[avatar user= »RdNetwork » size= »original » align= »left » /]Le feuilleton terroriste de l’été continue. Et il n’est pas forcément aussi palpitant qu’il voudrait nous le faire croire, mais pas bien creux pour autant. Retrouvons tout de suite notre crossover entre Les Experts : Tôkyo, et Zodiac, le thriller de la saison, j’ai nommé ZanTero.
Zankyou no Terror (a.k.a. Terror in Resonance, ou Terror in Tôkyo) // MAPPA // été 2014, créneau noitaminA // Réalisé par Shinichirô Watanabe // 11 épisodes prévus, simulcast sur Wakanim
Comme la semaine dernière, mieux vaut avoir lu mes autres reviews de ZanTero, on sait jamais, quelques références peuvent se perdre en route. Le lien est ici.
Comme la dernière fois, on a droit au debriefing par la police de l’attentat du dernier épisode, histoire de se rendre compte qu’ils devraient être quand même un peu mieux informés s’ils veulent tenir dans une série qui se veut la plus crédible sur ce plan-là. Au même moment, le Sphinx ne traine pas, et le nouveau piège est d’ores et déjà en place, avec comme but parallèle pour Nine et Twelve de savoir si quelqu’un a bel et bien la carrure pour être leur antagoniste dans les 8 épisodes qui restent.
Au fur et à mesure de la progression de la série, on se demande quand même qu’est-ce-que Nine et Twelve ne savent pas faire : ils savent concevoir des explosifs, analyser les comportements et psychologies de chacun, les manipuler quand c’est nécessaire, retenir et réaliser un plan terroriste à la seconde et au centimètre près, hacker et se créer (puis supprimer) une fausse identité, le tout en étant en plus discrets (ou en tout cas, non reconnaissables). D’ici pas longtemps je crois qu’ils pourront devenir Weed et faire du siscon pour devenir nos dieux à tous.
On a droit également à la remise en service de Shibazaki, qui a le mérite de ne pas vraiment tomber dans les stéréotypes d’enquêteur ; ni neuneu, ni « en retard », ni repenti. Il est sobre, réfléchi, mais pas non plus badass. Il colle un peu au ton général de l’anime, finalement. Ça pète pas de partout mais c’est sérieux mais pas trop pour être non plus grave malgré les thèmes abordés. Plus étonnant : il se retrouve aussi affublé d’un background, là où celui de Nine et Twelve reste mystérieux. Je vous avoue que je m’y attendais pas (à la rigueur une « ancienne enquête », à la Psycho-Pass, sans plus – on verra ça plus tard), surtout qu’il arrive assez tôt, et a une portée vraiment psychologique. Sinon, il a une supériorité psychologique non négligeable ; le genre que voyez pas venir à l’interrogatoire, mais qui vous force les aveux en 2 minutes. L’efficacité nippone ? Bref, dans tous les cas, je peux enfin cocher la case « ANTAGONISTE » dans ma liste : Check.
On apprend que Shibazaki est une victime de « seconde génération » de la bombe atomique américaine qui a frappé Hiroshima, d’où il est originaire, et à la suite de laquelle tous les habitants (d’une moyenne d’âge sensiblement élevée) ne sortent plus l’été, pour cause de sensibilité à la chaleur et aux rayonnements. L’événement lui a figurativement « volé » son enfance et sa tranquillité. Il a beau nier, le bougre, le fait que nous 2 ados jouent avec le feu le plutonium a pu jouer sur sa décision pour revenir chez les « vrais flics ». Après le 11 septembre, ça fait 2 événements plutôt sombres et mortels auxquels fait référence ZanTero, le premier étant plutôt pour le symbolisme ; celui clairement comme motif de background. Je ne saurais pas dire à quoi ils veulent jouer avec ça, mais si c’est pour rajouter une couche de sérieux, ça passe pas trop mal.
Enfin, chez la plus torturée de nos torturés, j’ai nommé Lisa, ça va pas fort-fort. Si la dernière fois elle semblait plus concernée par sa relation mentale avec Twelve, là visiblement c’est le retour du harcèlement, et je… Ah ben c’est déjà fini. Voilà. Donc il y a eu environ une trentaine de secondes, certes jolies, certes avec une super musique, mais sans dialogue, juste une Lisa désœuvrée parce qu’on a piqué ses chaussures. « C’est tout ». Bon, je veux bien que le harcèlement l’atteigne psychologiquement, c’est visiblement le cas depuis les premières minutes de l’épisode 1, mais là c’est un peu tirer sur l’ambulance si elle réagit pas. La gestion de ce perso un peu poussive, en tout cas un peu trop lente selon moi, quand bien même l’anime est aussi plutôt lent (mais efficace, lui).
L’enquête progresse, et l’évidence apparait : le Sphinx joue avec la police, tout en perpétrant ses actes terroristes sans se faire attraper. Pour nos amis les flics, plus que trouver les coupables, le but est de surpasser ces 2 ados qui les mènent en bateau continuellement et de réussir à anticiper leurs mouvements ; j’imagine que ça veut dire qu’une bonne partie de l’anime sera vouée à des enquêtes et analyses permanentes. Le schéma « Sphinx prépare un attentat – Les flics ont peur – Sphinx prévient – Les flics cherchent – [Ils trouvent PRESQUE – Boum] OU [Ils trouvent – Pas boum] – Les flics analysent – Sphinx attend, et prépare un attentat » (bis repetita) semble être celui qui va prédominer pendant au moins quelques épisodes, le facteur déterminant étant les personnages : soit une intervention externe, soit Lisa, qui reste la seule à ne pas s’inclure dans ce schéma, mine de rien. Et là où je dis que Sphinx joue avec ça, c’est même sur ce schéma qu’ils jouent ! Ils s’amusent à se mettre en scène, en sachant pertinemment que le déroulement sera sans doute similaire à chaque fois : et c’est bien pour ça que leur seul emmerdement depuis le début n’a pas été les flics, mais bel et bien Lisa, dans l’épisode 1 !
C’est évidemment plutôt problématique pour attirer l’attention du spectateur que de tomber dans ce schéma classique. On est pas vraiment là pour voir Shibazaki et son club résoudre des Cahiers de Vacances de Criminologie niveau Bac+2. Et quand bien même ces résolutions sont bien fichues, ce qui est « à moitié » le cas ici (et qui était paaaaas trop crade dans l’épisode 2), i.e. elles ne sortent comme un deux ex machina d’un seul homme, ou d’un signe de dieu, mais bien d’une réflexion collective (mais quand même aboutie par un leader avec un indice… bien vu, dans le 2 comme dans le 3), sans que ça prenne 3 plombes (en temps d’épisode) alors qu’il suffit de 2 bouquins et de 3 pages Wikipédia, bah ça fait quand même l’effet d’une série policière classique. Pas forcément une mauvaise série policière, puisqu’ici le setting est quand même assez intéressant et avec du potentiel, mais un schéma très limité.
La série s’essaye du coup par bribes de faire autre chose, notamment avec les passages sur Lisa, mais, plus étonnant, avec les passages sur le collègue un peu neuneu de Shibazaki, qui sert un peu de caution d’analyse sociétale, avec des passages allant dans tous les cas sur le gros, les jeunes, internet, les gens… C’est souvent très court, mais pas dénué de fond. Mais malheureusement anecdotique, tant le perso ne sert pas à grand chose.
*BIIIIIP* *BIIIIIIIP*, désolé, c’est mon alerte ELEMENT PERTURBATEUR. Je suis quand même content qu’elle ait pu se déclencher cette fois. Pas de surprise sur qui l’a délenché par contre : c’est Lisa. Encore poussée à bout par sa mère (qui est définitivement une réincarnation de Tommy Wiseau), elle décide de fuguer. Bon, c’est pas si surprenant comme déc-*BIIIIIP* *BIIIIIIIP* Hé mais ? L’alerte sonne deux fois ! MEGA-SURPRISE§§§§§ Elle nous vient cette fois de l’enquête, par l’intermédiaire de Shibazaki, qui décide de résoudre l’énigme de la même façon que Sphinx tease ses énigmes, soit…. en streamant un message lui-même, en live, répondant à l’énigme, pendant que les flics s’agitent à l’endroit trouvé.
Je trouve ça assez ingénieux, au-delà du « je vous prends à votre propre jeu, NA-NA-NERE », c’est un bon moyen d’attirer l’attention sur eux pour que les gens s’assurent que la police fasse son boulot. Risqué ? Oui, carrément. D’ailleurs l’initiative est contestée même dans les rangs de Shibazaki ; et si c’est effectivement peu crédible que des flics agissent comme ça, c’est un coup intéressant pour « promouvoir » un peu le charisme des personnages et leurs capacités. (Surtout que ce sont sans doute pas les seuls à avoir résolu l’énigme dans tout le pays, faut pas pousser. Donc ça fait aussi un peu « on a trouvé sans demander d’indice, promis ! »). A l’inverse de beaucoup de séries ou animes policiers ou ce genre de confrontations se font dans l’ombre (dans Psycho-Pass, la société est mise au courant sur le tard, voire pas du tout, par exemple), ou par des instances secrètes, là, tout est littéralement public, partout, sur les équivalents de YouTube et UStream, donc c’est un peu un jeu macabre à l’échelle de tout un pays. Un point d’intérêt non négligeable selon moi.
J’ai gardé pour la fin l’autre élément important de cet épisode, qui est le premier passage de background complet concernant Nine et Twelve, dont on avait seulement une vague image grâce à l’opening et un cauchemar dans l’épisode ; c’est maintenant corrigé, avec un joli flashback, nous montrant comme j’avais supposé dans ma review du 1, un « camp » d’entrainement pour (très) jeunes enfants abandonnés. Ils sont visiblement traités à la dure, et formatés comme des robots, une idée qui n’est pas sans rappeler un autre anime que j’avais déjà évité de spoiler dans l’épisode 1 mais qui se confirme (Mots-clés : pomme, métro, chapeau, symbolisme). On apprend également que Nine et Twelve ne se sont pas enfuis seuls ! En tout cas, ils ont essayé. Puisqu’en chemin, un troisième larron n’a pas réussi à fuir et… fin de ce qui s’avérait être un nouveau cauchemar éveillé, presque maladif, de Nine. J’imagine que c’est pour ne pas nous prendre par surprise si jamais un nouveau surdoué arrive bientôt.
La technique est dans la continuité des précédents, impeccable, même si les visuels sont plutôt statiques, le plus souvent. La musique se veut un peu plus présente, et le thème « bluesy » de fin, pour la résolution est très, très sympa.
Cet épisode a généré un vrai « bordel organisé ». Même très bien organisé. Les flics sont plus malins que ce qu’ils ont l’air d’être, Lisa est sortie de sa vie habituelle, Nine et Twelve sont malmenés par leur passé, et on a même un potentiel 4ème angle de vue qui s’approche. Et si le schéma était le même que le 2, pas mal de choses ont changé dans le contenu : les flics ont gagné, et à l’opposé, Lisa n’est pas restée enfermée dans sa torpeur. L’épisode en lui-même était un peu lent, et finalement peu de temps s’est écoulé, mais beaucoup d’éléments intéressants se sont vus révélés, et si la série devient moins mystérieuse, on a pas mal d’éléments en notre possession pour comprendre la série.
On peut évidemment regretter certaines idées finalement prévisibles comme le fait que Shibazaki a bel et bien été « rétrogradé » suite à une affaire où il a été trop zélé, et qu’il semble aussi être le seul au niveau du Sphinx. Mais pour le reste, notamment la gestion de Lisa, et des autres « numéros » du camp, pas mal de possibilités s’ouvrent maintenant, et je ne peux encore une fois qu’espérer pour la suite, vu que la phase introductive semble s’achever, sur une note quand même positive. Une note sur une série qui essaye de faire un anime avec du neuf, en utilisant du vieux de film policier psychologique. (N.B. : et de Death Note, on me signale dans l’oreillette. Je ne l’ai pas vu.)
Mais bon, ça m’attriste de dire que c’est moins « génial » que ce que j’aurais espéré que ce soit (comme tout Watanabe, etc., je vais pas vous refaire le speech de l’épisode 1). Encore, pas que je trouve non plus la série mauvaise, mais si globalement il ne se passe rien de plus que ce qu’on a déjà vu + ce que j’ai « deviné », ça restera une série « pas mal », mais sans doute pas grand chose de plus. Et finalement ça me gênera un peu. Mais pour pouvoir vous confirmer ça, je vous donne déjà rendez-vous dans une semaine.