Ce matin, un lapin, va tuer un chasseur. C’est un lapin qui est prince de l’enfer. (Hell Yeah!)
Est sorti la semaine dernière sur le XBLA, Steam et le PSN un jeu distribué par Sega et réalisé par des français. En l’occurrence les gens de chez Arkedo. Et ce jeu c’est Hell Yeah: Wrath of the Dead Rabbit.
Le scénario est simple: Ash est prince de l’Enfer et est donc respecté par tous ses pairs car il inspire la crainte et la peur dans cet univers qu’il dirige d’une main de maître. Mais il a un secret: il adore les canards. Il trouve ça trop mignon, et tout. Et un paparazzi prend un jour des photos de lui en train de jouer avec son canard. Et donc Ash doit empêcher à ces photos d’être divulgées et doit buter tout le monde, en l’occurrence 101 monstres. Plutôt simple.
Bref, scénario excuse pour offrir un jeu de plates-formes action dans la plus pure tradition des jeux Megadrive du style. Et le jeu le fait plutôt bien, avec un humour communicatif et un univers graphique travaillé. Parlons en plus en détails y’a quelques trucs à en dire !
La principale motivation que j’ai eu pour choper le jeu c’était surtout pour découvrir un jeu Arkedo, de base. J’entend énormément de bien du studio français depuis sa création et j’avais envie de voir ce qu’allait donner leur premier « gros » jeu, celui qui a en plus la chance d’être chaperonné par un éditeur prestigieux du nom de Sega. Assez emballé par les quelques trailers que j’avais pu voir à l’époque de l’E3 et les previews assez enthousiastes de magazines comme Canard Console, j’ai fait un peu la folie d’acheter le jeu sans lire la moindre review ni le moindre retour de jeu. Je suis donc entré dans le jeu sur un bon à priori et totalement ignorant de la qualité finale du jeu.
Déjà il faut vraiment rendre hommage à la direction artistique du jeu qui dès le départ attire l’oeil et aide à partir du bon pied. Le jeu est vraiment très joli, très coloré, rempli de pas mal de détails assez savoureux et est d’une fluidité assez épatante. C’est un vrai plaisir d’évoluer dans un tel univers graphique qui semble avoir preuve d’un très grand soin. Et tout ça paie, puisque j’ai vraiment impression d’avoir affaire à un des plus jolis jeux de la Xbox360. Par contre une telle débauche artistique paie un prix, celui de la lisibilité, dont trop souvent le jeu manque. On se prend souvent des ennemis dans la face parce qu’on a eu du mal à les distinguer ou à les voir arriver. C’est surtout énervant dans certains mondes comme le Musée ou les Ruines, les autres n’ayant pas forcément ce souci grâce à une plus grande sobriété. Enfin dans tous les cas, le jeu est un émerveillement graphique, et c’est bien.
Une de mes craintes se portait surtout sur l’humour du jeu. Pour faire simple, disons que je suis de plus en plus agacé par ces jeux qui font tout pour briser le quatrième mur et essayer au maximum d’être des parodies. J’avais vraiment peur que l’humour de Hell Yeah consiste, tout le long du jeu, à se moquer des clichés du jeu vidéo et à ruiner un média qui, j’ai l’impression, n’arrive plus à offrir des scénario qui soit parodie le jeu vidéo lui-même, soit essaye de singer le cinéma. Ces craintes, elles ont vite disparues car le jeu n’est pas aussi lourd en la matière qu’un Banjo-Kazooie Nuts & Bolts qui lui était vraiment ultra lourd et pas giga fin. Hell Yeah se moque de quelques poncifs mais s’offre surtout le luxe d’avoir un humour beaucoup plus varié qu’attendu, et m’a décroché un grand nombre de rires francs tout le long de la partie. C’est agréable de voir un jeu vraiment drôle parce qu’on est tous d’accord pour dire que l’humour est quelque chose qui manque vraiment au média vidéoludique. Arkedo nous offre le plaisir d’aller dans la bonne direction de ce coté là, même si j’aurais peut-être aimé que le jeu soit plus tranquille sur les références diverses et variées. Mais je vais pas bouder mon plaisir plus longtemps.
Donc voilà, le jeu possède un univers graphique riche et superbe, et possède une vraie personnalité qui arrive à mélanger parfaitement un univers original avec de multiples références. Et le gameplay n’est pas en reste: le personnage est ultra simple à manier (seul le maniement des lances missiles demande un tout petit peu d’attention), avec quelques subtilités dans la gestion des sauts qui s’appréhendent vite. Le jeu se plaît également à varier les gameplays, en offrant quelques phases de shoot em’up ou de plates-formes pures, et aucun de ces gameplay spéciaux n’est particulièrement baclé ou détestable à jouer.
On appréciera également la possibilité de customiser l’aspect du lapin avec plein de chapeaux divers et variés plutôt cools, et l’arsenal mis à notre disposition est assez sympathique même si à la fin du jeu on ne finit plus que par utiliser le lance-eau bénite définitivement trop cheaté pour être boudé.
Maintenant le jeu souffre de quelques défauts.
Déjà, la musique est pas ultra mémorable. On a 2/3 thèmes super cools comme celui du monde « Happy » ou de l’Usine mais la plupart sont oubliés aussitôt quand ils ne tapent juste pas sur le système au bout de vingt minutes de jeu – le thème des ruines m’exaspère méchamment par exemple.
Ensuite y’a ce détail vite ultra gonflant: quand on rencontre un mini boss, celui-ci nous offre parfois un peu de parlotte. Rien d’exaspérant à première vue, hein ? Sauf que si vous mourrez, vous devez vous RETAPER la parlotte. Et certains boss sont chauds au point qu’on peut mourir cinq/six/sept fois… et à chaque fois on doit se retaper ce foutu dialogue ! C’est vite crispant putain !
Les temps de chargements sont ultra longs en général. Et on se tape toujours les mêmes messages dessus ! Ils sont super sympas, mais au bout de dix sept, dix huit fois, le hashtag #CHAFFOUIN ne fait plus super rire et on se demande comment un jeu dématérialisé peut demander autant de temps de chargement, parce qu’on reste convaincu que le dématérialisé est censé nous sauver de ça.
Enfin, le jeu est court. J’ai du le finir en cinq heures. Mais est-ce réellement un défaut ? Je comprends totalement la volonté d’Arkedo de proposer une aventure plus intense que longue. Et le jeu, aussi bon et sympathique est-il, n’a pas vraiment la profondeur nécessaire en terme de gameplay pour durer plus longtemps sans s’user ou lasser. De même, on sent que le jeu est ouvert au viol par les speedrunners qui, je pense, se feront vraiment plaisir à trouver les trucs et astuces pour torcher le jeu en moins d’une heure et demie, ce qui m’apparaît tout à fait possible. Maintenant j’aurais pas été contre un New Game + ou quelque chose dans le genre. Tant pis.
Enfin c’est à la fois une qualité et un défaut: les minis jeux pour finir les 101 monstres du jeu. Qualité parce que l’idée de finir chaque monstre avec un truc débile à la Wario Ware ou tu dois aussitôt comprendre ce qui t’es demandé et le faire sans te planter est excellente. Et les minis jeux proposés sont tous amusants et drôles, avec des animations parfois extraordinaires de drôlerie, le « roasted » entre autres.
Mais défaut parce que certains jeux sont ultra incompréhensibles (j’ai mis des plombes à comprendre le « Honey I’m Home ») et parfois le même « finish » se lance quelques minutes à peine après l’avoir déjà eu. Les finish semblant scriptés, cette légère erreur de rythme est un peu triste. Je dois avouer qu’a la fin du jeu j’ai du me taper deux ou trois fois en une heure la même animation.
ENFIN BREF.
C’est un jeu qui a vraiment cet esprit Sega assez particulier. Le jeu est indéniablement fun, très beau, il possède une réelle personnalité et restera en mémoire. De l’autre, il possède quelques petites erreurs de finitions assez crispantes. Il est hors de question d’envisager ce jeu comme un égal de Super Meat Boy ou de VVVVV, évidemment, car le jeu a d’autres ambitions, mais je pense qu’il vaut son prix, qu’il est extrêmement fun et amusant et que c’est bien là le principal.
Un commentaire
Galoo
On peut préciser que ce jeu est actuellement gratos sur le PSN+. Du coup je l’ai chopé y a une semaine et je suis plus ou moins d’accord avec toi, même si j’aurais plus à reprocher à la maniabilité et à la config des touches qui est certainement optimisée vu le nombre de trucs que l’on peut faire mais qui reste rageante parfois, en tout cas sur manette PS3.
En revanche j’ignorais que ce jeu était FRANCAIS. J’ai hésité entre US et japonais, mais j’aurais pas cru que ça venait de chez nous. Ca explique peut-être du coup que les dialogues semblent assez bien « orchestrés », au-delà de leur caractère bien gras ou plus subtil. Le deisgn kawaii/gore frappe juste vu le délire du jeu et les mini-games (et surtout la musique des mini-games, plus lounge tu meurs) sont effectivement bien marrants (mais y en a pas 101, j’y crois pourtant D:). Je sais pas si je le payerais en revanche, vu que tu dis qu’il est court, n’a pas de replay value et que le côté fun n’excuse pas tout.