Mangas & Animes

Epitanime 2017 – Bad Moon Rising

1992.

C’est en 1992 que la première édition d’Epitanime fut organisée au sein des locaux de l’école d’informatique EPITA, devenant de fait la première convention spécialisée animation et manga en Île de France. En 1999, le salon est co-organisé avec JADE, une association similaire organisée par des élèves d’école en commerce, qui en 2000 va ajouter à la 7e édition d’Epitanime un sous-titre fameux: Japan Expo. Dès l’année suivante, les deux associations splittent, Epitanime conserve la main sur sa convention en école tandis que JADE va organiser la seconde édition de sa Japan Expo ailleurs. Comme quoi, le monde est petit.

Karaoké géant à la fin de l’édition 2001, source: Prof Okashi

A partir de là l’Epitanime va se distinguer de son ancien-ami nouveau-rival en se concentrant sur la taille humaine et sur l’ambiance passionnée de son salon. Les sessions de nuit vont faire leur apparition, et l’idée sera de proposer aux visiteurs un week-end entier de festivités, qui vont des défilés cosplays aux projections en passant par les quizz, concours et sessions de jeu vidéo. En 2004, la convention profite même du lundi de Pentecôte pour durer 3 jours et 3 nuits, du vendredi soir jusqu’au lundi soir ! En 2005, la convention va même se retrouver dans une position délicate puisqu’en l’absence d’une édition de Japan Expo cette année là, elle devient de fait la plus importante convention de l’année en Île de France et donc, par extension, dans la France entière. Pas mal pour un salon organisé chaque année par des étudiants.

Néanmoins le début des années 2010 sera cruel: un trésorier se barre avec la caisse, mettant l’organisation de l’édition 2012 en doute ; les Nocturne Epitanime organisées durant l’année scolaire se font remarquer par leur mauvaise ambiance, au point que courant 2012 elles sont stoppées sur ordre de l’école ; l’édition 2013 est ruinée par la météo ; l’édition 2014 est annulée pour des raisons encore peu claires aujourd’hui… Bref, ça manque de chance mais, surtout, c’est le début du déclin de la convention. L’édition 2015 était censée marquée le retour du salon mais subira là aussi une mauvaise météo et, surtout, une communication timide qui pourra expliquer que les visiteurs ne seront pas aussi nombreux que prévu. Tant pis alors, on se disait: « bon, fallait se relancer, l’édition 2016 sera plus prometteuse. » Réponse ? Non. La convention était très loin de sa fréquentation de l’avant annulation de l’édition 2014. Bref, souvenez-vous, j’étais inquiet dans mon article de l’an dernier.

Comme d’habitude, mon portable meurt, son appareil photo aussi, mais j’ai quand même tenté de prendre une photo du karaoké 

Cette édition 2017 c’était, dixit un staff, « celle de la dernière chance. » 

Soyons très honnête et abordons tout de suite le souci: si, effectivement, c’était la conv de la dernière chance, alors Epitanime c’est fini. Car, tout simplement, et pour la troisième édition de suite, le public n’était pas au rendez-vous. J’ai connu des Nocturnes Epitanime en 2010 ou y’avait plus de visiteurs dans le bâtiment et ça c’est un peu déprimant. Je ne saurais même pas dire si y’avait moins ou plus de personnes que l’an dernier car, dans tous les cas, on reste dans une échelle basse. Et, vraiment, pendant tout le week-end, j’étais en train de me dire « ok, c’est bon, faut que j’accepte le fait que le Epitanime de 2009/2010/2011, il est bien derrière moi. » Ok, c’est ça de grandir et de voir les choses qu’on aime faner, j’imagine.

Ouais ok je suis très pessimiste, je le nie pas, mais en même temps j’ai plus trop envie d’y croire. En 2015 j’étais sorti un peu dans le déni, en mode « eh au moins c’est relancé et ça permettra de créer un élan pour l’édition 2016 » sauf que en 2016 ça restait peu fréquenté donc je commençais à être inquiet en mode « hola j’espère que 2017 ça ira mieux » et… bah non. Ca veut pas !

Epitanime semble désormais maudit par la pluie: très gros orage le samedi soir, peu avant la pause de 19h. Heureusement le temps a été plus clément le reste du week-end !

Mais le pire c’est que là lundi je m’amusais à lire les réactions des visiteurs sur Twitter et Facebook et beaucoup des gens qui ont parlés de la conv sur ces outils là c’était pour dire à quel point ils ont kiffés y être. Pas mal disaient être des premiers visiteurs, et beaucoup ont donc découvert à cette édition l’ambiance très à part de ce salon par rapport aux mastodontes que peuvent être Paris Manga ou Japan Expo. Pour eux, tant pis si cette Epitanime 2017 n’était pas au niveau d’Epitanime 2010 ou 2006: ils découvraient un nouveau format de salon, et découvraient le plaisir unique qu’on y trouve. C’est bien ! Les visiteurs ont aimés être là… c’est juste dommage qu’ils étaient pas plus.

Alors oui, on pourrait pointer du doigt la communication autour de cette édition, qui n’était toujours pas bonne. On a tous appris très tardivement que la convention, cette année, passait du format 2 Jours / 2 Nuits au format 2 Jours / 1 Nuit, lésant ceux qui avaient déjà reservés leurs hotels pour le week-end. Plus largement, le site Internet était certes très joli mais peu ergonomique – surtout sur mobile -, manquait d’infos importantes (comme un planning de tout l’événement) et n’a communiqué que très tard sur le contenu: on a appris la dernière semaine la venue d’invités lié au monde du doublage, et c’est la veille de la convention qu’a été publié le planning de la scène et le calendrier des conférences. Ok. Bon.

Du coup on avait sur les réseaux sociaux les CM d’Epitanime qui, quotidiennement, nous faisaient des petits posts et des rappels pour nous dire que « eh Epitanime c’est dans X jours », « eh regardez y’aura telle asso et tel espace » mais sans planning, sans plan, sans contenu précis, tout ça était juste, au mieux, abstrait. Et pas forcément très vendeur. Imagine t’es provincial, t’entends parler d’Epitanime pour la première fois, tu jettes un oeil sur leur site, tu vois rien de très clair, pourquoi tu te ferais chier à réserver un hotel et à préparer tes billets de train ? 

La chorale Negitachi a fait le show, comme à l’accoutumée. Toujours un plaisir à voir !

Maintenant pourquoi Epitanime aurait pas pu communiquer plus tôt sur des choses précises ? Parce que l’organisation a été ultra compliquée. Cette année, Epita a lancé pas mal de grands travaux dans l’école, du coup des salles et des étages entiers étaient hors d’accès. D’après les responsables qui se sont ouverts à moi sur la question, EPITA a rien fait pour aider, changeant en permanence quelles salles seraient dispos pour l’événement et mettant, en règle générale, pas mal de bâtons dans les roues. Ça n’excuse pas tout mais ça a le mérite d’expliquer.

Ce volte-face de l’école et ce mépris vis à vis de l’orga de l’événement, il pourrait aussi être expliqué par le fait que Epitanime… n’est plus aussi important à l’école qu’avant. Fut un temps pas si lointain où la majorité des élèves avaient découverts EPITA par le biais d’Epitanime. Ce n’est plus autant le cas aujourd’hui…

Le public d’un quizz Thalie répond avec enthousiasme (la bonne réponse est citée)

Mais bref, reste que la communication est l’énorme point noir de cette édition. Il était quasiment impossible de savoir facilement qu’est-ce qu’il se passait dans la conv. Pour savoir qu’il y’avait une conférence doublage le samedi, par exemple… il fallait l’avoir lu sur le site. Sur l’article publié la veille de la convention. Article qui donnait de toute manière un horaire erroné puisqu’au final ça s’est déroulé avec une demie-heure d’avance et que pour le savoir fallait regarder le compte Twitter de Epitanime au moment précis où ça se lance. Un cauchemar ! Alors que si il y’avait eu des plannings des conférences mis à jour et affichés à des endroits clés du salon, le problème aurait été un chouia réglé ! Idem: on a tous découvert à 23h pile qu’un éditeur et un mangaka français faisaient une petite conférence le samedi soir. Pourquoi on apprend ça au milieu du karaoké ?

Du coup les conférences se déroulaient dans des amphithéâtres avec maximum quinze personnes, et ça mes amis c’est un peu triste ! Pourquoi avoir du contenu et ne pas le mettre en avant ? Du coup c’était aux intervenants de faire leur propre promo: à Thalie on a eu la chance d’avoir nos affiches-programmes habituelles, collées à des endroits clés du salon, ce qui a permis à des gens de venir dans notre salle non pas par hasard mais parce qu’ils étaient intéresses par des activités précises. BulleJapon mettait quelques plannings de ci de là mais le reste des associations… ? Eeeeh. Ils sont passés plus discrètement.

 

L’arbre à souhaits, j’avoue en avoir lu pas mal comme un gros creep mais la majorité des voeux étaient très sérieux, y’en a même qui étaient tristes ;_; »

Dans les trucs un peu ambitieux de cette année, y’avait quand même le SALT. Un gros tournoi européen autour de Smash Bros. Eh, plutôt cool ! Du coup ils ont occupés tout le second étage, ça avait l’air bien mais… eh… encore une fois ça manquait de com autour. C’était quand les finales ? No lo sé. De toute manière si le SALT a du ramener du monde, c’est un public qui s’est pas mélangé à la conv. Y’avait ceux qui sont venus juste pour le SALT et ceux qui sont venus juste pour Epitanime mais jamais ces deux publics ne se sont mélangés…

Bon bref, je vais arrêter là parce que effectivement, j’ai jamais eu l’air autant blasé et négatif dans un article. Vous allez finir par croire que j’ai passé un week-end de merde à Epitanime alors que, non, c’était loin d’être le cas. Comme d’habitude, j’ai eu d’excellents moments à animer les jeux Thalie, le public était toujours présent et réceptif donc c’est top. J’ai pu parler à des gens que j’avais pas vu depuis quelques temps et ça aussi c’est cool. J’ai animé une conférence Shonen Jump dans une petite salle de classe face à quinze personnes ce qui, sur le papier, est déprimant, mais a en réalité été vraiment un moment excellent, particulièrement car je vous sentais vraiment attentifs et la liberté totale de l’exercice, sans stress et sans pression, m’ont donnés l’impression d’être Gérard Klein dans l’Instit mais qui parlerait longuement de pourquoi Straighten Up c’est trop bien. Bref, c’était un bon week-end sur le plan personnel. C’était même de loin le meilleur moment de ma semaine mais…

… je n’étais aussi mentalement pas vraiment en capacité d’en profiter énormément. Je vis des semaines difficiles ces derniers temps. Je suis mentalement épuisé. J’ai jamais abordé une Epitanime avec un mental aussi déficient. Si ce week-end était pour moi l’occasion de m’évader de problèmes personnels – financiers, professionnels, etc -, j’ai encore trop souvent rechuté pendant la conv, et oublié d’oublier mes problèmes. Du coup je n’étais pas… toujours fun ou toujours très curieux. J’étais encore trop dans ma bulle. Ma bulle en caca. 

L’espace fanzine était revenu au sous sol, comme en 2015. L’odeur d’urine en moins.

Du coup ça aide aussi à ce ressenti négatif que j’ai de cette édition. Si les problèmes de communication sont un véritable frein, j’ai aussi le sentiment de trop éclipser les choses positives qu’on peut y voir: j’ai par exemple trouvé très sympa tout l’Epifestival qui était dans le sous-sol ! Les staffs ont fait pas mal de trucs très rigolos, on avait un esprit vraiment typé kermesse de primaire et vu à quel point je kiffais les kermesses à l’époque, c’est vraiment un compliment. De même, les quelques heures que j’ai passé au karaoké étaient excellentes. J’avais déjà eu ce sentiment à une Nocturne en avril dernier, ça se confirme mais je pense vraiment que j’ai jamais connu un aussi bon karaoké à Epitanime qu’en ce moment. Y’a plus de relous qui gueulent de manière trop abusée, les playlists sont méga bien rythmées, on change souvent pas mal de genre et d’époque, c’est varié… bref, j’aurais pas eu des obligations associatives, j’aurais été facilement happé par le chant de génériques toute la nuit. 

La programmation de la scène était aussi assez éclectique, et tout le coin jeu vidéo avait un meilleur équilibre que les années précédentes. L’espace JVM avait encore une quantité variée de jeux et enfin, le retour de BulleJapon – en journée – me satisfait toujours même si j’ai jamais réussi à trouver le temps d’y faire un tour :(. 

Moi aussi je kiffe envoyer des shirukens, tkt

Donc voilà pour mes impressions sur cette 24e édition d’Epitanime. Vous pouvez le voir, c’est pas très positif mais je tiens du coup à vous le dire clairement: si 25e édition il y’a – et j’espère foutrement que y’en aura une – et que vous avez jamais fait d’Epitanime, allez y à l’aveugle. Le truc avec Epitanime c’est que même quand l’orga est YOLO, on y passe toujours un bon moment car la petite taille de l’événement fait que, de toute manière, on y fait toujours des belles rencontres ou qu’on peut s’immerger vraiment à fond dans sa passion avec ses potes ou avec les associations sur place. C’est pas une Japan Expo, c’est pas un Paris Manga, c’est vraiment une ambiance très à part, très simple, très modeste, qui est vraiment à vivre. 

Je pense sincèrement que le public d’Epitanime il doit changer de génération. C’est pas aux trentenaires-ou-presque dans mon genre, les mecs qui sont là depuis les années 2000, qu’appartient le droit de changer ou de renouveler Epitanime, surtout que nous on commence à avoir une vie personnelle chargée. Il faut toute une ribambelle de 20/25 ans qui découvrent la convention et se l’approprient comme nous on se l’est approprié par le passé. Il faut un souffle vraiment neuf. Je pense. 

Et cette nouvelle génération c’est, du coup, peut-être ces gens dont je parlais plus tôt, qui sont sortis d’Epitanime avec cette euphorie d’avoir découvert un autre type de convention. Ceux qui peuvent pas savoir que « c’était mieux avant » et qui, de toute façon, étaient pour certains même pas nés quand la première a eu lieu. Ceux qui ont appréciés cette édition d’Epitanime comme il le fallait et qui, peut-être, referont revivre ce bouche à oreille magique qui a fait continuellement prospérer la convention pendant vingt ans. Et ainsi retrouver cette jeunesse perpétuelle d’Epitanime qui la rendait encore plus différente que maintenant.

A vous de jouer, donc. 

Sur ce, je repars me coucher j’arrive vraiment plus à gérer les nuits blanches c’est dramatique, putain.

En attendant, hop, on démonte

 

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4 commentaires

  • Natth

    Bon courage…

    Concernant le kara, je me demande si la réussite n’est pas venue des listes qui circulaient souvent. Elles passaient beaucoup moins à l’avant-dernière nocturne (en mars) et j’avais trouvé le kara répétitif. Ce n’était pas du tout le cas ici.

    Sinon très instructive la conférence sur Nintendo et le jeu mobile. Je ne pensais pas qu’ils s’étaient développés à ce point dans ce domaine. J’ai bien aimé celle sur Persona aussi, même si je n’y joue pas (pas la console, pas trop le temps non plus). Ca m’a donné envie de retenter les animes (série et OAV).

  • PikaPika

    Gambatte ><

    Message un peu niais et classique mais je voulais dire que l'Epitanime a rallumé les petites étincelles dans mes yeux qui en avaient bien besoin.
    Alors certes, il n'y avait peut-être pas foule comme les années précédentes mais l'esprit chaleureux et motivé est toujours présent.
    Je voulais donc remercier du fond du coeur tous ceux grâce à qui l'Epitanime est toujours présente et remercier par-là même toute l'équipe de Thalie pour les jeux et les quizz drôles et entrainant.

    Merci pour cette petite parenthèse enchantée et en même temps bon anniversaire

  • Colossus_13

    Compte rendu intéressant d’Epitanime 2017 ; je voudrais revenir sur le lourd déclin de la convention depuis quelques années, qui m’attriste d’autant plus que c’était ma toute 1° conv (=> « Convention de l’Animation de l’Epita » en 2000 ^__^).

    Comme tu l’as dit, il y a eu un gros pb de trésorerie en 2010-2011 (en gros un responsable qui se barre avec la caisse) et il me semble que la conv de 2011 a eu lieu de justesse… Et ça s’est vu parce que le programme d’activités était plus light par rapport aux autres années (notamment sur scène) et il y avait moins de monde (la communication très tardive doit y être pour qq chose).
    Le gros du pb vient de là car les conv suivantes étaient assez en dessous quand je les compare aux éditions des années 2000, et ça s’explique assez facilement : gros trou dans la caisse, orga historiques de l’assos qui partent, budget en baisse, soutien moins important de l’école envers la conv, tensions internes, etc.
    Ce qui a abouti selon moi à l’annulation pure et simple de l’édition de 2014…

    La conv est revenue en 2015 (avec des ambitions et un budget bcp plus modestes), mais le mal est fait car le public ne répond pas présent… 2 ans d’absence (2013-2015) ne pardonnent pas dans notre monde hyper réactif ; pour y avoir été, il y avait bien 3 fois moins de monde que dans les années 2000 qui est la période de référence d’Epitanime, en terme de qualité et de nombre de visiteurs (6000 à 8000 selon les années).
    Les éditions 2016 et 2017 ont été dans la continuité de 2015, avec une convention qui sombre d’année en année et qui a bcp moins de moyen et d’ambition qu’auparavant.

    C’est tellement dommage de voir l’Epitanime tomber dans ce relatif anonymat en qq années car elle était tout simplement incontournable dans les années 2000-2010, c’était la conv de fans et passionnés par excellence, avec plein d’activités et d’assos (Epitanime et Tsubasa en tête !), une ambiance de folie et le sous sol rempli de boutiques, fanzines et stands professionnels (manga distribution, animeland, éditeurs DVD/mangas, etc.).

    Voilà, triste constat… Après il faut se dire tout simplement que la conv n’est plus ce qu’elle était, qu’elle repart de loin et que les orga ne sont plus les mêmes ; ce serait presque une nouvelle convention si elle ne portait pas le même nom et n’avait pas lieu dans les mêmes locaux ^__^ et c’est d’ailleurs un peu le pb je trouve

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