AMV,  Mangas & Animes

The Greatest Show

Le temps passe passe passe, mais finalement une chose reste la même: tu passes du temps à travailler sur quelque chose, ça devient ton quotidien pendant plusieurs semaines, plusieurs mois, cette chose sort, elle part vivre sa vie et elle fait donc désormais part de ton passé.

Pour moi cette semaine, cette chose c’est donc l’AMV Céleste. Projet collaboratif qui voit 25 monteurs et monteuses offrir prêt de 280 « skits », des mini-AMV de 3 à 30 secondes qui parfois tentent de vous faire rire ou de vous émouvoir avec au total presque 200 animés représentés. C’est une continuation logique de projets comme l’AMV Hell ou son pendant francophone, l’AMV Enfer, dans lequel j’ai rapidement fourni au moins une quinzaine de skits à chaque édition. J’ai moi-même dirigé par le passé des projets similaires – le Déjà Vu en 2013 et le Pas Convaincu en 2015.

Et si Light, le Déjà Vu a déjà 8 ans

Bref, voilà donc le Céleste qui est le premier « gros » projet que j’ai dirigé dans le domaine… même si il n’était pas prévu qu’il fasse 1h30 ! Au moment de son lancement, j’espérais au maximum avoir 40/45mn, mais faut croire que les espérances sont faites pour être dépassées, et après un mois de mars absolument fou, je me suis retrouvé avec 1h30 de vidéo à gérer. Faut dire qu’on était nombreux à vouloir se libérer la tête et à vouloir s’occuper l’esprit donc les logiciels de montage ont, pendant tout le mois de mars, pas mal chauffés.

Je suis donc très heureux du résultat fourni et j’espère qu’il vous plaira. Je pourrais m’étendre plus longuement sur l’AMV Céleste en lui-même mais le fichier vidéo contient déjà un commentaire audio et, honnêtement, je viens de passer deux mois et demi à manger AMV Céleste, penser AMV Céleste, concevoir AMV Céleste, donc c’est aussi un moment où le projet doit commencer à reposer dans mon esprit.

Cependant, j’aimerais quand même prendre quelques instants pour vous parler de comment j’ai conçu son intro. Un petit billet simple et rapide pour vous évoquer, donc, The Greatest Show.

Que voici:

C’est donc l’intro de la vidéo et (prend une voix d’enfant fier) c’est moi qui l’ai fait :D. On y retrouve comme souvent dans ce genre de projet une phrase d’intro et d’accroche, auquel le seul twist que j’ai amené est une référence à Kad et Olivier. C’est pas forcément ce qui va importer le plus puisque je vais vous parler de ce qui m’a motivé à créer un peu tout le reste, c’est à dire l’aspect musical et visuel des 1mn32 qui suivent et qui servent clairement d’opening au projet.

Déjà un point important: cette intro a été conçue quelques jours avant que j’annonce officiellement le projet début novembre 2020. En fait elle a même été l’élement déclencheur à ce que je lance officiellement le truc. Car diriger mon propre projet d’AMV collaboratif a longtemps été un truc que je voulais faire mais que, quelque part, je traînais à lancer. Je m’étais convaincu que c’était « jamais le bon moment », soit parce que y’avait déjà un autre projet plus important lancé en parallèle, soit parce que je touchais plus trop à Vegas, soit parce que j’avais trop d’autres trucs à faire, soit parce que j’avais juste un peu peur d’enfin prendre la responsabilité.

Mon esprit quand après 8 ans j’ai toujours pas lancé le projet que je voulais (et oui cet article va être illustré par des screenshots de l’AMV Céleste, bah oui.)

Alors ok, à l’automne 2020 j’ai repris la main sur Vegas et la très chouette bêta de l’AMV Enfer 4 m’avait remotivé à m’y remettre donc je commence à y repenser sérieusement. L’Enfer 4 partait sous de bonnes auspices mais j’avais aussi le sentiment que fallait lancer un « petit projet » en parallèle, un truc concret et distribuable qui remettrait le format AMV Hell dans les esprits et qui pourquoi pas permettrait à des gens de faire leurs débuts, de s’y lancer enfin. Je sais le format populaire auprès de personnes très variées – les thalistes d’abord certes, mais aussi de manière surprenante toute une nouvelle génération de gens qui ont 20-25 ans et qui l’ont découverts à Jonetsu et qui ont commencés à pas mal « saigner » les Enfer 2 ou 3 – du coup me paraissait intéressant de lancer un projet qui aurait vocation à servir de « marchepied », avec un niveau d’exigence plus bas par rapport à l’Enfer 4 qui, et je l’ai su en en discutant avec certains de ces nouveaux fans, impressionne beaucoup.

En quelques sortes, du coup, un projet complémentaire. C’est comme ça que je le visualisais au moment du lancement du projet. Dans ma tête j’allais récupérer 30mn de refusés de l’Enfer 4, 10mn de skits inédits montés par moi en pleine dépression du confinement et des gens qui voulaient découvrir la joie du montage, ça allait être sympathique et servir d’apéritif pour l’Enfer 4, ça aurait été cool. Bon, là maintenant fin mai, j’ai 1h30 de trucs, on a nettement 1h d’inédits, on a quelques nouveaux monteurs mais on a un truc au niveau déjà un peu élevé. Bref, ça a été un marchepied d’une certaine façon – et je fais d’ailleurs ici un big up aux Jojo MIB, ShadowHB, Mathxxl, Kitsune Nosaka, Nomeji, Crazy Gump, Azmar, Pierre, Utsu ou bien les joyeux anonymes qui ici font leurs premières apparitions officielles dans des AMV Enfer et ce même si du coup trois ou quatre d’entre eux étaient déjà là à la bêta de l’Enfer 4 – mais cet objectif n’est plus forcément présent à la fin. Pour autant, je continue à penser le projet comme vraiment complémentaire à l’Enfer 4 et d’ailleurs j’ai déjà eu quelques échos de deux ou trois personnes qui ont découverts le format via le Céleste et se sont lancées dans le montage de skits pour l’Enfer 4 ce qui me réchauffe un peu le coeur. Vraiment, hésitez pas à vous y lancer et à contribuer à l’Enfer 4, vous allez voir que le montage c’est un art qui peut paraître impressionnant, qu’on peut penser compliqué, mais une fois qu’on a les rouages de base, c’est pas aussi complexe ou aussi difficile qu’on se l’imagine… et c’est assez addictif de faire ses mini-AMV.

Dites vous que tout commence quelque part, et que moi j’ai commencé avec un skit B Gata H Kei monté sur Windows Movie Maker:

Dix ans déjà !

Cela étant dit, concluons la parenthèse donc me voilà début novembre à commencer à envisager sérieusement de lancer le projet, j’en notifie le Commandant qui dirige l’Enfer 4 pour être sûr de pas refaire un moment gênant comme j’ai pu en faire par le passé et comme j’y repense souvent la nuit quand je tiens à tout prix à ne pas dormir et à juste revivre la gêne coincée au sein de mon ADN, mais je me donne quand même UN objectif à respecter avant de l’annoncer: faut que j’aie l’intro de prêt. Comme ça ça me montrera à quel point « je suis sérieux » sur le projet.

Et donc, maintenant que je me suis donné ce défi et que je dois le respecter à moi même pour « m’autoriser » à lancer le projet, je dois donc faire une vidéo d’intro. Et là évidemment grosse question: je fais quoi ?

(Non, désolé)

Trouver un angle à l’intro

Dans les AMV Hell et Enfer, l’intro c’est un point intéressant car c’est pas toujours ce dont les gens se rappellent mais tout d’abord ça reste le premier contact avec le projet qu’auront la majorité des gens donc d’amblée faut quand même pas leur faire peur, et ensuite ça montre souvent très vite les ambitions et les intentions du projet. L’AMV Hell 3 démarrait avec une vidéo en 3D assez ambitieuse à l’époque où l’on voyait une voiture parcourir un désert sur Highway to Hell des AC/DC, l’AMV Hell 4 démarrait avec un « previously » de série télé accompagné d’une version très accélérée de l’AMV Hell 3 afin de rappeller que c’était une suite censée conclure la formule. Le cinquième Hell démarrait avec un hommage chelou à Ronnie James Dio qui mélangeait les OAV Jojo, K-On et Tenacious D – ça témoignait pas mal du niveau d’arrache du projet. Le 6.66 parlait du fait qu’être directeur d’un AMV Hell c’était recevoir beaucoup de refusés nuls et que du coup ce qu’on allait voir c’était le meilleur. Je ne me souviens pas de l’intro du 7.

Quant à l’Enfer, on démarrait le premier sur un long sketch qui voyait les nazis de Hellsing démonter une télé qui diffusait du K-On. Le second était une scène de spectacle noire et un peu obscure avec des chants d’enfants creepy (ce qui, avec le recul, est un peu chelou.) Quant au troisième c’était un projet très ambitieux et dirigé dépuis deux ans par un Commandant qui nous offre ni plus ni moins qu’une parodie du générique de Game of Thrones… qui parcourt sur une carte les différents memes et blagues des Enfer précédents. Très chouette job, même si le revers de la médaille c’est que c’est cette intro qui explique pourquoi le fichier vidéo fait 6,5 Go. Oopsie.

Quand tu te demandes pourquoi les vidéos prennent autant de place sur le DD

Bref, voilà les points de comparaisons sachant que moi de mon côté, sur les deux projets précédents, mes intros c’était… pas la priorité. Le Déjà Vu était un skit de Woy qui voyait les avatars de l’AMV Enfer 2 écraser Makoto de La Traversée du Temps que je reprenais tel quel (et dont je démontais le framerate au passage, oopsie), quant au Pas Convaincu j’avais fait mon sale gosse et j’avais fait une parodie méta de l’Enfer 3 avec une parodie du générique de New York Police Judiciaire. Intro très à l’arrache, puisque la parodie méta vient du fait que si le Commandant avait passé deux ans à faire son intro, moi j’avais passé deux heures. Très très sale gosse, je reste étonné qu’on me parle encore parfois.

Bref habituellement sur mes projets, c’est plus la vidéo de crédit qui est mon focus. C’est peut-être aussi pour ça que je voulais à tout prix avoir terminé l’intro avant même de commencer le projet, pour être sûr de ne pas bâcler une nouvelle fois cette partie. Mais du coup ouais faut un angle, une idée. Et c’est à partir de là que la réflexion va m’aider à définir non pas seulement un angle pour l’intro mais aussi tout un angle pour ce que je veux faire du Céleste: en gros une lettre d’amour à l’animation japonaise. Une lettre d’amour qui contiendrait, à terme, beaucoup de blagues à base de grosses bites. Je ne le savais pas encore, mais je m’en doutais déjà un peu.

Donc ok très vite je me dis « comment rendre hommage à l’animation japonaise avec une intro de 1mn30 » ? La réponse se trouve très vite, surtout en repensant aux excellents Animegraphy: une intro purement musicale, construite comme un opening. Et là naturellement vous voyez que j’ai linké l’Animegraphy 2013 qui démarre par un clin d’oeil à Astroboy pour fêter les 50 ans du médium et c’est une idée qui me plaît énormément, au point que derrière je me dis « eh ça serait cool de débuter sur des vieux animés genre Astroboy et Tetsujin 28 puis finir sur des trucs récents. » Ce qui est un raisonnement qui va me pousser sur l’idée centrale et finale: plus qu’une intro, ce sera aussi une frise chronologique de l’histoire du médium.

L’idée me plaît énormément, je la trouve adaptée, je suis certain que ça collera pour une intro d’une minute trente. Top ! Plus qu’à se lancer dans le bouzin, maintenant. Mais avant de choisir les animés, posons nous d’abord les bonnes questions:… on met ça sur quelle musique ?

Choisir la chanson

J’aimerais dire que cela a été compliqué mais… pas tant que ça. J’ai quand même passé une longue nuit de sept ou huit heures sur Spotify à écouter un maximum de chansons qui correspondraient à mes attentes. Attentes qui étaient les suivantes:

  • La chanson doit être « feel good », histoire de commencer la vidéo sur les chapeaux de roue et sur quelque chose d’envolé, qui mette dans des bonnes dispositions. Comme l’espoir que j’avais soit que la vidéo elle-même soit feel good au maximum, je voulais transmettre ce sentiment dès la première chanson.
  • Mais en même temps elle dois aussi avoir un aspect inspiré, envolé, épique. On va revenir et célébrer en 1mn30 presque 55 ans d’animation, il faut que y’ait dans la chanson un sentiment de grandeur. Faut que ça soit un peu baroque !
  • Et derrière faut que la chanson ait un message simple, sans équivoques. Un message positif et clair, sans malice ou sarcasme !
  • Et, puis, bon, faut que ça soit une chanson que j’aime. Je ne veux pas me forcer à monter sur une chanson qui ne me passionne pas !

Donc voilà 4 éléments qui, quelque part, ont un peu de mal à tous se retrouver sur la même chanson. J’ai pas mal fait le tour des playlists Spotify de musiques de fête ou de célébration mais il manquait souvent cet aspect « grandiose » à ces chansons. J’avoue aussi avoir pas mal cherché du côté de la chanson française mais j’ai un peu fait chou blanc sur cet aspect là, les francophones ont du mal à faire des chansons joyeuses et grandioses j’ai l’impression ? Je vous avoue quand même avoir fait une écoute des Lacs du Connemara en me demandant si ça pourrait marcher mais au bout de 2 minutes je savais déjà que ça serait non.

Bon, du coup vous vous demandez peut-être si avant d’arriver à The Greatest Show – parce que c’est là qu’on se dirige, spoiler alert – y’a eu quelques chansons qui m’ont marquées ou ont été sérieusement envisagées ? Et bien, oui ! Mais vous allez voir, y’en a pas tant que ça.

J’ai ainsi un peu envisagé Whatever It Takes de Imagine Dragons.

Mais très rapidement écarté après 30mn à l’écouter pour 3 raisons:

  • Eh, elle est pas si feel good, non ? Genre inspirante et épique, ok ouais, mais c’est pas une chanson qui respire la joie.
  • Mmm monter sur des parties presque rappées, c’est très casse gueule je le sais j’en ai fait l’expérience.
  • Elle est déjà présente dans l’AMV Enfer 4 dans un excellent skit et si en vrai je m’en fous de pas avoir une source « nouvelle » en guise d’intro (surtout que on va le voir, The Greatest Show est pas exempt de comparaisons), ça me chipotait quand même un peu.

(Et en vrai je comprends pas trop le meme « Imagine Dragons est le pire groupe du monde », ok leurs chansons se ressemblent souvent mais Night Visions est un vrai bon album, ça dégage pas mal d’émotions assez badass et quelque part c’est un groupe idéal pour faire des AMV, un peu comme Linkin Park dans les années 2000. Ouais, c’est les Linkin Park des années 2010. Et je dis ça alors que je suis fan premier degré de Linkin Park.) (Ah merde du coup je comprends pourquoi ils attirent la haine des élitistes du vrai son du coup comme Linkin Park s’en est pris plein la gueule pour rien à l’époque, haha.)

Par contre du coup, plus sérieusement, j’ai pas mal poncé Let me Entertain You de Robbie Williams.

Là y’avait un peu tout l’esprit que je cherchais mais c’est plus au niveau des paroles que ça a finalement un peu cloché, y’a tout un aspect un peu faux dans ces paroles qui est assez assumé et puis surtout c’était difficile de découper la chanson pour la faire tenir en 1mn30 minimum 1mn50 maximum. Je l’ai quand même gardé en plan B !

(J’aime bien Robbie Williams mais j’avoue que, comme beaucoup, j’ai pas écouté grand chose à ce qu’il produit post 2004. Je m’écoutais beaucoup Come Undone et Rock DJ quand j’étais ado mais je dois avouer que la seconde chanson m’apparaît aujourd’hui très vieillie d’un point de vue son et m’ennuie pas mal, haha.)

(Oui j’ai quand même réecouté Rock DJ pour voir si ça pourrait faire une bonne intro.)

Donc bref, après quelques heures, je me demande si quitte à avoir une intro épique et feel good j’allais pas devoir regarder du côté des… comédies musicales, tout simplement ? C’est pas forcément un milieu que je connais très bien, mais après quelques écoutes de titres d’intro de différentes comédies musicales célèbres (dont l’excellent Vérone de Romeo & Juliette) (je déconne pas, cette chanson bute ???), je reviens du coup, forcément, à The Greatest Show, titre d’intro de The Greatest Showmen.

Et ça contient du coup, indéniablement, tout ce que je cherchais. Y compris le quatrième point, qui était celui d’un titre qui me passionne un chouia.

Car The Greatest Showman, pour contexte, est un film que j’aime plutôt pas mal ! A la fois parce que je le lie à un souvenir rigolo – je suis allé le voir lors des grosses neiges de début 2018 au lieu de rentrer chez moi aussi vite que possible et du coup j’ai du me taper 5km à pied avec 10cm de neige sur tout le trajet – mais aussi parce que j’ai trouvé que c’était un film qui fonctionnait pas mal sur tous ses aspects, que ce soit mise en scène, photographie et surtout chansons. Vous allez me dire que le film glorifie un peu Barnum qui était indubitablement un très très gros connard, évidemment très loin d’être le mec ultra progressiste dépeint au sein du film et j’en suis parfaitement conscient mais j’aime aussi un peu tout ce message à base d’un gus qui crée du divertissement populaire, se brûle les ailes à essayer de parler aux élites et comprends que faire du populaire c’est pas sale. Mais bon je suis bien conscient que c’est un Barnum… très fantasmé.

Et du coup ouais, cette scène d’intro je l’avais découvert au cinéma et autant vous dire que dans la salle j’étais ouf quand je l’ai eu sous les yeux. Que ce soit cette intro empreinte de mystère, cette montée permanente, ce refrain entêtant, le fait que la chanson passe 4mn à s’enrichir en permanence: plein de nouveaux instruments, de nouveaux chanteurs, on est pas mal. C’est une chanson que j’ai instantanément ultra-kiffé.

Moi et 01 – The Greatest Show.mp3

Maintenant j’avais deux limites qui me chiffonaient pour l’intro:

  • La première est que je trouvais, et que je trouve encore un peu, que commencer avec un titre nommé The Greatest Show c’est… très vantard. Moi même j’ai monté la vidéo, j’ai monté cette intro et je sais donc très clairement que le message que je veux véhiculer c’est que « l’animation japonaise, c’est The Greatest Show » – ce n’est pas l’AMV Céleste le Greatest Show – mais je sais aussi derrière que pfiou heureusement que l’heure 25 de vidéo qui suit derrière est vraiment très cool parce que bon, intention ou pas, tu commences pas ton truc par The Greatest Show si tu comptes pas vendre du rêve derrière. Du coup ça rajoute une pression !
  • La seconde raison c’est que… un de mes AMV favoris de ces dernières années… utilise déjà cette chanson.

« The Greatest Revue », par MadMegatax, fusionne donc The Greatest Show (la reprise par Panic! At The Disco, que j’adore autant que la version originale) avec l’univers de Revue Starlight et je suis juste gaga de ce mélange. Tellement que j’ai timé l’AMV pour Karaoké Mugen !

Du coup ça a failli être un point déterminant pour enterrer The Greatest Show dans le placard: je me sentais pas de passer après cet AMV sur cette chanson.

Mais bon, en l’absence de réelles alternatives qui me passionnent autant, j’ai finalement choisi de monter sur cette chanson. Le dernier vrai questionnement fut surtout savoir si je prenais la version originale où la version Panic! At The Disco mais la décision se fit très vite quand j’ai vu que de toute manière j’allais devoir remonter les chansons pour les faire coller à une durée de 1mn50 grand maximum et que c’était beaucoup plus facile à faire sur la version originale.

(Qui je trouve, en plus, a une intro bien plus intéressante pour ce que je voulais faire.)

Mon cerveau quand il réflechit au potentiel de la chanson

Car oui du coup derrière il a fallu remonter la chanson pour qu’elle colle à la durée que je souhaitais ! N’existant pas de « short version » de The Greatest Show, j’ai du m’occuper de ce remontage moi-même et il y’a au final deux coupures claires (et assez audibles si on connaît bien la chanson): une première pour faire la jonction entre le premier refrain et le dernier (je remercie énormément Zac Effron de partir en solo vocal pour lancer le dernier refrain, d’ailleurs, ça permet une transition un peu plus smooth), une seconde pour abréger un peu les « This is the Greatest Show » du choeur final qui durent presque une minute, et du coup arriver plus rapidement à la conclusion de la chanson.

Audacity a donc chauffer, pour le meilleur. Donc maintenant on a la chanson, on voit qu’elle dure 1mn36 et vraie question: on met quoi dedans ?

MAIS JA JA DING DONG N’EST PAS UN ANIME D:

Choisir les animés à mettre dedans

On a donc une idée simple: faire une frise chronologique qui débuterait en 1963 et conclure sur des animés de 2020 voire 2021. Et faire en sorte que le cheminement qui y amène soit logique et respecte autant que faire se peut la chronologie de sortie des animés pour qu’on ait un vrai « voyage » et qu’on constate au maximum l’évolution et l’histoire du média.

Ca veut donc dire choisir quels animés on va mettre pour représenter cette histoire, et là c’est un travail qui va nécessite un certain esprit de sacrifice. Je suis donc déjà parti en quantifiant combien d’animés qu’il faudrait: la vidéo fait en tout 90 secondes mais les 20 premières sont particulière vu qu’il s’agit du début avec les « woow woow » et je savais déjà à ce moment là que y’aurait des noirs pendant les wowow donc en gros que y’aurait que « 3 animes » durant cette partie là. Je me croyais super original d’ailleurs à mettre un plan noir sur les choeurs mais en rematant l’intro du film quelques heures après avoir fini le montage, c’est juste l’idée… qu’a déjà le film haha.

Donc bref, j’ai 70 secondes de vraiment utilisable, donc je me dis, connement, « eh, une seconde par anime ! »

Et au total on a donc 74 animés différents au sein de l’intro. Donc étrangement, ça a collé au final ! Sachant que la première version avait 72 animés, vu que naturellement, Jujutsu Kaisen et Wonder Egg Priority ont été rajoutés plus tard, en février 2021, quand j’ai terminé la v2 des cette intro.

Et du coup comment on choisi 70 animés pour représenter presque 60 ans d’histoire ? Hmmm… dans la douleur.

Quand j’essaie de négocier plus de place pour plus d’animes

En vrai le choix s’est fait en deux phases. Mon idée initiale était si possible d’accorder la moitié de la vidéo aux animés pré-2005, et la seconde moitié aux animés post-2005. Je voulais essayer de trouver une sorte d’équilibre entre le rétro et le contemporain pour éviter soit d’avoir une vidéo trop passéiste qui mettrait la production actuelle sous le tapis (donc faire un peu comme 50% des médias qui parlent d’animation) et à l’inverse je voulais éviter de trop me concentrer sur l’actuel et oublier l’histoire du format (donc faire un peu comme 50% des médias qui parlent d’animation.) Du coup voilà c’est un équilibre un peu casse gueule mais qui me paraît être le compromis le moins compliqué à faire.

Ensuite les choix eux même, bon… si je savais que j’allais commencer avec Astroboy, c’est derrière que ça allait se gâter.

Bref déjà voici la liste complète des animés choisis pour représenter, du coup, 60 ans d’histoire:

A la base j’ai tout simplement remonté les saisons sur MyAnimeList, de 1963 à 2021, et noté pour chaque saison les séries qui me paraissaient « importantes. » Au bout du compte je suis arrivé à presque 150 noms, auquel j’ai rajouté 4 ou 5 « picks persos », qui sont des séries ou des films coups de coeur, qui me tiennent énormément à coeur, mais que je sais « moins important », objectivement, que d’autres.

Ainsi, je pense que personne n’a vraiment été étonné que je case Haibane Renmei et Symphogear, qui sont deux séries qui me sont importantes (la première est celle qui m’a vraiment donné envie de « creuser » l’animation japonaise pour y trouver d’autres pépites, la seconde est celle qui m’a redonné la joie d’être fan et de me repassionner pour l’animé à un moment où je commençais à faiblir) mais qui sont clairement pas des séries… historiquement importantes (quoique, saviez-vous que Symphogear est la seule série à avoir constamment améliorée ses ventes à chaque saison ce qui en fait un exemple unique au sein du marché blablababla ?)

Donc bon, vous l’avez compris, j’ai 150 animés, je dois en supprimer la moitié, c’est relativement chiant mais au final je m’en sors pas trop mal. J’essaie grosso modo de choisir des oeuvres:

  • Qui ont participés au genre ou à la fondation d’un genre (exemple tout con mais Tatsujin 28 est là à la fois parce qu’il marque les débuts de l’industrie en compagnie d’Astroboy mais aussi parce qu’en tant que premier Gros Robot de l’industrie il est historiquement à la source du genre qui sera dominant sur les presque quarante années qui vont suivre.)
  • Niveau cinéma, j’ai essayé de représenter une œuvre par « grand réalisateur » de l’industrie: Hayao Miyazaki (Laputa), Satoshi Kon (Millennium Actress), Isao Takahata (Princesse Kaguya), Mamoru Oshii (Ghost in the Shell), Mamoru Hosoda (Les Enfants Loups), Makoto Shinkai (Your Name.), Naoko Yamada (Liz & l’Oiseau Bleu.) Je me suis cantonné à cette sélection même si en vrai je me suis rendu compte tardivement que je me suis posé un piège à faire ce genre de sélection, parce que du coup je ressens pas mal ceux qui « manquent. » Bref du coup j’aurais pu essayer d’insérer quelques réalisateurs supplémentaires (genre Kawajiri) et, oui, m’en veux un peu d’avoir complétement zappé Masaaki Yuasa, j’aurais pu caser un Eizouken à la fin de la vidéo.
  • De même j’ai essayé de placer les éléments de certaines grandes franchises importantes de l’histoire de l’industrie: le Lupin III original pour représenter Lupin III, Diamond is Unbreakable pour représenter Jojo, Albator pour le LeijiMatsumotoverse ou bien Hugtto Precure pour représenter la franchise Precure qui a marquée durablement le genre magical girl moderne, en plus de former de nombreux talents.
  • Et plus largement, j’ai évidemment essayé de privilégier les œuvres « populaires » de l’animation. Mais là y’a aussi eu tout un critière de sélection un peu tacite où j’ai essayé de privilégier des animés qui sont populaires… en tant qu’anime. Genre « ces oeuvres sont populaires parce que tout le monde kiffe l’animé » pas « ces oeuvres sont populaires parce que le manga est connu et, euh, l’anime existe. » C’est le genre de critère qui m’a aidé, par exemple, à mettre dehors The Promised Neverland ou Food Wars de ma liste. On va dire que la seule exception de la vidéo c’est peut-être Love Hina ? Mais lui je l’ai mis parce que historiquement, il va codifier pas mal les romcom harems qui vont suivre derrière, haha.
  • Puis oui, j’ai essayé globalement de mettre des bons animés ! La quasi-totalité des animés présents dans cette intro c’est des animés que je pourrais vous conseiller (à part quelques cas particuliers genre School Days qui est un animé que j’adore mais… hmmm… je le conseille pas à tout le monde) (ah et je n’aime pas trop Made in Abyss que, pareil, je ne conseillerais pas forcément à tous.) Genre pensez ce que vous voulez de Sword Art Online mais plastiquement et en terme de production, c’est un « bon » animé. Après est-il une bonne adaptation ou raconte t-il des bonnes choses ? Je vous laisse juger (moi j’aime bien) (je crois ?)
  • Ah oui, et Revue Starlight est dedans uniquement parce que je voulais faire un clin d’oeil à l’AMV Greatest Revue qui, fondamentalement, est un peu le parent de cette intro. Même si là aussi c’est un animé que j’adore et que je conseille.

Je pense que du coup tout ça débouche sur une sélection pas forcément trop déconnante. Difficile d’être exhaustif dans un tel exercice limité par des contraintes de temps donc y’aura forcément des immenses manques mais je trouve avoir quand même pu trouver un certain équilibre. Mon seul petit regret est que du coup on passe directement de 2002 à 2006 à un moment, et j’ai l’impression de chier sur 3 ans d’animation en passant 2003, 2004 et 2005 sous silence mais bon, écoutez, y’avait pas grand chose qui m’inspirait sur ces trois années et fallait que le refrain démarre sur la scène du concert de Suzumiya Haruhi donc… désolé.

(Elle n’a pas l’air vraiment désolée)

(D’ailleurs par exemple c’est pour ça que c’est Brotherhood et pas FMA 2003 qui est présent dans le montage: j’avais pas la place de mettre FMA avant Haruhi, par contre ça passait crème 10s plus tard.)

(Par contre me demandez pas pourquoi c’est Diamond is Unbreakable qui représente Jojo. Enfin si je peux vous filer une réponse simple: c’est tout simplement ma partie favorite. Idem pour Hugtto qui représente Precure au lieu de Futari wa ou Heartcatch.)

Monter avec 75 sources différentes

La partie qui pourrait être la plus galère: vous vous imaginez sans doute que j’ai du choper 75 séries ou films, que j’ai du mater en accéléré pour trouver les plans idéaux à utiliser. Ouais j’aurais pu faire ça comme ça.

MAIS.

MAIS.

Y’a Sakugabooru.

Moi devant Sakugabooru

Ce site, qui regroupe les meilleurs cuts d’animation de l’histoire de l’animation a juste méga mâché le travail. A part deux ou trois exceptions (genre Astroboy, Tetsujin 28 ou Mazinger Z je suis allé directement choper le premier épisode pour choper d’éventuels plans exploitables) (et j’en ai eu), il m’a souvent suffit de taper le nom de l’animé, de faire un peu le tour des cuts les plus intéressants et le tour était joué ! L’atout ici est qu’en plus je visualisais plus où moins à quel moment de la chanson irait telle série donc il était assez confortable de pouvoir choisir quel cut correspondrait le mieux à l’ambiance !

Une fois un cut choisi, je l’ai tout simplement téléchargé depuis le site de Sakugabooru. Il était en MP4 ? Cool ! Il était en WEBM, dont pas lisible par Vegas ? Rien qu’un logiciel de réencodage pourrait sauver. Et du coup derrière j’ai monté sur Vegas avec tous ces petits bouts récupérés de ci de là, ce qui m’a permis d’avoir après environ trois ou quatre heures, un premier gros squelette.

En règle générale quand je monte, j’utilise ce que j’appelle la méthode Claude Allègre, c’est à dire la méthode de désossage du mammouth: souvent je remplis le plus vite possible d’images la barre de montage, afin de ne plus avoir aucun noir ou aucune absence d’image sur la musique ou sur le son. Une fois la barre remplie je commence alors seulement à vraiment peaufiner, désosser, ajuster les plans, les remplacer si nécessaire. J’ai fait pareil ici: j’ai rempli le plus vite possible ma barre et derrière j’ai passé la majorité du temps à peaufiner, réajuster. Soit en décalant un peu les cuts, soit en les redécoupant, soit parfois en les remplaçant par d’autres si jamais je constatais qu’ils n’étaient finalement pas si adaptés que ça.

Une fois tout ça bien avancé, on a un premier rendu la nuit du 1er novembre 2020 et ça ressemblait alors à ça:

Vous pouvez voir que si certains cuts ont été modifiés, que d’autres ont été rajoutés (il n’y avait naturellement pas Wonder Egg Priority ou Jujutsu Kaisen à l’époque, tout comme de manière surprenante il n’y avait pas encore Nana), le « squelette de base » est quand même là, et que tout l’exercice derrière fut surtout à la fois de réajuster… mais aussi bah désormais de remplacer les sources ! En effet on avait là des MP4 ou des WEBM reconvertis très sympathiques mais souvent dans des formats un peu merdiques pour le projet genre vidéo en 848 de largeur au lieu de 1280, ce qui évidemment se ressent via un flou d’image dû à l’agrandissement au moment de l’encodage.

Donc à partir de là tâche un peu rébarbative mais qui sera étalée sur plusieurs semaines: choper les épisodes et les sources originales en 720p voire 1080p et remplacer chaque fichier Sakugabooru un par un.

(Bon, petite confession: y’a quelques fichiers où c’est toujours le cut Sakugabooru qui est utilisé, haha.)

(Je suis parfois étrangement une grosse feignasse.)

Dans l’ensemble cette partie montage fut quand même plutôt fun ! J’ai beaucoup apprécié tenter de faire se « répondre » les différents cuts et les différents animés. Ca donne des moments que j’aime baucoup comme par exemple ce fight à l’épée entre Saber et Asuna, où bien le « flash » des appareils photos sur Yuri qui fait apparaître le héros de March Comes In like A Lion en monochrome après. Comme d’hab avec le montage, beaucoup de ces enchaînements et de ces idées, c’est dû à la chance ou à un bon timing, je vais pas mentir, et y’a pas forcément énormément de choses que j’ai méticuleusement planifié. Cette intro, comme un peu le projet dans son ensemble, c’est pas mal de chance !

Et puis du coup après avoir fini l’alpha, je me suis rapidement rendu compte que y’avait un truc qui me chipotait et c’était le changement permanent de format: on débutait avec des animés forcément en 4:3, parfois mêlés avec des films donc qui ont un format cinéma, format cinéma qui vient taper l’incruster aussi quand on arrive à la période 16:9…

C’est donc là qu’est arrivée l’idée de couper la vidéo nettement en deux parties, découpage en plus facilité par une réalité historique: tout d’abord une partie « 4:3 » pour symboliser la partie « historique » suivi d’une partie intégralement en 16:9 pour la partie « moderne. » J’ai donc inséré des barres noires toute simples sur la vidéo pour simuler le 4:3, y compris sur les films cinématographiques. Le fait que en gueulant Suzumiya Haruhi « chasse » les barres était un petit accident de montage mais l’effet rendait tellement bien et tellement cool que… c’est resté, évidemment.

Quand j’ai vu que ça rendait trop bien la disparition des barres noires

Le reste de l’intro: crédits et proverbe

Tout le reste de l’intro, donc l’écran titre à la fin et les 20s d’intro ont été globalement rajoutés deux mois après, début janvier, quand j’ai fait une première « alpha » du projet avec les 20mn de skit que j’avais alors en réserve. A ce moment là j’avais défini l’esthétique du projet (le théâtre / le spectacle), restais juste alors à trouver une phrase d’accroche. J’ai mis en placeholder la phrase d’Oscar Wilde sur la vie qui est une pièce aux rôles mal distribués, et lol au final c’est resté jusqu’à aujourd’hui parce que j’avais beau me creuser la tête j’avais pas vraiment mieux qui me venait. Du coup j’ai juste rajouté le petit extrait son hommage au running gag de Kad et Olivier sur Oscar Wilde et puis voilà.

Les trois coups j’y tenais évidemment, donc je les ai intégrés de manière à ce qu’ils effacent la phrase d’accroche. Petit effet stylé à pas trop cher.

Enfin les crédits au sein de la vidéo ont été rajoutés tout à la fin. C’était un truc qui me tenait à coeur parce que étrangement les génériques d’intro des AMV Hell / Enfer… n’ont jamais de crédits ? L’idéal était pour moi de faire apparaître le nom de tous les monteurs et monteuses en début, en plus d’y mettre le nom de qui a réalisé et dirigé. Sur ce point, c’est un peu d’égo mais en même temps je pense que je peux me le permettre :’D.

Salut mon pote !

Donc voilà un peu pour toute l’histoire de création de cette intro. Je pensais faire un article léger mais comme d’habitude sur Néant Vert ça a mal tourné et c’est très verbeux. J’espère quand même que ça vous a intéressé ! Dans tous les cas, j’ai adoré monter cette intro et je suis très fier des retours positifs que j’ai eu dessus, ça fait chaud au cœur. Encore une fois, je pense pas être un monteur extraordinaire, je suis quelqu’un qui marche vraiment beaucoup trop à l’instinct et au feeling, et j’ai des mauvaises habitudes quand il s’agit de finaliser, mais je suis content de voir que ça vous a plu.

Maintenant, allez, c’est bon, j’ai dit tout ce que j’avais à dire sur le Céleste, c’était 3 mois très très intenses, je referais pas ça tous les ans mais putain quel pied, ah quel pied, après avoir vécu ça on peut mourir tranquille comme dirait les plus grands experts sportifs du siècle dernier.

Bon puis pour vous remercier d’être allés si loin, un petit bonus, un skit Enfants du Temps qui était dans la seconde version alpha, faite fin février, mais que j’ai retiré pour avoir qu’un seul skit par film de Shinkai dans le projet final:

(Cette intro peut être chantée sur Karaoké Mugen grâce à un time par Pierre !)

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