véritable souffle au club.
Mais mes passages favoris de Hyouka ce ne seront pas des moments liés aux mystères à élucider, qui sont souvent sympathiques sans être révolutionnaires. Non, c’est tout simplement ces moments centrés sur la vie lycéenne. Hyouka, par exemple, ne nous épargne pas l’habituel festival culturel mais il le traite avec une justesse et un réalisme qui font que leur festival non seulement on a envie d’en être mais en plus il me rappelle dans son esprit et son ambiance ce qu’on peut ressentir quand on est associatif dans un salon et dans une convention. Le stress de la mise en place du stand, le fait de profiter du salon/festival… Je me sentais chez moi. Bravo !
Printemps
Teekyuu
Le petit bébé du réalisateur Shin Itagaki qui occupe la quasi totalité des postes sur cette série courte, où les épisodes ne font qu’une minute trente, mais où tout va a une vitesse incroyable, avec des dialogues parfois diffusés en accéléré pour que tout puisse rentrer. Teekyuu c’est une authentique expérience, unique en son genre, où chaque seconde, chaque frame, sera une blague. Littéralement. Les personnages sont débiles, l’humour va dans tous les sens, c’est très intense, presque hystérique, au point que juste mater 3 épisodes d’affilée peut suffire à vous épuiser. Et vous savez quoi, moi j’y suis addict. Je ris vraiment de bon coeur devant un tel délire, et je suis admiratif devant le minimalisme du projet qui, pourtant, attire quelques gros noms du doublage, dont l’indispensable Kana Hanazawa.
Bref, c’est un peu le Fisherman’s Friend de l’animation japonaise: ça réveille et c’est un peu fort.
Été
Shinsekai Yori
Ok là c’est sans doute la meilleure série animée de la décennie des 2010, et je pense ici peser mes mots. Je note d’ailleurs que j’ai jamais fait d’articles pour en parler sur Néant Vert, et c’est quasi criminel même si, pour ma défense, je l’avais fait à l’époque sur Crunchyroll. Bref, pour rappel, c’est une série dans laquelle on suit cinq enfants, de l’enfance jusqu’à l’âge adulte, le tout dans un monde où les humains ont développés des pouvoirs psychiques et se sont reclus dans des villages loin de tout, où ils peuvent vivre en toute sérénité. Sérénité qui n’existe que parce qu’il y’a des tas de règles et de secrets qui, évidemment, sont inconnus de nos héros enfantins qui vont découvrir tout ça en même temps que nous. Comme par exemple le fait que si tu ne te sens pas très bien psychologiquement, tu as interêt à vite aller mieux où tu vas étrangement disparaître…
Série marquante de part sa cruauté, qui n’est jamais gratuite. Chaque événement aura une importance certaine sur le récit, et on se met rapidement, comme l’héroïne Saki, à douter de tout et à « s’habituer » à la violence de l’univers dans lequel on se trouve. Même si cela ne nous empêchera pas de mal vivre le moindre rebondissement, et où la disparition d’un personnage qui nous est cher ne nous fera pas du bien. Le seul reproche qu’on pourrait faire à la série serait sur le plan technique, avec des plans et des animations parfois mal finis, mais à part ça c’est une des meilleures écritures qui soit en terme de série animée, avec des personnages et une intrigue d’une vraie profondeur, qui marquent durablement le spectateur. Bref, dans le métier on appelle ça « une authentique tuerie. »
Automne
Shigatsu wa Kimi no Uso
BEAUCOUP D’ÉMOTION CE SOIR WOOOOOOOOOW.
Shigatsu wa Kimi no Uso, soyons très clairs, est un tire-larmes et ne s’en cache jamais vraiment. Tout est fait pour nous faire adorer Kaori, personnage « parfait », sans la moindre failles du début à la fin du récit, pour mieux nous détruire lors de la conclusion de la série. Le spectateur sait ce qui va arriver et ne doit que s’y préparer, tout en sachant qu’en contrepartie il peut observer l’évolution de Arima qui lui va sortir de son coma artistique pour enfin devenir l’homme et l’artiste qu’il souhaitait devenir. Un mal pour un bien, et au final la conclusion reste très belle, très émouvante, comme quoi ce n’est pas parce qu’une oeuvre est prévisible qu’elle est mauvaise.
De l’animé Shigatsu wa Kimi no Uso je retiendrais également surtout le fait que… l’animé défonce le manga. Beaucoup plus beau, avec des plans incroyables, mettant en avant la musique classique grâce à des scènes de concerts extrêmement bien mises en scène, même les personnages y gagnent considérablement en vie, les doubleurs y donnant leur meilleur. Tout l’animé est si bien travaillé que finalement lire le manga derrière est compliqué, voire même impossible. Pourtant il est loin d’être mauvais: c’est juste qu’il n’est pas au niveau de son animé. Excellent travail de l’équipe de réalisation, donc, j’imagine ?
2015
Hiver
Yuri Kuma Arashi
Le Ikuhara cru 2015… qui n’était pas au niveau de Utena ou Mawaru, du coup j’étais un peu triste. Je ne sais pas à quel point la déception m’aveugle dans ma critique de Yurikuma Arashi que j’ai trouvé néanmoins sympa à regarder, mais dans lequel je n’ai jamais eu l’implication émotionnelle que j’aurais voulu avoir. En vrai, j’ai eu une très grosse déception à la fin de la série, mais c’est difficile d’en parler sans vous spoiler un gros élément de l’intrigue. Disons juste que la destinée du personnage de Lulu m’attriste et que je ne suis jamais parvenu à comprendre l’interêt de ce qu’il s’est passé.
Après, Yurikuma reste une série pas inintéressante, loin de là ! C’est surtout tout l’aspect visuel que je vais garder chaleureusement en tête, avec les couleurs pétantes, les décors remplis de symbolisme et le design trop chou des ours, dont je rêve encore aujourd’hui d’en avoir des peluche ce qui est, avec le recul, un point de vue tristement mercantile sur une série qui parle d’intégration, de différence et des combats à mener pour faire accepter ce en quoi on croit. Je suis une part du problème :'(.
Printemps
Excellentissime. On pourrait en faire des tartines juste sur l’aspect visuel et technique de la série, qui sont toujours aujourd’hui le nec plus ultra pour une série animée télévisée, sans la moindre concurrence possible. Le travail fait par les équipes de Kyoto Animation et le sens du détail habituel de la réalisatrice Naoko Yamada paie et chaque plan, chaque scène, chaque décor, chaque instrument, fait l’objet d’une concentration remarquable. On sent que la série a passionnée son équipe qui s’est vraiment casser le cul à lui rendre parfaitement honneur.
Mais au délà de la simple beauté de l’animé, Euphonium c’est aussi une série inspirante. Qu’est-ce que représente vraiment « pratiquer un art » ? Qu’est-ce que c’est vraiment de vouloir « être le meilleur » ? Loin des clichés shonen, Euphonium montre un monde de la musique où le travail importe plus que l’ambition, où le talent s’obtient via du dur labeur, où la jalousie et la rivalité peuvent tout ruiner et où la pitié n’est pas de mise. C’est cruel, mais c’est soutenu par un très bon casting, et la dynamique entre Kumiko et Reina ponctue la série de scènes fortes, merveilleuses, qui nous en dit long sur la nécessite de trouver une âme soeur en ce monde.
Été
Heartcatch Precure
On m’a toujours dit le plus grand bien des séries Precure qui, derrière cette étiquette lourde à porter de « séries pour gosses produites à la chaîne pour vendre des goodies » sont des vraies bonnes oeuvres, qui sont non seulement porteuses de messages inspirants mais en plus bénéficient régulièrement d’un staff attentionné et talentueux, qui savent profiter de la liberté que leur offre la formule de la série pour s’exprimer. Rie Matsumoto, par exemple, avant de devenir une réalisatrice à part, à qui l’on devra les excellents Kyôsogiga et Blood Blockade Battlefront, aura pas mal taffé sur la franchise et ainsi fait ses premières armes de direction et de storyboarding. Bref, ne sous-estimez jamais les magical girls bastonneuses !
L’été 2015 a donc été le moment pour moi de m’y coller et, je vais être honnête… j’ai calé au bout de douze épisodes ! Mais pour autant les qualités de la série ne sont pas à remettre en question, chaque épisode étant effectivement un concentré de bonne humeur, avec des couleurs vives, deux héroïnes vraiment très drôles (surtout Erika qui tire plein de trognes débiles) et des bastons de fin d’épisode qui envoient des patates au kilo. Les petites morales de chaque épisode sont efficaces, bienvaillantes, bref c’est une série que j’aurais vraiment envie de regarder en compagnie d’un jeune enfant, parce que je sais que ça peut lui plaire et qu’il peut y trouver une vraie inspiration.
Non le vrai souci c’est juste que me coincer 20mn devant un épisode de Precure… j’y arrive pas. Je ne suis clairement pas le public ciblé et j’ai vraiment du mal à conserver mon attention sur l’ensemble d’un épisode ! Ca n’aurait pas forcément été un souci si la série était courte, mais avec 49 épisodes au compteur, ma motivation s’est un peu écroulée et je n’avais pas coeur de me mater les épisodes en accéléré ou en sautant des passages un peu répétitifs. Du coup j’ai préféré dédié 20mn à des séries plus susceptible de me parler, rien de personnel ! A noter que quand Netflix a commencé à sortir Glitter Force qui, pour le coup, était Smile Precure avec des épisodes coupés (:/) et une très bonne VF (:D), je me suis surpris à m’engloutir d’un coup 10 épisodes car du coup, VF aidant, je pouvais me mettre ça en fond et quand même suivre tout ce qu’il se passait. C’est très mal mais j’y ai pris du plaisir, pour le coup !
(Dommage que ma connexion Internet bien pourrie m’empêche depuis un an de mater du Netflix tranquillement :'(.)
Dans tous les cas, faudra quand même que je me tente un de ces quatre un des multiples films Precure. Car j’imagine que les mêmes qualités que ce que j’ai pu constater dans Heartcatch ou Smile, mais sur une durée plus condensée, ça sera susceptible de mieux parler.
Automne
Macross Plus
En règle générale j’essaie toujours d’occuper mes voyages en car (6h30 le Paris/Lyon putain de merde) du mieux que possible, c’est à dire en regardant des trucs que j’ai enfin le temps de mater. Avec 6h à occuper j’aurais pu me faire un tiers de Heartcatch Precure et ainsi pas passer mon temps à chouiner dans le paragraphe précédent mais comme j’avais peur d’avoir un voisin de siège et qu’il zieute mon écran en se demandant quel est le numéro de la police et pourquoi un adulte mâle de 27 ans mate des dessins animés avec des petites filles, j’ai préféré mater de la SF expérimentale et, enfin, me faire Macross Plus. C’était ça ou Akira, parce que le saviez-vous, je vous parle d’animé depuis 10 ans mais j’ai toujours pas vu Akira et plus ça va, moins je le vis bien faudra vraiment que je règle ça.
Mais je sais pas pourquoi là on parle de Akira parce que avec Macross Plus on est plus du côté The End of Evangelion mais avant que The End of Evangelion soit quelque chose. Je fais la comparaison parce que, très clairement, la fin de Macross Plus est vraiment similaire dans son imagerie, avec des fantômes pâles de la même personne qui semble tuer via un simple toucher, le tout dans une ambiance apocalyptique dûe aux errances de l’humanité. C’est d’autant plus marquant que, avant ça, pendant une heure et demie, on était dans la formule Macross habituelle avec un triangle amoureux (cette fois-ci entre trois adultes matures et expérimentés), des gunfights aériens de toute beauté et une musicienne un peu bizarre car c’était une Vocaloid avant une Vocaloid soit quelque chose. Vous commencez à voir où je veux en venir ? Oui, décidement, Macross Plus est une oeuvre qui se la joue pas mal précurseur.
Ah, et bonus: c’est l’oeuvre qui a lancé la carrière de Yoko Kanno dans le monde de la composition de musiques pour des animés. Là aussi, y’a eu du flair. Bref, Macross Plus c’est l’animé dont tout le monde rêve en 2017 mais que personne en 2017 mate parce que c’est sorti en 1994 !
2016
Hiver
Love Live: The Motion Picture
Changement total d’ambiance, on passe des idols virtuelles psychopathes à… des idols virtuelles… qui rendent les gens psychopathes ? Je sais pas, j’ai survécu à trop de guerres de waifu pour être objectif. Dans tous les cas, si vous me connaissez un peu vous savez que j’ai une affection non feinte pour l’univers Love Live et ce même si j’ai bien conscience de la totale « banalité » de cet univers. Les héroïnes sont des archétypes simples, au design classique, tout est étudié pour plaire au public visé et leur offrir ce qu’ils veulent sans jamais les choquer, bref y’a peu de prises de risques et, euh, écoutez, parfois j’aime ça. Genre un peu comme un doudou, si des choses vont pas bien, j’y vais, je sais ce que je vais avoir, je sais que je vais aimer ce que je vais avoir, ça va pas me chambouler, ça va juste me faire passer du bon temps.
Cela étant dit, si j’avais découvert l’univers avec le jeu free to play (et *kof* les doujins) j’avais ensuite essayé l’animé et peu aimé la première saison, qui souffrait justement d’un manque global de saveur, la faute j’imagine à un staff qui savait pas encore très bien ce que le public allait attendre de Love Live. Une fois qu’ils ont vus ce qui marchait, la seconde saison est arrivée et là ouais c’était bien ! C’était plus drôle, les personnages avaient une meilleur dynamique, la fin était même un peu tristoune même, si déjà, très calée sur la fin de K-On. Mais bon, eh, tant qu’à faire du K-On à fond autant y’aller et le film va lui aussi clairement s’amuser à envoyer les héroïnes dans un pays étranger et mieux accepter la dissolution du groupe parce que au Japon, quand tu quittes le lycée, c’est un peu déjà mourir.
Et le film, eh, il est vraiment sympa à voir. C’est drôle, c’est coloré, les chansons sont sympas, l’intrigue est sympa, les personnages sont mises en avant… les personnages font même un concert à Time Square parce que, eeeeh, tout le monde peut le faire, j’imagine ? C’est globalement inoffensif, ça continue à ne prendre aucune risque mais, eh, souvenez-vous: comme un doudou.
Printemps
Avant j’avais des préjugés sur les LN qui se déroulent en milieu-scolaire-mais-un-milieu-scolaire-où-les-élèves-apprennent-à-se-battre genre ils seraient tous aussi stupides que Mahouka ou Absolute Duo.
Mais ça c’était avant Rakudai Kishi no Cavalry.
Bon qu’on s’entende bien: Rakudai Kishi no Cavalry peut parfois être très con, damn, les trois premiers épisodes sont tous les clichés stupides du genre compilés en 60mn et ça peut être très long 60mn. Mais si on arrive à passer cet obstacle, on devient alors très surpris car le récit va méthodiquement et consciencieusement commencer à tacler chaque cliché un par un, le tout soutenu par une mise en scène plutôt léchée, qui met pas mal les combats en valeur. Y’a des chouettes plans et vu que les bastons se jouent pas mal au mental , on évite la répétition. Ca reste du divertissement pur et dur, c’est pas spécialement intelligent, ça a pas grand chose à raconter mais au moins on est pas pris pour un couillon, et ça c’est bienvenu !
Été
Re:Zero
Je savais que j’allais pas avoir Internet pendant une ou deux semaines alors je m’étais mis plein d’animés de côté en mode « ça me donnera une bonne raison de les marathoner » sauf que à la place j’ai essayé de mettre le club de l’US Boulogne Côté d’Opale en Ligue des Champions sur Football Manager donc, en fait, j’ai avancé que dalle. Et le pire c’est que « ne pas avoir Internet pendant une ou deux semaines » est devenu « ne pas avoir Internet pendant deux mois » et à partir de là, tout se barre en couilles car ça veut dire que ma partie de Football Manager s’est vraiment éternisée. Mais heureusement, un ami de confiance me confia tous les 18 premiers épisodes de Re:Zero pour m’encourager, j’y jeta un oeil par curiosité et pour comprendre la hype et aw shit j’ai tout maté en trois jours.
Re:Zero c’est effectivement le pur syndrome du « l’épisode est sympa, c’est cool et AW SHIT C’ETAIT QUOI CE CLIFF ? JE VEUX SAVOIR LA SUITE », du coup tu lances l’épisode suivant, puis le suivant, puis le suivant et hop, le cercle vicieux. Du bon vieux binge watching à l’ancienne, vous connaissez le sentiment. Mais là pour le coup y’avait pas mal de trucs que j’ai trouvé séduisant: déjà le concept de base du « retour au checkpoint » est plutôt fun, d’autant que là c’est pas une simple gimmick, que c’est central à l’intrigue et que voir le héros coincé dans une boucle nous fait pas mal partager sa frustration. Après je vois ce que vous allez me dire, que le concept est pas original mais là ou un Edge of Tommorow – qui est un film que j’adore, matez le si possible je le préfère à All You Need is Kill – va utiliser un montage rapide pour nous montrer le héros apprendre de ses erreurs et accumuler les morts parfois débiles, dans Re:Zero chaque « vie » de Subaru nous est montrée dans la longueur, chaque mort est surprenante, inattendue et non seulement affecte la psyché du héros mais affecte aussi notre sentiment. La vie garde toute sa valeur !
Du coup on a une ambiance différente, très pesante, où chaque « réussite » du héros nous soulage et où l’apparition d’un nouveau checkpoint est vu avec une joie contenue. La série parvient également à ne pas rendre la mort trop « légère » – quand Subaru envisage le suicide pour essayer de « corriger des bourdes », on constate bien à quel point ça reste un choix dur, cruel et douloureux.
La série a pas mal d’autres qualités – les personnages, le sens du détail, le visuel, les génériques -et se perd effectivement un peu à la fin, devenant une série de fantasy assez classique avec plus d’action que de réflexion, ce qui est un peu décevant. Mais dans tous les cas, je garderais bon souvenir de mon marathonage de Re:Zero qui m’a parfois redonné l’excitation et le plaisir que j’avais eu, dix ans plus tôt, sur des séries pleines de rebondissements à la Code Geass.
Automne
J’étais allé à l’AVP de Your Name en ne sachant finalement pas bien ce à quoi le film allait parler. Une histoire de gender-bending mais à part ça… ? J’avais pas vu les bandes annonces, pas analysé de fou l’affiche, j’y suis juste allé parce que Makoto Shinkai putain ouais. J’avais été ultra marqué par 5 centimètres par saison et j’avais été séduit par Garden of Words donc, allez, je partais vers Your Name avec l’idée que ça allait être une histoire d’amour en mode « on échange nos corps » et à la fin, ça allait être triste. La bonne nouvelle c’est que, effectivement, j’ai pleurniché à la fin donc j’ai eu ce que j’attendais. L’autre bonne nouvelle c’est aussi, et surtout, que le film était beaucoup plus que ce à quoi je m’attendais.
Au délà de la grosse surprise du « changement de genre » au milieu du film, y’a pas mal de choses inattendues ici, qui m’ont pas mal surpris de la part de Shinkai à commencer par le fait que le film est vraiment drôle, et on peut pas dire que jusque là l’humour était une spécialité du réalisateur. Même quand il tente des trucs très casse gueule comme l’envie de caser une scène humoristique en plein passage assez sombre et désespéré (le gag du « je t’aime » écris sur la main), ça passe crème, ça ne fait jamais forcé. Car, à mon sens, la qualité principale du film c’est clairement son rythme et sa fluidité. On ne s’ennuie jamais durant l’heure cinquante, tout semble clair, on passe d’une scène à l’autre de manière cohérente, chaque scène est remplie de petits détails, il y’a toujours quelque chose à voir, à découvrir, à repenser par rapport au twist du film… C’est un film extrêmement généreux, qui apporte toujours quelque chose sur la table, et le fait sans nous gaver.
J’ai également été agréablement surpris par le fait que si le film se regarde bien… il se regarde encore mieux la seconde fois ! Il s’enrichit toujours plus, et on regarde le film différemment, en profitant encore mieux des détails, des dialogues, des décors.
Bref, oui, Your Name c’est l’apogée du cinéma de Makoto Shinkai. On y retrouve l’émotion habituelle de ses œuvres mais sans la lourdeur ou l’aspect forcé dans lequel il peut parfois tomber. Et, dans tous les cas, on y retrouve le soin visuel habituel. Bref, un excellent film dont le réel succès dans les salles françaises (ou avec son presque 300 000 visiteurs il fait le double des Enfants Loups et fait le meilleur score pour un film d’animation jap qui ne soit ni Ghibli ni issu d’une licence) devrait lui assurer une place durable dans l’imaginaire collectif du pays.
2017
Hiver
Kuzu no Honkai
Spoiler: j’en reparlerais sans doute lors du bilan manga décennal donc préparez-vous.
Kuzu no Honkai (ou Scum’s Wish) c’est terrible parce que j’adorerais vous en parler en longueur, c’est une oeuvre qui me passionne réellement, dans lequel je me suis pas mal projeté, dont je comprends l’aspect sombre mais où je perçois les subtilités qui rendent le visionnage loin d’être déprimant. On voit des personnages (la majorité adolescents) prendre des mauvaises décisions, se planter, exploser en vol, découvrir leurs limites, se confronter à leur indécision, perdre leurs idéaux… mais jamais c’est lourd. Jamais ça nous plombe vraiment.
Pour moi, Kuzu no Honkai ça reste une oeuvre importante car si elle fait partie de ces milliers d’animés qui mettent en scène des adolescents, c’est une des trop rares qui évoque vraiment l’adolescence. Qui n’idéalise pas la période, qui ne la voit pas que comme une des seules périodes de liberté dans la vie d’un japonais moyen. Qui à la place prend le temps de nous montrer aussi la face « sombre » de l’adolescence, de cette période où on pense un peu trop avec sa libido, où nos idéaux se confrontent douloureusement à la réalité, où on découvre qu’on peut avoir tort, où on apprend les leçons de nos erreurs, où on acquiert le don de prendre des décisions pour soi même tout en découvrant qu’on doit en assumer les conséquences. C’est beaucoup de messages finalement assez rassurants !
En manga ce genre d’oeuvres n’est pas si rare, c’est souvent l’apanage des magazines « seinen » mais en animé ? Eh, c’est un peu plus inattendu. Si je continuerais néanmoins à préférer le manga pour des raisons que j’exposerais dans deux semaines, Kuzu no Honkai est un animé finalement bien rare, assez unique dans son genre, au point d’être un peu précieux.
(Ou alors je trouve 3h en rab quelque part en juin, et je finis enfin mon article sur l’animé qui est en gestation très très compliquée debut deux mois et demi. Jamais autant galéré à écrire un billet.)
Printemps
Quand mon studio favori confie à ma réal favorite l’adapt d’un manga que j’avais beaucoup aimé, j’ai eu un sentiment d’excitation similaire à quand Zidane a mis le premier but contre le Brésil, genre oh putain ça va être une pure soirée. On est ultra excité mais il reste quand même un peu de peur: et si Ronaldo arrêtait soudainement d’être mystérieusement malade et égalisait ? Et si Yamada se loupait quand même ? Et lol non. Zidane et Petit ont marqués derrière, 3-0, on a pas seulement battu le Brésil on l’a oblitéré et tout le monde est en liesse sur les Champs Elysées et, wow, A Silent Voice a non seulement excellemment bien adapté le manga de base, il l’a même amélioré au passage.
Retirant le pas-toujours-très-bon arc du tournage de film, qui vampirisait à lui seul toute la seconde moitié du manga, A Silent Voice le film va donc surtout se concentrer à mort sur le duo Shoya/Shoka, snobant allègrement pas mal des personnages secondaires. En se concentrant donc sur l’essentiel et en mettant de côté beaucoup de choses qui étaient certes pas inintéressantes mais qui n’existaient que pour que le manga puisse continuer de durer au sein d’un magazine hebdomadaire de prépublication, le film exploite de manière optimale les très larges qualités de A Silent Voice. On y retrouve donc la description complète d’un harcélement scolaire, les raisons froides et concrètes de son déclenchement, ses conséquences concrètes qui jamais ne disparaissent. On y retrouve une description juste du mal-être adolescent, de l’abandon social, de la haine de l’autre et de soi-même. On y retrouve une romance parfois mignonne mais toujours très nuancée, pas aussi simple que peuvent l’indiquer les apparences.
Je pense que je serais toujours degouté à vie du traitement minable que le film aura en France, qui ne sera vraisemblablement jamais exploité en salles et limité à une sortie DVD/BR discrète, négligeable. Ce film aurait pu, aurait du, profiter de l’ouverture créée par Your Name et les films récents de Mamoru Hosoda pour toujours plus aider le cinéma d’animation japonaise à s’installer durablement dans le paysage français. C’était LE film pour ça: thèmes universels, beauté visuelle époustouflante, gravité du sujet, manga reconnu et adoré du public français… il avait TOUS les éléments pour être le dernier coup de marteau sur le clou. Mais à la place, non, juste rien. Niquez-vous.
Et on en a terminé avec le bilan animé !
Mais les célébrations continuent: retrouvez lundi les réponses aux questions que vous m’avez posés ! On devrait être plutôt détendus~
2 commentaires
Firore
Re-zero je trouve ça trop classique quand en face il y a Mob psycho qui est vraiment très cool ^^ sinon article très sympa ^^
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