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Danganronpa V3 – On ne V que 3 fois

L’année qui vient de s’écouler aura été définitivement une extraordinaire année pour le jeu vidéo japonais: Zelda Breath of the Wild, Persona 5, Nioh, Nier Automata furent 4 jeux qui auront marqués durablement de leur empreinte le début d’année, au point où certains claironnent que, ayé, l’industrie nippone elle est enfin de retour après des années de galères qui auront poussés les développeurs du pays dans un certain anonymat. Je suis cependant moins d’accord avec cette analyse car le jeu vidéo japonais n’a jamais cessé de produire des bons jeux durant cette période, disons simplement… qu’ils étaient beaucoup moins grand public qu’auparavant. L’exemple alpha c’est ainsi la série Danganronpa. 

Si vous ne connaissez pas Danganronpa asseyez-vous car vous allez découvrir quelque chose de vraiment très unique. Déjà, le concept de chaque jeu Danganronpa « principal » est relativement simple: seize lycéens, chacun avec un talent très particulier (l’ultime astronaute, l’ultime artiste, l’ultime joueuse… ou l’ultime chanceux) sont enfermés dans un espace dont ils ne peuvent sortir, surveillés par un mystérieux robot nommé Monokuma. Pour s’échapper de cet espace clos ils ont cependant une possibilité: tuer l’un de leurs camarades. Mais ce n’est que le début: une fois le meurtre effectué et une fois que les autres élèves ont constatés la mort de leur camarade, ils ont le droit à un petit temps d’enquête avant d’être amené dans un tribunal où ils doivent décider ensemble qui est le meurtrier. Si à la fin ils votent pour le meurtrier, le meurtrier est exécuté sous leur yeux et les autres élèves retournent dans leur académie-prison, en attente du meurtre suivant. Par contre si ils se trompent, le meurtrier a le droit de s’en aller… et tous les élèves qui restent sont executés. 

Et donc à chaque fois on interprète un des personnages de ce jeu mortel qui va devoir, par ses mots et ses actions, enquêter sur le lieu du crime puis agir dans les procès, qui sont en gros des échanges de preuves et d’arguments, entrecoupés de quelques minis jeux pour changer le rythme. 

Et vous savez quoi, c’est de la bombe. 

Le fringant casting de Danganronpa 2

Jeu PSP voué à ne jamais sortir du Japon, surtout car il s’agit d’un visual novel très bavard (!) entrecoupé de mini jeux stupides (!!) avec une intrigue à base de lycéens s’entre-tuant (!!!), le tout premier Danganronpa avait su percer en Occident via, entre autres, la rédaction d’un excellent let’s play qui va faire découvrir le jeu à une ribambelle d’anglophones. Ceux-ci, par conséquence, vont s’acharner à patcher et traduire le jeu pour que ceux disposant d’un émulateur PSP (ou d’une PSP crackée) (ce qui est un pléonasme) découvrent l’univers barré de ce jeu qui se veut être un mélange osé et stéroïdé entre Phoenix Wright et Battle Royale, auquel on rajoute beaucoup de couleurs criardes et des personnages aussi subtils et nuancés que des catcheurs, avec des caractères bien définis et plus large que la vie, si vous me permettez l’anglicisme.

La diffusion d’une série animée en 2013 finira enfin de créer une réputation culte au jeu au sein de la communauté internationale des joueurs de jeux japonais. 

J’y avais joué à l’époque et j’avais beaucoup apprécié même si, comme je l’avais écrit, je trouvais le jeu comme manquant d’ambition: si il était un excellent divertissement, avec ce qu’il fallait de rebondissements et d’humour, il ne me semblait pas raconter grand chose et être un peu timoré dans sa conclusion. Néanmoins ce jeu pose les bases et permet d’enchaîner sur un Danganronpa 2 qui peut se targuer d’être un des rares second volet à être en tout point supérieur à son premier épisode. Ici on ne s’amuse pas à recycler la formule: on l’améliore grandement. L’univers est encore plus large, les personnages encore plus colorés, les crimes encore plus grandioses. Le jeu change même sa propre formule à quelques reprises et l’aspect méta est assumé. Bref, une tuerie, qui fait rire, pleurer, réfléchir et enrager. Une tourbillon de sentiments qu’on croyait impossible venant d’un jeu au design ultra excentrique et à l’humour parfois très grivois.

A partir de là, le jeu a eu une distribution officielle en Occident: d’abord via la sortie des jeux Vita traduit de manière officielle, puis via la ressortie des jeux sur PS4 et PC, des supports bien plus populaires que la console portable de Sony qui, même si elle reste la console parfaite pour nos besoins en jeu niché, empêche clairement à ses jeux de toucher un public très large. Entre temps, aussi, la série accueillit son premier spin-off, Danganronpa Another Episode, un mélange étrange de shoot, d’aventure et de puzzle game qui attriste autant par son gameplay qu’il enthousiasme par son histoire et ses idées. Oh, et je ne parle pas des animés Danganronpa 3, sortis l’an dernier, et censés servir aussi bien de suite au premier Danganronpa que de prequel au second mais là je vous avouerais qu’on rentre dans des bails où je suis vraiment pas enthousiaste.

« Oh non ça crache encore sur les animés !! »

Tout ça pour dire que Danganronpa V3, en grand retour de la « formule » Danganronpa, était attendu de pied ferme. Et le voilà donc qui débarque sur PS4 et Vita ET PC d’un seul coup, et en France on est particulièrement gâté parce que pour la première fois le jeu EST TRADUIT EN FRANCAIS. Bref, avec cet épisode V3 on sent que la franchise veut marquer un grand coup et plus se cantonner à sa niche. Ambition plus que noble, surtout dans une année où les gens se sont déplacés en masse pour acheter du Nier et du Persona, donc eh, c’est LE bon moment. 

Mais, en même temps, on a beau être impatient d’y toucher, on ne peut que se poser une question avant de mettre les mains dessus: est-ce que ça sera au moins aussi bien que Danganronpa 2 ? Est-ce que ce second volet était pas déjà quasi parfait ? Que dire de plus ? Est-ce que Danganronpa peut encore surprendre ? Et même, avant la surprise, ce Danganronpa V3 peut t-il réussir à attirer à lui tout seul un nouveau public ? Réussira t-il à être accessible sans décevoir le fan exigeant de la première heure ?

Beaucoup de questions et, ok, je vous spoile le reste de l’article: Danganronpa V3 arrive à beaucoup de choses, et c’est un excellent jeu. Temps pour moi d’expliquer, donc.

Parce que la série Danganronpa repose évidemment beaucoup sur le mystère de son intrigue et sur l’état de santé de son casting, cet article n’aura aucun spoiler sur l’intrigue. Les screenshots se limitent au premier chapitre.

Vous noterez également que les screenshots qui illustrent cet article sont en anglais: ayant joué à la version PS Vita, je n’avais pas accès à la traduction française qui devrait être disponible gratuitement en DLC le jour de la sortie. 

Mais eh, y’a des bonnes répliques en VA

Tout d’abord, pas de surprises: Danganronpa V3 est un jeu de massacre comme l’était les précédents. Même intrigue, donc: seize lycéens aux talents très particuliers et aux styles très variés se retrouvent enfermés dans un espace clos à devoir cohabiter, le tout sous les yeux interessés de ce vil Monokuma qui va, à son habitude, tout faire pour que ses petits champions s’entretuent. Pas de changements à la formule, tout le monde est content, surtout moi qui n’a pas à réexpliquer le scénario. Sachez juste que, comme d’habitude, si le jeu reprend les bases posées par le premier Danganronpa avec un découpage des chapitres en 4 parties (exploration des zones débloquées / temps libre pour augmenter ses relations avec les autres personnages / meurtre et enquête / procès et exécution), cela n’empêchera pas l’intrigue d’aller au délà du killing game et verra nos personnages pas mal s’interroger sur leur passé et, surtout, sur l’état du monde autour de ce dôme. Et si comme d’habitude, la majorité des personnages ne veulent pas tuer, Monokuma saura manipuler les sentiments de chacun pour que les crimes se déroulent quand même, quitte à nous faire ressentir beaucoup de pitié pour les coupables…

Au total le jeu est d’une durée vraiment convenable: il me semble l’avoir fini en une trentaine d’heures… sachant que je me suis fait ce week-end deux sessions d’une quasi douzaine d’heures d’affilée.

Car oui, la magie Danganronpa opère toujours et quand on commence un chapitre, on a vraiment du mal à le lâcher: on veut d’abord savoir quelle nouvelle zone on a débloqué, ensuite on veut montrer ses relations avec sa waifu et/ou son husbando du casting, arrive alors le moment où on sent que le meurtre va débarquer avec ses gros sabots, du coup on reste au moins jusque là pour voir qui c’est qui va mourir… 

Mais dès qu’on le sait, on enquête – ça se fait plutôt vite – et on a pas le temps de réfléchir que voilà qu’on entre dans le procès et là c’est de toute façon foutu on sait qu’on va pas dormir ce soir car on veut savoir toute la vérité le plus vite possible. Y’a jamais vraiment le temps pour le joueur de se dire qu’il ferait bien de faire une pause !

D’autant que pour le coup, Danganronpa V3 rythme vraiment bien ses chapitres: par exemple, les autrefois fastidieux temps d’enquête sont non seulement assez courts mais on est en plus pas mal pris par la main, du coup on perd plus son temps à faire des aller/retours inutiles dans l’école et on va à chaque fois directement à l’essentiel. Chaque élément trouvé sait en plus piquer la curiosité du joueur bien comme il faut tant certains ont l’air éloignés de l’affaire en cours… mais sauront jouer un rôle précieux en procès, bien comme il faut.

Enfin, vous me direz, le fait qu’on se passionne autant pour le contenu du jeu est aussi un signe certain que le casting est de qualité. Je vais être honnête: il est arrivé un moment dans le jeu où je savais que de toute façon le meurtre et le procès qui allait arriver j’allais douiller parce que tous les personnages qu’ils restaient je les trouvais vraiment sympas. Je ne vais pas vous faire une critique complète des seize personnages qui participent à ce jeu mais tous jouent leur rôle et ont leur moment de gloire, leur moment fort… C’est sans doute le premier Danganronpa où même ceux qui meurent tôt restent fortement dans la mémoire du joueur et nous reviennent souvent en mémoire. 

Si je dois citer quelques coups de coeurs, allons y malgré tout: évidemment, j’adore Kaede en tant que protagoniste, une boule d’énergie et de chouette caractère, qui possède le bon goût d’être genki tout en n’étant pas naïve, et qui va vous surprendre à plusieurs moments par son pragmatisme et sa capacité de recul. Là ou Hajime et Makoto m’auront jamais tant marqués que ça, le tempérament fort de Kaede est un bon souffle d’air frais qui fait du bien là où il passe. Une autre très bonne surprise est le personnage de Kaito, qu’au départ je prenais pour l’archétype classique du « Kamina » – en aussi idiot – mais qui saura vous épater à plusieurs reprises grâce à des petits éclairs de génie et un discours positif parfois nécessaire dans l’univers compliqué que peut être un Danganronpa. 

Sinon y’a encore quelques valeurs refuges: moi par exemple la vulgarité totale et décomplexée je suis toujours ok donc le personnage de Miu l’ultime inventrice je suis au giga taquet. Quand à Japan Expo Kodaka parlait d’elle comme le personnage le plus vulgaire de la saga, non seulement il avait raison, mais je soupçonne qu’à elle toute seule elle soit aussi vulgaire que tous les autres personnages de la franchise cumulé. Son langage est tellement fleuri qu’elle peut racheter tous les Jardiland de la moitié du pays, c’est assez incroyable.

Danganronpa ne serait rien sans un personnage qu’on adore haïr donc après ce connard de Byakuya et cette saloperie de Nagito, V3 nous offre cette petite merde de Oma, l’ultime maître du mal, un titre qui en dit déjà long sur la capacité de nuisance qu’il va vous offrir. Et il va pas vous décevoir, rassurez-vous ! Il ment, il manipule, il trolle, il sabote, bref, il est comme du piment: on l’aime bien à petite dose pour relever le goût mais dès qu’on est en contact avec plus de 5 secondes, on a mal partout, envie de vomir et y’a un ulcère qui pousse. Mais dans tous les cas, il joue parfaitement son rôle et il joue son rôle d’antagoniste constant avec brio, ce qui est tout ce qu’on lui demande.

Enfin, les deux personnages de Himiko et de Shuichi sont également à relever. Ceux-ci ne paient vraiment pas de mine au départ du jeu mais réussissent à trouver une évolution intéressante tout le long de leurs vies dans le jeu. Même si, honnêtement, ils ne sont pas les seuls: tous les personnages évoluent et savent dépasser, à terme, leurs archétypes. Disons juste que dans le cas de ces deux personnages, les voir briser leur coquille et apprendre à s’affirmer est un sentiment vraiment plaisant. Puis, bon, Himiko elle fait des « nyé » rigolo et, parfois il me suffit de peu de choses.

Enfin ne nous mentons pas: dans Danganronpa on est pas là que pour l’intrigue et les personnages, on est aussi là pour assister aux crimes les plus wtf de l’industrie ! Et si on croyait avoir tout vu avec les deux premiers jeux, la Team Danganronpa a su se casser la tête pour trouver des meurtres originaux, variés, et avec des méthodes toujours aussi excentriques pour les exécuter. Par contre, la qualité n’est pas régulière: deux chapitres en particulier sortent vraiment du lot grâce à des meurtres particulièrement exquis, dont l’un va carrément manquer de détruire le jeu lui-même. Si vous trouviez le chapitre 5 de Danganronpa 2 maboul, accrochez vous à vos sièges car là on est au stade supérieur niveau mindfuck et niquage des règles. 

A l’inverse, il y’a clairement un des chapitres qui est très en deçà des autres. Si je ne dirais pas lequel c’est – on est dans le genre de jeu ou même dire quel chapitre est un peu mou peut être une surprise en soi – sachez juste que non seulement il ne développe absolument pas des idées qui pourraient être tout à fait révolutionnaires dans le méta Danganronpa mais en plus il ne cache absolument pas qui va mourir et quand. Même l’assassin est super évident, le jeu ne faisant rien pour particulièrement le camoufler. Le seul mystère étant moins qui c’est que comment il a fait. C’est dommageable, donc, mais en même c’est si rare – voire même unique – que Danganronpa soit aussi prévisible que, encore une fois, en tant que joueur, on en sort un peu déstabilisé. C’est donc pas inintéressant pour autant !

L’autre vrai petit truc qui m’a un peu saoulé dans V3 c’est les Monokubs, ces bébé-Monokuma qui, par groupe de 5, viennent se rajouter à leur « papa » pour gérer le jeu. Autant vous le dire: ils sont voulus pour être insupportables et ils le sont totalement. Ils passent leur temps à interrompre les conversations, racontent de la merde de manière hystérique, apportent pas grand chose à ce qu’il se passe et se permettent souvent d’être des deus ex machina à leur insu. J’ai bien conscience que le jeu m’a emmené là ou il voulait m’emmener mais parfois ils allongent beaucoup trop les discussions pour que je sois vraiment heureux de les voir. Bon, bref, n’ayez pas d’attente particulière pour eux.

Tout comme il ne faut pas en avoir énormément pour le monde à explorer: beaucoup plus sage que pouvait l’être l’archipel de Jabberwocky dans le 2, tout est très condensé en un espace finalement assez limité. Si c’est un peu décevant au départ (où est mon île parc d’attraction), ça prend sens à la fin du jeu et ça permet des allers-retours beaucoup plus simples à pas mal de points de l’intrigue. Je trouve juste dommage que le concept des « ultimes labos » – chaque personnage du jeu a sa salle attitrée – soit un peu sous-exploité. Mais là j’ai le sentiment de chipoter car il s’y passe déjà pas mal de choses !

En vrai le seul défaut important que je pourrais signaler est inédit à la version Vita: les sprites des personnages sur cette version semblent vraiment mal détourés. Les mèches de cheveux, en particulier, pixellisent pas mal. J’ai pas constaté un tel souci sur PS4 ou sur PC donc je vais miser sur le fait que la version Vita soit juste moins soignée que les deux autres, ce qui est un peu triste. Après ce n’est pas dramatique en soi mais quand en plus c’est la seule version où les voix japonaises sont pas intégrées directement dans la cartouche manque de place, les petits soucis d’inconforts commencent à s’accumuler. Mais bon, après, le jeu fonctionne très bien pour une consommation nomade donc, eh, y’a pas tout à jeter.

(Puis le jeu est aussi beaucoup moins cher sur Vita, ça peut jouer.)

Avant-dernier point à évoquer: les procès. Comme d’habitude, les mini-jeux sont tous modifiés par rapport aux jeux précédents, tous pour le meilleur. Ainsi le Hangman Gambit est enfin sympa à jouer, là ou dans le 2 il m’avait toujours paru quasi impossible d’en finir un sans perdre de la vie. Idem pour le jeu de rythme qui conclut souvent un procès, un peu plus simple à comprendre et assimiler que les précédents. Quant au surf-vérité, il est remplacé par un taxi-verité beaucoup moins speed, plus lisible et avec une inspiration Outrun qu’on ne déteste pas.

Quant aux débats classiques ils apportent deux très bonnes nouveautés: le Mass Panic Debate qui va vous forcer à surveiller TROIS DISCUSSIONS SIMULTANÉES (c’est top) et, dans les débats plus classiques, la possibilité de… mentir. Ce qui va être important à des moments précis, même si, pour être honnête, j’ai souvent commencé à mentir uniquement quand j’ai perdu la moitié de ma vie à tester des preuves sur toutes les déclarations qui me paraissaient avoir vaguement un rapport. Faut acquérir le réflexe !

Mais le clou des procès c’est une nouveauté et c’est le moment ou tout le monde est divisé en deux groupes: les Debate Scrums. La musique défonce, le concept est simple à assimiler et y’a des chouettes illustrations. On en aimerait limite plus.

Bref, les minis jeux de V3 sont plaisants, et les gars de Spike Chunsoft semblent en être plutôt fier vu qu’on a la possibilité de les rejouer en boucle au casino du jeu. Petits malins !

(le logo NIS America très mal placé sur les screens, là ou ça aurait été judicieux de le placer de manière à camoufler le numéro du chapitre :((( )

Bon, allez, plus de suspens, temps de passer à mon opinion globale sur le jeu: je l’ai trouvé vraiment excellent. Comme je disais en début, j’étais un peu inquiet à l’idée qu’il soit moins bon que le 2, un peu refroidi que j’avais été par les animés Danganronpa 3 que, niveau écriture, je ne trouvais tout simplement pas au niveau. J’avais peur que ce V3 soit un peu forcé mais, en fait, le jeu m’a très vite collé une énorme tarte dans la gueule. 

C’est un jeu beaucoup plus cruel que ses prédécesseurs: l’humour m’y a paru plus noir, les meurtres plus froids et les exécutions sont d’un macabre incroyable. Le joueur est en plus vraiment manipulé de bout en bout jusqu’à la conclusion du jeu, fascinante. C’est compliqué d’évoquer V3 sans évoquer sa fin qui, je pense, en fera hurler plus d’un, donc sachez juste que moi je l’ai trouvé particulièrement maligne et je considère qu’il s’agit d’une conclusion idéale pour toute la franchise. 

Mais je peux concevoir que certains la trouveront un peu malhonnête. Encore une fois: ça ouvrira des débats. Et vaut mieux ça qu’une fin planplan et en tire-bouchon, comme pouvait l’être celle du premier jeu !

Maintenant, vous vous posez peut-être la question, vu qu’il est le seul à être en français, et vu à quel point il est facile d’accès, est-ce que c’est pas le Danganronpa idéal pour s’y mettre ? Je vais être honnête: si vous pouvez lire l’anglais, faites vous Dangaronpa 1+2. D’une parce que ça reste des très bons jeux (surtout le 2, je le rappelle), de deux parce que, surtout, V3 reste lié aux deux premiers jeux et ceux-ci peuvent vous être spoilés par le V3. Ca paraît con ce que je dis, mais la communication autour du jeu est très ambiguë là dessus donc je vais vous le confirmer clairement: des événements des deux premiers jeux sont évoqués dans ce V3. Je vous dis pas comment, je vous dis pas pourquoi, je vous dis pas à quel point, sachez juste que si vous avez fait les deux premiers (juste les deux premiers, pas Another Episode) vous partez tranquille.

Néanmoins, ils ont pensés aux nouveaux joueurs et les références essentielles sont expliquées longuement pour que personne ne soit largué. Donc, en l’état, oui, vous pouvez commencer la franchise par le V3. Rien ne l’empêche. Ça sera juste plus confortable pour vous de faire les deux précédents. 

Et dans tous les cas, faites vous donc la démo. Si vous avez jamais touché à un Danganronpa, elle reste idéale pour comprendre l’esprit très particulier de cette franchise, capable de tuer des adolescents de manière extravagante puis, dans l’heure qui suit, de vous faire une référence à Jojo suivi de dialogues sur les seins qui suintent.

(C’est un screen issu de la démo, qui offre un scénario inédit impliquant les héros des jeux précédents, paniquez pas)

Je vais donc être clair: en 2017 j’aurais joué à trois jeux extraordinaires, c’est à dire Breath of the WildPersona 5 et ce Danganronpa V3. Je ne veux pas m’enflammer trop vite mais, très clairement, Danganronpa V3 m’a fait ressentir des émotions beaucoup plus fortes que les deux autres jeux. J’ai ri, j’ai pleuré, j’ai aussi vraiment ragé – y’a un des chapitres, quand il s’est conclu sur l’execution, j’étais tellement deg que j’ai éteint la console et je suis parti me coucher en fulminant -, mon cerveau a été sans cesse actif et j’ai été surpris voire épaté par plus d’un rebondissement. Je trouve que c’est un jeu admirable, une sorte d’ultime divertissement qui n’a pas peur de ménager son joueur et de lui en offrir beaucoup. 

Mon seul regret, au final, c’est de pas avoir été assez patient pour tester la traduction française, pour laquelle je mise beaucoup d’espoirs tant Danganronpa est un jeu qui permet une liberté créative assez dingue pour des traducteurs suffisamment talentueux – et ce pays n’en manque pas, contrairement à ce qu’on peut affirmer. En attendant, jetez vous dessus si les jeux barrés et différents vous attirent et que lire beaucoup ne vous dérange pas: Danganronpa V3 est une expérience qu’on ne croise définitivement pas tous les jours. 

Le jeu a été testé depuis une version fournie par l’éditeur français, Koch Média.

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4 commentaires

  • HymHym

    Vraiment sympa ton article, j’ai hâte de mettre la main sur ce troisième volet !!! Tu pourra nous faire un retour sur la qualité de la traduction française ?

  • Zure

    Très bon article comme toujours!

    Pour information, la traduction française est pas mal en soi. Même si j’ai l’impression que Gonta perd un peu de caractère au passage.

    Ce qui n’est pas acceptable, c’est qu’il y a un bug qui touche uniquement le FR sur la 2eme affaire (dans la dernière ligne droite). Il est impossible de terminer le procès…
    Du coup, obligé de mettre la console en anglais, de se retaper le procès à partir de l’entracte.

    (Par flemme je continue en anglais).

  • Yattoz

    La trad française a beaucoup de points remarquables. Déjà, les jeux de mots ont été traduits du mieux possible, et ça déchire. Les « Bonjour’s ! » pour « Ohakuma », les « A pluche » pour les « byekuma », le langage fleuri de Miu, impeccable. Vraiment, en beaucoup de points.
    Seule ombre au tableau, il a de temps en temps des coquilles (vie fatate), qui montrent que y’a pas forcément eu de grande relecture, mais vu la longueur du script, on peut comprendre.

    Ouais, grand jeu. Je viens de le terminer, c’est vraiment… UNE TUERIE. HAHA. DRÔLE.

    >> SI VOUS CONNAISSEZ PAR COEUR LES PAROLES DES CHANSONS DE TOOL (groupe de métal progressif), LA PHRASE SUIVANTE PEUT ÊTRE UN POTENTIEL SPOILER

    Sinon,les propos du jeux m’ont fait beaucoup beaucoup penser aux paroles d’une chanson : Vicarious, de Tool. Je trouve que les propos tenus dans la chanson colle très bien aux propos du jeu. Et c’est d’autant plus frappant quand on considère « de qui » chacun parle… Vicarious, c’est une vrai chanson bien réelle d’un groupe de metal engagé… Voilà, au pire allez les lire si vous avez fait le jeu.

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