Cities Skylines – On a construit cette ville (sur le Rock N’Roll)
En mars 2013, notre coeur a été détruit, piétiné et déféqué par Electronics Arts. C’était le mois de la sortie de SimCity, le cinquième épisode tant attendu d’une saga qui a rendu plus d’un joueur fou depuis le début des années 90. Des joueurs certes fous mais qui ont pu attendre assez aisément avec un SimCity 4 suffisamment profond pour les faire tenir en haleine pendant presque neuf ans. Un jeu ahurissant et qui ne se termine jamais vraiment, grâce entre autres à une carte régionale qui mettait beaucoup de temps à être remplie, en plus d’avoir un jeu extrêmement moddé et disposant d’une extension – Rush Hour – qui apportait réellement énormément de choses.
Mais SimCity 2013 est arrivé, nous a déçu, on a pleuré, fin de l’histoire. Le jeu ne manquait pas de bonnes volontés mais ne parvenait à exécuter correctement aucune d’entre elles. Comme si vous vouliez faire un calin à un chat mais qu’a la place vous l’étouffiez parce que putain vous êtes un être humain vous êtes super fort en fait, arrêtez de l’étrangler ce foutu sac à puces nom de dieu. Il faut dire qu’EA avait en plus pris toutes les décisions les plus stupides qu’il soit, rendant ce développement un calvaire. Moralité: si vous aimez les city builder, restez sur SimCity4. Car ce n’est pas la saga des Cities XL qui allait apporter l’alternative recherchée.
Simultanément un groupe de finlandais nommé Colossal Order sort un jeu très niché: Cities in Motion. Le but du jeu ? Gérer les transports en commun d’une métropole. Bus, métros, tramways, trains… Pour un mec dans mon genre, qui peut passer 20mn à regarder la carte du réseau de transport d’une ville, c’est le type de jeu qui peut me faire perdre des heures et des heures. J’en avais parlé super rapidement au début de l’été 2012.
Le premier épisode était donc vraiment sympa mais au bout de 10h on comprenait aisément comment le jeu fonctionnait et il devenait extrêmement facile de gagner à tous les coups. Le second volet sort en 2013, peu après SimCity, et dispose désormais d’une interface 3D. Un peu moins agréable (on joue désormais dans des villes créées pour l’occasion et plus forcément des métropoles célèbres), il développait néanmoins quelques cotés city builder ici ou là avec la possibilité de créer des routes et de voir la ville se développer autour d’elle. Quelques signes, donc.
Et c’est donc cette année que sort Cities Skylines. Ici fini de se focaliser sur les transports: on marche directement sur SimCity. Et ça marche.
Maintenant par « ça marche » il faut développer. Déjà, si la question est « est-ce que Cities Skylines est meilleur que SimCity4 » je vous dirais honnêtement: non. Le jeu de Maxis, avec son système de région, offrait une bien plus grande profondeur et l’ensemble du jeu était bien plus équilibré, bien moins bugué, plus simple d’utilisation. Néanmoins, Cities Skylines se distingue de plusieurs manières: la première c’est d’offrir un environnement réellement 3D qui permet quelques folies bienvenues comme pouvoir gérer l’altitude des routes. La seconde, on y reviendra, c’est une ouverture complète au contenu amateur. La troisième c’est que c’est plus un jeu de création que de gestion.
Car en soit, Cities Skylines est un jeu de gestion qui se révèle vraiment simple. On a jamais vraiment de problèmes d’argent et le moral des « Cims » est enfantin à gérer, ils sont facilement satisfaits par tout et n’importe quoi. On est jamais en réelle difficulté. Maintenant ça veut pas dire que le jeu est facile d’accès parce que je lui reprocherais justement un tutoriel vraiment trop chiche en informations qui fait que si tu n’as jamais touché à un city builder de ta vie tu es mal barré au début et que tu vas devoir bouffer quelques walkthrough sur Internet au préalable avant de commencer à vraiment jouer. Mais à l’inverse si tu gérais sur SimCity 4, zéro raison que t’en chies sur Skylines. Cool.
Du coup cette facilité elle laisse finalement rapidement au joueur la possibilité de juste construire sans trop se prendre la tête et, mine de rien, c’est un style de jeu assez différent mais tout aussi agréable. La seule vraie contrainte à gérer c’est le traffic routier qui peut devenir rapidement source d’ennuis et, encore, c’est parce que l’algorithme est encore un peu bugué ici ou là.
En vrai ce concept de création est très sympa et passionne suffisamment pour tenir longtemps en haleine. Là ça fait depuis l’achat du jeu le mois dernier que je suis sur la même ville, et la map est tellement grande que j’ai beau avoir passé 18 heures sur le jeu, ma ville ne montre que 55 000 habitants et une quantité de terrain toujours incommensurable. C’est un jeu extrêmement chronophage et plusieurs fois je me suis lancé une partie « juste pour une heure » et j’y passe finalement quatre ou cinq heures. C’est un bon signe, c’est sûr, mais j’avoue y jouer de moins en moins car plus la ville avance, plus mon PC portable galère.
Et, du coup, un des principaux atouts du jeu c’est le modding. En règle générale, le modding c’est un truc qui me passe totalement au dessus et dont je ne perçois pas vraiment l’interêt. J’y perçois surtout une excuse pour développeur feignasse et c’est vrai que Cities Skylines on est un peu en plein dedans: le jeu de base possède un nombre de bâtiments/monuments/cartes très limité et il manque des options incontournables dont ils espèrent bien que ça sera aux joueurs de faire le boulot à leur place. Et, oh god, le joueur ne se fait pas prier pour le faire et le Steam Workshop est plein à craquer de tout ce qu’il faut pour améliorer profondément l’expérience de jeu. Des trucs de base comme le terraforming, une gestion poussée du traffic… Je suis un peu intérieurement scandalisé de pas le voir dans le jeu de base mais bon, eh, c’est gratuit dans le Workshop donc je ne vais pas pleurer, I guess ? C’est ça la PC Master Race, I guess ?
En vrai y’a plein d’autres petits défauts qui peuvent être assez relous : le fait de devoir forcément lier un bâtiment ou un espace à une route ; les routes qui t’interdisent des angles assez funky ; le manque de clarté quand tu veux modifier une ligne en rajoutant un arrêt ; la gestion des véhicules de secours… C’est des petits défauts – et y’a sans doute des mods pour améliorer ça, duh – et ça ne ruine pas réellement le plaisir de jeu mais ça pourrait rendre le jeu encore plus agréable.
Du coup je vais paraître un peu hypocrite mais j’attends quand même avec beaucoup d’impatience les premières grosses extensions du jeu. Oui, je chie gentiment sur le modding, mais j’attends des extensions officielles sans me remettre en question. C’est mon coté Lawful Dumb, j’imagine. Déjà si on pouvait avoir un traffic optimisé, une plus grande quantité de parcs, de bâtiments et de monuments, la possibilité de construire des tunnels et un système de petit tramway à la Cities in Motion, je serais un homme comblé. Le fin du fin ça serait un gameplay de région à la SimCity 4, ou nos villes seraient interconnectées entre elles par autoroute, accès automobiles et voie ferré. Et puis une vraie OST, je dirais pas non même si, honnêtement, un jeu de gestion ça se joue avec la radio ou avec plein de CD dans le fond, sinon t’es pas dedans.
Après le jeu a quand même quelques bonnes idées qui étaient absentes dans Sim City: un vrai bon système de quartier qui permet de spécialiser des pans entiers de la ville, gérer tes transports par ligne ou bien une gestion rigolote des égouts et des cadavres. Dans l’ensemble le jeu reprend quand même 90% du fonctionnement de SimCity 4, et on ne lui en voudra pas réellement pour ça, tellement le jeu de Maxis avait, à l’époque, perfectionné la formule de ce qui fait un bon city builder.
Mais en l’état, en « vanilla » et même sans modding, Cities Skylines permet amplement de s’amuser et offre enfin un peu de neuf pour ceux qui se lassaient de SimCity4. C’est vrai que le monde du jeu vidéo de 2015 manque cruellement de jeux de gestion et on peut remercier Colossal Order de remplir ce vide avec un jeu rempli de bonnes intentions et vraiment modeste. Il y’avait un créneau de libéré après l’échec de SimCity il y’a deux ans, et c’est rassurant de le voir pris par un développeur passionné, y’a pas à chier.
En plus le jeu continue de te laisser la possibilité de renommer tes gares et tes stations de métro donc, forcément, je vais encore y passer trois ans juste à créer un simili réseau, teehee~.
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