Anime Mirai: Little Witch Academia – Accio bonum animem

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Article garanti sans « Fus Ro Dah ».

 

Minorin-Avatar-Mian Il y a de ces petites perles que l’on raterait sans s’en douter si une autorité ne venait pas vous les mettre sous le nez. Par exemple, lorsque votre serviteur s’en va regarder si sa dose de Sasami-san hebdomadaire est -enfin- sortie et découvre à la place Little Witch Academia.

 

 

Anime Mirai – Little Witch Academia // Studio: Trigger // 2 mars 2013 // 1 OAV //  Réalisateur: Yô Yoshinari

Cet unique OAV de 25min est la première œuvre autonome originale du studio Trigger. Fondée en 2011 par des transfuges de la Gainax (Ôtsuka, Imaishi, Masumoto…), ce qui peut expliquer des choses, il s’agit d’une boîte encore peu connue, impliquée jusque-là dans la sous-traitance (Black Rock Shooter, The Idolmaster).

Avec pour réalisateur Yô Yoshinari, un nouvel arrivant, Little Witch Academia s’inscrit dans l’édition 2013 du projet Animé Mirai. Cette initiative, subventionnée par le Ministère de la culture japonais, sert de tremplin à de jeunes animateurs en leur offrant l’opportunité de monter leur petit film d’animation. Et ils ont bien fait!

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Des… des financements!?

 

L’histoire tient sur un ticket de métro. Depuis petite, Akko Kagari est une giga fangirl de « Chariot étincelant », une sorcière affichant ses talents dans des sons et lumières pour le public moldu. C’est donc avec l’ambition toute shônenesque de devenir aussi cool que son idole que notre héroïne entre à l’école de magie où, vous l’avez tous deviné, elle s’avère… complètement nulle. Nous suivrons donc sur 25 minutes ses mésaventures sur la dure route de la reconnaissance.

Quand je vous dis que le scénario est simple, téléphoné même, ce n’est pas rédhibitoire. Si on sait d’avance ce qui va arriver, on ne sait pas comment cela va arriver. C’est donc ce « comment » qui va nous intéresser par la suite.

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Il ne peut rien arriver d’horrible…

L’OAV est claire dès le départ: elle va jouer sur tous les poncifs dans la veine de Harry Potter et les adapter avec les codes de l’animation japonaise. Commençons par les personnages. On a Akko, notre héroïne, rêveuse et gaffeuse, qui compense son absence de talents en magie contre l’énergie de deux hommes. On aura remarqué qu’en vertu de son rôle de genki, Akko porte la jupe la plus courte de sa promo, ce qui constitue en passant la seule initiative pouvant s’apparenter à du fanservice. Ça nous fera des vacances. Autour d’elle, on retrouve la gentille intellote, la copine loufoque, la pétasse hautaine première de la classe et ses sbires, etc. Un cast exclusivement féminin mais universel, bien équilibré pour réussir une histoire qui ne dure rappelons-le que 25 minutes. Simple mais juste parfait, dix points pour Gryffondor!

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Si par contrainte de format ce genre d’oeuvre ne se distingue pas par un scénario transcendant, notre  principale attente est que les créateurs se fassent plaisir sur la forme. Je ne le tairai pas, c’est une réussite.

Première chose qui saute aux yeux: Little Witch s’écarte légèrement des habitudes graphiques de l’animation japonaise, au profit d’un style qu’on attendrait plutôt des Occidentaux. [Edit: ou pas, nous apprend Kabu] Ne me demandez pas une oeuvre précise, mais cela me laisse vraiment un côté « toon », qu’il serait pertinent d’éclaircir par ailleurs: les yeux? les traits arrondis? les distorsions loufoques? Si vous êtes spécialiste du sujet, n’hésitez pas à argumenter. En tout cas, ces dernières années, bédéistes et animateurs hexagonaux, pour ne citer qu’eux, nous ont habitué à intégrer des influences « manga ». Il est donc un peu surprenant et pas inintéressant d’assister au phénomène inverse. Du reste, n’exagérons pas ce qui n’est peut-être qu’une coïncidence, rafraichissante en tout cas.

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Techniquement, deux mots d’ordre: liberté artistique et goût du détail. L’OAV débute sur une petite fille qui trépigne sur son siège en attendant un spectacle. C’est tout bête, mais c’est ce genre de détail à la con qui assure qu’on regarde un travail bien fait, et l’OAV en fourmille. Le trait est simple mais extrêmement expressif. Les créateurs se sont fait plaisir à tester toutes sortes de tronches rigolotes sur Akko. Le tout avec une animation très dynamique, l’œil ne s’ennuie jamais.

La bande-son, signée Michiru Ôshima (Fullmetal Alchemist, La mélodie du ciel, The Tatami Galaxy) est orchestrale mais très discrète et limitée aux scènes les plus mouvementées. Cela me rappelle les bons vieux Disneys et l’animé s’en sort très bien avec. Pas de grands noms dans le doublage, qui reprend les archétypes de la japanime de façon néanmoins très convaincante. Surtout, c’est au niveau des bruitages qu’on décèle ce même goût du détail que dans l’animation.

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Et d’un coup, je vois des noms français partout! Je ne sais pas trop ce qu’ils viennent faire là mais osef, la partie refoulée de moi qui a fait les tranchées, carbure au camembert et se rend chaque année au défilé de Jeanne d’Arc se fait dessus par litres entiers.

Il s’agit en fait des affaires liées au son. Bien que Trigger déclare souhaiter se différencier sur ce point, l’avantage de recourir à des étrangers n’est pas très clair. Cela dit, je ne vais pas le leur reprocher, hein.

Pour conclure rapidement, Little Witch Academia est classissime dans son propos, mais c’est une recette qui marche, servie par une forme irréprochable pour offrir une excellente distraction de 7 à 77 ans. Trigger a mis l’argent dans le projet et c’est une bonne consécration pour lui-même comme pour le jeune réalisateur qu’il lance ainsi. On ne peut qu’espérer que les autres projets de l’Animé Mirai nous satisfassent au moins autant.

 

Sources:

 

http://www.animenewsnetwork.com/ (EN)

http://animemirai.jp/ (JP)

http://www.st-trigger.co.jp/ (JP)

http://www.studio-trigger.com/index.html (FR)

10 commentaires sur “Anime Mirai: Little Witch Academia – Accio bonum animem

  1. retarded_fly dit :

    Mazette, Les jap’ aussi ont droits au subventions ? Ceux dans le milieu de l’art ? Dans un pays où la dette est à 9000% du PIB ? Et pour ne produire aucun fan service ?
    Ce pays court à sa perte !

    Sinon c’est sur le hdd depuis cette nuit, mais là tu viens de me motiver à regarder ça de plus près.

    Sinon Mian, cette saison il y avait de ce studio Inferno Cop, série qui me sembla animé au départ par un manchot unijambiste saoul (disons que à 5 personnes ici, on aurait pu faire dessin+animation+voix de la série entière en 1 semaine ! :’D ).
    Série de 3~6minutes parodiant/hommage/whatever sur les comics, c’est particulièrement random (mais très !) , mais ça m’a plutôt amusé au final. Mentions aux « seiyuu », à quelques références (je comprend mieux du coup le lolwut sur the end of eva) et surtout au générique de fin/Bande son qui a presque des saveurs de Tray Parker :
    http://www.youtube.com/watch?v=ivd8I-lHi1A

  2. Yokathaking dit :

    Little Witch Academia, c’est aussi pratiquement 25 minutes non stop de Sakuga et le résultat est absolument hallucinant de ce côté là.

  3. Amo dit :

    Oh shit, Christophe Héral. Le type qui a fait les OST des Rayman, entre autres, ce qui est incroyablement bandant.

  4. Mian dit :

    @ Retarded Fly: Que l’Etat japonais investisse dans l’animation n’est peut-être pas si choquant au regard de sa dette, certes ahurissante. Je t’avoue ne pas maîtriser le sujet, mais la capacité d’un pays à s’endetter sans se mettre en danger dépend du taux d’épargne de ses habitants. Et les Japonais sont d’énormes épargnants.

    Du reste, il n’y a pas de pays, si libéral soit-il, dont l’Etat ne s’implique pas un peu dans l’économie. Ce qui est notable est que le Japon commence à réaliser le potentiel de l’animation et se soit décidé à y mettre le fric: pour l’édition 2010, c’étaient environ 300.000€ pour chacun des quatre projets.

    [/economie]

    Je jette un coup d’œil à Inferno Cops, mais je suis surtout impatient de voir ce que fera le studio après.
    Edit: What is this, I don’t even…

    @Yoka: Ok, la définition de sakuga est encore un peu floue dans ma tête, mais si tu veux dire qu’il n’y a pas une minute de temps mort en animation, c’est tout à fait juste.

    @Amo: On en apprend tous les jours. Cela éclaircirait le choix de Trigger d’enregistrer en France plutôt qu’au Japon ou aux Etats-Unis.

  5. Kabu dit :

    « Première chose qui saute aux yeux: Little Witch s’écarte légèrement des codes graphiques habituels de l’animation japonaise, au profit d’un style qu’on attendrait plutôt des Occidentaux. »

    Euh non. Du tout.
    C’est au contraire tout à fait Trigger dans le style, en ce sens que c’est exactement la façon d’animer qui est utilisée sur Tengen Toppa Gurren Lagann. Une forme héritée de Gainax et découlant de l’époque FLCL/Abenobashi/Diebuster.

    Si tu veux quelque chose qui soit réellement proche de l’animation occidentale, et de la case adultswim de CN en particulier, regarde plutot du côté de Panty and Stocking. (Dont les auteurs sont les fondateurs de Trigger)

    « Je jette un coup d’œil à Inferno Cops, mais je suis surtout impatient de voir ce que fera le studio après. »
    >

  6. Mian dit :

    Effectivement, maintenant que tu cites ces œuvres, la parenté est assez flagrante. N’en ayant vu aucune, la première chose qui m’était venu à l’esprit en regardant Little Witch Academia était la ressemblance avec ce qui a tendance à se faire de nos jours dans la BD française, tout en admettant qu’il pouvait s’agir d’une coïncidence.

    Merci pour la correction et l’info.

  7. totoum dit :

    C’est pas parce que c’est pas aussi flagrant que dans Panty & Stocking que ça veut dire qu’il n’y pas d’influence,là c’est surtout dans le detail.

    Par exemple : ceci peut nous évoquer ça (surtout la façon dont les oreille du dragon se rabaisse)
    Ou encore ça et ça

    La tête de mort qui apparait quand Sucy ouvre la potion qu’elle donne au Minotaur est un classique looney tunes aussi.
    Et y’a d’autre choses encore,c’est des détails mais au final quand on les ajoutent les uns au autres ça fait une diff.

  8. Kabu dit :

    Des hommages et références ne font pas un style graphique ni une façon d’animer.

    Il aurait été dommage quand même que les japonais n’aient jamais bouffé de Road Runner, qui est un classique relativement universel pour l’ensemble des animateurs du monde entier.
    Mais cela n’a rien a voir avec le design de l’anime dans sa globalité, ni sur son animation qui sont du Yoshinari 100% pur jus.

  9. Nock dit :

    Bon, j’ai enfin vu cette vidéo et ce qui ressort, à l’issu du visionnage, c’est (encore et toujours) une certaine frustration.
    C’est sympa sur le fond, c’est extrêmement cool sur la forme, mais 25 minutes quoi…
    Avec des personnages vraiment sympathiques (la maniaque des potions en têtes), un cadre attachant, Little Witch Academia aurait gagné à être plus longue.
    Et Trigger, vous ne voulez pas en faire un film ? Ou alors on aurait qu’à dire que cette OAV était un pilote et vous nous faites une série de 12 épisodes derrière.

    En tout cas, j’attends avec impatience de voir ce studio se lancer dans des réalisations plus « ambitieuses ». Ils ont le talent, plus qu’à espérer qu’ils en trouvent les moyens financiers.

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