Pompoko – Des tanukis et des larmes

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Ce moment où je regarde le film pour la énième fois et qu’une fois de plus, je réalise qu’il ne me laisse vraiment pas indifférent.

[avatar user= »Nock » size= »original » align= »left » link= »http://neantvert.eu/minorin/?author=3″ target= »_blank »]Avertissement préalable : je vais sûrement raconter ma vie dans ce billet (plus que d’habitude en tout cas) et tant pis pour le professionnalisme. J’ai parlé de différentes séries par ici. Parfois en bien, mais surtout en mal. J’avais envie de changer. D’arrêter avec les séries de merde. De parler de ce que j’apprécie.
Alors qu’à cela ne tienne, je vais parler d’un film aujourd’hui. Un film que j’aime. Beaucoup. Un film plutôt vieux. Un Ghibli. L’un des meilleurs à mes yeux.
J’ignore s’il y en a parmi vous qui n’ont jamais vu Pompoko, mais si c’est le cas, j’espère réussir à vous convaincre de le voir. Et surtout j’espère briser un peu l’image que certains en ont : celle d’une comédie un peu gamine. Parce que dans les faits, c’est bien mieux que ça.

Attention, pavé en approche. Il ne s’agit cependant que de ma vision personnelle et je n’entends pas aborder tout ce qu’il est possible de dire sur le film. Les aspects folkloriques et historiques, entre autres, ne seront que légèrement évoqués.

Pompoko // Studio Ghibli // 1994 // Film (environ 2 h) réalisé par Isao Takahata (Le Tombeau des Lucioles, Souvenirs goutte à goutte, Mes Voisins les Yamada)

Pompoko est certainement l’une de mes plus grandes frustrations en terme d’animation japonaise. Depuis que je me suis découvert une passion pour la production animée nippone, il s’agit d’un sujet que j’aime aborder avec autrui. Et évidemment, en dehors des discussions que je tiens avec des amateurs du genre, je suis obligé de revoir à la baisse ma liste d’œuvre à aborder avec les néophytes (malheureusement, le chaland ne connaît pas Jinrui wa Suitai Shimashita). Alors invariablement, je parle Ghibli. Et je ne vous cache pas la déception que je ressens dans la situation qui arrive bien souvent :

– Moi : Tu connais Miyazaki / Ghibli
– La personne interrogée : Oui, j’aime bien / beaucoup
– Moi (des étoiles dans les yeux) : Tu as vu Porco Rosso et / ou Pompoko (note : mes deux films préférés)
– La personne : Non !
Espoirs brisés. Toujours. Je n’ai jamais rencontré de non-initiés aux japoniaiserie mais néanmoins connaisseurs des films Ghibli qui aie vu ces deux films avant que je n’insiste lourdement pour qu’ils les voient. Ceci est véridique.


Préambule

Pompoko, ou en version originale, Heisei Tanuki Gassen Ponpoko (Pompoko – la grande guerre des tanukis de l’ère Heisei), commence dans les années 60 – 70 dans des collines de la région de Tama, espace encore très rural situé non loin de Tokyo.
Le Japon vit alors une véritable explosion démographique et pour y pallier, fait bâtir un nombre impressionnant de nouveaux logements et de nouvelles villes. Cette urbanisation intensive va atteindre les paisibles et verdoyantes collines de Tama, où il a été décidé de construire une ville dortoir pour désengorger Tokyo.
Mais cette construction ne va pas se faire sans heurts, puisque ces collines sont l’habitat naturel d’une tribu de tanukis, rongeurs issus du folklore japonais, auquel on prête, entre autres, le pouvoir de se transformer.
Ces animaux facétieux se lancent donc dans une lutte désespérée, qui va durer plusieurs années, afin de faire stopper les travaux et de reconquérir leur habitat naturel.

Attention, l’article qui va suivre ne résume pas le film, néanmoins, il faut savoir qu’il contient à plusieurs reprises des éléments que certains jugeront comme des spoilers. En même temps, il m’est impossible de parler de ce film, sans parler de sa fin. Une fin qui est cependant très prévisible, même à la lecture du résumé.

Oui, Pompoko est une histoire qui finit mal, autant le dire tout de suite, ce sera de toute façon redis à plusieurs reprises par la suite. Et non, ce n’est absolument pas surprenant. De toute façon, comme dirait l’autre, « ce n’est pas la fin qui compte ». Maintenant, vous êtes prêts à attaquer ce qui va suivre.

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Pour eux, ce n’était que le début de la fin.

 


Un film pour enfant… en apparence

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Vu comme ça, on croirait à un message écolo gentillet. Grossière erreur.

J’ai clairement l’impression que Pompoko est un film sous-estimé. Les gens semblent le prendre à tort pour une histoire pour enfant. Et c’est vrai que les gags et les tanukis anthropomorphes d’apparence rigolote n’aident pas nécessairement à penser le contraire.
Sauf que la réalité est légèrement différente. On parle ici d’un film d’Isao Takahata. Celui là même qui a réalisé le Tombeau des Lucioles ou Omoide Poroporo. Pas exactement ce que l’on qualifierai de film pour enfants. Alors certes, avec Pompoko, il joue dans le terrain de son collègue Miyazaki en proposant une fable écologique, un genre potentiellement bienveillant, un peu gnangnan et plein de bonnes intentions, mais rappelons que l’on parle de Ghibli (oublions le message écologique absolument peu subtile d’Arrietty).
Dans les faits, Pompoko est un film « dur » où la mort et le désespoir se côtoient et où les héros ne sont pas victorieux à la fin.

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– Je ne suis parti que 3 ans ! Comment ça a pu dégénérer à ce point ? Où sont passés les champs et les forêts ?

Dans les films écolos visant un jeune public, les gentils protègent la nature et les méchants la détruisent, ça, c’est la base. Mais la destruction de la nature est personnifiée par le méchant et ses ouailles, vraiment méchants et souvent cupides. La victoire des gentils sur le méchant entraîne généralement une remise en question des actions des méchants, et tout fini bien car les hommes pourront désormais tous vivre nus dans des grottes en respectant les animaux et la nature. Vision caricaturale, certes.
Mais dans Pompoko ? Qui est le méchant ? Qui incarne la destruction de la nature ? Les hommes, certes, mais c’est vague… et le « problème est là. Il n’y a pas de figure du méchant. Les tanukis affrontent des hommes anonymes. Des ouvriers qui font leur travail. A aucun moment, avant « l’ultime affrontement » les hommes ne se montrent ouvertement hostile au tanukis. Ils ne prennent simplement par leur présence en compte, de même qu’ils ne prennent en compte aucun animaux en compte dans leurs plans de construction. En même dans l’après-guerre et au moment du baby-boom, on se préoccupait assez peu de la nature, il fallait loger la population en pleine explosion démographique.
Comment voir en des hommes qui travaillent par pur nécessité de vils individus saccageant la nature ? La question se pose.

Si l’opposition nature / technologie est bien présente, aucune guerre idéologique n’est livrée pour départager les deux. D’ailleurs, la guerre n’existe bien que dans l’esprit des tanukis – je dirait que c’est là que se situe la différence avec, par exemple Princesse Mononoke ou la forge et la forêt sont ouvertement en guerre. Les hommes ne sont pour leur part même pas au courant sinon de leur présence, au moins du fait que ce sont des créatures intelligentes et doués de pouvoirs magiques. Et lorsqu’ils s’agit pour eux d’éliminer ces rongeurs gênants, il le font comme ils élimineraient n’importe quel animal nuisible. Et il s’agit de « légitime défense ». On abat donc les tanukis belliqueux comme on abattrait un chien enragé.
Il faudra finalement que quelques tanukis pacifiques apparaissent à un journaliste présent sur les lieux de cette extermination pour que les humains découvrent que ces créatures de contes existent bel et bien. Mais il est déjà trop tard, la majorité d’entre eux est morte et les humains n’abandonneront pas leur projet de construction. Seul avantage, des parcs pour les tanukis seront aménagés dans la ville pour leur permettre de survivre… piètre consolation pour ceux qui, incapables de se transformer, devront s’adapter à la vie urbaine, aux voitures, véritable fléau, à se nourrir dans les poubelles… Oui, nous sommes dans le cas d’une fable écologique qui finit mal. Pour une fois, ce n’est pas à l’humanité corrompue de se plier face à la nature, mais bien l’inverse.

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L’ultime défaite des tanukis belliqueux.

Qu’est-ce qui défini un film pour enfants ? Les graphismes ? Les personnages ? Le manichéisme ? La présence d’une happy-end ? Je l’ignore, je ne crois d’ailleurs pas en l’existence d’une « recette ». mais ça ne m’empêchera pas d’affirmer que Pompoko n’est pas un film un film pour enfants. Pas dans le sens où un enfant serait incapable de l’apprécier, ce qui est totalement faux, mais tout simplement parce qu’à mon sens, il s’agit d’un film bien plus mature, sérieux et dur que ce que l’on pourrait penser de prime abord.


Tragédie ou comédie ?

Les deux ma p’tite demoiselle (ouais, je cite même Porco Rosso).
Le film prête parfois à rire. Après tout, les tanukis sont des créatures joviales par nature. Et cela se ressent par moment. L’arrivée des 3 vieux sages venus aider les tanukis de Tama qui, travestis en humains, ne ressemblent à peu près à rien. Ou même ce moment où les tanukis mâles de la tribus découvrent les propriétés surprenantes de la peau de leur… intimité (« le tapis sur lequel vous êtes assis est en fait la peau de mes couilles hahaha !! »). D’ailleurs, le fait même que la plupart du temps, les tanukis sont dessinés avec les parties bien apparentes prête à sourire.

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Le pire c’est que bientôt ce style sera peut-être à nouveau à la mode.

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La fameuse scène du tapis.

Cependant, la joie et l’insouciance des débuts vont bien sûr vite disparaître. Les premières virées chez les humains sont certes amusantes, mais par la suite les premiers problèmes arrivent.

Car Pompoko est l’histoire d’une défaite annoncée. Pas besoin de réfléchir à l’équilibre (ou plutôt le déséquilibre) des forces entre tanukis et humains pour s’en rendre compte. De simple connaissances en histoire et géographie du Japon (ou un détour par une encyclopédie) permettent de le savoir. L’histoire à lieu à Tama, non loin de Tokyo, dans les années 60. Or on constate qu’effectivement, dans les années 60, les japonais ont entrepris de transformer les verdoyantes collines de Tama en une ville dortoir, aujourd’hui intégrée à Tokyo. Tanukis mis à part, le récit se base donc sur des faits réels. De ce fait comment raisonnablement envisager que les tanukis de Pompoko puissent sortir victorieux de la situation.
Ou même plus simplement, encore en se basant sur des faits historiques, on peut trouver des comparaisons intéressantes. Une situation me vient en tête, celle des native americans, les « indiens » d’Amérique du Nord, que l’on a voulu chasser de chez eux pour exploiter leurs terres, et qui, malgré une résistance acharnée et désespérée ont fini massacrés ou parqués dans des réserves. Là encore, comment croire en la possibilité qu’une population relativement primitive et largement inférieure en nombre, puisse gagner la bataille.

Des première tentatives « pacifiques » visant à faire partir l’envahisseur en l’effrayant grâce à leurs pouvoirs, les tanukis vont passer aux choses sérieuses : entraîner des accidents, faire chuter des camions dans des fossés… Certains individus belliqueux souhaitent même déclarer une guerre ouverte aux humains. Mais encore une fois, que peut une poignée de rongeurs, aussi métamorphes soient-ils, face à des humains armés d’armes à feu. Le dernier acte désespéré d’une partie d’entre eux s’apparente énormément à une attaque suicide, ou plutôt un suicide collectif, tant aucun espoir ne subsiste. Plus que tenter une dernière fois de mener les leurs à la victoire, ces tanukis semblent choisir la mort plutôt que le déshonneur.

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Belle illustration de mon propos : les âmes des tanukis morts font la fête lors de leur dernier voyage.

Mais pourtant, tout ce désespoir, cède régulièrement la place à de la joie. Les tanukis vivent chaque petite victoire comme un grand événement, sans même se douter que dès le lendemain, les choses auront encore empiré. Idem lorsqu’ils mettent sur pied un nouveau plan, lorsqu’il reçoivent l’aide des 3 vieux sages mentionnés précédemment.
Finalement ce qui fait la force du film, c’est cette dualité entre comédie et tragédie : la tristesse des tanukis (et du spectateur) sera d’autant plus grande qu’elle aura été précédée par des instants de bonheur. A l’inverse, après certains coup durs, leur joie ne sera que plus intense.

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Les tanukis sont des fêtards. On notera le changement de style graphique dans ces moments.

La fin est à l’image même du reste et joue de façon extraordinaire sur cette dualité. Presque jamais une fin ne m’a paru aussi douce-amère. Ici, tout repose sur cette adéquation entre joie et tristesse. Et c’est finalement au spectateur de faire un choix.
Faut-il y voir une bonne fin, une sorte de happy-end ? Ou au contraire, doit-on considérer la joie apparente comme totalement illusoire ? Après tout, les tanuki sont des êtres farceurs et joyeux par essence. Et c’est bien l’idée qui ressort de cette fin : qu’importe les conditions, les tanukis sont et resteront des tanukis, et ne perdront jamais le sens de la fête qui les caractérise, même dans la défaite.

Néanmoins, les dernières images du film sont, à mon avis, d’une grande violence. Bien plus que tout ce qui a pu précéder. Dans un parc aménagé pour eux, dernier bastion de verdure, seul vestige de la campagne qu’ils ont autrefois peuplés et pour laquelle ils ont donné leur vie, les tanukis font la fête. La chanson de l’ending est assez joyeuse. Et la « caméra » monte dans le ciel : la ville s’étend désormais à perte de vue, là où autrefois il n’y avait que des champs, des forêts et quelques vieilles habitations. Plus que les morts, plus que les larmes, ces quelques images font bien comprendre l’ampleur de la défaite subie par les sympathiques créatures.

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– Tout va bien, regarde, on fait la fête…

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… dans un joli parc…

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C’est quand même chouette…

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Tu ne trouves pas ?


Le ton du film

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Avant, on vivait en pleine nature. C’était la belle vie.
(lors de certaines séquences, les tanukis sont dessinés de façon très réalistes)

D’après moi, Pompoko est un film résolument nostalgique. L’élément qui en est le plus caractéristique est la narration. Elle est entièrement faite du point de vue des tanukis, bien sûr. Et surtout elle est, a en juger par les propos, l’œuvre d’un tanuki qui a assisté à tous les événements détaillés dans le film. Dès lors, comment ne pas trouver sa voix un peu triste et ne pas l’imaginer regarder vers le passé ? Quand on a vu le film, comment ne pas entendre de la mélancolie dans cette voix, lorsqu’en début de film, on nous parle du mode de vie qu’avaient les tanukis avant, lorsque Tama n’était qu’un coin de campagne comme tant d’autre.

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– « Les humains ont fini par découvrir notre existence… mais il était trop tard, nous étions à l’étroit ».

On comprend d’ailleurs lors de l’épilogue que le narrateur est bel et bien Shokichi, le personnage principal. En effet, la narration de l’épilogue commence avec sa voix à lui, puis la voix du narrateur vient se superposer à la sienne, avant de prendre totalement le relai. Une voix plus âgée que la sienne, mais qui ne laisse aucune place au doute lorsqu’elle narre, à la première personne, ce qu’il est devenu.

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Pour les tanukis, deux alternatives : une vie éprouvante en tant qu’homme…

L’épilogue est d’ailleurs empli de tristesse, mais là encore, c’est surtout un sentiment nostalgique qui se dégage. On nous raconte comment les tankis transformistes ont fini par utiliser leurs pouvoirs pour se faire passer pour des humains, adopter leur style de vie et vivre dans cette ville dont ils ont autrefois cherché à empêcher la construction. Mais ce qui se dégage de tout cela, c’est une sensation de manque. La forêt, les champs ont disparu. Devenir des hommes est la meilleure solution pour survivre, mais il est difficile de s’y faire pour les tanukis, qui sont désormais comme des animaux en cage.

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… ou un choix qui les rabaissent au niveau des chiens errants.

Autre élément, pour appuyer mon propos, la dernière scène avant l’épilogue. Le dernier pied-de-nez des tanukis aux humains. Leur chant du cygne en quelque sorte. Vaincus, diminués, brisés, les rares survivants se rassemblent et, sur une idée du personnage principal, décide de joindre leur pouvoir pour créer une ultime illusion. Mais pas pour effrayer les humains cette fois-ci. Leur but est de « restaurer » le payasage de Tama, lui redonner l’aspect qu’il avait autrefois. Un dernier défi, pour rappeler que quelles que soient les circonstances, les tanukis aiment s’amuser.
Je vais faire simple, la scène ne dure même pas 3 minutes. Et il s’agit à mes yeux d’une des plus belles et émouvantes des scènes de films que j’ai pu voir. Les arbres repoussent, les champs et les vieilles maisons réapparaissent, sous la stupeur des humains qui voient d’un seul coup une forêt ou une ferme apparaître sous leur balcon. Plus poignant encore, des personnes surgissent du passé : cette séquence où une femme assez âgée voit sa mère apparaître au bout d’un chemin est absolument magnifique. Et finalement, même les tanukis se font prendre à leur propre jeu, pleurent devant ces souvenirs de leur passé et se précipitent lorsqu’ils aperçoivent leurs anciens camarades de jeu, décédés depuis.

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Ça doit quand même être une sacrée surprise.

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– Mais, c’est Maman !!

Autant dire qu’entre cette scène et l’épilogue qui suit, le moral des spectateurs est assez bas. Et pourtant, le film a la décence de ne pas trop en faire et la délicatesse de finir sur une note plus joyeuse, avec des tanukis faisant la fête, montrant que même si elle est moins enchanteresse qu’auparavant, la vie continu pour les sympathiques rongeurs. Takahata réussi donc à éviter de sombrer dans un pathos le plus total.


Le mot de la fin

J’ai oublié de parler de la musique du film. Elle est excellente, tout simplement. Je ne me suis jamais posé la question de savoir qui était le compositeur et après quelques recherches, toutes les informations que je trouve pointent vers un groupe japonais nommé Shang Shang Typhoon. Un seul groupe donc, auquel on doit une bande originale très variée.
Évidemment, comme toute bonne OST se doit de le faire, elle colle à merveille au film, et donc change de ton en même temps que lui. Mais reste toujours aussi magnifique. Sur la forme, on passe de la chanson presque a cappella ou de la mélodie très simple jouée sur un seul instrument au mambo, à la musique plus élaborée jouée sur des instruments traditionnels ou, grand classique, à la musique pour piano et violon.
Et dans les faits, on passe ainsi de la comptine pour enfants à des musiques plus festives, pour accompagner les moments de joie, ou à des mélodies plus champêtres, des morceaux nostalgiques (la musique de l’épilogue en est un autre exemple). Et quand viennent les moments tristes, elle s’adapte une fois de plus… Ou pour finir sur un de mes morceau favori, celui utilisé lors de la scène finale, qui indépendamment peu peut-être paraître terne, mais qui, additionné à la scène en question est un véritable tire-larmes (et puis son titre complet, dont je viens de découvrir la traduction anglaise « It’s Time to Stop Living in the Past, Isn’t It? »). [J’espère que les liens marcheront.]

J’ignore qui sont les Shang Shang Typhoon, je ne connais pas leur travail, je sais juste que le groupe existe encore aujourd’hui. Cependant, j’ai énormément de respect pour leur travail sur la bande originale de Pompoko, que je réécoute chaque fois avec plaisir (bien que je finisse chaque fois recroquevillé en position fœtale et les larmes aux yeux).

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Pour effrayer les humains, les tanukis créent une immense illusion : un défilé de fantômes et de monstres. Et au milieu, un clin d’œil à mon film préféré.

Mais je crois que ce billet est bien assez long comme ça. Ce n’est pas faute d’avoir encore envie d’en parler, mais je vais conclure.
Pour moi Pompoko est un grand Takahata et, de façon plus générale, un grand film. Ce n’est pas un Ghibli « mineur », loin s’en faut, et ce n’est surtout pas un Ghibli qu’il faut négliger aux profits des autres. S’arrêter à l’image enfantine qui en ressort à première vue serait la pire erreur possible. On ne parle pas de Cars ou de Madagascar, on parle bien d’un film qui, bien que basé sur des animaux parlant et anthropomorphes, est signé par le réalisateur du Tombeau des Lucioles.
On parle aussi, et surtout (enfin ça vous vous en foutez) du seul film qui réussisse à me donner envie de verser des larmes simplement en en parlant. Un film à la fois comique et très émouvant. Un film magnifique et profondément touchant.
Si ça se trouve, je suis le seul à ressentir ça et si vous suivez mon conseil et regardez ce film, vous allez vous ennuyer à mourir, mais je maintiens.
Regardez Pompoko, vous ne le regretterez pas (enfin j’espère).

P.S. : Pour une lecture plus analytique, de plus vastes informations sur la figure du tanuki dans la culture japonaise, mais aussi sur les différents contes et récits auquel le film fait allusion ainsi que sur des données factuelles concernant la ville de Tama, je recommande l’analyse de Pompoko réalisée sur le site Kanpai (et de façon générale, leurs analyses de tous les films Ghibli, très intéressantes, chacune à sa manière). Et si vous souhaitez aller encore plus loin, le site Buta Connection propose aussi des analyses non dénuées d’intérêt, aussi bien sur Pompoko que sur les autres films du studio.
J’en profite pour remercier Kanpai sur qui j’ai honteusement pompé la traduction du titre original du film.

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Bonus : et on continue les clins d’œil à des films que j’aime.

4 commentaires sur “Pompoko – Des tanukis et des larmes

  1. Api dit :

    Pas mon Ghibli préféré (Si tu tends l’oreille), mais définitivement un que j’apprécie, de même que Porco Rosso. Je le reverrais bien, du coup ^^

    • Nock dit :

      Et moi, j’apprécie tes goûts en matière de Ghibli. Quand est-ce que Buena Vista se décidera à faire sortir Si tu tends l’oreille du Japon ?

  2. hecate dit :

    Merci pour cet article qui m’a permis de rester un peu plus longtemps dans l’ambiance du film, particulière mais qui m’a parlé.

  3. Le homard dit :

    Merci pour cet article très intéressant, que je viens de lire juste après visionnage du film.
    Je ne suis donc pas le seul à avoir eu des petites larmes aux yeux !
    Un super Ghibli.

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