Sept animes (récents) passés à travers les mailles du simulcast
Prenez le Amo de 2010. Il est pas très dégourdi, un peu trop monomaniaque sur son projet d’association, un peu méprisant en terme de goûts d’anime, et dites-lui « dans huit ans, les simulcasteurs comme le tout nouveau truc nommé Wakanim seront tous puissants, les fansubs seront morts et toutes séries qui ne sortiront pas légalement passeront inaperçues au sein de l’otakusphère. Oh, et oublie la blogosphère, y’aura plus que toi, Pazu, Axel et Exelen. Chuss. » Car oui mes ptits z’amis, voilà un constat qu’on peut faire en 2018 et qui nous aurait tous surpris en 2010, mais si ta série ne sort pas chez un simulcasteur (ADN, Wakanim, Crunchyroll), elle perd radicalement en visibilité !
Expliquer le pourquoi pourrait faire l’objet d’un article à part mais disons juste une chose: ce n’est pas que le piratage a disparu mais c’est parce que autant en 2010 la mer de l’illégralité était à fond dans l’ère du fansub tout puissant, aujourd’hui c’est l’ère du rip. Même si tu passes par une voie illégale, tu materas quand même la traduction officielle qu’on doit au simulcasteur, et aucun fansubber ne pourra battre ça parce que, eh, ils ont souvent ni les compétences linguistiques pour être au niveau, ni la réception de l’épisode bien en avance pour sortir l’épisode dans l’heure qui suit la parution japonaise de l’épisode.
Du coup, aujourd’hui, quand une série n’a pas de simulcasteur, c’est la panique: les teams de fansub ça n’existe plus vraiment, en tout cas plus aussi bien organisé qu’avant, du coup on a des sorties irrégulières, des sorties sans communication de masse et des automatismes qui n’hésitent plus. Du coup les séries en question font moins parler d’elles, du coup elles passent plus inaperçues, CQFD.
Mais quand on prend du recul, on se rend compte que depuis six ou sept ans, les séries d’importance à ne pas être sorties sous le giron de simulcasteurs sont au final assez peu, au point que chaque « non-licence » d’un gros titre marquera les esprits. Par exemple, cette saison, personne en France a SSS.Gridman, pourtant très attendu dû au pedigree de son studio (TRIGGER), ce qui en a choqué plus d’un. De même, ça fait deux ans maintenant qu’on voit certains gros titres être privés de simulcast par Netflix (qui privilégie, on le rappelle, le binge-watching donc la sortie simultanée de tous les épisodes), et on a pu voir que ces séries là en ont été indubitablement victimes: des séries comme Little Witch Academia, Les Enfants de la Baleine, Kakegurui ou même Hisone to Maso-tan sont relativement passées inaperçus par rapport à leur « potentiel » – genre LWA ça aurait du être un vrai blockbuster de la saison d’hiver 2017, au final ça a été plus compliqué, quant aux Enfants de la Baleine, son succès commercial en librairie aurait pu se traduire par un succès de visibilité de son anime, ce qui là aussi n’a pas été le cas.
Bref, tout ça pour en arriver au coeur de l’article: voici ma sélection de sept animes que vous avez peut-être pas vu passer parce que y’avait aucune offre légale dessus et il y’en a aujourd’hui toujours pas. Je vais pas vous mentir, j’écris surtout cet article pour me familiariser avec Gutenberg, le nouvel éditeur de texte inclus dans la toute nouvelle version de WordPress.
Je ne compte pas là dedans:
- Les œuvres qui ont eu une offre légale mais qui n’en ont aujourd’hui plus. Genre les 2000 animes dont ADN a pas souhaité renouvelé la licence.
- Les saisons 2/3/4 d’animes dont les premières saisons ont eu une diffusion en simulcast. Genre j’aurais adoré vous dédier un paragraphe entier sur l’injustice de pas avoir proposé Symphogear AXZ en simulcast alors que les trois saisons précédentes sont sur Crunchyroll mais d’une j’aurais pleuré au milieu de la rédaction du paragraphe parce que la saison 5 a été repoussée de trois mois et de deux la première et la seconde furent traduites quand la troisième saison a été en simulcast donc eh on peut pas dire que la base aie manqué de visibilité.
- Les œuvres qui ont été simulcastées par Amazon Prime. Ok elles sont complètement passées inaperçues parce que Amazon Prime Video c’était de la grosse merde, que personne sait ce qu’ils licencent, que personne en parle pas même eux, que les traductions sont à chier et que personne a envie d’utiliser ce service, mais eh, ça serait un article à faire à part (« les cinq animes les plus gâchés par le fait d’avoir été sur Amazon Prime« )
- Les oeuvres qui ont pas été simulcastées mais qui sont quand même sorties en DVD / BR. Même si là ok je vais être honnête j’ai pas d’exemple en tête du tout, ça se trouve c’est pas arrivé.
- Certaines oeuvres issus de grosses licences dont on sait tous que c’est compliqué. Genre j’aurais adoré vous citer des séries Precure mais vous savez que Precure en terme de tarif de licence c’est compliqué. Idem pour Macross Delta: j’aurais adoré vous dire que vous avez tous zappé le fait que y’avait eu un nouveau Macross en 2016 mais vous savez très bien que niveau droits, les Macross c’est compliqué.
Voilà donc pour les règles, pour le reste vous allez le voir, la liste ne comporte pas forcément d’animes si méconnus (je m’attends à ce que le lectorat fidèle du blog les connaisse tous), mais d’animes dont je pense sincèrement que si il y’avait eu une diffusion légale sur site de VOD, ils auraient pu toucher un public beaucoup plus large.
Ah et dernier point: évidemment le but de cet article est pas de pointer du doigt les simulcasteurs français pour pas avoir choisi telle ou telle œuvre. Connaissant la politique de certains de ces acteurs, je pense sincèrement que toutes les œuvres qui vont être citées ont voulues êtres acquises / récupérées par au moins un éditeur, mais souvent des contraintes diverses font que ça n’a pas pu avoir lieu. Pas de leçon de morale ici, donc, juste une citation de certaines œuvres qui ont pu louper leur rendez-vous avec les français.
2012 – Shinsekai Yori
Beaucoup d’hésitations sur la date à choisir pour démarrer cet article: 2010 et 2011 ont beaucoup d’animes « phares » jamais licenciés mais c’est surtout parce que les acteurs du simulcast sont pas encore aussi ancrés que maintenant – on y trouvait alors Wakanim et Kazé, pas plus. 2012 va commencer à changer les choses avec l’apparition de Genzai, projet porté communément par Kana Vidéo et Crunchyroll, ce qui débouchera un an plus tard au départ de Kana Vidéo (qui rejoindra Kazé pour fonder ADN) et à l’établissement de Crunchyroll France.
2012 semblait donc une bonne année pour démarrer tout ce bordel d’article. Mais en vrai il reste beaucoup d’animes de 2012 qui mériteraient encore aujourd’hui une licence qu’ils n’ont toujours pas eues: vous rendez-vous par exemple compte que aujourd’hui en France nous n’avons pas de manières légales de voir des tanks faire du drift dans Girls und Panzer ? Qu’il n’y a pas de manière légale de voir Inaba dire au héros de Kokoro Connect que parfois elle se masturbe en pensant à lui ? Que si tu veux voir Hyouka en français, faut se salir les mains ? QUE AUCUN TRADUCTEUR FRANCAIS N’EST MORT EN ESSAYANT DE BOSSER SUR JOSHIRAKU ???
Mais si il fallait garder un animé de cette année en particulier que même encore aujourd’hui aucun éditeur n’a songé à investir dans Shinsekai Yori, adaptation par le studio A-1 d’un roman de SF multiplement primé, qui tâche de raconter la vie de six gamins qui grandissent au sein d’un village perdu dans les bois, qui doivent apprendre à maîtriser leurs pouvoirs psychiques, et qui se rendent vite compte que le havre de paix qui leur sert de villages cache une demi-tonne de sales secrets bien pourris, du genre « tu sais si le petit Tommy est plus jamais revenu à l’école quand il avait cinq ans, c’est certainement pas parce qu’il est parti en voyage pour devenir maître Pokémon. » Du coup ces enfants – qui vont devenir ados puis jeunes adultes, le récit prenant place sur une quinzaine d’années – vont devoir apprendre à vivre avec ces secrets, essayer de cacher le fait qu’ils savent des choses qu’ils sont pas censées savoir et essayer, à leur échelle, de changer les choses.
Shinsekai Yori c’est une oeuvre qui peut être assez violente. Aussi bien graphiquement – le dernier quart de la série vous fera assister à un déchaînement d’hémoglobine comme jamais – que mentalement, tant l’ambiance peut être pesante, surtout quand l’anime te fait comprendre assez vite que chaque personnage est réellement en danger de mort permanent. C’est une série qui peut être cruelle envers ses personnages et envers le spectateur mais si on parvient à tenir bon, on est quand même récompensé par une intrigue aussi passionnante que riche en messages forts, qui sait nous tenir en haleine et nous donner de bonnes raisons d’y dédier toute notre attention.
A l’heure ou le public français réclame toujours plus d’œuvres adultes et matures pour pouvoir dire « wow enfin de l’animation pas pour les adultes » car il est toujours un peu coincé en 2000, Shinsekai Yori aurait eu une vraie place pour s’imposer sans problèmes dans le cœur d’un public large, qui aurait eu non seulement son quota de scènes-chocs mais aussi une vraie intrigue léchée qui aurait bouffé toute leur attention du début à la fin. Bref, ça aurait pu avoir le même impact que celui qu’a eu Devilman Crybaby en début d’année, à la différence que là au moins ça aurait été pour une oeuvre qui aurait été bonne… OUPS PARDON j’ai lâché encore un troll sur Devilman Crybaby je suis désolé j’ai du mal à me retenir.
2012 – Teekyuu (toutes les saisons)
Ici, on a un cas très spécifique: Teekyuu (et ses onze saisons, spin-off inclus) est disponible sur Crunchyroll France… mais uniquement sous-titré en anglais ! Et là vous vous dites « tin les gars ils ont la flemme de faire sous-titrer une série où chaque épisode fait qu’une minute trente ? Tu mets un traducteur normal, en un quart d’heure c’est torché je suis sûr. »
Bah oui, sauf que y’a un twist: dans une minutet trente de Teekyuu y’a, genre, beaucoup beaucoupd de lignes, car c’est un animé intentionnellement monté en accéléré. Genre ils enregistrent LE MAXIMUM DE BLAGUES, ils mettent vitesse x1,5 et hop ça fait un épisode. Du coup ouvrir un épisode de Teekyuu c’est comme être en Thaïlande après ton Noël 2004: tu te prends en 1mn30 une force inopposable qui ne te laisse ni repos, ni respiration, qui est juste là pour te chambouler à vie. C’est souvent hilarant, souvent vulgaire, souvent expérimental, mais c’est un peu le plus proche qu’on a pu avoir récemment de certains épisodes de Excel Saga.
Et le pire c’est que c’est un projet mené d’une main de fer par un seul homme, Shin Itagaki, qui cumule sur Teekyuu les postes de réalisateur, directeur son, chara-designer, animateur clé, intervalliste, storyboarder et et et script. Tout ça pour être récompensé en lui refilant, en 2016, l’adaptation 3D de Berserk, ce qui est clairement la pomme la plus empoisonnée que j’ai pu voir depuis Blanche-Neige.
Même si Teekyuu a vraiment l’ambition de parler à une sorte de niche via son humour très extrême, très divers, souvent référentiel, je suis convaincu que le fait que beaucoup de fans français d’animation ont été marqués par Excel Saga à l’époque de La Kaz fait que y’aurait pu y’avoir une place grande ouverte dans le coeur des français pour Teekyuu. Mais hélas, la seule possibilité qui existe aujourd’hui pour regarder ça légalement c’est se manger 100 lignes d’anglais en 2mn, ce qui est une contrainte certaine.
2013 – Watashi ga Motenai no wa Dou Kangaetemo Omaera ga Warui
Tiens, j’avais complètement oublié avant de préparer cet article que Watamote est jamais sorti légalement en France. Que le manga sorte pas chez nous, je comprends, y’a chez les éditeurs et le public cette obsession du « on veut que des mangas qui soient beaux, on a déjà fait une exception pour L’Attaque des Titans on en fera pas une seconde fois », mais que l’animé n’ait pas pu être diffusé chez nous, cela me rend un peu plus tristoune, si vous me permettez évidemment cette expression.
Après, faut avouer que Watamote est pas forcément un choix facile vu les thématiques qu’il aborde de manière frontale, avec une intrigue centrée sur Tomoko, une pure loser qui va passer l’intégralité des treize épisodes à échouer chaque interaction sociale de la manière la plus flamboyante possible. Beaucoup d’humour jaune, et beaucoup de scènes qui reposent solennellement sur le fait que, eh, le spectateur est susceptible de se reconnaître dans certaines de ces situations, donc le faire rire mais aussi taper un peu là où ça fait mal.
En soit, Watamote n’est pas passé non plus totalement inaperçu: comme prévu, c’est une série qui a pas mal divisée, qui suinte l’esprit « me irl » qui unit aussi bien les /b/tards que les tumblrinas, mais une sortie légale en France aurait pu permettre à la série, qui sait, de devenir une sorte de témoignage social ?
2014 – Inari, Konkon, Koi Iroha
Eh, jusqu’ici on a évoqué des animes sortis avant l’arrivée de Crunchyroll France sur le marché. Inutile de dire que quand un troisième gros acteur a débarqué, là le nombre d’animes non-licenciés chaque saison il a commencé à tomber en masse, entre autres parce que la politique de Crunchyroll a toujours été de choper le max de licences pour garnir leur catalogue, donc autant avant il y’a pu y avoir des animes qui sont passés aux travers des maills du filet, autant depuis l’automne 2013 ça commence à devenir difficile de pas avoir son animé favori sur une plate-forme légale.
Mais, parfois, presque par erreur, quelques animes oublient de se faire licencier, souvent à la surprise générale. En 2014 j’ai ainsi deux grosses comédies que j’aurais pu citer – Amagi Brilliant Park et Gekkan Shoujo Nozaki-kun qui sont absolument pas sorties chez nous malgré leur côté un peu « gros profil. » Les deux ont eu pas mal de succès chez les anglophones, Amagi restait un Kyoto Animation donc il est loin d’avoir été invisible, mais c’était bizarre qu’ils soient pas pris. Et puis, il y’a eu une série plus posée, très centrée sur le lien qui lie les japonais à son héritage mythologie, il y’avait Inari, Konkon, Koi Iroha.
Adapté d’un (très bon) manga, Inari Konkon Koi Iroha évoquait l’histoire de Inari, une jeune collégienne ultra sympa et pleine d’énergie qui, un beau jour, sauve un renard d’une noyade certaine. Chance ! Le renard en question était l’animal domestique d’une divinité locale, Uka no Mitama no Kami, qui décide de récompenser Inari en lui accordant le voeu de son choix. Inari fonce sur l’opportunité pour demande à changer de corps et devenir la fille qu’aime le garçon qu’elle aime, c’était pas du tout une bonne idée, ça fout la merde, la divinité intervient pour réparer ses bêtises et décide de juste confier à Inari un fragment de ses pouvoirs divins, qui vont permettre à la collégienne d’acquérir un petit pouvoir de métamorphose. A partir de là, l’oeuvre alterne entre comédie romantique et aventures fantastique puisque Inari va utiliser ses pouvoirs pour faire le bien autour d’elle, aider des divinités à régler des soucis et essayer de gagner le coeur du garçon qu’elle aime.
Si on devait utiliser de manière campagnarde un adjectif pour décrire Inari Konkon Koi Iroha ça serait certainement un truc du genre « yep, bienvaillant comme tout » et c’est vrai que tout dans cette oeuvre respire la bonhomie, les bonnes intentions et les personnages positifs. Mais pour autant, jamais Inari Konkon Koi Iroha s’enferme dans le niais ou dans le routinier, et les aventures qui arrivent à nos héroïnes restent passionnantes à suivre, avec un développement très intéressante de l’héroïne adolescente mais aussi et surtout de la divinité, Uka no Mitama no Kami, qui va de son côté devoir gérer le fait que elle, immortelle aux nombreux pouvoirs, va tomber amoureuse d’un humain, ce qui ne manquera pas de poser problèmes.
Il ne faut évidemment pas oublier de mentionner les splendides décors, l’intégrale de l’oeuvre se déroulant autour du très beau Temple Inari de Kyoto avec ses 10 000 torii à l’entrée, ce que ne manque pas de mettre en valeur la série. Bref, une très belle carte postale de Kyoto, qui met en valeur une intrigue pleine de bonne humeur, de bons sentiments et de personnages attachants. Que demande le peuple, à part peut-être connaître cette série ?
2016 – Kono Subarashii Sekai ni Shukufuku wo!
Dans cet article vous avez compris que je parle surtout de séries que j’aime bien. Mais là je vais faire une exception parce que, voilà, je n’aime pas Kono Subarashii Sekai ni Shukufuku wo, mais je ne comprends pas pour autant pourquoi il n’y a aucune VOSTFR légale sur cette série qui, très clairement, est pas passé une seule seconde inaperçue dans le monde anglophone et chez vous, lecteurs de Néant Vert.
Car KonoSuba part dans ce terrain miné et dangereux qu’est celui de l’isekai, ces fantastiques histoires de gars nuls qui meurent de manière nulle pour devenir sauveurs d’un monde d’héroïc fantasy qui est sans doute le même dans toutes les séries isekai, avec les elfes blondes, les rois barbus et ces putains d’orcs pourquoi y’a toujours des orcs c’est quoi le putain de délire autour des orcs pourquoi pas à la place faire des orques mais avec des pieds. Bref, les adolescents qui en 1995 se touchaient en pensant à l’elfe de Lodoss sont désormais des auteurs qui accomplissent leurs rêves en créant des personnages comme eux qui se tapent l’elfe de Lodoss. Je ferais sans doute pareil à leur place, vous me direz, mais j’expose déjà trop souvent mes fantasmes sur ce blog pour en plus les foutre dans une oeuvre de fiction.
Mais bon, voilà, KonoSuba se veut être avant tout une pure parodie: le héros meurt de manière vraiment vraiment VRAIMENT nulle (il croit qu’un camion va le percuter du coup il meurt d’une crise de panique ce qui est con parce que ce qu’il croyait être un camion était un tracteur qui allait à 3km/h), il rencontre une divinité qui lui promet de l’envoyer dans un monde plein d’aventures, lui donne la mission de tuer un roi démon lui il fait « mouais », donc pour le motiver cette divinité lui dit d’un ton dédaigneux « lol boloss je te file un truc de ton choix pour commencer ta carrière d’aventurier tout ce que tu veux » et du coup bah le héros il choisit la divinité juste pour l’emmerder. Commence ainsi une longue quête avec un aventurier nul en tout sauf pour ouvrir sa gueule et une divinité théoriquement compétente mais qui a pas un sens des priorités ultra développé.
La qualité première de KonoSuba c’est qu’il va développer un casting de quatre personnages principaux qui ont tout un archétype simple: le héros est « grand gueule et procrastinateur mais peut faire des trucs quand il se bouge », Aqua la divinité est « super compétente mais a besoin qu’on lui botte le cul pour qu’elle le fasse », Megumin la mage est « super compétente en un seul pouvoir et ne peut faire que celui-ci, une fois par jour » et enfin Darkness la paladin est « super compétente mais masochiste donc va chercher la douleur. » Bref tout le monde est secrètement compétent mais uniquement si les bonnes lunes sont alignés, ce qui crée des situations de décalage par rapport aux récits d’aventures plus « classiques. »
Et cet aspect très parodique, il est accentué par un style visuel assez unique où à une multitude de couleurs (le monde d’heroic fantasy dépeint dans KonoSuba est plutôt chaleureux) s’ajoute un chara-design très simpliste qui va surtout chercher à permettre une animation « cartoonesque », avec des grandes gestes amples et des mouvements très exagérés. Ca peut paraître un peu déconcertant au départ mais quand on voit que ça ajoute énormément à certaines scènes humoristiques, on peut que constater le semi-génie de l’idée.
Après, comme j’ai dit, j’aime pas tant que ça KonoSuba car c’est beaucoup d’humour fait aux dépends des personnages. On passe notre temps à se moquer d’eux, ils passent leurs temps à se moquer entre eux et même si on comprends vite qu’ils s’aiment tous et qu’ils ont tous bons coeurs, reste que l’humour de la série m’a toujours semblé manqué de variété. Mais si cet humour a rire en permanence des personnages, quitte à jamais rire avec eux, vous plaît, alors KonoSuba vous ne devriez pas hésiter. Mais vu la popularité réelle de la série en Occident malgré le peu de licences, je pense que vous le savez déjà.
2017 – Armed Girl Machiavellism
Terrible confession que je vais vous faire, mais ça ne sera pas une surprise pour ceux qui me connaissent bien: j’aime bien les mangas de baston qui savent allier la beauté des combats avec la beauté des corps féminins. Et par cette formulation ampoulée, je veux bien évidemment dire « yay boobs et mandales ftw. » Sauf que c’est un genre rempli de pas mal de daubasses, et je suis le premier à le reconnaître, c’est pour ça que je l’évoque très peu sur ce blog ! Genre pour un Rakudai Kishi no Cavalry combien de mangas ou d’animes que j’ai essayé pour abandonner au bout de quinze minutes ? Même Enfer et Paradis je trouve pas ça SI bien que ça. Là ça fait cinq ans que je dois commencer Highschool DxD qui devrait remplir tous mes désirs mais je me le garde en secours, au cas où y’aurait plus jamais d’œuvres de baston et de lolos qui valent le coup.
Mais là ça va, récemment j’ai eu mon fix avec, du coup, Armed Girl Machiavellism, qui propose une nouvelle fois une intrigue d’extrême qualité, avec cette belle histoire d’un étudiant en arts martiaux qui débarque dans un nouveau lycée, lycée qui a la particularité d’être dirigé… par les femmes, qui ont littéralement tous les pouvoirs. Et comme le conseil étudiant est du genre psychopathe, elle impose par exemple le port de la jupe et du maquillage à tous les élèves, y compris aux mecs qui sont tout le temps réduit à rien, aux efforts sans cesse ignorés, bref c’est comme si notre monde était devenu matriarcal au lieu de patriarcal, excellent concept de mauvaise comédie française et miroir d’un monde devenu fou. Mais notre héros, lui, il s’en fout un peu des règles, il veut juste faire sa vie et trouver une élève en particulier qui est au sein de ce lycée et avec qui il a un sale passif, sauf que du coup son comportement va le forcer à se taper avec les élèves les plus fortes de l’établissement, et par prolongation à toutes les élèves féminines de l’école puisque, ah, je l’ai pas dit, les femmes ont autorisation de port d’armes blanches.
Donc l’intrigue, voilà, elle vend un peu de rêve mais aussi un peu de cauchemar, mais ça se dissipe vite quand on constate que Machiavellism c’est surtout l’histoire d’un mec super fort aux arts martiaux qui doit adapter son style de combat à chaque adversaire, et va donc considérablement faire marcher son cerveau à chaque combat pour voir comment ses arts martiaux peuvent être utiles dans telle situation. Ca donne donc des combats extrêmement variés, avec pas mal d’idées très intéressantes et plutôt crédibles, avec quand même le zeste de folie nécessaire pour donner du goût et de la personnalité à tout ce fatras.
Armed Girl Machiavellism c’est donc beaucoup de combats, un poil de fanservice mais finalement pas tant que ça, un casting riche en couleur, un perso nommé Amo et des ours de compagnie, et c’est du coup foutrement dommage que à ma connaissance aucune compagnie l’a chopé chez nous. Après, ça aurait pu être pire que pas l’avoir: aux Etats-Unis, par exemple, c’est une exclu Amazon Prime Video….
2018 – Shoujo Kageki Revue Starlight
Commençons par une évidence: bien sûr que cet article est quasiment conçu exclusivement dans l’objectif que rappeler qu’on aura ptet jamais d’édition française légale de Shoujo Kageki Revue Starlight et qu’il faut le pleurer car il s’agit sans doute d’une des séries les plus intéressantes de 2018. J’aurais également pu évoquer, comme dit plus tôt, SSS.Gridman qui lui aussi n’a été licencié par personne, mais je vais brutalement honnête: j’ai pas vu un seul épisode de la série et désormais j’essaie d’éviter d’avoir un avis sur ce que j’ai pas vu. Se débarrasser des mauvaises habitudes, quoi.
Le plus rageant avec Revue Starlight c’est quand on sait pourquoi on l’a pas eu en France: parce que HIDIVE a chopé la licence pour les droits mondiaux. Habituellement c’est pas si grave, ça arrive même souvent qu’un seul éditeur chope les droits mondiaux et s’amuse après à les revendre pays par pays aux différents simulcasteurs de France, d’Italie, d’Allemagne et catera. Sauf que dans le cas de Starlight, les mecs ont fait un ptit bras d’honneur poussif, on fait « on garde les droits mondiaux et on fait qu’une version en anglais sous-titré, salut les têtes de bite », ce qui fait que aucun simulcasteur non anglophone a pu récupérer les droits, ce qui fait que si vous voulez voir Starlight à l’heure actuelle faut aller sur Hidive mater une version traduite à la truelle de chie, qui non seulement décide de ne pas sous-titres les paroles de chansons d’une série qui se veut être une fuckin’ comédie musicale mais qui est en plus bourrée de contre-sens – genre Karen elle occupe la chaise n°1 de sa classe parce qu’au Japon il arrive que les sièges soient numérotés dans la salle de classe, donc ok elle a la chaise n°1, sauf que la traduction a traduit ça par « elle est première de sa classe » mais qui que quoi comment je.
Vous me direz, Revue Starlight parle à un public avant tout japonais car le thème principal de la série – le théâtre Revue Takarazuka et son fonctionnement très spécifique – est un truc que en France vous n’avez mais alors que peu de chances de vraiment bien connaître tant voir du Takarazuka est chose compliquée – les enregistrements vidéo des représentations sont souvent durs à trouver, et en voir en live exige bah d’aller au Japon. Mais si connaître cet art est un bonus, reste que Revue Starlight reste une œuvre qui souhaite porter un message universel sur ce qu’est d’être artiste, de tout donner pour son art et de trouver l’équilibre nécessaire entre « être le meilleur à ce qu’on fait » et « ne pas s’isoler seul au sommet à cause de son talent. » Et puis reste des développements travaillés de personnages aux motivations variées, ainsi que des scènes de combat qui sont souvent à coupler le souffle.
Soyons clairs: Revue Starlight est une oeuvre qui en envoie plein la gueule, qui a l’ambition de porter un message clair et une envie via cette oeuvre de participer à une véritable rénovation du Takarazuka qui, d’après ce que j’ai compris, déclinait ses derniers temps, enfermés dans de vieux principes datés. Mais au délà de ça, ça reste une oeuvre complète, qui a du caractère, de la personnalité et parvient à mélanger comédie musical, baston, drame et même… romance ? Bref, un petit joyau.
C’est là dessus, donc, que se conclut cet article que à la base j’envisageais encore une fois plutôt court mais au final je suis passé de quatre séries à sept, j’ai encore dit trop de trucs à chaque fois je suis désolé et si vous voulez mon avis sur le nouvel éditeur de texte WordPress il est intéressant mais 1/ à chaque fois je fais Ctrl+i pour écrire en italique il me renvoie à la ligne c’est insupportable 2/ la génération de l’aperçu brouillon marche une fois sur deux 3/ nothing wrong with me 4/ NOTHING WRONG WITH ME.
Maintenant plus qu’à trouver une utilisé pour ces changements de couleur qu’on peut faire sur les paragraphes de nos choix.
Après j’ai une idée intéressante à faire avec ça, je vous le dis ici et je vous laisse juge.
En gros je pourrais faire comme un feu de circulation mais en texte, avec les couleurs et tout et tout.
3 commentaires
belzedar
Article intéressant surtout qu’à l’exception de Revue Starlight que j’ai vu, je ne connaissais aucun des animes que tu as sélectionnés.
Perso, j’aurai évoqué le très bon Sakura Quest (2017) pour lequel je ne comprends toujours pas pourquoi il n’a pas été licencié en France.
Trit’
(Oh, un commentaire ? Tout arrive…)
« J’expose déjà trop souvent mes fantasmes sur ce blog pour en plus les foutre dans une oeuvre de fiction ».
Le moi de 2004-2005 a un prénom qui lui revient en tête : Léna.
Faudrait que je revoie « Haibane Renmei » à nouveau, un jour…
Ari
Sympa comme article. J’ai vu toutes ces séries à part Inari et les deux derniers (même si je connaissais Shoujo Kakegi de nom).
Teekyuu est vraiment licenciée en France ? Chez moi les épisodes ne s’affichent pas sur la page de l’anime sur CR.