Mangas & Animes

Une question de (sous-)genres

Coucou les cocos, j’espère que vous allez bien ! Moi je suis partagé: je me sens pas ouf niveau moral pour des raisons qui m’échappent, et je suis partagé entre l’excitation d’aller en Allemagne ce week-end pour visiter la Dokomi et la tristesse de plus avoir de fibre depuis quelques jours parce que des gus ont décidés un matin de cartonner mon placard fibre. Bon ok c’est pas le seul vecteur du petit spleen que je me trimballe en ce moment mais comme d’habitude quand je me sens pas ouf mon cerveau fait ce qu’il fait toujours: il réfléchit sur plein de trucs chiants. Et là par exemple, il a profité de ma dernière douche pour partir dans un délire qui, il est vrai, m’ennuie pas mal: « putain les genres dans l’animation japonaise, ça emmerde tout le monde, non ? »

Oh avant que vous vous emballiez, précisons que quand on parle de genre ici on parle du terme servant à déterminer la thématique, le « genre » d’une série animée. Vous savez: action, mystère, romance, et caetera. Les trucs de base, bien utiles pour décrire très vite une série, et le regrouper/comparer avec d’autres. Rien de plus évident à dire que des choses comme « Detective Conan est un animé de mystères », « Made in Abyss est une série d’aventure » ou « Your Lie in April est un drame, comme Clannad. » Juste avec ces phrases, bam, vous présentez la base d’une série et quiconque peut comprendre en moins de quelques secondes quel début d’ambiance envisager dans le délire que vous évoquez.

Mais nous les fans de culture japonaise, on est vraiment trop con alors des genres on en a inventé des tonnes. Par exemple, on est le genre de personnes à se mettre dans des situations où on débarque en discothèque (oui je sais c’est pas très réaliste comme situation mais écoutez je dois trouver un exemple), on parle de ReZero à un pote qui était là et là quelqu’un va débarquer, demander c’est quoi ReZero, nous on va répondre « oh facile, ReZero c’est un isekai » et y’a une chance loin d’être mince que cette personne fasse une tronche dénuée de toute expression de compréhension du terme qu’on a utilisé.

Et en vrai, je vais pas plaindre les non-initiés de pas comprendre: moi aussi le bon gros otaku en phase terminale plus ça va moins je comprends les genres qu’s’est crée. Et vu que j’ai tendance à constater que tout le monde à souvent sa propre définition personnelle de chaque genre, je commence sérieusement à me demander si en fait, depuis le début, personne comprends ces termes et on fait tous genre on les utilise en sachant ce qu’on fait alors qu’en fait pas du tout.

Et si on faisait tous… semblant ? Et si l’imposteur dans le vaisseau amogus de la communauté otaku c’était tout le monde à la fois ?

Pour cet article, je reviens aux bases de l’histoire du blog et j’illustre avec des fanarts que je trouve cool. Thématique spéciale vtuber aujourd’hui car en plus je décide de vous vous chouchouter ! Et on commencer par une Reimu Endou par nnnagihiko !

Déjà, ouais, restons sur Isekai. C’est ouf, ce mot il a débarqué de nulle part quelque part entre la fin de l’année 2016 et le début 2017: je suis certain qu’un jour je suis revenu de déjeuner au taf, je me suis installé sur mon bureau et paf surprise quelqu’un l’avait foutu partout sur les sites internets que j’avais l’habitude de fréquenter au lieu de scanner des centaines d’accusés de réception pendant mes pauses réglementaires. Je pense que c’est parce que le mot était dans le nom complet de ReZero donc soudainement ayé c’est bon il était officiel et utilisable selon l’administration.

Mais le délire c’est qu’on s’est tous mis à l’utiliser sans vraiment finalement savoir ce que ça désignait réellement. Le mot il était officiellement reconnu par l’ONU des mots otakus depuis à peine une heure qu’on était déjà là à se taper le kiki pour savoir si Sword Art Online c’était un Isekai ou pas. D’un côté on nous dit sans le moindre filtre des phrases comme « mais ça peut pas être un Isekai c’est pas un monde parallèle dans lequel le héros est projeté » de l’autre ça balance des termes du genre « c’est un Isekai, Kirito est projeté dans un autre monde qui n’est pas son quotidien et qui est géré par ses propres codes, qui impliquent entre autres un second départ. »

Tout le monde semblait avoir sa propre définition de l’Isekai, entre ceux qui partaient du principe que ça désignait la méthode utilisée pour un récit de lancer son intrigue (= l’envoi dans un monde parallèle), d’autres que ça désigne principalement les codes narratifs gérant le récit et encore d’autres qui semblent placer le mot « isekai » pour décrire finalement une mouvance précise de récits à l’origine similaire (adaptations de webnovel/lightnovel racontant les aventures de héros dans un monde qui n’est pas le leur.) Oui parce que y’a du coup aussi les mecs un peu smug qui sans doute pour montrer qu’ils sont très malins balancent des « mais du coup Le Voyage de Chihiro est un isekai, héhé 😊 » – tout comme y’a les mecs tout aussi prétentieux qui vous diront très sérieusement premier degré « Le Voyage de Chihiro n’est pas un isekai, héhé 😊. » Car oui, nous vivons dans une société – et nous sommes tous très intelligents 😊.

Bref, alors, déjà que tout ça ça a demandé un bon stock de Doliprane pour être appréhendé alors imaginez quand à peine quelques jours plus tard ça commence à balbutier des termes comme « non mais attention faut pas confondre les Isekai avec les Tensei, mais si tu sais les tensei, les récits de réincarnation » – y’a moyen d’envisager une ablation du cerveau pour arrêter de réfléchir et de penser parce que ça escalade beaucoup trop vite !

Très belle Enna Alouette par piropiroks ! (J’en profite pour vous recommander l’excellent concert Higurashi d’Enna)

Et attention je suis pas là pour faire le trentenaire blasé qui voudrait insinuer que la vie était plus simple avant parce que putain nous aussi on a nos délires, qu’en plus on a décidé de transmettre aux plus jeunes générations comme nos vieux nous transmettent eux-mêmes leurs dettes et leur marché immobilier pété. Moi par exemple en 2008/2009 j’ai assisté à la naissance et à la démocratisation d’un terme que plus les années passent moins je comprends, c’est à dire tranche de vie. Ou slice of life si vraiment vous avez décidé que les américains ont plus d’importance sur votre vocabulaire que le fait d’être compris par vos concitoyens.

Bon ok à la base j’avais vu ce terme apparaître pour décrire Lucky Star ou K-On, je visualisais vaguement l’usage: ça décrivait plus ou moins ces séries dans laquelle on est surtout là pour suivre le quotidien « normal » d’héros ou d’héroïnes. Bon ok c’est assez clair si on pose ça dans ce contexte précis avec ces exemples précis. Mais plus ça va plus le terme commence à être une sorte de gros gloubi-boulga, qui commence à être utilisé dès que la moindre oeuvre se concentre sur autre chose que sur la résolution d’une intrigue qui serait sombre, mature et (optionnellement) complexe. Puis au bout d’un moment, si ça se passe de nos jours, avec des persos lycéens et que ça essaie de dépeindre notre « réalité » sans élément fantastique ça commence de plus en plus à être qualifié de tranche de vie sans le moindre remord. Your Lie in April commence à être décrit sous ce terme (hein ?), idem pour March Comes in Like a Lion (quoi ?), AnoHana (pardon ?) ou bien Violet Evergarden (plait-il ?)

Moi je suis perdu: je pensais à la base que ça voulait surtout parler de filles mignonnes qui font des trucs mignons. « Mais non Amo » me répondrez-vous, « le truc dont tu parles ça c’est du CGDCT !! »

Pardon, du QUOI ????

Salome vous prépare amoureusement ses plus beaux yahourts à base de desu wa (Art : kasumi_kurage)

Ah oui car sur Myanimelist on parle de CGDCT pour Cute Girl doing Cute Things, c’est donc à priori un sous genre de la tranche de vie centré sur les héroïnes qui font des trucs mignons et reposants parce que ayé on est dans ce délire là on commence à utiliser plein de sous-genres. Ça avait tellement bien réussi au monde de la musique, ça avait tellement aidé à rendre ce monde clair et accessible, c’est très bien !

Mais moi du coup qui suit un vieillard qui pendant tout 2008 me suis tapé une armada d’influenceurs (à l’époque c’était des blogueurs on avait pas mieux) qui m’expliquaient que tranche de vie c’était équivalent au genre japonais de l’iyashikei un genre qui justement évoquait le fait de raconter des quotidiens paisibles et fantasmés avec un rythme souvent posé et chaleureux, je suis là à devoir accepter l’idée que fuckin’ Violet Evergarden est « acquis » pour faire partie de ce genre ? A quel moment je me suis retourné trop longtemps pour pas avoir perçu ce changement ? Quelle institution officielle a validé ces modifications ? Pourquoi j’ai l’impression désagréable que « slice of life » est devenu synonyme de « oui y’a un ou deux épisodes où l’intrigue évolue moins vite et où on se concentre sur la vie des personnages donc on a mis ça là : ) » ?

Quoique non, j’ai même l’impression que parfois les gus se disent « y’a pas 300 pages d’intrigue, du coup c’est du tranche de vie », genre c’est même presque une critique diplomate en mode « allez on les met là vos animés où y’a pas de bastons et où on s’ennuie un peu : /. »

En conséquence, regard très dur de la reine des sirènes, Finana (art: Vergil_Mon)

Alors ok peut-être que je suis resté dans un monde où « tranche de vie » était lié à des animes qu’on pouvait qualifier de « comédie » et peut-être que je dois accepter que « tranche de vie » peut aussi se lier à des « drames » mais quel bordel, ce terme est utilisé de manière de moins moins naturelle avec le temps. De toute façon c’est un terme qu’on utilise souvent en second – on qualifiera toujours en priorité K-On, Yurucamp ou, je sais pas moi, Azumanga Daioh de comédies avant de parler de « tranche de vie. » Idem, je pense que personne parle avant tout de Violet Evergarden, AnoHana ou Haibane Renmei comme des « tranches de vie » – avant tout comme des « drames. » Tranche de vie ça a jamais été un terme qui « tombait sous le sens », ça a toujours été un terme utilisé avant tout par des initiés.

Car ouais si on regarde un peu autour de nous, personne d’autre utilise ce terme dans les autres médias – personne est revenu du dernier film de Kervern et Délepine en disant « wah très bien Effacer l’historique c’est vraiment un des meilleurs représentants français du genre tranche de vie. » Faut bien se le dire: même si le terme a quelques bases théâtrales, « tranche de vie » c’est vraiment une dénomination qu’on s’est imposée à nous même, comme des gros blaireaux qui pouvaient pas se contenter de « comédie » ou de « drame » pour décrire quelque chose. Il nous en fallait plus.

Chima Machita, elle, elle nous traiterait pas comme ça de gros blaireau: elle chanterait qu’on est des gros blaireaux. Avec une très belle voix ! (Art: ame8desu)

Gros blaireau est peut-être un peu agressif comme terme, mais est-ce que finalement on le mérite pas ? Je veux dire on est aussi la commu qui continue encore et toujours de s’enfermer dans le terrible triangle qu’est celui de shonen, shojo et seinen. Parce qu’on est des génies putain: on a vu ces mots qui déterminaient les démographies des magazines de prépublication au Japon et au lieu de les conserver dans ces définitions, on a décidé en pur YOLO d’en faire des genres. « Ouais ouais mon genre favori c’est le shonen » ah super ça veut dire que tu adores autant Dragon Ball que Nisekoi, Death Note et Flying Witch ? Vous êtes plus du genre à vous dire « fana de seinen » et donc à insinuer que vous adorez autant Bonne Nuit Punpun que K-On! ? Aie aie aie…

Bon après c’est pas 100% notre faute: ça a longtemps été un des moyens favoris qu’ont eu les éditeurs et les vendeurs de ranger les mangas et même si ça a tendance peu à peu à disparaître, ça nous a matrixé. On a vu Death Note dans le rayon seinen on a cru que c’était pour adulte, erreur bête mais qui pourrait nous blâmer ? Et puis bon ça nous arrangeait aussi l’existence du genre « shojo »: comme ça on pouvait gentiment le mépriser et dire que « de toute façon c’était pas pour nous » afin de mieux justifier notre absence totale de curiosité. C’était plus facile !

Mais bon du coup avec tout ça on a commencé à se rendre compte de l’absurdité du terme « shonen » et on a décidé d’être encore une fois très intelligents: on a crée plein de petits sous-genres ! On a inventé de toute pièce « nekketsu » pour désigner les mangas avec beaucoup de bastons et de héros courageux. On aurait pu rester sur « manga de baston » mais… c’est un mot français, baston, c’est beaucoup moins cool que SANG BOUILLANT EN JAPONAIS ! Idem: les mangas avec des délinquants comme héros, on va pas rester sur « manga de baston » c’est trop vague c’est pas assez spécifique ça nous permet pas de nous investir émotionnellement donc on va appeler ça… le furyo ! C’est clairement son propre genre parce que euh… eh… tous les héros sont euh… des furyo… eh oui ! C’est pas compliqué de créer un genre: suffit de trouver un point commun entre différentes œuvres ! On improvisera le reste au fur et à mesure pour faire genre notre sous-genre il est profond, il a une histoire, et tout !

Non ok je vais pas mettre que du Nijisanji ! Vous méritez bien une très cool Mori Calioppe par fudune_331.

Car ouais de toute façon ce ptit jeu des points communs on le fait depuis longtemps avec des genres comme le genre « mécha » qui désigne… bon bah euh… les oeuvres qui ont des méchas dedans, quoi ! Ca permet aux fans d’avoir des phrases de ouf comme « J’aime pas les animés méchas d’habitude mais Code Geass j’aime bien » ce qui permet d’augmenter instantanément par sept ou huit le niveau des discussions et ça c’est top. Car peu importe finalement que Code Geass, Evangelion, Gundam, Macross, Eureka Seven, Gurren Lagann, 86 EIGHTY SIX ou Daimidaler n’aient rien à voir les uns avec les autres niveaux univers, niveaux ambiances, niveaux thématiques, niveaux intrigues ou niveaux narrations: c’est des animés « mécha« , dude, c’est du pareil au même tout ça ! J’ai pas aimé un animé avec des méchas dedans, ça veut sans doute dire que tout le genre mécha doit être un peu nul – car oui c’est un genre donc ça veut dire que tous les animés présents dans ce genre doivent être du même style !

Bon et puis ok est-ce que du coup le genre « magical girl » a un sens ? Pourtant même moi il m’a permis de m’engueuler avec des gens car évidemment que Symphogear est un animé de magical girl ! Y’a des persos féminins qui se transforment, c’est ça qui définit le genre ! Oui bien sûr que ça veut dire que je considère du coup que Little Witch Academia est pas du magical girl ! Même si y’a des héroïnes qui utilisent de la magie pour vivre des aventures ! Bien sûr que je détermine si un animé appartient à ce genre uniquement pour un seul facteur (la présence ou non de transformations) et bien sûr que je me permets d’exclure et ignorer par conséquent plein de séries qui n’ont pas ce point précis. Fallait faire des transfo pour me convaincre, qu’est-ce que vous voulez que je vous dise !

Rosemi Lovelock est-elle une magical girl ? Peut-être ! Y’a des élements qui peuvent l’attester ! (Très bel art de eri)

Bref je rigole et je me moque très gratuitement mais fondamentalement tout ce bordel… c’est pas si grave.

Quelque part ces créations de sous-genre basés sur des définitions très vagues et dont personne ne semble avoir la même, c’est assez classique au sein d’un fandom, assez normal même – le monde du cinéma a les siens, pareil dans celui du catch ou de la musique. Plus on s’enfonce dans une passion, plus on veut avoir des termes « spécifiques » pour décrire des groupes d’œuvre. Parfois même, sur un plan personnel, on a besoin nous même de ses « termes » pour mettre un mot sur ce qu’on aime particulièrement au sein d’un média et utiliser ce mot pour s’y rattacher, s’y lier, quelque part trouver sa place. Être « fan de magical girl » pour montrer sa spécialisation, son amour particulier pour un pan de l’industrie et peut-être là marquer déjà sa « différence » avec les autres fans d’anime/manga. Et ce n’est pas un mal: on a tous besoin de marquer notre individualité, c’est un moyen comme un autre !

Comme vous avez déjà pu le sentir dans cet article, je suis par contre moins fan de l’usage de ces termes dans des contextes plus négatifs, parce qu’ils ont tendance à… être dans un discours très régressif, très limité. Trop souvent ces termes sont utilisés pour faire de la généralisation à outrance, pour laminer toutes nuances dans les discours. Personne à mes yeux peut dire « j’aime pas les shojos » ou « je déteste les animés de mécha » sans avoir l’air d’une personne manquant complétement soit de curiosité, soit d’ouverture d’esprit, soit de richesse particulière dans la réflexion. C’est des discours qui ne m’intéressent pas. Mais eh, ces termes ne sont que des symptômes, pas des causes – et je ne vais pas jeter la pierre à ceux qui disent des trucs comme ça, je suis passé par là à un moment aussi.

Temps pour Gold Ship d’offrir un peu de jazz pour nos âmes (oui c’est une vtuber, ça passe) (art de modare)

Le langage et les mots qu’on utilise, peu importe les gens qui voudraient juger ou contrôler ça: au bout du compte quoi qu’il arrive c’est l’usage qui est roi et c’est rigolo au final, non ? Même si parfois on peut pas s’empêcher de se dire que cet « usage » naît dans des conditions presque absurdes, créant des mots encore trop souvent flous, pas encore très clairs, parfois étrangement spécifiques. Après, cela n’est-il pas normal qu’un mot mette du temps à trouver sa définition finale ? En outre, dois-je chouiner parce que le terme « isekai » réduit pas mal les nuances autour d’un genre qu’autrefois on pouvait décrire de manière très ampoulée (« animé d’heroic-fantasy avec des héros qui sont envoyés dans des mondes parallèles ») ou dois-je me réjouir de son existence car justement il permet de déterminer facilement et immédiatement un type d’oeuvre précis, facilitant aussi les échanges avec les autres initiés ?

D’ailleurs, je rigole mais mi-2016 je faisais justement un Kaorin sur les animés de ce genre, et je n’y utilisais absolument pas une seule fois le terme « isekai » car il n’était pas encore démocratisé suffisamment pour parvenir à moi ! C’est aussi fascinant de voir les évolutions. Peut-être que beaucoup de termes utilisés dans cet article je ne les aurais pas compris en 2008. Et peut-être que dans cinq / dix ans on aura encore de nouveaux « genres » qui seront apparus. Pourquoi je dis « peut-être » d’ailleurs ? Certainement qu’on aura encore de nouveaux mots qui vont continuer à nous faire nous creuser la tête car il continuera d’y avoir des définitions… parfois floues.

Oh non zut on a reveillé Maru Nanamona avec toutes nos bêtises ;_; (Art: ha_tak)

Au final, si j’aurais juste un seul message à faire passer ça resterait quand même de faire attention à ces termes spécifiques. Malgré le ton un peu satirique et gonflé de cet article, je tiens à le redire: leur existence n’est pas un souci, et leur usage ne l’est pas non plus. D’ailleurs croyez bien que je continuerais de m’en servir, comme un gros hypocrite. Mais faut quand même rester conscient que d’une ce sont des termes qui restent encore « instables » en terme de définition donc faut se dire que des risques d’incompréhension continueront d’exister (tout le monde continue d’avoir « sa » définition d’un isekai / un slice of life etc), de deux ce sont des termes qui parfois englobent beaucoup d’œuvres très variées en les liant via des points communs plus ou moins larges donc c’est très risqué à utiliser dans certains contextes et de trois bah ça reste des termes d’initiés donc faites vraiment attention à vos interlocuteurs et ne prenez pas ces mots comme totalement acquis.

Mais ce dernier point c’est surtout parce que quand j’ai fait de la radio campus en 2009 la première chose sur laquelle je me suis fait reprendre de ouf c’était sur mon vocabulaire parfois trop pointu car ouais dire en 2009 à des gens « ouais bah ce manga c’est un shonen classique » bon bah personne comprenait ce que je venais de dire. Et c’était un peu triste. Donc voilà, je vous transmet mon expérience. Quelque part.

Bref, tout ça pour dire qu’au final les mots n’ont peut-être pas tant d’importance que ça: ce qui compte est peut-être juste la manière qu’on a de les exprimer. N’est-ce pas profond ? Où ne souffrirais-je pas vraiment beaucoup de l’absence de la fibre optique chez moi ? Je vous laisse juge.



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3 commentaires

  • Lama

    Assez d’accord avec le fait que c’est une tendance logique au sein des communautés (en soi, même les grands genres ont des frontières floues ; Star Wars est-il de la SF ou de la fantasy ? :p).
    J’ajouterais que la prolifération de termes parfois hyper spécifiques répond aussi à une immense démocratisation de l’accès à la culture. L’utilisateur moyen d’Internet a un accès rapide, et de plus en plus légal, à des milliers d’œuvres dans chaque genre. Il devient donc rapidement « pratique » d’avoir des genres, des sous-genres, des sous-sous-catégories etc, dans lesquelles on range des œuvres similaires, une même œuvre pouvant rentrer dans plusieurs catégories. C’est ce qui permet de plus facilement trouver ce qui peut te plaire, parce que ça ressemble à ce que tu as déjà aimé. Un peu dommage (je trouve justement important de savoir sortir de sa zone de confort pour découvrir de nouveaux trucs), mais pas forcément mauvais (on peut aussi évoluer petit à petit), et surtout très logique.
    Tiens d’ailleurs le passage sur shonen/shojo/seinen/josei me fait penser à la catégorie « YA » (pour Young Adult) en littérature. Typiquement une catégorisation d’âge visé commercialement, mais qui est utilisé très sérieusement comme un genre en soi. Peut-être aussi parce que les œuvres majeures (commercialement) de catégories en viennent à définir son image et des codes auprès du public, tant spécialisé qu’amateur ? Bref, une discussion super intéressante.
    Au final, le genre, c’est pratique pour présenter rapidement une œuvre, mais il faut savoir le dépasser pour en parler plus sérieusement. Pour en revenir au début, que Star Wars soit de la SF ou de la fantasy n’est pas si important pour discuter de ses thématiques et de son influence (sauf éventuellement sur ces genres, et encore). Mieux parler des œuvres en elles-mêmes, et moins parler de frontières floues de genres qui n’ont de toute façon pas de délimitation nette, devrait être notre objectif. =)

  • MySi

    Les genres sont des repères je pense
    Pas beson de définition précise selon moi ou de se prendre la tête aha
    Mais j’aimerais bien avoir des nouveaux genres : ça me donnera la sensation qu’il y a encore plus de choses différentes qui sont crées et encore plus qui pourront plaire à chacun

  • Maxime

    Dans ce commentaire, j’utilise le terme « communauté otaku » pour désigner la communauté des gens amateurs de mangas et d’animes.

    L’homme aime bien classifier. Il y a sans doute plein de raisons à cela. Mais une raison que je trouve particulièrement intéressante est le besoin des gens de s’identifier à une communauté et d’identifier les autres personnes de cette communauté. Je vais expliquer mon propos avec l’exemple de la musique. Le nombre de genres et sous-genres dans la musique est juste énorme. Pour le commun des mortels, le métal désigne déjà un genre de musique très précis. Mais pour un métaleux, un groupe de métal, ça n’existe pas. On parle de black, death, doom ou folk métal, entre autres. Et certains subdivisieront encore, à telle point que certains genres deviennent tellement précis qu’on se demande s’il y a vraiment plus d’un groupe dans le monde qu’on peut associer au dit genre (pirate metal, srlsy). Ce que les gens perçoivent de ton niveau de connaissance du métal va fortement dépendre de deux choses : ta connaissance des groupes et ta connaissance de la classification en genres. Par conséquent, ton niveau d’appartenance à la communauté des métalleux en dépend.

    Pour revenir au monde de la pop-culture jap, une personne maîtrisant les appelations utilisées dans le manga et l’animation est identifiée comme faisant partie de la communauté otaku. Et deux choses sont essentielles pour déterminer ton niveau d’otakuisme : la connaissance des oeuvres et la connaissance des genres. Le nombre de fois que j’ai vu des gens se disputer sur une question de classification. Quand quelqu’un t’explique que tu t’es trompé car ça n’est pas un isekai mais un tensei, il se positionne comme étant un plus fin connaisseur que toi et ça le valorise. C’est assez étonnant l’importance de la connaissance des genres dans la communauté otaku, comparé par exemple à la faible importance de la connaissance des auteurs (si je compare à la communauté des romanophiles par exemple, où la connaissance des auteurs est très importantes).

    Ce qui m’intriguent particulièrement, c’est qu’est ce qui fait qu’un critère prendra le pas sur un autre. Tu prenais l’exemple du mecha. Pourquoi a-t-on un genre qui identifie les oeuvres avec des robots géants ? Peut-être que dans un monde parallèle, il y a un genre qui identifie les oeuvres avec des héros ado dépressifs. Et Evangelion serait identifé comme appartenant à ce genre. Quels sont les méchanismes qui font qu’un tel terme est adopté par la communauté et pas un autre ? C’est fascinant parce que cette question peut faire intervenir beaucoup de disciplines différentes (sociologie, linguistique, histoire).

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