L’année étrange du catch contemporain
Dites donc mes amis, ça ferait pas un an qu’on est en pleine pandémie ? Quelle fête, quel plaisir, quelle délectation ! On ne s’en lasse pas ! Et tant qu’on est à fêter des anniversaires, sachez aussi que ça fait presque quatre ans que j’ai pas écrit sur le monde du catch donc, écoutez, essayons de faire ça bien et de faire un peu le bilan de cette étrange année pour le monde du catch, qui a vu le noble art faire face au COVID-19… comme si de rien n’était.
Mais avant de nous attaquer à cette période, essayons de replacer les choses dans le contexte: à quoi ressemblait le monde du catch en février 2020 ? Bah, les choses avaient pas mal changées lors de la seconde moitié 2019: la principale fédération, la WWE, avait vu son émission Smackdown quitter la chaîne USA Network pour s’installer sur FOX. En contrepartie, USA Network récupérait l’émission NXT le mercredi soir, émission qui sert de « plate-forme de développement » pour les catcheurs en formation ou pas encore établi auprès du public de la fédération… mais surtout émission qui était autrefois inédite au WWE Network, c’est à dire le plate-forme de streaming de la WWE. A côté de cet excellent coup financier, le contrat avec la FOX étant particulièrement lucratif, la WWE continuait d’emmagasiner des milliards de dollars via un deal tout aussi riche en gros chiffres avec… le gouvernement d’Arabie Saoudite. Deux événements par un an en direct d’Arabie, avec beaucoup d’argent en jeu. C’est clairement du bon vieux sportwashing de la part de MBS, et la WWE elle-même semble clairement être là juste pour prendre l’argent et courir tant ces shows font tout pour ne pas être « canoniques. » Mais ça change pas mal la dynamique financière de la fédération qui du coup avait conclu 2019 avec masse de thunes et un PDG, Vince McMahon, toujours aussi intouchable.
Et en parallèle ? L’arrivée d’une nouvelle fédération dans le monde du catch: l’All Elite Wrestling. Des nouvelles fédérations y’en a chaque année mais l’AEW se distingue immédiatement par son casting de catcheurs, composé de nombreuses stars du catch « non-WWE » (Kenny Omega, ex-champion du monde de la principale fed japonais, la NJPW ; les Young Bucks, tag-team mondialement reconnue) mais aussi des anciens membres de la WWE plutôt reconnus et appréciés (Chris Jericho, Cody Rhodes.) Auquel on rajoute un financement sérieux et crédible puisque tout cela est dirigé par Tony Khan, fils du milliardaire Shahid Khan, qui possède également le club britannique de Fulham et le club de football américain des Jacksonville Jaguars. Une famille très friquée, amoureuse du sport, et qui permet vite de choper les moyens d’organiser des grands événements, de les vendre, d’en faire promotion et de les distribuer dans tous les Etats-Unis. Une hype se créée donc autour de l’AEW, qui va rapidement trouver une chaîne pour diffuser sa première émission télé: AEW Dynamite, diffusée sur TNT tous les mercredi soir. D’emblée, du coup, l’AEW se pose comme un n°2 ambitieux, qui compte bien chatouiller la WWE et ne pas être qu’une simple « alternative. »
Et un vrai n°2 ambitieux, c’était pas arrivé depuis un bail ! Depuis la dégringolade de la TNA autour de la fin 2011, plus personne n’avait essayé d’affronter la WWE sur son propre terrain qui, depuis huit ans, savourait donc un quasi-monopole.
Donc ouais, 2020 s’annonçait assez riche en événements. Et au final, des événements on en a eu pas mal… mais pas à cause de ça…
Bref, déjà, je vais commencer par évoquer l’AEW parce que après un an et demi je dois vraiment poser quelque part le fait… que cette fédération m’a très rapidement déçue. Et qu’elle continue à me décevoir continuellement, chaque mois un peu plus.
J’ai découvert le catch fin des années 2000 donc je n’ai jamais vraiment connu l’époque de la bataille entre WWE et WCW, par contre j’ai connu cette période où la TNA essayait de faire son trou face à Vince McMahon. Du coup j’ai connu aussi bien la fin de l’âge d’or, celui des triples threats entre Samoa Joe, Shane McMahon et Christopher Daniels que le début de l’horrible ère Hogan-Bischoff, le genre d’ère où Jeff Hardy débarque complétement défoncé par l’alcool et les drogues en main-event d’un show. Et honnêtement, l’AEW me rappelle beaucoup trop souvent la seconde partie pour que je sois très rassuré.
Déjà, c’est une fédération qui repose beaucoup trop sur l’aspect méta du catch. En même temps, ses principaux catcheurs se sont fait connaître aussi grâce à un show youtube nommé Being The Elite qui passe son temps à vanner sur le côté fake du catch et, comme vous le savez, l’arbre tombe rarement trop loin de la pomme. Du coup l’AEW c’est une fédération qui part du principe que comme tout le monde sait que le catch c’est du chiqué, alors autant embrasser ça et l’assumer pleinement. Dire au public un discours du genre « on sait que vous êtes trop cool pour croire que tout cela est vrai. »
Ok, des feds comme la CHIKARA l’ont fait avec succès, ça. Mais le truc, ici, c’est que ce n’est pas une fédération parodique, ce n’est pas une fédération comique, c’est une fédération qui ambitionne de développer des storylines sérieuses. Mais à quoi bon, déjà, essayer de nous faire croire que ces rivalités sont intenses quand un quart de l’émission est passé à se moquer des codes du catch, à nous rappeler continuellement que tout est faux ? Juste avec ce ton mal calibré, mal équilibré, l’AEW se tire très vite une balle dans le pied, prend le rôle ingrat de l’arroseur arrosé et nous empêche de prendre ce qu’il faut au sérieux. C’est très dommage.
Plus largement, la fédération peine après un an et demi à trouver sa propre personnalité. Enfin, si, sa personnalité claire pour l’instant c’est « nous ne sommes pas la WWE. » Ce qui sera rappelé à chaque show, presque à chaque promo de catcheur. Les références à la WWE sont légions, et sont à chaque fois faites dans le but de se moquer d’elle ou d’essayer de la trashtalk. Ici on aime bien les challengers qui essaient de taper plus fort qu’eux, mais quand ils le font de manière systématique et que ça compose une grande moitié de leur personnalité, on en déduit que c’est une obsession un peu lassante et souvent gênante. Surtout quand ça survient dans des contextes qui ne font guère de sens comme par exemple les Young Bucks qui, la semaine dernière, insultent Jericho en disant « qu’il ne serait même pas main-eventer à NXT », ce qui est une manière étrange de ridiculiser.. la personne qui fut le premier champion du monde de l’AEW. En voulant insulter Jericho, ils se retrouvent à dire que leur premier champion du monde serait même pas assez bon pour l’émission tertiaire de la WWE, et du coup ils sont pas en train de dire que justement ils sont beaucoup moins biens que la WWE ? Ouch ouch ouch.
Du coup c’est terrible parce que l’AEW veut être une alternative à la WWE mais avoue à chaque show qu’elle espère que le public suit ce que fait la WWE, afin de pouvoir comprendre les vannes et les références. Et encore, si il suffisait au public de suivre la WWE pour comprendre ! Parfois il faut suivre aussi l’industrie du catch dans son ensemble, ce qui signifie donc les ragots, les rumeurs, les histoires backstage… L’AEW est un show qui attend de son spectateur qu’il soit au courant de tout afin de comprendre tout.
Ce qui est à mon sens… désastreux. Je ne saisis pas pourquoi un show qui ambitionne de vouloir être une alternative crédible et populaire à la WWE refuse d’être… accessible. En ne souhaitant parler qu’au public des fans hardcore, elle se crée certes un public fidèle et ultra heureux d’avoir enfin une fédération qui ne parle qu’à eux après des décennies de quasi-monopole de la WWE qui n’a jamais cherché à tant les séduire, mais elle empêche ce public de se renouveler. Elle ne fait qu’espérer récupérer les déçus de la WWE sans se créer de zéro des nouveaux spectateurs qui n’auront jamais connus la WWE. Je ne pense pas qu’énormément de gens découvriront le catch grâce à l’AEW: la WWE restera la porte d’entrée unique et principale au genre.
Et le pire c’est que je visualise vaguement pourquoi l’AEW en est arrivé là. Déjà parce que la majorité des catcheurs qui ont le pouvoir dans cette fédération sont des gens qui ont grandis et fait leur carrière au sein du catch indépendant donc qui se sont dits que ça serait une chouette idée de retranscrir l’ambiance des shows indépendants à la télévision, sans trop modifier cela. Sauf que hélàs, ce n’est pas aussi simple de parler à des millions de spectateurs potentiels et on ne leur parle pas comme on parle à une centaine de fans de catch qui sont venus à un show indépendant parce qu’ils sont déjà des férus ! C’est là qu’un gars comme Tony Khan ou que des transfuges de la WWE comme Jericho, Moxley ou Rhodes auraient dûs intervenir pour essayer de mettre de l’eau dans le vin et partager leurs expériences pour tirer le show vers le haut et faire un mélange parfait entre du divertissement pur à la WWE et la créativité du catch indépendant. Hélàs, non, ce mélange ne s’est jamais fait. Les ex-WWE sont juste content d’être devenus les gros poissons au sein de la plus petite mare, Tony Khan qui est un fanboy de catch depuis son adolescence semble être satisfait et béat d’être reconnu par des catcheurs importants de l’industrie et semble dire oui à tout sans se poser de questions.
Puis, ouais, quelque part j’ai aussi l’impression que ce show veut plus parler à Dave Meltzer qu’au public…
Ah oui, pardon, Dave Meltzer c’est LE journaliste catch historique, un gars qui depuis les années 80 écrit sur le catch et qui a su tisser un réseau de contacts pour régulièrement leaker les bonnes informations. Il note également de manière frénétique tous les matchs, et son fameux barême sur 5 étoiles fait souvent figure d’argument d’autorité dans la communauté. Mais Meltzer c’est un gars qui a une vision très précise du catch, qui a toujours chié sur la WWE au fil des années, et qui a toujours eu un kif très précis pour le style brutal et technique du catch japonais. Le match mythique entre Hulk Hogan et André le Géant, qui a fait rugir de joie 90 000 personnes ? Il a mis des étoiles négatives parce qu’il y’avait pas assez de gestes techniques à son goût.
Moi mon opinion sur Meltzer elle est simple: ce gars est une triste relique du passé, qui ne doit son autorité et sa réputation que parce que c’est le seul journaliste un peu sérieux dans ce milieu. Et encore, sérieux, ce n’est plus tellement le cas aujourd’hui puisqu’il semble préférer tacler des gens random sur Twitter avec une passive-agressivité incroyable que partir à la chasse aux scoops, et désormais ses tuyaux ne semblent plus aussi fiables qu’avant, le gars ayant balancé plus d’un fait rapidement démenti ces dernières années. Et le problème c’est que Meltzer a crée toute une génération de catcheurs qui semblent vouloir plus chercher son attention et ses fameuses 5 étoiles que plaire au public. Alors quand en plus l’AEW est fondé par des catcheurs qui sont des amis de Meltzer (les Young Bucks ont même nommés leur finisher le Meltzer Driver), il paraît difficile d’envisager que LE journaliste du milieu soit extrêmement objectif quand il parle de la fédération…
(Spoiler: il ne l’est clairement pas, et y distribue les fameuses 5 étoiles comme dans un buffet à volonté.)
Pour moi cela fait que l’AEW est le triste symbole de ce catch qui se regarde le nombril et qui glorifie une vision du catch qui se concentre plus de ce qui se passe en coulisses que devant les caméras. C’est une vraie plaie au sein de cette communauté parce qu’à cause de journalistes comme Meltzer et autres, on passe notre temps à être bombardé de rumeurs, d’informations « en coulisses », et caetera. Le fan de catch moyen aime presque autant les ragots que les émissions qu’il regarde, et c’est devenu un supplice de discuter catch parce que, quasi-systématiquement, la discussion ne se limitera pas à ce qui se déroule dans les émissions mais ce qui se déroule autour. Comme si on savait vraiment ce qu’il s’y déroulait, alors qu’on a que des rumeurs et des faits parfois manipulés ! La figure de Vince McMahon est par exemple sur ce sujet extrêmement parlante puisque beaucoup trop de fans de catch semblent parler comme si ils savaient exactement comment le PDG de la WWE fonctionnerait alors que perso, si y’a bien un truc que j’ai pigé en quinze ans, c’est que ce gars est imprévisible et possède une personnalité ultra-complexe. « Connaissant Vince…. », ouais bah connaissant Vince on sait jamais ce qu’il pense vraiment, justement.
Donc ouais imaginez que la majorité des discussions autour de, je sais pas, du MCU c’était pas « wah Thor il était trop cool à la fin de Ragnarok » mais « ouais, il semblerait que Chris Edgeworth est pas trop aimé par Kevin Feige, ça explique pourquoi dans Ragnarok ils ont fait plus de comédie afin de le décrédibiliser et comme ça ils pourront push Captain America et non Thor dans le prochain film… »
Bref, je rage je rage et le pire c’est que je regrette même pas une époque où les fans de catch parlaient vraiment de catch parce que si j’en crois les newsletters google des années 90… déjà à l’époque ça parlait finalement peu du contenu des shows de catch et ça se paluchait sur les notes de Meltzer ! C’est ouf !
Bon bref je râle parce que l’AEW symbolise tout ce que je méprise et déteste dans le catch moderne mais, au pire, même si l’angle me plaît pas, est-ce que les shows sont bons ?
Et bah moi je trouve même pas !
Ils ont beaucoup trop de catcheurs ! Ils passent leur temps à introduire un nouveau catcheur quasiment à chaque épisode de Dynamite ! Sauf que leur émission elle dure que 2h par semaine ! Du coup chaque nouveau venu efface ultra vite le précédent ! Du coup les mecs ils dorment sur un roster ULTRA OUF mais qui n’est jamais exploité ! Ils ont PAC, ils ont les putain de Lucha Bros, ils ont Matt Sydal, ils ont Scorpio Sky, ils ont Christopher Daniels, ils ont Santana et Ortiz, ils ont Lunchasaurus et Jungle Boy, j’en passe et des meilleures ! Bah ouais je serais le premier à dire qu’ils ont un super roster ! Mais il est beaucoup trop large pour leurs moyens actuels. On dirait que Khan sort le chéquier et achète toutes les stars qu’il aime bien et les potes du trio Young Bucks / Omega / Rhodes pour leur faire plaisir ! C’est moi lors de ma première partie de Total Extreme Warfare, quand j’ai acheté tous les catcheurs que j’aime bien avant de me rendre compte six mois plus tard que j’avais vu trop gros et que j’avais aucune idée de comment les utiliser derrière.
Et le pire c’est que ça se stoppe jamais, là en deux semaines ils ont acquis Ethan Page, Paul Wight (ex-Big Show) et Christian Cage ! Trois catcheurs de plus dans un roster déjà sous-exploité. Alors pour quand même afficher les catcheurs, ils ont un show Youtube, AEW Dark, avec presque quinze matchs par semaine. Mais c’est quoi l’interêt d’un show de presque 3h de matchs « de remplissage » qui n’existent juste que pour justifier le salaire des catcheurs ? Ils auraient pas oubliés que les matchs de catch c’est avant tout un instrument narratif pour des rivalités, des storylines ou du développement et que catcher pour catcher c’est sympa, genre, 30 secondes ?
Du coup pour contrer ça y’a aussi d’autres solutions malignes trouvées par l’AEW comme par exemple multiplier les interventions durant les matchs. Car voyez-vous l’AEW dit haut et fort que chez elle les matchs sont tous cleans, que ici pas de fin par DQ ou pas de fin par countout, à la fin d’un match vous aurez forcément un gagnant et un perdant ! Ouais sauf que évidemment la quasi totalité des matchs voient des interventions extérieures d’autres catcheurs interférer avec le match en lui-même afin entre autres de permettre à ces catcheurs… d’avoir quelque chose à faire. Les arbitres de l’AEW ont ce talent incroyable de ne jamais voir les choses les plus évidentes car, après tout, impossible de faire remporter un match à quelqu’un par disqualification si l’arbitre ne le voit pas. Malin, non ? On respecte la promesse comme on peut !
Alors quand derrière tout ça vous notez que seuls les catcheurs membres de l’Elite qui a contribué à fonder la fédération apparaissent chaque semaine et pendant plusieurs dizaine de minutes à chaque fois, que seuls eux ont le droit finalement à de vraies storylines, c’est un peu rageant. Cody qui apparaît chaque semaine au moins 20mn, est-ce si nécessaire ? Je ne sais pas. En tout cas, il serait bien que ces gars apprennent à partager leur jouet. Et argh putain ayé me voilà à parler des coulisses. En même temps ils invitent à en parler c’est la gimmick de leur show, argh ! Allez au diable !
Je n’évoquerais d’ailleurs même pas tant que ça la division féminine de l’AEW qui semble ultra-invisible, à l’image de la pourtant très cool championne. Y’a toujours cette excuse chez les fans à base de « ouais mais tu vois, le roster féminin il est pas aussi talentueux et reconnu donc c’est normal que le roster masculin prenne plus de place » qui m’énerve un peu parce que bah ouais forcément que le roster féminin sera jamais aussi reconnu que le masculin si tu le fous pas dans ton show principal, et en deux je sais pas vous mais il semblerait que les seuls bons matchs durant les PPV de l’AEW c’est justement les matchs de Hikaru Shida. Et ils seraient ptet encore meilleurs si ils avaient un peu plus de drame, de storylines et de rivalités autour. Le talent féminin, ils l’ont, et le roster est mine de rien plutôt équilibré de ce côté là: ça serait bien de s’en servir.
Car ouais, y’a aussi peu de matchs qui me plaisent. Je trouve le style général vachement brouillon, avec beaucoup plus d’emphase sur la forme plutôt que le fond. La psychologie est souvent au rabais, le selling régulièrement aux fraises. Ca botche énormément et ça me sort constamment des matchs que je regarde. Puis que de moments trop effrayants pour être appréciés… Le traumatisme crânien de Matt Hardy lors de All In, et le match qui continue malgré ça…. C’est quand même difficile à avaler, c’est le genre de truc qui ruine un show directement. Idem quand je vois Darby Allin faire des trucs extrêmes à base d’échelle et de snowboard et de passer à quelques millimètres d’un drame ou bien quand je vois les Young Buck insister pour faire un superkick à un Alex Reynolds pourtant manifestement KO à cause d’un mauvais coup… je me dis que ça manque parfois de sérieux et je ne suis pas excessivement rassuré quant à la sécurité des catcheurs.
Notez d’ailleurs que je pourrais me moquer de la fin du Exploding Barbed Wire Deathmatch qui a eu lieu dimanche entre Moxley et Omega mais je vous avoue que le fait qu’on fasse un match hommage au catch japonais hardcore des années 90 à base de barbelés et d’explosifs m’agaçait assez prodigieusement, et le fait de voir à la fin un petit pet pourri tout ridicule en guise d’explosion m’a fait plaisir car je suis désormais à peu près certain que plus personne voudra refaire du catch hardcore de ci tôt, ils ont définitivement ridiculisés à vie ce genre de match. Merci les gars, votre incompétence a pour une fois un effet bénéfique !
Donc voilà, l’AEW après un an et demi, une fédération qui me paraît beaucoup trop aimer se toucher la queue et qui au lieu d’être l’alternative que j’espérais à la WWE est juste parti complaire à la niche de fans de catch qui ne m’inspirait pas foncièrement énormément de sympathie à la base. C’est du délire pour initiés, ça leur parlera sans doute et tant mieux après tout, moi je suis trop vieux pour ces conneries et j’attendais vraiment un produit moins élitiste. Après vous me direz, le mot Elite était dans le nom… Et puis là en plus, ils emportent Impact Wrestling (qui s’était quand même pas mal redressé) dans leur conneries, la pauvre fédération sortant complétement humiliée de leur collaboration. Le titre va se retrouver en avril détenu par Omega, super, tout le monde est content j’imagine…..
Mais bon, bref, fini de râler, du coup, la WWE pendant cette année, ça s’est passé comment ? Et bah étrangement….
… C’était ptet une de leurs meilleures années depuis un bail ?
Parce que en gros pour faire clair je trouve que là niveau WWE on sort de deux-trois années… globalement inoffensives. Ou la WWE était rarement ultra nulle (elle l’a quand même été deux ou trois fois – le fameux match entre le Fiend et Seth Rollins, par exemple), mais elle était rarement ultra géniale pour autant (elle l’a quand même été deux ou trois fois – tout Wrestlemania 35 était beaucoup trop bien.) J’avais commencé à m’habituer au fait que tout était désormais convenable, rarement frustrant, facile à consommer mais guère intéressant à suivre. Et contrairement aux années 2014-2015-2016, j’avais pas NXT en guise de doudou pour trouver de la passion tant la fédération de développement est devenue… assez sans surprises. J’aime beaucoup Adam Cole, j’adore Tommaso Ciampa, j’ai de la sympathie pour Gargano, mais voir les trois dominer NXT pendant presque quatre ans, dans une fédération qui était justement intéressante pour son renouvellement constant des têtes d’affiche, m’a un peu fait déchanté. Après, les Takeover restaient vraiment chouettes, mais c’était ma passion et mon envie qui n’était plus trop là.
(Note: Si vous me demandez c’est quoi mon idéal en tant que show de catch, regardez le NXT des années 2014/2015 qui à mon sens mélangent le meilleur en terme d’ambiance, de storylines, de ton, de personnalités affichées et de qualité des matchs. C’est un show qui parlait aux fans déjà passionnés mais qui se révélait pour autant accessible à un nouveau public, sans obstacle particulier pour comprendre tout ce qu’il s’y déroulait.)
Bref, l’année 2020 commençait pour la WWE avec un excellent Royal Rumble qui voyait le retour de Edge après sa retraite pour blessure en 2011 (qui m’avait brisé le coeur) et voyait Drew McIntyre emporter le match, nous promettant peut-être un nouveau visage lié au titre mondial de la WWE. Puis quelques semaines avant Wrestlemania, voilà la pandémie et donc, avec cela, l’apparition… des shows sans public.
Car au final la WWE fut peut-être l’une des seules compagnies « sportives » au monde à ne jamais avoir cessé son activité une seule journée. Après, l’AEW a du interrompre ses activités mais à peine une semaine ou deux. En tout cas, début avril, les deux shows étaient toujours là comme si de rien n’était, le public en moins. L’AEW choissisant de mettre ses propres catcheurs en membres du public pour créer une sorte d’ambiance, alors que la WWE va rester quelques mois avec des chaises vides avant d’eux aussi commencer à mettre des catcheurs dans le public, catcheurs séparés par un grand mur de plexiglas du ring. Tout ça avant l’arrivée en août du ThunderDome, un stade aménagé ou le ring… est entouré d’écrans, chaque écran montrant un fan depuis chez lui. Auquel on rajoute des bruits d’ambiance artificiels, pour faire bien.
Etait-ce bien malin de maintenir les shows dans ce contexte ? Compliqué à dire – avec le recul, ça semble s’être pas passé bof pour les deux, les mesures prises ayant limité la propagation du virus au sein des rosters – – mais y’a quand même eu des cas positifs dans les deux cas, turbolol – et en tout c’était légal et ça reposait, aussi bien pour la WWE que pour l’AEW, sur une autorisation de l’état de Floride. Reste que c’est quand même intéressant de constater que dans une période où le monde s’était arrêté, le catch lui était un des seuls trucs au monde… qui continuait. C’était pas forcément le truc le plus prioritaire mais écoutez.
Mais cela du coup, a entraîné le premier Wrestlemania sur deux jours et le premier Wrestlemania sans public. Au revoir le grand stade qui était prévu pour recevoir l’événement, à la fin tout se faisait sans public. Un show assez étrange, assez unique, qui savait s’adapter aux événements: le samedi soir fut ainsi mené par le match entre AJ Styles et l’Undertaker qui se retrouva filmé de manière cinématographique avec quelques jours d’avance, dans un match fun, plein de bonnes idées et qui conclut à merveille la carrière de l’Undertaker, le faisant briller de milles feux avant sa retraite. Rebelote le dimanche quand John Cena fait face au terrible Fiend, monstre horrible issu de l’imaginaire du catcheur Bray Wyatt, dans un match… pour le coup extrêmement méta, qui revient sur toute l’histoire de la carrière de John Cena et imagine quelques alternatives à sa carrière. Voilà par exemple du méta bien travaillé, jouant majoritairement sur l’histoire du personnage de John Cena et sur l’histoire du catch plutôt que sur les on-dits et les rumeurs coulisses.
Bref, on sort de ce show agréablement surpris, avec autant de bons souvenirs que de nouveaux champions, et on s’attaque au reste de l’année qui va retourner osciller entre le bon et le moins bon mais va voir certains catcheurs et certaines catcheuses gagner en consistance et en profondeur: Bayley, Sasha Banks, Shotza Blackheart, Lacey Evans chez les femmes, quant aux hommes on va assister à un second souffle incroyable de la carrière de Randy Orton, à l’envol de Drew McIntyre en champion crédible et sûr de lui, ou bien au développement amusant du duo entre The Miz et John Morrison, qui vont commencer doucement mais sûrement à voler pas mal d’écran.
Et du coup la WWE se met à expérimenter un peu compte tenu des conditions et offre enfin des trucs un peu rafraîchissant comme ce match Money in the Bank se déroulant… à l’intérieur du siège de la WWE. Match Money in the Bank qui du côté homme va enfin être remporté par un personnage gag, ce bon vieux Otis, gimmick de redneck débile aussi gentil que gras. A Extreme Rules on tente un autre match cinématographique qui vire à l’horrifique via un combat dans un marais entre Braun Strowman et le Fiend… Ca ne réussit pas toujours mais au moins ça change de d’habitude, et quand on est en relation avec la WWE depuis presque vingt ans, on apprécie au moins le fait qu’elle essaie de briser la routine.
Donc ouais là ça fait vraiment six mois qu’elle a vraiment trouvée son bon rythme la WWE. Niveau émissions, Smackdown est vraiment bien écrit, mené par un Roman Reigns délicieux en tant que heel, NXT a su trouver un nouveau souffle via quelques catcheurs comme Cameron Grimes, Damian Priest, Dexter Lumis, Pete Dunne ou même l’inattendu Finn Balor, seul reste un Monday Night RAW toujours handicapé par sa durée abusée (vous ne trouverez personne qui défendra les RAW de 3h) mais qui s’en sort mieux que y’a encore deux ou trois ans où c’était vraiment assez gênant à regarder.
Quant aux PPV et événements spéciaux, aucun n’a été jusqu’ici décevant et ils ont multipliés les moments incroyables: le « Greatest Match » entre Edge et Orton a rempli ses promesses, la rivalité McIntyre/Orton n’a produit que des excellents matchs remplis de suspens, on a eu une série de matchs assez funs autour de l’Intercontinental Championship de Sami Zayn, des matchs excellement bien joués de la part de Roman Reigns et de son cousin Jey Uso, et quand cette rivalité fut suivi d’une autre entre Reigns et Owens, pareil, chaque match fut un délice.
Et puis y’a le Royal Rumble de cette année… Je suis évidemment aux anges, en tant que type entré dans le monde du match à cause de ma passion pour Edge. Difficile de pas adorer l’idée de voir Edge revenir de blessure, tenir 50mn et remporter un match âpre et disputé, parfaitement équilibré, se déroulant une heure à peine après l’excellent Rumble féminin remporté par la très charismatique Bianca Belair ? La victoire de Edge pour le feel good et pour l’histoire magique d’un retour au premier plan, la victoire de Bianca Belair pour la mise en avant du futur et le démarrage d’une nouvelle carrière. Impeccable.
Donc ouais je suis le premier surpris mais en tant que spectateur, ça semble confirmer cette tendance qui veut que la WWE n’est jamais aussi douée que quand elle doit briser une routine, se sortir les doigts. Mon seul regret, au final, c’est que ce ne soit pas l’AEW qui contribue à ça… mais le COVID-19. Dur.
PS: J’aimais bien le reboot de la NWA aussi, et ça par contre le COVID l’a achevé donc aie aie au revoir petit ange parti trop vite, tu étais la seule bonne raison pour laquelle Billy Corgan faisait des albums super bof.
Un commentaire
Easyhorn
Ah, j’étais curieux d’avoir ton avis sur l’AEW, je ne suis pas déçu, même si je trouve que tu as la dent particulièrement dure!
Mais je partage globalement cet avis, j’ai du mal à suivre la hype autour de la compagnie, qui demande effectivement un investissement énorme en terme catchesque pour pouvoir tout suivre, et le fait que le nombre de performers l’ayant rejoint est à mon sens beaucoup trop important. Je ne crois pas être capable de distinguer un simple alignement heel/face pour la plupart d’entre eux, quand je n’ai pas carrement oublié leur nom. C’est peut être l’avantage aussi de la WWE d’avoir trois show distinct, on peut à peu près tous les suivre sans grand soucis, tout reste assez « clair », même si je trouve que le niveau des storylines à fortement baissé depuis quelques années.
Pour revenir sur AEW, je ne serais pas aussi catégorique sur le niveau in-ring, on a quand même eu le droit à de très beaux matchs, mais bon quand tu as des lucha bros et des Kenny Omega dans ton roster, l’inverse eût été étonnant. Là où le bât blesse à mon sens, c’est au niveau de l’investissement émotionnel, qui est la clé d’un match marquant et malheureusement, c’est le néant pour moi côté AEW. La faute en partie à ce roster et l’exposition d’un trop grand nombre de catcheur.
La chose qui m’a le plus marqué en deux ans? La victoire et le règne de Jon Moxley, mais uniquement parce que je connaissais et appréciais Dean Ambrose auparavant. Et puis c’est bien beau de vouloir mettre la jeunesse en avant, mais quand tu annonces en grande pompe les signatures de BS, Sting ou bien encore Christian Cage -qui reste pourtant un des mes catcheurs préféré de tout les temps- qui ont l’air promis à de grands rôle dans un avenir proche, bon…Exception faite de MJF et, dans une moindre mesure, de Darby Allin qui semblent promis à faire belles choses.
Et j’ai effectivement ressenti beaucoup plus d’émotions lors des deux derniers Rumble notamment, j’ai énorment apprécié l’aspect un peu fou du firefly funhouse match entre Cena et Wyatt, ou le super match entre Edge et Orton notamment. Mais malgré quelques trucs cool, voir Mac Intyre champion et le travail fantastique de Reigns en heel, je trouve l’aspect scénaristique de la plupart des feud au ras de pâquerettes, surtout à Raw, et les personnages mal gérés comme le Miz ces dernières semaines, où Asuka qui végéte et prends les pins dans la division tag…
Une période Codid bien terne catchesquement parlant pour moi, et l’absence du public y est aussi pour beaucoup, je n’imagine même pas la deception pour Mac Intyre ou même Lashley de n’avoir enfin pu remporté le titre suprême devant une arène remplie.