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[Néant Sept #31] Le classement des films de Hayao Miyazaki

Des articles sur Hayao Miyazaki, vous allez en avoir des tonnes cette semaine, donc il aurait été triste que ce blog ne rejoigne pas une grande tendance. Du coup, hop, j’ai mis mon plus beau costume, et c’est avec une certaine pression sur les épaules que je me prépare à rendre hommage à la carrière de Hayao Miyazaki de la manière la plus impersonnelle et la moins originale possible: via un classement de ses films. Comme j’avais fait avec Makoto Shinkai pour la sortie de Suzume, je vais donc ici tâcher d’utiliser la formule à but ludique et rigolo (« héhé c’est lesquels mes films favoris ») tout en essayant de profiter de cette occasion pour évoquer les films, en reparler, essayer de proposer une opinion développée et sympa à lire, bref le stuff habituel.

Et comme avec Makoto Shinkai, l’article est à la base une vidéo ! Que vous pouvez regarder sur Youtube en cliquant via ce lien !

Moi après avoir réussi à monter la vidéo et eu la confirmation que tout allait niveau usage des extraits

Comme dit dans l’intro de la vidéo (qui n’est pas la même que l’article, d’ailleurs), est-ce très pertinent de faire un classement quand la filmographie qui nous intéresse est composée… de 12 très bons films ? Quand on en arrive à devoir faire la différence entre l’excellence et la perfection pour choisir l’ordre des films, est-ce que l’exercice n’atteint pas sa limite ? Et bah je vais donc vous laisser juge, et on va donc se lancer pour ce classement. Quelque part ça remplit aussi un manque de l’histoire de ce blog qui est… que j’ai relativement peu parlé de Miyazaki, alors que c’est un réalisateur qui compte beaucoup pour moi. J’ai relu récemment ma critique du Vent se Lève que j’ai écrit y’a dix ans (ouf), elle est assez nulle (logique), donc du coup ouf, enfin un moment pour parler de lui.

Du coup, c’est parti !

https://www.youtube.com/watch?v=1tx2EkC_tNQ

Ce qu’on ne classera pas….

On va se limiter aux films de Miyazaki pour le classement, mais ça me paraissait là aussi plutôt intéressant d’évoquer très vite d’autres de ses productions, certaines moins connues ! A commencer par la série qu’il a réalisé en 1978, Conan fils du futur, adaptation d’un roman du romancier américain Alexander Key qui d’après les rumeurs a copieusement détesté cette version animée.

Conan, fils du futur

Opinion un peu étrange de sa part car l’animé est très chouette – on y retrouve dès l’épisode 1 les passions de Miyazaki comme les avions un peu bizarres et la relation toujours compliquée entre la science et la nature, puis globalement la relation entre Conan et Lana va rappeler pas mal Pazu et Sheeta du Château dans le Ciel. C’est un très chouette récit d’aventure, qui vaut encore aujourd’hui le coup d’être redécouvert ! 

Du coup, en parlant séries une mention aussi aux épisodes de Sherlock Holmes qu’il a réalisé – il y’en a cinq au total, et ils sont tous très bien. Je recommande principalement le cinquième, nommé “le Rubis Bleu”, qui voit notre détective canin favori essayer de sauver une gamine kidnappée par le vil Moriarty, qui semble bien déterminé à récupérer un mystérieux rubis. Généralement, si la série est dans son ensemble loin d’être déplaisante – c’est du bon dessin animé d’aventure pour petits et grands -, les épisodes made in Miyazaki sont tout de même, il faut l’avouer, les joyaux de la couronne ! 

Et puis après il y’a tous ses courts métrages. Qui sont quasi inaccessibles: du coup ,vous vous en doutez, on ne classera pas dans cette vidéo les sept titres qu’il a réalisé pour le musée Ghibli, seul endroit où on peut les voir. Perso quand j’y avais été j’avais eu le droit à Le Jour où j’ai cultivé une étoile, c’était très joli sauf que c’était en japonais non sous-titré donc encore aujourd’hui je crois pas avoir tout bien compris ! Et puis, un peu plus accessible que ses courts du musée Ghibli, même si ça reste planqué sur Internet pour des raisons de droit bah y’a le clip pour la chanson On Your Mark, de Chage & Aska.

Ca dure 6mn40, ça raconte la rencontre entre une ange et deux policiers un peu énervés, et je le recommande principalement pour la beauté et la générosité des décors, ça foisonne dans tous les sens c’est assez incroyable. Pas mal de japonais ont eu la chance de le voir à l’époque au cinéma avant les projections de Si Tu Tends l’Oreille, et ça devait être une sacrée expérience. D’ailleurs en parlant de ce film ! Y’a quelques oeuvres Ghibli ou Miyazaki est ptet pas réalisateur mais il y est très très très impliqué. Si tu Tends l’Oreille, justement, réalisé par le regretté Yoshifumi Kondo, voit ainsi tout le script et le storyboard être écrit par Miyazaki lui-même, ce qui n’est pas une maigre tâche dans un processus de création de film.

Le film en lui-même reste encore aujourd’hui assez méconnu par rapport aux autres Ghibli et c’est dommage parce que c’est peut-être un de mes films favoris du studio ! Vraie ode à l’imagination et à la créativité, qui revient sur les difficultés de créer et de faire face au syndrome de la page blanche ce qui, hasard coïncidence, était un peu ce que Miyazaki lui-même vivait à ce moment-là. Le film est aussi connu pour avoir inspiré la bonne vieille lofigirl ce qui est une anecdote importante à retenir pour briller en soirée !

Et puis du coup y’a aussi Arrietty et la Colline aux Coquelicots, deux films dans lesquels il est mine de rien bien plus impliqué qu’on pourrait le croire. Le premier est réalisé par Hiromasa Yonebayashi, le second par son fils – Goro – mais les deux sont co-écrits par Hayao Miyazaki lui-même. Ca se ressent vraiment dans la Colline aux Coquelicots parce que ça ne m’étonnerait pas que toutes les sections du films dédié aux révoltes étudiantes soit une manière pour Miyazaki de narrer et de raconter ses propres combats politiques de l’époque. Évidemment, on ne va pas classer ces trois films Ghibli, mais ça valait le coup de les évoquer avant de s’attaquer… bah aux films qu’il a réalisé… 

12/ Ponyo sur la Falaise

Bon il en faut un en dernier, j’ai décidé unilatéralement que ça serait Ponyo sur la Falaise, c’est comme ça c’est le jeu ma pov Lucette ! Ça raconte la rencontre entre un jeune garçon et une fille-poisson pouvant prendre forme humaine et je tiens à dire pour commencer que déjà je trouve les visuels du film vraiment incroyable. C’est clairement le film de Miyazaki a avoir le style le plus différent, ça pétarde de couleurs dans tous les sens et quand en plus vous y ajoutez une animation qui peut être prodigieuse ça donne quelques scènes incroyables, comme évidemment celle de Ponyo qui court sur les vagues. De même la musique est super mais ça on va pouvoir le dire pour tous les films donc ça ne sera pas une surprise. Yep – Joe Hisaishi c’est un excellent compositeur mais ça vous le savez déjà. 

Derrière c’est ce que le film raconte qui pour le coup me passionne moins. Certes il est très léger en terme d’intrigue ou d’enjeux dramatiques mais ça fondamentalement c’est pas un souci, on va le voir plus tard avec d’autres films de Miyazaki, non le vrai souci c’est que je peine vraiment à voir ce qu’il veut dire ou raconter. Le film passe son temps à alterner les ambiances, nous faisant passer de scènes comiques à des scènes tendues de manière régulière et si chacune de ces ambiances fonctionne bien individuellement, je trouve malgré tout qu’elles clashent un peu entre elles quand elles sont liées les unes aux autres. Et puis surtout j’aime vraiment pas la fin du film. Je la trouve bien trop bizarre, j’ai du mal à comprendre la réaction des personnages vis à vis de ce qu’il se passe, ça me paraît assez dissonant. C’est peut-être censé parler de l’état d’esprit japonais censé être serein et fataliste face aux grandes catastrophes naturelles mais en tant que spectateur, un peu ce qu’on avait déjà évoqué dans le top Shinkai vis à vis des Enfants du Temps, mais ici je trouve ça… assez niais. 

Mais à part ça ? C’est quand même une chouette expérience. Je pense que c’est un film pour lequel j’aurais encore plus d’affection si je l’avais vu enfant – le voir quand j’étais un jeune adulte dépressif et edgy a aussi certainement influé sur la perception que j’en ai eu. L’amour qu’on a pour un film dépend aussi du contexte dans lequel on le voit, en voilà une leçon à méditer… 

… Par contre y’a que moi que ça gêne son amour vraiment très excessif pour le jambon ? Est-ce que du coup si tu mangas Ponyo tu as à la fois le goût du poisson et du jambon ? Pourquoi je me pose ce genre de question ? On devrait pas passer au film suivant du coup ?

11/ Le Château Ambulant

Voilà un film à la production un peu étrange – Mamoru Hosoda devait le réaliser, il s’est embrouillé avec Ghibli, il est parti faire sa propre carrière ailleurs – avec beaucoup de succès – et Miyazaki a récupéré le projet en cours de route alors qu’il était censé être – insérez les guillemets – “à la retraite.” Alors quand en plus pendant la production se déroule des trucs comme le 11 Septembre et l’invasion américaine de l’Iraq, vous vous retrouvez devant une oeuvre où la magie et la féerie cotoie le pire de l’être humain, avec des scènes de guerre particulièrement horrifique et étouffantes. 

Bref, c’est le Chateau Ambulant – l’histoire de la jeune Sophie qui se retrouve maudite, changée en vieillarde, et essaie de retrouver le mystérieux Hauru, un magicien vivant dans un château… qui bouge… un… château… ambulant…

Techniquement le film est prodigieux – les décors sont incroyables, particulièrement les séquences avec le château, mélange d’animation 3D et animation traditionnelle particulièrement impressionnante. Peut-être un de ses plus ambitieux films d’un point de vue visuel, et ça se voit à chaque séquence, chaque scène. Et puis narrativement, le film est porté par une héroïne incroyable – Sophie, qu’on voit littéralement évoluer pendant tout le film, démarrant le film voûtée et obligée d’utiliser une canne, puis qui, au fur et à mesure de son développement, rajeunit subtilement de scène en scène, jusqu’à être une authentique botteuse de cul aux répliques super drôles et au caractère ultra fort. 

Généralement, tout l’univers du film est super – entre les portes magiques, les démons incendiaires, les gamins à barbe et les jumeaux creepy, on sent que le roman initial fourmille d’idée et que le studio Ghibli a pu pas mal se faire plaisir en adaptant tout ça au cinéma. Alors quand en plus vous avez une bande originale qui est sans doute l’une des meilleures de Joe Hisaishi, remplie de grandeur et de coeur, on a toutes les bases pour un chef d’oeuvre… même si du coup c’est là que les défauts du film me paraissent encore plus voyants.

La romance n’a jamais vraiment été le fort des films de Miyazaki et ça se ressent ainsi pas mal avec le lien entre Sophie et Hauru, qui se développe extrêmement vite mais me convainct jamais vraiment, la faute à une évolution qui ne me paraît pas franchement naturelle. C’est peut-être pas aidé par un certain désequilibre: l’excellent développement de Sophie clashe pas mal avec celui de Hauru qui… apparaît mine de rien assez peu durant toute la première heure. Du coup difficile de comprendre ce que Sophie trouve à ce gars qui apparaît peu et qui en plus semble changer de caractère à chaque scène ! En plus de ça on retrouve le problème que j’avais avec la fin de Ponyo mais en encore plus amplifié – ici tout se résout en littéralement trois minutes, pour offrir une happy end qui semble vraiment manquer de naturel. 

Cela étant dit, le film reste franchement bon ! Je suis content de l’avoir revu pour préparer cette vidéo, je l’avais pas revu depuis sa sortie cinéma en France, en 2005, j’en avais pas des bons souvenir, mais aujourd’hui c’est un film que je comprends mieux et qui me parle plus… mais c’est ptet parce que je commence moi-même à devenir vieux…

10/ Nausicaa de la Vallée du Vent

Second film de Miyazaki mais première vraie création originale de sa part, nous faisant suivre les aventures de Nausicaa au sein d’un monde où la guerre, la pollution et les putains d’insectes géants menacent ce qui reste de l’humanité. Un départ très fort pour un Miyazaki qui ne va pas manquer d’ambition car 2h le film essaie de raconter énormément de choses, de faire appel à beaucoup de personnages et de poser beaucoup de concepts. Une foison d’informations qui peut s’expliquer par le fait que le film adapte un manga dessiné par Miyazaki lui-même, manga lui-même encore plus fourni et encore plus riche en informations sur les personnages, les royaumes, les créatures… On sent que créer cet univers a été un plaisir pour un Miyazaki pas dénué d’imagination, même si en contrepartie ça donne un film très condensé, qui ne s’arrête jamais, et qui demande beaucoup d’attention !

Et si du coup ça en fait un des visionnages les moins relaxants de sa filmographie, Nausicaa montre tout de même pas mal d’excellentes qualités visuelles et techniques, offrent une ribambelle de scènes incroyables et alterne les ambiances en permanence avec de très belles scènes d’action, quelques bons gags comiques et des séquences proprement horrifiantes. J’avoue avoir pas mal d’affection pour les personnages du film, que ce soit le très cool Yupa, la princesse Kushana, les trois petits vieux toujours hilarants et évidemment le vil Kurotawa, une sorte de petite fouine sublimée par une VF qui le rend délicieusement détestable…

Et puis y’a l’héroïne, Nausicaa elle-même. Personnage principal très fort du film, qu’on ne quitte quasiment jamais. Beaucoup de charisme, elle porte le film sur ses épaules sans le moindre souci, même si il faut avouer que c’est un personnage dont la fiche et les stats sont extrêmement pétés: elle est super intelligente, super agile, elle défonce des soldats d’élite sans le moindre souci, elle a toujours raison, elle trouve la solution au mal de la pollution sur son temps libre au calme… Il lui manque ptet un ou deux défauts, parce que même jusqu’à la fin du film SURTOUT A LA FIN DU FILM on a l’impression que c’est une figure quasi-divine. Du coup ça en fait ptet la protagoniste la moins “complète” de la filmo de Miyazaki mais après… eh… le perso est cool donc pas de problème.

Bref, Nausicaa est un chouette film, qui est dans le bas de ce classement simplement parce que sous plusieurs aspects il fait office parfois de brouillon au reste de sa carrière: Princesse Mononoke va reprendre pas mal des thématiques de ce film pour les sublimer, par exemple. Reste que c’est une oeuvre majeure de la popculture japonaise, qui a inspiré des tas de trucs – sans Nausicaa on aurait ptet pas eu Final Fantasy tel qu’on le connaît, et y’a un des animateurs ayant travaillé sur le film, un certain Hideaki Anno, qui va pas mal s’inspirer des figures des guerriers géants pour… une p’tite série qu’il va réaliser dix ans plus tard.

Voilà donc, dixième place pour Nausicaa de la vallée de Dana du vent

9/ Le Vent se Lève

Miyazaki il aime les avions alors il s’est dit que ce qui aurait du être son dernier film allait être un film sur les avions du coup ça parle d’un mec qui est connu pour avoir des super avions et qui, en conséquence, pendant 1h50, fait des avions tout en étant un peu triste que ses avions sont conçus pour détruire d’autres avions. C’est le Vent se Lève, il est temps de vivre, et c’est un film que j’aime pas mal !

Alors clairement il a un défaut hélàs très évident et c’est Hideaki Anno dans le rôle principal, je veux manquer de respect à un des plus grands réalisateur de l’histoire de la japanime mais sa voix ne colle jamais vraiment au personnage, lui donnant un aspect trainant et vieux qui ne fonctionne tout simplement pendant les trois quarts du film. Je suis aussi pas totalement convaincu par la romance du film, je continue de trouver ça un peu froid et pas très naturel, sachant que la seule vraie romance c’est celle qui lie le personnage principal aux avions.

Et cet amour bon bah on le voit tout le long du film avec énormément d’appareils et énormément de séquences aériennes, aussi bien réelles qu’oniriques, qui semblent mettre l’ingénierie aéronautique bien en valeur. Evidemment il y’aurait beaucoup de chose à dire sur le rapport ambigu que Jiro développe durant tout le film avec ses clients, l’empire impérial Japonais, et peut-être que le film aurait gagné à un peu mieux développer cet aspect-là du récit mais si on prend Le Vent se Lève comme un film racontant également les difficultés qu’un ingénieur, qu’un artiste, peut connaître quand poussé par son emballement et par l’euphorie de faire évoluer son art et ses talents ne peut que chuter de haut quand il reprend ses esprits et qu’il découvre l’usage qui est fait de son art. C’est un film qui m’a toujours paru porter un propos très déprimé, surtout pour ce qui devait être un dernier film – imagine ton message d’adieu à l’animation japonais c’est “ok cool comme Jiro j’ai fait évoluer mon art, ça m’a amusé… mais à quel prix ? Est-ce que… ça valait vraiment le coup tout ça ?” C’est assez vener, surtout quand on sait que initialement, à la fin, Miyazaki voulait faire mourir le héros. 

Et bah heureusement qu’il a changé d’avis, parce que sinon pfiou ça aurait été brutal.

8/ Princesse Mononoké

Si vous vous dites “wah il est classé bas”, vous n’aurez pas foncièrement tort: je pense que c’est le film que je sous-classe le plus. C’est juste que… j’ai jamais vraiment accroché à Princesse Mononoké. Est-ce parce que le film a un ton mine de rien assez sombre ? Allez savoir… Reste que c’est un excellent film, il n’y a évidemment pas de doute à y avoir !

Très riche visuellement, le long-métrage réussit également le miracle d’introduire une large quantité de personnages, de factions et de relations sans jamais nous perdre et en restant clair pendant une très longue partie du récit. Et puis évidemment y’a San, un personnage instantanément iconique, qui happe l’écran à chacune de ses apparitions. Tout comme Lady Eboshi, tout comme Moro, tout comme Jigo le moine un peu connard… En vrai je pense que le seul perso de Mononoke qui a du mal à me passionner c’est peut-être son héros, Ashitaka. Son arc narratif est pourtant intéressant, il a une évolution et un développement sur lequel y’aurait pas mal de compliments à faire mais… je sais pas… je l’aime pas trop ce gars…. 

Bref ! J’suis très embêté pour Princesse Mononoké qui est un film dont les qualités sont très claires mais sur lequel je n’ai pas grand chose à dire parce qu’il ne m’a jamais touché personnellement. Un peu désolé – parce que je pense que ça va être le film favori de pas mal d’entre vous et je le comprendrais parfaitement – je préfère donc ne pas trop m’appesantir, et passer directement au suivant… 

7/ Le Garçon et le Héron

Bon on va essayer de pas trop en dire… 

Disons que si votre peur c’était qu’en dix ans Miyazaki ait perdu toute ambition ou toute envie de se renouveler, bon bah bonne nouvelle: c’est peut-être un de ses films où il expérimente le plus. Comme si il se sentait soudainement libéré d’une certaine pression commerciale, il nous entraîne donc pendant deux heures dans un film plutôt étrange, où il fait un peu ce qu’il veut, et qui se démarque surtout par une seconde heure qui donne l’envie d’analyser chaque plan, chaque réplique, chaque métaphore… tout en donnant envie aussi de juste se laisser aller et se faire porter par ce qui est tout de même un très riche trip visuel.

Le Garçon et le Héron devrait être un film plutôt clivant – entre autres parce que c’est CLAIREMENT son film le moins accessible. De part sa narration très particulière et la légère violence de certaines scènes, le long-métrage, encore plus que le Vent se Lève, s’interdit l’accès à un public familial, et le public adulte est lui-même pas forcément enclin à adhérer à ce gigantesque trip rempli de métaphores à ras bord. C’est le film de Miyazaki le plus brut, peut-être celui qui demandera le plus d’efforts à son spectateur mais c’est aussi l’un de ses plus beaux, l’un de ses mieux rythmés et on croit déceler à la fin une sorte de message sur la transmission aux générations suivantes qui est mine de rien assez sublime. Et puis y’a plein d’autres ptits trucs que j’aime bien: le personnage du héron est assez fun, on a un perso de pêcheuse assez badass, les perruches m’explosent de rire juste avec leur design débile et y’a tout un travail sur le son et la musique qui est franchement excellent. 

Faudra sans doute un peu de temps pour digérer ce film, il est déjà d’office une curiosité au sein de la carrière de Miyazaki – en vrai, si je dois le comparer avec un autre film, disons que j’en suis sorti dans le même état qu’après avoir vu le Conte de la Princesse Kaguya de Isao Takahata, un film avec lequel il partage pas mal en terme d’expérimentation, de narration et même de message. Deux films qui marquent clairement le crépuscule d’une carrière mais le font avec style, avec idées, avec créativité. Deux  films qui me donnent l’espoir que, moi aussi, quand j’aurais 80 balais, je saurais rester rêveur et imaginatif… comme ces deux gars…

6/ Porco Rosso

Bon oui Porco Rosso ! Les aventures bah de Porco Rosso, mercenaire dans la Méditerranée des années 30, combattant les pirates et continuant à déserter au maximum l’armée italien parce que comme vous le savez, il vaut mieux être un cochon décadent qu’un fasciste. Le film se concentre donc sur la rivalité qu’il va entretenir avec Donald Curtis, aviateur expert et doublé par Jean Luc Reichmann.

Et cela étant dit, j’adore Porco Rosso – si son intrigue reste relativement simple, le charisme de son personnage principal, la beauté des scènes d’action, l’ambiance chaude et colorée de la Méditerranée et surtout la ribambelle d’excellents personnages en font un visionnage ultra divertissant. Que ce soit la mystérieuse Gina, les hilarants pirates ressemblant aux Rapetou ou bien la très pétillante Fio, Porco passe le film toujours en bonne compagnie et c’est le dynamisme de ses rapports aux autres qui apporte une partie non négligeable du fun qu’on peut ressentir devant ce film.

C’est un chouette film, très complet. Peut-être le film original le plus “simple” de Miyazaki dans sa construction, dans ses messages, mais qui derrière tout ça cache quand même pas mal de choses à voir, à analyser, à creuser. Tu sens qu’il s’éclate à le faire, et cette passion elle nous est bien retransmise pendant toute la durée du film donc bravo Porco, tu es plus qu’un cochon, tu es un chef d’oeuvre !

5 / Kiki la petite sorcière

Kiki la petite sorcière c’est un film que j’ai vu initialement lors de sa sortie cinéma française de 2004 et que j’avais à l’époque… vraiment pas aimé. Je m’attendais à un grand récit d’aventure à la Chihiro ou à la Laputa, et qu’est-ce que j’ai eu ? 2h d’une petite sorcière qui essaie de trouver du taf, perd ses pouvoirs, rencontre des gens et déprime à donf sous la pluie. J’étais déçu ! Et puis je l’ai revu quand il est sorti sur Netflix et woooooh je me le suis pris en pleine gueule. Je veux dire, l’histoire d’une gamine qui part toute contente pour devenir une vraie sorcière et qui en une heure découvre l’épuisement professionnel, la difficulté de la relation client, la perte de sa passion et, du coup, bah oui la dépression sous la pluie. Cool ! Je comprends mieux tout ça parce qu’entre temps c’est des choses que j’ai vécu !

Mais oui contrairement à pas mal de films qu’on a vu plus tôt, Kiki la petite sorcière est un film à l’échelle très réduite, pas de grandes aventures, pas de grand récit épique, mais juste un film parlant des troubles que vit une gamine et les difficultés à grandir. Le tout encore une fois entouré d’une enveloppe impeccable: c’est toujours très beau, très bien animé et j’aime particulièrement la bande originale de ce film, pour moi une des plus joyeuses proposées par Joe Hisaishi.

Et encore une fois même si j’aime beaucoup l’héroïne, c’est quelques personnages secondaires qui volent mon coeur: Jiji est peut-être mon chat grognon favori de la japanime, devant Luna et Morgana, tandis que Ursula est clairement un des persos les plus cools de toute la filmo Miyazaki. Je veux dire c’est une artiste trop stylée. QUI VIT DANS LA FORET. ET QUI LUI RACONTE DES TRUCS SUR LE SYNDROME DE LA PAGE BLANCHE ET LES PEURS D’ARTISTE.

Trop bien, j’aimerais être comme elle.

MAIS BREF c’est Kiki, c’est un film destiné à faire rêver les enfants tout en faisant compatir leurs parents, et j’avoue que c’est un équilibre casse-gueule… mais très réussi !

4/ Mon Voisin Totoro

Wow ils ont fait un film adapté des goodies Totoro ? 

… Ah non je suis con c’est l’inverse, pardon, oui c’est logique. 

J’aime toujours l’anecdote que au Japon, le film est sorti simultanément avec un autre film Ghibli, le Tombeau des Lucioles, et que pas mal de cinéma proposaient des aprem où on pouvait littéralement s’enchaîner les deux. Faut bien choisir l’ordre parce que clairement tu VEUX finir par Totoro histoire de pas trop sortir en état de dépression nerveuse avancée. Jusqu’au moment où tu repenses à la maman malade des deux héroïnes de Totoro mais là bon…

Mais oui bref toujours pas évoqué le film avec tout ça – bon bah c’est super !

Le truc avec Totoro c’est que c’est un film à priori très simple, qui sur le papier ne fait “que” raconter la rencontre entre deux enfants et un mystérieux être peuplant la forêt voisine, mais en une heure et demie il mélange tellement de choses différentes: parfois drôle, parfois tendre, parfois nostalgique dans la manière dont il décrit les séjours à la campagne et la façon dont ça stimule l’imagination enfantine, parfois effrayant – Totoro il est IMPRESSIONNANT par moment -, parfois un peu triste… Il mélange beaucoup de choses mais le fait avec grâce, avec justesse, avec équilibre. C’est un film généreux, jonché de plans iconiques et de belles idées, qui donne aux enfants une aventure complète avec des trucs rigolos, un gros monstre sympa et quelques séquences qui font un peu peur tandis que leurs parents revivent grâce à ce film leurs propres aventures d’enfants et ont le droit à des scènes qui vont leur aider à revivre leurs peurs plus actuelles – la séquence ou le village est terrorisé parce que Mei a disparue, ça c’est du vrai cinéma d’horreur pour parent. 

Excellent film Mon Voisin Totoro, vous le saviez déjà, mais parfois c’est sympa de rappeler des évidences. 

3/ Le Château de Cagliostro

Là où j’avais classé Mononoke un peu bas, je pense que clairement je classe Cagliostro un peu haut mais… est-ce que je peux vous confesser le fait que j’adooore ce film ? Premier long métrage de Miyazaki, ça se déroule dans l’univers de Lupin III que j’ai pas encore évoqué jusqu’ici mais qui est ultra important pour la carrière du réalisateur ! A la fois parce que ce film est son premier long-métrage mais aussi parce que, avant ça, en compagnie de Isao Takahata, il avait co-réalisé la première série mettant en scène les aventures de Lupin, en plus de réaliser quelques très très funs épisodes sur la seconde série. En gros, le gentleman cambrioleur a souvent été un marqueur important de la carrière de Hayao Miyazaki et le Château de Cagliostro l’aide à marquer ses débuts avec fanfare avec un film d’aventure et d’action super bien rythmé, qui ne s’arrête jamais, et se révèle d’un fun absolu.

Pour moi il y’a beaucoup d’Indiana Jones dans ce film… quand bien même Indiana Jones n’existait pas encore à l’époque. On a un héros aussi charismatique que roublard entouré d’un groupe de super personnages prêts à l’aider, on explore des ruines, rencontre une héroïne au cœur du récit et on fait face à un antagoniste à la présence incroyable, aussi charmeur que vil. Y’a longtemps eu une légende urbaine disant que la course poursuite au début du film a inspiré Spielberg pour Indiana Jones, justement, et même si on a jamais vraiment eu la preuve de ça, force est de constater que les deux œuvres partagent un même esprit. De l’aventure avec un grand A, très fun et géré par des réalisateurs qui prennent l’oeuvre très au sérieux… 

Le Château de Cagliostro est clairement le film le plus léger, le plus simple, de toute la filmographie de Miyazaki. La production très serrée du film a imposé au réalisateur pas mal de coupes – il paraît qu’on aurait du avoir une scène de combat aérien, virée à la dernière minute car pas prête à temps -, du coup ça donne un film qui va toujours à l’essentiel, très condensé mais aussi très efficace. Cagliostro c’est un film que je peux me passer en boucle tellement il marche bien, et que je considère encore aujourd’hui comme un des meilleurs films d’action et d’aventure de cette période. Bref un gros coup de coeur personnel, mais en même temps… puis-je vraiment résister aux charmes de Lupin ? 

2/ Le Château dans le Ciel

En Occident on aime bien ce film mais au Japon ? Oulalala c’est une institution. Faudrait un article de 40 000 mots juste pour évoquer tout l’héritage du Château dans le Ciel sur la popculture japonaise mais, en gros, si je disais que sans Nausicaa on aurait ptet pas eu le Final Fantasy qu’on connaît, je pense que sans le Château dans le Ciel on aurait ptet pas eu juste la moitié des JRPG des années 90 . Tous les délires à base de héros adolescents qui partent dans une grande aventure, d’héroïne avec des pouvoirs mystérieux, des empires maléfiques voulant se saisir de ces pouvoirs… empires où on trouve toujours un gars plus malin que les autres qui manipule tout le monde pour tout récupérer juste pour lui. Ouais Muska c’est toi que je vise, t’es comme Kuja de FFIX, t’as juste des plus belles lunettes de soleil. Bon et je vous parle pas de Sky Sanctuary dans Sonic 3 où là vraiment tu sens que-

Bref.

Là ou je disais taleur que Cagliostro était un de mes films d’aventure favoris de cette période, le Château dans le Ciel est peut-être mon film d’aventure favori tout court. Revoir ce film en 2023 a même été pour moi une expérience rafraîchissante parce qu’à une époque qu’est la nôtre où le film d’aventure passe son temps à toujours faire dans la surenchère ou à s’auto-parodier, voir deux jeunes héros essayer de s’échapper d’un méga empire avant de l’affronter comme ils peuvent… ça fait du bien.

Rajoutez à ça le ptit bonus de la faction pirate, une bande de bras cassés tenu par une mémé beaucoup trop fun, et vous avez un sacré cocktail de personnages et d’enjeux qui vont amener un film au rythme maîtrisé, qui va nous emmener des mines sombres jusqu’à un super segment final à Laputa, le fameux Chateau dans le Ciel, endroit fantastiquement beau, aux décors finement travaillé, mais aussi empreint d’une mélancolie – c’est un endroit quasiment mort, mais mort dans la beauté, dans la dignité. C’est presque triste qu’on y passe pas plus de temps dans le film mais est-ce justement ce séjour court qui aide à le rendre encore plus emblématique ? Question à creuser…

Bref, le Chateau dans le Ciel est excellent. Oh il est pas dénué de petits défauts – le principal étant la mauvaise habitude qu’a son scénario de faire kidnapper Sheeta pour faire avancer l’intrigue. C’est un peu répétitif ! Mais a part ça ? Il est super. Un titre culte, tout simplement.

1/ Le Voyage de Chihiro

Est-ce que les films de Hayao Miyazaki c’est comme les jeux Final Fantasy, et qu’on est tous et toutes condamné à considérer que le meilleur c’est celui qu’on a rencontré en premier ? Parce que ça va être mon cas pour le Voyage de Chihiro, un film sans lequel je ne sais pas si je serais là à vous parler d’animé sur un blog internet – quand je l’ai vu au cinéma en 2002, l’ado de 13 ans que j’étais ne s’en est juste pas vraiment remis. Et même en le revoyant de nombreuses fois à différentes périodes de ma vie, mon amour pour ce film ne s’est jamais vraiment dissipé. Il est tellement riche ! J’ai toujours été fasciné par cette gigantesque auberge, surtout les séquences où elle est littéralement grouillante de gens, de mouvements, de dynamisme. C’est un lieu magique, surnaturel, très beau en apparence mais très sombre dès qu’on rentre dans ses coulisses, dans ses endroits interdits au public. Tout ce lieu est si fantastique mais paraît si détaillé et si bien imaginé que ça semble réel, surtout quand on le confronte à une héroïne venue, justement, de notre propre monde.

Le Voyage de Chihiro c’est aussi un film un peu cinglé, avec des personnages semblant tout droit venir de cauchemar, un film dans lequel un bébé fait deux fois la taille de l’adulte censé le gérer, où les mémés ont des têtes géantes, où l’héroïne est en permanence traquée par un mec qui a littéralement pas de visage et où toute l’eau est chauffée grâce à une version araignée du Dr Robotnik. Le rythme est effréné, les enjeux sont clairs et toute la métaphore sur le passage difficile vers l’âge adulte avec la destruction de notre identité d’enfant et l’obtention des responsabilités que le monde va nous foutre sur le dos est franchement réussie.

Et techniquement, quelle merveille ! Tout bouge bien, les couleurs et les décors sont incroyables, les plans iconiques se comptent encore à la pelle, la bande originale est fabuleuse… Difficile de ne pas continuer à accumuler les éloges et les compliments pour c film, au point où je commence à avoir peur de le survendre ! Mais survendre quoi ? C’est le Voyage de Chihiro, un des films faisant le plus consensus au monde ! Il est si bon qu’il a réussi à gagner un Oscar dans une catégorie où il est notoire que les jurés votent sans regarder les films ! J’aimerais dire que c’est un des seuls à avoir battu Disney mais vu que le film était distirbué en Occident par Disney, bon bah Disney s’est battu tout simplement, bravo à lui ! 

Comme Your Name sur mon top Shinkai, Chihiro en premier me paraît non seulement une évidence mais aussi le choix le plus simple… Son film le plus populaire et le plus acclamé, premier ? Quelle surprise ! Mais encore une fois ce succès, cette renommée, c’est mérité, et la preuve que la qualité est tout de même bien plus souvent récompensé qu’on le croit. Donc pas de choix un peu osé, pas de prise de risque de ma part, surtout quand, encore une fois, c’est un film qui m’a tellement marqué que… je ne pouvais pas vraiment résister…

Et voici pour ce ♪ grand classement très original ♪ ! J’espère que vous l’aurez apprécié ! Maintenant après avoir fait 3 vidéos en 5 semaines, je vais me faire une promesse à moi-même et aller dormir. Bonne nuit, moi !

Note: Vous pourrez aussi me retrouver dans le nouvel épisode de Mangacast consacré au Garçon et le Héron. Avec Ilan NGuyen en invité !

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