Aku no Hana 01 – Les adaptations, cet univers impitoyable

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Libres à vous de voir en cette image une métaphore, mais non, le message n’est pas « Eh ! les mecs de chez Zexcs, je vous pisse à la raie ! »

[avatar user= »Nock » size= »original » align= »left »]Aku no Hana (les Fleurs du Mal) est un manga en cours de parution au Japon. La publication à commencé en 2009 et la série compte actuellement une dizaine de tomes.

J’ai eu l’occasion de découvrir ce manga au printemps dernier en feuilletant un des volumes japonais qui m’avait tapé à l’œil. Au milieu de la pile d’échantillons trônant sur un bureau dans la maison d’édition qui m’avait pris en stage, les couvertures ont attiré mon attention. J’ai par la suite lu quelques chapitres en anglais, et découvert que j’appréciais plutôt cette série.


On peut donc dire que je fais partie des personnes qui ont commencé à fantasmer lorsqu’un studio (bon, c’était Zexcs, certes) a annoncé l’adaptation de Aku no Hana. J’ai également souillé mes chausses en découvrant que la réalisation allait être confié à l’homme qui avait occupé ce même poste pour des séries comme Mushishi ou L’Autre Monde.

Raisonnablement, je fais donc également parti des personnes quelque peu désappointées par ce premier épisode, qui a déjà fait couler pas mal d’encre virtuelle, de ce que j’ai cru comprendre.
Je m’en vais donc ajouter ma pierre à l’édifice. Et soyez prévenu, je n’ajouterai rien de nouveau par rapport à ce qui a déjà pu être dit.

Aku no Hana // Zexcs (Umi Monogatari, Dark Rabbit, Chuu Bra!!) // Débuté en avril 2013 // 13 épisodes prévus //Réalisateur : Hiroshi Nagahama (Mushishi, L’Autre Monde)

Avertissement préalable : si vous avez déjà vu cet épisode, je vous invite à vous rendre directement en deuxième partie de ce billet.

L’épisode commence par une introduction de deux minutes trente qui n’introduit pas grand chose : des images de la ville, l’apparence du personnage principal masculin, des lycéens et lycéennes… Difficile de ne pas comprendre qu’on va avoir affaire à une histoire se déroulant en milieu scolaire dans ce qui semble être une petite ville un peu miteuse.

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Je ne sais pas vous, mais moi, j’adorerai vivre dans une si charmante petite commune.

L’opening se révèle visuellement assez sobre, et plutôt dans le style des couvertures du manga.
Musicalement je dirai qu’on oscille entre une mélodie pas détestable mais qui sonne un peu vieillotte, et un chanteur à la voix assez exaspérante. Un résultat en demi-teinte à mon goût.
Tout cela manque tout de même très clairement de folie, ou tout simplement de dynamisme.

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On appréciera la sobriété du générique et la discrétion du logo de la chaîne de TV.

L’épisode commence / reprend. Nous sommes dans une salle avant le début des cours, en présence d’une conversation entre 3 garçons, dont le « héros » dont on apprend le nom de famille, Kasuga, ainsi que le fait qu’il n’apprécie pas particulièrement les jeux vidéos. Ce n’est pas son truc.
Le cours commence. Ça fait 5 minutes que je regarde cette série. Je n’ai appris que le nom de famille du personnage principal.
Soit.

Tiens, voilà du nouveau : c’est au tour d’une demoiselle de la classe, Mlle Saeki, de prendre la parole dans le cadre du cours d’anglais. Elle se révèle plutôt douée pour cette exercice.
Vu le regard en coin que lui jette le jeune Kasuga, on peut se douter que la belle (?) (on y reviendra) ne le laisse vraisemblablement pas indifférent.

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– Vé ! La pitchoune !

Cours d’EPS : les filles (en bloomers, bien sûr), dispute un match de volley tandis que certains gars ont une conversation légèrement perverse où il est question de cuisses… M. Kasuga a les yeux fixé sur la jolie Saeki, dont on apprend le prénom, Nanako. Lorsque celle-ci le regarde, il détourne rapidement (et vraiment subtilement) le regard.

Devoir de japonais, Kasuga se perd dans ses rêveries…
Fin du devoir… La journée est finie, Kasuga rentre chez lui, en compagnie de 3 autres garçons. Toutefois, en cours de route il les abandonnent pour aller à la librairie. Puis il rentre chez lui. On « rencontre » ses parents. Plus tard, dans sa chambre, il commence à feuilleter un ouvrage de poésie. On découvre sa passion pour ce genre littéraire et particulièrement pour l’œuvre de Baudelaire. Et puis c’est l’heure du bain.

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– J’ai du fumer une merguez !

Voilà, la moitié de l’épisode est passé. Lentement. A ce stade, les gens qui ne se sont pas endormis et les fan du manga qui ne sont pas trop perturbés par le graphisme (on y reviendra) continuent. Les autres arrêtent le visionnage et supprime sans pitié l’épisode de leur disque dur avant d’aller mettre une note de merde à la série sur MAL (à l’heure actuelle, environ 1000 personnes l’ont notée, et c’est bien la première fois que je vois une série tomber sous le le 5 /10).

Nous sommes le lendemain, le héros se réveille péniblement, descend l’escalier en se grattant le postérieur, prend son petit déjeuner et part au lycée.

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Bonjour la classe ! Bel exemple pour la jeunesse.

Le prof rend des devoirs de maths; le héros semble s’être craqué. Son ami / voisin de table repère le bouquin qu’il planque sous son bureau (les Fleurs du Mal), l’attrape et commence à l’emmerder avec ça. Tandis que Kasuga lui dit qu’il n’est qu’un ignare incapable d’apprécier la grandeur de l’œuvre du poète maudit, son ami se fout gentiment de sa gueule en lui déclarant qu’il est bien le seul taré au monde à apprécier une telle merde.

Mais leur dispute s’interrompt quand le prof rend sa copie à Saeki (la dulcinée de Kasuga) en la félicitant, car avec 98 / 100, elle a la meilleure note de la classe.

Il est temps de faire connaissance avec le 3e personnage principal de l’histoire, Mlle Nakamura, qui est l’anti-Saeki : peu populaire dans la classe car considérée comme tarée, elle est aussi nettement moins douée pour les études : la preuve, elle a eu 0 / 100 à son devoir de math. Et tandis que le prof commence à la réprimander, elle réagit de façon rationnelle : en l’insultant.
Un instant, le prof hésite à la frapper, mais le regard qu’elle lui lance semble l’effrayer.

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Le regard qui tue, la vilénie incarné. Bang !

Sur le chemin du retour, notre « héros » et ses « amis » parlent d’elle : elle est quand même un peu flippante. En plus, on ne sait jamais ce qui lui passe par la tête. Même si la survie de l’espèce humaine en dépendait, je ne me mettrai jamais en couple avec elle. Blablabla, ce genre de chose.
La conversation dérive et voilà qu’on se rend compte que tous les mecs de la classe sont vraisemblablement amoureux de Saeki… Ce qui a l’air de choquer Kasuga (genre il ne s’était pas rendu compte qu’il n’est pas le seul à kiffer l’idole de la classe, la fille belle (?), intelligente et populaire…)

Mais soudain, horreur ! Il se rend compte qu’il a oublié son exemplaire des Fleurs du Mal en classe. Le voilà reparti dans l’autre sens.
Arrivé dans la classe, il s’empare du livre oublié. Mais ce n’est pas tout. Il constate qu’il n’est pas le seul à avoir oublié quelque chose en classe : son idole a, semble-t-il, omis de ramener chez elle le sac contenant ses affaire de sport.

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Une idée étranger germa dans son esprit. S’il se mettait les bloomers de celle qu’il aimait sur la tête, ici et maintenant, il atteindrait un stade supérieur d’existence.

Une chanson très bizarre (et, avouons-le, pas franchement terrible, voire même assez inaudible) débute et les images laisse la place à l’ending : du texte blanc défilant sur fond noir… Nice !

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Hélas, il fut stoppé en plein élan par un ending foireux.

Bon, passons à quelque chose de plus concret, les reproches (parce que oui, j’ai des reproches à faire).

Semblant d’avis sur l’épisode

Avant de passer à l’obligatoire commentaire sur la forme (vous vous en doutiez, difficile de passer à côté), attaquons la question du fond.

C’est moi où cet épisode est chiant, traîne en longueur, ne nous apprend rien, n’introduit à peu près rien.
A l’issu de cet épisode, on connait (très vaguement) les 3 personnages principaux : on sait que le héros et amoureux de la fille parfaite et que la troisième est un peu taré.
Soit.
Ceci dit, j’ai rêvé ou cette épisode n’adapte même pas la moitié du premier chapitre du manga (qui fait environ 40 pages), c’est à dire qu’il présente approximativement la situation initiale et esquisse vaguement, dans les 3 dernières secondes un micro-bout de l’élément perturbateur.
Grosso modo, on se retrouve avec l’impression de regarder un anime constitué de tranches de vie traitant d’un lycéen un peu chiant et féru de poésie. Je peux comprendre que certains n’aient eu aucune hésitation à dropper la série à l’issue du premier épisode. Il n’y a quasiment rien, aucune tension.

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Comment veulent-ils nous passionner, si même leur personnage principal a l’air de s’emmerder ?

Certes, le spectateur pas con se doute en partie de ce qui va arriver. La personne qui a lu le manga sait que ça va devenir plus prenant par la suite, mais pourrait-on reprocher à quelqu’un de n’avoir aucune envie de continuer la série après un tel épisode.
Pour faire court, je dirait que cet épisode manque vraiment de passion, de tonus, et ne donnera absolument pas envie à quelqu’un l’ayant regardé un peu par curiosité de continuer. Sauf s’il apprécie les tranches de vie d’apparence réaliste.
Rien non plus ne nous donne envie d’apprécier les personnages. Quels personnages d’ailleurs ? Un anti-héros antipathique dont on ne connait même pas le prénom ? Une fille populaire dont on ne sait rien ? Une sorte de folle furieuse ?

Et puis il y a la seconde question, celle qui fait réagir depuis hier soir : la question de la forme.
Autant dire que je n’adhère pas (mais vraiment pas) à l’apparence de cette série. C’est original, certes (encore que je ne crois pas que l’originalité soit nécessairement une bonne chose), mais regardons les choses en face, c’est plutôt déroutant.
Ce que pas mal de gens semblent reprocher à la série, c’est qu’elle ne respecte pas du tout le graphisme original du manga. Avec un peu de recul, ce n’est pas en soi, ce qui me pose le plus de problème.
Je veux dire, que la série s’éloigne un peu du travail du mangaka n’est pas tellement un problème, d’autant plus que l’œuvre originale n’est pas forcément super belle, et que le dessin est assez bateau, sans grande personnalité.
Là où le bat blesse, je trouve, c’est au niveau du chara-design.
Là aussi, je ne trouve pas que la rectoscopie rotoscopie soit une mauvaise idée en soit. J’irai même jusqu’à dire que, chose rare, elle permet de donner aux personnages une morphologie plus réaliste que ce que l’on peut voir en temps normal. Les personnages ne sont pas super bien foutus. Ça tombe bien, la majorité des êtres humains ne le sont pas non plus.

Sauf qu’il y a le cas des visages des personnage. Et bon, sérieusement, j’ai un peu (beaucoup) de mal à y accrocher. Saeki est censée être la bombe du lycée et franchement, on ressent quand même quelques doutes.
Mais mon plus gros problème, concerne tout de même Kasuga. Oui, je trouve ça con de lui avoir mis cette tronche là. Non une gueule de bishônen héros de drama ne lui convient pas. Oui ce mec est censé avoir une tête à mi-chemin entre le bizut et le pervers (ça tombe bien, il est un peu les deux). Pas une gueule de beau gosse sombre chanteur de visual key et amateur de poésie trop dark (ouais, je suis fan de Beaudelaire, mais tu ne peux pas connaitre).

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Bon, je ne suis pas un grand fan des comparaison, mais reconnaissez qu’il y a quand même une légère différence entre ce garçon…

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… et celui-ci.

Après, je suis une bille pour déterminer si une animation est réussie ou pas, donc je ne dirait rien là-dessus.

Concluons

Le studio a fait un choix graphique plutôt particulier. C’est la volonté même du réalisateur, l’auteur a totalement approuvé ce choix (Merci pour le lien ElKaizer).
Soit.
Pour ma part, je n’accroche pas du tout à ce style dans le sens où il massacre totalement les tronches des personnages.

Le premier épisode est d’une mollesse absolument remarquable et s’arrête à mon avis trop tôt par rapport au manga.

Comme je l’ai lu ce matin : quitte à faire un premier épisode se voulant réaliste et étant finalement assez chiant et quitte à choisir un style graphique donnant une apparence très réelle aux personnages, pourquoi ne pas en avoir fait directement un drama ?
D’ailleurs, d’après le lien ci-dessus, la première pensée du réalisateur par rapport à ce manga et que quitte à l’adapter, un drama collerait mieux qu’une série animée.
Pourquoi ne pas l’avoir écouté ?
Je conçois qu’il ait fait le choix de se démarquer du matériau original, afin de proposer plus qu’une simple adaptation d’un manga. Après, il faut reconnaitre que le résultat est particulier et, répétons-le une énième fois, assez peu engageant.

Alors maintenant que j’ai dit à peu près tout ce qui me passait par la tête, petit bilan.
Non, je n’ai pas accroché à ce premier épisode.
Non, il ne m’a pas vraiment donné envie de voir la suite.
Oui, je vais quand même mater les épisodes suivant, ne serait que pour le nom du réalisateur et le fait que le matériau de base est plutôt bon.

Est-ce que je conseille cet anime ?

Je vous conseillerai plutôt d’aller lire quelques chapitres, quelques volumes, du manga, et de revenir vers la série si vous avez accroché.

8 commentaires sur “Aku no Hana 01 – Les adaptations, cet univers impitoyable

  1. Mian dit :

    Je comprends que les choix faits sur cette série aient pu en rebuter pas mal, mais perso j’ai trouvé ça en fait tellement creepy que c’en est… fascinant. Une ville miteuse, une famille moyenne dans toute sa splendeur, un lycée chiant et des ados mal foutus, dont l’horizon s’étend des cuisses de la voisine au contrôle de demain … Faire un drama avec ça? Avec ce que ça implique de nunuche et d’édulcoré, jamais. J’ai l’impression de voir un film d’auteur bien glauque sur Arte, mais le choix du dessin animé comme support m’a l’air aussi justifié. Le dessin permet de se concentrer sur ce que l’auteur veut montrer, là où le film doit tout montrer, au risque soit de ne pas être crédible, soit de faire documentaire.

    Somme toute, avec cette ambiance crade et lourde, le rythme me convient. Cependant, j’aurais effectivement bien voulu que ça s’arrête un peu plus tard et j’ai un peu peur de la façon dont ils caseront l’histoire aussi lentement.

    Par contre, les génériques sont des supplices.

  2. Dominus41 dit :

    Autant je peux comprendre que l’on trouve ce premier épisode lent, j’ai sincèrement du mal à le considérer comme étant chiant, pas si comme moi on a un quelconque intérêt pour la mise en situation et l’ambiance. Parce-que de ce point de vue là c’était juste au petits oignons.
    Il y a une vrai monté en tension au fur et à mesure de cet épisode qui est amenée par les décors sales et ternes, la répétition de certaines scènes/plans, l’ambiance sonore minimaliste, et oui la rotoscopie (plus particulièrement les expressions faciales et corporelles des personnages).
    C’est juste absolument happant, et je pense que c’est ce que recherchait le réalisateur ; plutôt que de concentrer l’épisode sur l’établissement d’une intrigue, vraiment prendre le temps que le spectateur s’immerge dans la routine du protagoniste tout en posant les base du plot.
    d’ailleurs je tient à dire que la fin de l’épisode parvenait à merveille à faire payer toute cette tension ressentie durant l’épisode grâce à un cliffanger jouant à merveille sur l’imagerie avec laquelle on avait été teasé jusque là, en plus d’un placement assez génial de la theme song de l’ending (que j’ai follement appréciée pour ma part).

    Alors ouai je suis plus qu’optimiste quant à la suite, et j’ai foi en la capacité du réalisateur à faire passer les choses au degré supérieur. Sa maitrise de l’ambiance dans ce pilote m’ayant plus que convaincu.

  3. Suryce dit :

    Subjectivement, ce premier épisode m’a intrigué.
    Mais objectivement, c’était très mauvais, majoritairement à cause de la lenteur, et non, elle n’était nullement nécessaire pour installer l’ambiance. Au contraire même, je me suis retrouvé à checker régulièrement les minutes en me demandant quand est-ce qu’il allait enfin se passer quelque chose de concret (réponse : 17ème minute). Cet anime semble se vouloir provoquant, mais dans les faits il n’y a que deux passages qui le sont vraiment et qui ont retenu mon attention : le clash entre le prof et la binoclarde, et l’ending chanté par une voix artificielle (ça, c’est un coup de génie, c’est super moche mais super intense en même temps). Et ces deux passages réunis font deux minutes en tout. Tout le reste de l’épisode, c’est juste trois choses d’un ennui mortel : la vie morose du héros, la coqueluche du lycée qui est le pire cliché ambulant que j’ai jamais vu (le coup du croisement de regard, qui se produit deux fois, m’a tué), et la récitation de deux poèmes de Baudelaire, juxtaposés à des images peu inspirées, voire même probablement déplacées (le fantasme érotique du héros pour Saeki à base de mini-short de sport & co…).

    Je suis surpris d’apprendre que seulement la moitié du premier chapitre du manga est adapté dans cet épisode, bien que cela explique cette effroyable lenteur. C’est inacceptable d’adapter aussi peu de matériel en un épisode entier. La norme pour un premier épisode d’adaptation de manga est de faire le premier chapitre avec un peu de remplissage, et c’est déjà un faible quota. D’une manière plus générale, il est aussi inadmissible de ne pas avoir encore introduit l’élément perturbateur quand le nombre d’éléments de contexte présentés est aussi risible.
    Et certaines autres choses comme l’opening visuellement inexistant ne peuvent nullement être justifié par l’ambiance qu’on pourrait décrire avec le seul mot « morose » (voir l’ending du premier épisode de Ga-Rei Zero pour un exemple de générique inexistant qui aide véritablement à poser l’ambiance)

    Il y a une différence entre une narration lente et une histoire où il se ne passe rien. Je pense qu’on peut comparer cet anime à Seriel Experiments Lain pour mettre en lumière cette erreur : L’action de Lain est lente mais un enjeu est posé dans les 5 premières minutes avec le mystérieux mail de la suicidée, et l’anime a une certaine touche « réalistiquement moche » tout en étant visuellement créatif (les rues sont grises, mais des sortes de touches de couleurs abstraites parcourent les zones d’ombres).

    Mais pour revenir sur la poésie, je trouve cela un peu indécent que le titre du livre de Baudelaire soit repris tel quel par l’auteur du manga. C’est un peu comme si le manga « Say Hello to Black Jack » s’était juste appelé « Black Jack » …
    Et avec ça, le style graphique… Même si l’anime semble s’apprêter à prendre une route fantastique, la poésie est clairement un thème ou une référence majeure au sein de l’histoire (exemples donnés plus haut). Or, la poésie est l’exact inverse du réalisme, alors pourquoi ce style (aussi bien graphique que narratif) qui se veut hautement réaliste quand c’est en contradiction avec ce thème ?

  4. Dominus41 dit :

    Parce-que la poésie n’est pas le thème principal de l’anime, d’après ce que j’ai lu ce serait plutôt le rabaissement de l’être humain jusqu’à la perte de toute dignité. Ce rend le parti visuel d’autant plus pertinent (et oserai-je dire, même plus que manga).

    Quant au rythme de ce premier épisode, au-delà de mon ressenti personnel (qui est excellent s’il fallait vous le rappeler), je pense que c’est sur la durée qu’elle trouvera ou non sa légitimité définitive. Et je doute franchement que le réalisateur ait fait cela pour le LULZ.

  5. Suryce dit :

    Ah, et, j’aime bien la gueule du héros avec ses trois grains de beauté (j’adore les grains de beauté, on devrait en voir plus souvent dans la japanim’), mais comme les visages des personnages disparaissent dès qu’ils sont à plus deux mètres de la caméra, on ne peut souvent pas bien différencier le héros du reste des figurants (surtout durant les scènes en extérieur, le plan en plongé où il s’arrête au-milieu d’un escalier est le meilleur exemple), et cela aussi, c’est assez inacceptable.

  6. Dominus41 dit :

    C’est un coup à prendre, je pense personnellement m’y être fait assez vite.

  7. Mian dit :

    Je ne connais pas l’histoire originale, mais n’est-ce pas justement pertinent d’opposer la poésie comme échappatoire à un quotidien sordide? Et que le héros associe aux Fleurs du Mal ses fantasmes cradingue et terre à terre d’ado japonais banal du XXIe siècle, c’est justement plus réaliste que si il comprenait la poésie comme le poète maudit lui-même. Peut-être même que la poésie n’est qu’un prétexte.

    Je trouve comme Dominus 41 que la routine se justifie pour l’ambiance, mais n’exclut pas une autre façon de procéder. Qu’est-ce qui aurait été pertinent selon toi, Suryce?

    Sinon, je suis le seul à croire que les points noirs sur le visage du MC sont des boutons d’acné? Votre adolescence, les gens…

  8. Suryce dit :

    Ma foi, c’est une explication qui se tient pour l’ambiance (bien que le héros passe du coup pour un gros péteux quand il dit à son pote qu’il comprendrait pas Baudelaire quand lui-même l’associe à ses bas fantasmes clichés), seulement le choix d’une narration aussi lente et répétitive reste discutable, car il y a effectivement d’autres moyens pour instaurer une telle ambiance qui ne nécessite pas de sacrifier le dynamisme de l’histoire.
    Par exemple, au lieu de montrer tout un tas de scènes banales où le héros marche lentement pour aller en cours, il suffit d’en utiliser une ou deux où on transmet bien l’idée de lenteur/morosité/agacement/etc avec une mise en scène particulière et prévue pour ça.

    Je vais encore une fois prendre l’exemple de Serial Experiments Lain : au début du premier épisode, on voit l’héroïne partir de chez elle, et peut-être marcher un peu dans la rue si je me souviens bien. Toujours est-il que ce ou ces plans sont très immobiles, Lain marche lentement et la scène est silencieuse. On enchaîne ensuite avec une scène où Lain est dans le métro. Le plan reste immobile à nouveau pour quelque chose comme une dizaine de secondes, et Lain ne bouge pas non plus, mais cette fois il y a un léger bruit de fond avec le bruit des rails et les discussions des gens en arrière-plan, et Lain finit par s’irriter et dit « fermez-la » à voix haute (mais sans s’adresser à qui que ce soit en particulier).
    Tout cela dure quelque chose comme deux minutes, mais cela transmet une ambiance relativement similaire à celle d’Aku no Hana sans non plus prendre trois heures, et en ayant le luxe de transmettre aussi l’agacement que provoque ce quotidien chez l’héroïne, ce qui est une forme de présentation (et juste après, Lain arrive en cours et l’élément perturbateur lui est introduit par ses camarades de classe qui ont reçu le mystérieux mail, le voyage jusqu’au lycée avait un sens).

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