Persona 3 Reload – New Moon Rising
Début d’année plutôt pratique pour moi puisque à l’heure actuelle je peux le diviser en trois périodes de 15 jours auquel je rattache à chaque fois un jeu différent:
- Du premier au 15 janvier j’ai largué 50h dans Cities Skylines II malgré le fait que mon PC crève en y jouant et que y’a que 5% du contenu du premier dedans, mais mes addictions pour les jeux de gestion sont ce qu’elles sont – instoppables.
- Du 16 au 31 janvier j’ai largué 50h dans Baldur’s Gate III malgré angine, dents de sagesse et incapacité réelle de comprendre les possibilités du système de combat, ce qui m’amène un peu trop souvent à recharger ma partie comme un gros sale.
- Enfin, du 2 au 20 février, j’ai largué 50h dans Persona 3 Reload et la seule raison pour laquelle c’est pas 15 jours pile c’est que j’ai arrêté d’y jouer pendant une semaine parce qu’à la place j’ai largué 50h dans le montage d’un best-of de tierlist, de manière assez sale.
C’est très simple, vous l’aurez compris ! Donc du coup pour marquer le coup, je vais donc vous faire mon retour sur Persona 3 Reload, en tant que fan de la première heure du jeu original. Il avait été une révélation pour moi au moment de sa sortie européenne en 2008, j’ai fait la version FES 6 mois après et là l’an dernier je m’étais fait la version Portable avec une certaine joie. Persona 3 est un jeu qui m’est personnellement très important – c’est un jeu qui m’a aidé à aller mieux quand pour la première fois de ma vie je ressentais une phase dépressive assez aïgue et c’est un jeu qui m’a aidé à surmonter de manière concrète des difficultés en anglais. Je lui dois beaucoup à ce jeu, donc j’étais évidemment au rendez-vous pour ce réel remake !
Pour commencer, je vais le dire sans suspens: j’ai profondément adoré Reload et je considère que c’est, aujourd’hui, sans l’ombre d’un doute, le moyen optimal de découvrir Persona 3 en 2024. C’était l’objectif annoncé, heureusement du coup qu’il est pas loupé – je dirais même qu’il est amplement réussi.
Il donne ainsi un coup de fouet technique bienvenu au jeu et y apporte pile toutes les options de confort et d’accessibilité nécessaire pour le rendre résolument moderne. Pas que le jeu original soit aujourd’hui difficile d’accès – bien au contraire, c’est un des JRPG Playstation 2 qui vieillit le mieux tant son ambiance et sa direction artistique ont été à l’époque travaillées. Néanmoins l’excellence n’empêche ni l’amélioration ni la remise au goût du jour, surtout quand l’équipe d’ATLUS en charge de ce remake a su faire preuve de soin et d’efforts. Entre l’interface délicieuse, les ajouts bienvenus à l’exploration de donjon, le réequilibrage des boss, les raccourcis de déplacement rapide pour assurer une fluidité permanente ou bien le travail technique pour que le jeu tourne bien en permanence, c’est vraiment bien fait, bien travaillé, et c’est une porte d’entrée admirable vers l’univers de Persona 3.
Là où le jeu va demander à son joueur un petit peu d’adaptation – surtout si il le fait après avoir touché à Persona 4 ou, surtout, Persona 5 -, ça va être au niveau de l’écriture du jeu, particulièrement la manière dont l’histoire est racontée. Car sur ce point-là, les modifications sont plutôt minimes et l’histoire de Persona 3 Reload se déroule exactement comme se déroulait celle de Persona 3. Mêmes dialogues, mêmes rebondissements, même rythme… Le jeu n’a absolument pas été réecrit. Certes, des nouvelles choses sont ajoutées, particulièrement autour des antagonistes, le groupe Strega, qui est bien plus développé et enrichi dans ce remake. Mais ces modifications restent rares, et le jeu raconte l’exacte même histoire qu’en 2006.
Bref, si vous arrivez après Persona 5 et que vous vous attendez à une expérience équivalente, ça va être une surprise: Persona 3 est beaucoup moins bavard et, surtout, vous place au sein d’un groupe de personnages qui vont mettre plusieurs mois avant de vraiment comprendre et saisir les enjeux de leur combat. On va peu vous noyer sous les détails et les explications, tout simplement parce que dans Persona 3 on joue des persos qui savent pas forcément très bien ce qu’ils combattent, et qui découvrent tout un peu en même temps que vous.
Quelque part, refaire Persona 3 ces dernières années – que ce soit via Portable ou Reload – m’a fait prendre conscience à quel point c’est un jeu beaucoup moins bavard que ses suites. Pas que je déteste Persona 4 ou Persona 5 – bien au contraire, ce sont des jeux que j’adore – mais je dois avouer que y’avait des dialogues de Persona 5 qui m’ont parus plutôt pénibles car très longs et parfois répétitifs, le jeu s’amusant trop souvent à ressasser les mêmes points encore et encore, ou à amener beaucoup de nouveaux sujets sans jamais prendre le temps de les développer. Y’a des moments où très clairement le jeu aimait bien s’écouter parler et commençait dangereusement à approcher la quantité de texte d’un visual novel. Persona 3, avec son approche plus pragmatique des dialogues, où ça parle moins mais où ça dit plus de choses, est un équilibre que je préfère.
J’avais lu une théorie sur Tumblr comme quoi Persona 3 était le seul jeu de la « nouvelle trilogie Persona » à vraiment intégrer le calendrier comme élément central de son gameplay et de sa manière de raconter son histoire, là où ses suites essayaient de raconter une intrigue malgré le calendrier et… je crois que je vois ce que cette théorie veut dire. Je pourrais pas encore bien le développer, mais y’a clairement un truc à creuser.
Cela étant dit, avant de continuer à développer les qualités de ce remake, je vais évoquer maintenant ce que je considère être les deux seuls réels défauts du jeu, et ce qui est pour moi les seules vraies sources de frustration. Comme ça on commence par le négatif et après on enchaîne sur dix heures de positif, histoire de sortir du billet avec un meilleur moral.
Bon le premier point, il est en dehors du jeu: c’est le fait que Persona 3 Portable soit sorti sur Xbox il y’a pile un an. C’est terriblement con mais quand il est sorti y’a un an, c’était pour moi l’occasion de totalement rassasier ma nostalgie pour Persona 3 ! Du coup à l’époque j’avais foutu 80 heures dans le fait de refaire le jeu, et de faire la seconde route, celle de l’héroïne. Ca avait été un mois très rempli, très intense, et déjà à l’époque l’intrigue du jeu je me la suis bouffée deux fois ! La première fois j’étais super heureux de la retrouver, de redécouvrir des rebondissements que j’avais pu oublier ou qui avait été modifiés par ma mémoire, le tout dans une version française qui m’aidait à encore mieux comprendre certains des messages et des thématiques du jeu. Puis après j’ai refais le jeu avec l’héroïne, en New Game+ donc en roulant sur le jeu, j’ai découvert les nouveaux Social Links, c’était cool, et je pouvais faire avance rapide sur une intrigue que là je commençais à bien connaître.
Bon bah terrible, une fois ces 80 heures bien faites, ils ont… annoncés le remake ? Qui allait sortir un an plus tard ?
Ah…
Du coup c’est terrible parce que ce Reload je pense qu’il m’aurait encore plus défoncé si je l’avais fait avec un véritable manque ! Si c’était lui le jeu qui m’aurait permis de redécouvrir l’univers de Persona 3 plus de quinze ans après l’avoir parcouru et me l’être pris en pleine poire ! A la place, il est arrivé quand je m’étais déjà bien gavé de Persona 3 !
Du coup je l’ai entamé avec de la joie, mais sans enthousiasme, sans excitation, sans réelle nostalgie. Et comme en plus l’intrigue n’a pas été particulièrement réecrite, ne propose pas de modifications importantes, bah je revoyais cette intrigue… pour la troisième fois en un an. J’ai mes potes qui me disent que j’ai été hyper rapide à finir le jeu, bah oui c’est plus facile de rusher Persona 3 quand passé un certain point tu fais avance rapide sur les séquences de dialogue et d’intrigue parce que cette histoire je la connais déjà par coeur. Malgré les nouveaux doublages, malgré les changements graphiques…
C’est un peu blasant, pas la faute du jeu, plus celle d’Atlus. Si seulement ils avaient annoncés Reload avant de sortir Portable j’aurais pu me poser la question à l’époque… Je peux pas m’empêcher d’être un peu frustré par ce timing.
D’autant que second défaut: ah… ils ont loupés l’opportunité de réecrire les SLink…
Parce que autant taleur je critiquais un peu les intrigues et le côté pipelette des suites à Persona 3, autant si y’a bien un truc sur lequel la franchise s’est considérablement améliorée c’est les Social Link. Déjà à l’époque, entre le 3 et le 4, il y’avait un immense fossé qualitatif ! Ce qui se ressent d’ailleurs à donf quand on fait la route héroïne de Persona 3 Portable qui ajoutait plein de nouveaux Social Link. Et comme Portable est sorti après le 4, les nouveaux Social Link avaient été écrits avec le même soin que ceux du 4, et autant vous dire qu’on voyait déjà une énorme différence quand on alternait les SLinks « originaux » avec les nouveaux venus.
Mais non ils ont absolument pas touché aux SLinks. C’est les mêmes dialogues, les mêmes enjeux, les mêmes personnages. Quand on se lance dans la séquence d’un SLink c’est souvent 5 dialogues et demis portant des intrigues pas forcément très passionnantes, jamais très profondes et portés par des personnages simplistes. Ce qui est… dommage ! A l’époque, ces SLink posaient pas forcément problème parce que c’était les premiers du genre, aujourd’hui ils sont de très loin l’aspect le plus daté du jeu, celui trahissant le plus la date de sortie du jeu original.
Et quand je vous dis ça, je vous parle pas forcément des thématiques ! Clairement, l’histoire de Kenji le lycéen dingue de MILF dont toute l’intrigue tourne autour de son envie explicite et frénétique de se taper sa prof, elle a grave vieillie et le personnage nous est clairement moins sympathique qu’à l’époque. Mais le problème c’est que c’est pas Kenji le problème car si je dois être honnête, ils sont tous et toutes moins sympathiques qu’à l’époque !
Empereur (comité de discipline) vous force à jouer le plus gros des collabos pendant 8 niveaux, Chariot (pote du club de sport) tient vraiment à se péter à tout prix le genou et essayer de lui dire que c’est pas une bonne idée va être puni par le jeu (parce que les SLinks dans le jeu original faut toujours dire ce que les gens veulent entendre), Fortune (pote du club d’art) a des problématiques de petit bourgeois qui paraissent bien négligeables, a l’inverse Etoile (l’autre pote du club de sport) en fait beaucoup trop niveau misérabilisme et vision caricaturale d’une vie dans une famille prolo, et je vous parle même pas de Lune où non seulement le personnage est insupportable mais en plus la thématique qu’il veut porter semble changer à chaque niveau – ça parle de quoi ? Des sectes, de son frère mort, de sa piètre image de lui-même, de son obésité, de cuisine, de sa famille ? Nul ne le sait !
J’exagère évidemment un peu le trait et reste quand même quelques S Links vraiment excellents – je pense à Pape (couple de petits vieux) qui me touche peut-être encore plus aujourd’hui qu’à l’époque. Pendu (la gamine) ou Soleil (l’écrivain mourant) sont toujours très efficaces et Ermite (votre pote de MMORPG) est tellement rigolote que ça reste un vrai plaisir de la retrouver, sublimée par une VF qui fait de son mieux pour rappeler le langage Internet un peu cringe de cette période – manquait juste un ptit « enkuler de rire » et on y était.
Mais ouais, globalement, je suis très déçu de l’occasion manquée qu’aurait été de vraiment réinventer ces SLink. Tu gardes les mêmes personnages, les mêmes bases, mais tu les creuses mieux, tu les développes plus, tu aides ces gus là à avoir plus de profondeur, ça aurait été super. Ca aurait été aussi l’occasion de mieux écrire certaines des intrigues, y’en a certaines où des rebondissements apparaissent bien trop tard, comme Justice où on passe 6 niveaux à essayer de l’aider à surmonter sa timidité puis soudainement deux rangs avant la fin on nous rajoute une histoire d’argent volé qui aurait pu très bien servir de base à une vraie grosse intrigue plus complète. De même suis certain que derrière le chaos et le bordel total de la route de Lune se cache un vrai récit potentiellement sympa, un vrai message fort.
Même des sujets glissants comme Kenji le niqueur de maman tu peux tourner ça de manière plus moderne, plus riche, donner une meilleure image de ces personnages, nous en laisser un meilleur souvenir.
De même, je trouve toujours que c’est une opportunité manquée que la moitié de ta team soit pas des Social Links. Ils ont trouvés des palliatifs puisque, parfois, en soirée Junpei, Akihito, Ken, Shinjiro ou Koromaru vont vous proposer des ptites activités qui vont pouvoir développer leur histoire, leur caractère et leur relation avec vous.
Mais c’est pas lié à un SLink et c’est très facultatif, ce qui est un peu dommage !
D’autant plus que ces nouvelles histoires (parfois un peu rédaptées des SLink de la route héroïne de Persona 3 Portable) sont vraiment sympas et montrent qu’il y’avait moyen de vraiment raconter de nouvelles scénettes et de nouvelles histoires avec les personnages du jeu original. J’aime beaucoup l’histoire de Akihito, par exemple, mais parfois j’avais l’impression de voir ATLUS me dire « ouais, on aurait pu faire des nouvelles histoires comme ça pour tous les SLink, mais on l’a pas fait, ça va ? » et hnnng grosse tristesse.
Ca aurait d’ailleurs été intéressant de réecrire les SLink afin de mieux les équilibrer sur le calendrier: la majorité des SLink sont liés au lycées donc sont dispos qu’après les cours, et vu la quantité ahurissante de vacances ou de semaines d’examens qui les rendent automatiquement inaccessibles, ça peut rendre la quête du 100% trèèès serrée pour peu que vous fassiez quelques mauvais choix. Conseil: gardez Pape, Pendu, Etoile et Lune pour les jours ou y’a personne du lycée de dispo, parce que si vous les montez trop vite au début vous allez vous retrouver à vous rendre compte en janvier que vous reste trop de trucs à monter chez Tempérance et chez Fortune (surtout Fortune parce que qui s’en fout de Fortune ?)
A titre perso j’aurais beaucoup aimé qu’un des SLink lycéen soit transféré aux soirées, où là par contre on fait très vite le tour. Comme dans P3P à l’époque, je me suis retrouvé très vite optimisé sur mes stats sociales dès septembre, du coup j’ai passé un tiers du jeu à plus rien avoir à faire le soir – surtout quand t’as que deux SLink en soirée, dont un qui avance automatiquement à chaque rang. Heureusement le jeu apporte plein de ptits trucs nouveaux pour occuper les soirées – des activités dans le dortoir, des trucs à faire sur un ordi, des boulots partiels – mais reste que le désequilibre reste flagrant, surtout par rapport aux deux suites. Je pense que si t’avais mis Lune le soir, personne aurait été trop choqué…
(En plus Lune c’est son symbole du tarot, ça aurait été adapté qu’il soit dispo la nuit !!)
Bref, voilà les points sur lequel je râle et je vais stopper ici parce que pour tout le reste je suis très heureux ! Par exemple, un des points que j’appréhendais le plus c’était le Tartare – à la fois parce que je savais que c’était un donjon moins « intéressant » que ce que proposait les suites donc j’avais un peu peur de sa réception par un nouveau public, mais aussi parce que, comme j’ai dit, j’ai déjà fait 80h de Persona 3 en 2023 donc l’idée de me refarcir au moins une nouvelle trentaine d’heures de Tartare pffff ok je sais pas. Bon bah non, je suis retombé dedans comme au premier jour, à m’enchaîner en boucle les niveaux et à me faire des grosses sessions de deux/trois heures pour en faire le tour au maximum.
C’est marrant parce que finalement c’est exactement la même chose que dans le jeu original, mais avec pas mal de petites modifications assez légères qui, accumulées, rendent l’expérience plus riche et plus sympa que dans le jeu original. Les changements de décors à niveaux réguliers se font toujours mais contrairement au jeu original, chaque décor est réellement différent du précédent, en plus à chaque fois d’amener des légères modifications dans l’agencement qui font que ce n’est jamais strictement identique – pensées pour le 3e bloc avec ses escaliers qui sortent de nulle part pour venir bloquer ton chemin, toujours un plaisir à chaque fois (non.)
En outre, on vient nous ajouter des nouvelles mécaniques à bon rythme, environ tous les 20 étages. Un mois tu découvres les zones sombres, l’autre mois on t’ajoutes les portes Monad, et puis souvent le système de combat s’enrichit des théurgies, puis au bout d’un moment c’est la Mort qui débarque enfin, les coffres rares, les mains géantes, les humains enfermés…
Autre petite modification que je trouve pas mal: le fait que l’horloge à l’entrée qui traditionnellement te redonne le max de HP et de SP n’utilise désormais plus des yens mais un objet beaucoup plus rare nommé Fragment du Crépuscule. Du coup on se retrouve comme dans Persona 4 à devoir faire très attention a ses SP, ultra-nécessaires pour les magies donc pour atteindre les faiblesses des ennemis et remporter les combats sans trop prendre de dégats – car comme d’hab dans SMT, ça tape fort et les ennemis font rarement preuve de pitié, donc toute la stratégie est d’identifier leurs faiblesses et de les harceler avec ça. En début de jeu, par exemple, il est pas rare de devenir s’y reprendre à deux fois pour le Tartare parce qu’on a rapidement vidé les SP de nos trois personnages, et on a pas forcément masse d’alternatives derrière.
L’interêt bonus de cette horloge ultra-cupide vient aussi du fait que, quand on est bien avancé dans le jeu, cette priorité faite sur les stocks de SP nous encourage à pas mal faire tourner notre équipe au sein de la même nuit. Là où dans un P3P j’avais une team fixe que j’ai utilisé du début à la fin du jeu, là dans Reload je me suis retrouvé à utiliser à peu près tout le monde de manière égale afin de gérer les stocks de SP de tout le monde, ce qui est assez chouette.
(Sauf Ken, désolé gamin, mais tu devrais dormir à cette heure là.)
(Même si je salue cette petite modification salvatrice et bienvenue qu’est celle d’avoir filé à Ken et Koromaru des sorts lumières et ténèbres qui ne soient PAS des sorts de mort fatale. Du coup ils peuvent enfin taper les faiblesses lumières/ténèbres de manière fiable, ce qui les rend très utiles dans une équipe. Je pouvais ENFIN utiliser régulièrement Koromaru, ce qui en 15 ans de Persona 3 était jusque là jamais arrivé.)
Allez si j’ai deux petits bémols sur le Tartare: le premier c’est qu’ils ont retirés le Monade. Enfin, retirés… On a désormais des « portes Monade » qui mènent à des mini-boss retors, mais on a plus « la porte Monade » qui servait de donjon caché à la toute fin du jeu, avec des ennemis puissants assez généreux en matière d’EXP. Du coup pour le levelling en fin de partie, c’est moins aisé… Ça m’a pas empêché de finir le jeu avec un héros niveau 92, mais j’en ai un peu chié pendant quelques heures pour atteindre le niveau 91 nécessaire pour fusionner Messie et arriver devant le dernier boss avec le sentiment de toute puissance que j’aime avoir à la fin d’un Persona. Mais dans tous les cas le manque d’un « donjon caché final » se fait quand même un peu sentir chez moi, et je peux pas m’empêche de penser qu’ils le gardent pour plus tard.
Le second bémol est lui aussi assez mineur – les membres de l’équipe qui sont pas dans ta team montent pas en niveau. Là aussi c’est mineur dans le sens où le jeu te propose un système d’horloge magique qui, une fois par nuit, peut te permettre de mettre deux personnages de ton choix au niveau de ton héros. Tu sens donc que ATLUS sait que c’est pas optimal et que y’aura pas mal de frustrations sur les différences de niveaux au sein d’une team (surtout quand parfois c’est dû à des personnages qui ont loupés des nuits Tartare à cause de raison scénaristique, genre Aegis qui loupe tout un mois à un moment) – mais en vrai quitte à proposer ce genre d’aide, autant nous filer tout simplement une sorte de MultiEXP qui fait que tout le monde évolue en même temps ? Mais bon, rien de dramatique, en soit.
Dans les sections liées à la vie quotidienne, j’ai là aussi beaucoup aimé les nombreux ajouts faits au jeu. Déjà, quel plaisir d’évoluer au sein du monde de Persona 3 avec ces nouvelles caméras, cette nouvelle 3D, ces nouveaux visuels… Les couleurs sont plus éclatantes, le lycée paraît encore plus vivant, idem pour les sections de ville. Vraiment très chouette. J’aurais pas dit non à une ou deux nouvelles zones pour marquer le coup, mais très satisfait de comment ils ont rendus la carte du jeu.
Une de mes appréhensions en abordant Reload est que je m’étais un peu trop habitué aux raccourcis de déplacement de Persona 3 Portable où, vraiment, en trois boutons tu pouvais te téléporter où tu voulais dans la ville. J’avais peur qu’on revienne au système du Persona 3 original où il aurait fallu se rendre à pied directement d’une zone à l’autre. Pas du tout ! Non seulement on peut continuer à bouger facilement d’une zone à l’autre en trois boutons, mais en plus on reçoit désormais des SMS de ses SLinks ou des boutiques du jeu sur lesquels on peut cliquer pour directement être téléportés en face d’eux. Ce qui est d’ailleurs très drôle avec Aegis…
Le jeu est donc très confortable ! On peut même utiliser une touche pour courir, y compris dans le lycée, au nez et à la barbe du comité de discipline ! Franchement, gros plaisir qu’est celui d’explorer la carte, jamais y’a un moment où on s’ennuie, où on est frustré, où il se passe pas un truc pour nous attirer ou nous distraire et ça contribue encore une fois à huiler à la perfection les engrenages de la machine Persona, toujours très douée quand il s’agit de nous rendre addict. On lance le jeu, hop une nouvelle journée, on se téléporte à côté du SLink qu’on veut, on l’avance, soirée, on se téléporte au resto qui propose un menu secret multipliant par 3 notre charme au lieu de 2, journée suivante, on va près du SLink suivant, ah non celui-là il va pas avancer aujourd’hui et en plus j’ai pas reçu le message me disant que j’ai un Persona de la bonne arcana, bon bah hop on va se téléporter près d’un autre, hop on l’avance, soirée, on va au Tartare, petite session d’une heure, on retourne sur le calendrier…
C’est un piège ce jeu et je suis presque soulagé que le hasard a voulu qu’il sorte pendant un mois de chômage chez moi – j’aurais été sans doute incapable de conserver un rythme de sommeil décent si j’avais du me contenter de sessions de deux ou trois heures après le taf. J’aurais fini par faire des trucs démoniaques genre coucher à 3h pour lever à 7h. J’espère que quand Persona 6 sortira j’aurais pas de taf – où bien je prendrais 3 semaines de congés, à voir.
Et puis globalement, là aussi, j’aime bien les petites nouveautés: les nouveaux contenus des restaurants, les nouveaux marchands planqués au club Escapade, les activités qu’on peut faire en soirée avec ses amis du SEES, la refonte des requêtes d’Elizabeth, les petits options qui apparaissent à la fin du jeu pour te permettre d’avancer plus facilement les derniers SLinks… Tous les petits ajouts que le jeu a pu faire sont vraiment très biens, très soignés, parfaitement intégrés. Est-ce que c’est là que je rappelle tout le seum que je peux avoir sur le fait qu’ils ont pas réecrits les SLinks alors qu’ils avaient tous les talents pour vraiment rendre ça aussi réussi ? Non bon pas la peine, je le sais bien, vous le savez bien !
D’ailleurs je parlais des activités de soirées avec le SEES et je dois dire que là aussi, une des réussites de Reload, c’est clairement tous les ajouts qui visent à rendre notre groupe de héros encore plus soudé. Le casting de Persona 3 je l’aime beaucoup parce que c’est réellement un vrai groupe. Tout le monde dort dans le dortoir, ils partagent tous et toutes une vraie vie commune. Quand vous rentrez chez vous le soir, tout le monde est là, vous pouvez parler avec eux, leurs dialogues changent tous les deux-trois jours, c’est réellement vivant. Chaque nouveau personnage qui apparaît ne rejoint pas que votre groupe de héros mais également l’internat, ce qui continue d’enrichir un peu plus cet aspect communautaire très poussé que n’égale absolument pas les autres jeux, qui partent eux sur des angles très différents.
Du coup je suis content de voir Reload développer ça et ajouter de nombreuses scènes qui viennent mettre l’accent sur la vie quotidienne au sein de l’internat. Que ce soit les révisions en groupe, les séances cuisines avec Mitsuru, Akihito ou Yukari, le jardinage, les lectures de bouquins, les matages de DVD… Grâce à toutes ces petites scènes, souvent très amusantes, la relation et l’amitié qui lie tous les membres du groupe apparaît encore plus naturelle, encore plus solide qu’avant. On y croit ! Et du coup ça rend la fin du jeu encore plus forte vu à quel point cette amitié et ce lien est au centre…
On va commencer à arriver à ce point de l’article où je vais dangereusement débuter un meublage habilement déguisé parce qu’honnêtement j’ai abordé tous les points principaux et me reste juste à évoquer des détails assez divers qui sont pas forcément très bien liés les uns aux autres. Par exemple, je peux mentionner vite fait le système de combat, mais ça se limiterait juste à vous dire que ça reste juste du Shin Megami Tensei très traditionnel. On a quelques modernisations du système par rapport au jeu original – particulièrement le Changement, très bienvenu -, quelques options de confort assez chouettes (la touche qui permet de cibler automatiquement la faiblesse d’un ennemi sah quel plaisir) et l’ajout de la théurgie qui vient amener quelques petits chamboulements, mais rien de très profond. La théurgie je pense que ça pourrait être poussé un peu plus loin, mais c’est une bonne base pour la suite.
Ah si, globalement j’ai fait le jeu en Normal et c’était beaucoup moins dur que le Normal du jeu original. Les boss de pleine lune m’ont juste parus un peu moins intéressants – certains m’ont juste semblés être des gros sacs à PV un peu pénible, là où dans P3P il y’avait vraiment des vrais boss-puzzle qui ont ici disparus (genre le Tank dans le bunker, il est clairement plus fun dans P3P.) Les boss du Tartare, eux, peuvent être très relevés mais je les attaquais souvent avec une team à donf en théurgie donc souvent j’ai pas vraiment vu leur potentiel casse-couille – certains combos théurgie peuvent faire très mal (genre la théurgie de Koromaru qui booste à donf les attaques physiques combiné à la théurgie de Fuuka qui booste toutes les stats de la team activés juste avant la théurgie du héros qui balance une méga attaque physique, il m’est arrivé de one-shot un boss comme ça, j’ai hésité entre fierté et pitié.)
L’OST ? Ah ça va. En fait, c’est particulier pour moi parce que l’OST du jeu original on peut dire que je me la passe en boucle depuis seize ans donc les réarrangements ont beau avoir leurs qualités, ça sonne quand même bizarre à mes oreilles parce que j’ai du mal à m’y habituer. Le nouveau thème de combat j’en suis pas totalement convaincu, idem pour la nouvelle version de Mass Destruction, que je trouve moins péchue. Par contre certains nouveaux thèmes, j’en suis gaga: Color Your Night ? Incroyable. Le thème d’intro aussi, je suis très fan de Lotus Juice dessus.
La version française est très bien. J’adore particulièrement le soin apporté à l’écriture… des SMS. Chaque personnage à sa petite manière de t’envoyer des messages, avec beaucoup de variété, c’est souvent assez rigolo de les lire. Mais en règle générale, y’a eu pas mal de trucs assez sympas à lire et j’avoue avoir screenshoté pas mal de répliques en me disant que peut-être un jour je les ressortirais en hors contexte. La traduction de Persona 3 Portable m’avait déjà séduit, celle-ci continue sur un bon élan – et en plus cette fois-ci, y’a pas de bug qui fait que quelques répliques s’affichent en allemand, ouf !
Et, enfin, sans transition aucune – la fin du jeu m’a encore plus détruit que d’habitude. Je la connais, c’est la même, je sais ce qu’il s’y passe, mais la mise en scène de ce moment et de tout l’épilogue m’a profondément touché au cœur. Les salauds ont mis un choix à faire à un moment, il fait l’effet d’une bombe sur mon ptit coeur sensible. Grosse chialade, à nouveau, comme si on était de retour en 2008, top.
Et puis voilà ce que j’avais à dire sur Persona 3 Reload, finalement ! Très chouette moment, j’en suis très content, même si j’aurais été encore plus content si j’avais pas déjà passé un mois de ma vie en 2023 sur Portable. En parlant de ça, d’ailleurs, évidemment – Reload aurait été encore mieux avec la route de l’héroïne, c’est une évidence. C’est dommage mais je comprends potentiellement pourquoi ils l’ont pas mis parce que ça aurait impliqué de redoubler tout le jeu une seconde fois, en plus de vraiment mettre en exergue le fait que ses SLinks à elle sont bien plus intéressants que ceux du héros – c’est ptet un débat que chez ATLUS ils voulaient pas avoir à gérer.
Par contre je regrette pas l’absence de The Answer – vous ai-je dit que j’avais détesté l’expérience The Answer à l’époque ? Bon je dis ça mais là manifestement vu les infos qu’on a chez les dataminers, le DLC The Answer est prévu. Au pire, vu la manière dont les combats ont été refaits en profondeur depuis quinze ans, y’a ptet moyen que ça soit beaucoup moins pénible. Après tout, contrairement à FES, cette fois-ci on peut contrôler les autres membres de l’équipe donc y’a moins de potentielles déceptions stratégiques…
Bref, me revoilà à divaguer alors que le message à retenir est que je suis content de ce jeu, content de ce remake et content de voir Persona 3 avoir la popularité qu’il mérite. Quand j’y ai joué en 2008 je me sentais parfois un peu seul à le kiffer sur Internet, ça restait très niché, pas facile d’accès, du coup quand on faisait des vannes sur Junpei le détective stupide ou sur Mitsuru qui lance Marin Karin c’était de la private joke entre initiés. Là maintenant ma timeline Twitter est remplie de memes et de vidéos aussi stupides qu’hilarantes sur l’univers de Person 3, le jeu est devenu un vrai phénomène culturel, les gens se passionnent ou se repassionnent pour les aventures nocturnes du SEES et ça c’est vraiment… Mazionga.
Un commentaire
Lucas HENRY
Excellent article, merci