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[Neant Sept #30] Le classement des films de Makoto Shinkai, tout simplement

Pourquoi ne pas fêter Paques… avec une nouvelle vidéo Youtube ?

Elle est donc disponible sur ma chaîne à l’heure où je vous parle, et c’est l’occasion pour moi d’y parler de Makoto Shinkai ! Initialement j’avais comme d’habitude avec Shinkai prévu de faire une critique/analyse écrite de Suzume mais au final pas eu l’inspiration et le temps de le taper. C’est pas totalement abandonné mais globalement sachez juste que j’ai beaucoup aimé le film, surtout parce que j’ai trouvé qu’en terme d’humour c’était le plus fun venant du réalisateur. J’ai aussi apprécié le fait qu’il reconstruire et améliore beaucoup des élements que Shinkai avait tenté de mettre en place dans Voyage vers Agartha, en bien plus maîtrisé !

Bon bref, je vous laisse avec la vidéo et surtout, comme d’habitude, sa retranscription sous forme d’article ! Bonne lecture ou visionnage !


Transcription de la vidéo:

Bon écoutez je vais pas vous mentir: j’adore Makoto Shinkai. C’est un réalisateur qui a une vraie patte et dont la carrière est mine de rien plutôt fascinante puisqu’on a pu le voir au fil des années commencer avec la réalisation en solitaire de courts-métrages puis aller jusqu’à super-célébrité en produisant aujourd’hui blockbuster sur blockbuster. Auteur complet, qui a tendance à tenir le maximum de rôles possibles sur les films qu’il dirige, où il est autant réalisateur que storyboarder, écrivain, parfois animateur ou encore sound designer. Un film de Makoto Shinkai c’est un film de Makoto Shinkai, un film… que personne d’autre n’aurait pu faire à sa place.

Alors que Suzume vient d’arriver sur nos écrans de cinéma français je vous propose donc de revenir sur la carrière de Makoto Shinkai de manière ludique et amusante c’est à dire via un classement de ses films. Un classement qui bien sûr essaie d’être objectif mais qui va EVIDEMMENT surtout retranscrire mes propres goûts, mais sur lequel de toute manière on est surtout là pour faire l’éloge de sa carrière parce que vous allez le voir, même le film le plus bas du classement est loin d’être inintéressant et y’a de quoi dire. 

Donc voilà, je suis Amo, et je vous propose donc de classer les films de Makoto Shinkai. On va le faire sans spoiler les films donc vous pouvez venir en paix et de manière rassurée et apaisée ! Donc allez, qu’est-ce qu’on attends ? 

LES FILMS QU’ON NE CLASSERA PAS

Avant de se lancer dans le vif du sujet, y’a quelques inclassables que je voulais évoquer c’est à dire sa myriade de courts-métrages. A commencer par Elle et son chat, le court-métrage que Makoto Shinkai a produit autour de 2000 où il fait littéralement tout: l’animation, la réalisation, la voix du personnage principal et l’écriture, seule la musique échappant à son contrôle pour se reposer chez Tenmon, compositeur dont on va évidemment reparler plus loin dans le classement !

Court-métrage qui raconte l’histoire d’un chat qui va nous raconter la relation qui le lie à sa maîtresse, une jeune tokyoite qui semble rentrer de son boulot chaque soir avec un peu plus de peine au coeur. C’est un court-métrage étrangement sombre – que ce soit visuellement mais aussi en terme de ce qu’il raconte, et déjà on y trouve certaines des thématiques favorites du réalisateur. Si le court-métrage est sympathique, ce qui est surtout intéressant est son héritage puisque ça a a été adapté en 2016 en une série animée un poil plus légère – mais où Makoto Shinkai n’est plus tellement impliqué – série animée qui a elle même donnée lieu à une adaptation manga… réalisée par Tsubasa Yamaguchi qui ira après créer le manga Blue Period. Comme quoi ce court-métrage n’a pas aidé qu’à lancer une seule carrière, ce qui est un fun fact sans doute passionnant à sortir en soirée !

Dans les autres courts-métrages de Makoto Shinkai, hélàs pas de classement pour Dareka no Manazashi qui en six minutes nous raconte l’évolution des relations au sein d’une famille, relations qui vont se recréer et se re-développer entre autres grâce… au chat de la famille. Ca a beau être une publicité déguisée pour un fond d’investissement japonais, damn, ça empêche pas que ça soit ultra-efficace et qu’en un temps très court ça parvienne à pas mal nous émouvoir. Mais en même temps dès que ça implique des familles et des animaux, bon… l’émotion est toujours proche…

Si vous n’avez pas vu Dareka no Manazashi je vous le conseille donc très fort – le court-métrage a normalement été inclus dans les éditions DVD/BR françaises de Garden of Words entre autres. Sachant qu’en matière de publicité, y’aurait d’autres choses un peu plus mineures – Cross Road par exemple, très joli et très mignon mais là pour le coup vraiment trop court pour qu’on s’y investisse à donf. On peut également rapidement évoquer Egao, petit court-métrage musical sorti en 2004 avec un style très simple et très mignon sans oublier également les génériques que Makoto Shinkai a produit pour les visuals novels de la série ef, une série bien connue pour ses grandes émotions !

Pour conclure ce petit segment, évoquons aussi très rapidement son passage dans l’initiative Ani Kuri, une initiative diffusée autour de 2008 où de très prestigieux réalisateurs avaient une minute pour raconter une petite histoire donc au milieu de noms comme Mamoru Oshii, Osamu Kobayashi, Shoji Kawamori, Michael Arias ou bien encore Fucking Satoshi Kon, on avait le ptit jeune Makoto Shinkai qui arrivait… avec une histoire de chats. C’était nommé Neko no Shuukai et ça racontait l’histoire d’un chat déterminé à fomenter sa vengeance contre les vils humains de sa famille qui passent leur temps à lui marcher sur la queue. Vengeance… évidemment très proportionnée parce que ça reste un chat et les chats c’est des ingrats, vous le savez. C’est très rigolo, c’est très mignon et c’est surtout l’occasion pour moi de vous recommander le projet Ani Kuri, ça dure genre 18 minutes en tout et y’a tellement de trucs sympas que eh, c’est jamais une minute de perdue !

Bon, sur ce, on passe au classement ? 

8/ Voyage vers Agartha (2011)

Voyage vers Agartha est un film… que j’apprécie mais que j’ai du mal à trouver vraiment bon. On y suit les aventures d’une jeune fille qui suite à une rencontre avec un mystérieux prince venu d’un autre monde va se retrouver projeté dans le monde d’Agartha, un monde parallèle où paraît-il on peut retrouver un être cher qu’on a perdu. Très clairement, c’est un film dont je trouve la première heure vraiment pas super, une très très interminable installation avec une seconde heure qui elle fonctionne beaucoup mieux – on sent clairement que ce que motive le plus Shinkai dans ce film c’est les passages, justement, à Agartha. La toute fin du film est même vraiment excellente même si hélas je trouve que ça n’empêche pas la conclusion d’être ultra abrupte et le générique de fin d’arriver beaucoup trop vite. Comme si le film se stoppait pile au moment où il devenait vraiment super bien.

Quelque part j’ai aussi l’impression que c’est dû au fait que c’est un film qui sert de transition entre sa première moitié de carrière où il était très autonome, très indépendant mais aussi destiné à un public très niché et du coup sa seconde moitié de carrière où là il va devoir commencer à travailler avec des producteurs, avec des cahiers des charges à respecter, avec des attentes et des pressions bien plus larges. Pour moi Agartha c’est un film qu’il a fait en se disant “bon si je veux faire un film populaire pour le grand public je fais quoi” et du coup on a un objet qui sait pas encore très bien comment s’adresser à un public que Makoto Shinkai a encore du mal à identifier. D’où beaucoup de maladresses et de soucis de rythmes, en plus d’une esthétique qui, une fois arrivée à Agartha, a beaucoup de mal à cacher son inspiration Ghibli – genre juste le design des créatures, j’y vois une sorte de gloubi boulga entre Mononoke et le Château dans le Ciel qui me paraît assez mal digéré. 

Ce qui empêche ces monstres de défoncer

Après, je trouve que ça reste un film évidemment très beau – on va le voir c’est une constante de toute manière – et j’aime beaucoup ce qu’il à dire sur le deuil et la séparation mais là, aussi, c’est quelque chose qu’on va pas mal revoir dans d’autres films de Shinkai. Je pense clairement que c’est pas le film de Shinkai à découvrir en priorité mais ça m’empêche pas de le trouver intéressant sur plusieurs points et d’être un certain témoignage de la difficulté que peut avoir un artiste à s’ouvrir à un nouveau public – ça ne se fait pas toujours en un seul film et quelque part Agartha était certainement un défi nécessaire pour que derrière puisse fleurir le reste de sa carrière qui, on va le voir, est bien moins perfectible !

7/ La Tour au-delà des nuages (2004)

Le premier long-métrage de Makoto Shinkai, sorti en 2004, où il s’occupe de la réalisation, de l’écriture, des couleurs, du montage, de la photographie, des CG 3D, du storyboard, des modèles 3D, des décors, des paroles de la chanson du générique fin de la direction artistique. Oh et il fait la direction sonore aussi, histoire de. 

Le film raconte un triangle amoureux dans un Japon partagé entre américains et soviétiques suite à la seconde guerre mondiale, avec trois lycéens qui se donnent un objectif aussi aventureux que très risqué: construire leur propre petit avion pour s’approcher de très près d’une mystérieuse tour construite sur l’île d’Hokkaido… Vous l’aurez peut-être compris, La Tour au Délà des Nuages mélange pas mal de genres différentes: ça commence comme de la tranche de vie matinée d’un peu de science-fiction, puis au fur et à mesure commence à arriver des élements romantiques… et avec eux un aspect dramatique de plus en plus présent au fur et à mesure du film, avant une conclusion riche en émotions. 

Car cela a beau être le premier long-métrage de Shinkai on y retrouve pas mal les bases de ce qui va devenir son style moderne: une première partie qui présente un quotidien légèrement chamboulé, puis une seconde partie qui va soudainement élever les enjeux et mener à une troisième partie qui amènera une conclusion forte et riches en enseignements. Mais ce style est encore ici posé de manière évidemment inexpérimentée: car si La Tour au Délà des Nuages est un très beau film amenant de très belles scènes et proposant déjà un très solide développement de ses personnages, c’est en terme de rythme qu’il lui arrive souvent de balbutier. Certaines scènes sont un poil trop courtes, d’autres un poil trop longues, certaines se répètent, d’autres n’amènent pas forcément grand chose au long-métrage. 

C’est un sentiment qu’est peut-être aussi très subjectif – j’avoue que c’est le seul film de Shinkai dans lequel j’ai jamais totalement réussi à rentrer, à cause de l’alternance entre excellentes scènes et passages que j’ai trouvé clairement plus ennuyeux – je suis vraiment pas fan des passages avec les militaires, par exemple, et je préfère quand ça se concentre sur le trio de héros. Comme si tout ce qui ne les concernait pas était du remplissage…

Mais voilà après c’est très perso – je sais que c’est le Shinkai favori de pas mal de gens, et je comprends tout à fait pourquoi. L’univers est solide, le triangle amoureux est écrit de manière intéressante, et la fin est vraiment super réussie. En plus y’a la chanson Kimi no Koe en générique de fin et… ah… c’est ptet ma chanson favorite de tout Shinkai. A égalité avec une autre qu’on évoquera plus tard.

6/ Voices of a distant star (2002)

On est en 2001 et je vais pas m’amuser à relister tous les rôles qu’il a occupé sur cette oeuvre de 25mn parce que… il a presque tout fait tout seul, tout simplement. Mais au délà de ça The Voice of the Distant Star raconte donc la relation amoureuse entre deux lycéens, relation qui va devenir une relation à distance… à très grande distance même puisque la lycéenne va partir dans l’espace combattre une étrange menace. Ils vont donc être rapidement séparés de plusieurs années lumières et communiquer avec des sms… qui vont mettre de plus en plus de temps à se transmettre. Et comme en plus le temps ne passe pas de la même manière dans l’espace et sur Terre, autant vous dire que cette amourette… va devenir compliquée.

Bon bah je trouve que ça marche bien ! Alors évidemment, visuellement ça se ressent que le staff est composé de littéralement une personne mais si vous arrivez à accepter ce style bon bah ça raconte une histoire simple, ça le raconte pas trop mal et l’idée est exécutée jusqu’au bout avec réussite. Et là aussi c’est l’occasion de voir naître pas mal de petites trucs très Shinkai-en: les lumières pétantes, les récits à base de séparations tragiques et évidemment un final tout en musique avec une magnifique chanson qui vient illustrer les différents événements, avec même un ptit début de montage façon clip, ce qui va être là aussi pas mal développé dans la suite de sa carrière.

Bref, pas forcément énormément de choses à dire sur Voices of the Distant Star mais c’est un moyen-métrage tout de même très chouette qui vaut la peine d’être vu toujours aujourd’hui à la fois pour son aspect historique mais aussi pour les sentiments assez bruts qu’il dégage. Tout y est plus simple, rien n’y est réellement parfait mais quelque part ça ne rend ce moyen-métrage… que plus attachant.

5 / Garden of Words (2013)

On reste dans les moyens-métrages avec ce film de 45 minutes qui a mon sens démarre réellement la seconde moitié de la carrière de Shinkai: après Agartha, c’est là qu’il rejoint le distributeur Toho – le distributeur qui au Japon s’occupait des Ghibli, par exemple – distributeur qui va commencer à beaucoup miser sur lui, à lui donner pas mal de moyens et à l’encourager sur des projets qui visent réellement le grand public. Shinkai peut-il entrer dans le moule des grands distributeurs et, à l’inverse, peut-il y trouver comment s’exprimer ?

Bon bah oui. Car quelque part, Garden of Words est un peu un film résumé de sa première moitié de carrière, avec des moyens et une ambition qui sont clairement plus élevés: le film est encore une fois somptueux et raconte avec une armada de beaux plans cette romance un peu pétée et pas très saine entre une prof vaguement alcoolique et un lycéen clairement paumé. Le parc de Shinjuku y est encore plus beau que dans la réalité ce qui est pas évident vu à quel point il est beau dans la vraie vie…

Clairement, je ne pense pas que Garden of Words soit son film le plus mémorable et honnêtement je doute qu’il soit le film favori de qui que ce soit. C’est un film très sage, très prudent, qui ne voit pas vraiment Shinkai tenter ou expérimenter quoi que ce soit de neuf, il y montre tous les trucs qu’il maîtrise déjà: les jolies lumières, les effets d’eau qui tabassent, un récit sur une histoire d’amour qui se déroule pas ouf, des plans avec des trains dans tous les sens, un clip musical super chouette à la fin qui résume tout ce qui vient de se passer… Tout ce que Garden of Words fait, l’un de ses films précédents l’avait déjà fait. Mais à chaque fois Garden of Words le refait en plus maîtrisé, comme si toute sa carrière avant était juste des exercices. Du coup y’a moins d’âme, y’a moins de surprises, mais je ne nierais pas que ça fait de ce film un excellent moment, très efficace, qui ne dure pas une seule minute de trop. Donc ouais, rien à redire, Garden of Words c’est propre, tout simplement !

4/ Les Enfants du Temps (2019)

Bon bah tiens on parlait d’animés où ça pleut à donf. Donc nous voilà en 2019 et Makoto Shinkai avait donc cet objectif de ouf sur les épaules: faire un film après Your Name. Moi perso j’aurais pas aimé être à sa place parce que je pense que jour 1 j’aurais craqué et je serais allé pleurer sous mon bureau pour tout le reste de l’année. Mais il s’est pas laissé démonter et il a donc proposé un film…

… eh qui est cool. 

Déjà je trouve que jusqu’ici c’est peut-être ce qui est techniquement et artistiquement son plus beau film: je trouve que d’un point de vue gestion des lumières, variété et beauté des décors, qualité d’animation… je trouve le film prodigieux de la première à la dernière seconde. C’est sur son intrigue que je suis moins fan parce que là pour le coup je trouve que ça manque un peu de surprise, et je pense même que de tous les films de Shinkai c’est peut-être les Enfants du Temps qui a la moins bonne conclusion – ce qui est habituellement la force du réalisateur ! Malgré tout, eh, ça fonctionne bien en temps que divertissement – le duo formé par les deux protagonistes est super fun, en terme de rythme ça marche du tonnerre et on s’ennuie jamais vraiment et y’a quelques séquences que perso je trouve assez drôle donc non, eh, super moment ! 

Après je sais que c’est aussi un film qui peut être un peu perçu comme… un peu sourd face aux sujets écologiques actuels… y’a tout un discours à base de “eh on va finir noyé mais c’est pas grave, on y peut rien, c’est la vie” mais c’est un discours qui est pas forcément lié uniquement aux questions écologiques puisque c’est globalement un état d’esprit que tous les japonais ont… par rapport aux catastrophes naturelles en général. L’idée que la nature l’emporte toujours à la fin, c’est pas absurde d’entendre ça d’un pays qui se bouffe en permanence séisme, typhons, glissements de terrain et tsunami… 

.. Puis bon je pense surtout que Makoto Shinkai voulait animer de l’eau parce qu’il adore animer de l’eau, donc le discours écologique il a ptet zappé de le réflechir.

3/ Suzume (2022)

Bon bah super film je trouve ! Road-trip à travers le Japon, du sud jusqu’au nord, pour une lycéenne et une… chaise… qui doivent s’allier pour empêcher un esprit joueur de déclencher une série de catastrophes. Le film est donc principalement porté par son héroïne, Suzume, qui vraiment est une protagoniste que je vais qualifier de… super fun ! En règle générale, le film EST super fun, alors évidemment il ne manque pas d’émotions comme d’habitude – et là pour le coup la dernière partie du film elle fonctionne à fond pour nous tirer la petite larmichette habituelle – mais globalement c’est le film de Shinkai que je trouve juste le plus… drôle. Y’a de très bons timings comiques, le fait que notre héroïne noue une relation avec un gars coincé dans une chaise amène pas mal de gags qui fonctionnent vraiment bien, et toutes les scènes qui impliquent la voiture d’un des persos ont un taux de réussite humoristique de 100%, ce qui est vraiment pas mal.

Non globalement le film marche très bien – il se lance très vite, sait se reposer entre deux séquences plus intenses, nous fait voyager de manière réussite à moindre frais et traite de manière très frontale – mais avec justesse – un sujet pas évident à réaborder pour le Japon moderne. Même musicalement je trouve le film plutôt intéressant, avec des RADWIMPS mis un peu sur la touche au profit d’une bande originale qui accumule pas mal les références aux hits pop des années 80 et 90, avec succès. Mon seul reproche sera ptet au niveau des placements produits – je trouvais déjà la séquence McDo des Enfants du Temps un peu too much mais là j’ai l’impression que le film enquille une pub camouflée genre tous les quarts d’heure, ce qui sort évidemment un peu du film.

Donc ouais, bilan positif pour ce Suzume qui en plus, pour moi, amène un nouvel élan dans la carrière de Shinkai et continue de montrer qu’il se repose pas sur ses lauriers après Your Name et continue de développer cet univers urbain et fantasy qu’il affectionne. Hâte pour la suite, du coup, hein !

2 / 5 centimètres par seconde (2007)

Film assez particulier car il regroupe en réalité trois courts-métrages, courts-métrages qui racontent quand même l’évolution d’un couple d’adolescents – le premier se concentre sur le dernier moment qu’ils vont passer ensemble avant le déménagement de l’un d’entre eux, le second se concentre sur la manière dont la relation à distance se déroule, le troisième… bon… ils sont adultes et séparés… donc aie aie aie…

J’adore 5 centimètres par seconde et si je ne pense pas que ça soit objectivement le meilleur film de Shinkai bah c’est ptet mon favori et en tout cas celui qui m’a le plus touché au coeur. Peut-être le fait que je l’ai vu alors que je venais de vivre ma première grosse rupture amoureuse m’a aidé à parfaitement m’identifier dans ce que ça raconte, c’est certainement le cas, mais en tout cas je trouve que ça raconte parfaitement à la fois l’apogée d’une relation amoureuse mais aussi sa mort et la manière d’en rebondir. Car si ma description vous donne l’impression d’un film ultra déprimant… Je ne pense pas que le film l’est, je trouve au contraire sa fin un peu… encourageante ? Genre oui le héros il a le méga seum et il se le traîne depuis une décennie mais, au fond, il finit par accepter ce qu’il s’est passé et se rappeler de cette relation comme quelque chose de beau, non pas comme un poids de regrets qu’il doit traîner avec lui en permanence.

Bref, la première partie ? Super jolie, et franchement te créer toute une sensation de stress et de tension sur des trains en retard car bloqués par la neige franchement ça marche trop bien et la récompense est d’autant plus belle. La seconde partie ? Subtile comme du béton armé mais très efficace pour porter le propos et surtout techniquement incroyable, que ce soit les scènes de surf ou tout le travail sur les lumières et les plans, c’est du Shinkai comme on l’aime. Et puis oui, la troisième partie qui se conclut avec un des joyaux de la carrière de Shinkai: le montage final sur One more time one more chance, une chanson somptueuse, super mélancolique mais super forte, où là Makoto Shinkai il sort tout son talent de créateur d’AMV sauf que l’animé qu’il utilise… bah c’est le sien ! Et ça c’est du méga flex !

Cette partie musicale je l’adore et pour moi le talent de clipper de Makoto Shinkai franchement il est indéniable. C’est quelque chose que je suis un peu triste de le voir aussi peu refaire sur Les Enfants du Temps ou sur Suzume parce que c’est clairement un moment que j’attends dans ses films à chaque fois avec une petite impatience. J’aime le fait qu’il tente de faire ce genre de truc en fin de film, j’aime le fait qu’il est un des seuls réalisateurs à vraiment le faire et j’aime à chaque fois le résultat que ça donne. 

Donc ouais, 5 centimètres par seconde ? Ca avait été une claque pour moi à l’époque, et ça l’est toujours aujourd’hui quand je remate le segment final. Donc ouais, je l’aime… d’amour.

… Même si du coup les histoires d’amour ça finit mal en général…

1/ Your Name (2016)

Je sais pas si ce numéro 1 est surprenant ou pas. D’un côté c’est son film le plus connu et le plus populaire, de l’autre il m’aurait été facile de me la jouer un peu hipster et d’atténuer les qualités du film pour essayer de vous surprendre. Mais ça n’aurait pas été juste car je trouve que Your Name est un divertissement complet, et un film proprement prodigieux sous pas mal d’aspects ! Le pitch vous le connaissez sans doute déjà – l’histoire d’un tokyoite et d’une fille de la campagne qui échangent de corps de manière incontrôlée -, vous savez donc du coup déjà que le film ne se limite pas qu’à ce pitch, que ça traite de pas mal de sujets, et qu’on passe très rapidement de la comédie romantique efficace au drame saupoudré une pointe d’action. 

C’est un film populaire avant tout car c’est il est simplement généreux: il est excellemment beau, il est très bien animé, il est drôle, il est émouvant, il propose des belles séquences d’action, une jolie romance, un message assez universel sur le lien qui nous lie délivré sans aucun cynisme, des musiques pop sympas et puis surtout bah ça raconte son histoire sans gras et avec une vraie clarté. Car Your Name est bien mieux écrit qu’on ne veut l’entendre et possède un rythme excellemment bien maîtrisé, où tout se succède de manière si limpide et si fluide que notre suspension consentie d’incrédulité n’a pas vraiment le temps de se poser des questions – oui le film a quelques incohérences si on réfléchit à l’intrigue quelques secondes après la séance mais c’est pas évident à voir pendant le film, et c’est ce qui compte !

C’est pour ça que je dis que le film est un divertissement complet, prompt à parler au grand public, de tous les âges et de tous les genres, qui va trouver ici 2h de plaisir mais les publics plus cinéphiles seront aussi ravis de discuter des qualités techniques et de revoir le film plusieurs fois pour admirer le sens du détail du film. Car c’est un film qui en plus se revoit très bien ! Bref, si le film fonctionne c’est parce que c’est un blockbuster oui, mais un blockbuster bien pensé bien conçu et avec une personnalité claire. Eh on y est plus habitué de nos jours mais à une époque… c’était plus fréquent…

Avec tout ça, du coup, on pourrait croire à la naissance d’un nouveau Shinkai mais ça reste quand même le réalisateur qu’on connaissait jusqu’ici: on y retrouve cette maîtrise du clip qu’il avait déjà montré dans 5 centimètres. On y retrouve cette histoire d’amour sur le thème de la distance qu’il avait déjà développé dans Voices of a Distant Star. Y’a cet énorme amour de Tokyo qui est ici sublimé comme dans un Garden of Words. On y retrouve ces adolescents pris au coeur d’enjeux qui les dépassent mais qu’ils vont quand même essayer d’affronter – comme dans la Tour au Délà des Nuages. Y’a cette rencontre entre la réalité et le fantastique qu’avait déjà commencé à esquisser Voyage vers Agartha… C’est un film somme de tout ce qu’il a appris dans la première moitié de sa carrière, ça reste un film sur lequel il occupe beaucoup de rôles – il le réalise, l’écrit, le storyboarde -, il est peut-être beaucoup plus entouré, beaucoup plus contrôlé, mais ça reste son histoire, ses personnages, et quelque part là ou comme beaucoup il aurait pu perdre son identité au sein d’un énorme système qui l’aurait dévoré, il est resté lui-même et a su PROFITER de ce système pour produire un divertissement total, qui porte ses thèmes, ses passions, ses envies, et le fait avec brio. Your Name est un excellent film, est pour l’instant même son meilleur film, mais je ne me doute pas qu’il saura un jour… faire encore mieux. 

Voilà pour l’article et la vidéo, j’espère que vous l’avez apprécié ! Avec le recul y’a des moments et des paroles que je trouve un peu simpliste dans ma manière de voir la carrière de Shinkai – j’ai été un peu porté par l’élan au moment de l’écriture et du speak, mais je peux plus rien changer maintenant que tout est uploadé et diffusé, c’est déjà je le sens bien ma plus grosse frustration avec le format vidéo, haha. Genre là par exemple en refaisant cet article je me suis aussi rendu compte que j’avais encore confondu les quartiers de Shibuya et de Shinjuku, c’est ma malédiction perso et là je vais pas pouvoir la corriger. Ça demande du sérieux ce format !

Mais bon, toujours un plaisir de remonter la carrière du bonhomme et par contre mon optimisme sur la suite de sa carrière tient toujours bon, Suzume a été un vrai bon moment et j’ai toujours plus hâte de voir où est-ce qu’il peut continuer à parfaire sa recette. Ganbare !

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Un commentaire

  • red

    > Clairement, je ne pense pas que Garden of Words soit son film le plus mémorable et honnêtement je doute qu’il soit le film favori de qui que ce soit.

    Fight me.

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