Mangarama du chômage caniculaire
Je me disais que ça faisait longtemps que j’avais pas fait un article format mangarama sur ce blog et, évdemment, le dernier c’était y’a trois foutues années. Mais comment ça se fait que le temps passe aussi vite ? Ca veut dire aussi que mon voyage au Japon c’était y’a bientôt trois ans aussi ? Mais il s’est passé quoi entre maintenant et y’a trois ans ? Pourquoi j’ai eu l’impression que c’est passé vite et que je n’ai rien fait ? Y’a eu un grave événement d’envergure planétaire ou qu-
…
Ah oui y’a eu ça c’est vrai.
Bon bah du coup les mangas. Je lis quoi comme mangas en ce moment ? Et surtout qu’est-ce que je lis que j’aime bien ? Depuis que je suis au chômage j’ai pas mal changé ma manière de « consommer » du manga dans le sens où, avant, je lisais surtout ça sur mon PC quand j’avais des creux au taf. Là maintenant je suis revenu a comme j’étais y’a dix ans, c’est à dire que lire des mangas sur un écran j’ai encore beaucoup de mal. Je me force un peu pour tout ce qui est sorties sur Mangaplus et pour me tenir à jour de ce qui se passe dans le Jump mais en contrepartie je lis beaucoup plus de papier. Soit via le stock gargantuesque que je continue à acheter chaque mois, soit via ce que j’emprunte ou lis directement en médiathèque (vu que je me suis enfin inscrit à la médiathèque du coin ce qui est le genre de décision que je me demande pourquoi je l’ai pas pris genre beaucoup plus tôt.) D’autant que je le rappelle ça fait un an maintenant que je fais chaque lundi sur Twitch le suivi des sorties mangas donc j’ai pu découvrir pas mal d’oeuvres ces derniers temps, ce qui a pas mal changé ma manière de voir le manga !
Et du coup allez hop, vous ai-je parlé de Insomniaques ?
Oui bien sûr que je vous en ai déjà parlé, c’était lors du bilan annuel de Néant Vert où c’était ma série de l’an dernier. Mais ptet que vous n’avez pas lu ce bilan, ptet que vous l’avez abandonné au bout de deux paragraphes de questionnements existentiels, et je le comprendrais ! Insomniaques est donc une série qu’on doit à Makoto Ojiro qui avant ça avait proposé La fille du temple aux chats et qui ici nous raconte une histoire simple: celle de deux lycéens qui sont – comme le titre l’indique – insomniaques, qui ont donc des méga coups de barre l’après-midi, et qui se retrouvent après les cours à aller se taper des siestes dans le vieil observatoire abandonné de l’école. Ce point commun va les rapprocher, et ensemble ils vont essayer de se sentir globalement mieux. Ce qui va impliquer à la fois le développement d’un club d’astronomie (pour justifier l’occupation de l’observatoire), des sorties nocturnes (pour prendre en photos les étoiles) et se rapprocher d’autres personnes qui, compréhensives de leurs soucis, essaieront de les aider au maximum.
Le bonus, bien sûr, c’est que y’a un peu de romance en fond: ce rapprochement entre ces deux personnages, qui se fait petit à petit, implique aussi la naissance de sentiments l’un pour l’autre. Le tout dans une très jolie ambiance parce que clairement Insomniaques est un manga qui fait juste du bien par où il passe. Makoto Ojiro est une dessinatrice extrêmement douée pour justement poser des ambiances et souvent simplement s’exprimer par le dessin, par de grandes et belles doubles pages. Dans Insomniaques on lit finalement assez peu: beaucoup de cases sont complétement dénuées de dialogues, sans être dénués de sens ou d’attrait. C’est une lecture fluide, rapide, avec parfois des illustrations qui claquent, qui viennent emphaser ou conclure une scène.
Au délà de mon biais connu envers les histoires de romance entre lycéens – je sais pas j’aime bien les histoires de premier amour, c’est mon côté fleur bleue, comme l’envie de vivre via ces récits quelque chose que je n’ai pas connu à l’époque -, ce que j’aime beaucoup dans Insomniaques reste évidemment la manière dont le sujet des insomnies est traité. Sans être moi-même insomniaque (quoique), j’ai cette tendance naturelle à dormir le jour et vivre la nuit qui fait que je comprends ce que vivent les personnages et surtout quand le manga passe de nombreux chapitres à rendre hommage et honneur au Japon nocturne et aux occupations nocturnes, c’est quelque chose qui me plaît, qui me parle. Y’a une scène dans le premier ou second tome où un prof reproche au héros d’être insomniaque parce qu’il a pas une bonne hygiène de sommeil, ce qui fait littéralement péter une durite au héros parce que si c’était aussi simple, bien sûr que ça aurait été réglé depuis longtemps. Et ça aussi c’est le genre de petite séquence qui m’aide à aimer d’autant plus ce récit: parce que le sujet des insomnies est pris au sérieux, et que ça rend le propos d’autant plus sincère, donc d’autant plus beau dans ce qu’il raconte.
Mais au délà de ça, on reste dans une histoire de romance bien narrée, bien contée, avec des belles pages, parfois quelques bons traits d’humour, quelques passages beaucoup plus sérieux et riches en émotion, des moments parfois juste très beaux. Chaque chapitre est un peu une surprise: on ne sait pas forcément dans quel ton ou quelle ambiance on va se retrouver, mais on se rend vite compte que très vite tout sera bien traité. On est entre de bonnes mains. Il faut aussi, d’ailleurs, complimenter les deux personnages principaux. Que ce soit notre héros à lunettes qui va se plonger corps et âme dans ces moyens de « rentabiliser » ses nuits blanches ou bien notre héroïne à gros sourcils (preuve d’un chara-design soigné) qui semble cacher un ou deux secrets mais a cette curiosité naturelle et cet amour de la vie qui ouvrent la porte à de très belles situations. La dynamique fonctionne bien, leur relation paraît naturelle et surtout on envie un peu la relation qu’ils ont. C’est la preuve d’une romance qui fonctionne ?
Six tomes à l’heure actuelle, neuf au Japon, c’est toujours en cours de parution et un animé sort l’an prochain (même si le staff annoncé me rassure pas forcément beaucoup 😭) et c’est clairement un de mes mangas favoris du moment. Chaque tome est une vraie bulle d’air et ça remplit un besoin de bon manga de romance qui commençait à être assez frustré depuis la fin de Quintessential Quintuplets. Mais eh, je devrais pas trop pleurer: Scum’s Wish est enfin en France.
Je vais être assez rapide parce que Scum’s Wish c’est un manga que j’évoque déjà régulièrement sur ce blog depuis maintenant plus de cinq ans. Là ça sort chez Noeve Grafx dans une très jolie édition (comme souvent chez Noeve, qui fait tout pour avoir de la qualité) qui sortira sans doute à un rythme d’escargot avec du un tome tous les six mois (comme souvent chez Noeve, qui malgré la crise du papier refuse de baisser ses standards de qualité, quitte à juste pas pouvoir sortir les tomes à bon rythme) (ce qui me frustre de ouf) donc c’est une occasion parfaite pour vous en retaper un mot et vous rappeler l’amour que j’ai pour ce manga. Qui est lui aussi un manga de romance mais damn c’est pas de la romance pure et bienveillante comme dans Insomniaques. Là on est dans de l’amour un peu pété parce que les lycéens, parfois, ils sont un peu pétés. Eh c’est un âge où on passe notre temps à nous détruire et nous reconstruire, non ? Quoique je sais pas, j’ai l’impression que je continue à faire ça tous les deux ans.
Mais bref l’intrigue est connue mais je vous la rappelle car elle est un peu choc: on y suit Hanabi et Mugi, deux lycééens. Hanabi aime le jeune gars un peu niais qui lui sert de prof principal, Mugi aime la jeune femme très populaire qui lui sert de prof d’anglais, l’un comme l’autre ne peut pas accéder « facilement » à cet amour dont ils rêvent, du coup ils décident de sortir ensemble et de vivre en couple en imaginant que l’autre… est celui ou celle qu’ils aiment vraiment. Et plus le récit va évoluer, plus cela va ammener des réflexions, des questionnements, des complications. Peut-être s’aiment-ils vraiment ? Peut-être ne se donnent-ils pas assez les moyens d’avoir accès à la personne qu’ils aiment ? Peut-être que d’autres personnes les aime et qu’ils pourraient se rabattre dessus ? Peut-être qu’ils ont pas tant besoin d’amour que ça ? C’est quoi l’amour au fait ? A quoi ça sert ? Et si au final ils avaient besoin d’amour juste pour essayer de guérir un certain mal-être ?
Scum’s Wish est un manga qui m’a toujours beaucoup fasciné et séduit car je l’ai toujours trouvé… viscéral. Sincère, aussi. C’est un manga que son autrice, Mengo Yokoyari, a écrit pendant six années, et j’ai du mal à envisager qu’elle ne parle pas ici de situations et de pensées qu’elle a elle-même connue. Les personnages passent leur temps à se mettre dans de sales situations parce qu’ils font des erreurs, erreurs qui leur force à se réimaginer, à se recréer, et à aller en faire de nouvelles, qui vont derrière lui permettre d’autres enseignements. C’est une sorte de carrousel des erreurs amoureuses, et ça retranscrit je trouve à la perfection les merdes de l’adolescence.
C’est très clair dans ses intentions, très explicite, très fluide, et Mengo Yokoyari a en plus ce don de ponctuer son manga de cases un peu « choc. » Scum’s Wish a beau être l’un de ses premiers mangas, dès le premier volume on retrouve ce découpage qui amène forcément à une case un peu « brute », dissonante, qui va arrêter la scène en cours avec le choc d’un point final. Les dialogues – et leur mise en scène – sont aussi, pour moi, une des vraies forces de ce manga.
Déjà que j’étais très heureux que Oshi no Ko débarque très vite en France en début d’année (et se vende même plutôt bien !) mais alors Scum’s Wish dans la même année c’est vraiment parfait. Je me sens presque un peu gâté. Donc voilà, j’ai un peu fini de râler, y’a plus qu’à espérer que Noeve tienne encore deux ans de plus pour qu’on aie les neuf tomes, on y croit, je l’espère, c’est pour la bonne cause. Et sur ce, maintenant que j’ai bien parlé de romance, on va partir dans un tout autre registre avec Manchuria Opium Squad.
La sortie du tome 1 en janvier dernier m’avait rendu assez curieux et du coup j’avais profité de Japan Expo pour prendre les quatre premiers tomes d’un coup et je pense que ouais c’était la meilleure chose que je pouvais choper à cette convention. Clairement beaucoup mieux que d’autres trucs que j’ai chopés (genre, par exemple, le COVID.) Sachant que là ouais on est plus dans l’ambiance lycée on est dans la Manchourie des années 30, celle qui vient fraîchement de commencer à être occupée par l’armée impériale japonaise, qui se charge avec plaisir d’opprimer la population chinoise locale et espère bien exploiter les nombreuses ressources de la région. Dans tout ça on y suit un pauvre bougre, Isamu, qui après avoir été blessé sur le front se retrouve à bosser avec sa famille dans une des fermes manchouriennes tenues par l’état, ce qui est une sorte de méga prison qui ne dit pas vraiment son nom. Les conditions sont dures, le représentant de l’armée impériale est un tyran, les gens se font tabasser, meurent d’épuisement ou bien, comme la mère du héros, chopent la peste parce que les conditions d’hygiène sont pas au top. Le seul moyen pour le héros de sauver sa mère ? Vendre de l’opium de qualité. Commence alors une séquence de multiples péripéties qui vont l’amener, quelques chapitres plus tard, à voir Isamu être à la tête d’une petite équipe de truands spécialisés dans le traffic d’opium…
Je suis sûr que sur Internet des gens ont déjà du dire « eh c’est Breaking Bad mais en Manchourie » et c’est pas totalement faux mais c’est pas totalement vrai non plus dans le sens où là on va très rapidement suivre une équipe de petits prodiges (composée du héros connaisseur en biologie et à l’ouïe très développée, de la stratège en chef héritière d’une grande famille de triades, d’un garde du corps d’origine mongole amateur de jolies filles et d’une dealeuse orpheline à la mémoire sur-développée) dans un monde assez dégueulasse où tout va être contre eux en permanence. Ah et quand je dis « assez dégueulasse » c’est un peu un avertissement: Manchuria Opium Squad est un manga violent.
Jusqu’ici et après quatre tomes, le manga ne cache pas trop la cruauté du régime japonais sur la région. Tous les représentants impériaux sont des tyrans, des psychopathes, des sadiques, voire même les trois à la fois. Mais bon, ce ne sont pas les seuls: les chefs de gangs, les triades chinoises… tout dans ce pays semble être d’une ultra-violence basique. Beaucoup de corps qui se font torturer de manière détaillé, beaucoup de personnages qui meurent de manière corps, des violences sexuelles, la violence de la famine ou de la maladie: Manchuria Opium Squad prend le parti clair de dépeindre la Manchourie comme un enfer sur Terre. Mais le fait avec une certaine intelligence pour ne pas trop nous désespérer, nous autres pauvres lecteurs: les héros parviennent parfois à accéder au succès, au triomphe, et parviennent à se battre dans cet enfer. Si tous les antagonistes sont souvent des caricatures de cruauté, les héros sauront faire preuve d’intelligence et de sens tactique pour parvenir à leurs fins. Leurs fins qui sont, je le rappelle, « inonder la Manchourie d’opium pour se faire de méga profits. » Oui c’est un manga un peu amoral.
Mais en tout cas ça marche très bien: je me suis bouffé les quatre premiers tomes d’un seul coup, et j’ai eu du mal à accepter le fait que j’allais devoir attendre un peu par la suite. Le tome 4 amène d’ailleurs nos héros du côté d’Harbin et ça me plaît pas mal en terme de potentiel, vu que c’est une ville de Manchourie connue pour avoir hébergée une énorme diaspora russe (ce que la série traite très bien pour l’instant) mais aussi comme la ville ayant servie de base pour une partie des fameuses expériences médicales inhumaines perpétrées par l’armée impériale japonaise. Ça ne serait pas étonnant que la série l’évoque…
Donc voilà, c’est une bonne surprise, une bonne lecture, c’est un manga qui remplit pas mal de petites envies que j’avais (j’avais envie d’un manga d’action se déroulant dans le milieu de criminel et j’avais envie d’un manga se passant dans les années 30) et qui l’exécute pour l’instant de manière très propre, avec un bon rythme, de bons rebondissements, et un bon développement de ses personnages. Ce n’est pas une représentation très réaliste de la période historique pour autant mais eh, écoutez, je suis juste content d’avoir un manga contemporain qui dépeint l’armée impériale de manière un peu sale.
Bon sur ce, et si on rechangeait d’ambiance ? Je vais vous parler de Akane banashi, du coup.
Là pour le coup on repart sur les mangas qu’on lit sur un écran parce que c’est un manga qui n’est pour l’instant lisible que sur Mangaplus ! Comme c’est un manga du Jump et qu’il marche plutôt bien au Japon, je me fais pas forcément trop de bile quant à une arrivée en France même si le neurone un peu pessimiste de mon cerveau me dit que le thème un peu niché de la série peut le rendre inexportable mais bon bref oui c’est un manga du Jump qui parle de rakugo. Le rakugo, vous savez, cet art traditionnel du racontage d’histoire. J’adore ça depuis Joshiraku mais oui ça reste un truc très très japonais. Mais bon, eh, après, bonne nouvelle: Akane, l’héroïne de Akane-banashi, elle est pas découragée par le fait que ça soit très japonais parce qu’elle rêve de devenir une star du rakugo – entre autres pour venger son père, qui a été humilié et rejeté de cet art par un vieux maître acariâtre.
Akane-banashi est donc un représentant de cette nouvelle tendance du shonen manga: les mangas d’art qui sont en fait des mangas de sport déguisés. Vous savez, comme des Act-Age, des PPPPP, des Oshi no Ko ou même des, y’a dix ans déjà, Bakuman. Car ici la pratique du rakugo n’est pas qu’une simple représentation: c’est un match, où tu gagnes si le public rigole. Alors comment tu t’entraînes à faire rigoler le public ? Quelle stratégie tu vas utiliser ? Quel style ? Chaque joueur va avoir le sien. Et Akane, elle, elle va venir avec le style de son père et surtout sa jeunesse. Comment moderniser le rakugo ? C’est quoi, avoir 17 ans en 2022 et faire du rakugo ? A quel public tu parles ? Bon bah la série l’évoque.
Pour l’instant on en est à 25 chapitres et 2 tomes sortis au Japon, et il se pourrait que ça soit peut-être mon manga favori venu du Jump depuis… Act-Age justement. Le fait est que les deux mangas parlent de la pratique d’un art et de la montée en puissance d’une adolescente dans une industrie déjà bien implantée, déjà bien emmitouflée dans ses codes et dans ses traditions, mais la comparaison va un peu se stopper ici. Déjà parce que ici le scénariste n’est à priori pas une grosse merde humaine (à priori) mais aussi parce que les qualités du récit vont être assez différentes des qualités de Act-Age. Act-Age se reposait beaucoup sur l’extraordinaire qualité du style de son illustratrice, qui mettait en scène de manière parfois époustouflante les dialogues et le récit. Ici le focus va être principalement sur l’expressivité des joueurs de rakugo, le tout dans un récit globalement très chargé en dialogue. Comme le rakugo, Akane-banashi est un manga plutôt bavard, qui va faire son maximum pour mettre en scène de la manière la plus dynamique possible tous ces nombreux textes.
C’est entre autres l’héroïne principale, Akane, qui va être une des forces principales du dit récit. En 25 chapitres, elle montre déjà un caractère bien ancré, une tête pleine, de bonnes idées et une personnalité très fun. C’est une fille qui sait réfléchir, qui sait prévoir, qui n’a aucune naïveté, qui n’a pas besoin qu’on lui réexplique l’art. Elle dégage en permanence une vraie confiance en elle qui en fait une protagoniste presque rafraîchissante dans ce genre, et qui permet de ne pas faire traîner trop les premiers chapitres. Elle n’a pas besoin d’apprendre le rakugo: dès le second chapitre, elle part dans une quête qu’est celle de perfectionner son rakugo. Et ça pose d’emblée une dynamique assez attrayante. D’autant que Akane, quand elle raconte ses histoires, elle donne tout !
Le personnage est ultra expressif, tire énormément de super bonnes tronches (que ce soit sur scène ou en dehors), en somme on a là une vraie protagoniste principale qui a les qualités et la force pour soutenir le récit et le manga presque avec ses seules épaules. Mais petit bonus: les autres personnages introduits jusqu’ici sont tous très biens ! Les joueurs de rakugo « rivaux » ont tous une personnalités aussi « fortes » que Akane, ont tous leurs propres styles, leurs propres moyens et façons de raconter une histoire. En somme, on a après ces deux tomes déjà un potentiel solide pour la suite. En bref, beaucoup d’amour pour cette série. Moi qui voulait enfin un peu de neuf dans le Jump et autre chose que de la comédie méta / combat contre des démons, bon bah j’ai été servi et bien servi, j’avais juste à être un peu patient !
(Fun fact: le second tome au Japon est officiellement vendu avec un bandeau disant que le manga est recommandé par… Hideaki Anno 😎 ! )
(Par contre, Entre les lignes n’est pas officiellement recommandé par Hideaki Anno 😔.)
(Mais il est recommandé par… Hideaki… Amo 😉 .)
Entre les lignes est un manga de Tomoso Yamashita publié chez Kana depuis environ un an et qui raconte l’histoire de Makio, écrivain de 35 ans qui se retrouve un jour à devoir héberger sa nièce, Asa, suite à la mort de sa soeur et de son beau-frère dans un accident automobile. Makio n’est pas forcément quelqu’un de très… habilité à la cohabitation: très taciturne, souvent plongée dans son travail, ultra bordélique, très introvertie, elle n’est clairement pas enchantée à l’idée de vivre avec cette lycéenne qu’elle ne connaît finalement pas tant que ça mais au final elle va juste essayer de faire de son mieux pour accompagner la pauvre adolescente qui a encore un peu de mal à gérer le fait que ses parents viennent de mourir.
Entre les lignes va donc raconter cette étrange cohabitation et comment ces deux femmes séparées de vingt ans d’âge vont apprendre à se connaître, à grandir ensemble, à évoluer l’une avec l’autre, et à former une sorte de petite relation très saine, qui ne paraissait pas évidente de prime-abord. Makio va essayer de mieux comprendre Asa, et de mieux l’accompagner dans l’épreuve qu’elle traverse, et Asa va entamer de son côté la lourde acceptation de sa perte, et le fait que sa vie continue malgré tout et qu’il va bien falloir en faire quelque chose.
Sachant que malgré la dureté du sujet, Entre les Lignes est un manga qui… n’est pas très dur pour autant. Qui traite ces sujets avec une forme de distance assez adaptée vu que cette distance c’est la même que les héroïnes ont parfois vis à vis de ça.
Globalement la série me fait pas mal penser à March Comes in Like a Lion en terme de structure. On passe notre temps à alterner entre d’un côté des petits moments de quotidien parfois riches en petites joies et en jolis moments et de l’autre côté des moments plus difficiles pour nos personnages, des questionnements difficiles, des doutes qui ne semblent pas vraiment trouver de questions. Peu à peu d’autres personnages vont commencer à graviter autour de nos deux héroïnes: un avocat un peu maladroit, un ex toujours très bienvaillant envers Maiko, des amies de lycée, etc. La vie reprend peu à peu ses droits, et le fait de manière parfois assez jolie… et parfois assez triste, puisque comme dans un Scum’s Wish il arrive souvent que nos personnages fassent des erreurs qui font mal. Asa reste une adolescente, non ?
Bref, un très joli manga, là aussi bien porté par deux héroïnes au caractère bien trempé et très bien développées. C’est une recommandation là aussi assez enthousiaste de ma part !
Donc voilà, en gros pour ce petit retour du mangarama. Il y’a quelques autres mangas que j’aurais bien à coeur de vous présenter: j’ai aussi découvert et dévoré après Japan Expo les quatre premiers tomes de Frieren qui sont effectivement d’une efficacité redoutable, en terme de thriller un peu mystérieux j’ai été plutôt convaincu par la première moitié de De nous il ne restera que des cendres, j’ai aussi récemment rattrapé tous mes tomes de retard dans Chihayafuru et c’est vrai que ça marche toujours du tonnerre, j’aurais pu aussi écrire des pavés entiers sur l’amour que je porte pour Blue Period… mais voilà ça fait déjà pas mal !
(J’ai vraiment trop l’impression d’être un adulte maintenant, j’ai proposé que des mangas un peu destiné à un public de 20 ans et plus. Faudrait que je relise plus de romcom un peu trashy, ou que je me remette à lire des mangas de baston, ça me manque un peu 😭.)
(Ouais même Akane-banashi, pour moi c’est un manga qui vise le lectorat déjà un peu âgé du Jump.)
En tout cas bonnes vacances à ceux qui le sont encore ou qui vont l’être, bonnes lectures, et puis eh rendez-vous lundi prochain pour le récap manga si vous voulez m’entendre dire de la merde parler des dernières sorties, héhé.
Un commentaire
Lama
Yes, team Entre les Lignes ! Un des trucs que j’adore avec ce manga est l’humanité avec laquelle les personnages sont traités, et la représentation très optimiste mais réaliste de leurs vies, errances, etc. Il aborde des thèmes lourds, mais sans être pesant. Il y a aussi pas mal de réflexions sur la création, les relations interpersonnelles, les attentes sociales, l’empathie, etc. C’est vraiment un super manga. Ah et Asa tire régulièrement de sacrées tronches. ;p
Insomniaques me plaît aussi beaucoup par sa… corporalité ? Genre, les personnages expriment beaucoup par leurs postures, leur proximité physique, etc. Y a un côté presque charnel, que je ne retrouve pas si souvent ailleurs, que le dessin met vraiment en valeur. Chaipas. C’est très chaleureux, là encore.
En tout cas, un mangarama de valeurs sûres validées par le chat des lives récap. 8) De mon côté, si je peux ajouter une recommandation, c’est Gloutons et Dragons (Dungeon Meshi/Delicious in Dungeon), qui n’est pas tout récent, mais reste un des meilleurs mangas que je connaisse. Un univers super intéressant, des dessins superbes et originaux, un humour excellent qui ne vient pas diminuer les enjeux et les moments dramatiques (mention spéciale aux LAPINS), des personnages attachants, et une intrigue superbement menée. Vraiment, j’adore ce manga, et j’espère voir les autres de l’autrice être publiés chez nous…