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Monaco n’est pas de trop

Wah ça faisait très très longtemps que j’avais pas parlé de F1 sur ce blog – au point où j’étais convaincu que j’avais crée dans le temps une catégorie pour ces articles là mais faut bien croire que non. Y’a bien un vieux tag mais il est rempli d’articles écrits entre 2007 et 2010, ce qui me terrorise pas mal. Je sais même pas pourquoi je linke le tag et vous donne un accès facile et rapide à ces vieux écrits dont la lecture de certains titres suffisent à cultiver une petite goutte de honte au fond de mon être.

Bref – le Grand Prix de Monaco ! L’édition 2024 s’est terminée hier, elle a été remportée par Charles Leclerc, pilote d’origine monégasque, c’était la fin d’une très longue malédiction pour lui du coup ça a donné un podium un peu émouvant et assez célébré tout autour du monde. La course en elle-même a été marquée par un énorme accrochage lors du prochain tour qui a vu le rail transformer la voiture de Sergio Perez comme une râpe transforme le gruyère pour nos pâtes – assez impressionnant.

Parfois on vit des hauts, parfois on vit des bas

Il va bien, ça a valu 40mn de suspension, je sais pas comment le pilote qui l’a percuté très bêtement s’en est sorti sans la moindre sanction et puis après on a eu 76 tours… assez typiques de Monaco. Pas de dépassements sur la piste, et même aucun via les stands vu que le drapeau rouge a permis à tout le monde de changer de gomme dès le second tour. Cela a amené à une course assez lente, où tout le monde gérait les pneumatiques et où malgré des écarts très resserrés dans le top 4 (à plusieurs moments, l’écart entre le premier et le quatrième était de moins de trois secondes), ça n’a finalement pas abouti à des manœuvres très exaltantes pendant une heure et demie.

Cela étant dit, comme d’habitude, cette course était précédée par un samedi vraiment passionnant, avec une séance de qualifications très disputées, où la Q1 se jouait à 0,450s entre la première place et l’élimination, ce qui faisait que le moindre travers ou le moindre réglage foiré coutait rapidement cher.

Bref, samedi top, dimanche dodo – c’est classique à Monaco. Et comme d’habitude, ça râle beaucoup sur Internet – ça serait encore une fois la preuve que le circuit n’a rien à faire dans le calendrier, que les voitures actuelles ne sont plus adaptées au circuit, que c’est une perte de temps et une place qui pourrait être donné à des tracés plus « méritants », etc etc.

Bon bah moi je suis pas d’accord – Monaco a sa place dans le calendrier de F1, pour une multitude de raisons que je vais exposer tout le long de ce billet qui va aussi utiliser le sujet du tracé monégasque pour aborder la question des tracés dans un calendrier de F1. Le tout avec la vague expertise que j’ai pu acquérir en matant ce sport depuis 1997, et en ayant donc vu un quart de siècle d’évolutions ☝️🤓.

Ce qui veut dire que j’ai vu la Tyrell X-Wing rouler à la télé et que autant gamin je trouvais que c’était le truc le plus cool jamais fait, autant maintenant j’ai retrouvé ma raison et je suis soulagé de voir qu’on est pas allé dans cette direction

Problème 1: on a un calendrier de merde

Pour commencer, je vais aborder un sujet très important: je déteste le calendrier de F1 actuel. OH POUR DES TAS DE RAISONS.

Déjà, 24 courses c’est beaucoup trop. Encore plus si on compte les week-end de courses Sprint. Au délà du fait que ça me désolé de voir les crews des écuries être au bord de la mort physique et mentale pendant tout le mois de novembre et décembre, moi même, en tant que spectateur, ça me noie sous un contenu qui commence à devenir envahissant à suivre. A l’époque ou c’était 16/17 courses, je savais que de mars à octobre j’avais environ un week-end sur deux avec un grand prix de F1 et c’était globalement « gérable. » Là de mars à décembre j’arrive à deux courses pour trois week-end, et ça fait beaucoup de dimanche avec une course à suivre ou à regarder. Dans un monde où y’a du contenu partout, m’en rajouter une dose supplémentaire commence à devenir excessif.

Alors ok, dans le cadre d’une saison comme 2021 ça avait été intéressant, et même une bonne chose, parce que chaque course amenait un rebondissement donc on était presque « content » d’avoir chaque week-end une péripétie supplémentaire qui allonge l’histoire incroyable qui se déroulait. Mais 2021 était une saison exceptionnelle à bien des égards, et quand on arrive derrière sur du 2022 ou 2023 où finalement 5 courses de plus c’est « simplement » l’opportunité d’assister à cinq victoires dominatrices de Verstappen de plus, c’est pas que c’est pénible – c’est juste que ça commence à faire de trop.

Moi après la 21e course gagnée par Red Bull en 6 mois

En outre, chaque course de plus dans le calendrier dilue de fait l’interêt individuel de chaque course: avec 24 courses, il devient très facile pour un pilote de compenser une mauvaise course ou un forfait. Les courses perdent donc de fait en enjeux et en importance. En « louper une » devient pas si grave que ça, que ce soit en tant que pilote ou en tant que spectateur. Je ne comprends donc pas ce calcul de Liberty Media visant à augmenter le nombre de courses pour augmenter la valeur du sport parce que tout ce que je constate c’est que tu amenuise la valeur individuelle de chaque Grand Prix, dans tous les sens du terme.

Tu veux rajouter plein de pays et plein de circuits ? Ok pas de problème, mais va falloir accepter le fait que tu peux pas avoir le beurre et l’argent de toutes les cremeries du village. A un moment, et vu ce rythme, je me demande même si faudrait pas changer complétement le calendrier chaque année et s’habituer à faire tourner les circuits… En tout cas faire en sorte d’avoir un calendrier plus resserré, où chaque course compterait vraiment. Et puis ouais, ptet faire disparaître un circuit le temps d’une saison, pour qu’on soit heureux de le retrouver juste après – ça avait bien marché avec Spa et Suzuka dans les années 2000.

En plus l’absence de Suzuka avait donné deux grand prix délicieusement cons à Fuji, franchement gagnant sur les deux tableaux

Bref – le calendrier est trop chargé, ce qui est pas aidé par le souci suivant…

Problème 2: le calendrier a trop de tracés qui se ressemblent

A force d’organiser des courses partout sur des tracés designés par la même personne dans des cadres qui sont à chaque fois similaire, on se retrouve avec un calendrier où les tracés deviennent de plus en plus interchangeables.

Je pense que les deux circuits américains récemment introduits témoignent beaucoup de ce problème.

Ainsi, Miami est un circuit prodigieusement inintéressant, qui ne propose rien de nouveau ou rien qui n’a pas été mieux fait ailleurs – le cadre est prodigieusement plat et en toc, aucun virage n’est particulièrement marquant de manière positive, aucun segment ne semble témoigner d’une personnalité propre… Le seul truc qu’on retient du circuit c’est la chicane avant le passage sous le pont de l’autoroute, et on le retient parce que c’est un virage absolument pété, conçu à la bite. Le seul challenge est physique, avec une chaleur et une humidité qui demande aux pilotes d’être pas mal équipé pour l’affronter, mais ce dernier point d’autres circuits le font déjà – et de manière plus intéressante ! Je pense évidemment ici à Singapour.

Et puis on nous a rajoutés l’an dernier Las Vegas. Encore une fois, que retenir de ce circuit ? Un tracé prodigieusement simpliste, qui mise tout sur une très grande vitesse, avec des décors de nuits de Las Vegas voyant les voitures passer à travers le Stripe. Quelque part, ce point là joue un peu en la faveur du circuit, qui autrement ne proposait finalement rien de plus que le tracé de Baku, qui joue déjà ce rôle de tracé urbain extrêmement rapide. Et on avait déjà Singapour pour le tracé urbain de nuit ! Et PIRE, on avait déjà Djeddah pour le tracé urbain extrêmement rapide que tu parcours de nuit ! Donc vraiment, qu’est-ce qu’on vient apporter ici ?

A part une réplique de la Tour Eiffel ce qui est, ok, plutôt pas mal

Dans les faits, Miami et Las Vegas sont des tracés que tu pourrais supprimer du calendrier sans que finalement ça ne change grand chose: au délà de leur courte histoire, ce ne sont tout simplement pas des circuits uniques ou qui occupent un rôle suffisamment important pour être vraiment indispensables. On pourrait me rétorquer qu’ils sont importants pour permettre à la F1 une implantation aux Etats-Unis mais tout ce que je vois c’est qu’on refait l’exacte même erreur que dans les années 80, où on foutait 3 circuits américains au sein du même calendrier, pour derrière voir le public local passer à autre chose au bout de deux ans parce que c’est un pays qui traditionnellement a l’attention d’un gamin avec un iPad, et qui va en plus toujours finir par mépriser la F1 parce que c’est pas quelque chose qu’ils ont crées. Ca sert à mon sens à rien d’aller chercher ce marché: tu vas le perdre en moins de 5 ans sans que t’aie rien fait de mal.

Oups pardon, ptit anti-américanisme traditionnel de ma part, je divague.

Est-ce que je pourrais faire une critique un peu similaire aux tracés du Moyen-Orient ? Oui… et non. Parce que autant ça me fait chier de voir la F1 en Arabie Saoudite, autant je dois admettre que le tracé de Djeddah… me plaît beaucoup.

Même si je trouve que le fait qu’il soit de nuit n’apporte rien – il serait même plus sympa de jour, on a des plus jolis plans durant les essais. Mais bon c’est la mode….

Oui il est extrêmement dangereux et oui on est toujours à un toucher de mur d’un accident potentiellement mortel, et j’en ai bien conscience, mais cette dangerosité et cet aspect ultra-rapide contribue à donner à ce tracé une vraie « personnalité. » Le tracé du Qatar a lui aussi, avec ses très nombreux virages qui semblent jamais se terminer, une petite dose de personnalité même si honnêtement il ne fait rien que ne fait pas déjà le Hungaroring de Budapest – donc il pourrait sauter sans trop de souci.

De même le retour de Imola me fait un peu grogner mais c’est parce que déjà à l’époque de Schumacher, Hakkinen et co c’était un circuit dont je peinais à comprendre l’interêt – batardisé depuis les changements (nécessaires) de 1994, devenant une sorte de Monza en beaucoup moins intéressant, c’est un tracé qui pour moi ne mérite plus de recevoir la F1 depuis assez longtemps. En dépit de sa grande histoire !

Oui c’était super le duel Alonso / Schumacher en 2005 mais c’était bien aidé par le fait que le circuit est un peu naze. Mais ça étrangement ça fait moins râler que pour Monaco, tiens tiens !!!

Donc bref, vous le comprendrez, ce qui m’intéresse c’est que chaque tracé dans le calendrier amène quelque chose d’unique et de différent, qu’on ne retrouve pas forcément ailleurs. Et à ce titre, il n’y a rien d’autre comme Monaco. Tout comme il n’y a rien de semblable à Spa (circuit long et technique au milieu d’une forêt), rien de semblable à Suzuka (et ses virages soigneusement étudiés au mm prêt, exigeant une concentration et un talent hors normes), rien de semblable au Red Bull Ring (court, rapide, très peu de virages, limites de la piste très sévères), rien de semblable au Hungaroring (lent, enchaînement constants de virages sans vrai moment de repos, piste serrée), rien de semblable à Austin (piste très large, jeu avec les reliefs, virages variés), rien de semblable à Monza (rapide, très rapide, ULTRA RAPIDE) ou rien de semblable à Interlagos (court, rapide, secteurs très variés, météo aléatoire, mur très proche de la piste, ambiance brésilienne.)

Je pourrais aussi faire Melbourne, Singapour, Silverstone, Zandvoort, Montreal, Shanghai… mais vous comprenez ce que je veux dire.

J’ai pas cité Montreal qui a juste le plus beau « décor », avec son tracé qui occupe littéralement tout une île

Du coup ça m’amène aussi au troisième problème.

Problème 3: Le lien bizarre et un peu systématique fait entre qualité d’une course / d’un tracé et nombre de dépassements

Les bons tracés seraient ceux où ça dépasse beaucoup, les bonnes courses celles où ça dépasse beaucoup.

Du haut de mes 25 ans de matage de F1 permettez moi de dire que.. je suis vraiment pas d’accord.

ET ATTENTION JE VAIS EXPLIQUER POURQUOI

J’ai connu des courses assez palpitantes sur des tracés où ça dépassait pas facilement. Tin, prenez le Hungaroring – tracé notoirement connu pour les difficultés qu’il offre à quiconque souhaite dépasser dessus, critiqué dès son introduction au calendrier pour son aspect restrictif. Je me souviens qu’à une période j’adorais lire les petits hors séries de Auto Plus qui présentait la saison et dedans t’avais Olivier Panis qui commentait de manière écrite chaque circuit, et il disait clairement que le circuit hongrois c’était le pire de la saison – il mettait même la terrible note de 3/10, quand la majorité des autres circuits tombaient jamais sous 7 ! Mais pourtant c’est clairement un des tracés qui a déçu le moins depuis vingt ans, offrant une quantité plus que raisonnable de bangers routiers, parfois aidés par une méteo capricieuse mais aussi souvent passionnant sur le sec, avec des beaux duels, des jolies surprises et des combats homériques. Singapour est un autre exemple potentiel que je pourrais citer – circuit très difficile mais qui là aussi n’a que rarement été décevant.

A l’inverse, des circuits censées être optimaux pour faciliter les dépassements mais qui ont filés des courses chiantes à en pleurer, j’ai vu ça souvent arriver – et là évidemment je pense très fort à Barcelone. Mais Barcelone je l’excuse presque parce que c’est un tracé dont sa personnalité et son unicité repose… sur le fait qu’il a pas de personnalité du tout. C’est un circuit d’essais, il est utile dans le calendrier parce que c’est le circuit de base par excellence, il propose tout sans rien réussir de manière optimale, c’est cet aspect ultra-moyen qui le rend important… même si du coup Sakhir commence de plus en plus à remplir ce rôle mieux que lui donc… bref…

Le Hungaroring, ce beau gosse

Monza, Suzuka et Spa sont des circuits incroyables mais il m’est arrivé de m’ennuyer devant certains Grand Prix organisés là-bas. A l’inverse, je hais le tracé complétement con de Las Vegas mais la seule course qui s’est déroulée dessus était effectivement super.

Mais bref, pour moi la qualité des courses dépend pas de la facilité qu’ont eu les dépassements à se faire. Je vais pas rentrer dans l’état d’esprit que je peux voir chez des fans un peu conservateurs où depuis l’introduction du DRS ils en sont à considérer que les dépassements valent plus rien parce qu’ils sont devenus trop faciles, mais ce que je veux dire par là c’est que je considère pas qu’on nombre brut de dépassements et de jolies images qu’on peut voir à la télé témoigne réellement de la qualité d’une course. Et effectivement certains circuits, avec la base « ligne droite interminable et virage vener au bout » (Shanghai, Baku, Las Vegas…) rendent parfois ces dépassements un peu trop faciles pour être réellement intéressants. C’est plus sympa quand t’as un Interlagos où le DRS est placé de manière à ce que quelqu’un qui se fait doubler peut bénéficier du DRS pour essayer de récupérer sa place derrière, mais pas tous les circuits peuvent faire – hélàs – un truc similaire.

J’ai envie d’épouser le S de Senna, vivre vieux et mourir à ses cotés

Monaco pour moi rentre justement dans ce cas extrême d’où ça dépasse très peu mais où le plaisir de voir la course va dépendre de beaucoup d’autres facteurs – l’importance placée sur les stratégies, le cadre dans lequel la course se déroule et, surtout, cette tension un peu permanente car c’est un circuit où la moindre erreur d’un pilote coûte extraordinairement cher. Il suffit d’un moment d’inattention de quelqu’un pour qu’une voiture finisse dans un rail, termine la course et déclenche sans doute un petit chaos à cause d’une voiture de sécurité. Le niveau de perfection requis auprès des pilotes pendant les 78 tours du Grand prix est assez ahurissant et monte tout de suite les enjeux d’une manière qu’on ne retrouve sur quasiment aucun autre circuit – y compris les autres circuits urbains, tous suffisamment larges pour rendre cette nécessité de perfection beaucoup moins exigeante.

Plus généralement, il faut accepter que la F1 est un sport, pas un spectacle. Il y’aura des courses pénibles, tout se passera parfois de manière très prévisible parce que tout le monde s’en sort, le chaos reste une exception plus qu’une constante. Un ensemble de courses chiantes ne veut pas impérativement dire que le sport en lui-même se porte mal, et il faut absolument éviter de vouloir mettre du spectacle ou des rebondissements partout – sinon ça donne le dernier quart d’heure de la saison 2021, qui est un des moments les plus honteux de ce sport.

Comment tu peux finir une des plus extraordinaires saisons avec le pire dernier tour possible, quelle tristesse

Problème 4: les pneus

Un mantra qui tourne en boucle sur les RS des fans de F1 c’est que les voitures sont devenues trop grosses pour Monaco, et que donc les F1 modernes n’ont plus rien à faire sur ce tracé. C’est dit en boucle et en permanence comme si c’était une évidence. C’est un argument un peu agaçant parce qu’il est effectivement basé sur une vérité: les F1 sont devenues beaucoup trop grandes par rapport au passé, et c’est vrai que ça amène des problèmes sur l’ensemble des circuits. C’est pas quelque chose dont je suis moi aussi vraiment pas fan, et je serais heureux de voir ce sport aller en faveur de voitures plus légères et plus petites.

Cependant, ça occulte une réelle vérité: même avec des voitures plus petites… Monaco resterait Monaco. L’argument des voitures pas adaptées au tracé, on peut le lire depuis les années 70. Le tracé est anachronique, et ce depuis au moins un demi-siècle, et la taille des voitures ne joue qu’un rôle marginal dans tout ça. Il est accepté, depuis longtemps, que Monaco est une course où dépasser relève de l’exploit, peu importe la largeur des véhicules.

Grand Prix de Monaco 1997 – Course incroyable, bien aidé par des choix de pneumatiques… douteux chez Williams.

PAR CONTRE, et ça c’est moins souvent dit, on a un vrai souci de pneus – et ça a d’ailleurs été relevé par pas mal de pilotes durant tout le week-end. La course d’hier en est un bon exemple: voir la quasi-totalité des pilotes faire durer leurs pneus durs (et même, dans le cas de Russell, leurs pneus medium) sur 76 tours est une véritable héresie, et ne devrait même pas être de l’ordre du possible. Ca a donné en outre une course au rythme pénible puisque tout le monde a passé les 76 tours à gérer au maximum leurs pneumatiques, donc à faire des tours d’une grande lenteur, absolument pas compatible avec ce qu’on attend d’une course.

Monaco nécessite des pneus beaucoup plus tendres, qui permettraient des performances plus intenses et qui offriraient aux écuries beaucoup de possibilités stratégiques – mais ça globalement, c’est la F1 dans son ensemble qui en a besoin. Je comprends que les autorités organisatrices et que Pirelli veulent pas revivre le petit cauchemar qu’a été la saison 2013 avec ses pneus capables d’exploser un peu n’importe quand, je comprends l’importance de pneus fiables et solides pour des questions de sécurité tout comme je comprends la limitation du nombre de pneus pour des raisons écologiques… mais honnêtement, voir les stratégies à un arrêt devenir la base de chaque Grand Prix rend les choses assez ternes, tout le monde se cale sur les mêmes idées et cela ne permet ni aux pilotes ni aux écuries de sortir leurs épingles du jeu.

Mais on peut éviter cette extrémité, hein ?

Du coup problème pénible, mais encore plus pénible à Monaco – où traditionnellement tout se fait grâce aux stratégies et aux jeux avec les pneus.

Les qualités de Monaco qui justifient sa place dans le calendrier

Allez pour conclure, exposons maintenant les raisons qui font que je considère Monaco comme un week-end « important » – j’ai passé 3000 mots à chier sur des aspects de la F1 moderne, temps que je sois un peu plus positif.

Monaco 2008, toujours un peu deg que Kubica l’ait pas emportée c’était clairement SON moment

Déjà, et c’est un gros argument en soit: Monaco offre la meilleure séance de qualifications « régulière1 » de l’année. Ça loupe jamais – voir les pilotes flirter constamment avec les limites pour taper des temps canons est quelque chose dont je ne me lasse jamais, encore plus avec les options proposées aujourd’hui par F1TV permettant de regarder la caméra intérieure de chaque pilote. C’est assez passionnant et j’ai l’impression que le circuit récompense encore plus que d’habitude le talent des pilotes – ainsi, quand en 2023 Verstappen tape son troisième secteur mythique, ça a une force et une puissance dont ne peuvent se targuer que peu d’autres tracés.

Je vais pas nier que cette force est aussi dûe au fait que la grille de départ donne quasiment le classement final de la course, donc que c’est des qualifs qui ont des enjeux primordiaux. C’est un cas où le malheur des uns (ceux qui matent la course) fait le bonheur des autres (ceux qui matent les qualifs.)

Esteban Ocon sur le podium 2023 – on dira poliment que sa performance 2024 était à l’extrême opposée

Ensuite – Monaco est un circuit très atypique en terme de réglages et de profils. C’est peut-être moins important aujourd’hui parce que les réductions de couts font que les écuries viennent plus forcément avec des pièces spécifiques pour chaque circuit, mais reste que à Monaco la hiérarchie… n’est pas forcément la même que d’habitude. On a pu le voir cette année mais la Red Bull, habituellement très à l’aise sur tous les types de tracés, galérait ici pas mal. L’an dernier, ça avait été un circuit qui avait pas mal bénéficié à une Alpine habituellement pas candidate à une place sur un podium. Dans la seconde moitié des années 2010, c’était un des rares circuits sur lequel la Mercedes pouvait être régulièrement challengé… Le temps d’une course, les cartes sont un peu redistribuées.

C’est moins explicite que sur un tracé comme Monza – où des petites écuries font parfois sensation (Force India en 2009, Williams ces dernières années), mais c’est ce genre de spécificité qui permet d’enrichir le calendrier de F1, de récompenser certains choix faits lors de la conception d’une voiture et derrière éviter une certaine forme de routine. Si la hiérarchie devient incertaine en fonction des spécificités d’un tracé, c’est quand même plus sympa, non ?

Monaco dans les années 60 – je reste toujours abasourdi de voir que y’avait littéralement rien qui séparait la piste de l’eau

L’argument Histoire & Tradition peut rentrer éventuellement en ligne de compte mais j’avoue y être peu réceptif – peu importe l’histoire d’un circuit, si il ne se justifie pas, je le regretterai peu. Imola ou Barcelone qui ont organisés plus d’une trentaine de courses peuvent dégager, ça m’ira. Je vous confesse que je le pense aussi pour Silverstone… mais c’est parce que j’ai jamais aimé ce circuit, peu importe sa configuration, donc je suis pas de bonne foi 🤓.

Monaco a tout de même une place importante dans l’histoire de la F1, c’est traditionnellement la course la plus prestigieuse du calendrier, la remporter a une consonance particulière et c’est vrai que ça ajoute un chouia au charme. Y’a le fait que ça permet de concourir à la traditionnelle Triple Couronne (Monaco / Le Mans / Indianapolis) et ça ajoute effectivement quelque chose à l’aura du tracé. Mais c’est un argument assez mineur – à mon sens.

Idem pour le côté jet set, qui me passe franchement au dessus – l’aspect glamour et noble me paraît même dater d’une autre époque aujourd’hui. C’est toujours plus intéressant que sur les circuits américains (Miami parvient à invoquer tout le côté vulgaire de ce domaine, et la venue de Trump cette année n’a fait que confirmer cette impression) mais ça ne fait pas du circuit un indispensable particulier.

Donc voilà, vous l’aurez compris – j’aime Monaco en Formule 1 aussi parce que j’ai appris à accepter et aimer sa place très particulière. Mais ça n’a pas toujours été comme ça – j’ai eu une période où je détestais ce circuit ! Monaco c’est presque une sorte cycle dans la vie d’un fan de F1 où tu commences en adorant ce circuit, puis tu passes par quelques années où tu le détestes, puis au bout d’un moment tu l’acceptes et tu l’adore à nouveau pour des raisons différentes des autres tracés. C’est un peu la preuve d’une forme de maturité dans sa passion, j’ai envie de croire.

Je pense que la haine envers le Grand Prix de Monaco est donc un peu vaine, et témoigne surtout d’une colère envers d’autres soucis, eux bien réels et bien pesants. La F1 a un souci de calendrier, la F1 peine à bien exploiter le potentiel des tracés qu’elle traverse et la F1 a un problème de monotonie qui guette à force de vouloir que tous les circuits soient « pareils. » L’aspect « unique » de Monaco est pas le souci – le souci c’est qu’on manque de tracés aussi uniques, chacun à leur façon. Et hélàs quand je vois les projets des futurs circuits qui arrivent, j’ai peur qu’on continue de tout rendre semblable, de tout vouloir faire coller à une sorte de standard unique au nom soi-disant du spectacle… Ça ne me rassure pas !

Heureusement que Fred Vasseur est là – je pense que chaque image où je le vois souriant m’ajoute une journée d’espérance de vie

Bonus incroyable – le classement des circuits du calendrier 2024 par Amo

Dans l’ordre du pire au meilleur:

Tier « Je veux juste que ce circuit dégage, s’en aille loin et ne revienne jamais »

  • 24/ Miami
  • 23/ Imola

Tier « Je n’aime pas ce circuit, et son départ ne va pas m’émouvoir »

  • 22/ Las Vegas
  • 21/ Yas Marina
  • 20/ Barcelone
  • 19/ Baku
  • 18/ Losail
  • 17/ Silverstone ( 🤓 )

Tier « Je visualise l’attrait de ce circuit mais j’ai à son égard une certaine indifférence« 

  • 16/ Zandvoort
  • 15/ Sakhir
  • 14/ Austin
  • 13/ Shanghai

Tier « Ah je l’aime bien« 

  • 12/ Mexico
  • 11/ Singapour
  • 10/ Djeddah

Tier: « Ah je l’aime beaucoup« 

  • 9/ Red Bull Ring
  • 8/ Hungaroring
  • 7/ Monaco
  • 6/ Melbourne

Tier: « Touchez pas à ces circuits, si ils disparaissent de la F1 je disparais de la F1 😨😨« 

  • 5/ Montreal
  • 4/ Spa-Francorchamps
  • 3/ Monza
  • 2/ Suzuka
  • 1/ Interlagos

Tier: « Je les aimais bien, ils reviennent quand ? »

Sans classement, juste pour le fun:

  • Hockenheim
  • Valence (OUI J’AIMAIS BIEN CE CIRCUIT 😭😭)
  • Buddh
  • Mugello
  • Istanbul
  • Sepang
  • Clermont Ferrand Charade (allez la région Auvergne Rhone Alpes, financez quelques travaux vous pouvez le tenter ça doit pas être si dur, ptdr 🤓)
Faisons revenir Charade et le plaisir des roches volcaniques sur la piste !!!
  1. Je dis « régulière » parce que évidemment, sur n’importe quel tracé, on peut avoir des qualifs un peu chaotiques / exceptionnelles dû à la pluie, par exemple. Mais si on prend que les qualifs « normales » sur le sec – c’est toujours Monaco le mieux
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