Yurucamp le film – When you were young
Oui on est le 31 décembre et tous les 31 décembre y’a un article sur Néant Vert. C’est l’article du réveillon, c’est le marronnier le plus stupide de tout ce blog mais écoutez, je continue de l’utiliser en me plaignant au début de chaque article annuel que c’est vraiment une tradition un peu bête. J’envisageais à la base d’en profiter pour conclure la série d’articles sur les visionnages de films d’animation de 2022 mais ça me paraissait un peu léger vu que y’aurait eu sans doute que trois films de listés. Cependant, c’est quand même d’un film que je vais parler vite fait aujourd’hui parce que hop on va évoquer le film Yurucamp, rien que ça !
Yurucamp j’en ai déjà un peu parlé sur le blog: c’est une très chouette série sur des lycéennes qui pratiquent le camping hivernal, et deviennent amies autour de cette très spécifique passion. On voit le groupe se créer, se former, plusieurs déclinaisons du camping être montrées, c’est doux, c’est joli et les deux saisons diffusées jusqu’ici sont super sympas. Ces deux saisons sont donc désormais complétées par un film sorti cet été au Japon et mi-décembre sur Crunchyroll France. Pas de grande projection événement, pas de booking du Grand Rex ok je comprends mais ça aurait été fun on serait tous venus avec des plaids je sais pas.
Le film en lui-même je l’appréhendais quand même un peu je vous avoue. Le questionnement de base: est-ce qu’un film Yurucamp peut vraiment porter les qualités et l’esprit de la série pendant deux heures de manière ininterrompu ? Car le charme de la série est finalement d’être une bombe de bons sentiments relax sur 20mn, et j’avais du mal à envisager comment tu pourrais faire fonctionner tout ça sur deux heures.
Bon bah j’ai vite eu ma réponse: le film Yurucamp est une histoire inédite, qui n’adapte pas la suite du manga, mais à la place part dans le futur, quand les héroïnes sont quasi-trentenaires, bien insérées dans le marché du travail et se remémorent l’époque du camping entre lycéennes comme « le bon vieux temps », rien que ça. Ok, intéressant !
Déjà pas de panique si vous auriez aimé que l’animé continue d’adapter le manga: on aura une saison 3 très bientôt qui s’occupera de ça. Le film est donc une sorte de grand bonus, complémentaire à la série sans être nécessaire, mais qui n’est pas pour autant dénué d’enjeux ou d’interêt. Car ici on va suivre nos héroïnes qui vont devoir faire face au plus grand démons: les difficultés et les responsabilités de la vie d’adulte. Car très vite, on se rend compte que la vie c’est la vie et que effectivement, tous ces animés qui décrivaient le lycée comme un dernier espace de liberté avant de partir vers une sorte de grande prison, bah ils avaient terriblement raisons: après le lycée, nos amies sont parties vivre leur vie, se sont dispersées tout autour du Japon, ont mises leur passion pour le camping de côté pour privilégier leur vie professionnelle et, en conséquence, elles ne se voient plus tant que ça ! Damn, c’est comme dans la vraie vie !
Tout le film va donc raconter leurs retrouvailles, retrouvailles qui vont se faire autour d’un grand projet de création d’un camping. Cela sera donc l’occasion pour elles de repasser du temps ensemble, mais surtout de parachever leur passion du camping en devenant elles-mêmes actrices et organisatrices. L’angle trouvé est plutôt malin, et cela offre pas mal l’occasion pour les héroïnes de se développer et de réfléchir sur leurs rôles, leur rapport à ces passions et, en conséquence, aussi leur rapport à leur vie personnelle. Et comme toujours avec Yurucamp, c’est sur un ton doux et relaxé !
C’est un film que j’ai globalement bien aimé, même si y’a quelques points qui me gênent. Le premier c’est que si visuellement il est très sympathique, le côté « cinématographique » ne transparaît pas réellement, le film étant juste une continuation du style visuel de la série, sans vraiment offrir quoi que ce soit d’extrêmement ambitieux. Le fameux syndrome du « techniquement, c’est juste un long épisode de la série » qu’on peut reprocher à beaucoup d’autres séries mais là où je passe l’éponge pour un Demon Slayer (parce que là on est sur une série télé qui est déjà de très haute qualité), sur Yurucamp ça m’attriste quand même un peu plus. Plus globalement je trouve que deux heures c’est quand même beaucoup et qu’ont les sent quand même passer – le rythme paraît là aussi assez similaire au rythme des épisodes de la série originale, et sur une longue durée ça paraît compliqué à faire tenir. Enfin, le film a tout un discours sur le travail qui est… très japonais… et qu’il faut accepter…
Même si en vrai je suis toujours un peu confus sur le message qu’il veut faire passer vis à vis du perso de Rin, qui a l’air de vraiment se tuer à la tâche (genre la nuit du 1er janvier elle la passe à son taf ???) mais en même temps elle a l’air de se dire qu’elle en fait pas assez mais aussi elle se rend compte qu’elle commence à vriller quand elle commence à faire des rêves chelous… et du coup son développement va passer par le fait qu’elle va apprendre le valeur du travail… genre elle va être heureuse de récupérer du taf de son collègue… alors qu’elle fait déjà plein d’heures sups… en plus de travailler sur son projet de camping… ?
J’ai rien compris à l’arc de Rin et plus j’y pense moins je comprends c’est quoi le message qui veut être passé. Du coup c’est bien que Rin bosse moins à son taf pour privilégier le camping, c’est bien qu’elle bosse autant dans les deux ou c’est bien qu’elle oublie pas de beaucoup bosser à son taf malgré le camping ? Je sais plus ??
Tiens d’ailleurs je refléchis j’analyse y’a un truc un peu marrant parce que globalement, la morale du film c’est un truc genre « elles auraient pas pu se retrouver et pas pu relancer leur amitié sans le fait de travailler ensemble ? » Le travail c’est non seulement la santé, mais aussi l’amitié manifestement !
Tout cela étant dit, le film m’a quand même aussi un peu touché. Et surtout via une scène précise, dans le derniers tiers du film où, après un rebondissement, Rin et Nadeshiko décident de partir se faire un onsen situé tout en haut d’une montagne. Et du coup commence une discussion sur… la vie adulte.
C’est une scène simple, un discours simple – être adulte, effectivement, ce n’est pas si facile. Et surtout, y’a un moment où effectivement tu prends conscience que ayé tu es bel et bien un adulte et que non va falloir commencer à se poser des questions, à sacrifier des choses et faire des joies.
Ce discours il m’a surtout tapé personnellement parce que cette réflexion là je suis en plein… dedans. Pendant quinze ans je me suis un peu accroché à ce que j’avais – les mangas, les animes, la « communauté », ce genre de chose. En 2022 me voilà à constater que même si cette passion m’anime toujours, bah j’ai désormais 33 ans et que je peux plus me comporter et espérer que tout continuera de se dérouler comme quand j’en avais 20. Y’a des choses que je n’accepte plus, des choses que je ne peux de toute manière plus faire, les potes que je me suis fait en conv ne vont plus trop en conv quand ils ne sont pas eux passés à autre chose. Tout a changé autour de moi, et pourtant j’ai le sentiment d’avoir été le seul à stagner à force de m’accrocher à tout ça car faut avouer que pendant trop longtemps, ça a été la seule chose qui me motivait à faire quoi que ce soit.
Donc oui, j’étais très surpris et même un peu ému de voir les héroïnes de fuckin’Yurucamp, la fuckin’série qui parle de lycéennes qui font du camping entre copines, me sortir comme ça un discours qui me parle autant parce que c’est lié à mes questionnements importants du moment. Oui faut que je comprenne que je ne peux pas réellement faire tout ce que je veux. Tout comme Rin et Nadeshiko comprennent qu’elles doivent elles-mêmes trouver leur place et leur rôle, et que cela passe par des doutes et des questionnements.
Sachant que cette scène ne se stoppe pas ici, et après la thèse part dans l’antithèse:
Et là aussi, ça me parle, évidemment. Tout ce questionnement sur la transmission, elle est aussi au centre de mes questionnements actuels. Comment transmettre, comment partager ? Je commence à avoir l’expérience, les connaissances, les compétences… comment les mettre à disposition des autres ? Est-ce là aussi je ne dois pas grandir en tant que créateur mais aussi en tant qu’adulte ? Dois-je continuer à voir ce partage comme une extension de ma passion ou bien comme un second travail ? Qu’est-ce qui me plaît dedans, qu’est-ce qui me plaît moins et comment trouver un équilibre qui me permettra de conserver ma motivation et d’accepter ce qui est hélàs « nécessaire » ?
Être adulte c’est aussi ça, finalement: faire le choix conscient et réflechi de dédier du temps à partager ce qu’on aime, à contribuer à des projets individuels ou collectifs qui vont permettre à d’autres de profiter de leurs passions. On a cette liberté, on a l’expérience, on a les possibilités, à nous de jouer, et on peut tous jouer et trouver un rôle adapté à nous.
Donc ouais finalement l’histoire de ces héroïnes qui faisaient du camping quand elles étaient lycéennes, sont restées passionnées, et se retrouvent pour monter leur camping, ça me parle. C’est ça le vrai plaisir: faire des choses qui permettent aux gens de retrouver ou découvrir ces mêmes plaisirs que tu as toi-même connu.
Donc voilà un peu pour ce petit billet sur le film Yurucamp. Plus court que d’habitude, moins profond, je suis un peu fatigué et explosé donc je préfère pas tirer sur la corde ! Le plus important à retenir c’est que je l’ai trouvé sympa, que j’ai bien aimé l’angle qu’il a choisi, qu’il m’a parlé et que mine de rien c’est amusant qu’après avoir commencé l’année sur Looking for Magical Doremi – qui là aussi mettait en scène 3 adultes de 20 à 30 ans qui devaient faire… des choix -, je la conclus sur Yurucamp. Mais là j’avoue que je l’ai moins vu venir !
En tout cas, bonne année 2023 à toutes et tous, je vous souhaite le meilleur. Prenez soin de vous !