Mangas & Animes

La comédie façon Nichijou [Le mois des patrons – BornToBurn]

Hello tout le monde. J’avais prévu de faire du mois de janvier un « mois des patrons » sur Néant Vert, où j’aurais fait des articles centrés sur des thèmes choisis par des patrons du blog, ceux donnant plus de 6$ par mois. Comme vous pouvez le voir, voici le premier article de la série et il est le (regarde son calendrier nerveusement)… le vendredi 32 Janvier ??? Personne n’aime février de toute façon.

(Note: en réalité ce n’est cependant pas mon premier « article » lié au mois des patrons: le 8 Janvier dernier je sortais un Kaorin dédié à JAM Project, exauçant ainsi le souhait de Lua, donc n’hésitez pas à aller y jeter une oreille !)

Pour cet article c’est donc la proposition de BornToBurn que je vais utiliser pour cet article. A la base il souhaitait que je parle de Katawa Shoujo mais, soyons honnêtes, j’ai déjà dédié deux articles aux aventures de Lily et des autres meufs là je sais plus trop leur nom. Il a su l’anticiper et m’a proposé un plan B: Nichijou.

Donc après deux semaines à me casser la tête sur la question « quel angle je prends pour parler de Nichijou« , je vais arrêter de me prendre la tête et je vais juste faire un article qui va mélanger critique, analyse, impressions personnelles, témoignages de vie, le tout afin de servir un angle simple: qu’est-ce qui fait que Nichijou est une comédie unique dans le monde de l’animation japonaise, qu’est-ce qui fait que ça fonctionne et, surtout, pourquoi c’est drôle ?

« Baaaah euuuuh Nichijouuuu… »

Donc petite mise en contexte avant de démarrer: Nichijou est un anime diffusé d’avril à septembre 2011, en 26 épisodes, réalisé par le studio Kyoto Animation et adaptant un manga comique de Arawi Keiichi, publié dans le magazine Shonen Ace, manga qui a terminé sa publication fin 2015. La série animée est réalisée par Tatsuya Ishihara, ancien de la maison Kyoto Animation, qui a réalisé entre autres Clannad, La Mélancolie de Suzumiya Haruhi ou Chuunibyou. C’est une personnalité importante pour Kyoto Animation car c’est lui qui fut un des principaux cerveaux derrière la tendance de KyoAni à adapter des oeuvres « parlant aux otakus », une tendance qui a aidé le studio a sortir du lot dans le milieu des années 2000 avec par exemple la trilogie des adaptations de visual novel du studio Key (Air/Kanon/Clannad) (dont Ishidate était fan) ou l’adaptation du manga fortement référentiel Lucky Star.

En terme de réalisation pure, il faut comprendre que Ishidate n’est pas foncièrement un animateur, a toujours été quelqu’un qui ambitionnait de réaliser dès ses débuts dans l’industrie et qui est surtout spécialisé dans le storyboarding et le management d’un projet. Cela se ressent sur Sound!Euphonium ou, si il est techniquement le réalisateur, c’est Naoko Yamada qui a insufflé et imposé la majorité des qualités de la série – le ton, la narration, les qualités visuelles, la photographie, etc -, Ishidate se contentant de faire en sorte que le projet « tourne. » Ce qui est pas une mince affaire, loin de là !

Mais dans tous les cas, Ishidate a une petite spécialité bien à lui: les comédies. C’est quelqu’un qui est pas mal doué pour mettre en scène l’humour, et n’a jamais peur à l’idée de mettre le lol sous le feu des projecteurs. C’est frappant dans Clannad, qui est une série aussi drôle qu’émouvante, où l’on se souvient autant des crises de larmes démarrées devant nombre de scènes marquantes que des vrais rires quand, par exemple, Sunohara se fait cueillir par une Kyou ultra véner. Donc quand il prend la direction de Nichijou, l’homme est un peu dans son élément, d’autant que comme il est à Kyoto Animation, il a à sa disposition un staff talentueux, et il ne va pas se gêner à l’utiliser ! Ainsi pour préparer ce billet, je me suis rematé un épisode de Nichijou, le cinquième, que je n’ai pas regardé par hasard ! Je l’ai regardé car il est dirigé et storyboardé par

NAOKO

YAMADA
(Réalisatrice de K-On, de Tamako Love Story, de Silent Voice, de Liz and the Blue Bird et cerveau derrière Euphonium.)

Donc inutile de vous dire qu’après cet épisode, j’avais un souvenir frais de toutes les qualités de la série. Donc je suis au taquet.

Rapidement, néanmoins, un contexte de mon premier matage: à l’époque de la diffusion, j’avais pas accroché du tout à Nichijou. Dans mon bilan anime 2011 j’avais écrit ceci:  » On ne peut qu’être admiratif devant le travail fourni par Kyoto Animation tout le long de cette série mais très clairement, j’ai trouvé la série insupportable à regarder.  » Oh my ! Mais rassurez-vous, car un an plus tard, dans le bilan 2012, j’écrivais à l’inverse  » J’avais arrêté de mater après dix épisodes qui m’avaient parus insupportables, je m’y suis remis.. .et j’ai adoré tout le reste. Comme quoi. » Joli. 1

Je pense que la différence entre le Amo de début 2011 et celui qui se matera la série fin 2012 elle est assez évidente pour ceux qui me connaissent mais, en gros, printemps 2011 j’étais très énervé contre beaucoup de choses, pas spécialement patient, alors que en 2012 j’étais en gros bad général. Une comédie un peu expérimentale comme Nichijou est donc beaucoup mieux reçue quand moralement ça va pas. Putain de surprise. Cela étant dit, je gardais pas mal d’excellents souvenirs de la série, et en remater un épisode m’a confirmé que j’avais pas halluciné la qualité de la série.

Car, et c’est ce qui nous intéresse, les visages de Nichijou en terme de comédie elles sont exceptionnellement nombreuses. Tout d’abord, c’est une série qui a choisi d’exclure complètement toutes formes d’humour référentiel: pas de clins d’oeil à quoi que ce soit en terme de popculture, l’humour de Nichijou se suffit à lui-même et n’exige jamais de votre part une culture large et spécifique. Y’a une volonté dans le propos de Nichijou d’être universel, de parler à tous les public. Et cette volonté, elle s’accompagne également d’un humour extrêmement bienveillant. En un mot: pur.

Car Nichijou est une série folle mais n’est jamais moqueuse. On se moquera jamais dans Nichijou de ce que les personnages sont. L’humour provient majoritairement de l’absurdité de la majorité des situations dans laquelle ils se trouvent. Un monde ou le moindre jeu enfantin peut prendre une envergure démesurée, un monde où un robot lycéenne a été créée par une enfant de 8 ans complètement désinvolte, où un vice-proviseur croise sans cesses des choses ahurissantes au sein de son établissement. Si les personnages peuvent être un peu idiots, ils ne restent jamais méchants, jamais débiles, jamais réduits à juste « ils sont un peu cons mais ils nous font bien rire. » Tu sens que l’auteur et que le staff derrière l’anime aime les personnages et n’a pas envie d’en faire des caricatures réductrices.

Et du coup Nichijou est la preuve que tu peux faire un humour qui ne soit pas de la moquerie aux dépends des autres et quand même être très varié, aller dans toutes les directions: beaucoup d’absurde, un gramme de blagues sur l’observation de la vie quotidienne (« la gêne au Starbucks »), de l’humour lié aux décalages entre les personnages et leurs situations mais, surtout, beaucoup d’humour d’exagération, avec des gags qui peuvent s’étirer sur cinq à dix minutes, partant d’une idée simple et invoquant le plus d’idées possibles sur comment faire rire avec cette situation: le gag du moustique, par exemple, ou de l’ascenseur.

C’est un humour un peu casse-gueule, on va pas se mentir, mais qui bénéficie en contrepartie d’un vrai son d’adaptation, qui se donne les moyens techniques et visuels pour tirer le maximum de chaque blague qu’on lui offre. Ca passe par des couleurs éclatantes, par un chara design simple qui permet aux animateurs de se lâcher sans trop sueur, par des décors très personnels, par un rythme déchaîné, par un découpage d’épisodes en multiples sketchs, certains récurrents (comme le jankenpon ou l’Helvetica Standard)… Ouvrir un épisode de Nichijou c’est savoir qu’on va voir entre cinq et dix sketchs, de durée variable. Et comme chaque sketch offrira un style différent, des idées variées, certains vous marqueront, d’autres vous laisseront peut-être froid, mais le soin technique et le rythme endiablé vous permettront de ne pas vous ennuyer, de pas vous faire pour autant détester ce que vous voyez.

Sans compter l’excellent boulot visuel, le boulot sonore est également excellent aussi bien en terme de doublage, avec des comédiens et comédiennes qui savent se donner à fond pour leur job, qu’en terme de musique et de bruitages. Le petit jingle « Helvetica Standard‘ est un exemplaire clair, concis et précis du jingle simple, qui vous met aussitôt dans l’ambiance du segment qui vient. Oh, et les génériques ! LES GENERIQUES ! Des openings délirants chantés par Hyadain jusqu’au très tranquille ZZZ qui sert d’ending à la première moitié, avant de laisser la place à une ribambelle de reprises de comptines, on est excité dès le lancement d’un épisode, chill à la fin de celui-ci, et les génériques contribuent à ce sentiment de bien-être.

Donc voilà, c’est Nichijou. 8 ans après, c’est une série qui reste effectivement une référence en terme de comédie qui est pourtant loin d’être un genre qui vieillit excessivement bien (douze ans plus tard, Lucky Star n’a pas eu la même chance, par exemple) mais c’est parce qu’elle a eu des personnes de talent à sa conception, à sa création, à sa réalisation, mais aussi parce que son humour universel, bienvaillant, diversifié, rythmé, abordable et bon enfant joue très bien en sa faveur. Je vous recommande, donc, d’y jeter un oeil si ce n’est pas déjà fait, car cela reste encore aujourd’hui une excellente expérience.

A suivre dans le mois des patrons: Apey me forcera à parler de Aikatsu, comment vais-je réussir à voir 300 épisodes en une semaine ? Réponse bientôt !

  1. Hasard amusant, dans ce même bilan, une ligne plus tard, j’écris pour Hyouka un lapidaire  » L’ennui l’ennui l’ennui l’ennui l’ennui l’ennui » et c’est aujourd’hui un de mes KyoAni favoris, comme quoi, parfois une bonne série faut la mater dans les bonnes dispositions.
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