K-On! le film – Bloody Moe in my bloody London
Ah, K-On le film.
Aaaah, K-On.
Difficile à croire mais ça va faire seulement trois ans et demi que les cinq membres du groupe de musique After School Tea Time ont définitivement pourri à leur insu les communautés de passionnés d’animation japonaise en les divisant à jamais dans une guerre civile destructrice et épuisante. Un peu comme la guerre d’un an de Gundam sauf qu’elle dure depuis trois ans et demi. Donc ça serait la guerre de trois ans et demi de Gundam si y’avait pas eu des combats à l’épée dans l’espace entre temps. Un truc comme ça. Et donc le premier épisode de K-On c’était comme la fois ou une colonie est tombée en Australie. Quoique non techniquement, ça serait la seconde partie de l’épisode 1 qui serait similaire à une chute de colonie vu que c’est arrivé le second jour du conflit. Enfin je commence à me perdre dans ma métaphore, j’appuie sur le bouton d’abandon métaphorique dès maintenant.
La première saison avait d’évidentes faiblesses: tout y allait trop vite, paradoxalement il ne s’y passait fondamentalement pas grand chose, les personnages n’était pas développés et ça devenait sacrément répétitif au bout de huit ou neuf épisodes. La faute à une adaptation parfois trop terre à terre du manga original… qui n’est pas très bon. Ce qui aboutit à la constation que tout ce qui était bien dans cette première saison c’était tout ce qui ne venait pas du yonkoma: les deux génériques, dont l’ending qui a marqué un peu tout le monde, en sont l’exemple le plus probant mais c’est sans oublier les scènes inédites à l’animé voire les épisodes entiers qui servent de filler… et qui sont considérablement mieux écrits que le reste ! C’est un peu le Asgard des adaptations de yonkoma moechiants…
La seconde saison débarque l’année d’après pour deux fois plus d’épisodes et malgré quelques appréhensions, force fut de constater que cette saison avait mis la barre beaucoup, beaucoup, BEAUCOUP plus haut. Déjà on ne peut que constater le choix de mettre le yonkoma original en arrière-plan, la majorité des scènes de cette saison étant créée pour l’occasion, et ça change tout ! Le rythme est meilleur, les personnages connaissent enfin du développement, la musique prend une place plus importante – tout en restant, soyons honnêtes, assez minoritaire -, tout y est beaucoup plus beau, mieux animé, plus cinglé. On a enfin une raison d’en avoir quelque chose à foutre de ce qui s’y passe, les derniers épisodes jouent un peu avec nos émotions et ça se fini bien et chaleureusement. J’avais carrément dit à l’époque qu’on avait affaire à un putain de chef d’oeuvre immémoriel. Le bon vieux temps quoi, cela ou je cherchais encore à titiller un peu les esprits chagrins. Bon, ça n’empêche pas que je continue à penser que c’est toujours un putain de chef d’oeuvre immémoriel mais maintenant je me fous un peu des esprits chagrins et je fais juste ça pour l’esprit de la formule. Parce que c’est toujours une bonne idée.
Et donc un an et demi plus tard, nous y voilà. K-On le film. Depuis la série est sortie en France avec une VF qui, sans être à jeter, donne l’impression que tous les personnages ont la même voix. Le manga est sorti en France. Au Japon le manga a REPRIS et offre une suite potentielle à la série qui est hélàs en manga relativement chiante et pénible à lire (perso j’ai même lâché au bout de vingt/trente chapitres tellement c’était lourd) et, oh, oui, la série a fini de s’affirmer comme une putain de mine d’or en battant je ne sais combien de records de vente ou de fréquentation. Tin, y’a même eu des trains K-On. DES TRAINS K-ON QUOI PUTAIN JE SAIS PAS TROP SI VOUS VOUS RENDEZ COMPTE §§!!§§§
Beaucoup d’attente autour de ce film d’autant qu’un peu avant, Kyoto Animation avait sorti la Disparition de Suzumiya Haruhi. 2h30 de film dont je ne sais toujours pas quoi penser, si ce n’est que c’était plutôt cool… et que putain ça sentait fort le fric bien dépensé. D’un coté, vu ce que ça a rapporté derrière, bon, voilà. Mais on s’attendait tous, au final, à 1h30 de K-On avec un budget de fou qui pète de partout et peut-être même des explosions et des robots dessinés par Matisse, tant qu’a faire. Rigolez pas, je suis sûr que Kyoto Animation à le fric pour faire revivre Matisse.
Le film se pose donc entre deux épisodes de la saison 2, c’est à dire les cinq jours entre la fin des cours et la remise des diplômes pour les quatre principales filles du groupe, c’est à dire Yui l’ingénue, Ritsu la sadique, Mio la moeblob et Tsumugi la bourgeoise. Important dans la saison 2 puisque Azusa, agée d’un an de moins, devait se préparer à voir disparaître ses amies et à se retrouver seule dans le club l’année suivante, d’où un petit blues. L’épisode 24 se terminait du coup sur une chanson interprétée par les quatre “adultes” qui célébrait leur amitié indestructible avec Azusa, la faisant pleurer et tout. Moi aussi j’ai un peu chouiné mais vos mères.
Du coup double enjeu dans ce film: le premier enjeu c’est celui qui a été le plus mis en avant par la promotion autour du film et qui faisait l’objet d’un épisode spécial Blu Ray sorti fin mars, c’est à dire le voyage à Londres que s’organisent les cinq filles pour fêter la fin des études. Pour y rester cinq jours seulement, transports compris !
(Ce qui est très drôle parce que j’ai vu ce film dans le sud de la France, ou je n’ai du y rester que cinq jours, transports compris, alors que j’aurais aimé y rester plus et que j’avais payé le train qui n’était abordable qu’en chiant de l’or pendant trois jours et demi. Pour le parallèle rigolo.)
Le second enjeu c’est que les filles essaient, à tout prix, d’écrire cette foutue chanson qui sera interprétée en fin de seconde saison. On y suit donc la genèse d’une scène emblématique de la saison 2, ce qui est intéressant.
Du coup ouais, Londres. On était chaud. Surtout en pleine période de JO londoniens, d’ailleurs. J’ignore si ça a été fait exprès par KyoAni ou pas d’ailleurs cette concordance des dates mais dans tous les cas vu l’importance de la ville pour l’histoire du rock, ça a tout de même une justification hors surf sur la mode. Du coup, je peux comprendre la déception de certains quand on constate qu’un tiers voir la moitié du film… se passe au Japon. A l’école. Je comprends cette déception mais, oh putain je l’avoue, qu’est-ce que je la partage pas haha.
Ces trois-quarts d’heure à Londres sont plutôt géniaux. Ca c’est sûr. On a un peu tous les principaux clichés de la ville (yeah, les gardes royaux) mais on sent vraiment une putain de recherche de fou de la part du studio qui ont juste pensés à TOUT. Mais, genre, à TOUT. Le détail qui perso m’a tué c’est la PIERRE DE ROSETTE. Pour deux raisons: d’une c’est pas forcément le truc que tu penses en premier quand tu penses à Londres. La seconde raison c’est que du coup ça fait écho au fait que dans la seconde saison, dans l’épisode de la pièce de théâtre, les élèves doivent chercher à l’arrache un truc qui pourrait servir de tombe pour le décor… et ils utilisent la réplique de la pierre de Rosette du club paranormal. Et le film Y FAIT REFERENCE genre “oh regardez, la tombe de Juliette !.” Référence à un foutu détail de TROIS SECONDES. Que j’aurais même moi oublié si j’avais pas rematé cet épisode UNE SEMAINE AVANT.
Pour le reste, la ville semble être parfaitement retranscrite, là aussi au détail prêt. Ah parce qu’ils aiment enculer les mouches chez KyoAni… Elles veulent aller à l’Ibis de Londres ? Bah y’a plusieurs Ibis à Londres, alors du coup le taxi les dépose au mauvais puisqu’elles prennent pas la peine de spécialement détailler… Passage à Soho, passage dans les principaux monuments, les principaux lieux emblématiques, le passage obligé à Abbey Road… J’avoue qu’entre ce film et ces foutus JO, l’envie d’aller à Londres a juste quadruplé. Ce film est une putain de bonne pub pour la ville, c’est terrible.
Donc oui, le passage à Londres défonce, oui. Mais vous savez quoi ? Le passage à l’école défonce aussi ! Dans un tout autre registre néanmoins, là on est vraiment plus proche de l’ambiance de la série habituelle, on est pas giga dépaysé. Mais il s’y passe des trucs, parfois cinglés. Putain, l’intro du film quoi, quand elles font semblant de faire du heavy metal. PUTAIN COMMENT C’ETAIT BONNARD QUOI. Putain ouais j’en deviens vulgaire et simplet. Et la dernière partie du film réussit à conserver l’émotion de la fin de saison 2 tout en restant un semi-remake. Si ça c’est pas un truc giga bien branlé.
Autre coup de coeur: la tradition de conserver un générique d’ouverture un peu débile / bon enfant interprété par Yui et conserver un générique de fermeture plus srs bsns / émo interprété par Mio. Une idée super cool (d’autant que la direction artistique de l’ending, comme d’habitude, est franchement géniale) rendue encore plus géniale par une “petite” initiative de la team de fansub VOSTA que j’ai utilisé qui a rajouté un sigle BBC et différents trucs pour faire “comme si” c’était un vrai clip. C’est tout con mais c’est giga kiffable.
Ah, et je vous ai dit que le film était DRÔLE ? Putain, le miracle quoi. Je dis ça parce que j’ai beaucoup de préjugés sur la capacité des japonais à être drôle mais là wow putain le nombre de fois ou j’ai rigolé, c’était surprenant. Surtout parce que le film arrive à s’offrir quelques délires bien puissants et à rester… comment dire… “discret” dans son humour, à le traiter sérieusement. Bon ok, la scène du bar à sushis est peut-être beaucoup trop too much d’autant qu’elle sort de nawak mais, eh, en échange on a la scène ou Yui et Azusa se pourchassent de chambre en chambre en étant super paniqué. Là aussi super con mais super efficace.
L’heure trente est donc passée hyper vite, et pas une seule tare technique à l’horizon (même si on sent qu’ils ont moins tentés des trucs fous à la Suzumiya Haruhi no Shoushitsu.) Le tout était super bien écrit et on y avait sans doute une oeuvre d’ultime fanservice. Car évidemment, le seul point qui me gène, c’est cette volonté générale dans l’animation japonaise de faire des films adaptés de séries télévisées qui soit n’apportent rien à ceux qui ont déjà vus la série soit sont incompréhensibles pour ceux qui prennent le train en route. Je continue, naïvement, à penser que le support “film” est à part de celui des séries… Qu’il est plus noble… C’est clair: à part trois exceptions marquantes (Cowboy Bebop le film / Eureka Seven – qui n’est pas bon, et c’est dommage -/ Rebuild of Evangelion… 2.2), pas un seul film adapté de série que j’ai pu voir ne m’a paru justifier son statut… de film, là ou on ne trouve que remontages inintéressants “avec 2-3 bonus aucazou” ou bien des longs épisodes d’une heure trente (The End of Eva ou la Disparition, par exemple) qui se ferme d’amblée un public. K-On le film ne déroge pas à la régle: ça reste un film pour les fans et ça n’essaie pas de brasser un plus large public que ça. Ca reste une adaptation de série à succés, comme on s’en tape des tonnes depuis les films Star Trek, et qui n’ont aucun interêt en tant qu’oeuvre “pris à part.” Peut-être que je devrais en avoir rien à foutre, mais j’ai encore ce petit sentiment au fond de moi qui fait que je serais toujours plus exigeant auprès d’un film qu’une série. C’est peut-être stupide.
Enfin, ça ne m’a pas empêché d’adorer ce film une seule seconde. Tout y est génial et on tient au moins le film “fanservice” ultime, ce qui est déjà ça de pris. Maintenant j’espère secrètement une adaptation made in KyoAni de la suite du manga qui est certes tout caca mais bon, on a vu avec l’histoire de ce studio que transformer le caca en or est devenu une habitude un peu trop étrange.
3 commentaires
Galoo
J’ai pas grand chose à dire sur K-ON si ce n’est que le film m’est proscrit par nature étant donné les échecs successifs à m’intéresser à la série de base – et ce en dépit du fait que j’aime beaucoup les ED de la série, mais en revanche, je m’inscris en porte-a-faux sur le film d’Eureka Seven. Je l’ai trouvé plutôt bon mais très différent du matériel original et j’aurais tendance à saluer Bones (pas la jolie spécialiste des cadavres) pour avoir essayé de faire quelque chose d’original. Ca reste en de-ça de la série en revanche, ça c’est sûr, mais la durée d’un film, c’est jamais l’idéal pour refaire le monde…
Api
Et même pas une petite référence au « Love Azusa » ? 😛
Sedeto
Pour l’habitude de faire des films fermés et dans la suite des animes, ça me semble intimement lié au fait que là bas quand ils vont au cinéma, si ma mémoire est bonne, ils payent l’entrée et enchaînent ensuite plusieurs films genre « une après-midi entière de ciné ». Je sais pas si c’est toujours comme ça, j’ai l’impression d’avoir lu ça dans un Love Hina, bref. Du coup bein si il y a plusieurs films d’anime, les otaques peuvent s’en faire une brochette, ou voir un vrai film et ça à côté… Enfin ça doit changer leur conception du cinéma, quoi. Même si en soi ça justifie pas le manque d’optimisation pour les gens qu’ont pas suivi. Mais les films-résumés seraient-ils là pour ça alors ? Bon, je pense qu’il faut se documenter ^^’