Suisei no Gargantia – 09 – Le cauchemar de Darwin

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Ma tête quand…

Nous critiquons cette série n’importe comment, voici donc les liens vers les épisodes 1 (Yoka) et 3 (Amo).

VoMinorin-Avatar-Mianus rappelez-vous de cette douce époque où Gargantia était menacée par les pirates de la Fahion Week, où cette machine à tuer de Chamber s’était reconvertie en plancha, et où Ledo devait défendre sa virginité contre des factrices en bikini d’un côté et des maquereaux travs de l’autre? Oui? Cool, parce que c’est fini.

J’admets, passer de l’épisode 3 à 9 constitue un bond considérable, mais il me semble assez pertinent dans la mesure où le scénario a pris son temps pour poser le monde, y intégrer un Ledo à dix-mille lieues de ses valeurs militaristes et lui poser des questions existentielles. Sinon honnêtement, il ne se passe pas grand chose pendant cette période et j’aurais dû me sortir un bras entier du derrière pour en critiquer un par un les épisodes.

Suisei no Gargantia // Production IG // Débuté en avril 2013 // Prévu pour 12 épisodes // Réalisateur: Murata Kazuya (Fullmetal Alchemist: l’étoile sacrée de Milos, assistant directeur sur Code Geass) // Ecrivain : Urobuchi Gen (Fate/Zero, Puella Magi Madoka Magica, Psycho-Pass)

Nous retrouve donc Ledo qui a fait bande à part avec une partie de la flotte, l’un afin de génocider la faune locale en paix, les autres pour passer derrière lui et récupérer tous les loots. Parce que la vie est trop longue, Ledo est encore en train de faire des petits trous dans des becs de calamar. Heureusement pour sa santé mentale, le navire est arrivé à destination et il est temps d’aller à la rencontre de toutes les saloperies qui hantent cette mer.

 

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Quel est l’animal qui vous fait le plus peur? Perso, c’est le calamar géant. La faute à un nanar vu gamin, où ce truc nous attrape avec ses tentacules et nous bouffe sans autre forme de procès. Il semblerait que ce soit impossible en pratique. Une autre raison de cette peur, irrationnelle mais visiblement partagée, serait que nous sommes mal à l’aise devant une créature qui s’écarte radicalement des repères humains,  soit à peu près 90% de ce qui vit sous la surface. C’est en tout cas un filon pour les auteurs de la série. Entre les amonites géants anthropophobes infestant l’espace et -tiens-donc- les calamars géants anthropophobes infestant les mers, Gargantia réussit plutôt bien son casting de monstres.

Mais Ledo n’a pas eu mon enfance et est au commandes d’une mécha badass. Pour les Hideauze terriens, autrement plus faibles que ceux du premier épisode, les minutes qui suivent sont donc très douloureuses.

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Après un générique plus tueur d’ambiance que jamais, c’est l’occasion d’en apprendre plus sur la vieille histoire de famille qui explique pourquoi Pinion le mécano appuie avec tellement d’enthousiasme ce plan. La région abrite en effet un tas de ruines encore jamais pillées, à raison puisqu’infestées de calamars géants. Le frère de Pinion l’a appris à ses dépends. Bon, Pinion n’a pas fait grand chose pour qu’on pleure la mort de son frère, mais il a trouvé dans Ledo un bien bel allié pour accomplir sa vengeance. Sous ses pieds, les Hideauze se font salement botter le cul.

 

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Voilà donc nos gentils ferrailleurs qui, enivrés par la puissance de leur allié et l’appât du gain, oublient la crainte superstitieuse qu’ils vouaient aux Hideauze quelques mois plus tôt et les massacrent à coup de mines sous-marines, dans la joie et la bonne humeur. Une réaction peut-être pas anodine, si on la met en opposition avec l’épisode des pirates (commenté ici par Amo), au début de la série. Au delà d’un incident pas très stimulant pour le spectateur et sans suite dans le scénario, ce dernier constitue l’amorce d’un changement dans l’attitude des protagonistes. Face à plus fort qu’elle, pirates ou Hideauze, la communauté de Gargantia privilégie les concessions et la co-existence. Or, n’ayant aucun rival connu sur Terre, Ledo adopte au contraire une logique d’affrontement direct et de destruction complète de l’adversaire. En tentant de ne pas tomber dans le mythe du « bon sauvage » corrompu par la civilisation, on peut se demander si la prospérité et la force apportées par Ledo ne seraient pas des cadeaux empoisonnés pour les Terriens.

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Pendant ce temps…

Pinion a visé juste. Les Hideauze ont investi un mystérieux complexe industriel. Après avoir essuyé sans bobo un tentacle rape gargantuesque et balayé toute opposition, Ledo entre dans les ruines, qui s’avèrent être une pouponnière à Hideauze.

 Une pensée pour feu le frère de Pinion, à gauche.

Moment awkward. Les larves ressemblent à des fœtus humains. Sur une musique très douce, Chamber continue machinalement son travail de destruction, tandis des cris de douleur résonnent. Ledo est en mesure de frapper son adversaire plus profondément que n’importe qui avant lui, mais déjà le doute s’installe.

 

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Mot de passe oublié? Menace ton ordi.

Il est plus que temps d’avoir quelques révélations fracassantes et ça tombe bien, Ledo trouve des supports de stockage encore exploitables. Chamber se montre soudainement un peu trop scrupuleux du secret militaire et Ledo doit lui rappeler qui est le patron pour accéder au contenu. Que ceux qui ne trouvent pas ça louche se dénoncent.

Commencent alors six minutes de mise en abîme, présentée comme une succession d’extraits de JT d’une époque révolue. Dans un futur relativement proche, la Terre est sur le point d’entrer dans un nouvel âge glaciaire et les humains cherchent une porte de sortie à travers deux voies de la science. Tandis qu’une certaine « Union continentale » s’oriente vers le voyage spacial, un mouvement controversé de scientifiques, les « Evolueurs », prône l’auto-évolution de notre espèce.

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2Xème siècle, le climat part en couille, l’ONU ne sert à rien et les scientifiques jouent avec le feu. Business as usual.

 

Au fil des reportages, on voit le monde se couvrir de neige, la technologie évoluer, les relations internationales se dégrader. Au contraire de la bataille titanesque de l’épisode 1, c’est ici une sensation de tension sourde qui se diffuse lentement, au gré d’une musique mélancholique, pour nous amener à l’enfer dans lequel est né Ledo.

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Ok, quand je vois une silhouette humaine et des hélices d’ADN dans la même image, ce n’est jamais bon signe.

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Non…

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Si.

 

Protip. Vous savez déjà ce qui me révulse le plus, mélangez-le à un humain dans le cadre d’expériences génétiques surglauques -pléonasme- pour multiplier votre sérieux par deux. Au passage, comme on s’y attarde peu sur Minorin, notons que la bande son sert brillamment le drama à l’œuvre. C’est tout bête comme procédé, mais après sept épisodes variant entre le grave mais pas-trop et le pur filler, entendre l’intro solenelle du 1e épisode ramène directement le cerveau aux vrais problèmes.

Partant de là, les choses se précipitent (trop?). La guerre s’étend à l’espace. Les Evolueurs se sont multipliés pour devenir les Hideauze que l’on connait. Plus pressée que jamais de quitter cette planète, l’Union construit un téléporteur avec l’intention de le détruire en s’échappant. Pour les Hideauze, qui comptent bien les suivre, c’est avènement d’un monde nouveau.

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Quand ton monde est devenu ça, il est temps de changer de système solaire.

 

En six minutes, le mystère peu à peu constitué autour des Hideauze et de la guerre les opposant aux humains est résolu avec brio. J’avais beau m’attendre à ce que notre espèce ait une responsabilité dans l’existence des Hideauze, la vérité dépasse mes suppositions. La cause est bien amenée et crédible. D’un côté, le raisonnement des scientifiques consistant à sauver l’humanité en la faisant évoluer vers « autre-chose » est d’autant plus pertinent qu’il réussit. De l’autre, demandez-vous, vous qui restez humains, comment vous réagiriez si une partie de votre espèce divergeait vers une nouvelle forme, détachée de notre logique, mieux adaptée à un monde qui nous échappe des mains, potentiellement menaçante. Pour reprendre un commentaire de Retarded Fly sur Shin Sekai Yori, en dernier lieu, nous privilégierions notre espèce par dessus tout principe. Qu’une autre forme de vie ait le pouvoir de remettre en cause notre existence dans l’univers est déjà effrayant. Qu’elle soit issue de nous-même l’est encore plus.

Le premier homme à se faire évoluer a une gamine et s’appelle Matsumoto. Le dernier Hideauze des archives ressemble à une gamine et s’appelle Matsumoto. Un Hideauze de l’apparence de la gamine Matsumoto s’approche avec curiosité de Chamber. Chamber le pulvérise, sans égards pour un Ledo plus trop sûr du bien-fondé de sa mission. Fin.

Merci Urobochi, je souhaite que ton séjour en enfer soit scénarisé par toi-même.

 * * *

J’avais arrêté de chercher dans Gargantia autre chose qu’une distraction sympa, bien assurée techniquement et parfois sérieuse mais pas haletante. On ne peut pas attendre un Madoka ou un Fate/Zero tous les trois mois. Cet épisode m’a donné tort. Gargantia a encore une histoire intelligente a nous offrir et ces révélations ne nous laissent pas sans de nouvelles questions. D’une part, Union et Hideauze ont oublié la Terre dans leur exil, d’autre part, une partie des humains y est revenue en oubliant tous ces événements, qui plus est pour découvrir un monde chaud et submergé. Pourtant, une partie des éléments de l’épisode 1 sont déjà en place. Combien de temps s’est-il vraiment écoulé? Et que s’y est-il passé? J’espère que ces points ne s’avèreront pas être en fait des failles scénaristiques, car certes, tout n’est pas parfait. La série a pris beaucoup de temps pour en arriver là, sans que ce soit forcément justifié, ni par rapport au mystère des Hideauze, ni par rapport au développement des personnages, généralement assez plats. Peut-être suis-je aveuglé par le contraste avec les épisodes précédents et déchanterais-je vite. Cependant, il est certain que cet épisode m’a absorbé comme rarement et a le potentiel de donner à la série un nouveau souffle pour son arc final.

2 commentaires sur “Suisei no Gargantia – 09 – Le cauchemar de Darwin

  1. retarded_fly dit :

    6 épisodes… Mais quel gâchis.
    Surtout que 80% des éléments sérieux (je ne parle pas du BBQ ou de la scène de danse) sont au final peu utiles à cet épisodes 9. J’ai l’impression qu’on aurait débarqué Ledo dès l’épisode 4 dans la base que cela n’aurait rien changé. Pire encore : je me pose des questions sur l’utilité profonde de Amy, l’ensemble des perso, voir tout Gargantia.
    Ledo est resté de l’épisode 1 à 8 une machine de guerre, l’avoir fait se faire agresser sexuellement par des trap ou parler à des invalides n’y change rien. Il reste convaincu que c’est un soldat dont l’existence est vouée à l’extermination d’Ika Musume. Il voit une autre version de la vie, qu’elle est bien voir meilleur que celle de son monde, mais ce n’est pas son existence.

    On voit bien que son pétage de câble intervient seulement avec la scène de nettoyage des larves (au passage qui est la scène la plus craignos à mes yeux. Comme tu dis cette musique douce, le régulier, tranquille et meurtrier balayage laser de Chamber et enfin l’angoisse montante de Ledo.) Difficile pour moi de ne pas être mal à l’aise.
    Et enfin la toute dernière scène… si gratuite, si désespérée.

    L’autre chose qui me marque, c’est Chamber.
    Après 8 épisodes d’un creux scénaristique important, beaucoup d’entre nous se somme dit que au milieu de ce vide, la seule chose de « bien » était Chamber.
    Chamber est fort, Chamber est cool, Chamber est placide.
    Chamber était devenu un peu notre meilleur pote dans cette série et ce monde décevant au milieu des hippies et de GIjoe.
    Puis Chamber est pragmatique.
    Puis Chamber fait des cachotteries.
    Puis Chamber n’oublie pas sa mission contrairement à vous.
    Et Chamber n’oublie pas qu’il reste avant tout une boite de conserve froide avec un but : génocider.
    Et là d’un coup notre meilleur pote de 8 épisodes vient -non pas- de se transformer en nazi, mais l’a toujours été. On l’a juste oublié entre deux attaques de pirate et une série de chalutage.
    Et là je me suis senti trahi. ._.
    En quelques minutes Chamber aura mieux convaincu Ledo de son libre arbitre et de son humanité que tout les Amy et Bevel réunis.

    • Mian dit :

      Ton analyse sur Chamber est très intéressante. J’ai eu aussi l’impression qu’après l’avoir rendu attachant, la série souhaite activement nous l’aliéner pendant cet épisode. D’abord le massacre des larves, ensuite le refus de partager les données, le déni de tout ce que Ledo vient de voir et la cruauté gratuite de la fin. Il y a une sensation de solitude palpable dans cette dernière scène, comme si on disait à Ledo « à quoi tu croyais en prenant un robot pour ton pote? Tu es SEUL, prends des décisions et assume les! ».

      Du reste, quand bien même le procédé n’est pas exceptionnel, j’ai été particulièrement impressionné par les révélations de cet épisode et c’est à mon avis parce qu’on a eu le temps de digérer les éléments précédents et commencer à se poser des questions. Je suis persuadé qu’elles n’auraient pas eu le même impact beaucoup plus tôt dans la série, à l’épisode 4 pour reprendre ton exemple.

      Cela dit, j’appuie complètement le reste: les épisodes centrés sur Gargantia ont été particulièrement mal exploités. Les filers me laissent la même impression que dans Raigun: « remplir? Mais il y a déjà une histoire intéressante! » Et comme tu le soulignes, les éléments graves sont déconnectés de l’intrigue principale. A moins d’assumer que la série se disperse et que la guerre totale entre espèces, ce n’est pas si prioritaire finalement.

      …sauf que non en fait, la mort du capitaine de Gargantia m’indifère, les pirates ne sont pas une menace crédible et le passé tragique de Pinion n’est guère qu’une bonne excuse pour amener Ledo au bon endroit.

      Enfin bon, on ne refera pas la série. J’espère que la fin sera du même cru que cet épisode 9.

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