Mangas & Animes

Comment conclure (…un manga)

Bon écoutez, The Promised Neverland vient de se conclure après quatre années de pré-publication, dans une année qui aura déjà vu la conclusion de multiples séries – Demon Slayer, The Quintessential Quintuplets ou Food Wars, par exemple. J’aurais pu vous écrire un très gros pavé pour revenir sur l’ensemble de la série afin de compléter ce que j’avais écrit dessus il y’a trois ans mais vous savez quoi ? Je vais écrire sur les conclusions de manga à la place.

Car ouais, j’étais là, je réfléchissais un peu après avoir lu ce chapitre final et je me demandais, au final, quels étaient les mangas qui me semblaient avoir une « super fin. » Et je me suis rendu compte que j’avais finalement assez peu d’exemples qui me venaient en tête… mais que c’était pas forcément étonnant ! Quand on connaît l’industrie du manga, le fait que la majorité des oeuvres sont liés à des magazines de prépublication figées sur des calendriers et des plannings pensés au jour prêt, le fait de réussir à gérer le timing parfait pour tout bien conclure à la page exacte semble être une sorte de miracle, comme devoir poser son avion au centimètre précis sur la piste sinon il explose.

L’occasion de poster un gif issu de Yoku Wakaru Gendai Mahou étrangement adapté à mon analogie (morale: mettez des nounours pour avoir une super fin.)

Cela étant dit, je me suis ensuite demandé c’est quoi une « bonne fin » ? Une conclusion satisfaisante de l’intrigue ? Seulement ça ? Est-ce qu’un manga, ou un anime, a automatiquement une fin qui me satisfait si l’intrigue a pris une direction plaisante dans ses derniers instants ? Oui, ça aide, effectivement. Mais au final, je me dis que ce qui compte dans une « fin », pour moi, à mon sens, c’est le fait de pouvoir dire au revoir à ces personnages. Les quitter avec l’art et la manière. Ces personnages avec qui on a partagés pendant dix, vingt, trente, soixante-quinze tomes leurs évolutions, leurs détresses, leurs peines, leurs victoires. C’est ça que j’ai envie à la fin d’une œuvre: que l’intrigue soit conclue, bien conclue, qu’il ne reste qu’une part infime de questions en suspend, et qu’on me donne l’occasion de faire mes adieux avec ces héros qui m’ont accompagnés pendant parfois quelques années. Si jamais cette conclusion arrive après un arc narratif final qui a déployé le meilleur des qualités de l’œuvre, c’est encore mieux. Exemple con mais je suis dans l’équipe des gens qui est ultra satisfait par l’épilogue de la trilogie du Seigneur des Anneaux parce que là, pour le coup, on profite bien des adieux. Et on le mérite bien après avoir passé dix heures le cul vissé sur notre siège !

Donc bref, cela étant dit, passons au corps de l’article, où je vais prendre plusieurs conclusions de mangas (majoritairement du Shonen Jump car vous êtes sur Néant Vert et que y’a un quota d’articles trimestriels sur le Jump à respecter) et les classer en plusieurs catégories de conclusion. Je vais tâcher, évidemment, de pas trop spoiler injustement. L’idée est plus de discuter la manière dont la fin arrive que le contenu de la fin elle-même (c’est presque accessoire.)


Ma fin n’a pas de fin: To Love

Déjà petit big-up à Kentaro Yabuki qui commence cette semaine dans le Jump une nouvelle série nommée Ayakashi Triangle et qui semble mélanger exorcisme, héroïne qui veut le cul du héros et cul du héros qui devient cul d’héroïne. C’est la première fois depuis, genre, Black Cat que Yabuki écrit lui-même l’intrigue et je pars donc pas 100% rassuré (je ne suis pas très fan de Black Cat) mais au moins son style visuel est toujours présent.

Mais bref, To Love, donc ! Manga de Kentaro Yabuki au dessin et de Saki Hasemi à l’écriture, la série a donc débouché sur deux mangas: To Love Trouble et To Love Darkness, le premier étant dans le Shonen Jump et était coquinou, le second étant dans le Square Jump et étant en mode « Kentaro Yabuki essaie de tester la limite de ce qui est autorisé en terme d’érotisme dans les magazines tous publics. » Et les deux ont un fantastique point commun: l’incroyable absence de réelle conclusion. Le chapitre final arrive… et il se conclut sans résoudre le trois quart des intrigues en suspens. Le harem planifié par Momo depuis dix-huit tomes ? Eh… Haruna et Rito qui se sont enfin dits les mots bleus ? Bof… Absence totale de réelle conclusion, les personnages nous disent un peu au revoir mais ça aurait pu être, dans l’ensemble, un chapitre classique.

Bon, je vais être clair: je déteste évidemment quand ça arrive.

Dans le cas de To Love Trouble c’était « justifié » par le contexte de l’époque pour Kentaro Yabuki: pris au milieu d’une sale histoire avec sa femme (qui s’était barrée avec leur enfant, bref, histoire trouble), le gars avait plus du tout le moral pour dessiner de la comédie ecchi donc on a préféré mettre fin à la série de manière réellement abrupte pour lui libérer l’esprit et lui permettre de se concentrer sur un stuff personnel assez lourd. C’est comme quand une série est abruptement annulée après dix chapitres: ok la fin est rushée et rien n’est finalement bien complété, mais « on comprends. »

To Love Darkness ? Lol, non, y’a juste pas de fin, tu crois quoi.

Après, ok, dans le contexte de To Love, on peut éventuellement comprendre – c’est une comédie qui a pas un fil rouge scénaristique tant important que ça, c’est avant tout une compilation de gags érotiques. Très largement, dans sa postface de fin de tome 18, Saki Hasemi dit même que « c’est la fin de To Love Darkness mais pas de To Love » donc en gros justifie l’absence réelle de conclusion par le fait… que ce n’est… peut-être pas… la conclusion…

En fait ça me saoule un peu parce que c’est surtout dans le monde de l’animation où on commence à s’être dangereusement habitué à pas avoir de conclusion. Regardez moi toutes ces adapts de mangas ou de LN qui couvrent pas l’intégralité de ce que ça adapte: y’en a des tonnes et des tonnes ! On a dangereusement appris à se dire « ah l’anime était bien… j’espère peut-être que y’aura une suite qui adapte le reste… » On commence à voir les adaptations complètes de l’intégralité d’une oeuvre comme une exception à la règle, comme une sorte de bonne surprise et c’est un peu triste. On s’est habitué à ces épisodes « finaux » qui ne sont pas des conclusions mais un teasing des choses qui arrivent… dans le format original. On dit jamais « au revoir » aux personnages parce qu’on est « censé » les suivre ailleurs ou éventuellement les retrouver dans une saison suivante qui sera annoncée ptet un an plus tard si les étoiles sont alignées.

Donc oui, l’absence réelle de fin est évidemment quelque chose qui ne plaît à personne. Ça arrive assez peu, finalement, dans le monde du manga, mais par contre c’est légion dans le monde des animés et ça me fait arriver à des niveaux de pessimisme ou même si je méga kiffe Kaguya-sama en animé, je suis de moins en moins certain qu’on aura la chance de voir tout le manga être adapté. J’en viens même à regretter l’époque des fins originales d’anime, genre Claymore, Soul Eater, Fruits Basket ou Fullmetal Alchemist. Ouais, ok, ça « respectait pas le matériau de base », c’était souvent maladroit mais au moins on avait une conclusion, une fin, une oeuvre qui se suffisait à elle-même, une oeuvre indépendante – pas un vague espoir de peut-être avoir une suite un jour si le comité de production est content. Ça c’est certainement mon plus gros grief envers l’animation japonaise contemporaine. Mais eh, business is business, j’imagine.


L’auteur fait du mieux qu’il peut parce que le système essaie de le niquer: Keijo!!!!!!!!

Keijo a eu un animé fin 2016, il a eu le buzz, il a fait parler de lui internationalement, donc la Shogakukan a eu la meilleure idée possible: dire avant même le début de l’anime à l’auteur que sa série il devait la conclure as soon as possible. Sachant que à ce moment là l’auteur était déjà dans une sorte de grand arc final, où les héroïnes devaient botter le derrière (avec leurs derrières) des toutes meilleures joueuses japonaises du sport. Bref, la fin « naturelle » elle était pas si loin, encore un an de prépublication et t’y étais. Mais non, l’éditeur voulait que ça se finisse tout de suite, maintenant. Du coup l’auteur se retrouve manifestement avec genre un tome pour conclure trois à quatre matchs, sacrifie énormément, se concentre sur un seul match et a le miracle de pouvoir faire un court chapitre épilogue pour pouvoir tout bien clôturer.

La légende veut donc que l’auteur a LA RAGE, au point de s’être plaint publiquement sur son blog d’avoir dû charcuter la fin qu’il avait prévue – plainte à la japonaise, avec les formes, mais acte relativement unique dans ce petit monde. Il serait donc aujourd’hui ultra-brouillé avec la Shogakukan et si Keijo sort pas en France malgré l’interêt de quelques éditeurs c’est entre autres dû à cette histoire. En même temps, je comprends l’auteur: l’adaptation animée de ta série – qui en était à 16/17 tomes – marchouille, tu t’attends à un peu de reconnaissance, à la place on te fout dehors sans politesse ni même essayé de mettre en avant l’animé de la série. Je l’aurais mal.

Du coup, la fin de Keijo… fait ce qu’elle peut avec ce qui lui reste. C’est une lecture un peu « pathétique. » Tu vois l’auteur se démener à chaque page pour faire ce qu’il peut, la fin est évidemment moins satisfaisante que ce qu’elle aurait pu être avec le temps et les pages en plus mais en même temps ça réussit à sauver les meubles. Sentiments compliqués, mais on en sort en se rappellent que le manga c’est aussi du business avant d’être de l’art et du divertissement. Triste rappel.

Plus largement, là on évoque Keijo parce que le cas est « public » mais ça s’applique évidemment à toutes ces séries qui ont juste eu le malheur de subir la cancel culture de leur éditeur et de devoir s’achever brusquement. C’est également le cas de toutes ces séries mortes-nées, genre les séries du Jump à trois tomes qui doivent se conclure faute de popularité pour laisser la place à d’autres. Terrible monde cruel.


La fin est nulle, et en plus elle est longue: Food Wars

« L’arc de trop » c’est parfois récurrent chez les shonens longs. Parfois t’as une super conclusion mais non parce que derrière… le manga continue ? Parfois c’est l’auteur qui est chaud pour continuer, parfois l’éditeur force un peu l’enthousiasme de l’auteur, parfois ptet que les deux sont chauds pour continuer jsais pas mais reste que ça continue. Petites pensées pour Akira Toriyama à ce point précis du paragraphe. Cela étant dit, parfois cette « suite » elle s’en sort pas si mal, mais y’a surtout pas mal d’exemples de ah ouais mais non fallait pas continuer. Food Wars est à 2000% dans ce cas là puisque pendant douze tomes toute l’intrigue de la série se concentre sur le combat entre les élèves de l’école et… le père d’Erina, une sorte de nazi gourmet de l’extrême. Les héros gagnent, le papa est perdant, tout le monde est content, les vrais valeurs de la cuisine l’emportent…

… MAIS REGARDEZ DONC L’HORLOGE, IL SERAIT PAS L’HEURE D’UN PTIT TOURNOI MONDIAL ?

On t’introduit de nulle part un nouvel antagoniste ultra-pété, et pour te montrer qu’il est ultra-pété on te prend TOUS les personnages secondaires développés pendant 30 tomes et ils se font TOUS humilier un par un dans des combats de bouffe réduits à leur strict minimum. Les combats de bouffe qui deviennent un enchaînement de gimmicks stupides – tel perso peut cuisiner avec des tronçonneuses, olalala. La série ne sait pas vraiment pendant tout cet arc ce qu’elle devrait faire, et au final renie toutes les qualités initiales du manga, tout en se concentrant sur des personnages dont le développement était déjà conclu lors de l’arc précédent (Sôma et Erina.) Donc, oui, logiquement, plus personne n’évolue, on est juste là pour taper un big boss très très méchant holala.

Je pense que le pire qui peut arriver à une série c’est ce genre de fin, où après cinq tomes t’es est venu à complétement oublier c’était quoi les qualités initiales du récit. C’est une relation amoureuse qui a mal tournée, où tu sais plus très bien pourquoi tu aimais la personne avec qui tu es en couple, pourquoi cinq plus tôt elle te donnait autant de bonheur. La série est devenue l’ombre d’elle-même, et tu termines la lecture un peu soulagé de pas la voir se ridiculiser davantage, mais en même temps incapable de retrouver pourquoi tu lisais cette série à la base. Et honnêtement c’est ce qui m’arrive pour Food Wars: les 25 premiers tomes ont été un plaisir ahurissant pour moi, et ça a été un petit moment une de mes séries favorites du magazine. Mais après cette pénible et interminable fin ? Je ne ressens plus rien. Comme dirais Cali: « Je n’ai plus d’incendie au fond du ventre, c’est comme ça.« 

Je pourrais aussi citer un autre exemple qui me brise le coeur dans ce sujet là, ça serait Yamada-kun and the Seven Witches, qui passe presque douze tomes a plus trop savoir où aller, et s’emmêle dans un gigantesque bordel scénaristique où les personnages n’évoluent plus, les gags se répètent et la fin apparaît comme une libération. Si je voulais être méchant, je dirais que le Shonen Magazine a souvent tendance à trop faire durer ses séries et a tendance à les épuiser au point de les faire entrer dans cette catégorie mais halte aux généralisations !


La fin va trop vite, les adieux sont brutaux: Bleach

Notez que j’hésitais à mettre The Promised Neverland dans cette catégorie mais c’est un peu compliqué – les chapitres finaux de la série vont beaucoup trop vite mais les quarante chapitres qui précèdent allaient beaucoup trop lentement, témoignant d’un rythme un peu mal maîtrisé.

BREF, L’ARC FINAL DE BLEACH.

Contrairement à pas mal, vous me verrez jamais dire « Bleach aurait du se finir au combat avec Aizen » parce que j’aime honnêtement pas trop mal la suite – je trouve l’arc des Fullbringers assez rafraîchissant (jusqu’à ce que Kubo et son éditeur se sente obligé de remettre les capitaines de division) et tout l’arc final (qui dure quand même SEIZE TOMES) a un côté « best of » que je trouve pas déplaisant. Est-ce aussi bien que Soul Society ? Oh fuck no mais pas grand chose est aussi bien que Soul Society. Est-ce aussi bien que Hueco Mondo ? Eh, ptet ?

Mais bon, bref, on l’a découvert plus tard: Tite Kubo voulait vraiment stopper Bleach. Le rythme hebdo le tuait à petit feu, donc ok il était parti pour cet arc final mais c’était la Shueisha et elle seule qui allait décider quand ça allait se terminer. Par contre, dès qu’il a eu le feu vert, il s’est pas fait prier et a tout conclu super vite. Je m’en remets d’ailleurs pas que la fin de Bleach se soit faite pile le mois des quinze ans du manga, du coup y’a eu zéro célébrations, c’était abusé haha.

En soit, pour l’avoir relu juste avant d’écrire cet article (c’est un tome de Bleach, ça se lit extra vite), le combat final et le petit épilogue sont pas mal mais dans le contexte de l’époque, la fin de Bleach c’était un peu une grande frustration. Faut comprendre que jusque là on se tapait des combats parfois un peu interminables – genre un combat de presque un tome entier entre Mayuri et une main – – juste une main – – géante – et soudainement le combat final entre Ichigo et le grand méchant de l’arc dure, quoi, deux ou trois chapitres ? Rapiiiiiide. L’épilogue lui-même est un peu insatisfaisant puisque, bon, eh, Kubo a introduit 400 000 persos donc il en chie clairement à conclure les arcs narratifs de chacun – au point qu’il a du sortir trois light novel pour conclure tout ça, haha.

Mais en vrai, ça c’est le genre de « fin insatisfaisante » souvent la plus commune: tu t’attaches à une série, soudainement pendant un mois tout se conclut, et voilà, terminé. T’as l’impression que toute cette partie finale est quelque chose dont a voulu se débarasser l’auteur et/ou l’éditeur. Et que toi qui suivait ça depuis longtemps bah tu dois t’en contenter. Bon. C’est pas nul. Mais ça aurait pu être mieux. Oui, voilà: on te refuse « quelque chose qui aurait pu être mieux. » Pas de colère, juste une petite frustration.

Note animé: Oui, je classe la fin de Symphogear XV là dedans. On a pas d’épilogue, y’a zéro transition entre la fin du combat final et le générique final, on fait jamais nos adieux aux héroïnes et je continue aujourd’hui de trouver ça cruel. C’est à cause de ça que je fais pas le deuil, putain.


La fin est pas aussi bien que le reste de la série et c’est frustrant: Death Note

Là c’est un exemple un peu ambigu parce que Death Note je trouve le chapitre final vraiment très bien – du coup on a une vraie bonne conclusion – mais c’est tout l’arc qui a précédé qui m’a pas toujours énormément convaincu et m’a fait voir la fin plus comme un soulagement de « ah, ouf, ils vont pas aller plus loin » qu’autre chose.

C’est un peu là que je classerais Neverland par exemple !

Donc ouais en gros t’as eu une série qui pendant plusieurs tomes a été ultra satisfaisante, puis soudainement ça devient un poil moins passionnant et à ce moment-là, avant que ça empire vraiment, ça prend fin. T’aurais aimé que ça se termine plus tôt, ça l’a pas fait, ça a donné un arc final ou les qualités de la série étaient parfois là, mais pas avec autant d’éclat ou de brillance. C’est donc le cas de Death Note, à mon sens. Si on reste d’ailleurs chez les mêmes auteurs, c’est aussi le cas de Bakuman, qui commençait un peu à se perdre à partir du moment où il a commencé à introduire ce gars qui faisait des mangas en utilisant le pouvoir des réseaux sociaux. J’y mettrais bien Eyeshield 21 aussi, par exemple. Enfin bref, c’est souvent un passage récurrent des longs shonens, qui attendent souvent le déclin pour se stopper :(.


La fin est pas aussi bien que le reste de la série mais écoutez ça passe: The Quintessential Quintuplets

Parfois t’as une série qui a été excellente tout le long de sa publication mais quand vient le moment de conclure elle bégaie un peu. Elle reste bien, n’est certainement pas mauvaise, mais n’égale pas l’excellence de tout le reste. Là je cite Quintuplets mais je pense aussi à Soul Eater, par exemple, qui a une conclusion un peu… étrange ? Même dans le contexte du manga.

Bref, Quintuplets s’est donc conclu y’a quelques mois (note: le COVID a démarré peu autour de la fin de la série, hasard, coïncidence ?) et vous trouverez sur Internet beaucoup de propos… un peu exagérés sur le sujet. Reddit est assez vener par exemple, ce que je ne comprends pas vraiment. Le truc avec le tome final de Quintuplets c’est qu’il va partir sur un rythme complétement différent des treize autres. Parce que le treizième s’est conclu sur un énorme cliffhanger, le quatorzième va dédier un tome entier à décrire les conséquences de ce cliffhanger, ses retombées et rendre crédible la conclusion finale de la série (donc ce fameux mariage vu dans le chapitre 1.) En gros, dans sa dernière ligne droite, Quintessential Quintuplets change complétement son rythme, son ambiance, son ton, sa narration et la focalisation de l’intrigue pour rentrer dans un gros épilogue.

Moi je vais être honnête: j’ai beaucoup aimé ce changement, qui me paraissait d’autant plus nécessaire que ce changement s’accompagnait de la fin de l’aspect « mystère » de la série. Maintenant objectivement, est-ce que ce dernier tome, en changeant tout, parvient à garder les qualités de l’ensemble des tomes précédents ? Question compliquée… En réalité, non, pas mal des qualités ont disparues à cause de ce changement. De nouvelles qualités sont apparues en contrepartie (en particulier sur le développement de la relation qui lie les cinq soeurs) mais des qualités pas aussi « fortes » ou « maîtrisées » que celles disparues avec cette modificatio. Du coup je trouve cette dernière partie vraiment bien mais, effectivement, ce n’est pas aussi bien que le reste. Est-ce que pour autant ça a « turned to shit » comme diraient quelques anglophones très très impolis ? Clairement pas ! Pour moi c’est une conclusion intéressante, certes parfois maladroite, mais qui a sa place et se justifie au sein de l’ensemble du récit. Cela permet également de dire dignement au revoir à ces cinq soeurs et cet étrangement affable héros. Je pense que le temps saura apaiser les rancœurs et que dans un avenir pas si lointain, cette fin sera reconsidérée à sa juste valeur.

D’ailleurs si je veux rester dans le Shonen Magazine, c’est là aussi que je classerais Silent Voice, dont les derniers tomes sont un peu en déça du reste (au point que l’adaptation cinéma se passe d’une grande partie) faisant passer le manga de « excellent » à « sympa » pendant quelques chapitres finaux. Quel crime !


Lol ça triche dis donc: We Never Learn

Vous connaissez la règle: quand on évoque Quintessential Quintuplets on est obligé d’évoquer We Never Learn immédiatement après.

Juste pour signaler que même si le manga ne s’est pas encore officiellement conclu, l’auteur a juste choisi d’offrir littéralement cinq fins différentes, il a déjà conclu « deux routes », est en train d’écrire la troisième, et puis voilà. C’est évidemment très sale, ça remet totalement en cause le concept même de conclusion (« choisis celle que tu veux et fais pas chier »), ça réussit à la fois à satisfaire tout le monde et à décevoir tout le monde donc écoutez, c’est la société dans laquelle on vit. Car on vit dans une société.


La conclusion est sympa, on est content: Demon Slayer

Demon Slayer ça triche un peu parce que vraiment tout l’arc final il était top. Je sais pas comment j’ai réussi à me passionner autant pour un combat final qui a du durer, genre, six mois de prépublication, mais c’est passé comme une lettre à la poste, y’a eu tout ce qu’il fallait en terme de rebondissements, on était à la fois confortablement installé dans le manège mais en plus temps choqué par les idées balancées par l’autrice pendant tout le truc. Combat final fini, et il était donc temps derrière de conclure le manga qui va sans doute vendre soixante millions d’exemplaires au Japon en une année, la pression était présente et l’autrice… s’est contenté de faire un truc très simple. Deux ptits chapitres pour servir d’épilogue, hop, on est sûr que c’est bien fini, y’a zéro ouverture pour une suite, tout le monde est content, on nous dit ce que deviennent les personnages survivants, et puis voilà.

Alors évidemment au fond de moi j’aurais aimé un petit peu plus, et on a ici que des choses très simples. C’est très dans l’esprit de Kimetsu no Yaiba, qui n’a jamais cherché à révolutionner quoi que ce soit mais a toujours souhaité bien raconter une histoire simple, et a toujours su le faire. Donc voilà, conclusion sympa, personne en dira vraiment du mal (bon ok j’ai vu des anglophones chier sur la fin mais on est sur Internet, quel que soit le sujet y’aura au moins dix gars pour chier dessus), elle viendra jamais en tête de quelqu’un qui veut désigner une fin parfaite. On est content, satisfait, un peu ému mais pas trop, rien de raté, rien de loupé, rien de frustrant, c’est fini et on est pas mal.


La conclusion est une excellente surprise: Nisekoi

Par exemple je pensais pas à l’époque que Nisekoi aurait autant une bonne fin. Elle est si bonne que même en étant TeamOnodera, je l’ai accepté (même le gâteau de mariage) (je trouve ça plus drôle qu’autre chose.) Encore une fois ça s’explique par le fait que tout « l’arc final » est vraiment réussi, que c’est l’apogée de la relation entre les différents personnages, que tout s’entremêle de façon fluide pour parvenir à une conclusion prévisible certes (et la prévisibilité n’est pas un défaut) mais bien amenée, logique et crédible. Très belles scènes de confessions, conclusion logique de l’arc de chaque personnages, jolis plans et bon petit épilogue qui fait plaisir à base de « que sont-ils devenus » (je suis méga fan de ça, pour être honnête.)

Bref, à la surprise de beaucoup dont de moi même parce que honnêtement je suivais pas Nisekoi pour l’intrigue, bah Nisekoi s’est conclut très bien. Pas parfaitement mais très bien. Et c’est déjà un petit tour de force pour de la romcom, qui est sans doute un genre où les fins loupées peuvent être légions !


La conclusion est parfaite: Assassination Classroom

J’hésitais à mettre Bloom Into You mais j’essaye de rester dans les shonens aujourd’hui, please understand.

Assassination Classroom c’est un ptit miracle au sein de l’histoire du Jump. C’est un manga qui a duré pile la bonne durée, où l’auteur a pu raconter tout ce qu’il voulait raconter, qui a été un méga succès de librairie au Japon mais n’a jamais été inutilement prolongé. Je pense que si Neverland et Demon Slayer se sont pas retrouvés avec un arc inutile imposé par les éditeurs c’est parce que la Shueisha a appris avec Assassination Classroom que tu peux y gagner aussi à laisser « tomber » les choses au bon moment (bon ok pour Neverland y’a quand même quelques tomes en trop mais je dis juste que ça aurait pu être pire.)

Je vais pas renter dans les détails de la série parce que c’est pas le but de tout vous dévoiler mais disons juste que la conclusion de Asscla est émouvante, remplie de messages forts, messages en adéquation avec tout le reste des tomes précédents. Ça se conclut quand il faut, au moment idéal, après un arc rempli d’enjeux forts, tous les personnages sont parvenus à aboutir à leurs arcs narratifs, tout est « rempli », il ne reste plus une seule chose à évoquer, et en plus c’est beau.

Donc ouais, Assassination Classroom, un des meilleurs exemples récents de conclusion. J’aurais pu citer dans cette catégorie quelques autres grands classiques, du genre Slam Dunk (qui a un chapitre final OUF) ou Fullmetal Alchemist (qui conclut à la perfection le long voyage des frères Elric et de tous leurs compagnons de voyage.)


La fin est parfaite dans nos têtes: Berserk

Désolé.

En vrai plus sérieusement, faut aussi qu’on prenne bien conscience que y’aura toujours des séries qui se clôtureront jamais vraiment. Genre on a eu l’exemple y’a quelques années de la mort de l’auteur de Highscool of the Dead et donc, là, par exemple, on tient un manga qui n’aura littéralement pas de fin. Donc ouais, du coup, y’a aussi des séries qui se clôtureront jamais en entrant dans un état de hiatus intermittent jusqu’à disparition de l’auteur parce que, parfois, peut-être, l’auteur veut juste pas conclure, n’en voit pas l’interêt, ou ne veut pas faire passer sa santé ou son mental derrière la pression de la deadline, refuse d’être considéré comme un distributeur automatique dans lequel on met des pièces pour avoir des histoires.

En quelque sorte, soyons reconnaissants avec les conclusions qu’on a, même les plus pourries, parce qu’au moins, on en a une.

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3 commentaires

  • Ari

    Pour ma part, j’ai pris l’habitude de voir les adaptations animées sans fin comme des « publicités ». Mais je me demande si inciter le spectateur à acheter l’œuvre originale est vraiment la seule raison. Peut-être que ce sont les auteurs qui refusent qu’il y ait une fin originale, ou peut-être que les studios prévoient une suite, mais elle ne voit finalement pas le jour… J’ai l’impression qu’une série ayant droit à une seconde saison sera plus susceptible de continuer jusqu’au bout (à l’exception de celles basées essentiellement sur l’humour ou dont l’intrigue n’est pas si importante), donc c’est peut-être une question de popularité ? En même temps, j’imagine qu’on est doublement dégoûté de ne pas avoir de fin après une ou plusieurs suites.

    Quant à la fin de We Never Learn, l’idée me plaît bien, surtout que l’une de ces fins sera quand même considérée comme la « vraie », je crois. Faut dire que je ne suis pas un grand fan de ce genre, et j’ai arrêté d’acheter les tomes depuis quelques mois, mais cette annonce m’a un peu donné envie de m’y remettre.

  • m3r1

    We Never Learn triche mais franchement qui lui en voudrait hein
    La vrai fin, la plus logique et développé, existe. Le reste c’est surtout du bonusfan service basé sur des « et si » pour moi et franchement je trouve ça assez génial.

    Sinon en ce qui concerne la fin de DragonBall je la trouve assez réussi dans son ensemble, dans la mesure où les tout tout derniers chapitres permettent justement très bien de faire le deuil et dire adieu aux personnages, avec en transparence le message que les aventures continueront à jamais car c’est un peu le propre de DragonBall.

    Sinon je suis assez surpris que tu ne glisse pas Hunter X Hunter dans la dernière catégorie

  • samizo kouhei

    Je n’ai jamais lu Food Wars, mais en termes de fin minable après un dernier arc lamentable, un autre shonen culinaire me vient à l’esprit : Yakitate Japan

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